LE COMMERCE AGRICOLE AFRICAIN À L’EPREUVE DE LA CRISE SANITAIRE: PRÉSENTATION DU MONITEUR DU COMMERCE AGRICOLE EN AFRIQUE (AATM) 2019 ET DISCUSSION AUTOUR DES POTENTIELS EFFETS DU COVID-19
Exlporer la relation entre l'agriculture et le commerce en Afrique
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LE COMMERCE AGRICOLE AFRICAIN À L’EPREUVE DE LA CRISE SANITAIRE: PRÉSENTATION DU MONITEUR DU COMMERCE AGRICOLE EN AFRIQUE (AATM) 2019 ET DISCUSSION AUTOUR DES POTENTIELS EFFETS DU COVID-19
2. Contexte
• L’intégration commerciale peut contribuer à l’acceleration de la croissance
économique et à la reduction de la pauvreté
• les dirigeants africains se sont engagés à Malabo en 2014 à tripler le commerce
intra-africain des produits agricoles et des services d'ici 2025.
• l'établissement d'une zone continentale de libre-échange (ZLECA) et d'un tarif
extérieur commun continental.
• Son objectif est également "d'accroître et de faciliter les investissements dans les
marchés et les infrastructures commerciales" (AUC 2014, 5).
• Agriculture un secteur clé pour les économies africaines :
• emploie une grande partie de la main-d'œuvre
• pourrait jouer un rôle important sur les marchés alimentaires mondiaux, compte
tenu de la richesse des ressources naturelles de l'Afrique.
• L'attractivité du secteur agricole africain peut être illustrée par deux tendances
générales :
• dans de nombreux pays africains, l'investissement direct étranger (IDE) est de plus en plus
orienté vers l'émergence de grandes exploitations agricoles afin de stimuler les exportations
de produits agricoles vers les pays développés (Bourgoin, Diop, Dia 2017, 2019)
• les efforts pour intégrer le numérique dans l'agriculture africaine sont désormais importants
3. Constats
• Malgré son potentiel élevé, la participation de l'agriculture africaine
au commerce mondial reste faible.
• Depuis 2013, la région Afrique connaît un déficit commercial agricole
avec toutes les autres régions.
L'objectif principal de ce chapitre est d'évaluer la performance de l'Afrique dans
le commerce agricole mondial.
4. Débats controversés
• La question de la participation de l'Afrique au
commerce mondial a été bien débattue dans la
littérature, qui se concentre sur deux aspects de ce
sujet :
• Le premier est la participation des pays africains au
commerce mondial
• Le deuxième aspect abordé dans la littérature est le
niveau du commerce intrarégional
5. Participation des pays africains au commerce
mondial
• Pour certains auteurs, la participation de l'Afrique au commerce mondial est
faible
• Sachs and Warner (1997) : l’Afrique n’a pas tiré profit de la mondialisation.
• Banque mondiale (2000): la perte de l'Afrique dans le commerce mondial est importante
et reflète l'échec de la diversification dans de nouveaux produits ainsi qu'une baisse de
la part de marché des produits traditionnels.
• Subramanian and Tamirisa (2001) : l'Afrique s'est désintégrée de l'économie mondiale et
que cette tendance a été particulièrement forte en Afrique francophone.
• Cependant, une littérature relativement bien développée soutient que
l'Afrique a fait du commerce conformément aux prévisions, voire du « sur-
commerce ».
• Coe and Hoffmaister (1998), en utilisant une équation gravitationnelle du commerce,
concluent qu'au début des années 1990, l'Afrique a en fait « suréchangé » par rapport
aux pays en développement d'autres régions.
• Rodrik (1999) montre que le commerce africain est conforme à la taille des pays, à leur
revenu et à la distance moyenne par rapport aux autres régions du monde.
6. Niveau du commerce intra-africain
De nombreuses institutions internationales s’accordant sur le niveau relativement faible
du commerce regional en Afrique:
• La Commission économique des Nations unies pour l'Afrique, la Commission de l'Union africaine
et la Banque africaine de développement (UNECA, AUC, AfDB 2010) considèrent qu'au cours des
dernières décennies, seuls 10 à 12 % environ du commerce africain s'effectuait entre les autres
nations africaines. Cette statistique est d'environ 40 % pour le commerce nord-américain et de
63 % pour le commerce d'Europe occidentale.
• Cette conclusion est confirmée par Brenton et Isik (2012) dans une publication de la Banque
mondiale.
• Barka (2012, 2) dans une publication de la BAD, confirme cette conclusion en soulignant qu'en
2009, « le commerce intra-africain représentait environ 10 % du commerce total du
continent... » Ce chiffre bien inférieur aux niveaux de commerce intrarégional atteints en
Amérique latine (22%) et en Asie (50%).
Cependant, la littérature académique arrive à une conclusion différente :
• Foroutan and Pritchett (1993) : les flux commerciaux au sein de l'Afrique au Sud du Sahara (ASS)
ne sont pas différentiellement faibles.
• Yang and Gupta (2007): même si le commerce intrarégional en Afrique est plus faible que dans
d'autres régions, l'intensité des échanges est sensiblement plus élevée entre les pays africains
qu'entre les pays africains et le reste du monde.
• Iapadre and Luchetti (2010) soutiennent la conclusion selon laquelle le commerce régional de
l'Afrique est relativement élevé.
7. Points abordés par ce chapitre du Rapport
• La participation à long terme de l'Afrique au commerce agricole
mondial
• Le niveau du commerce agricole intrarégional africain
• Où se situent les avantages comparatifs de l'Afrique dans le domaine
de l'agriculture ?
• Coûts commerciaux dans l'agriculture
• Degré de diversification du commerce Agricole Africain
8. Participation à long terme de l'Afrique au
commerce agricole mondial
Part de l'Afrique dans le commerce mondial et le produit intérieur brut 2005-2017
9. Participation à long terme de l'Afrique au
commerce agricole mondial
Exportations nettes de produits agricoles africains, années sélectionnées (milliards de dollars US) 2005-2017
10. Participation à long terme de l'Afrique au
commerce agricole mondial
• Ce déficit:
• réduit depuis 2012
• lié à la situation démographique et économique :
• La population de l'Afrique croît plus rapidement que celle du reste du
monde et
• la croissance économique est régulièrement plus élevée sur ce
continent
• pas surprenant que les importations africaines de produits agricoles
augmentent plus rapidement
• La perspective de créer une zone de libre-échange sur tout le continent et Le
triplement du commerce agricole intrarégional a un sens lorsque l'on connaît
le dynamisme du marché local
11. Niveau du commerce agricole intrarégional africain
Évolution de l'indice d'introversion du commerce régional agricole 2005-2017
• Le niveau du commerce intra-africain semble relativement élevé
• Le commerce africain est plus introverti qu'extraverti
12. Niveau du commerce agricole intrarégional africain
• Conclusion identique à celle de plusieurs études universitaires
(Iapadre, 2006 ; Bouët, Cosnard, Laborde, 2017) mais contraire à
celles des publications institutionnelles (UNECA, AUC, et AfDB,
2010 ; Barka, 2012 ; Brenton et Isik, 2012).
• Cela est essentiellement dû à :
• au critère de référence utilisé dans chaque étude.
• Un groupe compare la part du commerce intrarégional dans le
commerce total des différents continents, tandis que l’autre définit
une référence qui prend en compte l'ensemble du commerce
mondial.
• part du commerce intrarégional dans le commerce total dépend
non seulement des barrières commerciales, mais aussi de la
géographie, de l'activité économique, etc...
13. Niveau du commerce agricole intrarégional africain
Cela ne signifie pas que le commerce est bien intégré
au sein de l'Afrique.
• L'Afrique est peu performante en termes de participation
au commerce mondial, qu'il soit intra- ou extra-régional.
• Cette mauvaise performance est liée à la multiplication
des obstacles au commerce.
• Le principal obstacle à l'amélioration de l'intégration
commerciale de l'Afrique est constitué par les barrières
non tarifaires
• Il faut ajouter à cela la question du commerce informel,
qui n'est pas inclus dans les statistiques officielles.
14. Coûts commerciaux dans l'agriculture
Droits de douane moyen appliqués aux échanges ( importations et exportation) pour tous les
produits et pour les produits agricoles, par région, 2016
15. Coûts commerciaux dans l'agriculture
Droits de douane moyens sur les
exportations
Droits de douane moyens sur les
importations
Pays Tous les produits Produits agricoles Tous les produits Produits agricoles
Benin 3.22% 5.01% 10.61% 14.39%
Burkina Faso 1.34% 3.74% 10.60% 14.39%
Cabo Verde 2.75% 2.95% 7.68% 11.30%
Cote d'Ivoire 4.36% 4.57% 8.76% 14.81%
Gambia, The 3.11% 5.06% 14.09% 17.34%
Ghana 2.89% 5.10% 8.79% 15.37%
Guinea 2.63% 9.47% 9.38% 13.88%
Guinea-Bissau 15.88% 16.82% 10.61% 13.10%
Liberia 1.07% 2.41% 9.92% 12.56%
Mali 1.68% 4.22% 10.61% 14.40%
Mauritania 3.30% 7.85% 9.43% 10.58%
Niger 3.25% 10.09% 10.61% 14.38%
Nigeria 1.27% 7.79% 10.93% 14.16%
Senegal 5.50% 8.24% 8.75% 14.72%
Sierra Leone 2.12% 7.26% 13.64% 16.45%
Togo 4.25% 7.16% 8.75% 14.69%
16. Coûts commerciaux dans l'agriculture
(importations)
0% 100% 200% 300% 400% 500% 600%
Mayotte
Sao Tome and Principe
Lesotho
Uganda
Mauritius
Seychelles
Comoros
Libya
Rwanda
Benin
Angola
Niger
Ghana
Guinea
Morocco
Madagascar
Mali
Somalia
Zambia
Sudan
Burundi
Kenya
Sudan
Zimbabwe
Algeria
Cameroon
Egypt, Arab Rep.
Congo, Rep.
ADAI AVE_NTB AVE Time Border AVE Time Doc AVE Cost Border AVE Cost Doc
17. Coûts commerciaux dans l'agriculture
(exportations)
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80%
Saint Helena, Ascension and Tristan da Cunha
Eritrea
Lesotho
Mayotte
Morocco
Mauritius
Western Sahara
Botswana
Cabo Verde
Tunisia
Comoros
Mali
Togo
Madagascar
Somalia
Uganda
Sao Tome and Principe
Kenya
Ethiopia
Seychelles
Senegal
Benin
Djibouti
Mauritania
Burkina Faso
Gambia, The
Niger
Rwanda
Sierra Leone
Chad
Egypt, Arab Rep.
Libya
South Africa
Central African Republic
Ghana
Malawi
Gabon
Burundi
Mozambique
Namibia
Tanzania
Zimbabwe
Guinea-Bissau
Guinea
Cameroon
Nigeria
Zambia
Angola
Equatorial Guinea
Liberia
Sudan
Cote d'Ivoire
Swaziland
Congo, Rep.
Algeria
ADFE XTax AVE Time Border AVE Time Doc AVE Cost Border AVE Cost Doc
18. Coûts commerciaux dans l'agriculture
• les barrières tarifaires sont relativement faibles.
• Le principal obstacle à l'amélioration de l'intégration commerciale
de l'Afrique est constitué par les barrières non tarifaires, les
barrières administratives jouant un rôle important :
• le temps et le coût consacrés aux formalités douanières sont
clairement excessifs pour les importateurs et les exportateurs
africains.
• Cela signifie que le ZLECA ne sera couronnée de succès que si
elle s'attaque à la question de ces barrières non tarifaires. Si ces
problèmes sont résolus, l'Afrique sera en mesure de participer
pleinement au commerce mondial, d'une manière qui reflète la
richesse de ses ressources naturelles.
19. où se situent les avantages comparatifs de l'Afrique en
Agriculture ?
• L'indicateur d'avantage comparatif révélé (ACR), introduit par Balassa
(1965) :
• permet d'identifier, sur la base des niveaux enregistrés des flux commerciaux, si un
produit est une force ou une faiblesse en termes d'exportations d'un pays.
• ACR (2017) calculé pour 55 pays africains.
• Les trois produits agricoles les mieux classés pour chaque pays dans le tableau, qui
recense un total de 153 produits.
• Sur les 153 produits identifiés:
• 78 % peuvent être regroupés en huit catégories de produits agricoles : produits
horticoles (28), poisson et produits connexes (28), produits de l'élevage (18), cacao et
ses dérivés (15), coton et produits connexes (8), sésame (8), tabac (7) et
légumineuses (7).
• Les produits horticoles: fruits (15), légumes (9) et floriculture (4).
• Il faut également noter que les 55 pays ont tous un avantage comparatif révélé dans
les huit grandes catégories identifiées.
• Les produits les plus fréquemment identifiés sont le cacao, le coton, le poisson et les
produits à base de poisson, les fruits, les légumineuses et le thé.
20. où se situent les avantages comparatifs de l'Afrique en
Agriculture ?
Pays Top 3 RCA products Pays Top 3 RCA products
Benin
Cotton-seed oil crude
Liberia
Cocoa beans, whole or broken, raw or roasted
Cotton seed oil-cake and other solid residues Cereal bran, sharps, residue except maize, wheat, ric
Cotton-seed or fractions simply refined Greasy wool (other than shorn) not carded or combed
Burkina Faso
Sesamum seeds
Mali
Cotton, carded or combed
Cotton, not carded or combed Bovine animals, live pure-bred breeding
Veg fats, oils nes, fractions, not chemically modifie Sheep, live
Cabo Verde
Mackerel, prepared or preserved, not minced
Mauritania
Salmonidae, nes,frozen, whole
Skipjack,stripe-bellied bonito, frozen, whole Octopus, frozen, dried, salted or in brine
Tunas nes, frozen, whole Fish-liver oils, fractions, not chemically modified
Cote d'Ivoire
Cocoa beans, whole or broken, raw or roasted
Niger
Sesamum seeds
Cocoa paste not defatted Arrowroot, salep, etc fresh or dried and sago pith
Cocoa paste wholly or partly defatted Bovine hides, whole, fresh or wet-salted
Gambia, The
Cashew nuts, fresh or dried
Nigeria
Raw hide/skins except bovine/equine/sheep/goat/reptil
Sole, frozen, whole Sesamum seeds
Guavas, mangoes and mangosteens, fresh or dried Cocoa beans, whole or broken, raw or roasted
Ghana
Cocoa paste wholly or partly defatted
Senegal
Fish livers and roes, fresh or chilled
Cocoa beans, whole or broken, raw or roasted Ground-nut oil, crude
Cocoa paste not defatted Ground-nuts in shell not roasted or cooked
Guinea
Aubergines(egg-plants), fresh or chilled
Sierra Leone
Cocoa shells, husks, skins and waste
Coffee substitutes containing coffee Sardines,brisling,sprats, frozen, whole
Peaches, nectarines, fresh Coffee substitutes containing coffee
Guinea-Bissau
Cashew nuts, fresh or dried
Togo
Cotton seeds
Salmonidae, nes,frozen, whole Sesamum seeds
Sardines,brisling,sprats, frozen, whole Milk and cream nes sweetened or concentrated
En matière d'exportation, l'Afrique dispose d'avantages comparatifs pour les produits agricoles traditionnels,
mais ils sont généralement crus ou non transformés : cacao, café, coton, poisson et produits de la pêche, fruits,
les légumineuses et le thé
21. Diversification
• Les deux dimensions de la diversification - géographique et
sectorielle - du commerce agricole.
• Pour chaque dimension, deux indicateurs de diversification du
côté des exportations, considérés comme les meilleurs
indicateurs dans la littérature (De Lombaerde et Iapadre, 2012)
22. Indicateurs de diversification
Au niveau géographique
• le nombre de marchés équivalents :
• calcule le nombre de marchés de même taille qui
donneraient le même degré de diversification que celui
observé.
• l'indice de diversification géographique mondiale (GGDI) :
• il évalue la distance entre la répartition du commerce d'un
pays et la répartition du commerce dans le reste du monde.
23. Indicateurs de diversification
• Au niveau Sectoriel
• Nombre de marchés sectoriels équivalents
• mesure le nombre de produits de même taille qui
donneraient le même degré de diversification des
produits que celui effectivement observé
• L'indice global de diversification sectorielle
(GSDI) mesure la distance entre la répartition
sectorielle des exportations d'un pays et la répartition
sectorielle des exportations dans le reste du monde.
28. Manque de diversification
• une forte concentration des exportations dans un nombre
relativement restreint de produits, qui sont souvent bruts ou
semi-transformés.
• Cela peut impliquer une volatilité des recettes d'exportation ; et
les premiers maillons des chaînes de valeur, dans lesquelles les
pays africains semblent être spécialisés, sont souvent des
étapes à faible valeur ajoutée.
• En créant un grand marché intérieur, caractérisé par de faibles
barrières au commerce international, la ZLECA pourrait
remédier à ces faiblesses en diversifiant les bases de production
(impliquant déplacement le long des chaînes de valeur) et une
stabilisation des recettes d'exportation.