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Caron, Ernest (chef d'institution à Paris). Un Coup d'oeil sur la mauvaise presse... par Ernest Caron,.... 1874.




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UN     COUP       D'OEIL
                         SUR
                           LA


MAUVAISE                           PRESSE

                       dédié
                 Opuscule spécialement

  AUXPERES DE FAMILLE& AUX INSTITUTEURS
                           PAR

               ERNEST           CARON
                     Chef 'institution,Paris
                         d           à
  Auteur de l'Instruction laïque, de Nos Libres Penseurs,
      de Nos Vrais Sauveurs: la Famille, l'Ecole, tc.
                                                 e




                         PARIS

  LIBRAIRIE         CATHOLIQUE
         38, RUE SAINT-SULPICE, 38

                          1874
A LA MÊME LIBRAIRIE

                L'OUVRIER
SES     DEVOIRS          ET    SES      DROITS
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                          SUR LA


      MAUVAISE                     PRESSE




     Dans un pays où le besoin d'instruction           se
  fait sentir plus vivement chaque jour, dans
  un pays où le goût, je dirais mieux, la passion
  de la lecture, se répand jusque dans la classe
 populaire, le plus grand ennemi de la société,
 la puissance        la plus destructive   de la vie
 nationale,     c'est la mauvaise presse. Tel est le
 fait qui s'impose, dans sa hideuse
                                            brutalité,
 à l'attention     des instituteurs  et des pères de
 famille, et qui réclame impérieusement          toute
 la sollicitude     des hommes chargés des pou-
 voirs publics.
    J'invite surtout les partisans de la liberté
absolue      de la presse à vouloir bien lire ces
 quelques pages, où je me charge de démon-
— 4 —
trer succinctement         cette vérité, en me pla-
 çant au point de vue presque             exclusif de la
jeunesse, et en écartant complétement               de la
 question qui, du reste, est purement             morale
et intellectuelle,       la politique,     cette vilaine
 chose qui nous a fait tant de mal jusqu'ici, et
nous en fera peut-être bien plus dans l'avenir.
   Le Saint-Père,        dans une audience donnée,
le 29 mars dernier, aux élèves de l'Université
catholique     de Rome, répondit à une adresse
touchante,      par un discours dont j'extrais et
cite à dessein, ici, ces paroles remarquables              :
   « Toutes les fois que, dans la société hu-
maine,     il s'est produit        quelque     désordre,
quelque révolution,           quelque    renversement
de l'ordre public, la jeunesse          a toujours été
prise comme point de mire, par les uns pour
la rappeler       et la maintenir       dans la bonne
voie, par les autres, pour la corrompre               d'a-
bord dans son coeur et ensuite                 dans son
esprit... Je vous le répète, dans toutes les
révolutions...      toujours    on a cherché à cor-
rompre      la jeunesse.        On ne manque          pas
d'exemples, anciens et modernes, qui viennent
à l'appui      de cette affirmative,          considérée
sous sa double origine »

  Qui donc oserait nier que cela est vrai,
dans notre malheureux   pays plus que par-
— 5 —
 tout ailleurs?      L'enfant,     cette chose si sainte,
cette    fleur immaculée,        " cette âme rose, » cette
 âme qui murmure              et chuchote      des hymnes
si ineffables,        si divins,      il est aisé de voir
 ce qu'en fait trop souvent,              parmi nous,        le
 génie du mal, fidèlement             servi par les satel-
lites de la mauvaise           presse : des athées, des
 matérialistes,      des libertins      et quelquefois    des
 scélérats.
    N'a-t-on      pas remarqué        que les plus grands
 criminels ont été dépravés, dès l'enfance,               par
les mauvaises         lectures ? N'en a-t-on          pas vu,
 en pleine cour d'assises,            confesser    que c'est
la basse littérature         qui les a entraînés         dans
la voie qui aboutit fatalement               au bagne et à
l'échafaud?        Engeance        honteuse,      éclose du
fumier        des infâmes       doctrines,      nourrie par
l'éducation        sans Dieu, par cette éducation
menteuse        et monstrueuse,        que les apôtres du
 socialisme      ont juré d'imposer           à notre mal-
heureux pays, sous le titre insensé d'Instruc-
 tion laïque!        Race hideuse          et malfaisante,
crachant       cyniquement         sur le prêtre,       après
avoir craché sur ce qu'on                 appelle famille,
patrie,      honneur,      après avoir craché sur sa
mère, après avoir craché sur son Dieu !
    Mais il faut bien, m'objectera-t-on,               ouvrir
l'esprit     de la jeunesse         aux idées nouvelles,
— 6 —
c'est-à-dire    aux idées de progrès, de liberté,
de patriotisme,     etc. Et les ouvrages que vous
attaquez si vertement         ne sont-ils pas, pour
la plupart, très propres à remplir cet objet ?
— A cela, je répondrai           nettement      que les
idées nouvelles,       idées dites libérales,       sont
corrompues       dans leur principe par la plupart
de ceux-là        mêmes     qui vont les prônant
parmi nous, et qu'elles deviennent,              en rai-
son de leur exagération           insensée,     de leur
impiété révoltante , des idées subversives de
tout ordre et de toute morale,             capables de
jeter dans l'esprit de nos enfants les notions
les plus fausses         et les plus monstrueuses
sur l'histoire,    sur la morale, sur la religion,
sur les hommes et sur les choses, capables,
malgré      leur prétention      d'assurer     le bien-
être des masses, capables, dis-je, do faire ré-
trograder tout un peuple jusqu'aux            dernières
limites de la barbarie. Je vais le prouver avec
d'autant plus de facilité que les arguments
 abondent autour de moi.
    Je prends d'abord, entre mille et une pro-
 ductions du même genre, une brochure                 in-
titulée : MAXIMILIEN ROBESPIERRE, laquelle
 vient d'être répandue à profusion jusque dans
 les campagnes      :
« Robespierre,     dit l'auteur,     mérita le sur-
nom d'Incorruptible,       décerné par ses contem-
porains,   et que l'histoire     lui a conservé        Le
9 thermidor     1794,  il meurt sur l'échafaud avec
son frère et ses amis dévoués : ils furent exé-
cutés sans jugement.          Un assassin, un gen-
darme, lui avait fracassé          la mâchoire       d'un
coup    de pistolet,    au moment de son arres-
tation.
    « Sa mémoire fut flétrie par tous les gou-
vernements      qui  se sont succédé        C'est le sort
réservé à tous les martyrs          succombant      dans
la grande      tâche d'améliorer         les lois politi-
ques et sociales        de l'humanité         Sa vie fut
toute dévouée au peuple . Son visage grave
respirait   la bienveillance         »

   C'est ainsi que se fait l'apothéose       des plus
vils scélérats;     c'est avec cette sincérité    que
s'écrit l'histoire,    dans le sens des idées nou-
velles !
   Si j'ouvre le livre qui fait actuellement       les
délices des partisans       des idées nouvelles,    le
Quatre-Vingt-Treize,         de M. Hugo,       parmi
toutes les énormités       dont cette oeuvre four-
mille, je     détache celle-ci,    qui s'étale à la
page 42, chap. IX, du tome II :
   « Féraud, dont Boissy-d'Anglas            Saluera la
tête,   laissant à l'histoire cette          question :
— 8 —
Boissy-d'Anglas    a t-il salué      la tête, c'est-
à-dire la victime, ou la pique,      c'est-à-dire les
assassins ? »

   Et je ne puis m'empêcher             de frémir en
songeant que ces lignes ont été écrites par un
homme, dont les poésies sublimes ont trans-
porté d'admiration      les âmes honnêtes et sensi-
bles, par un homme de génie qui n'a pas craint
de mentir à ses convictions          et d'outrager    ce
qu'il y a de plus respectable et de plus sacré,
dans le but de flatter les vils instincts de lec-
teurs sans principes...        Comment      ne frémi-
rais-je pas, ensuite, à la pensée que ces livres
pernicieux,     trop souvent, hélas ! sont lus par
nos enfants eux-mêmes,          qu'il en est qui pé-
nètrent, avec une facilité déplorable,          jusque
dans un certain nombre de nos écoles pu-
bliques ?
   Parlerai-je,     à ce sujet, d'une Histoire        de
France fort remarquable,         due à la plume d'un
homme qui brilla naguère à la tête de l'Uni-
 versité ?
    Je le ferai, avec un sentiment         de profond
 regret. Voltaire...
. .                      " ce singe de génie,
Chez l'homme, en mission, par le diable envoyé. »
                           VICTOR HUGO.
— 9 —
    Voltaire y est présenté à la jeunesse comme
« L'APOLOGISTE DE LA TOLÉRANCE RELI-
GIEUSE,     » dont " les plus constants efforts fu-
rent dirigés contre le POUVOIR SPIRITUEL,
QUI    EMPÊCHAIT DE PENSER... Le mal social
devint son ennemi personnel, ET L'AMOUR DE
LA JUSTICE SA PLUS ARDENTE PASSION !!! »
    Est-ce que l'amour de la justice ne repose
 pas   sur la vérité? me permettrai-je     de dire à
 l'éminent     historien.  Est-ce qu'il est un seul
 écrivain qui sache, à l'exemple        de Voltaire,
 faire monter le dégoût au coeur et la rougeur
 au front, par le cynisme avec lequel il ait,
  comme Voltaire, érigé le mensonge en prin-
  cipe et l'hypocrisie    en système?
     Vous nous apprenez que Voltaire,           dans
  une brochure intitulée       : « A LONDRES : LI-
  BERTÉ, ÉGALITÉ, » nous donnait          LA DEVISE
  DE LA RÉVOLUTION. » Et vous oubliez de
  citer, à l'appui de votre dire, ces belles pa-
  roles, tirées d'une lettre do Voltaire, datée du
   17 avril 1765 :
    « Le peuple ressemble à des boeufs, à qui il
 faut un aiguillon,   un joug et du foin »

   Et celles-ci   :

   « Il est à propos que le peuple soit guidé et
— 10 —
non pas instruit; il n'est pas digne de l'être.   »
(Lettre du 19 mars 1766.)
    Vous nous montrez        Voltaire    « FAISANT
ALLIANCE AVEC LES SOUVERAINS ET SE COU-
VRANT DE LEUR PROTECTION. » Vous nous
rappelez,    par une citation     empruntée    à la
correspondance     de Voltaire,   que ce sensible
citoyen « avait toujours la fièvre le 24 août,
anniversaire     de la Saint-Barthélemy.      » Et
vous ne nous dites pas s'il tombait de fièvre
en chaud mal, LE 5 SEPTEMBRE, ANNIVER-
SAIRE DE ROSBACH, le généreux patriote qui
écrivait au roi prussien     Frédéric, notre en-
nemi juré, ces paroles qu'une         plume fran-
çaise reproduit en frémissant     :
   « Le peuple français est sot et volage, vail-
lant au pillage et lâche dans les combats. »

Paroles infâmes     qui nous dévoilent   claire-
ment le but secret de « L'ALLIANCE AVEC LES
SOUVERAINS, » but odieux, qui semble avoir
échappé à votre intelligente   sagacité.
   Si du livre historique     nous passons au
roman, l'esprit soi-disant nouveau, trop sou-
vent esprit de mensonge et de corruption,      se
révèle à nous sous des traits plus éclatants
encore. Il est si facile, dans ce genre de lit-
-   11 —
térature,     de toucher à toutes les questions qui
passionnent       les esprits et les coeurs ! si facile
d'y     mêler, en un monstrueux        accouplement,
l'horrible     avec le beau, le faux avec le vrai,
le vice avec la vertu !
     Je me bornerai,      dans une étude si concise,
à signaler        une collection     qui semble s'a-
 dresser particulièrement         à la jeunesse ; j'ai
nommé la Bibliothèque des BONS romans illus-
 trés. Si vous ne la connaissez point, quelques
 titres pris au hasard suffiront pour vous édi-
 fier à son sujet :
      Le Couvent : MÉMOIRES D'UNE RELIGIEUSE ;
  les Jeunes Filles de Paris ; les Alcôves mau-
 dites;    les Collets noirs; la Chasse aux Fem-
 mes et aux Lions, en Algèrie ; le Roman de
  Mademoiselle       Giraud,    ma femme (42e ÉDI-
  TION).
      Il n'est pas besoin,      à coup sûr, d'ouvrir
  l'un de ces chefs-d'oeuvre         pour constater le
  poison    perfide qu'y ont audacieusement       glissé,
  jusque     entre les lignes, des écrivains appar-
  tenant à une école fatale, lesquels s'imagi-
   nent faire oeuvre de moraliste, en analysant
   les plus viles dépravations      du coeur humain,
   faire acte de vertu, en mettant à nu le fond
   des abîmes       où s'engouffrent     l'honneur     du
   foyer    et la dignité de la femme...       Disons-le
— 12 —
  avec douleur, jusqu'en ces temps
                                         d'iniquités,
  la mère était restée debout, intacte, sur son
  piédestal; il est tels de ces mauvais citoyens
  qui l'en font descendre et qui la jettent sur
  la houe du trottoir, aux applaudissements           de
  la foule hébétée... Les malheureux       ! si on les
 laisse faire, il ne nous restera bientôt
                                                  plus
 rien, au milieu de nos hontes, qui soit digne
 de notre respect !...
     Comme il est dans la logique de la mau-
 vaise presse d'assurer le triomphe de l'immo-
 ralité par l'anéantissement      du principe reli-
 gieux, les habiles de la confrérie ne man-
 quent pas de préparer, d'une époque à l'au-
 tre, une cuisine toute spéciale à l'usage des
 amateurs    de hauts mets. Il nous ont
                                                servi,
 en ces derniers temps : la Vie de Jésus
                                                  ; la
 Religieuse; le Moine;       le Maudit, et autres
produits trempés dans la même fange, des-
tinés avant tout à la diffusion des idées nou-
velles.
    La chute du Catholicisme         est le delenda
 Carthago    de ces apôtres de l'enfer.
                                               Triple
aveugle qui ne le verrait! Quadruple menteur
qui oserait le nier !
    Chose remarquable,       c'est toujours à cor-
rompre la jeunesse que ces vaillants réfor-
mateurs     de la société travaillent      avec une
— 13 —
ardeur     vraiment      digne d une plus noble
cause. Je viens de signaler la Bibliothèque
des BONS Romans illustrés. Je rencontre main-
tenant, dans la Bibliothèque              des Merveilles,
éditée par la maison Hachette, librairie émi-
nemment        classique, et pas toujours catho-
 lique, je    rencontre,      dis-je, certains livres
 éminemment        dangereux,        que les pères de
famille et les instituteurs          les plus honnêtes
 vont, je le sais, acheter sans défiance.
     Il y a peu de temps, l'un de mes élèves
 me communiquait          l'un de ces ouvrages, inti-
 tulé : Éclairs et Tonnerre, par W. Ponvielle,
  et m'indiquait     ingénument         les passages qui
 l'avaient le plus fortement scandalisé.
     Je vais les reproduire          textuellement,    ici,
  dans l'intérêt de la cause sacrée que je dé-
  fends.
      Page 6 :
    « Quand Julien essaya de donner un dé-
 menti aux chrétiens, et de reconstruire         le
 temple profané par     la mort du Sauveur, il
 oublia de rétablir l'armure qui avait protégé
 successivement    deux édifices, et dont il igno-
 rait la puissance. La foudre ne tarda pas à
 détruire   les échafaudages    et à disperser les
 ouvriers envoyés par César : l'insuccès écla-
 tant de l'ennemi de la religion nouvelle fut
— 14 —
 accueilli avec des transports     de joie par les
 chrétiens    dispersés   dans tous les coins de
 l'empire. Aucun des philosophes      qui combat-
 taient pour les dieux de Platon ne sut leur
 répondre que ce prétendu      miracle était pro-
 duit par la loi naturelle, à laquelle le
 des Juifs avait dû pendant si             temple
                                    longtemps sa
 conservation    merveilleuse.  »

   Page 157, il s'agit d'un chef de brigands,
enfermé dans une prison bavaroise, au mi-
lieu de ses complices, soutenant    leur arro-
gance par ses théories abominables.

   « La foudre éclate et vient le
                                    frapper au
milieu de ses affreux discours. Les maillons
de fer, et non ses blasphèmes,  avaient attiré
la catastrophe. »

  Page 158 :
   « Ces événements étranges auront certaine-
ment une haute portée philosophique,    car ils
nous prouvent que le Cosmos n'est point or-
ganisé sur le plan d'un État despotique, sur
lequel règne un pouvoir arbitraire.  »

  Page   165 :
  « Les journaux ont raconté,   au mois d'août
1868, qu'un gendarme    avait   vu ses bottes
-15    -
mises  en pièces par un orage. Quel sacrilége !
Les bottes ne sont-elles pas au gendarme     ce
que le  Saint-Sacrement   est à l'église? »

  Page 214 :
    « Il paraît qu'il fut frappé d'un coup de
foudre, qui      tomba sur un parapluie       en soie
qu'il   tenait à la main. Il se vit enveloppé d'un
tourbillon de flammes, qui ne lui fit aucun
mal. Malheureusement,           il se crut sauvé par
 la protection     divine. Oubliant que le taffetas
pouvait      être pour beaucoup dans le miracle,
 il se crut obligé, depuis cet événement, de se
 consacrer     à la défense de l'autel et du trône,
jusqu'à    la fin de sa carrière,     qui fut longue.
 Il n'eut pas lieu de se féliciter d'avoir tenu
 la promesse        qu'il  avait faite au Dieu qui
  lance son foudre contre les pécheurs.

  Le livre des Merveilles se termine       par cette
maxime remarquable      :

    « Dans ce monde infini, où nous vivons sans
 trop   savoir pourquoi, il n'est pas d'homme in-
 telligent    qui n'ait des découvertes    à faire,
 s'il utilise ses loisirs à admirer et étudier la
 nature. »

   Etrange    savant, qui, sans doute, n'avez
 point  écrit un si triste ouvrage « sans trop
— 16 —
  savoir pourquoi,      » à quoi bon,
  ce faire des découvertes ? »                 dites-moi,
                                   à quoi bon utiliser
  ses loisirs « à étudier et admirer
                                           la, nature, »
 si l'on se place à votre
                               point de vue ? Soyons
 logique, mon garçon, soyons logique. Vivre
 comme la brute est assurément            ce qu'il y a
 de mieux à faire en
                          pareil cas (1).
    Voilà, certes, des choses assez putréfiantes
 que l'on peut s'étonner,       à bon droit, de ren-
contrer dans dos livres destinés à la
 Et que diraient                             jeunesse.
                      les partisans     de la liberté
absolue de la presse,                    de cens qui
                            j'entends
possèdent un fonds de véritable
                                            honnêteté,
que diraient-ils,    si j'analysais     ici les volu-
mes les plus                      de la Bibliothèque
               remarquables
démocratique, de la Bibliothèque nationale et
de l'Ecole mutuelle : COURS
                                   D'ÉDUCATION PO-
PULAIRE, et de cent autres productions                 du
même acabit? Je me contenterai
                                                 d'offrir
quelques citations tirées :
   1° Du livre intitulé : École
                                     mutuelle : Phi-


   (1) Je trouve dans le Catalogue (1874) des livres
pour distributions de prix de la maison
à la page 9, laquelle porte                Hachette,
                            pour en-tête : « Educa-
tion, Pédagogie, Piété, » je trouve : FONVIELLE
       DE), Les Merveilles du Monde invisible;
(W.
Éclairs et Tonnerre. »
  C'est trop fort !
— 17 —

losophie et Morale, par Jules Andrieu,      pré-
parateur au baccalauréat     ès lettres ;
    2° D'une publication    modeste, mais tout à
fait humanitaire,     et qui se présente à nous
sous ce titre : l'Éducation    populaire!
   Voyons d'abord Philosophie et Morale :
    Page 29 :
   « Ils (les Chaldéens et les Égyptiens) avaient
le tort de croire que le Ciel s'occupe de nous...
Pour les premiers Grecs, pour les sauvages et
pour les paysans de nos jours, le Ciel n'est,
au contraire,     qu'un immense couvercle qui
repose sur les monts. »
  Page 31 :
  « La Bible défend toute divination,   c'est-
à-dire tout commerce avec les sciences. »

  Page 32 :
   « Il (l'Hébreu) l'a voulu cruel et vindica-
tif (Jéhovah)     , ce Dieu très personnel     ,
voilé, irritable comme la foudre, et qui habi-
tait volontiers les montagnes et les buissons. »

   Page   65 :
  « Le moyen âge a cru en Adam, puisqu'il
apleuré  toutes ses larmes et tous ses syllo-
gismes sur le péché d'Ève. »
— 18 —
   Page 59 :
   « Mais l'animal qui accapare l'attention du
monde savant, c'est le singe. Carl Vogt ter-
mine ses belles Etudes sur l'homme par cette
pensée : qu'il vaut mieux être un singe per-
fectionné qu'un Adam dégénéré. »
   M. Jules Andrieu termine,   lui, son beau
livre Philosophie et Morale par cette pensée
vraiment exquise :
   « La Morale attend tout encore de la science
et de la liberté. »

    M'est avis, cher philosophe de l'École mu-
 tuelle, et je vous dois ce sincère hommage,
 que vous n'êtes pas seulement un habile pré-
 parateur au baccalauréat ès lettres, mais que
 vous faites encore un excellent préparateur
DE ou A la morale...      Mais, grand homme,
de grâce, dites-le-nous,        qu'entendez-vous
par la science et la liberté, ces deux Messies
impatiemment     attendus par la morale? Oh !
vous le savez bien, car, soit dit sans flatterie,
la science, vous en débordez ; la liberté, vous
la possédez dans de très honnêtes conditions,
puisqu'il ne s'est rencontré personne qui se
fut avisé de vous empêcher, vous et vos sem-
blables, d'empoisonner      à plaisir le coeur et
— 19 -

l'âme de nos enfants. —Diantre!                  qu'est-ce
                      donc Mon être?...         Eh! eh!
que cela peut
                                le matérialisme       et la
serait-ce, par hasard,
 licence?... Car, enfin,       si votre morale, attend
TOUT encore de la         science et de la liberté, elle
doit se réduire à très peu de chose, ou, pour
 pieux dire,        à BIEN du tout. Je parie que
 vous n'aviez pas songé          à cela. La logique et
 la philosophie,       voyez-vous,      s'accordent     très
  mal    entre elles, quand la morale est absente
  du logis.
   Et     dire qu'il s'est trouvé un jury capable
  de décerner une mention honorable (Exposi-
  tion de 1867) à l'éditeur de la Bibliothèque
  nationale et de l'Ecole mutuelle ! et que plu-
  sieurs    de ces livres, qui ont atteint le comble
  de l'abjection     dans l'impiété et l'immoralité,
  se rencontrent entre les mains de nos enfants,
  au foyer     de la famille et jusque sous l'oeil de
  l'instituteur!     En vérité, ou sommes-nous?
   où allons-nous?...
      Voici maintenant venir, avec de petits airs
   cauteleux et cafards, l'Education populaire (1),
           est utile de signaler à l'attention            des
   qu'il


   (1) D'abord  éditée par la librairie classique Dela-
 grave,  l'Éducation populaire paraît maintenant
 chez Sandoz et Fischbacher, éditeurs protestants.
— 20 -
   instituteurs      et des pères de famille vraiment
   honnêtes.
      L'Education       populaire      est une pacotille de
   petits livres à bon marché (52 cours à 0 fr. 05
   pièce) ; cela paraît tous les quinze jours, de-/
   puis le 15 décembre 1872.
      L'on a pris le soin de recommander                   cette
  petite encyclopédie         démocratique         et sociale a
  MM. les instituteurs,             les délégués         canto-
  naux, les maires, etc. Rien de plus naturel,
  puisque       c'est par l'enfant        que les ardents
  promoteurs        de la civilisation        nouvelle pré-
  tendent opérer, à leur manière,               la réédifica-
 tion de l'édifice moral et                            à demi-
                                     intellectuel,
 ruiné dans notre infortunée
                                         patrie.
     A travers l'alphabet,           les éléments        de la
 lecture,     de l'écriture,      de la grammaire,           du
 système métrique,          etc., on a su glisser, avec
 une adresse toute voltairienne,              les principes
 essentiels de la morale indépendante.
    Dans                   politique : « Qu'aimes-tu? »
            l'Alphabet
demande-t-on          à l'enfant.      Et l'enfant de ré-
pondre : « D'abord ma patrie,                  mes parents
ensuite, puis mes compatriotes,              enfin le genre
humain et LA NATURE ENTIÈRE. »
                                                  (Page 25.)
    La nature entière!!!          Comme cela est poé-
tique, ravissant ! Cela ne fait-il pas songer
au mariage de Marat,                       du peuple, EN
                                 l'ami
-21     —
FACE DE LA NATURE? Cela ne nous ramène-
t-il pas un peu à la déesse RAISON?... Et
pourquoi      parler de Dieu, après tout? C'est
une vieillerie.       Le bon Dieu n'est plus de
notre temps
     « Que dois-tu apprendre ? » dit-on ensuite au
jeune disciple. Ici se place une énumération
 où il n'est nullement        question de la religion.
 Il n'y a pas lieu d'en être surpris.
     « Quelle est la mission du peuple français ?
      C'est d'être l'INITIATEUR et le LIBÉRATEUR
 du genre humain (Pauvre peuple ! il devrait
 bien commencer         la besogne par lui-même.)
 en donnant aux autres l'exemple              de TOUTES
 les vertus (Dame ! on s'en aperçoit déjà.) et en
 conservant les institutions républicaines,          seules
 capables d'amener l'ordre, la liberté, la pros-
périté    de tous les Français,      etc., etc., etc. !!! »
    L'oeuvre sacro-sainte        serait il complète, si
 le cléricalisme,     " cette lèpre sociale qu'il faut
 extirper à tout prix, » comme il a été dit
 ailleurs,    n'y  était pas vertement          pincé;    si
 l'on n'y donnait pas le coup de trique fra-
 ternel aux prêtres,         « ces ennemis acharnés
 des lumières,      opposés    à tout progrès au sein
 des masses, gardant,          pour les intérêts de la
 domination       politique,      les richesses     de la
 science et des arts. »
— 22 —
   « C'est sous Robert, est-il dit plus loin, que
se passa la grande comédie de l'an 1000
L'an,1000 passa sans cataclysme... . Mais le
clergé garda précieusement      ses nouvelles ri-
chesses. » (Histoire de France, page 187.)


    Ainsi donc, la foi catholique, qui nous à
 donné la Trève-Dieu, les Associations de la
 paix, la Chevalerie, les Croisades ; à qui nous
 devons Charlemagne,        Suger, saint Louis,
saint Bernard, saint Thomas, Albert le Grand ;
 à qui nous devons Duguesclin,           Bayard,
 Jeanne d'Arc, c'est-à-dire l'affranchissement
de notre territoire;     la foi catholique,    qui
nous a préservés de l'ignorance et de la bar-
barie, en conservant et en développant, au
fond des monastères, le précieux dépôt des
connaissances    humaines ; la foi catholique,
à qui nous devons encore, il ne faut pas l'ou-
blier, la fondation d'écoles et d'universités
célèbres, notamment       l'Université  de Paris,
surnommée la Citadelle de la foi catholique,
voilà comme elle est présentée à l'esprit de
nos enfants par les agents de la mauvaise
presse... Cette rénovation      de la piété, due
aux terreurs religieuses de l'an 1000, ces ma-
nifestations solennelles, éclatantes, du senti-
ment le plus intime, le plus respectable, trai-
— 23 —
tées de Comédie humaine ; en vérité, cela est
assez grotesque.
    Le Catéchisme, « ce code vulgaire de la plus
haute philosophie (1) » enseigne à nos enfants
que « Dieu nous a créés pour le connaître,
 l'aimer, le servir, et, par ce moyen, obtenir
 la vie éternelle. » Tel n'est point l'avis de
 MM. les instituteurs    laïques,    délégués can-
 tonaux, cantonniers,    maires, gardes cham-
 pêtres et autres beaux diables endoctrinés par
 les savants de l'Éducation        populaire.    Ces
 braves gens vous affirmeront,       avec un petit
 air de gravité comique et l'Éducation        popu-
 laire à la main, peu d'accord, en cela, avec
 les révérends Pères de l'École mutuelle : « QUE
 LE PROBLÈME DE L'ORIGINE DE L'HOMME
 N'EST PAS ENCORE RÉSOLU. » (Histoire gé-
 nérale,)
     A propos d'hygiène,     cette médecine pré-
 ventive trop négligée par le pauvre peuple,
 les docteurs de l'Education        populaire    blâ-
 ment l'habitude    « de transporter     les enfants
 dès le lendemain de leur naissance à la mairie,
 et QUELQUEFOISà l'église. »
     L'on ne saurait trop apprécier ce qu'il y a


   (1) Lamartine.
— 24 —

  d'exquis dans ce quelquefois. Les sycophantes
  de l'Education      populaire    ont vraiment l'air
  d'ignorer    que. grâce à Dieu, la naissance
  laïque, l'instruction    laïque, le mariage laïque
  et l'enfouissement     laïque, en dépit des pré-
  dicateurs    de la fraternité     universelle,   n'ont
  recueilli, parmi nous, qu'un assez petit nom"
 bre d'adeptes, et que la libre pensée pure,
 ainsi qu'il a été facile de le constater, n'en-
 globe qu'une fraction dérisoirement             infini-
 tésimale de la population française.
     Un conseil tout fraternel, pour finir, aux
 auteurs de l'École mutuelle, de l'Éducation
populaire et tutti quanti : Quand tentés vous
 serez par le démon de la composition, je vous
 engage sincèrement,        Messieurs,     à consulter
 avec goût cette sorte de compilation             colos-
 sale, modestement      intitulée GRAND DICTION-
NAIRE DU DIX-NEUVIÈME SIÈCLE, élaborée
sous la direction d'un ancien instituteur,           par
un escadron        de docteurs       plus ou moins
doctes, de littérateurs      plus ou moins lettrés,
 « par un escadron de pédants, » eût dit Des-
préaux ; tour de Babel élevée à la honte de
la vraie morale et de la vraie religion. Mor-
bleu ! vous accoucherez          chacun     d'un petit
chef-d'oeuvre, je vous le prédis.
    Je crois en avoir dit assez sur le livre et la
— 25 —
brochure.      J'arrive    à la presse périodique,
c'est-à-dire    au journal. — Après avoir rendu
un hommage légitime aux efforts d'hommes
intelligents     et généreux,     toujours     dévoués à
de respectahles convictions, à de nobles prin-
cipes, toujours        Mêles au poste du combat,
il va m'être donné de signaler en peu de
mots     un mal non moins grave, un péril non
 moins     redoutable     que   celui que j'ai claire-
 ment indiqué par les pages qui précèdent.
     Sous diverses banniêres           aux inscriptions
 fastueuses,     aux reflets éclatants,       se sont en-
 rôlés d'infatigables      lutteurs, grands semeurs
 d'idées ou, trop souvent plutôt,               disons-le,
 propagateurs        hypocrites    du mensonge et de
 l'erreur.
     Les   uns présentent        aux amateurs        de la
  chair « l'adresse des petites dames et des fri-
  cotiers en renom, poussent le public aux tri-
 pots (1)   » et autres mauvais lieux. Les autres
  racontent avec enthousiasme             les procès cri-
  minels,    exaltent l'adultère,     justifient la pros-
  titution, préconisent      le duel, légitiment le sui-
  cide. Ceux-ci, à l'aide d'une métaphysique
  astucieuse,     élèvent la sottise à la hauteur de


   (1) Louis VEUILLOT,les Odeurs de Paris
— 26 —
    la science, la honte au niveau de
                                              l'honneur,
    placent sans façon les médiocrités, les peti-
    tesses, les nullités et les bassesses au-dessus
    des supériorités     morales     et intellectuelles.
   Ceux-là vont sapant, tantôt à
                                            petit bruit,
   tantôt à grand fracas, les bases de la famille
   et de la société, bafouant à
                                    plume que veux-
   tu le grand principe de l'autorité et du
                                                       res-
  pect ; essayant de détruire,        en même temps
  que la religion, la propriété et l'hérédité, ces
  maîtresses colonnes de l'édifice social
                                                  ; exci-
  tant toutes les intempérances          et toutes les
  convoitises ; obscurcissant        à plaisir les no-
 tions premières du bien et du mal
                                              ; et tous,
 avec un succès merveilleux
                                    qui se traduit en
 bonnes espèces sonnantes,                           sans
                                      exploitent
 vergogne l'incurable      bêtise humaine.
      A côté de ces lugubres
                                 farceurs, se révèle,
 aux regards de l'observateur                         une
                                       stupéfait,
 catégorie d'individus,     dont le caractère tout
spécial échappe aisément à la perspicacité
des naïfs et des bonshommes de notre
                                                époque :
je veux parler d'une variété du genre Tar-
tufe, non encore définie par la science. Ces
gaillards-là écrivent dans des journaux             hon-
nêtes, conservateurs,      religieux même. A l'oc-
casion, ils n'hésitent pas à vous affirmer, sans
rire, qu'ils sont catholiques sincères, tout en
-27     -
affichant      des allures tout à fait indépen-
dantes.     Habitués      à souffler le froid et le
chaud,    ils vous ont une façon touchante                de
mêler le rire de Voltaire aux pleurs de Jéré-
mie. Et, ce qui est un signe du temps, ces
puritains      à rebrousse-poil,       véritables camé-
léons du journalisme,         obtiennent de la sottise
publique      un succès insolent. Leurs élucubra-
tions se rencontrent        entre les mains les plus
honnêtes, les plus religieuses...           «Que voulez-
vous ? me dira-t-on ; il y a tant de bonnes gens
qui   sont enchantés de trouver, mêlées dans le
même bocal, la religion facile et la morale à
la mode ; il faut bien les contenter...            » Et puis
la propagande         cafarde est si habile ! On va
jusqu'à      offrir des primes, des remises,             des
 abonnements         de faveur aux instituteurs            et
 aux curés de campagne, tout comme cela se
 tripote,    en d'autres     officines, à l'égard des
 marchands        de vin, distillateurs,     limonadiers,
 taverniers,     gargotiers et liquoristes.
     Pour ma part (je dois cette confidence au
 lecteur), j'ai eu la bonne fortune de recevoir,
 un matin, au réveil, sous la forme d'une an-
 nonce-réclame,         une feuille charmante            que
  l'on n'a point manqué,          sans doute, d'adres-
  ser à tous les instituteurs           de France et de
  Navarre. Je devais évidemment                cette faveur
-28-
       l'obligeance    toute désintéressée d'un
    a
    nal étonnamment                                   jour-
                             répandu      dans le monde
    conservateur.
        « Nous avons
                       depuis longtemps, dit la feuille,
   une idée ORIGINALE pour le
                                         LANCEMENT (sic)
   d'un roman-feuilleton,        ET qui est absolument
   NEUVE. Or,                qui est tout à la fois ori-
               »    l'idée
   ginale et neuve est parfaitement            connue de
   tous ceux qui ont lu, le 6
                                       juillet de la pré-
   sente année, la quatrième
                                       page d'un journal
  quelconque de Paris.
       Au milieu du bruit délicieux des
  et des tam-tams,                              cymbales
                           la feuille ajoute : « Nous
  croyons que ce roman (les TRAGÉDIES DE
  PARIS) est appelé à réussir plus brillamment
  encore que ses aînés (les
                                        CHEVALIERS DU
 LANSQUENET, les VIVEURS DE PARIS
                                                     , le
 MARI DE MARGUERITE) . On va ci-dessous
                                                        en
 lire le premier chapitre,
                                 que nous faisons im-
 primer A part, pour l'envoyer A des personnes
 qui aiment A lire. »
     Suit le prologue, intitulé : la
                                           SAGE-FEMME.
      « L'accoucheuse » est une
                                      certaine madame
Angot, parente, on le présume du moins, de
la légendaire       dame de la balle, « forte en
gueule, pas bégueule, » et représentée,
un grand tableau peint à                           " sur
                                     l'huile, » sous les
traits d'une jeune dame « vêtue d'une robe
-   29 —
rose NOTABLEMENT          DÉCOLLETÉE, portant sur
                  NUES une écharpe         d'un bleu
ses épaules
saphir...    »
    Au deuxième étage         de la maison où de-
meure madame            Angot, et dont le rez-de-
 chaussée est occupé par le propriétaire,
 " gros homme nommé Vignot et surnommé
 Fil-en-Quatre,      » dans une chambre          misé-
 rable     où l'on remarque        " une      paillasse
 èventrée et un matelas MINCE COMME UNE
 GALETTE ,       » ( Quelle richesse     de style ! )
 s'épanouissent      : 1° Un jeune homme dont
 l'ensemble      du visage « offre une beauté frap-
 pante,    MAIS une beauté FATIGUÉE ou, POUR
 MIEUX      DIRE , FLÉTRIE ; » de chacune de ses
 prunelles     « tombait un feu morne ; » 2° Une
 jeune    femme belle « comme un rêve, ressem-
  blant à un ange, MAIS A L'ANGE DE LA DOU-
  LEUR         »
     Le prologue tentateur       se termine par le
  suicide   du beau jeune homme qui, en pré-
  sence de la belle jeune femme,              « appuie
  contre sa tempe       le canon d'un pistolet, » et
  dont le corps       " s'abat lourdement      dans la
  chambre pleine de fumée.          » Premier      truc !
  L'on en verra bien d'autres dans ce roman
   appelé, dit-on,    à éclipser son illustre devan-
   cier,  les Mystères de Paris.
— 30 —
     On m'objectera         maintenant      ce que l'on
  voudra ; je le déclare, l'écrivain
                                              galant fait
  là une oeuvre sublime, bien
                                      qu'assez étrange-
  ment troussée ; et les instituteurs
                                               que l'on a
  gratifiés d'un si alléchant spécimen, « s'ils
  aiment à lire, » sont incontestablement              des
 mortels favorisés ; voilà de
                                     quoi les récréer,
 tout en développant leurs connaissances litté-
 raires et
             surtout.. morales. Leurs intéressants
 élèves en tireront bien aussi
                                          quelque petit
 profit. Allons ! allons        tout le monde sera
 heureux ; ainsi le veut, d'ailleurs,
                                              je dois le
présumer,        le journal    conservateur,       catho-
lique, indépendant          et multicolore,      le Nar-
quois !    (1) »
    L'on concoit jusqu'à un certain
                                             point, j'en
conviens, qu un journal,          un journal sérieux
même, attache do l'importance              au roman-
feuilleton. Le roman-feuilleton             exerce une
puissance d'attraction       incalculable sur le pu-
blic. Mais n'a-t-on pas lieu de s'étonner
quand on voit (et le cas est assez fréquent)


   (1) Demandez aux bureaux du journal le Nar-
 quois les entrefilets les plus orthodoxes du pro-
phète Saint-Genest (voir l'article MIRACLES).  De-
mandez. . il y a là do quoi satisfaire à
tous les goûts.                            peu près
— 31 —

s'épanouir       au    bas d'une feuille qui se dit
conservatrice,        des oeuvres aussi niaises qu'im-
               des oeuvres remplies,          le plus sou-
morales,
vent, de mensonges,            de bourdes, de traves-
tissements        et de calomnies         historiques     ou
autres, qui       se répandent      et s'incrustent     trop
aisément       dans les esprits, grâce à l'imbécil-
lité humaine ?
     A l'appui      de mes assertions, je vais citer
un trait remarquable             qui    ne sera point dé-
placé     dans cet opuscule.
     Il se publie        actuellement,      dans un petit
journal      à la tête duquel se trouvent des hom-
 mes qui, paraît-il,        ont travaillé jusqu'ici dans
 l'intérêt    de la bonne cause, il se publie, dis-
 je,   un roman mille fois infâme, dont voici,
 en quelques mots, le sujet :
     Un    homme égorge un à un, lentement,                un
  certain    nombre de petits enfants,            à mesure
                 lui amène. Les gémissements,              les
  qu'on les
  cris  de ces innocentes         victimes ne troublent
            son atroce impassibilité...          L'écrivain
  point
  se complaît dans des détails effroyables.
      Son oeuvre terminée,           l'égorgeur     regarde,
  avec un sourire de satisfaction, une baignoire
  remplie     du sang de ces pauvres petites créa-
  tures, dont       les cadavres sont amoncelés au-
  tour de lui. Il se frotte les mains et semble
— 32 —
 dire : « Le maître sera content !... » Le maî-
 tre, le monstre qui va se baigner dans le
 sang des petits enfants, quel est-il ?... C'est là
 que réside tout l'intérêt du roman...     L'avez-
 vous deviné, vous qui me lisez? Non... Eh
 bien ! je vais vous le dire, et vous hésiterez à
 me croire. Il vous répugnera d'admettre qu'un
 romancier ait pu imaginer et écrire de telles
 horreurs. C'est bien vrai pourtant,     car je ne
rêve point : le maître, le personnage au bain
 de sang, C'EST UN ROI DE FRANCE, c'est le
roi Louis XV ! Et c'est avec des insanités de
cette espèce que l'on prétend avancer l'in-
struction et l'éducation du peuple, que l'on
prétend assurer son bonheur !
    Pauvre peuple ! pauvres enfants ! vous lisez
et vous croyez ! Que ne lisez-vous donc les
ouvrages écrits par les amis du bon sens et
de la    vérité?... Aujourd'hui,   l'on vous dit
que Louis XV faisait assassiner, tous les ma-
tins, quarante ou cinquante petits enfants,
afin de se procurer un bain tonique, tout en
dégustant un numéro du Siècle, du Figaro ou
du Petit-Journal,     vous le croyez! Demain,
l'on vous racontera que Dagobert,         Charle-
magne et saint Louis se nourrissaient           de
chair humaine et buvaient le sang dans le
crâne do leurs victimes : vous le croirez
— 33 —

encore ! Que        voulez-vous ? « C'est imprimé !
C'est le papier qui          le dit ! » O puissance      de
la presse ! O tempora ! ô mores !...
     Je conclus enfin.
     A quelque point de vue qu'il se soit placé
pour juger        la grande question de la presse,
 le philosophe,      le chrétien, s'il sent battre dans
 sa poitrine un coeur vraiment            français, pro-
  clamera qu'il       serait grand temps de voir se
 fermer,     au milieu de nous, l'ère désastreuse
  des    honteuses       pasquinades    et des lugubres
  palinodies,      qu'il    serait grand temps d'être
  sérieux.
      Quand    le soleil de la justice paraît descendu
  jusqu'à    l'horizon,      quand la terre tremble et
  va, peut-être     demain, nous manquer sous les
   pieds ; quand,     moralement,      une nation semble
   toucher à son agonie, non-seulement             il appar-
   tient  à ceux qui sont les gardiens et les tu-
   teurs des grands intérêts sociaux, de sonder
   l'abîme    et de jeter le cri d'alarme,            mais il
   leur incombe         de saisir résolûment        le gou-
    vernail et de résister au flot montant              de la
    démoralisation.       Il y a là, du reste, une oeuvre
    de salut     public,      on face de laquelle        per-
    sonne   n'a le droit de rester indifférent.         Tous
    nous sommes intéressés à nous demander                   si
    nous   voulons enfin comprendre           les leçons de
— 34 —
 l'histoire, cette grande institutrice   de l'hu-
 manité; si nous voulons être une nation libre
 ou une horde asservie ; si nous voulons
 redevenir un grand peuple ou continuer à
 descendre la pente qui conduit fatalement à
 la barbarie.
    Le mal dont nous souffrons tous, le mal
 qui nous tue, c'est la mauvaise presse; je
 défie aucun homme respectueux de la vérité
 d'oser me contredire. Eh bien ! que ceux qui
 peuvent tenir une plume ; que ceux qui savent
 manier la parole ; que tous les hommes de
 bon sens et de coeur," indistinctement,     unis-
 sent leurs efforts contre l'ennemi commun.
 Que ceux-là surtout qui gardent entre leurs
 mains l'espérance et la force du pays, que
les pères de famille et les instituteurs,     tra-
 vaillent d'abord à relever le grand principe
 d'autorité,   si violemment    attaqué tous les
jours par la mauvaise presse. Il ne faut plus
 que les mauvais livres et les mauvais jour-
naux pénètrent       auprès de nos enfants. Si
nous éloignons de ces êtres si chers le poison
qui tue les corps, pourquoi ne repousserions-
nous pas, avec la même sollicitude, le virus
qui tue les âmes, en pervertissant les conscien-
ces, en énervant les volontés, en abrutissant
les intelligences, en avilissant les caractères?
— 35 —
   Hommes d'ordre et de conservation,     cette
parole  du cardinal de Richelieu    est encore
vraie aujourd'hui;  elle sera encore vraie de-
main, si nous le voulons :
   « Quand la France est au plus bas, c'est le
moment où elle va s'élever au plus haut ;
plongez-la dans l'abîme, elle remontera jus-
qu'au ciel.    "




Paris —Imp Nouv (assoc ouv ), 14, rue des Jeûneurs —
                G Masqumet Ce.
DU MÊME         AUTEUR

    Pour paraître prochainement : la 2e édition
de Nos Vrais Sauveurs : la Famille l'Ecole,
précédée de lettres de NN. SS. les évêque,
d'Orléans et de Chartres, adressées à l'au-
 teur.
    Plusieurs journaux, notamment l'Univers,
le Bulletin catholique et le Dimanche illustre
de Toulouse, ont donné des comptes rendus
très élogieux de cet opuscule.
    Le Journal de l'Ecole primaire,         dans ses
numéros des 15 et 30 novembre dernier, a
publié    in extenso la partie de l'ouvrage inti-
tulée l'Ecole, en la faisant précéder des ré-
flexions suivantes :
   Les pages qui vont suivre sont extraites d'un
livre aussi bien pensé que vigoureusement écrit :
Nos Vrais Sauveurs, etc. Nous avons peu lu de
livres que la crise actuelle a fait surgir, qui nous
arent intéressé autant que ce petit volume de
64 pages, et nous espérons, en citant l'estimable
auteur, faire éprouver cette impression à reconnu
                                              nos lec-
teurs. Nous ne doutons pas qu'après avoir
le merite hors ligne de cet opuscule substantiel,
ils ne fassent plus que de lui accorder une sympa-
thie stérile et de platoniques éloges et ne cher-
 chent à le répandre autour d'eux. C'est éminem-
ment un livre de propagande, une de ces lumières
 à la fois vives et simples, qu'il faut projeter par-
tout pour éclairer les ténebres où se remue la
propagande     athée et socialiste Beaucoup de petits
 livres comme celui-ci, répandus par ceux qui ont
 mission de charité spirituelle aussi bien quelad'au-
 mônes   materielles, auraient bientôt change face
 des choses et corrigé les faits. Ne les négligeons
 donc pas lorsqu'ils se présentent.                 A
    Nous laissons la parole à l'auteur.
Mauvaise presse 1874

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Mauvaise presse 1874

  • 1. Caron, Ernest (chef d'institution à Paris). Un Coup d'oeil sur la mauvaise presse... par Ernest Caron,.... 1874. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit : *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable du titulaire des droits. *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter reutilisation@bnf.fr.
  • 2.
  • 3. UN COUP D'OEIL SUR LA MAUVAISE PRESSE dédié Opuscule spécialement AUXPERES DE FAMILLE& AUX INSTITUTEURS PAR ERNEST CARON Chef 'institution,Paris d à Auteur de l'Instruction laïque, de Nos Libres Penseurs, de Nos Vrais Sauveurs: la Famille, l'Ecole, tc. e PARIS LIBRAIRIE CATHOLIQUE 38, RUE SAINT-SULPICE, 38 1874
  • 4. A LA MÊME LIBRAIRIE L'OUVRIER SES DEVOIRS ET SES DROITS PAR G. CHAULIN Joli volumein-12— Prix: franco, 2 francs.
  • 5. UN COUP D'OEIL. SUR LA MAUVAISE PRESSE Dans un pays où le besoin d'instruction se fait sentir plus vivement chaque jour, dans un pays où le goût, je dirais mieux, la passion de la lecture, se répand jusque dans la classe populaire, le plus grand ennemi de la société, la puissance la plus destructive de la vie nationale, c'est la mauvaise presse. Tel est le fait qui s'impose, dans sa hideuse brutalité, à l'attention des instituteurs et des pères de famille, et qui réclame impérieusement toute la sollicitude des hommes chargés des pou- voirs publics. J'invite surtout les partisans de la liberté absolue de la presse à vouloir bien lire ces quelques pages, où je me charge de démon-
  • 6. — 4 — trer succinctement cette vérité, en me pla- çant au point de vue presque exclusif de la jeunesse, et en écartant complétement de la question qui, du reste, est purement morale et intellectuelle, la politique, cette vilaine chose qui nous a fait tant de mal jusqu'ici, et nous en fera peut-être bien plus dans l'avenir. Le Saint-Père, dans une audience donnée, le 29 mars dernier, aux élèves de l'Université catholique de Rome, répondit à une adresse touchante, par un discours dont j'extrais et cite à dessein, ici, ces paroles remarquables : « Toutes les fois que, dans la société hu- maine, il s'est produit quelque désordre, quelque révolution, quelque renversement de l'ordre public, la jeunesse a toujours été prise comme point de mire, par les uns pour la rappeler et la maintenir dans la bonne voie, par les autres, pour la corrompre d'a- bord dans son coeur et ensuite dans son esprit... Je vous le répète, dans toutes les révolutions... toujours on a cherché à cor- rompre la jeunesse. On ne manque pas d'exemples, anciens et modernes, qui viennent à l'appui de cette affirmative, considérée sous sa double origine » Qui donc oserait nier que cela est vrai, dans notre malheureux pays plus que par-
  • 7. — 5 — tout ailleurs? L'enfant, cette chose si sainte, cette fleur immaculée, " cette âme rose, » cette âme qui murmure et chuchote des hymnes si ineffables, si divins, il est aisé de voir ce qu'en fait trop souvent, parmi nous, le génie du mal, fidèlement servi par les satel- lites de la mauvaise presse : des athées, des matérialistes, des libertins et quelquefois des scélérats. N'a-t-on pas remarqué que les plus grands criminels ont été dépravés, dès l'enfance, par les mauvaises lectures ? N'en a-t-on pas vu, en pleine cour d'assises, confesser que c'est la basse littérature qui les a entraînés dans la voie qui aboutit fatalement au bagne et à l'échafaud? Engeance honteuse, éclose du fumier des infâmes doctrines, nourrie par l'éducation sans Dieu, par cette éducation menteuse et monstrueuse, que les apôtres du socialisme ont juré d'imposer à notre mal- heureux pays, sous le titre insensé d'Instruc- tion laïque! Race hideuse et malfaisante, crachant cyniquement sur le prêtre, après avoir craché sur ce qu'on appelle famille, patrie, honneur, après avoir craché sur sa mère, après avoir craché sur son Dieu ! Mais il faut bien, m'objectera-t-on, ouvrir l'esprit de la jeunesse aux idées nouvelles,
  • 8. — 6 — c'est-à-dire aux idées de progrès, de liberté, de patriotisme, etc. Et les ouvrages que vous attaquez si vertement ne sont-ils pas, pour la plupart, très propres à remplir cet objet ? — A cela, je répondrai nettement que les idées nouvelles, idées dites libérales, sont corrompues dans leur principe par la plupart de ceux-là mêmes qui vont les prônant parmi nous, et qu'elles deviennent, en rai- son de leur exagération insensée, de leur impiété révoltante , des idées subversives de tout ordre et de toute morale, capables de jeter dans l'esprit de nos enfants les notions les plus fausses et les plus monstrueuses sur l'histoire, sur la morale, sur la religion, sur les hommes et sur les choses, capables, malgré leur prétention d'assurer le bien- être des masses, capables, dis-je, do faire ré- trograder tout un peuple jusqu'aux dernières limites de la barbarie. Je vais le prouver avec d'autant plus de facilité que les arguments abondent autour de moi. Je prends d'abord, entre mille et une pro- ductions du même genre, une brochure in- titulée : MAXIMILIEN ROBESPIERRE, laquelle vient d'être répandue à profusion jusque dans les campagnes :
  • 9. « Robespierre, dit l'auteur, mérita le sur- nom d'Incorruptible, décerné par ses contem- porains, et que l'histoire lui a conservé Le 9 thermidor 1794, il meurt sur l'échafaud avec son frère et ses amis dévoués : ils furent exé- cutés sans jugement. Un assassin, un gen- darme, lui avait fracassé la mâchoire d'un coup de pistolet, au moment de son arres- tation. « Sa mémoire fut flétrie par tous les gou- vernements qui se sont succédé C'est le sort réservé à tous les martyrs succombant dans la grande tâche d'améliorer les lois politi- ques et sociales de l'humanité Sa vie fut toute dévouée au peuple . Son visage grave respirait la bienveillance » C'est ainsi que se fait l'apothéose des plus vils scélérats; c'est avec cette sincérité que s'écrit l'histoire, dans le sens des idées nou- velles ! Si j'ouvre le livre qui fait actuellement les délices des partisans des idées nouvelles, le Quatre-Vingt-Treize, de M. Hugo, parmi toutes les énormités dont cette oeuvre four- mille, je détache celle-ci, qui s'étale à la page 42, chap. IX, du tome II : « Féraud, dont Boissy-d'Anglas Saluera la tête, laissant à l'histoire cette question :
  • 10. — 8 — Boissy-d'Anglas a t-il salué la tête, c'est- à-dire la victime, ou la pique, c'est-à-dire les assassins ? » Et je ne puis m'empêcher de frémir en songeant que ces lignes ont été écrites par un homme, dont les poésies sublimes ont trans- porté d'admiration les âmes honnêtes et sensi- bles, par un homme de génie qui n'a pas craint de mentir à ses convictions et d'outrager ce qu'il y a de plus respectable et de plus sacré, dans le but de flatter les vils instincts de lec- teurs sans principes... Comment ne frémi- rais-je pas, ensuite, à la pensée que ces livres pernicieux, trop souvent, hélas ! sont lus par nos enfants eux-mêmes, qu'il en est qui pé- nètrent, avec une facilité déplorable, jusque dans un certain nombre de nos écoles pu- bliques ? Parlerai-je, à ce sujet, d'une Histoire de France fort remarquable, due à la plume d'un homme qui brilla naguère à la tête de l'Uni- versité ? Je le ferai, avec un sentiment de profond regret. Voltaire... . . " ce singe de génie, Chez l'homme, en mission, par le diable envoyé. » VICTOR HUGO.
  • 11. — 9 — Voltaire y est présenté à la jeunesse comme « L'APOLOGISTE DE LA TOLÉRANCE RELI- GIEUSE, » dont " les plus constants efforts fu- rent dirigés contre le POUVOIR SPIRITUEL, QUI EMPÊCHAIT DE PENSER... Le mal social devint son ennemi personnel, ET L'AMOUR DE LA JUSTICE SA PLUS ARDENTE PASSION !!! » Est-ce que l'amour de la justice ne repose pas sur la vérité? me permettrai-je de dire à l'éminent historien. Est-ce qu'il est un seul écrivain qui sache, à l'exemple de Voltaire, faire monter le dégoût au coeur et la rougeur au front, par le cynisme avec lequel il ait, comme Voltaire, érigé le mensonge en prin- cipe et l'hypocrisie en système? Vous nous apprenez que Voltaire, dans une brochure intitulée : « A LONDRES : LI- BERTÉ, ÉGALITÉ, » nous donnait LA DEVISE DE LA RÉVOLUTION. » Et vous oubliez de citer, à l'appui de votre dire, ces belles pa- roles, tirées d'une lettre do Voltaire, datée du 17 avril 1765 : « Le peuple ressemble à des boeufs, à qui il faut un aiguillon, un joug et du foin » Et celles-ci : « Il est à propos que le peuple soit guidé et
  • 12. — 10 — non pas instruit; il n'est pas digne de l'être. » (Lettre du 19 mars 1766.) Vous nous montrez Voltaire « FAISANT ALLIANCE AVEC LES SOUVERAINS ET SE COU- VRANT DE LEUR PROTECTION. » Vous nous rappelez, par une citation empruntée à la correspondance de Voltaire, que ce sensible citoyen « avait toujours la fièvre le 24 août, anniversaire de la Saint-Barthélemy. » Et vous ne nous dites pas s'il tombait de fièvre en chaud mal, LE 5 SEPTEMBRE, ANNIVER- SAIRE DE ROSBACH, le généreux patriote qui écrivait au roi prussien Frédéric, notre en- nemi juré, ces paroles qu'une plume fran- çaise reproduit en frémissant : « Le peuple français est sot et volage, vail- lant au pillage et lâche dans les combats. » Paroles infâmes qui nous dévoilent claire- ment le but secret de « L'ALLIANCE AVEC LES SOUVERAINS, » but odieux, qui semble avoir échappé à votre intelligente sagacité. Si du livre historique nous passons au roman, l'esprit soi-disant nouveau, trop sou- vent esprit de mensonge et de corruption, se révèle à nous sous des traits plus éclatants encore. Il est si facile, dans ce genre de lit-
  • 13. - 11 — térature, de toucher à toutes les questions qui passionnent les esprits et les coeurs ! si facile d'y mêler, en un monstrueux accouplement, l'horrible avec le beau, le faux avec le vrai, le vice avec la vertu ! Je me bornerai, dans une étude si concise, à signaler une collection qui semble s'a- dresser particulièrement à la jeunesse ; j'ai nommé la Bibliothèque des BONS romans illus- trés. Si vous ne la connaissez point, quelques titres pris au hasard suffiront pour vous édi- fier à son sujet : Le Couvent : MÉMOIRES D'UNE RELIGIEUSE ; les Jeunes Filles de Paris ; les Alcôves mau- dites; les Collets noirs; la Chasse aux Fem- mes et aux Lions, en Algèrie ; le Roman de Mademoiselle Giraud, ma femme (42e ÉDI- TION). Il n'est pas besoin, à coup sûr, d'ouvrir l'un de ces chefs-d'oeuvre pour constater le poison perfide qu'y ont audacieusement glissé, jusque entre les lignes, des écrivains appar- tenant à une école fatale, lesquels s'imagi- nent faire oeuvre de moraliste, en analysant les plus viles dépravations du coeur humain, faire acte de vertu, en mettant à nu le fond des abîmes où s'engouffrent l'honneur du foyer et la dignité de la femme... Disons-le
  • 14. — 12 — avec douleur, jusqu'en ces temps d'iniquités, la mère était restée debout, intacte, sur son piédestal; il est tels de ces mauvais citoyens qui l'en font descendre et qui la jettent sur la houe du trottoir, aux applaudissements de la foule hébétée... Les malheureux ! si on les laisse faire, il ne nous restera bientôt plus rien, au milieu de nos hontes, qui soit digne de notre respect !... Comme il est dans la logique de la mau- vaise presse d'assurer le triomphe de l'immo- ralité par l'anéantissement du principe reli- gieux, les habiles de la confrérie ne man- quent pas de préparer, d'une époque à l'au- tre, une cuisine toute spéciale à l'usage des amateurs de hauts mets. Il nous ont servi, en ces derniers temps : la Vie de Jésus ; la Religieuse; le Moine; le Maudit, et autres produits trempés dans la même fange, des- tinés avant tout à la diffusion des idées nou- velles. La chute du Catholicisme est le delenda Carthago de ces apôtres de l'enfer. Triple aveugle qui ne le verrait! Quadruple menteur qui oserait le nier ! Chose remarquable, c'est toujours à cor- rompre la jeunesse que ces vaillants réfor- mateurs de la société travaillent avec une
  • 15. — 13 — ardeur vraiment digne d une plus noble cause. Je viens de signaler la Bibliothèque des BONS Romans illustrés. Je rencontre main- tenant, dans la Bibliothèque des Merveilles, éditée par la maison Hachette, librairie émi- nemment classique, et pas toujours catho- lique, je rencontre, dis-je, certains livres éminemment dangereux, que les pères de famille et les instituteurs les plus honnêtes vont, je le sais, acheter sans défiance. Il y a peu de temps, l'un de mes élèves me communiquait l'un de ces ouvrages, inti- tulé : Éclairs et Tonnerre, par W. Ponvielle, et m'indiquait ingénument les passages qui l'avaient le plus fortement scandalisé. Je vais les reproduire textuellement, ici, dans l'intérêt de la cause sacrée que je dé- fends. Page 6 : « Quand Julien essaya de donner un dé- menti aux chrétiens, et de reconstruire le temple profané par la mort du Sauveur, il oublia de rétablir l'armure qui avait protégé successivement deux édifices, et dont il igno- rait la puissance. La foudre ne tarda pas à détruire les échafaudages et à disperser les ouvriers envoyés par César : l'insuccès écla- tant de l'ennemi de la religion nouvelle fut
  • 16. — 14 — accueilli avec des transports de joie par les chrétiens dispersés dans tous les coins de l'empire. Aucun des philosophes qui combat- taient pour les dieux de Platon ne sut leur répondre que ce prétendu miracle était pro- duit par la loi naturelle, à laquelle le des Juifs avait dû pendant si temple longtemps sa conservation merveilleuse. » Page 157, il s'agit d'un chef de brigands, enfermé dans une prison bavaroise, au mi- lieu de ses complices, soutenant leur arro- gance par ses théories abominables. « La foudre éclate et vient le frapper au milieu de ses affreux discours. Les maillons de fer, et non ses blasphèmes, avaient attiré la catastrophe. » Page 158 : « Ces événements étranges auront certaine- ment une haute portée philosophique, car ils nous prouvent que le Cosmos n'est point or- ganisé sur le plan d'un État despotique, sur lequel règne un pouvoir arbitraire. » Page 165 : « Les journaux ont raconté, au mois d'août 1868, qu'un gendarme avait vu ses bottes
  • 17. -15 - mises en pièces par un orage. Quel sacrilége ! Les bottes ne sont-elles pas au gendarme ce que le Saint-Sacrement est à l'église? » Page 214 : « Il paraît qu'il fut frappé d'un coup de foudre, qui tomba sur un parapluie en soie qu'il tenait à la main. Il se vit enveloppé d'un tourbillon de flammes, qui ne lui fit aucun mal. Malheureusement, il se crut sauvé par la protection divine. Oubliant que le taffetas pouvait être pour beaucoup dans le miracle, il se crut obligé, depuis cet événement, de se consacrer à la défense de l'autel et du trône, jusqu'à la fin de sa carrière, qui fut longue. Il n'eut pas lieu de se féliciter d'avoir tenu la promesse qu'il avait faite au Dieu qui lance son foudre contre les pécheurs. Le livre des Merveilles se termine par cette maxime remarquable : « Dans ce monde infini, où nous vivons sans trop savoir pourquoi, il n'est pas d'homme in- telligent qui n'ait des découvertes à faire, s'il utilise ses loisirs à admirer et étudier la nature. » Etrange savant, qui, sans doute, n'avez point écrit un si triste ouvrage « sans trop
  • 18. — 16 — savoir pourquoi, » à quoi bon, ce faire des découvertes ? » dites-moi, à quoi bon utiliser ses loisirs « à étudier et admirer la, nature, » si l'on se place à votre point de vue ? Soyons logique, mon garçon, soyons logique. Vivre comme la brute est assurément ce qu'il y a de mieux à faire en pareil cas (1). Voilà, certes, des choses assez putréfiantes que l'on peut s'étonner, à bon droit, de ren- contrer dans dos livres destinés à la Et que diraient jeunesse. les partisans de la liberté absolue de la presse, de cens qui j'entends possèdent un fonds de véritable honnêteté, que diraient-ils, si j'analysais ici les volu- mes les plus de la Bibliothèque remarquables démocratique, de la Bibliothèque nationale et de l'Ecole mutuelle : COURS D'ÉDUCATION PO- PULAIRE, et de cent autres productions du même acabit? Je me contenterai d'offrir quelques citations tirées : 1° Du livre intitulé : École mutuelle : Phi- (1) Je trouve dans le Catalogue (1874) des livres pour distributions de prix de la maison à la page 9, laquelle porte Hachette, pour en-tête : « Educa- tion, Pédagogie, Piété, » je trouve : FONVIELLE DE), Les Merveilles du Monde invisible; (W. Éclairs et Tonnerre. » C'est trop fort !
  • 19. — 17 — losophie et Morale, par Jules Andrieu, pré- parateur au baccalauréat ès lettres ; 2° D'une publication modeste, mais tout à fait humanitaire, et qui se présente à nous sous ce titre : l'Éducation populaire! Voyons d'abord Philosophie et Morale : Page 29 : « Ils (les Chaldéens et les Égyptiens) avaient le tort de croire que le Ciel s'occupe de nous... Pour les premiers Grecs, pour les sauvages et pour les paysans de nos jours, le Ciel n'est, au contraire, qu'un immense couvercle qui repose sur les monts. » Page 31 : « La Bible défend toute divination, c'est- à-dire tout commerce avec les sciences. » Page 32 : « Il (l'Hébreu) l'a voulu cruel et vindica- tif (Jéhovah) , ce Dieu très personnel , voilé, irritable comme la foudre, et qui habi- tait volontiers les montagnes et les buissons. » Page 65 : « Le moyen âge a cru en Adam, puisqu'il apleuré toutes ses larmes et tous ses syllo- gismes sur le péché d'Ève. »
  • 20. — 18 — Page 59 : « Mais l'animal qui accapare l'attention du monde savant, c'est le singe. Carl Vogt ter- mine ses belles Etudes sur l'homme par cette pensée : qu'il vaut mieux être un singe per- fectionné qu'un Adam dégénéré. » M. Jules Andrieu termine, lui, son beau livre Philosophie et Morale par cette pensée vraiment exquise : « La Morale attend tout encore de la science et de la liberté. » M'est avis, cher philosophe de l'École mu- tuelle, et je vous dois ce sincère hommage, que vous n'êtes pas seulement un habile pré- parateur au baccalauréat ès lettres, mais que vous faites encore un excellent préparateur DE ou A la morale... Mais, grand homme, de grâce, dites-le-nous, qu'entendez-vous par la science et la liberté, ces deux Messies impatiemment attendus par la morale? Oh ! vous le savez bien, car, soit dit sans flatterie, la science, vous en débordez ; la liberté, vous la possédez dans de très honnêtes conditions, puisqu'il ne s'est rencontré personne qui se fut avisé de vous empêcher, vous et vos sem- blables, d'empoisonner à plaisir le coeur et
  • 21. — 19 - l'âme de nos enfants. —Diantre! qu'est-ce donc Mon être?... Eh! eh! que cela peut le matérialisme et la serait-ce, par hasard, licence?... Car, enfin, si votre morale, attend TOUT encore de la science et de la liberté, elle doit se réduire à très peu de chose, ou, pour pieux dire, à BIEN du tout. Je parie que vous n'aviez pas songé à cela. La logique et la philosophie, voyez-vous, s'accordent très mal entre elles, quand la morale est absente du logis. Et dire qu'il s'est trouvé un jury capable de décerner une mention honorable (Exposi- tion de 1867) à l'éditeur de la Bibliothèque nationale et de l'Ecole mutuelle ! et que plu- sieurs de ces livres, qui ont atteint le comble de l'abjection dans l'impiété et l'immoralité, se rencontrent entre les mains de nos enfants, au foyer de la famille et jusque sous l'oeil de l'instituteur! En vérité, ou sommes-nous? où allons-nous?... Voici maintenant venir, avec de petits airs cauteleux et cafards, l'Education populaire (1), est utile de signaler à l'attention des qu'il (1) D'abord éditée par la librairie classique Dela- grave, l'Éducation populaire paraît maintenant chez Sandoz et Fischbacher, éditeurs protestants.
  • 22. — 20 - instituteurs et des pères de famille vraiment honnêtes. L'Education populaire est une pacotille de petits livres à bon marché (52 cours à 0 fr. 05 pièce) ; cela paraît tous les quinze jours, de-/ puis le 15 décembre 1872. L'on a pris le soin de recommander cette petite encyclopédie démocratique et sociale a MM. les instituteurs, les délégués canto- naux, les maires, etc. Rien de plus naturel, puisque c'est par l'enfant que les ardents promoteurs de la civilisation nouvelle pré- tendent opérer, à leur manière, la réédifica- tion de l'édifice moral et à demi- intellectuel, ruiné dans notre infortunée patrie. A travers l'alphabet, les éléments de la lecture, de l'écriture, de la grammaire, du système métrique, etc., on a su glisser, avec une adresse toute voltairienne, les principes essentiels de la morale indépendante. Dans politique : « Qu'aimes-tu? » l'Alphabet demande-t-on à l'enfant. Et l'enfant de ré- pondre : « D'abord ma patrie, mes parents ensuite, puis mes compatriotes, enfin le genre humain et LA NATURE ENTIÈRE. » (Page 25.) La nature entière!!! Comme cela est poé- tique, ravissant ! Cela ne fait-il pas songer au mariage de Marat, du peuple, EN l'ami
  • 23. -21 — FACE DE LA NATURE? Cela ne nous ramène- t-il pas un peu à la déesse RAISON?... Et pourquoi parler de Dieu, après tout? C'est une vieillerie. Le bon Dieu n'est plus de notre temps « Que dois-tu apprendre ? » dit-on ensuite au jeune disciple. Ici se place une énumération où il n'est nullement question de la religion. Il n'y a pas lieu d'en être surpris. « Quelle est la mission du peuple français ? C'est d'être l'INITIATEUR et le LIBÉRATEUR du genre humain (Pauvre peuple ! il devrait bien commencer la besogne par lui-même.) en donnant aux autres l'exemple de TOUTES les vertus (Dame ! on s'en aperçoit déjà.) et en conservant les institutions républicaines, seules capables d'amener l'ordre, la liberté, la pros- périté de tous les Français, etc., etc., etc. !!! » L'oeuvre sacro-sainte serait il complète, si le cléricalisme, " cette lèpre sociale qu'il faut extirper à tout prix, » comme il a été dit ailleurs, n'y était pas vertement pincé; si l'on n'y donnait pas le coup de trique fra- ternel aux prêtres, « ces ennemis acharnés des lumières, opposés à tout progrès au sein des masses, gardant, pour les intérêts de la domination politique, les richesses de la science et des arts. »
  • 24. — 22 — « C'est sous Robert, est-il dit plus loin, que se passa la grande comédie de l'an 1000 L'an,1000 passa sans cataclysme... . Mais le clergé garda précieusement ses nouvelles ri- chesses. » (Histoire de France, page 187.) Ainsi donc, la foi catholique, qui nous à donné la Trève-Dieu, les Associations de la paix, la Chevalerie, les Croisades ; à qui nous devons Charlemagne, Suger, saint Louis, saint Bernard, saint Thomas, Albert le Grand ; à qui nous devons Duguesclin, Bayard, Jeanne d'Arc, c'est-à-dire l'affranchissement de notre territoire; la foi catholique, qui nous a préservés de l'ignorance et de la bar- barie, en conservant et en développant, au fond des monastères, le précieux dépôt des connaissances humaines ; la foi catholique, à qui nous devons encore, il ne faut pas l'ou- blier, la fondation d'écoles et d'universités célèbres, notamment l'Université de Paris, surnommée la Citadelle de la foi catholique, voilà comme elle est présentée à l'esprit de nos enfants par les agents de la mauvaise presse... Cette rénovation de la piété, due aux terreurs religieuses de l'an 1000, ces ma- nifestations solennelles, éclatantes, du senti- ment le plus intime, le plus respectable, trai-
  • 25. — 23 — tées de Comédie humaine ; en vérité, cela est assez grotesque. Le Catéchisme, « ce code vulgaire de la plus haute philosophie (1) » enseigne à nos enfants que « Dieu nous a créés pour le connaître, l'aimer, le servir, et, par ce moyen, obtenir la vie éternelle. » Tel n'est point l'avis de MM. les instituteurs laïques, délégués can- tonaux, cantonniers, maires, gardes cham- pêtres et autres beaux diables endoctrinés par les savants de l'Éducation populaire. Ces braves gens vous affirmeront, avec un petit air de gravité comique et l'Éducation popu- laire à la main, peu d'accord, en cela, avec les révérends Pères de l'École mutuelle : « QUE LE PROBLÈME DE L'ORIGINE DE L'HOMME N'EST PAS ENCORE RÉSOLU. » (Histoire gé- nérale,) A propos d'hygiène, cette médecine pré- ventive trop négligée par le pauvre peuple, les docteurs de l'Education populaire blâ- ment l'habitude « de transporter les enfants dès le lendemain de leur naissance à la mairie, et QUELQUEFOISà l'église. » L'on ne saurait trop apprécier ce qu'il y a (1) Lamartine.
  • 26. — 24 — d'exquis dans ce quelquefois. Les sycophantes de l'Education populaire ont vraiment l'air d'ignorer que. grâce à Dieu, la naissance laïque, l'instruction laïque, le mariage laïque et l'enfouissement laïque, en dépit des pré- dicateurs de la fraternité universelle, n'ont recueilli, parmi nous, qu'un assez petit nom" bre d'adeptes, et que la libre pensée pure, ainsi qu'il a été facile de le constater, n'en- globe qu'une fraction dérisoirement infini- tésimale de la population française. Un conseil tout fraternel, pour finir, aux auteurs de l'École mutuelle, de l'Éducation populaire et tutti quanti : Quand tentés vous serez par le démon de la composition, je vous engage sincèrement, Messieurs, à consulter avec goût cette sorte de compilation colos- sale, modestement intitulée GRAND DICTION- NAIRE DU DIX-NEUVIÈME SIÈCLE, élaborée sous la direction d'un ancien instituteur, par un escadron de docteurs plus ou moins doctes, de littérateurs plus ou moins lettrés, « par un escadron de pédants, » eût dit Des- préaux ; tour de Babel élevée à la honte de la vraie morale et de la vraie religion. Mor- bleu ! vous accoucherez chacun d'un petit chef-d'oeuvre, je vous le prédis. Je crois en avoir dit assez sur le livre et la
  • 27. — 25 — brochure. J'arrive à la presse périodique, c'est-à-dire au journal. — Après avoir rendu un hommage légitime aux efforts d'hommes intelligents et généreux, toujours dévoués à de respectahles convictions, à de nobles prin- cipes, toujours Mêles au poste du combat, il va m'être donné de signaler en peu de mots un mal non moins grave, un péril non moins redoutable que celui que j'ai claire- ment indiqué par les pages qui précèdent. Sous diverses banniêres aux inscriptions fastueuses, aux reflets éclatants, se sont en- rôlés d'infatigables lutteurs, grands semeurs d'idées ou, trop souvent plutôt, disons-le, propagateurs hypocrites du mensonge et de l'erreur. Les uns présentent aux amateurs de la chair « l'adresse des petites dames et des fri- cotiers en renom, poussent le public aux tri- pots (1) » et autres mauvais lieux. Les autres racontent avec enthousiasme les procès cri- minels, exaltent l'adultère, justifient la pros- titution, préconisent le duel, légitiment le sui- cide. Ceux-ci, à l'aide d'une métaphysique astucieuse, élèvent la sottise à la hauteur de (1) Louis VEUILLOT,les Odeurs de Paris
  • 28. — 26 — la science, la honte au niveau de l'honneur, placent sans façon les médiocrités, les peti- tesses, les nullités et les bassesses au-dessus des supériorités morales et intellectuelles. Ceux-là vont sapant, tantôt à petit bruit, tantôt à grand fracas, les bases de la famille et de la société, bafouant à plume que veux- tu le grand principe de l'autorité et du res- pect ; essayant de détruire, en même temps que la religion, la propriété et l'hérédité, ces maîtresses colonnes de l'édifice social ; exci- tant toutes les intempérances et toutes les convoitises ; obscurcissant à plaisir les no- tions premières du bien et du mal ; et tous, avec un succès merveilleux qui se traduit en bonnes espèces sonnantes, sans exploitent vergogne l'incurable bêtise humaine. A côté de ces lugubres farceurs, se révèle, aux regards de l'observateur une stupéfait, catégorie d'individus, dont le caractère tout spécial échappe aisément à la perspicacité des naïfs et des bonshommes de notre époque : je veux parler d'une variété du genre Tar- tufe, non encore définie par la science. Ces gaillards-là écrivent dans des journaux hon- nêtes, conservateurs, religieux même. A l'oc- casion, ils n'hésitent pas à vous affirmer, sans rire, qu'ils sont catholiques sincères, tout en
  • 29. -27 - affichant des allures tout à fait indépen- dantes. Habitués à souffler le froid et le chaud, ils vous ont une façon touchante de mêler le rire de Voltaire aux pleurs de Jéré- mie. Et, ce qui est un signe du temps, ces puritains à rebrousse-poil, véritables camé- léons du journalisme, obtiennent de la sottise publique un succès insolent. Leurs élucubra- tions se rencontrent entre les mains les plus honnêtes, les plus religieuses... «Que voulez- vous ? me dira-t-on ; il y a tant de bonnes gens qui sont enchantés de trouver, mêlées dans le même bocal, la religion facile et la morale à la mode ; il faut bien les contenter... » Et puis la propagande cafarde est si habile ! On va jusqu'à offrir des primes, des remises, des abonnements de faveur aux instituteurs et aux curés de campagne, tout comme cela se tripote, en d'autres officines, à l'égard des marchands de vin, distillateurs, limonadiers, taverniers, gargotiers et liquoristes. Pour ma part (je dois cette confidence au lecteur), j'ai eu la bonne fortune de recevoir, un matin, au réveil, sous la forme d'une an- nonce-réclame, une feuille charmante que l'on n'a point manqué, sans doute, d'adres- ser à tous les instituteurs de France et de Navarre. Je devais évidemment cette faveur
  • 30. -28- l'obligeance toute désintéressée d'un a nal étonnamment jour- répandu dans le monde conservateur. « Nous avons depuis longtemps, dit la feuille, une idée ORIGINALE pour le LANCEMENT (sic) d'un roman-feuilleton, ET qui est absolument NEUVE. Or, qui est tout à la fois ori- » l'idée ginale et neuve est parfaitement connue de tous ceux qui ont lu, le 6 juillet de la pré- sente année, la quatrième page d'un journal quelconque de Paris. Au milieu du bruit délicieux des et des tam-tams, cymbales la feuille ajoute : « Nous croyons que ce roman (les TRAGÉDIES DE PARIS) est appelé à réussir plus brillamment encore que ses aînés (les CHEVALIERS DU LANSQUENET, les VIVEURS DE PARIS , le MARI DE MARGUERITE) . On va ci-dessous en lire le premier chapitre, que nous faisons im- primer A part, pour l'envoyer A des personnes qui aiment A lire. » Suit le prologue, intitulé : la SAGE-FEMME. « L'accoucheuse » est une certaine madame Angot, parente, on le présume du moins, de la légendaire dame de la balle, « forte en gueule, pas bégueule, » et représentée, un grand tableau peint à " sur l'huile, » sous les traits d'une jeune dame « vêtue d'une robe
  • 31. - 29 — rose NOTABLEMENT DÉCOLLETÉE, portant sur NUES une écharpe d'un bleu ses épaules saphir... » Au deuxième étage de la maison où de- meure madame Angot, et dont le rez-de- chaussée est occupé par le propriétaire, " gros homme nommé Vignot et surnommé Fil-en-Quatre, » dans une chambre misé- rable où l'on remarque " une paillasse èventrée et un matelas MINCE COMME UNE GALETTE , » ( Quelle richesse de style ! ) s'épanouissent : 1° Un jeune homme dont l'ensemble du visage « offre une beauté frap- pante, MAIS une beauté FATIGUÉE ou, POUR MIEUX DIRE , FLÉTRIE ; » de chacune de ses prunelles « tombait un feu morne ; » 2° Une jeune femme belle « comme un rêve, ressem- blant à un ange, MAIS A L'ANGE DE LA DOU- LEUR » Le prologue tentateur se termine par le suicide du beau jeune homme qui, en pré- sence de la belle jeune femme, « appuie contre sa tempe le canon d'un pistolet, » et dont le corps " s'abat lourdement dans la chambre pleine de fumée. » Premier truc ! L'on en verra bien d'autres dans ce roman appelé, dit-on, à éclipser son illustre devan- cier, les Mystères de Paris.
  • 32. — 30 — On m'objectera maintenant ce que l'on voudra ; je le déclare, l'écrivain galant fait là une oeuvre sublime, bien qu'assez étrange- ment troussée ; et les instituteurs que l'on a gratifiés d'un si alléchant spécimen, « s'ils aiment à lire, » sont incontestablement des mortels favorisés ; voilà de quoi les récréer, tout en développant leurs connaissances litté- raires et surtout.. morales. Leurs intéressants élèves en tireront bien aussi quelque petit profit. Allons ! allons tout le monde sera heureux ; ainsi le veut, d'ailleurs, je dois le présumer, le journal conservateur, catho- lique, indépendant et multicolore, le Nar- quois ! (1) » L'on concoit jusqu'à un certain point, j'en conviens, qu un journal, un journal sérieux même, attache do l'importance au roman- feuilleton. Le roman-feuilleton exerce une puissance d'attraction incalculable sur le pu- blic. Mais n'a-t-on pas lieu de s'étonner quand on voit (et le cas est assez fréquent) (1) Demandez aux bureaux du journal le Nar- quois les entrefilets les plus orthodoxes du pro- phète Saint-Genest (voir l'article MIRACLES). De- mandez. . il y a là do quoi satisfaire à tous les goûts. peu près
  • 33. — 31 — s'épanouir au bas d'une feuille qui se dit conservatrice, des oeuvres aussi niaises qu'im- des oeuvres remplies, le plus sou- morales, vent, de mensonges, de bourdes, de traves- tissements et de calomnies historiques ou autres, qui se répandent et s'incrustent trop aisément dans les esprits, grâce à l'imbécil- lité humaine ? A l'appui de mes assertions, je vais citer un trait remarquable qui ne sera point dé- placé dans cet opuscule. Il se publie actuellement, dans un petit journal à la tête duquel se trouvent des hom- mes qui, paraît-il, ont travaillé jusqu'ici dans l'intérêt de la bonne cause, il se publie, dis- je, un roman mille fois infâme, dont voici, en quelques mots, le sujet : Un homme égorge un à un, lentement, un certain nombre de petits enfants, à mesure lui amène. Les gémissements, les qu'on les cris de ces innocentes victimes ne troublent son atroce impassibilité... L'écrivain point se complaît dans des détails effroyables. Son oeuvre terminée, l'égorgeur regarde, avec un sourire de satisfaction, une baignoire remplie du sang de ces pauvres petites créa- tures, dont les cadavres sont amoncelés au- tour de lui. Il se frotte les mains et semble
  • 34. — 32 — dire : « Le maître sera content !... » Le maî- tre, le monstre qui va se baigner dans le sang des petits enfants, quel est-il ?... C'est là que réside tout l'intérêt du roman... L'avez- vous deviné, vous qui me lisez? Non... Eh bien ! je vais vous le dire, et vous hésiterez à me croire. Il vous répugnera d'admettre qu'un romancier ait pu imaginer et écrire de telles horreurs. C'est bien vrai pourtant, car je ne rêve point : le maître, le personnage au bain de sang, C'EST UN ROI DE FRANCE, c'est le roi Louis XV ! Et c'est avec des insanités de cette espèce que l'on prétend avancer l'in- struction et l'éducation du peuple, que l'on prétend assurer son bonheur ! Pauvre peuple ! pauvres enfants ! vous lisez et vous croyez ! Que ne lisez-vous donc les ouvrages écrits par les amis du bon sens et de la vérité?... Aujourd'hui, l'on vous dit que Louis XV faisait assassiner, tous les ma- tins, quarante ou cinquante petits enfants, afin de se procurer un bain tonique, tout en dégustant un numéro du Siècle, du Figaro ou du Petit-Journal, vous le croyez! Demain, l'on vous racontera que Dagobert, Charle- magne et saint Louis se nourrissaient de chair humaine et buvaient le sang dans le crâne do leurs victimes : vous le croirez
  • 35. — 33 — encore ! Que voulez-vous ? « C'est imprimé ! C'est le papier qui le dit ! » O puissance de la presse ! O tempora ! ô mores !... Je conclus enfin. A quelque point de vue qu'il se soit placé pour juger la grande question de la presse, le philosophe, le chrétien, s'il sent battre dans sa poitrine un coeur vraiment français, pro- clamera qu'il serait grand temps de voir se fermer, au milieu de nous, l'ère désastreuse des honteuses pasquinades et des lugubres palinodies, qu'il serait grand temps d'être sérieux. Quand le soleil de la justice paraît descendu jusqu'à l'horizon, quand la terre tremble et va, peut-être demain, nous manquer sous les pieds ; quand, moralement, une nation semble toucher à son agonie, non-seulement il appar- tient à ceux qui sont les gardiens et les tu- teurs des grands intérêts sociaux, de sonder l'abîme et de jeter le cri d'alarme, mais il leur incombe de saisir résolûment le gou- vernail et de résister au flot montant de la démoralisation. Il y a là, du reste, une oeuvre de salut public, on face de laquelle per- sonne n'a le droit de rester indifférent. Tous nous sommes intéressés à nous demander si nous voulons enfin comprendre les leçons de
  • 36. — 34 — l'histoire, cette grande institutrice de l'hu- manité; si nous voulons être une nation libre ou une horde asservie ; si nous voulons redevenir un grand peuple ou continuer à descendre la pente qui conduit fatalement à la barbarie. Le mal dont nous souffrons tous, le mal qui nous tue, c'est la mauvaise presse; je défie aucun homme respectueux de la vérité d'oser me contredire. Eh bien ! que ceux qui peuvent tenir une plume ; que ceux qui savent manier la parole ; que tous les hommes de bon sens et de coeur," indistinctement, unis- sent leurs efforts contre l'ennemi commun. Que ceux-là surtout qui gardent entre leurs mains l'espérance et la force du pays, que les pères de famille et les instituteurs, tra- vaillent d'abord à relever le grand principe d'autorité, si violemment attaqué tous les jours par la mauvaise presse. Il ne faut plus que les mauvais livres et les mauvais jour- naux pénètrent auprès de nos enfants. Si nous éloignons de ces êtres si chers le poison qui tue les corps, pourquoi ne repousserions- nous pas, avec la même sollicitude, le virus qui tue les âmes, en pervertissant les conscien- ces, en énervant les volontés, en abrutissant les intelligences, en avilissant les caractères?
  • 37. — 35 — Hommes d'ordre et de conservation, cette parole du cardinal de Richelieu est encore vraie aujourd'hui; elle sera encore vraie de- main, si nous le voulons : « Quand la France est au plus bas, c'est le moment où elle va s'élever au plus haut ; plongez-la dans l'abîme, elle remontera jus- qu'au ciel. " Paris —Imp Nouv (assoc ouv ), 14, rue des Jeûneurs — G Masqumet Ce.
  • 38. DU MÊME AUTEUR Pour paraître prochainement : la 2e édition de Nos Vrais Sauveurs : la Famille l'Ecole, précédée de lettres de NN. SS. les évêque, d'Orléans et de Chartres, adressées à l'au- teur. Plusieurs journaux, notamment l'Univers, le Bulletin catholique et le Dimanche illustre de Toulouse, ont donné des comptes rendus très élogieux de cet opuscule. Le Journal de l'Ecole primaire, dans ses numéros des 15 et 30 novembre dernier, a publié in extenso la partie de l'ouvrage inti- tulée l'Ecole, en la faisant précéder des ré- flexions suivantes : Les pages qui vont suivre sont extraites d'un livre aussi bien pensé que vigoureusement écrit : Nos Vrais Sauveurs, etc. Nous avons peu lu de livres que la crise actuelle a fait surgir, qui nous arent intéressé autant que ce petit volume de 64 pages, et nous espérons, en citant l'estimable auteur, faire éprouver cette impression à reconnu nos lec- teurs. Nous ne doutons pas qu'après avoir le merite hors ligne de cet opuscule substantiel, ils ne fassent plus que de lui accorder une sympa- thie stérile et de platoniques éloges et ne cher- chent à le répandre autour d'eux. C'est éminem- ment un livre de propagande, une de ces lumières à la fois vives et simples, qu'il faut projeter par- tout pour éclairer les ténebres où se remue la propagande athée et socialiste Beaucoup de petits livres comme celui-ci, répandus par ceux qui ont mission de charité spirituelle aussi bien quelad'au- mônes materielles, auraient bientôt change face des choses et corrigé les faits. Ne les négligeons donc pas lorsqu'ils se présentent. A Nous laissons la parole à l'auteur.