Entretien avec Fabien Galthié dans Midol - 15 juin
Richard hill dément tout contact avec bayonne
1. RICHARD HILL - ENTRAÎNEUR DE ROUEN L’ANGLAIS DÉMENT LES
RUMEURS DE SES CONTACTS AVANCÉS AVEC LE CLUB BASQUE. IL PENSE
MÊME PROLONGER L’AVENTURE EN NORMANDIE.
« Bayonne ? Je ne connais pas !
»
Propos recueillis par Guillaume CYPRIEN
Votre nom a circulé dans une short-list de candidats
susceptibles de reprendre les commandes
sportives de l’Aviron bayonnais. Info ou intox ?
Intox ! Je n’ai jamais été contacté par qui que ce soit de
l’Aviron bayonnais. Si au moins on m’avait aperçu dans la
ville ou sur une plage alentours, j’aurais apprécié le
cheminement tortueux de cette fausse information. Mais
Bayonne, je ne connais pas C’est une rumeur étrange. Je
précise qu’elle ne vient pas de mon agent, puisque je
n’en ai pas.
Auriez-vous répondu favorablement à une telle proposition ?
Non. Et mon passé plaide pour moi. Je n’ai jamais cassé un contrat en cours. Depuis 1995, j’ai
honoré jusqu’au bout tous mes engagements malgré des propositions assez excitantes. L’une
d’entre elles : celle de Bath, renouvelée deux années de suite par son président, alors que
j’entraînais Bristol. Les gens de ma famille n’ont pas compris mon refus. J’habitais Bath. Ma famille
habitait Bath. J’avais joué douze ans pour Bath. Mais j’étais engagé à Bristol. Je n’aurai pas été à
l’Aviron bayonnais.
Combien de temps pensez-vous rester à Rouen ?
Mon contrat court sur deux ans, avec une année supplémentaire en option. Il y a de fortes chances
que je fasse cette année supplémentaire. Je suis très satisfait après mes huit premiers mois. Le
projet avance plus vite que prévu.
2. Comment le définiriez-vous ? Quel est votre rapport personnel à de projet ?
Une anecdote : mon arrivée à Gloucester. J’ai été champion d’Angleterre huit fois avec Bath, dont
une fois contre Gloucester. À cette époque, les gens de Gloucester étaient certains de nous
battre, car ils ne recrutaient pas de joueur habitant plus loin que les frontières de la ville, alors que
certains d’entre nous roulaient cinquante kilomètres pour venir à Bath. Ils pensaient qu’ils seraient
plus soudés. Bon, on leur a mis quarante points. Ils ont dû admettre que leurs idées n’étaient pas
exactes. Et ils m’ont recruté pour faire avancer leur club. Deux ans plus tard, j’y ai fait venir le
premier étranger du championnat d’Angleterre : Phlippe-Saint André. Tous les supporters me
maudissaient. Mais Philippe a fait de grands matchs, et six semaines après son arrivée, la tribune
des Shed-heads, celle des fidèles, chantait la Marseillaise. À ce moment-là, j’ai réellement compris
que je prenais beaucoup de plaisir à changer la structure d’un endroit. C’est ce que je fais à
Rouen.
Le projet avance vite, dites-vous…
Jeudi soir, nous étions dans un grand hôtel avec 150 chefs d’entreprise et tous les présidents des
clubs de la région. Nous avons déplié une carte du rugby français et montré le désert du Nord
dans les championnats de haut niveau. Nous voulons refaire de la Normandie une terre de haut
niveau, là où le rugby a commencé. Tout le monde adhère à cette idée, les décideurs politiques et
économiques, et les clubs des environs. Grâce à l’adhésion de tous, nous allons plus vite que
prévu. Un exemple de projet raccordé : le club de Couronnes. La saison prochaine, il sera entraîné
par un Rouennais. Des joueurs de Rouen y joueront en tutorat. Nous irons dans les écoles de la
ville. Tout le monde doit grandir avec nous.
Votre équipe a montré des signes de faiblesses, ce qui ne lui garantit pas la montée en
Fédérale 1, et pourrait retarder l’éclosion de votre projet de haut niveau…
Pas du tout. On ne va pas se cacher : nous ferons tout pour monter. Mais franchement, ne pas y
parvenir pourrait nous être profitable davantage. En Fédérale 1, il faut sept licences blanches sur
une feuille de match, de joueurs qui sont au club depuis au moins quatre ans. En l’état actuel, nous
aurons des difficultés pour figurer dans le haut du tableau en Fédérale 1. Or, nous avons besoin
de succès. Quand nous avons joué face au Puc devant 5 000 personnes, nous avons mis trente
points, et tout le monde était content. Si nous en avions pris trente, le sentiment d’adhésion
n’aurait pas été le même. Nous avons besoin de cette adhésion.