Diaporama de la conférence donnée par Loïc Ménanteau lors de la séance de la Société Nantaise de Préhistoire (SNP) du 15-01-2006 au Muséum d'histoire naturelle de Nantes (révisé en décembre 2015).
La Barra de Sanlúcar (embouchure du Guadalquivir) et son franchisement, du XV...
Embarcations monoxyles de la Loire armoricaine
1. Embarcations monoxyles
de la Loire armoricaine
Loïc Ménanteau
Géographe, chercheur au CNRS
Géolittomer, UMR 6554 LETG
CNRS et Université de Nantes
Membre de la SNP
loic.menanteau@gmail.com
Séance de la Société Nantaise de Préhistoire (SNP)
du 15 janvier 2006 (révision 2015)
Muséum d’histoire naturelle (Nantes)
2. océan
Atlantique
Loire longueur : 1020 km ;
superficie du bassin versant : 117 000 km2
environ 20% de la superficie de la France
Localisation de la zone de découverte des pirogues
(rectangle jaune)
3. Vallée de la Loire
en amont de Nantes, entre Saint-Florent-le-Vieil et Thouaré-sur-Loire
La Loire armoricaine (qui, après être sortie du bassin sédimentaire parisien, coule dans le
Massif armoricain - formé de roches anciennes - du sud d’Angers à la mer)
se trouve au débouché du plus long fleuve de France.
La nécessité d’une définition territoriale patrimoniale fondée sur des critères
géohistoriques : une dynamique longitudinale et transversale
Angers
Nantes
St-Nazaire
Ancenis
4. Des découvertes archéologiques
dues en partie à la dégradation de la Loire
L’approfondissement du lit mineur, engendré notamment par les prises massives de
sable pour la construction, surtout entre 1971 et 1986, a eu pour conséquence une
modification importante de l’hydrologie du fleuve. L’accélération du courant et
l’érosion du chenal qui en ont résulté ont facilité le dégagement des pièces
archéologiques. Il en a été ainsi des pirogues monoxyles, dont la plupart ont été
trouvées au cours des années 1980-2000 dans le secteur fluvial compris entre Saint-
Florent-le-Vieil et Nantes, le plus affecté par les actions anthropiques. Depuis le 01-
01-1993, l’extraction de sable est interdite en Loire et une politique de restauration de
la ligne d’eau a été développée.
Un autre phénomène, produit par la conjonction de ces actions et de l’aménagement
de l’estuaire (suppression partielle du seuil rocheux de Bellevue, en amont de
Nantes ; rectification et approfondissement du chenal de navigation entre Nantes et
Saint-Nazaire) a été la remontée de la marée dynamique dont les effets se font
actuellement ressentir jusqu’à Anetz, en amont d’Ancenis (1 m de marnage lors des
grandes marées coïncidant avec des étiages).
7. Lieu de découverte Date L l H e fond e bord Age Lieu de stockage1
1 St-Florent-le-Vieil :
station de pompage
Été 1985 0,88 0,20 0,20 - 0,06 Moyen Age Ferme du Coteau
(mare)
2 Bouzillé : grève en amont
de l’île Briand
28-07-
1995
1,68
1,10
0,37
0,34
- 0,06 0,03 Epoque
gauloise ?
Hangar municipal
Le Chêne, Oudon
3 Ancenis : culée pont,
-5,75 m NGF
02-1950 6 0,80 0,45 0,09-
0,13
0,04-0,05 Epoque
gallo-
romaine2
Museum d’Histoire
Naturelle3
, Nantes
4 Ancenis : la Davrays, 400
m en aval pont d’Ancenis
19-10-
1985
4,85
(5)
0,35
(0,70-
0,80)
0,25 0,05 0,05 Moyen Age4
La Charbonnière 5
5 Ancenis : grève de l’île
Verte
07-1994 5,15
(5,6
5)
0,67 16,5 0,05 0,04 Moyen Age Hangar municipal
Le Chêne, Oudon
6 Oudon :Vauvressix 29-08-
1994
5,90 0,51-
0,70
0,17-
18
0,06 - Moyen Age Hangar municipal
Le Chêne, Oudon
7 Oudon : île Neuve, en
amont la Patache
03-08-
1980
3,05 0,90 0,28 0,09 0,08-0,09 Epoque
gauloise6
Dépôt archéologique
(Angers), cuve de
zinc
8 Champtoceaux : 800 m
amont du Cul du Moulin
15-12-
1985
3,15 0,45 0,23 0,05 0,03-0,08 Moyen Age Non récupéré
9 Champtoceaux : en amont
du Cul du moulin
08-1996 5,35 0,50 0,30 - - Moyen Age Hangar municipal
Le Chêne, Oudon
10 La Varenne : grève de
sable
02-1993 0,46-
0,47,5
0,10 - Age du
Bronze7
Hangar municipal
Le Chêne, Oudon
11 Oudon : 300 m en amont
de l’île Perdue
Au-
tomne
1984
4-
4,50
0,20-
0,30
0,08-
0,09
- Moyen Age Non récupéré
12 Le Cellier : La Saulzaie 08-1984 1,40 0,37-
0,55
0,22 0,06 0,045–
0,07
Moyen Age8
Non récupéré
13 Le Cellier : île Neuve,
500 m en aval de Beau-
Rivage
07-1975 5,14 1,30
0,70
- 0,04-0,07 Moyen Age Non récupéré
14 Thouaré-sur-Loire : ? XIXe
s. 5 0,80 0,08 0,20 0,10 - Musée Dobrée9
15 Thouaré-sur-Loire : grève
amont de l’île Monty
01-07-
1977
< 1 0,50 0,10 - Age du
Bronze
Non récupéré
16 St-Julien-de-Concellles :
Beauvais, 150 m en
amont de la trémie
06-1985 2,28 0,29 - 0,05-
0,07
0,08-0,06
0,10-0,13
(base)
Moyen Age Musée Dobrée
- non conservé -
1
En octobre 2001.
2
Datation au radiocarbone : 1820 ± 150 BP (Gsy 236), soit une date réelle comprise entre 155 ans av. J.-C. et 460 ans ap. J.-C.
3
Seulement la proue (1 m de long).
4
Datation au radiocarbone : 1010 ± 60 BP (Gif 7041), soit une date réelle comprise entre 890 et 1185 ans ap. J.-C.
5
Sous du sable, dépôt municipal.
6
Datation au radiocarbone : 2320 ± 60 (Gif 5431), soit une date réelle comprise entre 585 et 195 ans av. J.-C.
7
Datation au radiocarbone : 3575 ± 75 BP (Ly 5973),. soit une date réelle comprise entre 2138 et 1747 ans av. J.-C.
8
Datation au radiocarbone : 800 ± 60 BP (Gif 7040), soit une date réelle comprise entre 1035 et 1250 ans ap. J.-C.
9
Non reconnu dans les réserves par D. Joncheray (1984).
Caractéristiques
des pirogues
découvertes
dans le lit fluvial
en Loire
armoricaine, entre
Saint-Florent-le-
Vieil
et Thouaré-sur-
Loire
Réalisation : Loïc Ménanteau
8. Dans le brouillard qui se lève et par un temps froid hivernal, des éléments en bois de la pirogue apparaissent
sur le sable de la grève de Loire. Photo Loïc Ménanteau, 08-02-1993
9. 8 février 1993
grève de sable sur la rive gauche (sud)
du chenal de navigation, en aval du pont d’Oudon
La pirogue fut découverte, de manière fortuite, par Gilbert Le Nader, d’Oudon. Photo Loïc Ménanteau, 08-02-1993
10. Pirogue de l’âge du Bronze d’Oudon,
une découverte exceptionnelle pour le patrimoine ligérien
Relevé de la pirogue retournée par le Service régional de l’archéologie des Pays de la Loire.
Photo Loïc Ménanteau, 10-02-1993
11. D'une longueur conservée de 6 m, elle comportait à sa partie
arrière une rainure creusée dans un épaississement de son
fond et destinée à recevoir une planche verticale appelée
arcasse. Son âge, compris entre 2138 et 1747 ans av. J.-C,
correspond à l'Âge du Bronze moyen. Une autre pirogue à
arcasse a été extraite du Brivet (Nord-est de la Brière, Loire-
Atlantique) en 1994, mais sa datation lui a donné un âge plus
récent, entre 1430 et 1210 av. J.-C., soit de l'Age du Bronze
final.
Sa récupération, difficile, fut effectuée le 20 février 1993 par le
Service Régional de l'Archéologie avec la collaboration de la
municipalité d'Oudon et de nombreux bénévoles. Elle n'a
malheureusement pas permis d'éviter sa cassure
longitudinale. En mars 1995, la pirogue a été placée dans une
caisse étanche où elle a été en grande partie reconstituée.
Plan de la pirogue retournée. Dessin Henri Poulain et Xavier Fehrnbach (1993)
12. Pirogue de l’âge du Bronze d’Oudon,
des bois gorgés d’eau difficiles à conserver
La pirogue après son retournement, opération
qui fut, avec les effets desséchants du vent
glacial, à l’origine de sa cassure longitudinale.
Vue de la pirogue retournée après son
dégagement du sable. Au premier plan, la
poupe.
Photos Loïc Ménanteau, 20-02-1993
13. Pirogue de l’âge du Bronze d’Oudon
Détail de la rainure, taillée dans un épaississement du fond, dans laquelle s’insérait l’arcasse, planche
verticale fermant l’arrière de la pirogue afin de la rendre étanche. Ce tableau rapporté pouvait être
nécessaire si la construction se faisait dans de vieux troncs de chêne à la base en partie pourrie, ce
qui obligeait à laisser ouverte la poupe, aménagée dans la partie basse du tronc, plus large.
Photo Loïc Ménanteau, 20-02-1993
14. Pirogue gauloise de l’île Neuve (Oudon)
Plans et coupes de la pirogue à
membrures réservées d’époque
gauloise découverte en bordure sud
de l’île Neuve (Oudon) le 3 août
1980.
Dessin Didier Joncheray, 1984
Vue de la pirogue de l’île Neuve lors de son stockage provisoire dans
un bassin à Oudon. Photo Bertrand Poissonnier, 1980
15. Découvertes archéologiques du pont d’Ancenis
Une pirogue gauloise recouverte par 11 m de sable
Coupe transversale de la culée nord du pont d’Ancenis (février 1950)
pirogue
16. Pirogue gauloise du pont d’Ancenis
La pirogue reconstituée sur le quai situé
près de la culée nord du pont d’Ancenis,
après avoir été extraite du caisson (et,
pour cela, sciée en trois morceaux).
Photo Paul Garreau , février 1950
Elévation et coupes de la pirogue. D’après
Pierre-Roland Giot et Paul-Léon Niort (1954) et
Didier Joncheray (1986). Adapt. Loïc Ménanteau
(1995)
Une membrure
17. Lieu de dépôt de la pirogue, sur une grève de sable bordant le lit fluvial, en aval du pont d’Ancenis, visible au fond.
Photo Loïc Ménanteau, 09-07-1994
19. Pirogue médiévale d’Ancenis,
le type Basse Loire
1 2
1. La pirogue, de type Basse Loire, avec son extrémité de forme ogivale
2. La pirogue et l’une de ses extrémités incomplète
Plan et coupes de la
pirogue.
Dessin de Xavier
Charpentier et Didier Le
Gouestre (SRA des Pays
de la Loire),
avec la collaboration de
Loïc Ménanteau et Mikaël
Guyavarch (ARRA)
Photos Loïc Ménanteau, 09-07-1994
20. Site d’échouage de la pirogue, de type
Basse Loire, échouée en amont d’un épi
transversal de la grève de la
Charbonnière (Ancenis). Remarquer son
extrémité de forme "ogivale".
Photo Yves Ménanteau, janvier 1986
Âge : 1010 ± 60 années BP, soit un âge réel
compris entre 890 et 1185 ans après J.C.
Autre pirogue médiévale
de type Basse Loire
à Ancenis
21. Pirogue médiévale de Vauvressix (Oudon),
découverte sur la berge vaseuse du bras nord de l’île Macrière
La pirogue retournée dans les alluvions vaseuses déposées lors des marées hautes, particulièrement efficaces si leur
coefficient est fort et si elles correspondent à une période d’étiage (remontée du bouchon vaseux). Dégagement par Louis
Moreau, alors maire d’Oudon, et Xavier Fernbach, du SRA des Pays de la Loire. Photo Loïc Ménanteau, 04-09-1994
22. La pirogue, totalement retournée, dans le bras nord
de l’île Macrière, en bordure du chemin de halage
(Vauvressix, Oudon).
Photo Loïc Ménanteau, 04-09-1994
23. Pirogue médiévale de Vauvressix (Oudon)
Techniques utilisées pour sa récupération
1
3 2
1. Son retournement dans l’eau, profitant de la marée haute, sous l’objectif d’une… caméra de télévision
2. Son transport par flottaison dans la caisse, à l’intérieur étanche, construite par René Brulé, d’Oudon
3. Transport de la caisse, qui sera remplie d’eau, de Vauvressix à l’ancienne gare d’Oudon
Photos Loïc Ménanteau, 10-09-1994
Différentes phases de récupération de la pirogue :
26. Pirogue médiévale de Vauvressix (Oudon),
un état de conservation exceptionnel
Juste après son extraction de la Loire, détail de l’extrémité la mieux conservée de la pirogue, avec
une entaille trapézoïdale destinée à recevoir une levée rapportée. Photo Loïc Ménanteau, 10-09-1994
27. Morceaux brisés d’une pirogue, sans doute gauloise ou
gallo-romaine, découverte par Jacques-André Rochard sur
le flanc d’un épi transversal (barrage) à La Rabottière
(Bouzillé) le 28 juillet 1995. Remarquer les deux nervures
taillées dans la masse. Détail de l’une d’entre elles.
Photos Loïc Ménanteau, 29-07-1995
Des épaves d’embarcations
monoxyles retrouvées brisées sur
les flancs des épis transversaux
de la Loire navigable, en bordure
du chenal de navigation
28. Vue de la pirogue à fond plat et aux
bords droits légèrement évasés,
découverte dans la partie amont de l’île
Neuve (Le Cellier) au cours de l’été 1975.
Comme dans le cas précédent, c’est un
épi transversal (barrage) qui l’a retenue
dans sa dérive dans le fleuve. Presque
entière (longueur d’environ 5 m), elle
avait deux extrémités en forme d’ogive,
ce qui la rattacherait au type médiéval de
Basse Loire. Une fente longitudinale et
médiane la séparait en deux. Son relevé
n’a pu être effectuée avant qu’elle ne soit
de nouveau entraînée par le courant.
Photos Yves Saget, 1975
Autre pirogue
au Cellier
localisée, mais emportée
par le courant fluvial
29. Pirogue au moment de sa découverte en juin 2004 au droit d’Ancenis (Liré).
Photos Loïc Ménanteau, 06-2004
30. Pirogue au droit d’Ancenis (Liré). À gauche, recouverte pour sa protection ; à droite, nettoyée par François
Beaudoin (décédé en 2013), ancien directeur du musée de la batellerie de Conflans-Saint-Honorine (Yvelines) et
grand spécialiste de l’architecture navale fluviale. Photos Loïc Ménanteau, 06-2004
31. Préparation du relevé de la pirogue au GPS différentiel - Position xyz point géodésique à Anetz
(Agnès Laure et Sandrine Pacaud pour l’UMR 6554 LETG Géolittomer)
Photos Loïc Ménanteau, 06-2004
32. Préparation du relevé de la pirogue au GPS différentiel - Positionnement antenne fixe sur point géodésique xyz,
Butte de la Pierre à Liré, à quelques kilomètres du site de découverte de la pirogue
(Agnès Laure pour l’UMR 6554 LETG Géolittomer). Photo Loïc Ménanteau, 06-2004
33. Photo Loïc Ménanteau,
06-2004
Relevé de la
pirogue au GPS
différentiel
(précision
centimétrique
en xyz)
par Agnès Laure
et Sandrine
Pacaud
pour l’UMR 6554
LETG
Géolittomer
35. Relevé de la pirogue
par le Service Régional
de l’Archéologie (SRA)
des Pays de la Loire.
Photo Loïc Ménanteau, 06-2004
36. Pour conserver le bois, on fait appel à des techniques permettant d’enlever l’eau en excès tout en
évitant sa déformation. Il existe plusieurs variantes : (1) remplacer l’eau par un solvant non aqueux,
comme l’acétone ou le méthanol ; (2) ou bien extraire directement l’eau de l’objet, par séchage lent
dans une enceinte à taux contrôlé, ou par lyophilisation, qui est un séchage à basse température et à
pression réduite.
Pour les pièces trop dégradées, le remplacement de l’eau en excès se fera par un produit
chimiquement inerte (PEG, sucres…) qui va aussi servir de consolidant interne pour pallier la cellulose
manquante. En trempant les pièces dans des bains de concentrations croissantes, un phénomène
d’osmose se produit. L’eau sort du bois pour passer dans le bain et est progressivement remplacée
par le produit concentré qui rentre dans les cellules et les canaux intracellulaires. Suit une phase de
séchage contrôlé en milieu ambiant ou bien par lyophilisation.
Ces processus sont longs et complexes. Les délais d’imprégnation peuvent atteindre deux mois par
centimètre d’épaisseur. Les formules mixtes avec PEG 400 associé au PEG 4000 varient aussi en
centimètre d’épaisseur et en fonction du degré d’hydratation du bois. De très nombreux protocoles ont
été décrits.
La lyophilisation, qui se fait principalement sous vide, a un inconvénient : elle nécessite l’usage
d’appareils onéreux et le volume de la cuve limite la taille des objets traités. Elle consomme aussi de
l'énergie.
La difficile conservation du bois gorgé d’eau
La méthode au saccharose. Mise en route dès le début du siècle avant les premiers essais avec le
PEG, elle a été supplantée par celui-ci, car elle donne des résultats plus irréguliers. Néanmoins elle a
un coût nettement inférieur en réactifs (-40 %) et une consommation d’énergie nulle.
La méthode PEG-Lyophilisation. Elle reste la méthode de référence.