1. Le Nouvelliste Vendredi 26 novembre 2010 SUISSE 5
Santé:unpourvoyeurd’emplois
STATISTIQUES L’emploi dans
la santé augmente mais
la pénurie aussi.
FRANÇOIS NUSSBAUM
En matière d’emploi, le secteur
de la santé (soins, assurances et
pharmacie) connaît une pro-
gression plus forte que la
moyenne. Une tendance qui se
manifeste aussi dans la forma-
tion. Mais pas suffisamment
pour juguler la pénurie qui
s’annonce.
Entre 2001 et 2008, l’emploi
dans le domaine de la santé a
progressé de 2,6%, bien plus
que dans l’ensemble des bran-
ches économiques (1,2%). C’est
ce que montrent les chiffres pu-
bliés hier par l’Office fédéral de
la statistique. La santé em-
ployait 542 000 personnes fin
2008, soit 90 000 de plus qu’en
2001. Ce qui représente 13,5%
du total de l’emploi en Suisse.
Les trois plus gros secteurs
comprennent les hôpitaux
(163 000 emplois), les institu-
tions médico-sociales (155 000)
et le secteur ambulatoire (100
000). Les autres sont l’industrie
pharmaceutique (61 000), les
caisses maladie et l’assurance
accidents (14 300) et la promo-
tion de la santé (2500). C’est
toutefois dans ce dernier sec-
teur que la progression est la
plus forte en dix ans (5,4%), sui-
vie de l’industrie (4,4%).
Des variations
La répartition régionale est
variable. C’est dans la région
Nord-Ouest qu’on trouve la
plus forte concentration d’em-
plois dans l’industrie pharma-
ceutique, en raison du pôle bâ-
lois. Mais c’est aussi là que la
densité est la plus grande dans
les activités hospitalières. La ré-
gion Espace Mittelland (BE, JU,
NE, FR, SO) n’est toutefois pas
loin, dans le même secteur et
celui des établissements médi-
co-sociaux.
Ce mouvement à la hausse
apparaît également dans la for-
mation, comme en témoigne la
«progression en flèche» des étu-
diants que constate le directeur
de la Haute Ecole de santé de
l’Arc (NE, JU, Jura bernois), Do-
minique Fassnacht. «En cinq
ans d’activité, le nombre d’ins-
criptions dans nos établisse-
ments de Neuchâtel et Delémont
a dépassé toutes nos espéran-
ces», dit-il.
De nombreux
infirmiers
Il y a deux raisons à cela,
explique-t-il. D’abord le fait
qu’on ait placé la formation
d’infirmière/infirmier au ni-
veau d’une haute école, dans
le système dit de Bologne. Les
élèves en sortent avec un ba-
chelor et peuvent, s’ils le sou-
haitent, poursuivre et obtenir
un master. Ensuite la création
d’un CFC pour l’assistanat en
soins, avec une passerelle vers
la haute école.
Cette valorisation des for-
mations (la demande est forte
dans les deux cas) est évidem-
ment précieuse, en soi, mais
aussi comme «valeur refuge»
lorsque l’économie faiblit.
L’emploi y est assuré, du fait
du vieillissement de la popula-
tion et des besoins ainsi géné-
rés en matière de soins. D’au-
tant que les bassins
traditionnels de recrutement
s’épuisent: le personnel fran-
çais, allemand, italien et cana-
dien se raréfie.
D’une part, les conditions
de travail se sont améliorées
dans ces différents pays et la
Suisse n’exerce plus le même
attrait que par le passé. D’au-
tre part, la pénurie sévit par-
tout et on retient le personnel
là où on l’a formé.
Résultat: la formation con-
naît un essor réjouissant dans
le domaine de la santé et des
soins, mais n’est pas en me-
sure de compenser la grave pé-
nurie qui s’annonce dans plu-
sieurs secteurs (y compris en
médecins).
Et encore, ajoute Domini-
que Fassnacht, les deux filières
HES et CFC peuvent au-
jourd’hui accueillir pratique-
ment tous les élèves qui s’y ins-
crivent (contrairement à
d’autres, comme les physio-
thérapeutes ou les ergothéra-
peutes, où le tri est très sévère).
Mais des difficultés pourront
apparaître, non pas dans la
formation théorique, mais
dans les stages pratiques (obli-
gatoires) par manque de pla-
ces.
Or il faudra toujours plus
d’établissements médico-so-
ciaux, de soins à domicile ou
d’habitations protégées.
Le secteur de la santé fournit des milliers d’emplois dans notre pays et a de l’avenir devant lui. LE NOUVELLISTE/A
jmt - sl