Tarifs GSM - Comment les opérateurs nous manipulent
1. TENDANCES CONSO
34 13/03/2013
Depuis octobre, la “loi Télécom” permet de casser son abonnement GSM après six mois,
sans payer un euro. Mais les opérateurs, rusés, ont posé d’autres pièges pour nous
mettre le grappin dessus.
eut-être n’en avez-vous pas eu conscience,
mais le 1er
octobre tout a changé, ou presque,
dans le monde de la téléphonie mobile. La
révolution? La disparition des frais de résilia-
tion. Grâce à la “loi Télécom” - un avatar d’une
législation européenne attendue depuis long-
temps -, vous avez maintenant le droit de casser
votre contrat avec votre opérateur GSM, Internet ou télé,
après six mois. Et ce, sans payer un euro. Alors qu’aupa-
ravant, un opérateur délaissé vous faisait payer votre
abandon au prix fort, jusqu’à 150 euros.
Finis aussi, les contrats assortis de micro-caractères en
bas de page, reconduits à votre insu. Dorénavant, une
confirmation écrite est obligatoire pour conclure un contrat.
L’essence de la loi? “Protéger les consommateurs et exa-
cerber la concurrence pour faire pression sur les prix,
prohibitifs par rapport à nos voisins”, détaille David Wiame,
Monsieur Télécoms chez Test-Achats.
Nos opérateurs télécoms censés se refaire une nouvelle
virginité, peut-on seulement y croire? Mouais. Ce serait
oublier que ces derniers peuvent se faire très “créatifs”
(un euphémisme pour “fourbes”) quand il s’agit d’appâ-
ter le chaland. Le dernier dada des opérateurs, ce sont
les packs. L’argument est simple: plus vous concentrez
vos différents services télécoms chez un même opéra-
teur, moins vous payez. Ainsi, Thomas, qui cumule un
abonnement Internet, téléphone fixe et télé chez Mobis-
tar, peut économiser 5 € par produit en souscrivant en
plus un abonnement mobile. Que du bénef, a priori.
David Wiame met cependant en garde: “C’est clairement
une stratégie de rétention, une manière de s’accaparer
le client”. Les opérateurs sont malins: ils savent le Belge
très, très réticent au changement. En poussant le client
à s’engager sur trois ou quatre fronts, ils se doutent qu’il
aura psychologiquement du mal à aller “picorer” ailleurs.
D’autant que si Thomas décide de résilier son abonne-
ment GSM, il perdra les 15 € de réduction cumulée sur
ses autres abonnements. Du coup, même s’il peut en
théorie partir après six mois, peu de chances qu’il fran-
chisse le pas.
VENTECOUPLÉE,MAINSLIÉES
Un autre stratagème déployé par les opérateurs pour
vous garder plus longtemps près d’eux est encore plus
vicieux. Depuis qu’en 2010 l’Europe a contraint la Bel-
gique à autoriser les “ventes couplées”, on a vu appa-
raître sur le marché des offres qui vous permettent
d’acquérir un GSM pour un euro symbolique. Pas sans
contrepartie évidemment: vous devez signer un contrat
de un ou deux ans. Et si vous décidez de partir avant
Malgré les changements de législation, l’univers des tarifs GSM reste une jungle. Pour y
survivre, quatre règles s’imposent. Pas toujours faciles à suivre, mais indispensables si
vous voulez faire des économies.
CHECKEZ votre profil de consommation: minutes d’appel, SMS, data Internet…
COMPAREZ. Des outils existent: Test-Achats propose à ses abonnés un comparateur
de tarifs sur son site. Et l’IBPT (l’organisme régulateur des télécoms en Belgique) a
aussi lancé un simulateur gratuit - meilleurstarifs.be - pour vous sortir, en un tour de
clic, les formules les plus adaptées.
CHANGEZ! Et ce, tous les 6 mois s’il le faut. Plus vous changerez, plus vous contri-
buerez à faire baisser les prix. Évitez d’être coincé par un contrat de 12 mois ou plus.
ENVISAGEZ les cartes prépayées et les opérateurs “alternatifs”… surtout si vous êtes
un consommateur light. “C’est chez eux qu’on trouve les prix à la minute les plus bas”,
rappelle David Wiame, de Test-Achats.
LES 4 RÈGLES ÉLÉMENTAIRES
COMMENT LES OPÉRATEURS
NOUS MANIPULENT
Tarifs GSM
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terme, vous devrez rembourser la valeur résiduelle de
l’appareil, calculée selon une grille d’amortissement
fournie à la signature… Une nouvelle sorte d’indemnités
de rupture, en quelque sorte. Et légale, qui plus est.
“C’est un gros bémol de la loi Télécom”, admet David
Wiame. Une brèche juridique dans laquelle s’engouffrent
les prestataires de services pour casser la logique des
contrats réduits à six mois.
Et si aujourd’hui les GSM à 1 € semblent un peu passés
de mode, il existe d’autres offres couplées, qui ne s’avouent
pas toujours. Ainsi, en combinant un abonnement Internet
Maxi et son forfait GSM, Paul se voit proposer, sur le site
de Belgacom, la mise à disposition pendant toute la durée
de son abonnement d’une tablette d’une valeur de
249,99 €. Et ce, sans débourser un kopeck de plus! Mais
l’aubaine est un leurre: renseignement pris chez un ven-
deur en magasin, il s›agit en fait d’une location masquée
de 10 euros/mois, pour un engagement de deux ans. Si
Paul stoppe l’un des deux abonnements, il devra payer des
frais de rupture du contrat de location! Une information que
Paul n’a pu dénicher ni sur le site de Belgacom, ni dans la
brochure disponible en magasin. Pire: une opératrice du
service de clientèle lui a assuré qu’en cas de résiliation, il
devrait simplement restituer la tablette, sans bourse dé-
lier! Ce genre de désinformation est malheureusement
récurrent dans le chef de ces téléphonistes, apparemment
aussi paumés dans leur jungle tarifaire que les clients
qu’ils sont censés aiguiller…
Mais si Paul jure fidélité à Belgacom, ne fait-il tout de même
pas une bonne affaire? Bof. “À la fin de ces 24 mois, vous
avez la possibilité de racheter la tablette pour 75 €”, nous
explique notre vendeur intègre. “Vous allez donc payer
315 € pour une tablette qui, deux ans plus tard, aura sans
doute perdu sa valeur initiale!” À l’inverse, notre vendeur
assure qu’il peut nous obtenir une réduction supplémen-
taire de 10 euros, en magasin, si on décide de faire l’im-
passe sur cette “offre exclusive”… Curieux, ce deux poids,
deux mesures...
FORFAITSILLIMITÉSTRÈSLIMITÉS
Dernier écueil à éviter, les offres - dites - “illimitées”,
proposées par de plus en plus d’opérateurs. Un terme
qui tient en fait de l’hyperbole, comme a pu le constater
Florence. Très bavarde et dès lors désireuse d’une for-
mule “sans souci”, elle a opté fort logiquement pour le
tarif illimité le plus bas du marché: la formule Mobile
Max de Numericable (qui emprunte le réseau Mobistar)
à 59,90 € par mois. No limit? Pas tout à fait. Dans ses
(indigestes) conditions d’utilisation, Numericable dit limi-
ter son service à une “utilisation normale”, qui ne
s’écarte pas “significativement” de la moyenne des
clients. À combien se chiffre cette limitation? Aucune
idée. Juste quelques indications. Comme lorsqu’elle
dépasse les 2 GB de data Internet qui lui sont alloués,
par exemple: sa vitesse de surf est alors réduite pour
se traîner à 64 Kbits/s. Ou pire: quand elle appelle sa
copine Nathalie - bavarde elle aussi -, leur communica-
tion se coupe automatiquement au bout de deux heures!
Dernière grosse contrariété: contrairement à la plupart
des concurrents, les SMS ne sont pas inclus. Elle doit
donc allonger 5 ou 10 € chaque mois pour 100 ou 300
SMS. Pas vraiment de quoi combler la cannibale du GSM
qu’elle est!
hPierre Scheurette
LES OPÉRA-
TEURS SONT
MALINS: ILS
SAVENT LE
BELGE TRÈS
RÉTICENT AU
CHANGEMENT.
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