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Note d’analyse
Etat des lieux de la filière agrumes
1. LA FILIERES AGRUMES TUNISIENNE
La filière agrumes couvre toutes les espèces d’agrumes du genre Citrus destinés à la consommation
(essentiellement oranges, clémentines, mandarines et citrons). Dans cette étude nous nous concentrons
principalementsur les oranges car ce sont les agrumes les plus exportés par la Tunisie, notamment vers le
marché européen. Cependant, nous abordons aussi la question de la gamme des produits proposés par la
Tunisie à l’exportation.
1.1. Importance de la sous-filière dans l’économie tunisienne
D’après le rapport de la DGEDA (2005)1, la production d’agrumes représentait 0,38% du PIB et 3% du PIBA
en 2003. Les exportations d’agrumes qui représentent en 2015, 0,6% des exportations tunisiennes
assurent aussi des rentrées de devises non-négligeables.
Le sous-secteur agrumes procure des revenus à 11 600 exploitants et près de 7 000 employés
permanents, sans compter la main d’œuvre occasionnelle, estimée à 3 millions de journées de travail.
1.2. La production tunisienne d’agrumes
En 2015, la Tunisie a produit 430 000 tonnes d’agrumes (ONAGRI, d’après DGPA et GIFruits) sur une
superficiede 26 392 ha (soit1% de la superficiearboricole).La production est concentrée dans la région du
Cap Bon (66 % des surfaces exploitées),puis Ben Arous, dans la région de Bizerte, Kairouan et aux environs
de Tunis.
1 : DGEDA, Revue du secteur agricole,Sous-filières agrumes,décembre 2005
2
3
La production tunisienne d’agrumes est constituée essentiellement d’oranges (66,6 % de la production en
2015/2016), puis de clémentines (16,5 %) et de citrons (12,1 %). En 2015, la maltaise représentait 34 % de
la production d’agrumes, en recul au profit notamment des oranges navels.
Lors de campagne 2016/2017, du fait de l’entrée en production de nouvelles plantations et de conditions
climatiques favorables,la production tunisienned’agrumes a progressé de 47 % par rapport à la campagne
précédente et atteint les 560 000 tonnes. Cette abondance de l’offre sans réel effets sur les exportations a
entraîné une chute importante des prix aux producteurs (-33 % pour les maltaises, -45 % pour les
clémentines).
1.3. Les exploitations agrumicoles
D’après les données 2010 de la FAO présentées sur le site de l’ONAGRI, les petites exploitations (<2 ha)
représentent 84,5 % des exploitations agrumicoles tunisienneet 42 % de la superficieglobaleen agrumes,
les exploitations moyennes (entre 2 ha et 5 ha) représentent 11 % des exploitations et 26 % de la
superficie et les grandes exploitations (> 5 ha) représentent 4,5 % des exploitations et 32 % de la
superficie exploitée.
Les données du GIFruit sur lesquelles s’appuie l’étude DGEDA(2005) montrent, sur longue période, une
augmentation plus importante du nombre d’exploitations que de surfaces exploitées , témoignant d’un
morcellement des exploitations. Cette même étude souligne le faible niveau d’instruction des exploitants
(70 % n’ont pas fait d’études secondaires, mais 10,8 % ont fait des études universitaires) et le niveau
d’instruction très bas du personnel permanent (90 % ont un niveau inférieur au secondaire). Ces deux
éléments représentent des contraintes à dépasser pour rajeunir les vergers et améliorer les techniques de
production et le respect des normes.
Par ailleurs, l’étude DGEDA de 2005, confirmée par les données FAO 2010, souligne un vieillissement des
vergers. Ainsi, 28 % des effectifs globaux des vergers ont moins de 10 ans (FAO 2010), 37 % entre 10 et 39
ans et 35 % plus de 40 ans. La situation est encore plus forte pour les vergers de maltaises. Le
renouvellement des vergers, qui explique en partie la hausse de la production en 2016/17, s’effectue
lentement comparé au Maroc par exemple.
1.4. Variétés, rendements et qualité des produits
Comme cela a été évoqué précédemment, la Tunisie produit essentiellement des oranges (65 % des volumes
produits en 2016/17), puis des clémentines (17 %) et des citrons (13 %), contrairement au Maroc qui a fait le
choix de développer les petits agrumes pour les marchés d’exportation.
4
Source : GIFruit
Parmi les oranges,la Maltaisevariétélocaletrès appréciée à l’exportation demeure la plus produite,mais alors
qu’elle représentait près de 52 % des plantations en 1975, elle n’en représentait plus que 34 % en 1995. Elle a
peu à peu céder la place notamment aux oranges navels qui représentent 35 % des oranges produites en
2016/17, contre 52 % pour les maltaises. Les nouvelles variétés introduites depuis 1995 permettent d’étendre
le calendrier de production d’octobre-novembre à avril-mai, contre décembre à mars pour les maltaises. Un
autre avantage des nouvelles variétés, et notamment des navels destinées principalement à la consommation
intérieure, est leur prix plus rémunérateurs.
Du fait du vieillissement des vergers les rendements sont considérés comme relativement faibles si l’on prend
en compte l’ensemble des vergers, y compris les plus vieux et donc les moins productifs. Dans l’étude DGEDA
de 2005 les rendements moyens étaient estimés en 2001 à 20 t/ha pour les maltaises et 12,5/ha pour les
navels dont les plantations étaient encore jeunes. En ne prenant en compte que les plantations productives les
rendements annuels étaient évalués à 22,3 t/ha pour les maltaises et 21t/ha pour les navels. Ces éléments
doivent être précisés pour les années les plus récentes et par variétés. D’après l’ONAGRI les rendements tous
agrumes confondus seraient de 16t/ha et auraient peu varié depuis 2008.
5
A titre de comparaison,en 2011,d’après un document du Ministèrede l’agriculturemarocain,le Maroc affiche
des rendements aux alentours de 15t/ha, loin derrière la Turquie dont les rendements dépassaient les
35tonnes/Ha. En 2014, les rendements pour la production d’orange en Espagne étaient de près de 23 t/ha et
de 20 t/ha pour l’Italie. Si les rendements tunisiens n’ont pas atteints les 30 t/ha attendus ils semblent
cependant se situer dans la moyenne des exportateurs méditerranéens.
Source : Ministère de l’agriculture et de la pêche, Maroc, Note stratégique n°97, Note de veille secteur agrumicole, nov. 2013
La qualité des produits est un des points faibles des agrumes tunisiens. Les maltaises voyages assez mal et
doivent être consommée rapidement. Cela limite l’accès aux marchés lointains, sauf en utilisant le fret aérien
coûteux, d’où une concentration des exportations vers l’Europe et principalement la France.
Par ailleurs, l’organisation de la filière et le mode de collecte se tradui sent par une qualité moyenne des fruits
proposés. Les conditionneurs souvent exportateurs reçoivent la maltaise en général non triée en caisses de
18 kg. Ainsi, lors de la campagne 2016/17, 20 % des fruits collectés étaient des grands calibres contre 50 % en
2015/2016, 50 % étaient des calibres moyens et 30 % des petits calibres (ONAGRI).
6
1.5. L’organisation de la filière et le fonctionnement du marché
La filière agrumes comprend de nombreux intervenants et est assez complexe, comme le montre le graphe
suivant.
Source :DGEDA, Revue dusecteur agricole, Sous-filières agrumes, décembre 2005
Les producteurs sont le premier maillon de la filière. D’eux dépendent la quantité (choix des productions et
techniques utilisées) et la qualité des produits mis sur le marché. Suivant la taille de l’exploitation, son
organisation, l’état de la trésorerie, les moyens dont ils disposent pour la cueillette et le transport ils utilisent
différents canaux d’écoulement de leur production : la vente directe au consommateur (relativement limitée) ;
la vente sur pied ou « khdhara » qui est très courante et permet de se prémunir contre le risque de marché et
d’alimenter sa trésorerie ; la vente aux commissionnaires, sur les marchés de gros ou aux stations de
conditionnement.
Les collecteurs-grossistes- marchands
Ce sont des commerçants grossistes qui ont une camionnette et achètent directement chez le producteur ou
dans les stations de conditionnement (pour les écarts de triage pour la Maltaise) et qui disposent les fruits en
7
vrac dans la camionnette. Ils vendent aux détaillants ou directement aux consommateurs, le long des routes ou
devant les marchés de détail. Ce type de commercialisation s’est beaucoup développé ces dernières années.
Les commissionnaires
Ce sont des collecteurs organisés qui disposent de dépôts et souvent de moyens de transport. Ainsi, ils
reçoivent les caisses de fruits transportées par les soins du producteur oubien collectent le produit chez
l’exploitant. Les commissionnaires manipulent une grande partie de la récolte, pas moins du quart selon
l’étude réalisée sur les agrumes en 1992 par le bureau d’études Agriculture and Food Consulting (AFC). Ils
constituent donc un maillon important de la chaîne de commercialisation des agrumes.
Concernant les Maltaises destinées à l’exportation, les fruits, cueillis sans feuilles, arrivent non triés et sont
acheminés vers les stations deconditionnement où ils sonttriés,lavés,lustrés et conditionnés dans des cartons
pour l'exportation.Les fruits destinés au marché local sont triés en trois catégories : gros, moyens et petits, les
deux dernières étant le plus souvent mélangées.
Les khaddars
Les Khaddhars achètent sur pied, généralement bien avant maturité (septembre-octobre), en estimant le
tonnage et en fixantun prix au kilo (selon l’importancede la récolte et les prix de gros des années précédentes)
et une marge pour leurs frais. L’étude réalisée par AFC a estimé le pourcentage de la production qui passe par
les Khaddhars à 18%. Leur rôle est donc également important. Ils peuvent influer sur les prix du marché et sur
la mise en marché des produits.
Les marchés de gros
Le principal marché de gros est le Marché d’Intérêt National (MIN) de Tunis - Bir Kasa. Il reçoit en moyenne
35 000 T d’agrumes par an qui sont destinés en grande partie au Grand Tunis. Les taxes collectées représentent
12,5 % du prix de vente (étude 2005). Les quantités annuelles qui transitent par l’ensemble des marchés de
gros sont estimées à environ 60 000 tonnes, soit 30 % des produits consommés localement (étude 2005).
Les conditionneurs - exportateurs
Les conditionneurs sont en général en même temps exportateurs. Ils reçoiventprincipalement la Maltaise, non
triée, dans des caisses en plastique de 18 kg. Les fruits proviennent principalement directement de chez les
exploitants,mais aussi les commissionnaires,les Khaddharset les marchés de gros. Pour la campagne 2015, 14
exportateurs étaient mandatés. Le rapport 2005 indique que 9 exportateurs concentraient plus de 80 % des
volumes exportés (2500 tonnes exportées par les plus importants) et qu’il n’existaitpas une réelle concertation
entre eux pour organiser les campagnes.
Les souks hebdomadaires
Les souks hebdomadaires bien connus depuis longtemps à l’intérieur du pays se sont étendus dans plusieurs
quartiers des grandes villes et de la capitale. Les fruits sont vendus soit sur des étalages, comme aux marchés
municipaux,soit dans des camionnettes, en vrac par les collecteurs - grossistes - commerçants. L’étude DGEDA
2005 estimait à 40 000 tonnes les quantités commercialisées sur les souks. Les prix y sont moins élevés que
dans les supermarchés,les boutiques de détail ou les marchés municipaux,mais laqualité n’est pas toujours la
même non plus.
Les détaillants
La vente au détail est pratiquée par :
 Les hypermarchés et supermarchés, qui s’approvisionnent généralement directement chez de gros
producteurs ou auprès des marchés de gros ;
8
 Les petites boutiques spécialisées dans la vente de fruits dans les marchés de détail ;
 Les boutiques ou les étalages de vente de fruits sur les axes routiers des villes et à l’entrée et sortie
des agglomérations ;
 Les ventes dans les souks par les collecteurs - marchands ambulants.
Il est important de souligner que la vente au détail est régie par une réglementation obligeant les détaillants à
s’approvisionner auprès des marchés de gros, qui leur fournissent un bulletin de vente en gros, devant justifier
le prix de détail moyennant une marge autorisée calculée en fonction du prix du kilogramme, comme indiqué
dans le tableau ci-dessous (arrêté du Ministre de l'Economie Nationale en date du 18 janvier 1988).
La faiblesse des marges, qui n’ont pas été révisées depuis 1988, se traduit par une concurrence accrue des
vendeurs qui ne passentpas par les marchés de gros et induit des pratiques frauduleuses (fardage, mélange de
qualités, surpoids, achats en dehors des marchés de gros etc.), leur permettant d'augmenter leurs bénéfices.
Les organisations professionnelles et interprofessionnelles
GIFruit
Les missions du GIFruits, né en 2003 par la fusion du Groupement Interprofessionnel des Agrumes etdes Fruits
(GIAF), du Groupement Interprofessionnel des Dattes (GID) et du Groupement Interprofessionnel de la Vigne
(GIV), sont axées sur :
 les aspects relatifs à la santé, la qualité et les normes,
 l'amélioration de la compétitivité des produits tunisiens concernés,
 l'organisation des campagnes, l'amélioration de la production, la promotion des exportations et
l'établissementde bases de données techniques, économiques et sociales sur l'ensembledes éléments
des filières concernées,
 la miseà niveau, la formation et l'organisation des différents intervenants au niveau de la profession,
notamment par le biais de coopératives de services et de groupements de développement.
LeGIFruit intervient aussi techniquement en matière d’estimation de la production, de protection
phytosanitaire, de formation (taille, cueillette), de campagnes de plantations des Maltaises, de fertilisation…
L’UTAP
L’UTAP comporte dans ses organes des fédérations nationales pour les principaux secteurs de production, dont
une fédération nationale des agrumes. Cette structure, logée à l'UTAP, est à l’écoute des producteurs, essaie
de trouver des solutions à leurs préoccupations,en organisant, en principe, une réunion par mois. Elle encadre
9
les agrumiculteurs sur leplan technique sous la tutelle du bureau exécutif de l'organisation et en coordination
avec les unions régionales.La Fédération participeà divers groupes de travail et commissions chargés du suivi
des campagnes, des études et réflexions sur le secteur et contribue à la mise en œuvre de la stratégie de
développement de l’agrumiculture.
Le CEPEX
Créé en 1973 sous la tutelle du Ministère du Commerce, le Centre de Promotion des Exportations a pour
principalemission d’entreprendre toute action visantla promotion des exportations et l’appui des exportateurs
par le biais de différentes prestations et subventions. L’assistance offerte par le CEPEX concerne l’information
et le conseil apportés à toutes les étapes de la chaîne d’exportation, l’identification des marchés potentiels,
l’organisation d’activités promotionnelles et la formation aux techniques de commerce international.
Le CEPEX gère un fonds de promotion des exportations (FOPRODEX) qui lui permet d’attribuer des subventions,
allant de 30 à 40 % du coût d’actions de promotion engagées par les entreprises, telles que la réalisation de
supports de promotion et de publicité, la création de label et de marque. Le Fonds accorde en outre des prêts à
concurrence de 40 à50 % du coût de l’action de promotion. Certaines actions promotionnelles collectives
engagées par les fédérations opérant dans le domaine de l’exportation et par les groupements
interprofessionnels peuvent bénéficier d’une subvention jusqu’à 80 % du coût de l’action. La Tunisie via le
CEPEX subventionne à hauteur de 50% les coûts de fret pour les produits exportés.
1.6. La demande intérieure
Il n’y a pas d’informations précises concernant la consommation nationale d’agrumes. Celle-ci est en général
estimée à partir de la production et des échanges et d’une estimation des pertes à la récolte. Ainsi , l’étude
DGEDA de 2005estimait à 10 % les pertes totales tout au long du circuit, à 2 % l’autoconsommation et à 1 % le
taux de transformation. Du faitde l’irrégularitédel’offre, du prix élevé à la production et de la courte saison de
production, la Tunisie n’a pas développé d’industrie de transformation d’agrume.
Il serait intéressant de préciser ces chiffres pour la campagne 2016/17, mais si l’on reprend les éléments
précédents, avec une production estimée à 560 000 tonnes en 2016/17, moins 10 % de pertes et 26 000 tonnes
d’exportations, 478 000 tonnes d’agrumes seraient destinées à la consommation locale. En reprenant les taux
d’autoconsommation et de transformation précédents ce sont près 464 000 tonnes qui seraient écoulés sur le
marché local.
1.7. Les exportations tunisiennes
Alors qu’elle exportait 53 000 tonnes d’agrumes (surtout des oranges) dans les années 1980, la Tunisie peine
aujourd’hui à dépasser les 25 000 tonnes.
La Tunisie exporte essentiellement des Maltaises (87 % des tonnages en 2015), puis d’autres oranges (8 %) et
des citrons (4 %).
10
Les exportations tunisiennes, du fait notamment des spécificités des produits exportés (les Maltaises en
majeure partie), sont fortement concentrées sur le marché européen et plus particulièrement français. En
2013, le marché français représentait 90 % des exportations tunisiennes d’agrumes (Trademap). Toutefois, en
2014 et 2015 la Tunisie a également développé des exportations vers la Libye (4141 tonnes en 2015, soit 17 %
des volumes exportés) et l’Algérie (2912 tonnes et 12% des exportations). Le graphe suivant montre clairement
cette forte concentration sur des marchés très proches (inférieurs à 2000 km).
Source : Trademap
-
5,000
10,000
15,000
20,000
25,000
30,000
2010 2011 2012 2013 2014 2015
Exportations tunisiennes d'agrumes (tonnes)
Autres agrumes
Mandarines
Clémentines
Citrons
Autres oranges
Oranges maltaises
Source :INS
11
Dans le cadre de l’accord d’association avec l’Union européenne la Tunisie bénéficie d’un quota d’importation
d’oranges de 39 335 tonnes à droit nul sur le marché européen. Au-delà de ce contingent les exportations
tunisiennes d’orange bénéficient d’une réduction de 80 % des droits de douane.
La Tunisie est également totalement exonérée de droits de douane pour ses exportations de mandarines et de
citrons sur le marché européen et bénéficient d’une réduction des droits de douane de 80 % pour les pomelos.
Pour entrer sur lemarché européen les agrumes tunisiens sontsoumis à plusieurs prescriptions spécifiques en
matière de normes sanitaires, phytosanitaires et techniques, notamment :
 Contrôle des contaminants dans ou sur les aliments
 Contrôle des résidus de pesticides dans ou sur les denrées alimentaires d’origine végétale et animale
 Contrôle sanitaire de denrées alimentaires d’origine non animale
 Contrôle phytosanitaire
 Traçabilité, conformité et responsabilité en matière de denrées alimentaires et d" alimentation pour
animaux
 Étiquetage de certains produits alimentaires
 Normes de commercialisation des fruits et légumes frais
 Volontaire - Produits de production biologique
Pour soutenir ses exportations la Tunisie, via le CEPEX, subventionne le fret (à hauteur de 50 %) et a développé
un programme de promotion des exportations, notamment lors de la dernière campagne pour faire face à une
situation de surproduction.
Malgré cet accès privilégié au marché européen et les aides à l’exportation, la Tunisie ne remplit même pas
50 % de son quota à droits nul pour les oranges. Notons que ses principaux concurrents méditerranéens
bénéficient aussi d’un tel accès ce qui en réduit la portée (Egypte, Maroc, Israël, Turquie).
Il est indispensable, si la Tunisie veut développer ses exportations, d’identifier précisément les raisons des
difficultés d’une part, à remplir ses quotas d’exportations à droits nul sur le marché européen, d’autre part, de
diversifier ses marchés vers d’autres pays de l’UE et d’exporter d’autres agrumes, notamment les clémentines
ou les mandarines ou d’autres variétés d’orange que la Maltaise. Est-ce un problème de compétitivité prix, une
question d’offre limitée par rapport à ses concurrents, un problème de produit proposé, un problème de
qualité ou de méconnaissance des marchés… ?
Par ailleurs,à l’importation la Tunisie appliqueun droit de douane de 36 % sur les agrumes importés. Il n’existe
pas de contingent tarifaire à droite réduit pour l’Union européenne.
1.8. La compétitivité et la rentabilité des agrumes tunisiens
Les notions de rentabilité et de compétitivité sont essentielles lorsque l’on parle d’échanges internationaux
puisqu’il s’agitfinalement de gagner des parts de marché face aux concurrents,mais celles -ci ne se limitent pas
à la compétitivité prix et doivent être élargies à la compétitivité non-prix.
12
La compétitivité prix
Rentabilité des agrumes comparée à d’autres cultures concurrentes
Cette première analyse est importante car, si elle ne donne pas d’indications sur la compétitivité des oranges
sur les marchés d’exportation, elle offre des éléments intéressants concernant la concurrence potentielle des
autres cultures au moment du choix de production, ce qui conditionne au final l’offre potentielle d’agrumes.
Les éléments contenus dans le rapport DGEDA de 2005 montrent ainsi que les marges brutes constatées à
l’hectare étaient beaucoup plus élevées pour la pêche, le raisin primeur,voire l’abricot,quepour la plupartdes
agrumes et en particulier des Maltaises, seules les oranges Navels et Valencia auraient une rentabilité voisine
de la pêche et du raisin.
De plus, si l’on s’intéresse à la valorisation de l’eau d’irrigation, ressource rare, dont le coût ne cesse
d’augmenter, les éléments présentés dans l’étude DGEDA de 2005 indiquent qu’aucune variété d’agrumes n’a
une marge brute/m3 supérieure aux productions concurrentes (pêche ou raisin). Si les rendements
progressaient jusqu’à 40 T/ha, alors seules les clémentines les Navels et les Valencia auraient une marge
brute/m3 d’eau supérieure au pêcher précoce.
Ces informations sont particulièrement intéressantes alors que les effets du changement climatique, déjà
visibles aujourd’hui, risquent d’accentuer la pression sur les ressources en eau et pose la question de la
diversification des cultures fruitières.
Le prix à la production et les coûts de transaction
En dehors des prix sur les marchés d’exportation (cf. point suivant), il est indispensable pour comparer la
compétitivité des oranges et autres agrumes exportés par la Tunisie avec les produits de ses concurrents, de
disposer des éléments de coûts de production et de commercialisation, du champ jusqu’au marché
d’exportation.
Les prix à la production d’oranges compilés par la FAO montrent que la Tunisiea des prix légèrement inférieurs
au prix à la production du Maroc et de l’Afriquedu Sud, par contre elle a des prix bien plus élevés que l’Espagne
son principal concurrentsur lemarché européen, ainsi quel’Egypte et la Turquie, dont les prix ont chuté depuis
2012.
13
L’étude DGEDA de 2005 présente les principaux éléments des coûts de production pour l’orange (cf. tableau
suivant). Ces coûts devraient être actualisés afin de faciliter une comparaison avec les coûts des principaux
concurrents, en particulier le Maroc, la Turquie et l’Egypte. La rareté de l’eau est évidemment ici une question
centrale.
Les coûts de commercialisation sont également essentiels en matière de compétitivité à l’exportation. Si les
frais de transport de manutention sont trop élevés et les délais trop longs, un produit compétitif au champ
peut ne plus l’être à l’export. L’étude DGEDA de 2005 offre là aussi quelques éléments devant être actualisés et
complétés afin de permettre là aussi une comparaison avec les pays concurrents.
14
Pour avoir une vision complète de la compétitivité prix des oranges tunisiennes, il est nécessaire de disposer
des éléments de coûts et de prix aux différents maillons de la filière :
 Coût de production – Marge Producteur
 Coût de transport grossiste ou station
 Prix au grossiste ou au commissionnaire ou aux exportateurs (marge et prix si plusieurs maillons)
 Frais et taxes éventuelles
 Coût de conditionnement
 Fris de transport à l’exportation
 Commission
 Prix sur le marché d’exportation
Compétitivité des agrumes à l’exportation
Il existe de nombreuses méthodes pour évaluer la compétitivité à l’exportation, en voici quelques-unes
présentées notamment dans un rapport de l’OCDE de 2010 et dont certaines sont reprises dans l’étude DGEDA
de 20052.
L’indicateur de compétitivité-prix à l’exportation
Le premier indicateur leplus facileà utiliser dans saformesimplifiéerapporteleprix à l’exportation du pays de
référence aux prix à l’exportation de ses concurrents, convertis dans une monnaie commune et mis en base
100 une année donnée : ICOMPi = IPXi/IPCONCi *100.
Dans cette formule, IPXi sont les prix à l’exportation du bien i et IPCONC i les prix des concurrents pour ce
même bien. Cet indicateur constitue en fait un taux de change effectif réel, de sorte qu’une hausse de
l’indicateur s’interprète comme une appréciation du taux de change effectif réel et souligne donc une perte de
compétitivité3.
Ne disposantpas detous les éléments pour calculer cetindice,vous trouverez ci -après les prix des oranges sur
les marchés de Marseille et de Rungis pour la dernière campagne, par type de fruit et de provenance.
2 : Laure Lattruffe, Compétitivité, productivitéet efficacitédans les secteurs agricoleet agroalimentaire,OCDE,
2010
3 : COE-REXECODE, Indicateurs decompétitivité- prix et de performances à l’exportation,décembre 2009
15
Les deux tableaux montrent :
 L’importance du calibre pour bien valoriser l’exportation des oranges : le prix de la Maltaise sur le
marché de Marseille, varie de 0,65 euro/kg pour la catégorie 8 la plus petite, à 1,14 euro/kg pour la
catégorie 5 ;
 Une baisse des cours au fur et à mesure que les quantités à l’exportation augmentent sur le marché ;
 Une concurrence quasi-exclusivement espagnole à Marseille qui propose des prix plus élevés mais
pour des produits de calibre en général supérieur et pour la variété Navel ;
 Une concurrence espagnole et marocaine sur le marché de Rungis avec des prix proposés équivalents
ou légèrement plus élevés, mais pour des calibres supérieurs la plupart du temps et pour la variété
Navel.
Cours des oranges sur les marchés de Marseille et de Rungis 2016/17
16
Source : France Agrimer, Réseau des nouvelles des marchés
Marché de Rungis
Nove. Déce. Janv. Févr. Mars
moyenne en € HT/kg 2016 2016 2017 2017 2017
ORANGEMaltaise demi-sanguine Tunisie cat.I 5(73-
84mm) (le kg)
1.10 1.01
ORANGEMaltaise demi-sanguine Tunisie cat.I 6(70-
80mm) (le kg)
1.11 1.01 0.92
ORANGEMaltaise demi-sanguine Tunisie cat.I 7(67-
76mm) (le kg)
0.75 0.70 0.72
ORANGEMaltaise demi-sanguine Tunisie cat.I 8(64-
73mm) (le kg)
0.68 0.61 0.65
ORANGENavel Espagne cat.I 2(84-96mm) colis 10kg (le
kg)
0.80 0.80
ORANGENaveline Espagne cat.I 2(84-96mm) (le kg) 0.90
ORANGENaveline Espagne cat.I 3(81-92mm) (le kg) 1.13 0.87 0.78 0.75
ORANGENaveline Espagne cat.I 4(77-88mm) (le kg) 1.00 0.80 0.68 0.70
ORANGENaveline Espagne extra 3(81-92mm) (le kg) 1.29 1.24 1.15 1.10
ORANGENavel late Espagne cat.I 3(81-92mm) (le kg) 0.85 0.85
ORANGENavel late Espagne cat.I 4(77-88mm) (le kg) 0.80 0.80
ORANGENavel late Espagne extra 1(87-100mm) (le kg) 1.40 1.25
ORANGENew Hall Italie cat.I 3-4 (le kg) 1.27 1.25 1.23
ORANGENew Hall Portugal cat.I 2(84-96mm) (le kg) 1.00 1.00
ORANGESalustiana Espagne cat.I 4(77-88mm) (le kg) 1.30 1.15 0.98 0.95 0.97
ORANGESalustiana Maroc cat.I 4(77-88mm) colis
10kg (le kg)
0.62 0.62
ORANGESanguinelli Espagne cat.I 6(70-80mm) (le kg) 1.65 1.61 1.55
ORANGESanguinelli Maroc cat.I 7(67-76mm) (le kg) 0.70
17
Voici un bilan de la campagne Maltaise réalisé par la DDRAF PACA en 2016, qui donne un bon aperçu de la
campagne 2015.
18
19
Le coût en ressources internes
« Le ratio des coûts en ressources intérieures (CRI) compare le coût d’opportunité de la production intérieure à
la valeur ajoutée que celle-ci génère (Gorton et al., 2001). Autrement dit, il compare la valeur des ressources
intérieures non exportables utilisées pour produire une unité d’un produit considéré à ce que ce produit
rapporterait s’il était exporté (Liefert, 2002).
Lorsque le ratio CRI est strictement positif mais inférieur à 1, il indique que la production intérieure du produit
considéré est compétitive à l’échelon international : les coûts d’opportunité de la production intérieure
(numérateur) sont inférieurs à la valeur ajoutée du produit aux prix mondiaux (dénominateur). Il indique
également que le pays devrait augmenter ses exportations du produit considéré. Un ratio CRI supérieur à 1 ou
inférieur à 0 (lorsque le dénominateur est négatif) traduit un déficit de compétitivité pour le produit considéré
et, partant, une production intérieure moins souhaitable qu’un recours au marché international. 4»
Une étude réalisée par le CIHEAM de 2001 aboutit à un CRI de 0,6 traduisant l’existence d’un avantage
comparatif pour l’exportation des oranges tunisiennes5. L’étude DGEDA de 2005 évoque, quant à elle, une
étude réalisée par STUDI - INGENIERIE et le Ministère de l'Agriculture (DG/DPDIA) en 1998 sur l'analyse de la
compétitivité de différents produits agricoles et leur degré de rentabilité économique face à la libéralisation.
Elle aboutit à un taux de 0,36 confirmant l’étude CIHEAM.
Protection nominale réelle et protection effective
Deux autres indicateurs sont calculés dans ces études :
 L’indicateur de protection nominale réelle (CPN)
Il mesure le ratio entre le prix sur le marché local et le prix sur le marché d'exportation. Un ratio
inférieur à 1 signifie l’existence d’une protection négative sur toute la filière. Le produit est alors
considéré comme compétitif à l’exportation.
 L'indicateur de protection effective (CPE)
Il mesure le ratio entre la valeur ajoutée du produit aux prix intérieurs et la valeur ajoutée
internationale. Là aussi un ratio inférieur à 1 signifie l’existence d’une protection négative sur toute la
filière. Le produit est considéré comme compétitif à l’exportation.
Les calculs de l’étude du CIHEAM aboutissent à un CPN = 0,83 et un CPE = 0,77, alors que l’étude
STUDI-INGENERIE aboutit à CPN = 0,78 et CPE = 0,41. Dans une note économique de la BAD le taux de
protection effective tombe à 0,97 et 0,96 en 2008 et 2009.6
Enfin, dans une étude réaliséeen mars 2005 pour leCEPEX, concernantles concessions tarifaires accordées par
l'UE, IDEACONSULT calcule un ratio entre le prix à l'exportation et le prix du marché intérieur. Cette étude
4 : Laure Lattruffe, Compétitivité, productivitéet efficacitédans les secteurs agricoleet agroalimentaire,OCDE,
2010
5 : S. Zekri, A. Laajimi,Etude de la compétitivité du sous-secteur agrumicoleen Tunisie,CHIEAM, Options
Méditerranéenne, 2001
6 : BAD, Distorsionsaux incitationsetpolitiqueagricoleen Tunisie : un première analyse,Note économique,
2012
20
conclue que sur les vingt dernières années le ratio est supérieur à 1 ou très proche de 1 démontrant que la
filière agrume est compétitive à l’exportation.
La compétitivité non-prix
La qualité des produits
 Pour valoriser ses produits sur le marché local mais encore plus à l’exportation la qualité du produit
est un élément primordial. La notion de qualité est appréhendée au sens large, elle recouvre : l’état
général du produits,la maturitédu fruit, la texture, la couleur, les qualités organoleptiques, le calibre
du produit et sa régularité dans les lots proposés, …
Si la Tunisie a l’avantage de produire une orange (la Maltaise), considérée comme « la reine des
oranges » et très appréciée notamment des consommateurs européens, les produis exportés sont
souvent de petit ou de moyen calibre, et de qualité moyenne d’où une moins bonne valorisation. Pour
mieux valoriser les oranges exportées il est donc indispensable de promouvoir la qualité tout au long
de la filière : à la production (amélioration des techniques de production), lors de la cueillette
(amélioration de la cueillette et tri des produits par qualité et calibre), lors du transport en interne,
dans les stations de conditionnement …
 La multiplication des normes impliquentle respect de celles-ci pour accéder à la majorité des marchés
d’exportation. Il s’agit en particulier des normes sanitaires etphytosanitaires (résidus depesticides par
exemple), des normes techniques (emballages, étiquetage…) officiellement encadrées par les accords
internationaux et des obligations de traçabilité pour l’exportation vers l e marché européen
notamment. Des normes privées du type Global Gap ou Eurep Gap élaborées par la grande
distribution se développement également. Toutes ces normes ont un coût mais sont devenues
indispensables pour pouvoir exporter sur les marchés concernés .
 La régularité de l’offre est un autre élément de la compétitivité non-prix, notamment lorsque l’on
parle de marchés d’exportation. Pour s’assurer la confiance de l’importateur une régularité de l’offre
en quantité et en qualité est indispensable, cela est d’autant plus le cas pour la Tunisie dont les
volumes proposés sont restreints par rapport à ses concurrents directs.
 L’organisation de la filière est un élément transversal important pour assurer une bonne qualité au
produit écoulé, or il semble que cela reste un des points faibles de la Tunisie. Concernant plus
particulièrement le maillon exportation, une bonne organisation tout au long de la filière est
indispensablepour pouvoir répondre aux exigences de qualité toujours plus hautes des acheteurs. De
même, une bonne concertation entre exportateurs, ce qui ne semble pas être toujours le cas, est un
élément important pour mieux valoriser ses produits à l’export.
 Enfin, une bonne connaissance et un bon suivi des marchés à l’exportation permettant un meilleur
positionnement et des campagnes de promotion adaptées, sont aussi un élément de la qualité des
produits écoulés. Ici la coordination entre les différentes structures (GIFruit, CEPEX, UTAP, Ministères,
exportateurs…) est un élément central.
21
Evaluation d’une suppression des quotas tarifaires sur le marché européen et ouverture du marché tunisien
En 2001,le CIHEAM a réaliséune étude visantà évaluer l’impactdes préférences dont bénéficie la Tunisie dans
le cadre de l’accord commercial avec l’Union européenne et des effets d’une ouverture totale du marché
européen pour certains produits agricoles, dont les agrumes7. Bien que datant de 2001 les résultats de cette
étude basée sur un modèle commercial de substitution imparfaitesontparticulièrement intéressants et restent
probablement d’actualité.
Pour les agrumes, l’étude conclue à une faible élasticité de la demande d’importation et de l’offre
d’exportation qui serait due au fait que la Tunisie exporte quasi exclusivement vers l’Europe dans l e cadre de
quotas à droit nul. La mise en place d’une zone de libre-échange complète (suppression de quotas) aurait un
effet dépressif sur les prix mais un faible impact sur la demande à l’importation et donc sur l’offre
d’exportation.
Le résultatest d’autant moins surprenantque les quotas à droit nul sont loin d’être remplis et que hors quotas
les droits sont diminués de 80 %. Une suppression de ces quotas aura donc, a priori, un très faible effet sur la
demande d’importations des agrumes tunisiens, d’autant plus que l’Europe négocie en même temps une plus
grande ouverture de son marché avec les concurrents de la Tunisie, notamment le Maroc.
7 Zekri S., Laajimi A. : Les relations commerciales entre la Tunisie et l'UE : Impact de l'institution de la zone de
libre-échange sur la demande d'importation et l'offre d'exportation des dattes , des agrumes et de l'huile
d'olive, CIHEAM, Cahiers d’option méditerranéenne n°57, 2001.
22
2. QUELQUES ELEMENTS SUR LES MARCHES D’EXPORTATION
2.1. Le marché européen des agrumes
La production européenne
Avec près de 11 millions de tonnes pour la campagne 2016/178, l’UE (28) est un producteur d’agrumes
important au niveau mondial, loin cependant derrière la Chine et le Brésil.
Plus de 60 % de la production européenne est constituée d’oranges (notamment des oranges Navel), puis de
mandarines et de clémentines et enfin, de citrons.
L’Espagne et l’Italie,avec respectivement 3,63 et 1,2 millionsdetonnes, représententlors la dernière campagne
80 % de la production européenne.
Production européennes d’orange fraîche (1000 tonnes)
Pays 2014/15 2015/16 2016/17 % 2016/17
Espagne 3484 3087 3630 60%
Italie 1360 1937 1200 20%
Grèce 859 920 910 15%
Portugal 219 265 266 4%
Chypre 33,3 33 43 1%
Total 5955 6242 6048
Source : USDA, 2016
L’UE exportant environ 300 000 tonnes d’oranges, la majeure partie de la production est consommée sur le
marché européen en frais (5,3 millions de tonnes consommées pour la campagne 2015/2016, y compris les
oranges importées) et une autre partie est transformée notamment en jus de fruit (1,346 million de tonnes en
2015/16). Les principaux concurrents des oranges tunisiennes, comme des agrumes des autres fournisseurs
extra-européens, sont donc d’abord les oranges européennes, provenant en particulier d’Espagneet d’Italiequi
bénéficient d’une production importante répondant aux normes de qualité européennes et de la proximité du
marché.
Les importations européennes
Lors de la campagne 2014/2015,l’Europe a importé 928 000 tonnes d’oranges, 367 000 tonnes de tangerines et
399 000 tonnes de citrons (source USDA).
Concernant les oranges, l’UE s’approvisionne essentiellement dans l’hémisphère Sud (63 % des importations
en 2014), notamment en Afrique du Sud (46 % des importations avec 379 000 tonnes écoulées), Uruguay,
Argentine, Zimbabwe et Brésil.
Les pays méditerranéens, quant à eux, représentent 34 % des importations européennes avec 282 000 tonnes
écoulées.
8 : USDA, Gain report SP 1624,EU-28, Citrus annual 2016,12/07/2016
23
Le premier fournisseur est l’Egypte qui représente 64 % des volumes exportés en 2014 par les pays tiers
méditerranéens sur le marché européen, soit une progression de 44 % depuis 2005. Il se classe second
fournisseur d’oranges de l’Europe après l’Afrique du Sud.
Le Maroc est le second fournisseur méditerranéen avec 66 500 tonnes écoulées en 2014 (8 % des importations
européennes d’oranges). La place du Maroc a décliné du fait notamment d’un repositionnement sur le marché
européen au bénéfice des petits agrumes.
La Tunisie, juste devant la Turquie, ne représente qu’à peine 2 % des importations européennes d’oranges avec
15 000 tonnes écoulées en 2014.
L’Egypte, le Maroc, la Turquie et dans une moindre mesure Israël sont les concurrents directs de la Tunisie sur
le marché européen.
Source : COMEXT
24
Source : COMEXT
Les concurrents tiers-méditerranéens sur le marché européen
L’EGYPTE
L’Egypte est le sixième producteur mondial d’oranges, avec une production de 2,75 millions de tonnes
pour la campagne 2016/17. La production égyptienne a connu une forte progression du fait de bonnes
conditions climatiques et de l’augmentation des terres mises en culture pour répondre à une demande
internationale, en particulier européenne, croissante.
0%
Egype
22%
Maroc
8%
Tunisie
2%
Israël
1%
Turquie
1%
Afrique du Sud
46%
Argentine
5%
Uruguay
6%
Brésil
2%
Zimbabwe
4%
Autres pays
3%
Importations d'oranges de l'UE par fournisseurs en2014
Source : COMEXT
25
L’Egypte, avec 1,465 millions de tonnes exportées en 2016, est le second exportateur mondial d’oranges
derrière l’Afrique du Sud. Les variétés mises en production lui permettent de proposer à l’exportation des
oranges d’octobre à juillet. L’Egypte a fondé sa politique commerciale sur des volumes élevés et des prix
bas.Outre un climatfavorable,l’irrigation et des plants certifiés qui permettent une bonne productivité, la
production d’oranges bénéficie d’un fort soutien de l’Etat égyptien tout au long de la chaîne et notamment
à l’exportation.
L’Egypte exporte essentiellement vers :
 Le Moyen Orient où elle est le leader : l’Arabie Saoudite (22 % de ses exportations), les Emirats
arabes Unis (6 %), Oman (4,8 %), le Koweït (4,1 %), soit au total plus de 550 000 tonnes.
 La Russie, où elle a bénéficié d’un embargo sur les produits européens et turcs. L’Egypte y a
écoulé plus de 300 000 tonnes en 2016, soit 20,7 % de ses exportations.
 L’Europe dont elle est le second fournisseur extra-européen : les Pays Bas (7,3 % de ses
exportations), le Royaume Unis (5,2 %), soit au total près de 183 000 tonnes, auxquelles
s’ajoutent des exportations vers l’Espagne et la Belgique.
Sur le marché européen l’Egypte bénéficie d’un quota d’exportation de 60 000 tonnes à droit nul
mais soumis à un prix minimum à l’entrée. Au-delà du quota les droits de douane sont diminués
de 60 %. Les exportations de clémentines et mandarines sont exemptées de droits de douane et
sans prix minimum à l’entrée.
 L’Asie, où elleest leader aussi :l’Inde(3, 9% de ses exportations),le Bangladesh (3,75 %), la Chine
(2,3 %), la Malaisie, Hong Kong…
Source :Gain report, Egypt, Citrus annual,18/12/2017
26
Source :Gain report, Egypt, Citrus annual,18/12/2017
LEMAROC
Lors de la campagne 2015/16 le Maroc a produit 922 000 tonnes d’oranges (notamment des variétés
Maroc late et Navel). La production marocaine a bénéficié d’une modernisation basée sur l’amélioration
variétale, un rajeunissement des vergers et le passage à l’irrigation localisée. Les rendements ont ainsi
progressé de 17 à 24t/ha durant les 15 dernières années9.
Durant cette campagne le Maroc a exporté près de 130 000 tonnes d’oranges essentiellement vers :
 L’Europe (près de 72 000 tonnes, soit 55 % des exportations marocaines), notamment vers les
Pays-Bas (47 000 tonnes), la Suède (19 000 tonnes) et la France (6 900 tonnes). Sur le marché
européen le Maroc bénéficie d’un quota d’exportation de 350 000 tonnes à droit nul pour les
oranges et de 150 000 tonnes à droit nul pour les mandarines et clémentines, au de-là de ces
quotas les droits de douane sont réduits de 80 % ;
 La Russie(14 700 tonnes, soit11 % des exportations en 2014/15 (contre 20% des exportations en
2013/14) ;
 L’Afrique, avec le Sénégal (11 750 tonnes), la Mauritanie(9605 tonnes) et le Mali (2455 tonnes),
qui représentent 13 % des exportations marocaines d’oranges en 2014/15,soitune progression
de plus de 200 % en trois campagnes
Soulignons que les exportations marocaines d’oranges ont décru de 400 000 tonnes au début des années
1990 à 130 000 tonnes aujourd’hui. Ce recul s’explique par une forte demande sur le marché local plus
rémunérateur que l’exportation et par un recentrage vers les exportations de petits fruits (clémentines
notamment), dont les exportations ont progressé de 200 000 tonnes à 350 000 tonnes sur la même
période. Le Maroc a ainsi exporté plus de 139 000 tonnes de petits agrumes vers la Russie durant la
campagne 2015/16.
9 : Ministèrede l’Agricultureet de la Pêche Maritime, Note stratégiquen°94, Note de veillesecteur agrumicole,
novembre 2013
27
Source :USDAGain report, Morocco, Citrus semi-annual,15/06/2016
Une fédération Interprofessionnelle Marocaine des Agrumes (Maroc Citrus) a été créée en 2009. Elle
regroupe 5 organisations professionnelles représentant l’ensemble des maillons de la filière agrumicole à
savoir :
 L’Association Marocaine des Producteurs de Plants d’Agrumes Certifiés (AMAPAC).
 L’Association des Producteurs d’Agrumes du Maroc (ASPAM).
 L’Association des Conditionneurs d’Agrumes du Maroc (ASCAM).
 L’Association Marocaine des Industries de Transformation des Agrumes (AMITAG).
 L’Association Marocaine des Exportateurs d’Agrumes (Citrus Export).
Maroc Citrus10 a pour missions, conformément à ses statuts, de :
 Contribuer à l’organisation, au développement et à l’intégration de la filière agrumicole ;
 Favoriser la concertation etla coordination entre les opérateurs intervenant à tous les maillonsde
la filière ;
 Représenter ses adhérents et défendre leurs intérêts auprès des pouvoirs publics ;
 Etudier les principales questions d’ordre technique, économique, commercial, financier, fiscal et
social.
 Contribuer au développement des exportations d’agrumes, à l’amélioration de la compétitivité
des produits agrumicoles au niveau des marchés extérieurs et à la diversification des débouchés ;
 Diffuser aux professionnels concernés les informations relatives aux différentes composantes de
la filière et aux perspectives de leur évolution ;
 Contribuer au règlement à l’amiable des différends entre les professionnels du secteur.
10 : http://maroc-citrus.com/
28
LA TURQUIE
La Turquie est un très grand producteur d’agrumes avec une production estimée à près de 3,9 millions de
tonnes lors de la campagne 2015/16, dont 1,85 millions de tonnes d’oranges (principalement des
Washington), 1,06 million de tonnes de mandarines et clémentines et 672 000 tonnes de citrons.
La Turquie est aussi devenue un grand pays exportateur d’agrumes et en particulier de citrons qui ont
damé la place aux oranges moins rémunératrices. Lors de la campagne 2016/17 la Turquie a exporté 1,3
million de tonnes d’agrumes pour une valeur de 669 millions de dollars, dont 256 000 tonnes d’orange.
Source :Citrus export report, Turkischcitrus promotiongroup, 06/02/2017
Les principaux marchés d’exportations pour la Turquiesont :
 La Russiequi absorbe38 % des exportations turques d’agrumes, avec 498 265 tonnes exportées en
2016/2017,
 L’Irak : 283 356 tonnes (23 %),
 L’Ukraine : 142 872 tonnes (11 %),
 L’Arabie Saoudite : 70 943 tonnes (5 %),
 L’Union européenne, et notamment : la Roumanie, la Pologne, la Bulgarie, l’Allemagne et les Pays
Bas, qui représentent, avec 130 000 tonnes, soit près de 10 % des exportations turques
d’agrumes. Sur le marché européen la Turquie bénéficie d’une réduction de droits de douane de
60 % pour les oranges et de 50 % pour les clémentines et mandarines sans limite de quantité,
mais les exportations sont soumises à un prix de référence.
29
Source :Citrus export report, Turkischcitrus promotiongroup, 06/02/2017
Concernant les oranges,les principaux marchés sont :
 l’Irak qui représente 59 % des oranges exportées par la Turquieen 2015/16,avec près de 130 000
tonnes écoulées,
 l’Ukraine: 24 000 tonnes (11 %),
 la Russie:10 490 tonnes (5 %)
Source :USDAGain report, Turkey, Citrus annual,15/12/2016
La Turquie bénéficie d’un niveau de productivité élevé (27t/ha pour les oranges) et de prix bas lui
permettant d‘exporter notamment vers le Moyen Orient, la Russie et l’Ukraine. Les producteurs d’agrumes
bénéficient par ailleurs de soutiens via un Fond de stabilisation des prix.
Par ailleurs, la Turquie a développé un outil industriel conséquent et performant (130 unités de
productions) lui permettant de transformer chaque année plus de un million de tonnes d’agrumes.
30
Le « turkish promotion group » a été créé en 2007 pour promouvoir à la fois la consommation locale
d’agrumes mais aussi ses exportations en optimisantl’utilisation des techniques de marketing adéquates11.
ELEMENTS DESYNTHESESUR LES MARCHES D’IMPORTATIONS
Le tableau suivant issu de la Note de veille du secteur agrumicole du Ministère marocain de l’agriculture
(novembre 2013) apporte quelques éléments de synthèse sur les principaux marchés d’exportation pour
les oranges. Si les données datent de 2012, elles offrent des éléments intéressants quant aux potentialités
des marchés d’exportations, notamment vers l’Arabie Saoudite et la Russie. D’autres marchés sont aussi à
explorés notamment au Moyen Orient et en Afrique de l’Ouest et du Centre (cf. le Maroc).
Source :Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime, Note stratégique n°94, Note de veille secteur agrumicole,
novembre 2013
11 : http://www.turkishcitrus.com
31
3. ANALYSE SWOT
3.1. Les atouts
La Tunisiedisposedes conditions climatiques favorables à la production d’agrumes.C’est le seul fournisseur de
Maltaises,« la reinedes oranges », dont la qualitéest recherchée notamment sur le marché européen.
Elle bénéficie d’un accès préférentiel au marché européen, le premier marché mondial pour les agrumes.
Le secteur agrume a fait l’objet d’une stratégie nationale visant à accroître la productivité des plantations
existantes, et à augmenter le potentiel productif, qui même si elle est se met en place lentement montre ses
premiers effets.
La filièreest organiséeet bénéficiede l’existence d’une interprofession GIFruit.
A travers le CEPEX, la Tunisieoffreun appui aux exportations d’orange, via une aide au fret et subventionne des
programmes de promotion qui devraient être probablement encore plus développé.
3.2. Les faiblesses
Les principales faiblesses mentionnées dans l’étude 2005 sont :
 La petite taille d’une grande partie des exploitations et leur morcellement continu qui rend difficile la
diffusion des pratiques culturales et l’encadrement des producteurs ;
 La vieillesse de nombreux vergers non productifs, notamment pour les maltaises et le rythme de
renouvellement des plantations en-deçà des objectifs ;
 La faible maîtrise, dans de nombreuses exploitations, des techniques culturales (un matériel goutte à
goutte souvent inadapté, une taille pas pratiquée tous les ans, des apports de fumier irréguliers, une
fertilisation minérale déséquilibrée des traitements phytosanitaires inadaptés ou excessifs…);
 La faiblesse des innovations issues de la recherche transférables au niveau des agriculteurs et la
vulgarisation déficiente par manque d’agents spécialisés et de moyens d'intervention ;
 La difficulté, pour les petites exploitations, d’accéder aux intrants et au crédit ;
 L’absence d’industrie de transformation ;
 L’absence de normes de qualité sur le marché intérieur et la vente des produits non-triés qui ne
favorisent pas l’amélioration de la qualité des produits mis en marché ;
 La fixation d’une marge officielle chez les détaillants qui favorise la vente en vrac via les circuits non
règlementés qui ne contribue pas là non plus à améliorer la qualité des produits ;
 La faible organisation de la profession.
Ces faiblesses expliquent des rendements relativement faibles et la mise en marché de produits de qualité
moyenne, de calibres très inégaux et de petits calibres.
Du côté de l’exportation il est souligné :
 Un calibre des fruits livrés par le producteur souvent trop petit, entraînant un écart de triage
important et une faible valorisation des produits exportés ;
32
 Un label "Maltaise de Tunisie" peu mis en évidence par rapport à la marque de l'exportateur et le
manque d’actions de promotion ;
 Des frais d'approches et des coûts de transport considérés comme élevés par les exportateurs ;
 Des prix élevés sur le marché local, notamment pour les autres agrumes que la maltaise qui rend
l’exportation peu attrayante ;
 Le nombre élevé d'exportateurs, avec parfois des quantités très faibles ne permettant pas de fidéliser
une clientèle et d'affirmer une marque ;
 Une concentration quasi-exclusive sur la Maltaise et sur le marché français ;
 D’après les exportateurs, une absence de définition claire de la qualité demandée par les clients et de
contrats préalables établis entre eux et les exportateurs ;
 La faible concertation entre opérateur lors de la campagne d’exportation ;
 Une méconnaissance des autres marchés potentiels à l’exportation ;
 La faiblesse relative des actions de promotion à l’exportation.
Pour toute ces raisons la Tunisie n’arrive pas à valoriser les quotas d’importation à droits nul auxquels elle a
accès sur le marché européen pour les oranges, ni l’ouverture totale de ce marché pour les autres agrumes. De
plus les produits exportés sont mal valorisés du fait de leur qualité moyenne et de leur petit calibre.
3.3. Les opportunités
Il existe une stratégie nationale de développement de la filière agrume qui, si elle est mise en œuvre, peut
relancer le secteur et permettre un développement des exportations. Les appuis notamment en matière de
qualité sont primordiaux pour l’avenir de la filière et le développement des exportations.
Un existe un label Maltaise et des travaux ont déjà été engagés pour créer une appellation d’origine ou une
IGP. Une IGP ou une AOC permettrait une promotion plus activeet une meilleure valorisation à l’exportation. Il
est ici probablement possible de mobiliser les appuis du Projet d'accès aux marchés des produits
Agroalimentaires et de Terroir (PAMPAT) de l’ONUDI qui contribue, en plus des appuis à quelques filières, à
assurer la conformité des produits aux exigences des labels de qualité récemment introduits, afin de les
positionner sur des marchés de niche et permettre aux producteurs d'obtenir des prix et des revenus plus
élevés.
En améliorant la qualité des produits exportés et le calibre de ces produits, la marge de progression de la
rentabilité des produits exportés notamment sur le marché européen est forte.
Des marchés proches et en forte croissance existent et doivent être prospectés (Moyen Orient, Afrique) afin de
permettre à la Tunisie de diversifier ses destinations et peut-être aussi les produits exportés.
Il existe déjà une stratégie de promotion qui a été renforcée par le CEPEX pour faire face à la crise de
surproduction de la campagne 2016/17.
La hausse de la demande locale, si elle impacte les prix et donc la rentabilité des exportations, devrait
permettre à terme de consolider la filière agrume tunisienne, notamment si elle est couplée avec un
33
développement de la transformation locale. Une telle consolidation doit permettre un renforcement de
l’organisation de la filière à ses différents maillons et une amélioration de la qualité des produits proposés.
La dépréciation de dinar est source de compétitivité à l’exportation mais a aussi pour effet de renchérir les
intrants importés et le coût de l’énergie.
3.4. Les menaces
Les principales menaces pour le secteur sont les suivantes :
La production
La principale menace concerne ici les effets potentiels du changement climatique, avec comme corollaire
l’accès et le coût de l’eau pour l’irrigation. Le coût peut être prohibitif et entraîner une concurrence accrue
d’autres cultures qui valorisent mieux l’eau comme la pêche ou le raisin.
La commercialisation
Du faitd’une ouverture accruedes marchés, via les accords bilatéraux ou multilatéraux (OMC),la concurrence
sur les marchés d’exportation est toujours plus rude. Ainsi,les principaux concurrents sur lemarchéeuropéen
(Maroc, Turquie, Egypte) bénéficient également d’un accès privilégiéaussi ou un peu moins favorable dans la
cadred’accord de partenariat. Il seraitnécessairedevérifier si ces pays bénéficientd’avantages préférentiels
sur d’autres marchés potentiels (notamment le Moyen Orient, la Russieou encore les pays africains).
De plus, quid d’une concurrence potentielle des oranges espagnoles en cas d’ouverture du marché tunisien
dans le cadre de l’ALECA ?
Au de-là des protections tarifaires, on assiste à une multiplication des normes sanitaires et techniques
(emballages,étiquetage, traçabilité….) qui implique une mise à niveau de l’ensemble des filières d’exportation,
du champ jusqu’au marché final. Aux normes « officielles obligatoires » s’ajoutent des normes privées
facultatives développées notamment par la grande distribution de type EurepGap ou GlobalGap qui sont des
contraintes supplémentaires très fortes à l’entrée sur ces marchés.
L’évolution des cours du pétrole et du fret peuvent aussi à terme être un facteur limitantpour les exportations
tunisiennes comme de ses concurrents,réduisantla distanced’exportation rentable.
34
4. LES THEMATIQUES A DEVELOPPER
Ces thématiques sontcelles que l’on choisira collectivement de creuser dans la poursuite de ce travail.C’estsur
ces thématiques qu’une expertise externe pourra être mobilisée. Il s’agit pour l’instant d’une première
proposition pour ouvrir la discussion. La liste n’est pas exhaustive et peut tout à fait être modifiée.
Le but de l’exercice ici est de préciser les éléments qu’il nous semble important à développer dans l a ou les
thématiques choisies, afin de pouvoir élaborer des termes de références pour les expertises complémentaires.
4.1. Compétitivité prix et non-prix des agrumes tunisiens
Etant donné le manque de données concernant la compétitivité des produits tunisiens , et en particulier de
données récentes relatives au coût de production et de commercialisation, il semble important de mener une
expertise complémentaire visant à :
 préciser les différentes composantes des coûts de production et de commercialisation pour les
oranges tunisiennes (maltaise et éventuellement navel) ;
 évaluer également les éléments non-prix (rendement, qualité,régularitéde l’offre, organisation dela
filière, gamme de produits proposés, soutiens aux exportations, actions de promotion mises en
place…), de la compétitivité des oranges tunisienne ;
 comparer ses résultats avec les principaux concurrents sur le marché européen (Espagne, Maroc,
Egypte, Turquie, Israël) ;
 et finalement à préciser les éléments de compétitivité ou de non-compétitivité devant faire en
priorité l’objet d’appuis spécifiques.
4.2. Quid d’une libéralisation accrue dans le cadre de l’ALECA ?
Dans le cadre des négociations ALECA, se négocie une ouverture accrue de son marché aux produits agricoles
tunisiens,or la Tunisieaujourd’hui neremplit pas les quotas à droit nul qui lui sont accordés . Pourrait aussi se
négocier une ouverture du marché tunisien aux agrumes européens.
Il s’agira ici :
 d’analyser les raisons de la difficulté pour la Tunisie à remplir son quota d’exportation vers l’Union
européennes (régularité de l’offre, compétitivité des produits, gamme de produits proposés, qualité
des produits,respect des normes, soutien et promotion à l’exportation, organisation de la filière…) ;
 d’analyser pourquoi les exportations tunisiennes sont concentrées sur le marché européen et si les
autres marchés lui sont « fermés » ;
 d’évaluer l’effet potentiel d’une ouverture accrue du marché européen sur les exportations
tunisiennes tout en tenant compte des concurrents en particulier tiers-méditerranéens ;
 dévaluer l’effet potentiel d’une ouverture du marché tunisien aux agrumes européens ;
 d’identifier les mesures à mettre en œuvre pour mieux valoriser cet accès privilégié.
35
4.3. Quelles autres opportunités pour les agrumes tunisiens en dehors du marché européen et quelles
contraintes dépasser
Il s’agit ici de réfléchir à une meilleure valorisation et un meilleur positionnement des agrumes tunisiens, en
travaillant en priorité sur :
 Les autres marchés à l’exportation (notamment Moyen Orient, Afrique, Russie…) : pertinence des
marchés, quels produits exportés, quelles contraintes, quels concurrents, quelle politique de
promotion… ?
Deux autres thèmes pourraient aussi être creusés, en fonction du temps disponible :
 Le marché intérieur en frais (organisation de la filière, organisation du marché, amélioration de la
qualité, promotion des produits localement…)
 La transformation des agrumes sur place : rentabilité d’une filière transformation, contraintes à
dépasser (régularité de l’offre, problèmes d’approvisionnement, qualité, variétés…).
36
5. BIBLIOGRAPHIE
COE-REXECODE, Indicateurs decompétitivité- prix et de performances à l’exportation,décembre 2009
COMEXT :http://epp.eurostat.ec.europa.eu/newxtweb/
DGEDA, Revue du secteur agricole,Sous-filières agrumes,décembre 2005
GIFruit: http://gifruits.com
Laure Lattruffe, Compétitivité, productivitéet efficacitédans les secteurs agricoleet agroalimentaire,OCDE,
2010
Maroc Citrus : http://maroc-citrus.com/
Ministèrede l’Agricultureet de la Pêche Maritime, Note stratégique n°94, Note de veillesecteur agrumicole,
novembre 2013
ONAGRI : http://www.onagri.nat.tn/indicateurs?id=6
Réseau des nouvelles des marchés,France Agrimer : https://www.rnm.franceagrimer.fr/
Tradmap : http://www.trademap.org/Index.aspx
Turkish Citrus :http://www.turkishcitrus.com
USDAGain report, Egypt, Citrus annual,18/12/2017
USDAGain report, Morocco, Citrus semi-annual,15/06/2016
USDAGain report, Turkey, Citrus annual,15/12/2016
USDA, Citrus export report, Turkisch citrus promotiongroup, 06/02/2017
USDA, Gain report, EU-28, Citrus annual 2016,07/12/2016
Zekri S., Laajimi A. : Les relations commerciales entre la Tunisie et l'UE : Impact de l'institution de la zone de
libre-échange sur la demande d'importation et l'offre d'exportation des dattes , des agrumes et de l'huile
d'olive, CIHEAM, Cahiers d’option méditerranéenne n°57, 2001.

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L'état des lieux de la filière Agrumes

  • 1. 1 Note d’analyse Etat des lieux de la filière agrumes 1. LA FILIERES AGRUMES TUNISIENNE La filière agrumes couvre toutes les espèces d’agrumes du genre Citrus destinés à la consommation (essentiellement oranges, clémentines, mandarines et citrons). Dans cette étude nous nous concentrons principalementsur les oranges car ce sont les agrumes les plus exportés par la Tunisie, notamment vers le marché européen. Cependant, nous abordons aussi la question de la gamme des produits proposés par la Tunisie à l’exportation. 1.1. Importance de la sous-filière dans l’économie tunisienne D’après le rapport de la DGEDA (2005)1, la production d’agrumes représentait 0,38% du PIB et 3% du PIBA en 2003. Les exportations d’agrumes qui représentent en 2015, 0,6% des exportations tunisiennes assurent aussi des rentrées de devises non-négligeables. Le sous-secteur agrumes procure des revenus à 11 600 exploitants et près de 7 000 employés permanents, sans compter la main d’œuvre occasionnelle, estimée à 3 millions de journées de travail. 1.2. La production tunisienne d’agrumes En 2015, la Tunisie a produit 430 000 tonnes d’agrumes (ONAGRI, d’après DGPA et GIFruits) sur une superficiede 26 392 ha (soit1% de la superficiearboricole).La production est concentrée dans la région du Cap Bon (66 % des surfaces exploitées),puis Ben Arous, dans la région de Bizerte, Kairouan et aux environs de Tunis. 1 : DGEDA, Revue du secteur agricole,Sous-filières agrumes,décembre 2005
  • 2. 2
  • 3. 3 La production tunisienne d’agrumes est constituée essentiellement d’oranges (66,6 % de la production en 2015/2016), puis de clémentines (16,5 %) et de citrons (12,1 %). En 2015, la maltaise représentait 34 % de la production d’agrumes, en recul au profit notamment des oranges navels. Lors de campagne 2016/2017, du fait de l’entrée en production de nouvelles plantations et de conditions climatiques favorables,la production tunisienned’agrumes a progressé de 47 % par rapport à la campagne précédente et atteint les 560 000 tonnes. Cette abondance de l’offre sans réel effets sur les exportations a entraîné une chute importante des prix aux producteurs (-33 % pour les maltaises, -45 % pour les clémentines). 1.3. Les exploitations agrumicoles D’après les données 2010 de la FAO présentées sur le site de l’ONAGRI, les petites exploitations (<2 ha) représentent 84,5 % des exploitations agrumicoles tunisienneet 42 % de la superficieglobaleen agrumes, les exploitations moyennes (entre 2 ha et 5 ha) représentent 11 % des exploitations et 26 % de la superficie et les grandes exploitations (> 5 ha) représentent 4,5 % des exploitations et 32 % de la superficie exploitée. Les données du GIFruit sur lesquelles s’appuie l’étude DGEDA(2005) montrent, sur longue période, une augmentation plus importante du nombre d’exploitations que de surfaces exploitées , témoignant d’un morcellement des exploitations. Cette même étude souligne le faible niveau d’instruction des exploitants (70 % n’ont pas fait d’études secondaires, mais 10,8 % ont fait des études universitaires) et le niveau d’instruction très bas du personnel permanent (90 % ont un niveau inférieur au secondaire). Ces deux éléments représentent des contraintes à dépasser pour rajeunir les vergers et améliorer les techniques de production et le respect des normes. Par ailleurs, l’étude DGEDA de 2005, confirmée par les données FAO 2010, souligne un vieillissement des vergers. Ainsi, 28 % des effectifs globaux des vergers ont moins de 10 ans (FAO 2010), 37 % entre 10 et 39 ans et 35 % plus de 40 ans. La situation est encore plus forte pour les vergers de maltaises. Le renouvellement des vergers, qui explique en partie la hausse de la production en 2016/17, s’effectue lentement comparé au Maroc par exemple. 1.4. Variétés, rendements et qualité des produits Comme cela a été évoqué précédemment, la Tunisie produit essentiellement des oranges (65 % des volumes produits en 2016/17), puis des clémentines (17 %) et des citrons (13 %), contrairement au Maroc qui a fait le choix de développer les petits agrumes pour les marchés d’exportation.
  • 4. 4 Source : GIFruit Parmi les oranges,la Maltaisevariétélocaletrès appréciée à l’exportation demeure la plus produite,mais alors qu’elle représentait près de 52 % des plantations en 1975, elle n’en représentait plus que 34 % en 1995. Elle a peu à peu céder la place notamment aux oranges navels qui représentent 35 % des oranges produites en 2016/17, contre 52 % pour les maltaises. Les nouvelles variétés introduites depuis 1995 permettent d’étendre le calendrier de production d’octobre-novembre à avril-mai, contre décembre à mars pour les maltaises. Un autre avantage des nouvelles variétés, et notamment des navels destinées principalement à la consommation intérieure, est leur prix plus rémunérateurs. Du fait du vieillissement des vergers les rendements sont considérés comme relativement faibles si l’on prend en compte l’ensemble des vergers, y compris les plus vieux et donc les moins productifs. Dans l’étude DGEDA de 2005 les rendements moyens étaient estimés en 2001 à 20 t/ha pour les maltaises et 12,5/ha pour les navels dont les plantations étaient encore jeunes. En ne prenant en compte que les plantations productives les rendements annuels étaient évalués à 22,3 t/ha pour les maltaises et 21t/ha pour les navels. Ces éléments doivent être précisés pour les années les plus récentes et par variétés. D’après l’ONAGRI les rendements tous agrumes confondus seraient de 16t/ha et auraient peu varié depuis 2008.
  • 5. 5 A titre de comparaison,en 2011,d’après un document du Ministèrede l’agriculturemarocain,le Maroc affiche des rendements aux alentours de 15t/ha, loin derrière la Turquie dont les rendements dépassaient les 35tonnes/Ha. En 2014, les rendements pour la production d’orange en Espagne étaient de près de 23 t/ha et de 20 t/ha pour l’Italie. Si les rendements tunisiens n’ont pas atteints les 30 t/ha attendus ils semblent cependant se situer dans la moyenne des exportateurs méditerranéens. Source : Ministère de l’agriculture et de la pêche, Maroc, Note stratégique n°97, Note de veille secteur agrumicole, nov. 2013 La qualité des produits est un des points faibles des agrumes tunisiens. Les maltaises voyages assez mal et doivent être consommée rapidement. Cela limite l’accès aux marchés lointains, sauf en utilisant le fret aérien coûteux, d’où une concentration des exportations vers l’Europe et principalement la France. Par ailleurs, l’organisation de la filière et le mode de collecte se tradui sent par une qualité moyenne des fruits proposés. Les conditionneurs souvent exportateurs reçoivent la maltaise en général non triée en caisses de 18 kg. Ainsi, lors de la campagne 2016/17, 20 % des fruits collectés étaient des grands calibres contre 50 % en 2015/2016, 50 % étaient des calibres moyens et 30 % des petits calibres (ONAGRI).
  • 6. 6 1.5. L’organisation de la filière et le fonctionnement du marché La filière agrumes comprend de nombreux intervenants et est assez complexe, comme le montre le graphe suivant. Source :DGEDA, Revue dusecteur agricole, Sous-filières agrumes, décembre 2005 Les producteurs sont le premier maillon de la filière. D’eux dépendent la quantité (choix des productions et techniques utilisées) et la qualité des produits mis sur le marché. Suivant la taille de l’exploitation, son organisation, l’état de la trésorerie, les moyens dont ils disposent pour la cueillette et le transport ils utilisent différents canaux d’écoulement de leur production : la vente directe au consommateur (relativement limitée) ; la vente sur pied ou « khdhara » qui est très courante et permet de se prémunir contre le risque de marché et d’alimenter sa trésorerie ; la vente aux commissionnaires, sur les marchés de gros ou aux stations de conditionnement. Les collecteurs-grossistes- marchands Ce sont des commerçants grossistes qui ont une camionnette et achètent directement chez le producteur ou dans les stations de conditionnement (pour les écarts de triage pour la Maltaise) et qui disposent les fruits en
  • 7. 7 vrac dans la camionnette. Ils vendent aux détaillants ou directement aux consommateurs, le long des routes ou devant les marchés de détail. Ce type de commercialisation s’est beaucoup développé ces dernières années. Les commissionnaires Ce sont des collecteurs organisés qui disposent de dépôts et souvent de moyens de transport. Ainsi, ils reçoivent les caisses de fruits transportées par les soins du producteur oubien collectent le produit chez l’exploitant. Les commissionnaires manipulent une grande partie de la récolte, pas moins du quart selon l’étude réalisée sur les agrumes en 1992 par le bureau d’études Agriculture and Food Consulting (AFC). Ils constituent donc un maillon important de la chaîne de commercialisation des agrumes. Concernant les Maltaises destinées à l’exportation, les fruits, cueillis sans feuilles, arrivent non triés et sont acheminés vers les stations deconditionnement où ils sonttriés,lavés,lustrés et conditionnés dans des cartons pour l'exportation.Les fruits destinés au marché local sont triés en trois catégories : gros, moyens et petits, les deux dernières étant le plus souvent mélangées. Les khaddars Les Khaddhars achètent sur pied, généralement bien avant maturité (septembre-octobre), en estimant le tonnage et en fixantun prix au kilo (selon l’importancede la récolte et les prix de gros des années précédentes) et une marge pour leurs frais. L’étude réalisée par AFC a estimé le pourcentage de la production qui passe par les Khaddhars à 18%. Leur rôle est donc également important. Ils peuvent influer sur les prix du marché et sur la mise en marché des produits. Les marchés de gros Le principal marché de gros est le Marché d’Intérêt National (MIN) de Tunis - Bir Kasa. Il reçoit en moyenne 35 000 T d’agrumes par an qui sont destinés en grande partie au Grand Tunis. Les taxes collectées représentent 12,5 % du prix de vente (étude 2005). Les quantités annuelles qui transitent par l’ensemble des marchés de gros sont estimées à environ 60 000 tonnes, soit 30 % des produits consommés localement (étude 2005). Les conditionneurs - exportateurs Les conditionneurs sont en général en même temps exportateurs. Ils reçoiventprincipalement la Maltaise, non triée, dans des caisses en plastique de 18 kg. Les fruits proviennent principalement directement de chez les exploitants,mais aussi les commissionnaires,les Khaddharset les marchés de gros. Pour la campagne 2015, 14 exportateurs étaient mandatés. Le rapport 2005 indique que 9 exportateurs concentraient plus de 80 % des volumes exportés (2500 tonnes exportées par les plus importants) et qu’il n’existaitpas une réelle concertation entre eux pour organiser les campagnes. Les souks hebdomadaires Les souks hebdomadaires bien connus depuis longtemps à l’intérieur du pays se sont étendus dans plusieurs quartiers des grandes villes et de la capitale. Les fruits sont vendus soit sur des étalages, comme aux marchés municipaux,soit dans des camionnettes, en vrac par les collecteurs - grossistes - commerçants. L’étude DGEDA 2005 estimait à 40 000 tonnes les quantités commercialisées sur les souks. Les prix y sont moins élevés que dans les supermarchés,les boutiques de détail ou les marchés municipaux,mais laqualité n’est pas toujours la même non plus. Les détaillants La vente au détail est pratiquée par :  Les hypermarchés et supermarchés, qui s’approvisionnent généralement directement chez de gros producteurs ou auprès des marchés de gros ;
  • 8. 8  Les petites boutiques spécialisées dans la vente de fruits dans les marchés de détail ;  Les boutiques ou les étalages de vente de fruits sur les axes routiers des villes et à l’entrée et sortie des agglomérations ;  Les ventes dans les souks par les collecteurs - marchands ambulants. Il est important de souligner que la vente au détail est régie par une réglementation obligeant les détaillants à s’approvisionner auprès des marchés de gros, qui leur fournissent un bulletin de vente en gros, devant justifier le prix de détail moyennant une marge autorisée calculée en fonction du prix du kilogramme, comme indiqué dans le tableau ci-dessous (arrêté du Ministre de l'Economie Nationale en date du 18 janvier 1988). La faiblesse des marges, qui n’ont pas été révisées depuis 1988, se traduit par une concurrence accrue des vendeurs qui ne passentpas par les marchés de gros et induit des pratiques frauduleuses (fardage, mélange de qualités, surpoids, achats en dehors des marchés de gros etc.), leur permettant d'augmenter leurs bénéfices. Les organisations professionnelles et interprofessionnelles GIFruit Les missions du GIFruits, né en 2003 par la fusion du Groupement Interprofessionnel des Agrumes etdes Fruits (GIAF), du Groupement Interprofessionnel des Dattes (GID) et du Groupement Interprofessionnel de la Vigne (GIV), sont axées sur :  les aspects relatifs à la santé, la qualité et les normes,  l'amélioration de la compétitivité des produits tunisiens concernés,  l'organisation des campagnes, l'amélioration de la production, la promotion des exportations et l'établissementde bases de données techniques, économiques et sociales sur l'ensembledes éléments des filières concernées,  la miseà niveau, la formation et l'organisation des différents intervenants au niveau de la profession, notamment par le biais de coopératives de services et de groupements de développement. LeGIFruit intervient aussi techniquement en matière d’estimation de la production, de protection phytosanitaire, de formation (taille, cueillette), de campagnes de plantations des Maltaises, de fertilisation… L’UTAP L’UTAP comporte dans ses organes des fédérations nationales pour les principaux secteurs de production, dont une fédération nationale des agrumes. Cette structure, logée à l'UTAP, est à l’écoute des producteurs, essaie de trouver des solutions à leurs préoccupations,en organisant, en principe, une réunion par mois. Elle encadre
  • 9. 9 les agrumiculteurs sur leplan technique sous la tutelle du bureau exécutif de l'organisation et en coordination avec les unions régionales.La Fédération participeà divers groupes de travail et commissions chargés du suivi des campagnes, des études et réflexions sur le secteur et contribue à la mise en œuvre de la stratégie de développement de l’agrumiculture. Le CEPEX Créé en 1973 sous la tutelle du Ministère du Commerce, le Centre de Promotion des Exportations a pour principalemission d’entreprendre toute action visantla promotion des exportations et l’appui des exportateurs par le biais de différentes prestations et subventions. L’assistance offerte par le CEPEX concerne l’information et le conseil apportés à toutes les étapes de la chaîne d’exportation, l’identification des marchés potentiels, l’organisation d’activités promotionnelles et la formation aux techniques de commerce international. Le CEPEX gère un fonds de promotion des exportations (FOPRODEX) qui lui permet d’attribuer des subventions, allant de 30 à 40 % du coût d’actions de promotion engagées par les entreprises, telles que la réalisation de supports de promotion et de publicité, la création de label et de marque. Le Fonds accorde en outre des prêts à concurrence de 40 à50 % du coût de l’action de promotion. Certaines actions promotionnelles collectives engagées par les fédérations opérant dans le domaine de l’exportation et par les groupements interprofessionnels peuvent bénéficier d’une subvention jusqu’à 80 % du coût de l’action. La Tunisie via le CEPEX subventionne à hauteur de 50% les coûts de fret pour les produits exportés. 1.6. La demande intérieure Il n’y a pas d’informations précises concernant la consommation nationale d’agrumes. Celle-ci est en général estimée à partir de la production et des échanges et d’une estimation des pertes à la récolte. Ainsi , l’étude DGEDA de 2005estimait à 10 % les pertes totales tout au long du circuit, à 2 % l’autoconsommation et à 1 % le taux de transformation. Du faitde l’irrégularitédel’offre, du prix élevé à la production et de la courte saison de production, la Tunisie n’a pas développé d’industrie de transformation d’agrume. Il serait intéressant de préciser ces chiffres pour la campagne 2016/17, mais si l’on reprend les éléments précédents, avec une production estimée à 560 000 tonnes en 2016/17, moins 10 % de pertes et 26 000 tonnes d’exportations, 478 000 tonnes d’agrumes seraient destinées à la consommation locale. En reprenant les taux d’autoconsommation et de transformation précédents ce sont près 464 000 tonnes qui seraient écoulés sur le marché local. 1.7. Les exportations tunisiennes Alors qu’elle exportait 53 000 tonnes d’agrumes (surtout des oranges) dans les années 1980, la Tunisie peine aujourd’hui à dépasser les 25 000 tonnes. La Tunisie exporte essentiellement des Maltaises (87 % des tonnages en 2015), puis d’autres oranges (8 %) et des citrons (4 %).
  • 10. 10 Les exportations tunisiennes, du fait notamment des spécificités des produits exportés (les Maltaises en majeure partie), sont fortement concentrées sur le marché européen et plus particulièrement français. En 2013, le marché français représentait 90 % des exportations tunisiennes d’agrumes (Trademap). Toutefois, en 2014 et 2015 la Tunisie a également développé des exportations vers la Libye (4141 tonnes en 2015, soit 17 % des volumes exportés) et l’Algérie (2912 tonnes et 12% des exportations). Le graphe suivant montre clairement cette forte concentration sur des marchés très proches (inférieurs à 2000 km). Source : Trademap - 5,000 10,000 15,000 20,000 25,000 30,000 2010 2011 2012 2013 2014 2015 Exportations tunisiennes d'agrumes (tonnes) Autres agrumes Mandarines Clémentines Citrons Autres oranges Oranges maltaises Source :INS
  • 11. 11 Dans le cadre de l’accord d’association avec l’Union européenne la Tunisie bénéficie d’un quota d’importation d’oranges de 39 335 tonnes à droit nul sur le marché européen. Au-delà de ce contingent les exportations tunisiennes d’orange bénéficient d’une réduction de 80 % des droits de douane. La Tunisie est également totalement exonérée de droits de douane pour ses exportations de mandarines et de citrons sur le marché européen et bénéficient d’une réduction des droits de douane de 80 % pour les pomelos. Pour entrer sur lemarché européen les agrumes tunisiens sontsoumis à plusieurs prescriptions spécifiques en matière de normes sanitaires, phytosanitaires et techniques, notamment :  Contrôle des contaminants dans ou sur les aliments  Contrôle des résidus de pesticides dans ou sur les denrées alimentaires d’origine végétale et animale  Contrôle sanitaire de denrées alimentaires d’origine non animale  Contrôle phytosanitaire  Traçabilité, conformité et responsabilité en matière de denrées alimentaires et d" alimentation pour animaux  Étiquetage de certains produits alimentaires  Normes de commercialisation des fruits et légumes frais  Volontaire - Produits de production biologique Pour soutenir ses exportations la Tunisie, via le CEPEX, subventionne le fret (à hauteur de 50 %) et a développé un programme de promotion des exportations, notamment lors de la dernière campagne pour faire face à une situation de surproduction. Malgré cet accès privilégié au marché européen et les aides à l’exportation, la Tunisie ne remplit même pas 50 % de son quota à droits nul pour les oranges. Notons que ses principaux concurrents méditerranéens bénéficient aussi d’un tel accès ce qui en réduit la portée (Egypte, Maroc, Israël, Turquie). Il est indispensable, si la Tunisie veut développer ses exportations, d’identifier précisément les raisons des difficultés d’une part, à remplir ses quotas d’exportations à droits nul sur le marché européen, d’autre part, de diversifier ses marchés vers d’autres pays de l’UE et d’exporter d’autres agrumes, notamment les clémentines ou les mandarines ou d’autres variétés d’orange que la Maltaise. Est-ce un problème de compétitivité prix, une question d’offre limitée par rapport à ses concurrents, un problème de produit proposé, un problème de qualité ou de méconnaissance des marchés… ? Par ailleurs,à l’importation la Tunisie appliqueun droit de douane de 36 % sur les agrumes importés. Il n’existe pas de contingent tarifaire à droite réduit pour l’Union européenne. 1.8. La compétitivité et la rentabilité des agrumes tunisiens Les notions de rentabilité et de compétitivité sont essentielles lorsque l’on parle d’échanges internationaux puisqu’il s’agitfinalement de gagner des parts de marché face aux concurrents,mais celles -ci ne se limitent pas à la compétitivité prix et doivent être élargies à la compétitivité non-prix.
  • 12. 12 La compétitivité prix Rentabilité des agrumes comparée à d’autres cultures concurrentes Cette première analyse est importante car, si elle ne donne pas d’indications sur la compétitivité des oranges sur les marchés d’exportation, elle offre des éléments intéressants concernant la concurrence potentielle des autres cultures au moment du choix de production, ce qui conditionne au final l’offre potentielle d’agrumes. Les éléments contenus dans le rapport DGEDA de 2005 montrent ainsi que les marges brutes constatées à l’hectare étaient beaucoup plus élevées pour la pêche, le raisin primeur,voire l’abricot,quepour la plupartdes agrumes et en particulier des Maltaises, seules les oranges Navels et Valencia auraient une rentabilité voisine de la pêche et du raisin. De plus, si l’on s’intéresse à la valorisation de l’eau d’irrigation, ressource rare, dont le coût ne cesse d’augmenter, les éléments présentés dans l’étude DGEDA de 2005 indiquent qu’aucune variété d’agrumes n’a une marge brute/m3 supérieure aux productions concurrentes (pêche ou raisin). Si les rendements progressaient jusqu’à 40 T/ha, alors seules les clémentines les Navels et les Valencia auraient une marge brute/m3 d’eau supérieure au pêcher précoce. Ces informations sont particulièrement intéressantes alors que les effets du changement climatique, déjà visibles aujourd’hui, risquent d’accentuer la pression sur les ressources en eau et pose la question de la diversification des cultures fruitières. Le prix à la production et les coûts de transaction En dehors des prix sur les marchés d’exportation (cf. point suivant), il est indispensable pour comparer la compétitivité des oranges et autres agrumes exportés par la Tunisie avec les produits de ses concurrents, de disposer des éléments de coûts de production et de commercialisation, du champ jusqu’au marché d’exportation. Les prix à la production d’oranges compilés par la FAO montrent que la Tunisiea des prix légèrement inférieurs au prix à la production du Maroc et de l’Afriquedu Sud, par contre elle a des prix bien plus élevés que l’Espagne son principal concurrentsur lemarché européen, ainsi quel’Egypte et la Turquie, dont les prix ont chuté depuis 2012.
  • 13. 13 L’étude DGEDA de 2005 présente les principaux éléments des coûts de production pour l’orange (cf. tableau suivant). Ces coûts devraient être actualisés afin de faciliter une comparaison avec les coûts des principaux concurrents, en particulier le Maroc, la Turquie et l’Egypte. La rareté de l’eau est évidemment ici une question centrale. Les coûts de commercialisation sont également essentiels en matière de compétitivité à l’exportation. Si les frais de transport de manutention sont trop élevés et les délais trop longs, un produit compétitif au champ peut ne plus l’être à l’export. L’étude DGEDA de 2005 offre là aussi quelques éléments devant être actualisés et complétés afin de permettre là aussi une comparaison avec les pays concurrents.
  • 14. 14 Pour avoir une vision complète de la compétitivité prix des oranges tunisiennes, il est nécessaire de disposer des éléments de coûts et de prix aux différents maillons de la filière :  Coût de production – Marge Producteur  Coût de transport grossiste ou station  Prix au grossiste ou au commissionnaire ou aux exportateurs (marge et prix si plusieurs maillons)  Frais et taxes éventuelles  Coût de conditionnement  Fris de transport à l’exportation  Commission  Prix sur le marché d’exportation Compétitivité des agrumes à l’exportation Il existe de nombreuses méthodes pour évaluer la compétitivité à l’exportation, en voici quelques-unes présentées notamment dans un rapport de l’OCDE de 2010 et dont certaines sont reprises dans l’étude DGEDA de 20052. L’indicateur de compétitivité-prix à l’exportation Le premier indicateur leplus facileà utiliser dans saformesimplifiéerapporteleprix à l’exportation du pays de référence aux prix à l’exportation de ses concurrents, convertis dans une monnaie commune et mis en base 100 une année donnée : ICOMPi = IPXi/IPCONCi *100. Dans cette formule, IPXi sont les prix à l’exportation du bien i et IPCONC i les prix des concurrents pour ce même bien. Cet indicateur constitue en fait un taux de change effectif réel, de sorte qu’une hausse de l’indicateur s’interprète comme une appréciation du taux de change effectif réel et souligne donc une perte de compétitivité3. Ne disposantpas detous les éléments pour calculer cetindice,vous trouverez ci -après les prix des oranges sur les marchés de Marseille et de Rungis pour la dernière campagne, par type de fruit et de provenance. 2 : Laure Lattruffe, Compétitivité, productivitéet efficacitédans les secteurs agricoleet agroalimentaire,OCDE, 2010 3 : COE-REXECODE, Indicateurs decompétitivité- prix et de performances à l’exportation,décembre 2009
  • 15. 15 Les deux tableaux montrent :  L’importance du calibre pour bien valoriser l’exportation des oranges : le prix de la Maltaise sur le marché de Marseille, varie de 0,65 euro/kg pour la catégorie 8 la plus petite, à 1,14 euro/kg pour la catégorie 5 ;  Une baisse des cours au fur et à mesure que les quantités à l’exportation augmentent sur le marché ;  Une concurrence quasi-exclusivement espagnole à Marseille qui propose des prix plus élevés mais pour des produits de calibre en général supérieur et pour la variété Navel ;  Une concurrence espagnole et marocaine sur le marché de Rungis avec des prix proposés équivalents ou légèrement plus élevés, mais pour des calibres supérieurs la plupart du temps et pour la variété Navel. Cours des oranges sur les marchés de Marseille et de Rungis 2016/17
  • 16. 16 Source : France Agrimer, Réseau des nouvelles des marchés Marché de Rungis Nove. Déce. Janv. Févr. Mars moyenne en € HT/kg 2016 2016 2017 2017 2017 ORANGEMaltaise demi-sanguine Tunisie cat.I 5(73- 84mm) (le kg) 1.10 1.01 ORANGEMaltaise demi-sanguine Tunisie cat.I 6(70- 80mm) (le kg) 1.11 1.01 0.92 ORANGEMaltaise demi-sanguine Tunisie cat.I 7(67- 76mm) (le kg) 0.75 0.70 0.72 ORANGEMaltaise demi-sanguine Tunisie cat.I 8(64- 73mm) (le kg) 0.68 0.61 0.65 ORANGENavel Espagne cat.I 2(84-96mm) colis 10kg (le kg) 0.80 0.80 ORANGENaveline Espagne cat.I 2(84-96mm) (le kg) 0.90 ORANGENaveline Espagne cat.I 3(81-92mm) (le kg) 1.13 0.87 0.78 0.75 ORANGENaveline Espagne cat.I 4(77-88mm) (le kg) 1.00 0.80 0.68 0.70 ORANGENaveline Espagne extra 3(81-92mm) (le kg) 1.29 1.24 1.15 1.10 ORANGENavel late Espagne cat.I 3(81-92mm) (le kg) 0.85 0.85 ORANGENavel late Espagne cat.I 4(77-88mm) (le kg) 0.80 0.80 ORANGENavel late Espagne extra 1(87-100mm) (le kg) 1.40 1.25 ORANGENew Hall Italie cat.I 3-4 (le kg) 1.27 1.25 1.23 ORANGENew Hall Portugal cat.I 2(84-96mm) (le kg) 1.00 1.00 ORANGESalustiana Espagne cat.I 4(77-88mm) (le kg) 1.30 1.15 0.98 0.95 0.97 ORANGESalustiana Maroc cat.I 4(77-88mm) colis 10kg (le kg) 0.62 0.62 ORANGESanguinelli Espagne cat.I 6(70-80mm) (le kg) 1.65 1.61 1.55 ORANGESanguinelli Maroc cat.I 7(67-76mm) (le kg) 0.70
  • 17. 17 Voici un bilan de la campagne Maltaise réalisé par la DDRAF PACA en 2016, qui donne un bon aperçu de la campagne 2015.
  • 18. 18
  • 19. 19 Le coût en ressources internes « Le ratio des coûts en ressources intérieures (CRI) compare le coût d’opportunité de la production intérieure à la valeur ajoutée que celle-ci génère (Gorton et al., 2001). Autrement dit, il compare la valeur des ressources intérieures non exportables utilisées pour produire une unité d’un produit considéré à ce que ce produit rapporterait s’il était exporté (Liefert, 2002). Lorsque le ratio CRI est strictement positif mais inférieur à 1, il indique que la production intérieure du produit considéré est compétitive à l’échelon international : les coûts d’opportunité de la production intérieure (numérateur) sont inférieurs à la valeur ajoutée du produit aux prix mondiaux (dénominateur). Il indique également que le pays devrait augmenter ses exportations du produit considéré. Un ratio CRI supérieur à 1 ou inférieur à 0 (lorsque le dénominateur est négatif) traduit un déficit de compétitivité pour le produit considéré et, partant, une production intérieure moins souhaitable qu’un recours au marché international. 4» Une étude réalisée par le CIHEAM de 2001 aboutit à un CRI de 0,6 traduisant l’existence d’un avantage comparatif pour l’exportation des oranges tunisiennes5. L’étude DGEDA de 2005 évoque, quant à elle, une étude réalisée par STUDI - INGENIERIE et le Ministère de l'Agriculture (DG/DPDIA) en 1998 sur l'analyse de la compétitivité de différents produits agricoles et leur degré de rentabilité économique face à la libéralisation. Elle aboutit à un taux de 0,36 confirmant l’étude CIHEAM. Protection nominale réelle et protection effective Deux autres indicateurs sont calculés dans ces études :  L’indicateur de protection nominale réelle (CPN) Il mesure le ratio entre le prix sur le marché local et le prix sur le marché d'exportation. Un ratio inférieur à 1 signifie l’existence d’une protection négative sur toute la filière. Le produit est alors considéré comme compétitif à l’exportation.  L'indicateur de protection effective (CPE) Il mesure le ratio entre la valeur ajoutée du produit aux prix intérieurs et la valeur ajoutée internationale. Là aussi un ratio inférieur à 1 signifie l’existence d’une protection négative sur toute la filière. Le produit est considéré comme compétitif à l’exportation. Les calculs de l’étude du CIHEAM aboutissent à un CPN = 0,83 et un CPE = 0,77, alors que l’étude STUDI-INGENERIE aboutit à CPN = 0,78 et CPE = 0,41. Dans une note économique de la BAD le taux de protection effective tombe à 0,97 et 0,96 en 2008 et 2009.6 Enfin, dans une étude réaliséeen mars 2005 pour leCEPEX, concernantles concessions tarifaires accordées par l'UE, IDEACONSULT calcule un ratio entre le prix à l'exportation et le prix du marché intérieur. Cette étude 4 : Laure Lattruffe, Compétitivité, productivitéet efficacitédans les secteurs agricoleet agroalimentaire,OCDE, 2010 5 : S. Zekri, A. Laajimi,Etude de la compétitivité du sous-secteur agrumicoleen Tunisie,CHIEAM, Options Méditerranéenne, 2001 6 : BAD, Distorsionsaux incitationsetpolitiqueagricoleen Tunisie : un première analyse,Note économique, 2012
  • 20. 20 conclue que sur les vingt dernières années le ratio est supérieur à 1 ou très proche de 1 démontrant que la filière agrume est compétitive à l’exportation. La compétitivité non-prix La qualité des produits  Pour valoriser ses produits sur le marché local mais encore plus à l’exportation la qualité du produit est un élément primordial. La notion de qualité est appréhendée au sens large, elle recouvre : l’état général du produits,la maturitédu fruit, la texture, la couleur, les qualités organoleptiques, le calibre du produit et sa régularité dans les lots proposés, … Si la Tunisie a l’avantage de produire une orange (la Maltaise), considérée comme « la reine des oranges » et très appréciée notamment des consommateurs européens, les produis exportés sont souvent de petit ou de moyen calibre, et de qualité moyenne d’où une moins bonne valorisation. Pour mieux valoriser les oranges exportées il est donc indispensable de promouvoir la qualité tout au long de la filière : à la production (amélioration des techniques de production), lors de la cueillette (amélioration de la cueillette et tri des produits par qualité et calibre), lors du transport en interne, dans les stations de conditionnement …  La multiplication des normes impliquentle respect de celles-ci pour accéder à la majorité des marchés d’exportation. Il s’agit en particulier des normes sanitaires etphytosanitaires (résidus depesticides par exemple), des normes techniques (emballages, étiquetage…) officiellement encadrées par les accords internationaux et des obligations de traçabilité pour l’exportation vers l e marché européen notamment. Des normes privées du type Global Gap ou Eurep Gap élaborées par la grande distribution se développement également. Toutes ces normes ont un coût mais sont devenues indispensables pour pouvoir exporter sur les marchés concernés .  La régularité de l’offre est un autre élément de la compétitivité non-prix, notamment lorsque l’on parle de marchés d’exportation. Pour s’assurer la confiance de l’importateur une régularité de l’offre en quantité et en qualité est indispensable, cela est d’autant plus le cas pour la Tunisie dont les volumes proposés sont restreints par rapport à ses concurrents directs.  L’organisation de la filière est un élément transversal important pour assurer une bonne qualité au produit écoulé, or il semble que cela reste un des points faibles de la Tunisie. Concernant plus particulièrement le maillon exportation, une bonne organisation tout au long de la filière est indispensablepour pouvoir répondre aux exigences de qualité toujours plus hautes des acheteurs. De même, une bonne concertation entre exportateurs, ce qui ne semble pas être toujours le cas, est un élément important pour mieux valoriser ses produits à l’export.  Enfin, une bonne connaissance et un bon suivi des marchés à l’exportation permettant un meilleur positionnement et des campagnes de promotion adaptées, sont aussi un élément de la qualité des produits écoulés. Ici la coordination entre les différentes structures (GIFruit, CEPEX, UTAP, Ministères, exportateurs…) est un élément central.
  • 21. 21 Evaluation d’une suppression des quotas tarifaires sur le marché européen et ouverture du marché tunisien En 2001,le CIHEAM a réaliséune étude visantà évaluer l’impactdes préférences dont bénéficie la Tunisie dans le cadre de l’accord commercial avec l’Union européenne et des effets d’une ouverture totale du marché européen pour certains produits agricoles, dont les agrumes7. Bien que datant de 2001 les résultats de cette étude basée sur un modèle commercial de substitution imparfaitesontparticulièrement intéressants et restent probablement d’actualité. Pour les agrumes, l’étude conclue à une faible élasticité de la demande d’importation et de l’offre d’exportation qui serait due au fait que la Tunisie exporte quasi exclusivement vers l’Europe dans l e cadre de quotas à droit nul. La mise en place d’une zone de libre-échange complète (suppression de quotas) aurait un effet dépressif sur les prix mais un faible impact sur la demande à l’importation et donc sur l’offre d’exportation. Le résultatest d’autant moins surprenantque les quotas à droit nul sont loin d’être remplis et que hors quotas les droits sont diminués de 80 %. Une suppression de ces quotas aura donc, a priori, un très faible effet sur la demande d’importations des agrumes tunisiens, d’autant plus que l’Europe négocie en même temps une plus grande ouverture de son marché avec les concurrents de la Tunisie, notamment le Maroc. 7 Zekri S., Laajimi A. : Les relations commerciales entre la Tunisie et l'UE : Impact de l'institution de la zone de libre-échange sur la demande d'importation et l'offre d'exportation des dattes , des agrumes et de l'huile d'olive, CIHEAM, Cahiers d’option méditerranéenne n°57, 2001.
  • 22. 22 2. QUELQUES ELEMENTS SUR LES MARCHES D’EXPORTATION 2.1. Le marché européen des agrumes La production européenne Avec près de 11 millions de tonnes pour la campagne 2016/178, l’UE (28) est un producteur d’agrumes important au niveau mondial, loin cependant derrière la Chine et le Brésil. Plus de 60 % de la production européenne est constituée d’oranges (notamment des oranges Navel), puis de mandarines et de clémentines et enfin, de citrons. L’Espagne et l’Italie,avec respectivement 3,63 et 1,2 millionsdetonnes, représententlors la dernière campagne 80 % de la production européenne. Production européennes d’orange fraîche (1000 tonnes) Pays 2014/15 2015/16 2016/17 % 2016/17 Espagne 3484 3087 3630 60% Italie 1360 1937 1200 20% Grèce 859 920 910 15% Portugal 219 265 266 4% Chypre 33,3 33 43 1% Total 5955 6242 6048 Source : USDA, 2016 L’UE exportant environ 300 000 tonnes d’oranges, la majeure partie de la production est consommée sur le marché européen en frais (5,3 millions de tonnes consommées pour la campagne 2015/2016, y compris les oranges importées) et une autre partie est transformée notamment en jus de fruit (1,346 million de tonnes en 2015/16). Les principaux concurrents des oranges tunisiennes, comme des agrumes des autres fournisseurs extra-européens, sont donc d’abord les oranges européennes, provenant en particulier d’Espagneet d’Italiequi bénéficient d’une production importante répondant aux normes de qualité européennes et de la proximité du marché. Les importations européennes Lors de la campagne 2014/2015,l’Europe a importé 928 000 tonnes d’oranges, 367 000 tonnes de tangerines et 399 000 tonnes de citrons (source USDA). Concernant les oranges, l’UE s’approvisionne essentiellement dans l’hémisphère Sud (63 % des importations en 2014), notamment en Afrique du Sud (46 % des importations avec 379 000 tonnes écoulées), Uruguay, Argentine, Zimbabwe et Brésil. Les pays méditerranéens, quant à eux, représentent 34 % des importations européennes avec 282 000 tonnes écoulées. 8 : USDA, Gain report SP 1624,EU-28, Citrus annual 2016,12/07/2016
  • 23. 23 Le premier fournisseur est l’Egypte qui représente 64 % des volumes exportés en 2014 par les pays tiers méditerranéens sur le marché européen, soit une progression de 44 % depuis 2005. Il se classe second fournisseur d’oranges de l’Europe après l’Afrique du Sud. Le Maroc est le second fournisseur méditerranéen avec 66 500 tonnes écoulées en 2014 (8 % des importations européennes d’oranges). La place du Maroc a décliné du fait notamment d’un repositionnement sur le marché européen au bénéfice des petits agrumes. La Tunisie, juste devant la Turquie, ne représente qu’à peine 2 % des importations européennes d’oranges avec 15 000 tonnes écoulées en 2014. L’Egypte, le Maroc, la Turquie et dans une moindre mesure Israël sont les concurrents directs de la Tunisie sur le marché européen. Source : COMEXT
  • 24. 24 Source : COMEXT Les concurrents tiers-méditerranéens sur le marché européen L’EGYPTE L’Egypte est le sixième producteur mondial d’oranges, avec une production de 2,75 millions de tonnes pour la campagne 2016/17. La production égyptienne a connu une forte progression du fait de bonnes conditions climatiques et de l’augmentation des terres mises en culture pour répondre à une demande internationale, en particulier européenne, croissante. 0% Egype 22% Maroc 8% Tunisie 2% Israël 1% Turquie 1% Afrique du Sud 46% Argentine 5% Uruguay 6% Brésil 2% Zimbabwe 4% Autres pays 3% Importations d'oranges de l'UE par fournisseurs en2014 Source : COMEXT
  • 25. 25 L’Egypte, avec 1,465 millions de tonnes exportées en 2016, est le second exportateur mondial d’oranges derrière l’Afrique du Sud. Les variétés mises en production lui permettent de proposer à l’exportation des oranges d’octobre à juillet. L’Egypte a fondé sa politique commerciale sur des volumes élevés et des prix bas.Outre un climatfavorable,l’irrigation et des plants certifiés qui permettent une bonne productivité, la production d’oranges bénéficie d’un fort soutien de l’Etat égyptien tout au long de la chaîne et notamment à l’exportation. L’Egypte exporte essentiellement vers :  Le Moyen Orient où elle est le leader : l’Arabie Saoudite (22 % de ses exportations), les Emirats arabes Unis (6 %), Oman (4,8 %), le Koweït (4,1 %), soit au total plus de 550 000 tonnes.  La Russie, où elle a bénéficié d’un embargo sur les produits européens et turcs. L’Egypte y a écoulé plus de 300 000 tonnes en 2016, soit 20,7 % de ses exportations.  L’Europe dont elle est le second fournisseur extra-européen : les Pays Bas (7,3 % de ses exportations), le Royaume Unis (5,2 %), soit au total près de 183 000 tonnes, auxquelles s’ajoutent des exportations vers l’Espagne et la Belgique. Sur le marché européen l’Egypte bénéficie d’un quota d’exportation de 60 000 tonnes à droit nul mais soumis à un prix minimum à l’entrée. Au-delà du quota les droits de douane sont diminués de 60 %. Les exportations de clémentines et mandarines sont exemptées de droits de douane et sans prix minimum à l’entrée.  L’Asie, où elleest leader aussi :l’Inde(3, 9% de ses exportations),le Bangladesh (3,75 %), la Chine (2,3 %), la Malaisie, Hong Kong… Source :Gain report, Egypt, Citrus annual,18/12/2017
  • 26. 26 Source :Gain report, Egypt, Citrus annual,18/12/2017 LEMAROC Lors de la campagne 2015/16 le Maroc a produit 922 000 tonnes d’oranges (notamment des variétés Maroc late et Navel). La production marocaine a bénéficié d’une modernisation basée sur l’amélioration variétale, un rajeunissement des vergers et le passage à l’irrigation localisée. Les rendements ont ainsi progressé de 17 à 24t/ha durant les 15 dernières années9. Durant cette campagne le Maroc a exporté près de 130 000 tonnes d’oranges essentiellement vers :  L’Europe (près de 72 000 tonnes, soit 55 % des exportations marocaines), notamment vers les Pays-Bas (47 000 tonnes), la Suède (19 000 tonnes) et la France (6 900 tonnes). Sur le marché européen le Maroc bénéficie d’un quota d’exportation de 350 000 tonnes à droit nul pour les oranges et de 150 000 tonnes à droit nul pour les mandarines et clémentines, au de-là de ces quotas les droits de douane sont réduits de 80 % ;  La Russie(14 700 tonnes, soit11 % des exportations en 2014/15 (contre 20% des exportations en 2013/14) ;  L’Afrique, avec le Sénégal (11 750 tonnes), la Mauritanie(9605 tonnes) et le Mali (2455 tonnes), qui représentent 13 % des exportations marocaines d’oranges en 2014/15,soitune progression de plus de 200 % en trois campagnes Soulignons que les exportations marocaines d’oranges ont décru de 400 000 tonnes au début des années 1990 à 130 000 tonnes aujourd’hui. Ce recul s’explique par une forte demande sur le marché local plus rémunérateur que l’exportation et par un recentrage vers les exportations de petits fruits (clémentines notamment), dont les exportations ont progressé de 200 000 tonnes à 350 000 tonnes sur la même période. Le Maroc a ainsi exporté plus de 139 000 tonnes de petits agrumes vers la Russie durant la campagne 2015/16. 9 : Ministèrede l’Agricultureet de la Pêche Maritime, Note stratégiquen°94, Note de veillesecteur agrumicole, novembre 2013
  • 27. 27 Source :USDAGain report, Morocco, Citrus semi-annual,15/06/2016 Une fédération Interprofessionnelle Marocaine des Agrumes (Maroc Citrus) a été créée en 2009. Elle regroupe 5 organisations professionnelles représentant l’ensemble des maillons de la filière agrumicole à savoir :  L’Association Marocaine des Producteurs de Plants d’Agrumes Certifiés (AMAPAC).  L’Association des Producteurs d’Agrumes du Maroc (ASPAM).  L’Association des Conditionneurs d’Agrumes du Maroc (ASCAM).  L’Association Marocaine des Industries de Transformation des Agrumes (AMITAG).  L’Association Marocaine des Exportateurs d’Agrumes (Citrus Export). Maroc Citrus10 a pour missions, conformément à ses statuts, de :  Contribuer à l’organisation, au développement et à l’intégration de la filière agrumicole ;  Favoriser la concertation etla coordination entre les opérateurs intervenant à tous les maillonsde la filière ;  Représenter ses adhérents et défendre leurs intérêts auprès des pouvoirs publics ;  Etudier les principales questions d’ordre technique, économique, commercial, financier, fiscal et social.  Contribuer au développement des exportations d’agrumes, à l’amélioration de la compétitivité des produits agrumicoles au niveau des marchés extérieurs et à la diversification des débouchés ;  Diffuser aux professionnels concernés les informations relatives aux différentes composantes de la filière et aux perspectives de leur évolution ;  Contribuer au règlement à l’amiable des différends entre les professionnels du secteur. 10 : http://maroc-citrus.com/
  • 28. 28 LA TURQUIE La Turquie est un très grand producteur d’agrumes avec une production estimée à près de 3,9 millions de tonnes lors de la campagne 2015/16, dont 1,85 millions de tonnes d’oranges (principalement des Washington), 1,06 million de tonnes de mandarines et clémentines et 672 000 tonnes de citrons. La Turquie est aussi devenue un grand pays exportateur d’agrumes et en particulier de citrons qui ont damé la place aux oranges moins rémunératrices. Lors de la campagne 2016/17 la Turquie a exporté 1,3 million de tonnes d’agrumes pour une valeur de 669 millions de dollars, dont 256 000 tonnes d’orange. Source :Citrus export report, Turkischcitrus promotiongroup, 06/02/2017 Les principaux marchés d’exportations pour la Turquiesont :  La Russiequi absorbe38 % des exportations turques d’agrumes, avec 498 265 tonnes exportées en 2016/2017,  L’Irak : 283 356 tonnes (23 %),  L’Ukraine : 142 872 tonnes (11 %),  L’Arabie Saoudite : 70 943 tonnes (5 %),  L’Union européenne, et notamment : la Roumanie, la Pologne, la Bulgarie, l’Allemagne et les Pays Bas, qui représentent, avec 130 000 tonnes, soit près de 10 % des exportations turques d’agrumes. Sur le marché européen la Turquie bénéficie d’une réduction de droits de douane de 60 % pour les oranges et de 50 % pour les clémentines et mandarines sans limite de quantité, mais les exportations sont soumises à un prix de référence.
  • 29. 29 Source :Citrus export report, Turkischcitrus promotiongroup, 06/02/2017 Concernant les oranges,les principaux marchés sont :  l’Irak qui représente 59 % des oranges exportées par la Turquieen 2015/16,avec près de 130 000 tonnes écoulées,  l’Ukraine: 24 000 tonnes (11 %),  la Russie:10 490 tonnes (5 %) Source :USDAGain report, Turkey, Citrus annual,15/12/2016 La Turquie bénéficie d’un niveau de productivité élevé (27t/ha pour les oranges) et de prix bas lui permettant d‘exporter notamment vers le Moyen Orient, la Russie et l’Ukraine. Les producteurs d’agrumes bénéficient par ailleurs de soutiens via un Fond de stabilisation des prix. Par ailleurs, la Turquie a développé un outil industriel conséquent et performant (130 unités de productions) lui permettant de transformer chaque année plus de un million de tonnes d’agrumes.
  • 30. 30 Le « turkish promotion group » a été créé en 2007 pour promouvoir à la fois la consommation locale d’agrumes mais aussi ses exportations en optimisantl’utilisation des techniques de marketing adéquates11. ELEMENTS DESYNTHESESUR LES MARCHES D’IMPORTATIONS Le tableau suivant issu de la Note de veille du secteur agrumicole du Ministère marocain de l’agriculture (novembre 2013) apporte quelques éléments de synthèse sur les principaux marchés d’exportation pour les oranges. Si les données datent de 2012, elles offrent des éléments intéressants quant aux potentialités des marchés d’exportations, notamment vers l’Arabie Saoudite et la Russie. D’autres marchés sont aussi à explorés notamment au Moyen Orient et en Afrique de l’Ouest et du Centre (cf. le Maroc). Source :Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime, Note stratégique n°94, Note de veille secteur agrumicole, novembre 2013 11 : http://www.turkishcitrus.com
  • 31. 31 3. ANALYSE SWOT 3.1. Les atouts La Tunisiedisposedes conditions climatiques favorables à la production d’agrumes.C’est le seul fournisseur de Maltaises,« la reinedes oranges », dont la qualitéest recherchée notamment sur le marché européen. Elle bénéficie d’un accès préférentiel au marché européen, le premier marché mondial pour les agrumes. Le secteur agrume a fait l’objet d’une stratégie nationale visant à accroître la productivité des plantations existantes, et à augmenter le potentiel productif, qui même si elle est se met en place lentement montre ses premiers effets. La filièreest organiséeet bénéficiede l’existence d’une interprofession GIFruit. A travers le CEPEX, la Tunisieoffreun appui aux exportations d’orange, via une aide au fret et subventionne des programmes de promotion qui devraient être probablement encore plus développé. 3.2. Les faiblesses Les principales faiblesses mentionnées dans l’étude 2005 sont :  La petite taille d’une grande partie des exploitations et leur morcellement continu qui rend difficile la diffusion des pratiques culturales et l’encadrement des producteurs ;  La vieillesse de nombreux vergers non productifs, notamment pour les maltaises et le rythme de renouvellement des plantations en-deçà des objectifs ;  La faible maîtrise, dans de nombreuses exploitations, des techniques culturales (un matériel goutte à goutte souvent inadapté, une taille pas pratiquée tous les ans, des apports de fumier irréguliers, une fertilisation minérale déséquilibrée des traitements phytosanitaires inadaptés ou excessifs…);  La faiblesse des innovations issues de la recherche transférables au niveau des agriculteurs et la vulgarisation déficiente par manque d’agents spécialisés et de moyens d'intervention ;  La difficulté, pour les petites exploitations, d’accéder aux intrants et au crédit ;  L’absence d’industrie de transformation ;  L’absence de normes de qualité sur le marché intérieur et la vente des produits non-triés qui ne favorisent pas l’amélioration de la qualité des produits mis en marché ;  La fixation d’une marge officielle chez les détaillants qui favorise la vente en vrac via les circuits non règlementés qui ne contribue pas là non plus à améliorer la qualité des produits ;  La faible organisation de la profession. Ces faiblesses expliquent des rendements relativement faibles et la mise en marché de produits de qualité moyenne, de calibres très inégaux et de petits calibres. Du côté de l’exportation il est souligné :  Un calibre des fruits livrés par le producteur souvent trop petit, entraînant un écart de triage important et une faible valorisation des produits exportés ;
  • 32. 32  Un label "Maltaise de Tunisie" peu mis en évidence par rapport à la marque de l'exportateur et le manque d’actions de promotion ;  Des frais d'approches et des coûts de transport considérés comme élevés par les exportateurs ;  Des prix élevés sur le marché local, notamment pour les autres agrumes que la maltaise qui rend l’exportation peu attrayante ;  Le nombre élevé d'exportateurs, avec parfois des quantités très faibles ne permettant pas de fidéliser une clientèle et d'affirmer une marque ;  Une concentration quasi-exclusive sur la Maltaise et sur le marché français ;  D’après les exportateurs, une absence de définition claire de la qualité demandée par les clients et de contrats préalables établis entre eux et les exportateurs ;  La faible concertation entre opérateur lors de la campagne d’exportation ;  Une méconnaissance des autres marchés potentiels à l’exportation ;  La faiblesse relative des actions de promotion à l’exportation. Pour toute ces raisons la Tunisie n’arrive pas à valoriser les quotas d’importation à droits nul auxquels elle a accès sur le marché européen pour les oranges, ni l’ouverture totale de ce marché pour les autres agrumes. De plus les produits exportés sont mal valorisés du fait de leur qualité moyenne et de leur petit calibre. 3.3. Les opportunités Il existe une stratégie nationale de développement de la filière agrume qui, si elle est mise en œuvre, peut relancer le secteur et permettre un développement des exportations. Les appuis notamment en matière de qualité sont primordiaux pour l’avenir de la filière et le développement des exportations. Un existe un label Maltaise et des travaux ont déjà été engagés pour créer une appellation d’origine ou une IGP. Une IGP ou une AOC permettrait une promotion plus activeet une meilleure valorisation à l’exportation. Il est ici probablement possible de mobiliser les appuis du Projet d'accès aux marchés des produits Agroalimentaires et de Terroir (PAMPAT) de l’ONUDI qui contribue, en plus des appuis à quelques filières, à assurer la conformité des produits aux exigences des labels de qualité récemment introduits, afin de les positionner sur des marchés de niche et permettre aux producteurs d'obtenir des prix et des revenus plus élevés. En améliorant la qualité des produits exportés et le calibre de ces produits, la marge de progression de la rentabilité des produits exportés notamment sur le marché européen est forte. Des marchés proches et en forte croissance existent et doivent être prospectés (Moyen Orient, Afrique) afin de permettre à la Tunisie de diversifier ses destinations et peut-être aussi les produits exportés. Il existe déjà une stratégie de promotion qui a été renforcée par le CEPEX pour faire face à la crise de surproduction de la campagne 2016/17. La hausse de la demande locale, si elle impacte les prix et donc la rentabilité des exportations, devrait permettre à terme de consolider la filière agrume tunisienne, notamment si elle est couplée avec un
  • 33. 33 développement de la transformation locale. Une telle consolidation doit permettre un renforcement de l’organisation de la filière à ses différents maillons et une amélioration de la qualité des produits proposés. La dépréciation de dinar est source de compétitivité à l’exportation mais a aussi pour effet de renchérir les intrants importés et le coût de l’énergie. 3.4. Les menaces Les principales menaces pour le secteur sont les suivantes : La production La principale menace concerne ici les effets potentiels du changement climatique, avec comme corollaire l’accès et le coût de l’eau pour l’irrigation. Le coût peut être prohibitif et entraîner une concurrence accrue d’autres cultures qui valorisent mieux l’eau comme la pêche ou le raisin. La commercialisation Du faitd’une ouverture accruedes marchés, via les accords bilatéraux ou multilatéraux (OMC),la concurrence sur les marchés d’exportation est toujours plus rude. Ainsi,les principaux concurrents sur lemarchéeuropéen (Maroc, Turquie, Egypte) bénéficient également d’un accès privilégiéaussi ou un peu moins favorable dans la cadred’accord de partenariat. Il seraitnécessairedevérifier si ces pays bénéficientd’avantages préférentiels sur d’autres marchés potentiels (notamment le Moyen Orient, la Russieou encore les pays africains). De plus, quid d’une concurrence potentielle des oranges espagnoles en cas d’ouverture du marché tunisien dans le cadre de l’ALECA ? Au de-là des protections tarifaires, on assiste à une multiplication des normes sanitaires et techniques (emballages,étiquetage, traçabilité….) qui implique une mise à niveau de l’ensemble des filières d’exportation, du champ jusqu’au marché final. Aux normes « officielles obligatoires » s’ajoutent des normes privées facultatives développées notamment par la grande distribution de type EurepGap ou GlobalGap qui sont des contraintes supplémentaires très fortes à l’entrée sur ces marchés. L’évolution des cours du pétrole et du fret peuvent aussi à terme être un facteur limitantpour les exportations tunisiennes comme de ses concurrents,réduisantla distanced’exportation rentable.
  • 34. 34 4. LES THEMATIQUES A DEVELOPPER Ces thématiques sontcelles que l’on choisira collectivement de creuser dans la poursuite de ce travail.C’estsur ces thématiques qu’une expertise externe pourra être mobilisée. Il s’agit pour l’instant d’une première proposition pour ouvrir la discussion. La liste n’est pas exhaustive et peut tout à fait être modifiée. Le but de l’exercice ici est de préciser les éléments qu’il nous semble important à développer dans l a ou les thématiques choisies, afin de pouvoir élaborer des termes de références pour les expertises complémentaires. 4.1. Compétitivité prix et non-prix des agrumes tunisiens Etant donné le manque de données concernant la compétitivité des produits tunisiens , et en particulier de données récentes relatives au coût de production et de commercialisation, il semble important de mener une expertise complémentaire visant à :  préciser les différentes composantes des coûts de production et de commercialisation pour les oranges tunisiennes (maltaise et éventuellement navel) ;  évaluer également les éléments non-prix (rendement, qualité,régularitéde l’offre, organisation dela filière, gamme de produits proposés, soutiens aux exportations, actions de promotion mises en place…), de la compétitivité des oranges tunisienne ;  comparer ses résultats avec les principaux concurrents sur le marché européen (Espagne, Maroc, Egypte, Turquie, Israël) ;  et finalement à préciser les éléments de compétitivité ou de non-compétitivité devant faire en priorité l’objet d’appuis spécifiques. 4.2. Quid d’une libéralisation accrue dans le cadre de l’ALECA ? Dans le cadre des négociations ALECA, se négocie une ouverture accrue de son marché aux produits agricoles tunisiens,or la Tunisieaujourd’hui neremplit pas les quotas à droit nul qui lui sont accordés . Pourrait aussi se négocier une ouverture du marché tunisien aux agrumes européens. Il s’agira ici :  d’analyser les raisons de la difficulté pour la Tunisie à remplir son quota d’exportation vers l’Union européennes (régularité de l’offre, compétitivité des produits, gamme de produits proposés, qualité des produits,respect des normes, soutien et promotion à l’exportation, organisation de la filière…) ;  d’analyser pourquoi les exportations tunisiennes sont concentrées sur le marché européen et si les autres marchés lui sont « fermés » ;  d’évaluer l’effet potentiel d’une ouverture accrue du marché européen sur les exportations tunisiennes tout en tenant compte des concurrents en particulier tiers-méditerranéens ;  dévaluer l’effet potentiel d’une ouverture du marché tunisien aux agrumes européens ;  d’identifier les mesures à mettre en œuvre pour mieux valoriser cet accès privilégié.
  • 35. 35 4.3. Quelles autres opportunités pour les agrumes tunisiens en dehors du marché européen et quelles contraintes dépasser Il s’agit ici de réfléchir à une meilleure valorisation et un meilleur positionnement des agrumes tunisiens, en travaillant en priorité sur :  Les autres marchés à l’exportation (notamment Moyen Orient, Afrique, Russie…) : pertinence des marchés, quels produits exportés, quelles contraintes, quels concurrents, quelle politique de promotion… ? Deux autres thèmes pourraient aussi être creusés, en fonction du temps disponible :  Le marché intérieur en frais (organisation de la filière, organisation du marché, amélioration de la qualité, promotion des produits localement…)  La transformation des agrumes sur place : rentabilité d’une filière transformation, contraintes à dépasser (régularité de l’offre, problèmes d’approvisionnement, qualité, variétés…).
  • 36. 36 5. BIBLIOGRAPHIE COE-REXECODE, Indicateurs decompétitivité- prix et de performances à l’exportation,décembre 2009 COMEXT :http://epp.eurostat.ec.europa.eu/newxtweb/ DGEDA, Revue du secteur agricole,Sous-filières agrumes,décembre 2005 GIFruit: http://gifruits.com Laure Lattruffe, Compétitivité, productivitéet efficacitédans les secteurs agricoleet agroalimentaire,OCDE, 2010 Maroc Citrus : http://maroc-citrus.com/ Ministèrede l’Agricultureet de la Pêche Maritime, Note stratégique n°94, Note de veillesecteur agrumicole, novembre 2013 ONAGRI : http://www.onagri.nat.tn/indicateurs?id=6 Réseau des nouvelles des marchés,France Agrimer : https://www.rnm.franceagrimer.fr/ Tradmap : http://www.trademap.org/Index.aspx Turkish Citrus :http://www.turkishcitrus.com USDAGain report, Egypt, Citrus annual,18/12/2017 USDAGain report, Morocco, Citrus semi-annual,15/06/2016 USDAGain report, Turkey, Citrus annual,15/12/2016 USDA, Citrus export report, Turkisch citrus promotiongroup, 06/02/2017 USDA, Gain report, EU-28, Citrus annual 2016,07/12/2016 Zekri S., Laajimi A. : Les relations commerciales entre la Tunisie et l'UE : Impact de l'institution de la zone de libre-échange sur la demande d'importation et l'offre d'exportation des dattes , des agrumes et de l'huile d'olive, CIHEAM, Cahiers d’option méditerranéenne n°57, 2001.