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N° 141Mars 2019
Taïwan, coeur de l’Asie
Edition spéciale : voyage des étudiants
du Mastère Spécialisé ©
OSE
Mensuel sur l’énergie et l’environnement
infose@mastere-ose.fr
TELEPHONE
04 97 15 70 73
ADRESSE
Centre de
Mathématiques
Appliquées
Mines Paristech
Rue Claude Daunesse
CS 10 207
06904 Sophia Antipolis
Toute reproduction, représentation, traduc-
tionouadaptation,qu’ellesoitintégraleoupar-
tielle, quel qu’en soit le procédé, le support ou
le média, est strictement interdite sans l’auto-
risation des auteurs sauf cas prévus par l’article
L. 122-5 du code de la propriété intellectuelle.
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
2
Coordinatrice - Catherine Auguet-Chadaj
Maquettiste - Lucas Desport
Photos - Etudiants MS OSE
SOMMAIRECONTACTS
03 - Édito
04 - État de l’art de l’énergie à Taïwan
07 - Visite de Taïwan TechArena
13 - Visite de Taipower
16 - L’Université Nationale Centrale
20 - Focus sur la régulation, la prospective et les nou-
velles technologies à l’ITRI
24 - Conférences à l’Université Nationale de Cheng Kung
28 - Le campus An-Nan de NCKU
32 - Visite d’une centrale solaire flottante avec Ciel&Terre
34 - Le barrage de Wushantou
36 - Tsing Hua University
38 - La cimenterie et la centrale charbon de HoPing
44 - Contacts et remerciements
46 - Partenaires
Page de garde : tour Taipei 101
C
omme chaque année, les élèves du Mastère Spécialisé OSE ont eu la
chance de réaliser un voyage d’études d’une semaine début mars. Cette
année, c’est l’île de Taïwan qui a été choisie pour une étude approfondie
de son système énergétique. La situation énergétique de Taïwan est partic-
ulièrement intéressante, de par le caractère insulaire du pays, ses relations
géopolitiques complexes avec son plus proche voisin, la Chine, et de fortes
contraintes naturelles. Pendant les 8 jours passés sur place, les élèves ont pu
visiter de nombreuses installations autour du thème de l’énergie, et assister à
des présentations de qualité.
Dans ce numéro spécial voyage de l’Inf ’OSE, nous vous proposons un aperçu des lieux que nous avons
eu le privilège de visiter au cours de cette semaine riche en découvertes. Vous trouverez également dans
ce numéro une synthèse des idées que nous avons eu l’occasion de présenter lors de conférences dans
deux grandes universités du pays, National Central University (NCU) et National Cheng Kung University
(NCKU), autour de la thématique majeure traitée par la promotion de cette année : les vecteurs éner-
gétiques pour une mobilité durable. Si cette problématique vous intéresse, vous pourrez en retrouver
une analyse plus approfondie dans un livre écrit par les élèves du mastère OSE et qui devrait être édité
fin 2019, et à l’occasion d’un colloque consacré à ce sujet à Sophia-Antipolis le 26 septembre prochain.
Nous souhaitons tout d’abord remercier l’ensemble des personnes sans qui ce voyage n’aurait pas été
possible. Tout d’abord, un grand merci aux universitaires et industriels qui nous ont accueillis et ont
pris le temps de nous présenter leurs activités, nous ont fait découvrir leurs installations et ont échangé
avec nous sur des sujets aussi bien techniques qu’économiques. Merci à la NCU et la NCKU pour la
qualité de l’auditoire et des débats lors des conférences. Merci à Taipower, à l’Industrial Technology
Research Institute (ITRI), Ciel et Terre, Wusanto Reservoir, Taïwan Cement Corporation et Ho-Ping Power
Company, pour les visites passionnantes qu’ils nous ont réservées. Merci à Taïwan Tech Arena de nous
avoir reçus, ainsi qu’à EDF, Ubiik et UnaBiz pour leurs présentations captivantes. Un grand merci égale-
ment au Bureau Français de Taipei et à UBIK, grâce à qui ce voyage fut aussi riche que diversifié.
Enfin, nous remercions chaleureusement Gilles Guerassimoff, responsable du MS OSE, ainsi que toute
l’équipe du Centre de Mathématiques Appliquées, d’avoir organisé avec brio cet exceptionnel voyage
d’études.
Nous vous laissons dès à présent découvrir la richesse du système énergétique taïwanais en parcou-
rant avec nous les différentes étapes de ce voyage pour le moins dépaysant. Bonne lecture !
Dorine JUBERTIE
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
3EDITO
Taïwan est avant tout une
petite île (36 000 km²), avec
seulement 30% de sur faces
constructibles, le reste étant
des montagnes. Du fait de
cette topographie par ticu-
lière, le pays possède peu
de ressources naturelles et
doit impor ter jusqu’à 98%
de son énergie. On y importe
principalement du charbon
(Australie, Russie, Indonésie)
et du gaz sous forme de Gaz
Naturel Liquéfié (Indonésie,
Arabie Saoudite, Etats-Unis).
Enfin, même si elle a été
envisagée, une interconnex-
ion avec la Chine reste impos-
sible étant donné les relations
diplomatiques compliquées
entre les deux pays.
PAYSAGE ÉNERGÉTIQUE ACTUEL
Mix énergétique actuel de l’Ile
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
4 L’ÉNERGIE À TAÏWAN
ÉTAT DE L’ART DE L’ÉNERGIE À TAÏWAN
SPÉCIFICITÉS GÉOGRAPHIQUES AU CŒUR DE SA STRATÉGIE ÉNERGÉTIQUE
Si Taïwan est « le cœur de l’Asie » par son attractivité touristique et son fort développe-
ment dans les hautes technologiques, sa situation énergétique est délicate. Contrainte
par sa géographie, contrainte par des enjeux de transitions énergétiques et de qualité de
l’air, l’île fait face à de nombreux défis que le gouvernement a décidé de prendre à bras le
corps à travers une politique ambitieuse qui passe par un fort développement des énergies
renouvelables et une sortie radicale du nucléaire.
Quand on regarde le paysage
énergétique taïwanais, il faut
prendre en compte son climat
tropical, caractérisé par un été
chaud et humide, une saison
des pluies commençant en
avril, et un hiver doux et un peu
moins humide. De fait, la con-
sommation de gaz est faible,
et c’est la pompe à chaleur qui
servira de chauffage si besoin.
La consommation en électric-
ité est donc impor tante. Il
faut répondre à une demande
sans cesse croissante, qui a
atteint 233 TWh en 2018, soit
+2 T Wh par rapport à 2017.
En moyenne, chaque habitant
consomme 10 MWh par an.
Par ailleurs, la consommation
est particulièrement élevée
dans le nord du pays, où la
concentration de population
est plus élevée et où l’industrie
est la plus active. L’électricité
est produite majoritairement
par le charbon et le gaz (66%
du mix énergétique), ainsi que
par du nucléaire et des éner-
gies renouvelables en timide
croissance.
OBJECTIFS 2025
Le gouvernement taïwanais
a posé des objectifs simples
et ambitieux pour 2025 dans
un contex te de transition
énergétique. Ils se caractéri-
sent par une sortie radicale
du nucléaire (0 % du mix)
en faveur du gaz et des ENR,
ainsi que d’une réduction
de la production d’énergie
à p a r t i r d e c h a r b o n . O n
retrouve ci-dessous le mix
visé pour 2025.
Cet objectif apporte de nou-
v e a u x c h a l l e n g e s a u q u e l
les taïwanais devront faire
face. D’une part, la place du
charbon reste impor tante
(jusqu’à 30%), ce qui est inco-
hérent avec l’urgence des pro-
blèmes environnementaux.
Ensuite, l’augmentation de
la production d’électricité à
partir de gaz nécessite la con-
struc tion d’infrastruc tures
portuaires coûteuses, afin de
permettre son importation.
Enfin, la croissance atten-
due du renouvelable con-
siste à passer de 5% du mix
à 20%… Ceci sera permis
grâce à de fort Feed-In Tariffs
(mécanismes économiques
d’incitation aux renouvel-
ables) ainsi qu’un fort poten-
tiel éolien Offshore (5,5  GW
sur la côte ouest, 5e gise-
m e nt m o n d i a l ) . To u te fo i s
cette intégration massive des
ENR suscite des problèmes de
stabilité du réseau, avec une
augmentation du risque de
blackout !
Objectif du mix énergétique de l’Ile en 2025
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
5L’ENERGIE A TAÏWAN
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
6 L’ÉNERGIE À TAÏWAN
En définitive, l’île de Taïwan
doit certes faire face à des
défis énergétiques aux orig-
ines à la fois géographiques,
géopolitiques, et de transition
énergétique. Mais les objectifs
de 2025 pourront être menés à
bien si les aides aux renouvel-
ables sont suffisantes et si les
enjeux de stabilité du réseau
sont résolus.
Antoine Jourdain de Muizon
CONCLUSION
ZOOM PLACE DU NUCLÉAIRE
Le nucléaire tient une place importante du fait de sa stabilité. L’énergie produite est
presque parfaitement contrôlable, même s’il faut du temps pour démarrer ou arrêter
un réacteur. Dans un pays insulaire comme Taïwan, cette stabilité est vitale. Ainsi en
août 2017, Taïwan faisait face au plus grand blackout de son histoire, et ceci était dû
à l’arrêt d’un réacteur, ce qui témoigne de l’importance de cette énergie pour assurer
la demande. Toutefois la petite taille de l’île ne permet pas l’établissement d’une zone
de stockage des déchets, qui sont donc stockés in situ, ce qui pose des problèmes de
sécurité. C’est principalement pour cette raison que le gouvernement a décrété l’arrêt
complet de la production nucléaire d’ici 2025. En revanche, les points de vue des deux
principaux partis politiques sur le nucléaire laissent présager une évolution possible
de l’objectif 0%. La question reste donc ouverte.
Sources : d’après Martin TZOU, EDF – Taïwan Market Director,
et Prof. Tsung-Kuang YEH, NTHU University, Hsinchu
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
7JOUR 1
Visite de Taïwan TechArena
ACCUEIL DU BUREAU FRANÇAIS DE TAIPEI (BFT)
Le lundi 4 mars, les élèves du mastère ont été accueillis par le Bureau Français de Taipei ainsi
que deux start-ups à la Taïwan TechArena.
L e s é l è v e s d u M a s t è r e
Spécialisé en Optimisation
des Systèmes Energétiques
en déplacement à Taïwan
ont pu échanger avec M.
B e n o î t G u i d é e, D i re c te u r
d u B u r e a u f r a n ç a i s d e
Ta i p e i , l e l u n d i 4 m a r s
2019 au Taipei TechArena.
M. Guidée nous a proposé
u n e p r é s e n t a t i o n é t a y é e
d e l ’ h i s t o i r e d e l ’ î l e .
Taïwan est une des écono-
mies les plus développées
d’Asie. L’île est en effet la
21ème économie mondiale
avec environ 600 milliards de
$ de PIB, soit la 6ème écono-
mie d’Asie, devant Singapour
ou la Thaïlande. Et malgré ses
25 000 $ de PIB par habitant,
en ramenant ce chiffre en
termes de parité de pouvoir
d’achat, les Taïwanais sont
au-dessus de la France. C’est
donc le signe d’une écono-
mie très développée avec des
marques exportatrices high-
tech comme HTC, Asus, Acer
; mais le cœur de l’économie
Taïwanaise repose sur des
g é a n t s d e l ’é l e c t r o n i q u e
a u cœ u r d e s c h a î n e s d e
valeur asiatiques, souvent
méconnues du grand public
Foxconn, Quanta, Pegatron
puisqu’ils opèrent principale-
ment sous marque blanche.
P o l i t i q u e m e n t p a r l a n t ,
Taïwan est une démocra-
t i e d e s p l u s d y n a m i q u e s
d ’A s i e m a l g ré s o n j e u n e
âge puisque la loi martiale
a perduré jusqu’en 1987. La
première élection présiden-
tielle au suffrage universel a
eu lieu en 1996, la première
alternance politique en 2000.
A u j o u r d ’ h u i , c ’e s t u n e
démocratie complète avec
des alternances régulières,
une société civile très forte,
u n e l i b e r té d e l a p re s s e
plus grande qu’au Japon ou
en Corée du Sud selon le
classement RSF. C’est pour
cela, par exemple, que l’ONG
Reporter Sans Frontières a
même décidé d’ouvrir son
bureau asiatique à Taipei.
On a 2 grands par tis de
gouvernement qui alternent
avec d’un côté le Kouo-Min-
Tang, plutôt conser vateur,
issu de l’ancien régime dicta-
torial qui est devenu un parti
démocratique, et le Par ti
Démocrate Progressiste (DPP),
plutôt de centre gauche.
Le principal clivage entre
ces deux par tis est autour
d e l a q u e s t i o n d e s re l a -
tions et du rapport avec la
Chine : le Kouo -M in-Tang
qui affirme que Taïwan fait
partie intégrante de la Chine
Benoît Guidée, Directeur du
Bureau Français de Taipei
© Y. LAHMA
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
8 JOUR 1
alors que le parti démocrate
progressiste, aujourd’hui au
pouvoir, affirme le contraire.
Historiquement, Taïwan est
jusqu’au 17ème siècle une île
occupée par des populations
abor igènes, assez proches
de celles qu’on peut trouver
dans l’océan pacifique, comme
les mélanésiens de Nouvelle-
Calédonie. C’est donc une île
à l’écart des grands flux asi-
atiques. Les grandes puis-
sances de l’époque se sont
d’abord intéressées à Taïwan
comme possible relai pour le
commerce international. Les
premiers arrivés ne sont pas
les chinois mais les hollandais
et les espagnols, mais qui très
rapidement laissent la place
aux Chinois. La domination
chinoise va perdurer pendant 2
siècles. L’immigration chinoise
est principalement issue de la
province du Fujian. Cependant,
l ’î l e re s t e re l a t i ve m e n t à
l’écart de la Chine, que cette
dernière considère comme un
front pionnier assez reculé.
C’est en 1895 que les choses
changent, quand le Japon,
gagne la guerre contre la
Chine, il récupère Taïwan. Il
va se passer 50 ans pendant
lesquels Taïwan devient une
colonie du Japon et est alors
coupée de la Chine. Cette col-
onisation apporte avec elle
une vague de modernisation,
qui va faire de Taïwan un ter-
ritoire assez avancé sur le plan
industriel et économique. En
1945, quand le Japon perd
la guerre, Taïwan revient à
la Chine. Toutefois, au terme
de la guerre civile en Chine,
le gouvernement nationaliste
chinois de Tchang Kaï Check
vaincu par les communistes, se
réfugie à Taïwan. Il se considère
comme le vrai représentant de
la Chine fasse aux « rebelles
communistes ». Les pays occi-
dentaux vont dans un premier
temps continuer à le recon-
naitre comme le représentant
officiel de la Chine ( Taïwan
siégera d’ailleurs au conseil
de sécurité de l’ONU jusqu’en
1971). La France du Général De
Gaulle reconnaitra dès 1964 la
République Populaire de Chine,
conduisant à une rupture des
relations avec Taipei. Il ne lui
reste plus que 18 alliés diplo-
matiques comme le Honduras
ou la République Dominicaine.
Finalement, c’est la démocra-
tisation de Taïwan qui pousse
u n e p a r t i e d e s a p o p u l a -
tion à développer un senti-
ment nationaliste. C’est cela
qu’incarne l’arrivée au pouvoir
en 2000 du DPP. Le Kouo -
M in-Tang revient pour tant
au pouvoir en 2008 avec une
politique de rapprochement
a v e c l a C h i n e , a v a n t d e
laisser à nouveau la gouver-
nance du pays au DPP en 2016.
Cela crée de vives tensions avec
la Chine. C’est aujourd’hui le
statu quo qui domine. La Chine
refuse le dialogue avec Taïwan
et maintient une pression poli-
tique et parfois économique.
Du fait de cette pression, il
est notamment difficile pour
Taïwan de signer des accords
de libre-échange avec d’autres
partenaires. Taïwan se définit
parfois comme « orphelin de la
communauté internationale ».
La France, comme tous les
Etats européens, n’a pas de
relations diplomatiques avec
Taïwance qui n’empêche pas
de développer des relations
concrètes avec Taïwan autour
de 4 grandes thématiques :
•	 U n e c o m m u n a u t é
d e v a l e u r s d é m o c r a t i q u e s
e t d e d r o i t d e l ’ h o m m e
Taïwan montre que la culture
chinoise est tout à fait compat-
ible avec les valeurs démocra-
t i q u e s. Ta ï w a n f a i t f i g u re
d’avant-garde sur les ques-
tions de droits de l’homme
puisqu’il est le premier terri-
toire à adopter le mariage pour
tous en Asie (prévu pour mai
2019). C’est aussi dans cette
île que la place de la femme
dans la société est la plus
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
9JOUR 1
importante avec pour preuve
une femme non héritière poli-
tique qui dirige actuellement
le pays à savoir Tsai Ing-wen.
•	 L’innovation car Taïwan
est fondée sur une industrie
à la fois très puissante mais
qui a dans le même temps du
mal à passer à une nouvelle
phase. L’île a raté le tournant
internet et est majoritaire -
ment resté dans le hardware
et le domaine du semi-con-
ducteur. Taïwan penne pour-
tant à innover. Elle a des possi-
bilités évidentes de partenar-
iats d’innovation « win-win »
avec l’Europe et notamment
l a Fr a n c e. Ce t t e d e r n i è re
t r o u v e i c i u n p a r t e n a i r e
économique fiable puisque il
y a un respect de la propriété
intellectuelle, un Etat de droit
qui fonctionne et des pra-
tiques commerciales fiables.
•	 L’environnement et le
climat : Taïwan fait face à de
nombreux problèmes envi-
ronnementaux, notamment
de par son mix énergétique.
Le gouvernement actuel mène
une ambitieuse politique de
t ra n s i t i o n é n e rg é t i q u e e n
mettant l’accent sur les éner-
gies renouvelables ainsi que
d’une sortie rapide (mais con-
testée) du nucléaire. Cela ouvre
donc des perspectives pour la
coopération avec la France.
La culture : L’image de la France
est forte mais parfois prison-
nière de clichés. Le Bureau
Fra n ç a i s à Ta i p e i c h e rc h e
donc à renouveler cette image
grâce à l’innovation culturelle.
En conclusion, Taïwan est
impor tante pour la France
car elle représente un « hub
ré gi o n a l » e t u n « l a b o ra-
to i re » , p o u r l ’i n n ovat i o n
technologique, politique et
démocratique, énergétique. A
titre d’exemple, Taïwan est le
leader de l’éolien off-shore en
Asie. C’est là que se joueront
les choses, notamment sur les
normes, et les gagnants de
la course taïwanaise seront
bien placés dans le reste de
l’Asie. Malheureusement, les
entreprises industrielles fran-
çaises ne sont pas présents
à ce stade dans les projets
d’éolien off-shore à Taïwan
(mais nos banques sont très
présentes sur ces projets).
Eli RAKOTOMISA
Les élèves du mastère à la Taïwan TechArena © Y. LAHMA
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
10 JOUR 1
RENCONTRE AVEC EDF ET DEUX JEUNES START-UPS
Le lundi 4 mars 2019, Pascal
Vi a u d, re p ré s e nt a nt d e l a
French Tech de Taïwan, un
p ro m e t te u r i n c u b ate u r d e
star t-up, a reçu l’ensemble
d e s é t u d i a nt s d u m a s tè re
OSE. Située au cœur de la Tech
Arena de Taipei, la French Tech
(ouverte en juin 2018) a pour
objectif d’aider les start-upper
français et Taïwanais (déjà
plus de 500) de tous types à
monter des projets à Taïwan
et plus largement en Asie. Une
telle structure permet égale-
ment de donner une nou-
velle dimension à la collab-
oration économique franco-
taïwanaise dans le secteur de
l’innovation.
C’est dans ce cadre que Martin
Tzou, directeur de marchés
pour EDF à Taïwan a présenté
les activités de l’entreprise
française sur l’île. Architecte
et urbaniste, M. Tzou, est
chez EDF depuis 5 ans et met
en avant les ambitions d’EDF
quant aux possibles dével-
oppements de projets autour
du sujet de la « ville durable ».
Compte tenu du mix éner-
gétique Taïwanais fortement
carboné, le développement
des Smart Grids semble être
le levier le plus prometteur
pour décarboner le système
énergétique.
Des volontés citoyennes et
politiques visent à limiter
et fermer les centrales ther-
miques et nucléaires ainsi
qu’à développer les énergies
renouvelables sur l’île.
La désintégration ver ticale
de TaiPower, opérateur du
système électrique de Taïwan,
va dans ce sens.
EDF appor te son exper tise
s u r d e n o m b re u x s u j e t s :
mise en place de compteurs
intelligents, développement
de réseaux de froid, modé -
lisation des zones de pollu-
tion au sein des aires urba-
ines ou encore le par tage
d’expérience sur l’ouverture à
la concurrence de la produc-
tion d’électricité… Autant de
sujets que d’activités à dével-
o p p e r p o u r a c c o m p a g n e r
Taïwan vers un système élec-
trique encore plus performant.
Lors de la visite de Taïwan
Te c h A r e n a , l e s é t u d i a n t s
d u M a s t è r e O S E o n t e u
l’opportunité de faire connais-
sance avec quelques technolo-
gies disruptives grâce à Ubiik
et UnaBiz, deux start-ups qui
ont présenté leurs activités et
produits dans le domaine de
l’IoT.
Les deux jeunes entreprises
ont décidé de se lancer dans
ce domaine fortement innov-
ant : l’IoT (Internet of Things
o u e n c o r e l ’ I n t e r n e t d e s
objets) se réfère aux objets
i n t e r c o n n e c t é s d a n s u n
réseau, capables de communi-
quer en envoyant et en recev-
ant des données. Ces objets,
pouvant être des capteurs,
des feux de circulation, des
GPS, des téléphones ou tout
objet muni d ’équipements
é l e c t r o n i q u e s , c o m m u n i -
quent entre eux mais aussi
Présentation de ubiik © Y. LAHMA
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
11JOUR 1
avec des ordinateurs, créant
un lien rapide et économique
entre le monde physique et le
monde virtuel. Les réseaux sur
lesquels les objets communi-
quent se veulent peu couteux
et très peu consommateurs
d’énergie. Ces deux caracté-
ristiques sont d’autant plus
vraies pour ces deux entre -
prises qui font partie d’une
toute nouvelle industrie focal-
isée sur un réseau bas débit et
longue portée (LPWAN) con-
trairement aux réseaux 4 ou
5G.
Rencontre avec ubiik
Ubiik est une entreprise spé-
cialisée dans le domaine de
l’IoT notamment sur le mon-
itoring énergétique. La start-
up a été fondée en 2016 et
est d’ores et déjà leader du
m a rc h é d a n s l e s te c h n o l -
o g i e s L P WA N ( Lo w Po we r
Wide Area Network ou liai-
sons sans fil à faible consom-
mation d’énergie). Clément
Dieudonné, un français installé
à Taïwan et directeur de la
stratégie de l’entreprise, nous
a donné un aperçu des activ-
ités et des technologies de
cette start-up, qu’il a fondée
avec trois autres personnes.
L’entreprise est née du constat
que l’IoT, avec ses solutions
t e c h n o l o g i q u e s a c t u e l l e s ,
n’est pas encore bien adapté
aux applications industrielles.
Ainsi, au lieu d’opter pour un
réseau capable de gérer un
flux de données importants,
Ubiik a opté pour une tech-
nologie innovante en mettant
l’accent sur la durée de vie
des installations et la portée
du signal.
L’envol de cette start-up a eu
lieu suite à l’appel d’offres
d e TA I P O W E R ( l ’e nt re p r i s e
publique taïwanaise de pro-
d u c t i o n e t d e f o u r n i t u r e
d’électricité) pour le déploi-
ement des compteurs intelli-
gents au niveau national. La
start-up Ubiik a été sélection-
née dans le cadre de la pre-
mière tranche du plus gros
projet IoT de Taïwan, q u i
consiste à connecter sans fil
environ 3 millions de compt-
eurs électriques d’ici 2023.
L’atout de Ubiik réside dans le
fait que la technologie qu’elle
a développée n’est pas breve-
tée. Elle est « Open standard »,
ce qui veut dire que les spéci-
fications liées à la technolo-
gie et la recette pour implé-
menter ces spécifications sont
libres d’accès. Ainsi, malgré
son jeune âge et le marché
turbulent dans lequel Ubiik
opère, les clients sont rassu-
rés par rapport à la pérennité
de la technologie. Par rapport
aux solutions des concurrents,
s p é c i a l i s é s d a n s l e s c o u -
rants porteurs et les réseaux
maillés, la longue portée de
la technologie Ubiik néces-
site moins d’infrastruc ture
e t p a r c o n s é q u e n t m o i n s
d ’ i n v e s t i s s e m e n t s . P l u s
généralement, au niveau tech-
nologique, la différence avec
les autres solutions sur le
marché résulte du fait que la
communication avec les objets
est bidirectionnelle. Ainsi, ces
objets peuvent être contrôlés,
caractéristique très intéres-
sante sur le plan sécurité et
mise à jour des logiciels inté-
grés (firmware)
Le domaine d’application des
technologies Ubiik est égale-
ment l’industrie, qui est inté-
ressée par le monitoring et le
suivi de leurs machines dans
les centres de logistique, ou
encore par le monitoring des
complexes industriels grâce
à des capteurs fiables. Plus
intéressant encore, Ubiik a
développé une technologie
de papier électronique, utile
notamment dans des appli-
c at i o n s i n d u s t r i e l l e s p o u r
l’indication des instructions,
ou la rapidité et la fiabilité
de ce système est très attray-
ant. Une autre application
se trouve dans le domaine
de l’énergie photovoltaïque,
o ù, gr â ce à d e s c a p te u r s
c o n n e c t é s , l e m o n i t o r i n g
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
12 JOUR 1
énergétique pour la mainte-
nance peut être réalisé à dis-
tance. La technologie peut
également être implémen-
tée dans les systèmes intel-
ligents d’éclairage, les sys-
tèmes de positionnement ou
encore les stations électriques
de recharge des VE.
Un grand merci à M. Dieudonné
pour son accueil et sa présen-
tation, nous lui souhaitons
une bonne continuation dans
la connexion du reste des
70 000 compteurs intelligents
et pour la suite.
Rencontre avec UnaBiz
Toujours dans le domaine
de l’IoT et à l’instar d’Ubiik,
la start-up UnaBiz s’est spé -
cialisée dans les technologies
LPWAN. Spin-off de la société
Toulousaine Sigfox, l’aventure
UnaBiz a commencé en juillet
2 0 1 6 . E l l e e s t l e p re m i e r
opérateur historique de Sigfox
à s’être implantée en Asie avec
deux bureaux, à Singapour et
Taïwan, ou l’entreprise bénéfi-
cie d’un écosystème favorable
au développement des tech-
nologies de pointe. UnaBiz
est ainsi opérateur, fabricant
et développeur de capteurs
Sigfox, avec plus de 500 solu-
tions disponibles à travers le
monde. Activité plus récente,
Unabiiz propose des services
de consulting à des clients
tels que Safran, Engie, Airbus
et autres. La couverture du
réseau Sigfox comprend 95 %
de la population Taïwanaise
et quasiment 99 % de celle
Singapour ienne. Avec des
prix imbattables, UnaBiz s’est
imposé sur le marché en con-
cluant des accords avec des
clients de renommée mondi-
ale. Elle a ainsi levé, l’année
d e r n i è re 1 0 , 4 m i l l i o n s d e
dollars grâce à trois inves-
tisseurs : KDDI, SORACOM et
Engie.
Co n c e r n a n t s e s s o l u t i o n s
IOT, Philippe Tzou – Business
Development Manager, nous
a présenté plusieurs marchés
de UnaBiz sur le territoire
Asiatique, comme la connex-
ion des places de parking, par
exemple. Afin de rendre plus
intelligente la gestion des
places de parking, les capteurs
permettent de trouver fac-
ilement sa place de parking,
de la payer directement mais
aussi, pour le gestionnaire du
parking, de savoir quelles sont
les places les plus sollicitées,
afin d’adapter les prix en con-
séquence. Avec Airbus, Unabiz
travaille sur la connectivité
des engins aéroportuaires, qui
permet de les localiser et de
connaître la fréquence de leur
utilisation. Pour gérer la logis-
tique de sa chaîne de froid,
Carrefour utilise les capteurs
UnaBiz, qui permet de suivre
la procédure de transpor t
et les températures de con-
signe. Unabiz travaille égale-
ment sur un projet pilote de
ville intelligente, en fournis-
sant gratuitement le réseau
Sigfox à la ville de Taipei.
D’autres projets existent, par
exemple dans le monitoring
des centrales PV, la télésanté,
la gestion des parcs de vélos
libre-service.
E n f i n , d e m a n i è r e p l u s
théorique, on peut classer
ces solutions IOT en quatre
groupes : les rappor ts des
capteurs (mesures diverses),
la géolocalisation, les rap -
ports d’événements (alertes,
a l a r m e s e t d é c l e n c h e -
m e n t s ) e t l a g e s t i o n d e s
outils (actualisation, défini-
tion des paramètres). Du fait
de l’utilisation d’un réseau
LPWAN, les solutions propo-
sées sont simples, à très bas
coût, très peu énergivores et
nécessitent une maintenance
limitée.
UnaBiz a donc trouvé sa place
dans ce marché révolution-
naire. Nous remercions chal-
eureusement Philippe Tzou
pour le temps qu’il nous a
consacré ainsi que pour sa
présentation.
Ana DAVID & Lionel FABIANI
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
13JOUR 1
Lundi 5 Mars 2019, il est
14h00 quand les étudiants
du mastère OSE sont chal-
eureusement accueillis par
M. Hsu Tun Kuei, directeur du
département de la distribu-
tion au sein de Taïwan Power
Company ( TPC par la suite).
M. Tun Kuei nous a présenté le
système électrique Taïwanais,
les défis liés à la transition
énergétique et le rôle pri-
mordial des smart grids dans
cette transition. Nous vous
invitons à découvrir ces solu-
tions mises en œuvre ou pro-
jetées par TPC dans la suite de
cet article.
La TPC, connue aussi sous
l e n o m d e Ta i Po w e r, e s t
u n e e n t r e p r i s e p u b l i q u e
Taïwanaise, agissant tout au
long de la chaîne de valeur
du secteur d’électricité, de
la produc tion à la fourni-
ture des clients. Monopole
public verticalement intégré,
la TPC a été créée le 1er mai
1946 pour assurer la sécurité
d’approvisionnement en élec-
tricité pour l’île taïwanaise.
Elle détient les droits exclu-
sifs de vente d’électricité aux
particuliers à un tarif régulé
par le ministère des affaires
économiques. Les producteurs
indépendants doivent con-
clure des contrats avec TPC
pour vendre leurs électrons.
En juillet 2015, le gouver-
nement de la république de
Chine à Taïwan a approuvé
un projet de loi, proposé
par le ministère des affaires
économiques. Ce projet porte
sur la division de TPC en deux
groupes d’activités distincts
au cours des cinq à neuf pro-
chaines années : une entre-
prise de production et une
e n t r e p r i s e d e r é s e a u . E n
réponse à une question des
élèves sur la légitimité de
cette mesure, M. Tun Kuei a
répondu que l’ouver ture à
la concurrence dans l’amont
de la chaîne électrique per-
mettrait une meilleure inté -
gration des énergies renouv-
elables, car plus compatible
avec les appels d’offres.
Le système électrique taïwa-
nais est de nature insulaire ;
petit et isolé, il ne présente
aucune interconnexion avec le
pays voisin, la Chine. Malgré
l’intérêt économique et tech-
nique d’une telle interconnex-
ion pour Taïwan en général
et TPC en particulier, cette
option reste pour le moment
impensable d’un point de vue
politique. Aussi, l’électricité
consommée sur le territoire
Taïwanais doit être produite in
situ, et l’équilibre instantané
offre/demande est impéra-
tivement à satisfaire par le
parc de production local.
A c e c a r a c t è r e i n s u l a i r e ,
s’ajoute une forte dépendance
énergétique. En effet, 98  %
des besoins énergétiques du
pays sont importés, dont 90 %
sous forme de pétrole. Cela
soulève, en plus de problèmes
environnementaux, de grands
risques d’approvisionnement
aggravés par la décision poli-
tique d’une sortie rapide du
nucléaire, d’ici 2025.
P o u r p r é s e r v e r l a s é c u -
r i t é d ’a p p rov i s i o n n e m e n t ,
le gouvernement Taïwanais
mise sur l’accroissement de
l’offre locale renouvelable.
Toutefois, une intégration à
grande échelle des énergies
renouvelables sur le territoire
se trouve rapidement freinée
par des contraintes naturel-
les et géographiques. En effet,
parmi les 36 000 km² couverts
par l’île Taïwanaise, 60  % de
la surface est montagneuse.
D’où l’encouragement du PV
en toiture et l’émergence de
projets de solaire flottant
et d ’éolien offshore, dou -
blement stratégiques pour
Visite de TaiPower
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
14 JOUR 1
accompagner la transition
énergétique.
De ce fait, le réseau électrique
taïwanais serait progressive-
ment transformé pour per-
mettre une part plus ou moins
importante de génération dis-
persée et intermittente. La TPC
accompagnera cette transi-
tion par des projets de stock-
age pour lisser l’intermittence
des énergies renouvelables, et
par des solutions intelligen-
tes et connectées pour coor-
donner les moyens de produc-
tion décentralisés. On décrit
ci-après les solutions qui nous
ont été présentées par M. Tun
Kuei.
o L e H o m e E n e r g y
Management System (HEMS)
: Cette solution est intéres-
sante pour améliorer le pilot-
a g e d e l a co n s o m m at i o n .
Elle se compose d’un compt-
eur intelligent et d’une unité
sans fil de collecte de données
d ’é q u i p e m e nt s é l e c t ro m é -
nagers (adaptés au HEMS) et
d’adaptateurs WIFI pour ces
derniers. L’ensemble de ces
données est envoyé par le
compteur et est centralisé sur
un serveur distant. Le consom-
mateur est à même de con-
sulter à tout instant, sous un
format lisible, ses données de
consommation via une appli-
cation sur son smartphone.
Mieux encore, il peut piloter à
distance les équipements con-
nectés pour améliorer sa con-
sommation énergétique.
o Onduleurs intelligents
pour le PV : ces dispositifs
permettent une utilisation
intelligente des panneaux
solaires, qui à terme couvri-
raient la majorité des toitures
à Taïwan. Contrairement à un
onduleur classique, l’onduleur
intelligent est connecté aux
autres onduleurs d’une même
maille locale (un quar tier,
par exemple). Il permet ainsi
de faciliter le dispatching
de l’élec tricité des nœuds
en surproduc tion vers les
nœuds en besoin au sein de
la même maille, tout en amé-
liorant la qualité du courant
(tension conforme à la tension
du réseau). Cela permet de
c o n s o m m e r, e n p r i o r i t é ,
l ’élec tr icité localement et
d’optimiser la production des
panneaux solaires. L’ensemble
des transactions réalisées est
stocké grâce à une blockchain.
o Un dispatching intelligent
ADMS : ce système de distri-
bution pilote l’ensemble du
réseau. Ce dernier est doréna-
vant alimenté par des moyens
de produc tions pilotables
(centrales thermiques, hydrau-
liques), des moyens de stock-
age, de grands parcs éoliens
et solaires mais aussi des
centrales vir tuelles (vir tual
Powe r Pl a nt ) fo r m é e s p a r
l’agrégation des productions
d e s a u t o - c o n s o m m a t e u r s .
Ce nouveau dispatching est
conçu pour être mieux adapté
au nouveau paradigme de pro-
duction décentralisé avec une
Logo de Taipower
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
15JOUR 1
Présentation des maquettes de TaiPower © A. EL BOUHALI
grande part d’intermittence.
Cette visite, nous aura permis
de découvrir un système élec-
trique dans un contexte insu-
laire ainsi que le travail mis en
œuvre par TPC pour accompa-
gner la transition énergétique
à Taïwan. Au nom des étudi-
ants du mastère OSE, nous
remercions M. Hsu Tun Kuei
pour son accueil et la qualité
de sa présentation.
Ayoub EL BOUHALI &
Mahmoud MOBIR
L’université Nationale Centrale
Mardi 5 mars, il est 9h30
q u a n d n o u s a r r i v -
ons à l’Université Centrale
Nationale (NCU) à Taoyuan,
non loin de Taipei. Reçus par
le Professeur Bor Kae Chang,
nous visitons le campus où les
étudiants jouent au baseball
parmi les cerisiers en fleurs,
les pins et les écureuils qui
en sont les symboles. Notre
guide semble très heureux de
nous recevoir d’autant plus
que le Français a été choisi
c o m m e l a n g u e o f f i c i e l l e
partenaire de l’université.
L’université fonctionne tel un
réseau avec les autres univer-
sités centrales d’Asie, notam-
ment celles de Corée du Sud
et du Japon.
Après un tour du campus, le
Professeur Bor  Kae   Chang
nous conduit à la salle de
conférence où le Professeur
Chih-Ang Chung, vice -pré-
sident du dépar tement de
mécanique nous présente
l’université et son départe-
ment. NCU est une université
fondée en 1915 à Nanjing.
Après la défaite de Tchang
Kaï-Chek face à Mao Zedong,
l’université s’est exilée pour
s’installer à Taïwan en 1962.
Aujourd’hui, l’université ne
compte pas moins de 12000
étudiants répar tis dans 8
départements et 25 spéci-
alités parmi lesquelles les
départements d’ingénierie,
des sciences, du manage -
ment œuvrent pour dével-
opper l’image d’une uni -
v e r s i t é r e s p e c t u e u s e d e
l’environnement.
Fondé en 1977, le départe-
ment d’ingénierie mécanique
est le plus grand de la NCU
avec 1200 étudiants dont 68
étrangers et 185 doctorants.
Ses enseignements variés
s e v e u l e n t t o u r n é s v e r s
l’innovation en réponse aux
enjeux mondiaux actuels. Ce
département est ainsi spé -
cialisé dans la mécanique des
solides, les matériaux, la ther-
mique et l’étude des fluides,
l’automatique, la mécatro-
nique et les énergies. Fiers
de leur savoir, ils dépensent
plus de 18 millions de dollars
dans la recherche pour les
professionnels et autres.
A p r è s c e t t e p r é s e n t a -
tion, c’est au tour de Gilles
Guerassimoff, responsable
d e n o t r e f o r m a t i o n , d e
présenter MINES ParisTech
et ses particularités.
Suite à la présentation des
d i f f é r e n t s d é p a r t e m e n t s
de la NCU, les étudiants du
mastère spécialisé OSE ont
pu présenter leur travail
relatif aux impacts du dével-
o p p e m e n t d e s v é h i c u l e s
électriques. L’exposé de 30
m i n u te s a é té l ’o cc a s i o n
d’aborder l’ensemble de la
chaîne liée au véhicule élec-
t r i q u e. A i n s i , l a p ro d u c -
tion d’électricité, le réseau
de transport et de distribu-
tion, les différentes façons
d’exploiter l’électricité au
sein du véhicule ou encore
les différentes solutions de
s to c k a g e s o nt a u t a nt d e
thèmes qui ont été discutés.
En introduc tion, il a été
Accueil à la NCU par le Prof. assistant
Bor Kae Chang © Y. LAHMA
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
16 JOUR 2
rappelé que le fait de pouvoir
se déplacer plus vite, plus loin
et pour un coût de moins en
moins élevé a été une grande
avancée pour l’Homme mais
la grande dépendance de nos
moyens de transpor ts aux
énergies fossiles a des effets
très négatifs sur la concentra-
tion en CO2
dans l’atmosphère.
Ainsi, le véhicule électrique
apparait comme une solu-
tion plausible pour réduire
l’empreinte carbone du trans-
port routier en France où le
mix électrique est très peu
carboné. Toutefois, on observe
que le déploiement des véhi-
cules électriques en Europe se
fait encore de manière margi-
nale du fait des nombreuses
contraintes associées.
La première concerne la pro-
d u c t i o n d ’é l e c t r i c i t é . E n
effet, si la consommation
moyenne annuelle de la nou-
velle flotte de véhicules élec-
triques ne devrait affecter
que de manière marginale
la consommation moyenne
annuelle d’un pays comme la
France, la consommation jour-
nalière et notamment le pic de
consommation du soir pour-
rait être de plus en plus diffi-
cile à franchir. C’est pourquoi
certaines pistes de solutions
telles que le développement
d ’un marché de capacités
pour inciter les détenteurs de
centrales de pointe à les main-
tenir à disposition ou encore
des incitations financières
à recharger en dehors des
heures de pointe ont été évo-
quées lors de la présentation.
Une fois l’électricité produite,
e l l e d o i t ê t r e t r a n s p o r -
t é e j u s q u ’ a u x v é h i c u l e s .
L’intégration des véhicules
é l e c t r i q u e s e s t s u s c e p t i -
ble de perturber l’équilibre
de fréquence sur le réseau,
d’être source de surcharge, de
déphasage, d’harmoniques ou
encore de chute de tension.
Mais, le véhicule électrique
peut également rendre des
services au réseau en lui per-
mettant plus de flexibilité de
par la possibilité de stocker
puis déstocker de l’énergie
dans les batteries. Ainsi, le
véhicule électrique, s’il pose
cer taines difficultés tech -
niques pour la gestion du
réseau peut également agir
en soutien de ce dernier.
M a i s , c o m m e n t u t i l i s e r
l’électricité au sein d’un véhi-
cule ? Plusieurs solutions
techniques existent, telles
que l’hybridation parallèle,
série ou encore le full élec-
trique avec chacune leurs
avantages et inconvénients.
Ainsi, si l’hybride parallèle
est particulièrement intéres-
sant pour des usages diver-
s i f i é s, l ’ hy b r i d e s é r i e e s t
quant à lui très per formant
en urbain. Enfin, le véhicule
full électrique possède une
architecture plus simple que
les hybrides mais ce dernier
Présentation par les étudiants du Mastère OSE à la NCU © Y. LAHMA
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
17JOUR 2
souffre d’une autonomie bien
inférieure à celle des véhi-
cules thermiques.
Nous en venons ainsi à la
dernière partie de la présenta-
tion qui concerne le stockage
de l’électricité dans les véhi-
cules. Différentes technolo-
gies de batteries sont présen-
tées puis comparées sous des
critères macro-économiques
tels que l’énergie stockable, la
puissance ou encore le coût.
La présentation des étudiants
a suscité de nombreuses ques-
tions de la part d’une audi-
ence très attentive compo-
sée à la fois de professeurs et
d’une quinzaine d’étudiants.
Pendant cet échange, les
thèmes du recyclage des bat-
teries ainsi que celui des
incitations politiques pour
le développement des véhi-
cules électriques ont notam-
ment été abordés.
Pour clore cette matinée de
visite à la NCU, le Professeur
émérite Chung-Jen Tseng du
d é p a r t e m e n t d ’i n g é n i e r i e
mécanique a fait une présen-
t a t i o n s u r l e d é ve l o p p e -
ment et l’évaluation des bâti-
ments écologiques intelli-
gents dans le cadre de la
seconde phase du « National
Energy Program ». Pour illus-
trer cette thématique il nous
a no tam m ent présenté le
démonstrateur dont dispose
le campus de l’université. Ce
bâtiment de 60 m² est con-
struit à l’aide de matériaux
haute performance, tels que
des aérogels et des matériaux
à changement de phase. Il est
équipé de 8 kW de panneaux
photovoltaïques, de batter-
ies Lithium-Ion d’une capac-
ité de 21,6 kWh ainsi que
d’une alimentation de secours
avec une pile à combustible
à membrane échangeuse de
protons d’une puissance de
5 kW. Il dispose également
de nombreuses technologies
de gestion de l’énergie pour
Photo de groupe avec les professeurs et les étudiants de la NCU devant le Smart Building © Y. LAHMA
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
18 JOUR 2
assurer notamment le confort
à l’intérieur, la qualité de
l’air ou encore pour gérer la
demande d’énergie.
Aussi, une gestion intelligente
de l’éclairage permet au bâti-
ment d’afficher des per for-
mances très intéressantes. En
effet, le bâtiment présente
u n e c o n s o m m a t i o n é l e c -
trique moyenne de 10 kWh/
jour. Avec de telles mesures,
les économies d’énergies sur
la consommation d’électricité
du secteur résidentiel en été
ont été estimées à 35 %.
Nous avons ensuite eu la
chance de visiter le bâtiment
situé sur le campus accompa-
gnés par les Professeurs ainsi
que par les étudiants qui nous
o nt t rè s c h a l e u re u s e m e nt
accueillis dans leur université.
Nous tenons à remercier le
Professeur Bor Kae Chang du
dépar tement de chimie et
matériaux pour son accueil
ainsi que le Professeur et vice-
président du dépar tement
d’ingénierie mécanique Chih-
Ang Chung et le Professeur
é m é r i t e d u d é p a r t e m e n t
d ’ i n g é n i e r i e m é c a n i q u e
Chung-Jen Tseng pour leurs
présentations très instruc-
t i ve s. E n f i n , n o u s re m e r -
cions également l’ensemble
du corps professoral présent
ainsi que les étudiants venus
assister à notre présenta-
tion pour leur grande atten-
tion et la pertinence de leurs
questions.
Lyes AIT MEKOURTA
& Lucas DESPORT
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
19JOUR 2
Focus sur la régulation, la prospec-
tive et les nouvelles technologies
à l’ITRI
Nous avons visité le mardi
5 mars 2019 dans l’après-
midi le siège d’ITRI situé à
Hsinchu où nous avons chal-
eureusement été accueillis
par M. Jean-Baptiste Fichet,
chargé d’affaires chez ITRI.
L’institut de recherche appli-
q u é e t a ï w a n a i s I n d u s t r i a l
Technology Research Institute
(ITRI) a été fondé en 1973.
I l co m p te p l u s d e 6   0 0 0
employés à travers le monde
et dispose de divers bureaux
dans la Silicon Valley (USA),
au Japon, Berlin, Moscou, et
Eindhoven, en plus du siège
social situé à Hsinchu, Taïwan.
L’ITRI détient actuellement
plus de 20  000 brevets et a
été l’incubateur de plus de
250 startups, dont les géants
taïwanais du semi-conducteur
TMSC et UMC. Actuellement,
les principaux axes de recher-
che concernent le développe-
ment durable, l’habitat intel-
ligent et la santé.
Ré g u l at i o n e t m o d é l i s at i o n
prospec tive
La première présentation a
été réalisée par le Dr.Tze -
Chin Pan, occupant la posi-
tion de chercheur senior et
manager de projet d’économie
d’énergie pour les industriels,
des audits et des consulta-
tions. L’énergie est importée à
98 % à Taïwan et 90 % provient
de l’énergie fossile. Le secteur
industriel est le premier con-
sommateur d’énergie avec 37
% de la part des consomma-
tions totales suivi par le trans-
port, 12 % et le secteur rési-
dentiel, 11 %.
L’objectif de Taïwan est de
réduire de 50 % la par t de
consommation des industries
entre 2005 et 2025. Il existe
3200 industries grandes con-
sommatrices à Taïwan qui
o n t d e s c o n t r a t s a n n u e l s
d ’é l e c t r i c i t é d e p l u s d e
8000  kW. Elles sont soumises
à des audits tous les 4 ans et
doivent donc répondre à des
obligations telles qu’annoncer
le plan d’économies d’énergie
chaque année et déclarer
toute nouvelle installation
ou expansion des équipe -
ments qui doit être approu-
vée par l’autorité centrale
compétente.
L e b u r e a u d e l ’é n e r g i e
a i n s t a u r é u n o b j e c t i f
d’économie d’énergie de 1 %
par an, obligatoire pour les
grands consommateurs. Si cet
Moyenne CES dans le monde © ITRI
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
20 JOUR 2
objectif n’est pas atteint, les
grandes industries devront
payer une amende. Le gou-
vernement taïwanais a égale-
ment mis en place une limite
d’ “énergie consommée spéci-
fique“ (CES) qui correspond
à l’énergie totale consom-
mée par unité de produit.
La moyenne du CES pour les
process de séchage et pour la
cimenterie ont été plus bas à
Taïwan que dans le reste du
monde en 2012.
Dans le futur, ce mécanisme
devrait inclure uniquement
la consommation qui provi-
e nt d ’é n e rgi e fo s s i l e. Le s
données CES pourraient être
utilisées pour développer un
modèle de benchmark des CES
et récompenser les industries
qui ont les meilleures perfor-
mances dans ce domaine et
laisser jouer la concurrence
entre les parties.
L e D r. Y i - H u a W u , c h e r -
cheur à l’ITRI, développe des
modèles de simulation des
politiques et de l’économie
de la demande en énergie. Il
travaille sur le modèle taïwa-
nais de TIMES. Les modèles
3E “Energie, Environnement
et Economie” ainsi que “2050
calculator” servent à obtenir
plus d’informations en temps
réel pour identifier les prob-
lèmes liés à l’énergie. Ce sont
également des outils d’aide à
la décision pour le gouverne-
ment taïwanais. Les cherch-
eurs de l’ITRI sont également
en train d’analyser l’impact
du développement des cen-
trales de produc tion élec-
trique dans l’économie du
pays et leur effet sur la santé.
L’ITRI a donc un rôle impor-
tant dans la prise de décision
des politiques énergétiques
à Taïwan puisqu’il représente
un groupe majeur de réflex-
ion. Les chercheurs présen-
tent leurs idées au bureau de
l’énergie qui va par la suite
prendre des décisions pour
les soumettre au gouverne-
ment de Taïwan comme nous
pouvons le voir dans la figure
ci-dessous.
Parmi les réponses phares
qui ont été appor tées aux
q u e s t i o n s p o s é e s p a r l e s
élèves du mastère OSE, nous
pouvons citer les objectifs
environnementaux des poli-
tiques. En effet, en 2025, le
gouvernement prévoit l’arrêt
définitif des centrales nuclé-
aires et cette décision est
notamment influencée par
le fait qu’à Taïwan, stocker
les déchets nucléaires est
délicat compte tenu de la
Rôle de l’ITRI dans la prise de décision des politiques énergétique © ITRI
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
21JOUR 2
situation géologique risquée
liée aux tremblements de
terre. A l’approche des élec-
tions présidentielles, la poli-
tique adoptée en la matière va
surtout dépendre du prochain
président. Pour le moment,
le peuple est encouragé à
s’impliquer davantage dans
les problématiques liées à
l’énergie.
Showroom des technologies
Mme Jessica Ma nous a ensuite
fait visiter le showroom de
l’ITRI, présentant quelques
technologies, développées
par les chercheurs du labora-
toire et lauréats de nombreux
concours notamment les pres-
tigieux R&D 100 Awards.
A l’entrée du showroom, nous
avons découvert un curieux
arbre lumineux, appelé « eco
tree ». Il s’agit en fait d’un
démonstrateur de différentes
technologies développées à
l’institut. Entre les branches,
une verrière solaire consti-
tuée de films micro-optiques
concentrant la lumière sur une
couche photovoltaïque placée
aux extrémités. Au pied de
l’arbre, de l’eau coule dans une
piscine qui la recycle grâce à
des technologies innovantes.
Organisée autour de l’arbre,
u n e e x p o s i t i o n d e s te c h -
nologies les plus célèbres
développées à l’institut s’offre
aux visiteurs. En voilà un
rapide aperçu :
Tout d’abord, un procédé de
teinture de textile utilisant du
CO2
supercritique, respectueux
de l’environnement. Il ne con-
somme pas d’eau et ne rejette
aucun produit chimique dans
le milieu environnant.
Ensuite, un procédé de puri-
fication de l’eau utilisant une
LED entièrement développée
au laboratoire qui remplace
une technologie UV classique.
L’avantage de ce procédé est
de s’affranchir de l’utilisation
de mercure toxique.
U n p ro c é d é d e re c yc l a g e
de cristaux liquides, innov-
ant et complexe, nous est
ensuite présenté, fruit de dix
ans de recherches au sein du
laboratoire.
C o n c e r n a n t l e s b a t t e r i e s
e t l ’é n e rg i e, u n m a t é r i a u
polymère créé à l ’institut
p e r m e t d e m u l t i p l i e r p a r
trois la durée de vie des bat-
teries Lithium-Ion. Appelé
S t o b a , i l a c c o m p a g n e l a
croissance de la couche SEI
(Solid Electrolyte Interphase
ou inter face anode/électro-
lyte) et permet de mieux la
contrôler et de réduire son
impact sur la durée de vie de
la batterie.
En parallèle, une batterie
Aluminium-Ion à rechargement
Ultra Rapide, développée en
collaboration avec l’université
de Sandford, permet un temps
de recharge record de moins
d’une minute et une sécurité
accrue, grâce à une struc-
ture innovante en aluminium
et graphite. Son faible coût et
sa capacité de charge rapide
permettent d’imaginer des
applications pour la mobil-
ité durable ou le stockage
d’énergie renouvelable.
Pour finir, un fascinant drone
connec té en 5G peut être
commandé de Las Vegas tout
en étant situé à Taïwan, grâce
à son ingénieux système de
gestion. Son deuxième avan-
t a g e e s t d e p o u vo i r ê t re
rechargé grâce à une barre
de charge intelligente directe-
ment placée en contact avec
la structure, et de s’affranchir
d u b e s o i n d ’i n t e r v e n t i o n
humaine. Intéressant en cas
de missions de surveillance
risquées ou en zone isolée.
Nous souhaitons remercier
toutes les personnes qui nous
ont accueillies à l’institut
ITRI et nous ont fait partager
leurs passionnants travaux,
Jean-Baptiste Fichet, Jessica
Ma, ainsi que le Dr Tze-Chin
Pan, Dr Yi-Hua Wu et leurs
collègues.
Laura SOBRA &
Rihab BEN MOKHTAR
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
22 JOUR 2
Les élèves du mastère OSE accompagnés de Gilles Guerassimoff, Meiling Tsai (Ubik Consulting) et Jean-Baptiste
Fichet (ITRI) à l’ITRI © Y. LAHMA
Les bâtiments de l’ITRI © ITRI
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
23JOUR 2
Conférences à l’Université Nationale
de Cheng Kung
C’est sous un soleil timide
mais une chaleur intense
que les 21 élèves du mastère
OSE sont arrivés le mercredi
9 mars à la National Cheng
Kung University (NCKU) pour
une journée d’échange avec
différents représentants de
cette prestigieuse univer-
sité du Sud de l’île, située à
Tainan. Fondée en 1931 et
intégrant 21 805 étudiants
en 2015, l’université est con-
stituée de 9 grandes facul-
tés réparties sur 4 campus. Le
groupe OSE était lui attendu
sur le campus principal toute
la matinée précisément au
département des sciences et
des matériaux de la faculté
d’ingénieur. Après un accueil
chaleureux des élèves par
Weili Teng et Chia-Yuan Chen,
respectivement coordinatrice
et directeur des relations
internationales, la matinée de
conférences a pu commencer
par un mot d’ouverture des
professeurs Yen-Jong Chen
et Jow-Lay Huang respective-
ment directeur du Research
Center for Energy Technology
and Strategy et directeur du
H i e ra rc h i c a l G re e n - E n e rg y
M ater ials R esearch Center
(Hi-GEM). Le professeur Chen
a ainsi insisté sur la particu-
larité de l’île et de ses con-
traintes sur le système éner-
gétique, notamment en con-
cluant son ouverture par une
phrase résumant cette situa-
tion « On ne peut connaitre
Taïwan sans venir à Taïwan ».
La parole a ensuite été laissée
aux étudiants du mastère OSE
pour le début des conférences.
Après une présentation du
mastère et de l ’école par
G i l l e s G u e r a s s i m o f f, d e u x
groupes d’élèves se sont suc-
cédés pour présenter deux
conférences autour du thème
de la promotion : « Quels
vecteurs énergétiques pour
une mobilité durable ?  ».
L a p re m i è re p ré s e n t a t i o n
reprenait le thème exposé la
journée précédente à la NTU
autour du véhicule électrique.
La seconde était axée autour
des incitations et politiques
misent en place pour une
mobilité décarbonée. Après
une ouver ture sur le bilan
actuel des émissions de gaz à
effet de serre liées au secteur
du transport et de la mobilité
ainsi que des objectifs fixés
pour la décarbonation du
secteur, la présentation s’est
Les élèves du matère OSE arrivant à la faculté des sciences ingénieures et
des matériaux © M. TOULOT
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
24 JOUR 3
poursuivie sur les différen-
tes politiques mises en place
pour répondre à ces objec-
tifs. Dans un premier temps,
les objectifs européens ont
été exposés avant de con-
centrer la présentation sur la
politique française. Outre la
par tie politique, la présen-
tation a aussi exposé les dif-
férentes incitations aux nou-
velles pratiques de la mobil-
ité ainsi que l’utilisation des
nouveaux carburants alter-
natifs comme l’élec tricité,
l’hydrogène ou encore les
bio-carburants. Enfin, dans
une dernière partie, les élèves
ont montré l’importance et la
méthodologie de l’exercice de
la prospective au service de
l’aide à la prise de décisions
politiques pour répondre aux
objectifs de décarbonation de
la mobilité.
Les deux présentations furent
reçues positivement par le
public constitué de profes-
seurs, élèves et quelques
membres du Bureau Français
de Taipei. S’en est suivie une
phase d’échange d’une ving-
taine de minutes avec des
débats enrichissants autour
de plusieurs thèmes. Tout
d’abord, le système « vehi-
cule-to-grid » présenté lors
d e l a p re m i è re p ré s e n t a -
tion a suscité de nombreuses
interrogations. Notamment
sur la possibilité de pouvoir
utiliser l’énergie stockée dans
la batterie d’un véhicule pour
s a p r o p r e c o n s o m m a t i o n
domestique, ou encore sur les
différents projets et expéri-
mentations en cours autour de
ce système. La discussion s’est
aussi axée sur l’importance de
la prise en compte du facteur
social lors de l’élaboration
d’une politique d’incitation
au changement. Cette dis-
cussion a ainsi permis de
mettre en évidence la diffi-
culté majeure qu’est la prise
en compte du comportement
d’un individu lorsqu’une poli-
tique liée au changement de
comportement doit être mise
en place. Des interrogations
se sont d’ailleurs dirigées
sur le modèle de prospective
présenté lors de la seconde
intervention notamment s’il
i n t é g r a i t d e s c o n t r a i n t e s
d’influence des compor te -
ments et un facteur social. Une
thèse est d’ailleurs en cours
au Centre des Mathématiques
Appliquées pour introduire
ces aspects dans les modèles
de prospective. Un troisième
échange important autour du
vecteur hydrogène s’est établi,
échange attendu par les élèves
tant le vecteur hydrogène fait
l’objet de multiples recher-
ches au sein de l’île. Les ques-
tions ont porté sur les per-
spectives de développement
de ce vecteur en France. La
discussion a permis d’exposer
les problématiques liées au
manque d’infrastructure et de
La présentation sur les politiques incitatives © M. TOULOT
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
25JOUR 3
leur coût ainsi que du coût lié
à l’état actuel de développe-
ment du stockage embarqué
de l’hydrogène. Un constat a
pu être tiré du fait que les dif-
férents choix d’investissement
autour du développement
d’un carburant alternatif est
p re s q u e a u to m at i q u e m e nt
corrélé à la politique énergé-
tique d’un pays : en effet, une
électricité décarbonée et un
réseau très bien développé
priorise le développement du
véhicule électrique en France
alors qu’à Taïwan ce type de
véhicule n’est pas une priorité
dans la mesure où le mix de
production électrique du pays
est très carboné. Enfin, les
remarques précédentes ont
permis un dernier échange
autour du mix de produc-
tion électrique français et de
la question du nucléaire, un
vecteur énergétique qui fait
débat dans les deux pays.
Après une période d’échange
très instructive pour les deux
parties et une pause thé bien
méritée, les élèves du mastère
OSE ont assisté à la présen-
tation du H i- GEM par son
directeur le professeur Jow
Lay Huang. Le Hi- GEM est
un centre de recherche qui
oriente ses travaux autour des
nouveaux matériaux pour une
énergie plus verte. L’objectif
de ce centre est de dévelop-
per des nouvelles technolo-
gies de matériaux respectueux
de l’environnement et desti-
nés au stockage et la conver-
sion d’énergie ainsi qu’aux
systèmes énergétiques intel-
ligents. Le Hi-GEM est con-
stitué de 29 professeurs et de
3 doctorants. Les sujets de
recherche majeurs du centre
sont orientés autour de six
grandes technologies : les
piles à combustible, les cel-
lules photovoltaïques, les
super condensateurs, les bat-
teries et leur seconde utili-
sation, les batteries à l’état
Les élèves et leurs interlocuteurs de NCKU © Y. LAHMA
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
26 JOUR 3
solide et les systèmes éner-
gétiques intégrés. Le Hi-GEM
est en plein développement
et a déjà conclu de nom-
breuses collaborations inter-
nationales via 36 projets sur
les cinq dernières années. A
Taïwan, le centre de recher-
che collabore avec l’université
NCKU ainsi que 7 autres uni-
versités plus un autre centre
de recherche. Le Hi-GEM veut
promouvoir l’innovation et
l ’intégration croissante et
rapide de ces nouveaux maté-
riaux au sein de l’industrie. Il
possède d’ailleurs sa propre
ligne d’assemblage de bat-
teries au Lithium ainsi que
sa propre ligne de produc-
tion de panneaux photovolta-
ïques. A terme, le centre sou-
haite encore grandir et nouer
d e n o u ve a u x p a r te n a r i at s
i n t e r n a t i o n a u x a v e c u n
budget prévisionnel de 1,7
M€/an entre 2018 et 2023.
Pour conclure cette matinée
très enrichissante, les élèves
ont visité les différents labo-
ratoires du département des
matériaux et des sciences
ingénieures accompagnés par
le Professeur Changshu  Kuo.
Cela aura été l’occasion pour
les élèves d’observer les dif-
férents outils très avancés
dont disposent les étudiants
de l ’université pour leurs
travaux, avec notamment la
démonstration de deux micro-
scopes permettant d’analyser
l’impact d’un champ magné-
tique et de la température
sur la cinétique des réactions
chimiques des éléments com-
posants différents matériaux.
Cette matinée aura ainsi été
l’occasion d’un échange pas-
sionnant et passionné entre
les élèves du mastère OSE et
les différents interlocuteurs
de la NCKU. C’est pour cela
que nous tenons à remercier
les pro fes seu r s Ho n g-Tzer
Yang, Yen-Jong Chen, Chia-
Yuan Chen et Jow-Lay  Huang
pour leur accueil ainsi que
t o u s l e s a u t r e s m e m b r e s
d e l ’ U n i ve r s i t é N C K U q u i
nous ont fait l’honneur de
leur présence ainsi que les
membres du Bureau Français
d e T a i p e i , n o t a m m e n t
Jonathan Drubay et Sasha
Ting pour l’organisation de
cette conférence.
E n f i n , n o u s r e m e r c i o n s
toutes les personnes présen-
tes à la conférence sans qui
cet échange n’aurait pu être
possible.
Maxence TOULOT
Le professeur Huang présentant l’organisation du Hi-GEM
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
27JOUR 3
Le campus An-Nan de NCKU
L’ E c o l e M a g i q u e d e
Te c h n o lo g i e Ve r t e
Notre visite au Campus
An-Nan de NCKU (National
Cheng Kung University) a com-
mencé par l’école magique
de technologie verte (Magic
School of Green Technology)
où nous avons été accueillis
par le Dr. Eric Chen respon-
sable de projets au centre
de recherche de la stratégie
et des technologies énergé-
tiques. Cette école est un
bâtiment à énergie positive
qui a été classé meilleur bâti-
ment pour l’environnement
à Taïwan. Le but de ce projet
e s t d ’ê t re u n l a b o r a t o i re
d’innovation durable pour les
bâtiments verts du futur.
Le bâtiment a été construit en
2011 et a coûté 180 millions
de NT$ (5 millions d’euros),
dont 60 millions de NT$ issus
du fonds de recherche univer-
sitaire, 20 millions de NT$ en
équipements d’une trentaine
d’entrepreneurs et 100  mil-
lions de NT$ de Bruce Cheng,
fondateur de Delta Electronics
et de l’école magique de tech-
nologie verte.
Le développement de ce bâti-
ment a la par ticularité de
s’être focal-
i s é s u r l e
climat sub -
t r o p i c a l
T a ï w a n a i s .
I l a permis
de diminuer
la co nso m -
m a t i o n
d ’ é n e r g i e
et d’eau de plus de 50 % et
l’empreinte Carbone de 37 %.
L’école dispose de plusieurs
moyens pour optimiser la con-
sommation d’énergie dont
l’utilisation d’équipements
efficaces, toits végétalisés,
réduction de l’utilisation de
la climatisation, contrôle de
l’éclairage, ouver ture des
fenêtres, etc.
Ces techniques permettent
au bâtiment d’avoir une effi-
cacité énergétique de 43 kWh/
m².an bien meilleure que celle
de plusieurs autres bâtiments
verts de Taïwan. L’illustration
ci-avant montre une com-
paraison de l’efficacité éner-
gétique de ce projet avec la
moyenne de plusieurs pays ou
villes.L’école Magique de Technologie Verte © Y. LAHMA
Efficacité énergétique d’immeubles de bureaux en 2010 © Y. LAHMA
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
28 JOUR 3
Dé pa r t e m e n t d e l ’é n e r g i e
chimique
Nous avons ensuite visité le
département de l’énergie chi-
mique de NCKU et plus pré-
cisément le laboratoire de
la plateforme technologique
spécialisé dans la production
bioénergétique des micro -
algues. La mission principale
étant d’utiliser les micro -
a l g u e s p o u r c a p t u r e r l e
dioxyde de carbone a expliqué
le doctorant Ri-Heng Chen.
L’utilisation de ces micro -
algues rend possible la cré-
ation de puits de carbone
comme l’océan et les arbres
et de réduire la quantité de
CO2
dans l’atmosphère.
C e s o r g a n i s m e s s e
reproduisent rapidement en
laboratoire. Les micro-algues
sont d’abord cultivées dans un
bassin en plein air contenant
une tonne d’eau pendant une
semaine jusqu’à maturité. Il
est possible d’accélérer leur
reproduction en injectant de
l’Acétate au lieu du CO2
.
Une semaine de culture suffit
pour produire une masse de
2Kg d’algues. Ces algues sont
alors transférées vers un autre
bassin où elles ont plusieurs
rôles.
D’abord, elles permettent de
purifier l’eau du bassin des
par ticules NOx nocives aux
crevettes tigrées qui sont
élevées au laboratoire. Un
deuxième rôle important est
de servir de nourriture à ces
crevettes jusqu’à maturité.
Ces micro-algues absorbent
é g a l e m e n t l e d i ox yd e d e
carbone injecté directement
par une pompe à une vitesse
de 4 kgCO2
par semaine. Ces
micro-algues peuvent aussi
être utilisées comme base
pour des produits qui pro-
tègent la rétine de rayons
ultra-violets.
Finalement, à la fin de leur
cycle de vie, lorsque ces micro-
algues ont atteint une taille
critique et n’arrivent plus à
absorber les rayons solaires et
le CO2
efficacement, elles sont
transformées en engrais ou en
nourriture pour du bétail.
Les étudiants devant les cuves où sont cultuvées les algues © Y. LAHMA
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
29JOUR 3
Ce n t r e d e r e c h e r c h e d e
l ’é n e r g i e ma r i t i m e
Ap r è s n o t r e v i s i t e
a u d é p a r t e m e n t d e
l’ingénierie chimique, nous
avons été accueillis par le
directeur adjoint du labora-
toire Hydraulique de Tainan,
le Dr. Weng-Shang Chiang.
Comme Taïwan importe 98 %
de ses besoins en énergie, ce
département a pour mission
de développer le potentiel de
l’énergie marine à Taïwan.
E n e f fe t , Ta ï w a n d i s p o s e
d’un grand potentiel con-
cernant l’énergie océanique.
Le courant Kuroshio est le
courant le plus puissant de
l’Asie de l’est avec une largeur
de 200 km et une profondeur
allant de 500 à 1000  m (cf.
Car te de NASA ci-dessous).
L’é n e r g i e d e s m a ré e s e s t
une énergie renouvelable et
prévisible car elle dépend des
forces de gravitation de la Lune
et du Soleil. Le laboratoire
expose plusieurs manières
d’appréhender l’énergie maré-
motrice et les courants océa-
niques. Il permet de simuler
des vagues et des marées et
de décider quels systèmes
sont plus per formants dans
cet environnement.
S e l o n l e D r. We n g - S h a n g
Chiang, une turbine à aubes
v e r t i c a l e s e s t c o n s i d é r é e
comme étant la meilleure solu-
tion pour récupérer l’énergie
des océans. Ce genre de tur-
bines permet de générer de
l’électricité peu impor te la
direction des courants. En
outre, des études montrent
que la composante horizon-
tale de l’énergie est bien plus
importante que la composante
verticale, ce qui rend ce choix
encore plus judicieux.
Cependant, cette technol-
ogie fait face à plusieurs
difficultés. Premièrement, les
effets de la corrosion et de
l ’e ncrasse ment bio l o gi q ue
sont très importants en mer
e t d i m i n u e nt gra n d e m e nt
le rendement des turbines.
D e u x i è m e m e n t , l e s p r o b -
lèmes de stockage et de dis-
tribution de l’énergie peuvent
rendre des projets peu renta-
bles économiquement compte
tenu des coûts des installa-
tions qui doivent supporter
des conditions climatiques
ex t rê m e s. Fi n a l e m e nt , l e s
vitesses de rotation des tur-
bines sont lentes et imposent
l’installation d’équipements
supplémentaires pour attein-
dre les fréquences usuelles de
60 Hz à Taïwan.
N o u s t e n o n s à r e m e r c i e r
tous les membres du campus
An-Nan de NCKU pour leur
aimable accueil. Un grand
m e r c i t o u t p a r t i c u l i è r e -
ment au Dr. Eric Chen, au
doctorant Ri-Heng Chen et
au Dr.  Weng-Shang Chiang
pour leurs présentations très
i n s t r u c t i ve s q u i n o u s o nt
permis d’élargir nos connais-
sances en appréhendant plus
de technologies durables et
innovantes.
Yacine LAHMA
Courant Kuroshio © NASA
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
30 JOUR 3
Les étudiants et le Dr. Weng-Shang Chiang © Y. LAHMA
Le centre de recherche d’énergie maritime de NCKU © Y. LAHMA
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
31JOUR 3
Visite d’une centrale solaire flot-
tante avec l’entreprise Ciel et Terre
Le mercredi 6 mars, Audrey
Leblic et Jasmine Lin de
la société Ciel et Terre ont eu
la gentillesse de nous faire
découvrir un parc solaire flot-
tant, situé dans le Science Park
de Tainan, au sud du pays.
Ciel et Terre est une entreprise
française, dont le siège est basé
à Lille. Elle a été créée en 2006
et compte aujourd’hui une
centaine d’employés à travers
le monde. Originellement, Ciel
et Terre était spécialisée dans
la pose de panneaux pho -
tovoltaïques sur toiture en
France. Au début des années
2010, suite à la baisse dras-
tique des tarifs de rachat de
l’électricité produite à partir
de PV en France, l’entreprise
a eu l’idée de se lancer dans
le solaire flottant.
La première centrale solaire
flottante développée par Ciel
et Terre a vu le jour au Japon
en 2012. Aujourd’hui ce sont
300 MW qui sont installés dans
le monde. Le principal atout
du PV flottant est qu’il permet
de produire de l‘électricité via
une ressource renouvelable
sans occupation de terrain.
Ce l a e s t p a r t i c u l i è re m e n t
pertinent dans des territoires
insulaires tels que Taïwan ou le
Japon, où le prix des terrains
est très élevé en raison du
manque d’espace, des fortes
contraintes géographiques et
d’une forte densité de popula-
tion. L’installation de PV flot-
tant permet donc de valoriser
des étendues d’eau inutilis-
ables, que l’on retrouve dans
des zones industrielles ou
dans les retenues de barrages
par exemple, via de la produc-
tion d’électricité sans modifier
l’occupation des sols. Dans
cer taines régions arides, le
fait d’installer des PV sur des
retenues d’eau permet égale-
ment de limiter le phénomène
d ’é va p o rat i o n . L a m a i nte -
nance est aussi facilitée par
rapport à une centrale solaire
classique puisqu’il est aisé de
nettoyer les panneaux avec
l’eau à disposition.
Le s avo i r- f a i re d e Ci e l e t
Terre réside dans la réalisa-
tion de projets de centrales
solaires flottantes. Les flot-
teurs sur lesquels reposent
les panneaux sont assem -
blés et ancrés, soit au fond
du lac, soit sur les berges. A
l’origine, l’entreprise vendait
des centrales à des clients.
Elle cherche aujourd’hui de
plus en plus à exploiter ses
propres centrales. La filiale de
Taïwan a été créée fin 2016 et
a d’ores et déjà installé 20 MW
sur l’île. La centrale que nous
avons visitée est capable de
résister à des vents allant
jusqu’à 210  km/h et possède
u n e c a p a c i té i n s t a l l é e d e
4  MW. Sa production s’élève
à 1400  kWh/kWcrête tandis
qu’en France ce chiffre avoisine
plutôt les 1000 kWh/kwcrête
en moyenne. Ce bon résultat
s’explique par l’ensoleillement
important dont bénéficie le
sud de l’île. La centrale a été
livrée en décembre 2018 pour
un montant de projet s’élevant
à 21 millions de dollars taïwa-
nais. Il a majoritairement été
financé par des investisseurs
japonais et Ciel et Terre.
A Taïwan il existe un tarif de
rachat d’électricité spécifique
au solaire flottant, fixé annu-
ellement par Taipower et qui
s’élève à 4,9 NT$/kWh. Par ail-
leurs, un bonus de 6 % est
accordé si les panneaux sont
à haute efficacité et produits
sur l’île, ce qui est le cas de la
centrale visitée.
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
32 JOUR 3
I l existe trois possibilités
pour décrocher un contrat
d ’i n s t a l l at i o n d e ce nt ra l e
solaire flottante à Taïwan.
L’entreprise peut soit : répon-
dre à un appel d’offre, être
sollicitée directement par des
clients (l’appel d’offre n’étant
pas obligatoire), démarcher
les propriétaires d’un plan
d’eau, comme cela a été fait
par Ciel et terre pour la cen-
trale visitée.
Cette centrale est exploitée
directement par Ciel et Terre,
qui estime pouvoir atteindre
un retour sur investissement
d’ici 10 ans, sachant que le
contrat de rachat d’électricité
établi avec Taipower court sur
20 ans.
Il n’existe pas de réglementa-
tion spécifique pour le solaire
flottant à Taïwan. Le gouver-
n e m e n t t a ï w a n a i s re co m-
mande seulement de ne pas
excéder 50 % de couver-
ture du plan d’eau. A ce jour
on ne connait pas l’impact
d’une telle installation sur
l’écosystème local, mais des
études sont en cours.
Pour conclure sur cette visite,
la filière du solaire flottant
est en plein essor et a toute sa
place dans des territoires den-
sément peuplés et urbanisés
tels que Taïwan, qui souhaite
augmenter la part d’énergies
renouvelables dans son mix
énergétique. Ciel et Terre est
une entreprise qui se porte
bien et qui a su diffuser son
savoir faire à l’international.
Elle a pour ambition de se
positionner sur le marché
du solaire flottant en mer.
En effet, ce marché qui n’est
pas encore mature représente
néanmoins une perspective
de développement intéres-
sante et est d’ores et déjà à
l’étude par les industriels.
Nous tenons à remercier chal-
eureusement Audrey Leblic et
Jasmine Lin pour cette visite
fort instructive entre ciel et
terre, et pour avoir pris le
temps de répondre à toutes
nos interrogations concer-
nant le solaire flottant.
Dorine JUBERTIE &
Tristan DELIZY
Centrale solaire flottante installée et exploitée par Ciel et Terre dans le Science Park
de Tainan © J. THOMAS
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
33JOUR 3
Le barrage de Wushantou
La co n s t r u c t i o n d u ré s-
er voir de Wushantou a
débuté en 1930 pour durer
10 ans, entraînant notam-
ment la mort de 134 ouvriers
pour lesquels un hommage est
rendu par le biais d’un mémo-
rial dans le parc du site. Sa
conception date de la période
d’occupation japonaise et est
due à l’ingénieur Yoichi Hatta,
et sa construction a permis de
réguler l’irrigation des terres
agricoles de Chianan aux alen-
tours. Ces dernières couvrent
une surface de 90 000 hect-
ares cultivables et constituent
la zone la plus productrice de
riz à Taïwan.
Au moment de sa construction,
le réservoir était le plus grand
d’Asie. D’une hauteur de 56 m
et d’une longueur de 1 273 m,
il présente une surface d’eau
de près de 13 km2
. A son inau-
guration, sa capacité totale
était de 150 millions de m3
.
On notera qu’avec le temps,
sable et cailloux, difficiles à
déblayer ? se sont accumulés
dans le fond réduisant sa
capacité à 80 millions de m3
aujourd’hui. En outre, de nos
jours de nombreux déchets et
eaux usées sont rejetés dans
le réservoir ce qui a conduit à
l’installation de filets filtrants.
Afin d’exploiter le stockage
d’énergie potentielle d’un tel
ouvrage, la construction d’une
centrale hydroélec trique a
débutée en fin d’année 2000.
Les premiers électrons ont été
injectés sur le réseau taïwa-
nais en août 2002. Les travaux
ont coûté, à l’époque, 360 mil-
lions de NT$ et la centrale
est maintenant détenue à 70
% par la Chianan Irrigation
Association et à 30% par la
Fo r m o s a C h e m i c a l s Fi b e r
Corporation.
Cette centrale possède deux
t u r b i n e s p o u r u n e p u i s -
s ance no m inale to tale d e
9  W (2 x 4,5 MW ). La hauteur
de chute étant plutôt faible
Après un départ de l’hôtel de Tainan à 8h30 et une petite heure de route en bus, la promo-
tion OSE 2018 arrive près de Guantian, à Wushantou qui a donné son nom à un lac réservoir
et un barrage. Un technicien de la société Chianan Irrigation Association nous a fait visité la
centrale et nous a donné des éléments sur l’historique et les conditions d’exploitation du site.
Vue aérienne du réservoir Wushantou © stock-clip.com
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
34 JOUR 4
(20 m), ce sont des turbines
Kaplan qui équipent la cen-
trale avec un débit d’environ
15 m3
/s en moyenne pour
303 tours/min. À l’année, cette
centrale produit en moyenne
42 170 MWh pour moins de
100 jours de fonctionnement.
Les mois les plus actifs sont
d’avril à juin avec la mousson
et de juin à septembre avec
la période des typhons. Toute
l’élec tricité de ce barrage
est rachetée par Taipower à
un tarif variable en fonction
du moment de la journée. La
centrale emploie 4 personnes
pour fonc tionner 24/24h :
3 opérateurs se relaient toutes
les 8 heures sous la direction
d’un chef.
D e u x a u t r e s c e n t r a l e s
hydroélectriques ont été con-
struites afin de profiter de
l’énergie potentielle stockée
dans le Wushantou Reservoir,
ces deux autres ouvrages
ajoutent une puissance nom-
inale au site de Wushantou
d’environ 12 MW.
Depuis les années 70, le rés-
ervoir est devenu une desti-
nation touristique prisée par
les Taïwanais. Ainsi on peut
y trouver entre autre un parc
d ’attrac tion aquatique, et
surtout un mémorial dédié à
Yoichi Hatta ainsi qu’un musée
exposant sa vie de même que
l’histoire de la construction
du réservoir.
Nous souhaitons remercier
la société Chianan Irrigation
Association de nous avoir
permis de visiter leur centrale
hydraulique.
Florian MARCHAT &
Valentin MATHIEUSortie d’une des turbines
© F. MARCHAT
Centre de commande d’une des
deux turbines © F. MARCHAT
Inauguration de la centrale en 2002 © F. MARCHAT
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
35JOUR 4
Tsing Hua University
Après avoir emprunté le
très populaire train HSR
(High Speed Rail) de Tainan
à Hsinchu pour remonter la
côte Ouest, nous arrivons ce
jeudi 7 mars après-midi à la
National Tsing Hua University
pour visiter la troisième et
dernière université du voyage.
NTHU est l’une des plus pres-
tigieuses universités en Asie
de l’Est. L’université a été
créée en 1911 à Pékin avant
de s’exiler en 1956 à Hsinchu
à la suite de la guerre civile
chinoise lors de la fuite du
gouvernement de la répub-
lique de Chine vers Taïwan.
L’université est divisée en 7
collèges, 17 dépar tements
et 22 instituts de recher-
che. Environ 16000 étudiants
dont 1736 doctorants y sont
inscrits et l’université compte
aussi parmi ses alumnis trois
prix Nobel.
N o u s a v o n s é t é a c c u e i l -
l i s s o u s l a p l u i e p a r l e
Pr  Rong  Jiun  Sheu puis nous
nous sommes installés dans
u n e s a l l e d u C o l l e g e o f
Nuclear Science de NTHU. Ce
collège compte plus de 1000
étudiants divisés principale-
ment en deux départements
et trois instituts. Les activités
de recherche se concentrent
sur les applications civiles et
pacifiques de l’énergie nuclé-
aire. Lors de cette visite, les
élèves ont pu assister à des
c o n f é r e n c e s d ’e n s e i g n a n t
c h e rc h e u r s l o c a u x s u i v i e s
d’une visite de l’installation
nucléaire THOR de l’université.
L’auditoire se compose princi-
palement par les 21 élèves du
Mastère, des 2 attachés scien-
tifiques du Bureau français de
Taipei, de représentants des
relations internationales de
NTHU ainsi que de quelques
membres et professeurs du
College of Nuclar Science.
Suite aux salutations effec-
tuées par Pr. Rong Jiun Sheu,
et à la présentation par Gilles
Guerassimoff de notre Ecole,
l e d i r e c t e u r d e l ’ I n s t i t u t
Nuclear Engineering & Science
(NES), Pr. Tsung-Kuang Yeh
présente le contexte énergé-
tique taïwanais et ses défis
avenir.
L e p l a n é n e r g é t i q u e d e
Taïwan prévoit d’ici 2025 un
arrêt de la production nuclé-
aire et un passage de 4,9 %
d’énergie renouvelable dans
le mix à 20%. Le mix taïwa-
n a i s e n 2 0 2 5 s e ra i t a l o r s
50% gaz, 30% charbon et
20% énergies renouvelables.
Pr. Tsung  Kuang Yeh fait part
de ses préoccupations par
rapport à la faisabilité d’un
tel renouvellement de la pro-
duction en seulement 6 ans.
En effet, l’île a déjà connu un
« blackout » en août 2017, été
durant lequel une des quatre
centrales nucléaires était en
maintenance. La capacité de
réserve en électricité pourrait
très fortement décroître selon
les estimations du NES comme
présenté dans le graphique
ci-dessous. La non-ouverture
de la centrale nucléaire de
Lungmen pourtant construite
fragilise encore plus la pro-
duction électrique à Taïwan.
Dans un second temps, une
présentation plus technique
nous a été donnée par le
Dr.  Tsan-Yao Chen sur la pro-
chaine génération de catal-
yseurs hétérogènes pour le
développement de pile à com-
bustible de haute efficacité.
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
36 JOUR 4
Une étude de l’université a
notamment permis d’établir
que la décoration de grappes
ato m i q u e s re n d s t a b l e l e
nanocatalyseur Co@Pd haute-
ment désordonné et laisse
envisager des performances
prometteuses en réaction de
catalyse. Grâce à ce contrôle
de la structure atomique, la
densité énergétique peut être
multipliée par 2,3.
Suite à cette présentation, le
doyen Pr.  Min Lee est venu
saluer les attachés scienti-
fiques, Gilles Guerassimoff et
les élèves du Mastère.
La visite se termine par une
découverte (radio-)active des
i n s t a l l a t i o n s s c i e n t i f i q u e s
du campus avec notamment
l’infrastructure nucléaire du
Tsing-Hua Open-pool Reactor
( THOR) dont l’exploitation
a commencé en 1958. Le Dr.
Jin-Der Lee nous a reçu pour
la visite du centre de con-
trôle, de la piscine autour du
combustible. Au cours des
cinq dernières années, des
recherches sur la thérapie
de capture de neutron par
le bore (BNC T ) à NTHU ont
contribué au traitement de
cancers récurrents de la tête
et du cou. La partie faisceau
des neutrons de la recherche
du BNCT a été réalisée à l’aide
du réacteur THOR (Open-pool
Reactor) de Tsing Hua. C’est
un réacteur de 2 MW, modéré
et refroidi à l’eau légère (il est
visible sur la photo, sous la
nacelle jaune). Des essais cli-
niques sont actuellement en
cours sur le cancer de la tête
et du cou. Dr. Jin-Der Lee nous
a expliqué à l’aide de photo
de patients que l’objectif de
ce traitement est d’éliminer
autant de cellules cancéreuses
que possible tout en minimis-
ant les dommages collatéraux
causés aux cellules saines.
L’utilisation de THOR dans la
conduite de la recherche sur
la BNCT présente un potentiel
considérable pour faire pro-
gresser le traitement clinique
du cancer.
N o u s t e n o n s à r e m e r c i e r
toutes les personnes présen-
tes pour leur accueil chal-
eureux, les présentations et
visites organisées pour notre
venue.
Ahmed CHAABANE &
Martin PIERSON
Capacités de réserves à Taïwan
Installation nucléaire de NTHU © L. SOBRA
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
37JOUR 4
La cimenterie et la centrale charbon
de HoPing
La cimenterie
L’entreprise «Taïwan Cement
Corporation» ( TCC) a été
créée en 1946. Son siège social
est situé à Taipei. Elle possède
trois usines : la première est
située à Hoping, la deuxième à
Suao, et la dernière est située
à Hualien.
TCC é t a i t u n e e n t r e p r i s e
étatique qui s’est transformée
en une entreprise publique
en 1954. En 1962, elle fut la
première entreprise taïwa-
naise introduite en bourse.
Les ventes de l’entreprise
se divisent comme suit : les
ventes à Taïwan, les ventes en
Chine et les exportations. En
2017, les revenues des ventes
ont atteint 98  312 millions
dollars taïwanais (soit environ
2,8 milliards d’euros) [1].
Lors de sa création, les usines
de TCC se situaient sur la côte
ouest de l’île. En 1991, dans
une volonté de décarbonner
l’ouest de l’île, qui compte la
majeure partie de la popula-
tion, l’Etat a imposé le déplace-
ment de toutes les cimenter-
ies sur la côte est. L’entreprise
Pour ce dernier jour de visites industrielles et académiques, les élèves du mastère OSE ont
quitté le quartier de Ximending à Taipei (le Times Square taïwanais), désert à 6h30. Après un
trajet en train dans les terres du Nord Est de l’île, ils furent accueillis dans le parc industriel
de HoPing.
Ce site, pris en photo depuis l’entrée de la carrière de calcaire par un élève du mastère OSE, est
le résultat de la joint-venture entre la Taïwan Cement Compagny et la Ho-Ping Power Station.
Construit dans la fin des années 90, il comprend une usine de ciment (en bas à gauche),
une centrale à charbon et un port artificiel capable d’accueillir des bateaux transportant le
charbon, le ciment ou d’autres matériaux ( jusqu’à 80 000 tonnes).
Parc industriel de HoPing © Y. LAHMA
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
38 JOUR 5
a suivi cette décision en choi-
sissant Hoping pour la con-
struction de son usine. Cette
dernière a débuté son activité
en 2000. La capacité de pro-
duction de cette usine est de
l’ordre de 4 000 kt/an d’après
M .   C h e n g -Ts e W u ( a s s i s -
tant manager of processing
control department) qui nous
a accueilli dans l’entreprise et
nous a présenté son activité.
L’histoire du ciment à Taïwan
a débuté en 1915. L’entreprise
japonaise Asano Cement a
commencé à construire des
cimenteries. La production
annuelle de ses usines était
de 30 kt/an. En 1942, l’usine
de Suao a été construite. En
1954, l’état taïwanais a décidé
de développer l’industrie du
ciment et d’ouvrir le marché.
Plusieurs entreprises privées
ont investi dans ces entre -
prises étatiques. La période
entre 1975 et 1980 a connu
une forte expansion, 10 usines
ont été construites avec une
capacité de production de
1 403 kt/an. En 1988, le gouver-
nement a bloqué l’importation
du ciment [2].
La production du ciment se
déroule selon le processus
suivant :
La première phase est celle
de l’extraction et du concas-
sage. Cette étape consiste en
l’abattage des fronts de la car-
rière puis à concasser les gros
rochers extraits. L’avantage
que représente la carrière de
l’usine, est qu’elle se trouve
à une hauteur de 1 200 m par
rapport à l’usine, ce qui évite
des dépenses énergétiques
dans le transport des roches
puisqu’elles sont déplacées
par gravité (une grande canali-
sation par laquelle les rochers
to m b e n t ve r s l ’ u s i n e ) . L a
phase suivante est la phase de
pré-homogénéisation. Cette
opération s’effectue dans de
vastes hangars où le cru est
échantillonné, mélangé puis
dosé (majoritairement du cal-
caire CaCO3
et du schiste). Le
cru résultant est ensuite broyé
et transformé en poudre fine.
La farine qui ressort des broy-
eurs est stockée dans des silos
d’homogénéisation. Ces silos
à l’aide de l’air fourni par
des surpresseurs permettent
de régulariser la composi-
tion chimique et la densité
des composantes de la farine.
La farine est acheminée vers
un four où la température
atteint les 1400°C. Au cours
de l’acheminement, une pre-
mière étape de préchauffage
permet de réduire la consom-
mation énergétique en récu-
pérant la chaleur des gaz
de combustion issus du four
pour sécher et réchauffer la
farine où elle se déshydrate
et se décarbonate partielle-
ment. On obtient à la sortie
du four du clinker. Le clinker
est ensuite refroidi pour sta-
biliser sa composition puis
broyé. D’autres composants
tels le gypse sont rajoutés au
clinker avec un certain dosage
q u i c o r re s p o n d à l ’ u s a g e
du ciment (maçonnerie, ou
travaux grande masse comme
les barrages …). Nous obten-
ons finalement du ciment prêt
à être expédié.
Les matières premières, telles
que des combustibles, des
résidus de fer, et de gypses,
sont impor tées du por t de
Hoping, et les coproduits de
production sont exportés dans
le port de la côte ouest [1].
La joint-venture a été créée
car elle per met d ’adopter
une économie circulaire en
faveur de l’environnement.
La chaleur fatale de la cimen-
terie a une capacité de pro-
duction de 31,5 MWh. Quand
les deux fours de la cimente-
rie fonctionnent, la quantité
d’électricité générée atteint
21,3 MW [1].
De plus, TCC a développé des
techniques de captage du CO2
.
Elle utilise le calcaire comme
absorbant vu sa grande capac-
ité d’absorption et sa con-
sommation d’énergie réduite
(dépenses supplémentaires
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
39JOUR 5
en énergie < 20% et un coût
<$ 30 US/t). Le calcaire absor-
bant peut être utilisé comme
m at i è re p re m i è re d a n s l e
processus de fabrication du
ciment, pour atteindre zéro
déchet produit. La figure sui-
vante, extraite d’une photo
prise lors de notre visite de
la cimenterie, illustre le prin-
cipe de cette technique.
L’efficacité du processus est
supérieur à 80 % (le ratio Ca/
C<5) et la capacité de captage
du CO2
est de 0,16 t/h. Pour
a u gm e nte r s o n e f f i c a c i té,
TCC utilise des cyclones en
cascade parce que la structure
verticale des cyclones favorise
l’échange thermique et limite
la surface occupée. En 2025,
TCC espère réduire ses coûts
à 10-15 $US/t.
La centrale charbon
A p rè s avo i r d é j e u n é à l a
cantine du site, les élèves ont
été accueillis dans les bureaux
d e l a ce nt ra l e à c h a r b o n
par Mr Mu Chuan Tseng le
v i c e - p ré s i d e n t d u s i t e e t
Mr Gary J. G. Wei, le manager
du département « Services en
ingénierie » qui y a présenté
le fonctionnement de la cen-
trale et sa place dans le mix
énergétique taïwanais. Le site
de la centrale s’étend sur 27
hectares et comprend deux
u n i té s g é n é rat r i ce s d ’ u n e
puissance maximale unitaire
de 660 MW. Elle produit 3,7 %
de la demande de l’île en
électricité, ce qui en fait la
quatrième centrale à charbon
de l’île. Au niveau général, le
charbon représente 22% de la
puissance installée (9,2  GW )
pour 30% de la génération
nette d’électricité (presque
70 000 GWh).
La construction de la centrale
a débuté au même moment
que celle de la cimenterie.
Les unités de production ont
produit leur première flamme
en juillet et novembre 2001.
Les opérations commerciales
ont commencé en juin et sep-
tembre 2002.
Le propriétaire de la centrale
est Ho-Ping Power Company,
il est propriétaire du site, des
équipements et des machines.
L’investissement réalisé pour
construire la centrale a été de
38 500 millions de NT$ (soit 1,1
milliards d’euros). Les parts
de la centrale sont réparties
entre 3 entités : CLP (20  %),
l a M i t s u b i s h i Co r p o rat i o n
(20  %) et la Taïwan Cement
Corporation (60 %). Le respon-
sable des opérations et de la
maintenance du site est la HPC
Power Services Corp (HPSC)
qui prend en charge les res-
sources humaines.
Le c h a r b o n q u i a r r i ve a u
port provient principalement
d’I ndonésie, d’Australie et
de Russie. Il est transporté
jusqu’aux dômes de stockage
via des tapis roulants. Deux
de ces dômes ont un diamètre
de 146 m pour une capac-
ité de stockage de 105 kT de
charbon. Le dernier dôme a
un diamètre de 126m pour
une capacité de 155 kT. En
moyenne, un bateau, conten-
ant environ 70 000 tonnes de
charbon, vient approvisionner
la centrale chaque semaine.
Principe de fonctionnement du captage de CO2
© A. MACHRAFI
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
40 JOUR 5
Principe de fonctionnement de la centrale © A. MACHRAFI
I l nous a été possible de
visiter un des dômes de stock-
age de charbon.
Comme on peut l’obser ver
sur la photo suivante et sur
la figure représentant le fonc-
tionnement général de la
centrale, le charbon arrive
par le haut et il est entreposé
sous forme de tas.
Principe de fonctionnement de la centrale © J. THOMAS
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
41JOUR 5
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
42 JOUR 5
Les caractéristiques des chaudières et des turbines et générateurs sont représentées dans le
tableau suivant :
Chaudières (partie jaune) Turbines & Générateurs
(partie rose)
Pression de vapeur moyenne
(bar)
182 177,5
Température moyenne de la
vapeur (°C)
542 540
Débit moyen (t/h) 1990 1930
Cette centrale est donc carac-
térisée comme une centrale
sous critique, ayant néan-
moins un rendement de 40 %.
Il est important de noter qu’ici
les chaudières sont préchauf-
fées en utilisant du diesel
(partie orange en bas à gauche
du schéma de principe).
L’eau utilisée pour générer de
la vapeur (partie verte en bas)
est de l’eau industrielle, elle
est filtrée et déminéralisée
avant d’être acheminée aux
turbines. L’eau de mer pré-
levée dans le port est utilisée
en refroidissement au niveau
de la turbine. Elle est filtrée
en entrée par une protection
cathodique en titane. D’une
t e m p é r a t u r e d e 2 5 ° C , e n
entrée, elle ressort aux alen-
tours de 33°C maximum (la
limite légale se situe à 42°C).
Après la phase de combus-
tion, les vapeurs sont ensuite
traitées via trois systèmes
d i f f é r e n t s . To u t d ’ a b o r d ,
une réduc tion catalytique
sélec tive (SCR) transforme
les oxydes d’azote, NOx en
diazote N2
et en eau. Les par-
ticules fines sont ensuite fil-
trées via un dépoussiéreur
électrostatique (ESP). Enfin,
une un ité de dés u lf u r is a-
tion (FGD) utilise du calcaire
pour capturer les dioxydes
de soufre. Cette réaction de
réduction utilise du calcaire
extrait de la carrière de la
cimenterie et produit le gypse
utilisé par la cimenterie.
Grâce à ces systèmes de fil-
trage, la centrale cherche à
limiter ses émissions de gaz
à effet de serre. Ainsi, elle est
en dessous ou égale aux stan-
dards nationaux représentés
dans le tableau suivant.
Le r e s t e d e s f u m é e s e s t
libérée par la cheminée qui
mesure 250m de haut pour un
diamètre de 25,1m au pied et
17,1 m au sommet.
Caractéristiques des chaudières et des turbines © J. THOMAS
Les élèves du mastère devant les deux chaudières © J. THOMAS
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
43JOUR 5
Limites d’émission de la
centrale
Standards nationaux
SOx ≤ 50 ppm ≤ 60 ppm
NOx ≤ 50 ppm ≤ 50 ppm
Particules fines ≤ 20 mg/Nm3
≤ 20 mg/Nm3
Limites et standars d’émissions © J. THOMAS
Enfin, la centrale est raccor-
dée au réseau à haut voltage
(345 kV) pour une capacité de
2180 MVA via la sous station
de Tong Shan. Cette connex-
ion entre la centrale et la sous
station est longue de 53  km
et nécessite 123 pilonnes.
L a c e n t r a l e a é t é c e r t i -
fiée ISO  9001 en mai 2003
puis 14  001 depuis octobre
2004. En 2011, elle obtient
cinq étoiles de la part de la
National Standards Authority
of Africa (NOSA), une agence
qui certifie la qualité et la
sécurité de production de
biens et services. Elle audite
la centrale tous les ans afin
de vérifier le respec t des
normes d’émissions de gaz à
effet de serre.
Dans le cadre du contrat de
production d’électricité signé
avec Taipower pour une durée
de 25 ans, la centrale est dans
l’obligation de fournir des
heures garanties de produc-
tion. En été (de juin à sep-
tembre), elle doit produire
au maximum de sa capac-
ité tous les jours de 7h30 à
22h30. Tandis que durant
tous les autres mois elle doit
produire de 8h30 à 21h30.
Durant les autres créneaux, la
centrale répond aux besoins
de Taipower. Ainsi les activi-
tés à hauts risques, les tests
de routine qui nécessitent
des décharges et les arrêts
planifiées sont réalisés dans
les périodes de production
non garanties. Une période
d’arrêt pour mener des révi-
sions mineures est prévue
durant 25 à 35 jours par an.
Tous les six ans, une période
de révision majeure est effec-
tuée, elle dure 50 jours.
En termes de per formance,
sur les 15 dernières années,
la centrale est disponible en
moyenne 90 % sur l’année
pendant les périodes de pro-
duction garanties et autour
de 83 % sur l’année entière.
La production s’élève donc à
environ 9 500 GWh chaque
année.
L’ensemble des élèves tient à
remercier le personnel de la
cimenterie et de la centrale
à charbon pour leur accueil
chaleureux et les précieuses
informations fournies sur
le fonctionnement de leur
usine.
Aboubakr MACHRAFI,
Juliette THOMAS &
Hamza MRAIHI
Sources :
[1]	 	« Taïwan Cement », Taïwan Cement. Disponible sur: http://www.taiwancement.com/en/. [Consulté le: 13-mars-2019].
[2]	 	« Southeast Cement Corporation Website ». Disponible sur: http://southeastcement.com.tw/. [Consulté le: 13-mars-2019].
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
44 CONTACTS ET REMERCIEMENTS
Au-delà des remerciements aux personnes citées dans les pages de ce compte rendu, ce voyage
n’aurait pu avoir lieu sans l’aide d’autres que nous tenons également à remercier chaleureusement :
Le Bureau Français de Taipei pour son aide précieuse et ses nombreux contacts univer-
sitaires ainsi que pour les échanges que nous avons pu avoir lors de notre passage à la
French Tech, notamment avec M. Benoît Guidée, directeur, M. Benoît Lépine et Sasha
Ting, Attachés Scientifiques et M. Jonathan Drubay, adjoint à l’attaché scientifique.
M. Pascal Viaud, Directeur d’Ubik consulting, pour son efficacité dans la mise en rela-
tion avec les par tenaires industriels visités ainsi que Mei-Ling Tsai, Direc trice
de l’agence Ubik Travel pour avoir assuré la logistique et l’interprétariat avec
b r i o t o u t a u l o n g d e n o t r e p é r i p l e à Ta ï w a n ( h t t p : / / w w w. u b i k . c o m . t w / e n / ) .
M . M a r t i n T z o u , d i r e c t e u r d e s m a r c h é s p o u r E D F à T a ï w a n
p o u r s a p r é s e n t a t i o n d e s a c t i v i t é s d ’ E D F s u r l ’ î l e d e T a ï w a n .
M . C l é m e n t D i e u d o n n é , d i r e c t e u r d e l a s t r a t é g i e d ’ U b i i k e t M . P h i l i p p e
Tz o u , R e s p o n s a b l e d u b u s i n e s s d e v e l o p m e n t d ’ U n a B i z p o u r n o u s a v o i r
p r é s e n t é l e d é v e l o p p e m e n t d e l e u r s a c t i v i t é s a u s e i n d e l a Fr e n c h Te c h .
M . H s u Tu n K u e i , d i r e c t e u r d u d é p a r t e m e n t d i s t r i b u t i o n c h e z Ta i p o w e r,
p o u r s a p r é s e n t a t i o n d e s a c t i v i t é s d e l a s o c i é t é e t d e s o n s h o w r o o m .
M. Bor Kae Chang, professeur à l’Université Nationale Centrale (NCU), pour l’organisation de
cette demi-journée d’échanges fructueux. M. Chih-Ang Chung, professeur et vice-président du
département de mécanique pour son accueil et la présentation de l’université, M. Chung-Jen
Tseng, professeur émérite pour la présentation et la visite du projet d’habitat écologique intel-
ligent, enfin les professeurs Cheng-I Chen et Jiunn-Chi Wu pour leur présence et leurs questions.
M. Jean-Baptiste Fichet, chargé d’affaires à l’ITRI pour son accueil, M. Tze-Chin Pan, pour
sa présentation des économies d’énergies dans l’industrie, M. Yi-Hua Wu, pour sa présen-
tation du modèle TIMES de l’île de Taïwan et Mme Jessica Ma pour la visite du showroom.
M. Chia-Yuan Chen professeur à NCKU pour avoir organisé notre journée de rencontre.
Mme Weili Teng pour son accueil et accompagnement. M. Yen-Jong Chen et M. Jow-Lay
Huang professeurs pour leurs présentations ainsi que les professeurs Hong-Tzer Yang,
Changshu Kuo, Wei-Hsiang Lai, Rodney H. Matsuoka, Eric Chen, Jih-Heng Chen, Rita
Kua, Hsin-Hung Chen, Hung-Jie Tang pour leur présence et les visites proposées.
Inf'OSE Mars 2019
Inf'OSE Mars 2019
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  • 1. N° 141Mars 2019 Taïwan, coeur de l’Asie Edition spéciale : voyage des étudiants du Mastère Spécialisé © OSE Mensuel sur l’énergie et l’environnement
  • 2. infose@mastere-ose.fr TELEPHONE 04 97 15 70 73 ADRESSE Centre de Mathématiques Appliquées Mines Paristech Rue Claude Daunesse CS 10 207 06904 Sophia Antipolis Toute reproduction, représentation, traduc- tionouadaptation,qu’ellesoitintégraleoupar- tielle, quel qu’en soit le procédé, le support ou le média, est strictement interdite sans l’auto- risation des auteurs sauf cas prévus par l’article L. 122-5 du code de la propriété intellectuelle. I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 2 Coordinatrice - Catherine Auguet-Chadaj Maquettiste - Lucas Desport Photos - Etudiants MS OSE SOMMAIRECONTACTS 03 - Édito 04 - État de l’art de l’énergie à Taïwan 07 - Visite de Taïwan TechArena 13 - Visite de Taipower 16 - L’Université Nationale Centrale 20 - Focus sur la régulation, la prospective et les nou- velles technologies à l’ITRI 24 - Conférences à l’Université Nationale de Cheng Kung 28 - Le campus An-Nan de NCKU 32 - Visite d’une centrale solaire flottante avec Ciel&Terre 34 - Le barrage de Wushantou 36 - Tsing Hua University 38 - La cimenterie et la centrale charbon de HoPing 44 - Contacts et remerciements 46 - Partenaires Page de garde : tour Taipei 101
  • 3. C omme chaque année, les élèves du Mastère Spécialisé OSE ont eu la chance de réaliser un voyage d’études d’une semaine début mars. Cette année, c’est l’île de Taïwan qui a été choisie pour une étude approfondie de son système énergétique. La situation énergétique de Taïwan est partic- ulièrement intéressante, de par le caractère insulaire du pays, ses relations géopolitiques complexes avec son plus proche voisin, la Chine, et de fortes contraintes naturelles. Pendant les 8 jours passés sur place, les élèves ont pu visiter de nombreuses installations autour du thème de l’énergie, et assister à des présentations de qualité. Dans ce numéro spécial voyage de l’Inf ’OSE, nous vous proposons un aperçu des lieux que nous avons eu le privilège de visiter au cours de cette semaine riche en découvertes. Vous trouverez également dans ce numéro une synthèse des idées que nous avons eu l’occasion de présenter lors de conférences dans deux grandes universités du pays, National Central University (NCU) et National Cheng Kung University (NCKU), autour de la thématique majeure traitée par la promotion de cette année : les vecteurs éner- gétiques pour une mobilité durable. Si cette problématique vous intéresse, vous pourrez en retrouver une analyse plus approfondie dans un livre écrit par les élèves du mastère OSE et qui devrait être édité fin 2019, et à l’occasion d’un colloque consacré à ce sujet à Sophia-Antipolis le 26 septembre prochain. Nous souhaitons tout d’abord remercier l’ensemble des personnes sans qui ce voyage n’aurait pas été possible. Tout d’abord, un grand merci aux universitaires et industriels qui nous ont accueillis et ont pris le temps de nous présenter leurs activités, nous ont fait découvrir leurs installations et ont échangé avec nous sur des sujets aussi bien techniques qu’économiques. Merci à la NCU et la NCKU pour la qualité de l’auditoire et des débats lors des conférences. Merci à Taipower, à l’Industrial Technology Research Institute (ITRI), Ciel et Terre, Wusanto Reservoir, Taïwan Cement Corporation et Ho-Ping Power Company, pour les visites passionnantes qu’ils nous ont réservées. Merci à Taïwan Tech Arena de nous avoir reçus, ainsi qu’à EDF, Ubiik et UnaBiz pour leurs présentations captivantes. Un grand merci égale- ment au Bureau Français de Taipei et à UBIK, grâce à qui ce voyage fut aussi riche que diversifié. Enfin, nous remercions chaleureusement Gilles Guerassimoff, responsable du MS OSE, ainsi que toute l’équipe du Centre de Mathématiques Appliquées, d’avoir organisé avec brio cet exceptionnel voyage d’études. Nous vous laissons dès à présent découvrir la richesse du système énergétique taïwanais en parcou- rant avec nous les différentes étapes de ce voyage pour le moins dépaysant. Bonne lecture ! Dorine JUBERTIE I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 3EDITO
  • 4. Taïwan est avant tout une petite île (36 000 km²), avec seulement 30% de sur faces constructibles, le reste étant des montagnes. Du fait de cette topographie par ticu- lière, le pays possède peu de ressources naturelles et doit impor ter jusqu’à 98% de son énergie. On y importe principalement du charbon (Australie, Russie, Indonésie) et du gaz sous forme de Gaz Naturel Liquéfié (Indonésie, Arabie Saoudite, Etats-Unis). Enfin, même si elle a été envisagée, une interconnex- ion avec la Chine reste impos- sible étant donné les relations diplomatiques compliquées entre les deux pays. PAYSAGE ÉNERGÉTIQUE ACTUEL Mix énergétique actuel de l’Ile I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 4 L’ÉNERGIE À TAÏWAN ÉTAT DE L’ART DE L’ÉNERGIE À TAÏWAN SPÉCIFICITÉS GÉOGRAPHIQUES AU CŒUR DE SA STRATÉGIE ÉNERGÉTIQUE Si Taïwan est « le cœur de l’Asie » par son attractivité touristique et son fort développe- ment dans les hautes technologiques, sa situation énergétique est délicate. Contrainte par sa géographie, contrainte par des enjeux de transitions énergétiques et de qualité de l’air, l’île fait face à de nombreux défis que le gouvernement a décidé de prendre à bras le corps à travers une politique ambitieuse qui passe par un fort développement des énergies renouvelables et une sortie radicale du nucléaire.
  • 5. Quand on regarde le paysage énergétique taïwanais, il faut prendre en compte son climat tropical, caractérisé par un été chaud et humide, une saison des pluies commençant en avril, et un hiver doux et un peu moins humide. De fait, la con- sommation de gaz est faible, et c’est la pompe à chaleur qui servira de chauffage si besoin. La consommation en électric- ité est donc impor tante. Il faut répondre à une demande sans cesse croissante, qui a atteint 233 TWh en 2018, soit +2 T Wh par rapport à 2017. En moyenne, chaque habitant consomme 10 MWh par an. Par ailleurs, la consommation est particulièrement élevée dans le nord du pays, où la concentration de population est plus élevée et où l’industrie est la plus active. L’électricité est produite majoritairement par le charbon et le gaz (66% du mix énergétique), ainsi que par du nucléaire et des éner- gies renouvelables en timide croissance. OBJECTIFS 2025 Le gouvernement taïwanais a posé des objectifs simples et ambitieux pour 2025 dans un contex te de transition énergétique. Ils se caractéri- sent par une sortie radicale du nucléaire (0 % du mix) en faveur du gaz et des ENR, ainsi que d’une réduction de la production d’énergie à p a r t i r d e c h a r b o n . O n retrouve ci-dessous le mix visé pour 2025. Cet objectif apporte de nou- v e a u x c h a l l e n g e s a u q u e l les taïwanais devront faire face. D’une part, la place du charbon reste impor tante (jusqu’à 30%), ce qui est inco- hérent avec l’urgence des pro- blèmes environnementaux. Ensuite, l’augmentation de la production d’électricité à partir de gaz nécessite la con- struc tion d’infrastruc tures portuaires coûteuses, afin de permettre son importation. Enfin, la croissance atten- due du renouvelable con- siste à passer de 5% du mix à 20%… Ceci sera permis grâce à de fort Feed-In Tariffs (mécanismes économiques d’incitation aux renouvel- ables) ainsi qu’un fort poten- tiel éolien Offshore (5,5  GW sur la côte ouest, 5e gise- m e nt m o n d i a l ) . To u te fo i s cette intégration massive des ENR suscite des problèmes de stabilité du réseau, avec une augmentation du risque de blackout ! Objectif du mix énergétique de l’Ile en 2025 I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 5L’ENERGIE A TAÏWAN
  • 6. I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 6 L’ÉNERGIE À TAÏWAN En définitive, l’île de Taïwan doit certes faire face à des défis énergétiques aux orig- ines à la fois géographiques, géopolitiques, et de transition énergétique. Mais les objectifs de 2025 pourront être menés à bien si les aides aux renouvel- ables sont suffisantes et si les enjeux de stabilité du réseau sont résolus. Antoine Jourdain de Muizon CONCLUSION ZOOM PLACE DU NUCLÉAIRE Le nucléaire tient une place importante du fait de sa stabilité. L’énergie produite est presque parfaitement contrôlable, même s’il faut du temps pour démarrer ou arrêter un réacteur. Dans un pays insulaire comme Taïwan, cette stabilité est vitale. Ainsi en août 2017, Taïwan faisait face au plus grand blackout de son histoire, et ceci était dû à l’arrêt d’un réacteur, ce qui témoigne de l’importance de cette énergie pour assurer la demande. Toutefois la petite taille de l’île ne permet pas l’établissement d’une zone de stockage des déchets, qui sont donc stockés in situ, ce qui pose des problèmes de sécurité. C’est principalement pour cette raison que le gouvernement a décrété l’arrêt complet de la production nucléaire d’ici 2025. En revanche, les points de vue des deux principaux partis politiques sur le nucléaire laissent présager une évolution possible de l’objectif 0%. La question reste donc ouverte. Sources : d’après Martin TZOU, EDF – Taïwan Market Director, et Prof. Tsung-Kuang YEH, NTHU University, Hsinchu
  • 7. I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 7JOUR 1 Visite de Taïwan TechArena ACCUEIL DU BUREAU FRANÇAIS DE TAIPEI (BFT) Le lundi 4 mars, les élèves du mastère ont été accueillis par le Bureau Français de Taipei ainsi que deux start-ups à la Taïwan TechArena. L e s é l è v e s d u M a s t è r e Spécialisé en Optimisation des Systèmes Energétiques en déplacement à Taïwan ont pu échanger avec M. B e n o î t G u i d é e, D i re c te u r d u B u r e a u f r a n ç a i s d e Ta i p e i , l e l u n d i 4 m a r s 2019 au Taipei TechArena. M. Guidée nous a proposé u n e p r é s e n t a t i o n é t a y é e d e l ’ h i s t o i r e d e l ’ î l e . Taïwan est une des écono- mies les plus développées d’Asie. L’île est en effet la 21ème économie mondiale avec environ 600 milliards de $ de PIB, soit la 6ème écono- mie d’Asie, devant Singapour ou la Thaïlande. Et malgré ses 25 000 $ de PIB par habitant, en ramenant ce chiffre en termes de parité de pouvoir d’achat, les Taïwanais sont au-dessus de la France. C’est donc le signe d’une écono- mie très développée avec des marques exportatrices high- tech comme HTC, Asus, Acer ; mais le cœur de l’économie Taïwanaise repose sur des g é a n t s d e l ’é l e c t r o n i q u e a u cœ u r d e s c h a î n e s d e valeur asiatiques, souvent méconnues du grand public Foxconn, Quanta, Pegatron puisqu’ils opèrent principale- ment sous marque blanche. P o l i t i q u e m e n t p a r l a n t , Taïwan est une démocra- t i e d e s p l u s d y n a m i q u e s d ’A s i e m a l g ré s o n j e u n e âge puisque la loi martiale a perduré jusqu’en 1987. La première élection présiden- tielle au suffrage universel a eu lieu en 1996, la première alternance politique en 2000. A u j o u r d ’ h u i , c ’e s t u n e démocratie complète avec des alternances régulières, une société civile très forte, u n e l i b e r té d e l a p re s s e plus grande qu’au Japon ou en Corée du Sud selon le classement RSF. C’est pour cela, par exemple, que l’ONG Reporter Sans Frontières a même décidé d’ouvrir son bureau asiatique à Taipei. On a 2 grands par tis de gouvernement qui alternent avec d’un côté le Kouo-Min- Tang, plutôt conser vateur, issu de l’ancien régime dicta- torial qui est devenu un parti démocratique, et le Par ti Démocrate Progressiste (DPP), plutôt de centre gauche. Le principal clivage entre ces deux par tis est autour d e l a q u e s t i o n d e s re l a - tions et du rapport avec la Chine : le Kouo -M in-Tang qui affirme que Taïwan fait partie intégrante de la Chine Benoît Guidée, Directeur du Bureau Français de Taipei © Y. LAHMA
  • 8. I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 8 JOUR 1 alors que le parti démocrate progressiste, aujourd’hui au pouvoir, affirme le contraire. Historiquement, Taïwan est jusqu’au 17ème siècle une île occupée par des populations abor igènes, assez proches de celles qu’on peut trouver dans l’océan pacifique, comme les mélanésiens de Nouvelle- Calédonie. C’est donc une île à l’écart des grands flux asi- atiques. Les grandes puis- sances de l’époque se sont d’abord intéressées à Taïwan comme possible relai pour le commerce international. Les premiers arrivés ne sont pas les chinois mais les hollandais et les espagnols, mais qui très rapidement laissent la place aux Chinois. La domination chinoise va perdurer pendant 2 siècles. L’immigration chinoise est principalement issue de la province du Fujian. Cependant, l ’î l e re s t e re l a t i ve m e n t à l’écart de la Chine, que cette dernière considère comme un front pionnier assez reculé. C’est en 1895 que les choses changent, quand le Japon, gagne la guerre contre la Chine, il récupère Taïwan. Il va se passer 50 ans pendant lesquels Taïwan devient une colonie du Japon et est alors coupée de la Chine. Cette col- onisation apporte avec elle une vague de modernisation, qui va faire de Taïwan un ter- ritoire assez avancé sur le plan industriel et économique. En 1945, quand le Japon perd la guerre, Taïwan revient à la Chine. Toutefois, au terme de la guerre civile en Chine, le gouvernement nationaliste chinois de Tchang Kaï Check vaincu par les communistes, se réfugie à Taïwan. Il se considère comme le vrai représentant de la Chine fasse aux « rebelles communistes ». Les pays occi- dentaux vont dans un premier temps continuer à le recon- naitre comme le représentant officiel de la Chine ( Taïwan siégera d’ailleurs au conseil de sécurité de l’ONU jusqu’en 1971). La France du Général De Gaulle reconnaitra dès 1964 la République Populaire de Chine, conduisant à une rupture des relations avec Taipei. Il ne lui reste plus que 18 alliés diplo- matiques comme le Honduras ou la République Dominicaine. Finalement, c’est la démocra- tisation de Taïwan qui pousse u n e p a r t i e d e s a p o p u l a - tion à développer un senti- ment nationaliste. C’est cela qu’incarne l’arrivée au pouvoir en 2000 du DPP. Le Kouo - M in-Tang revient pour tant au pouvoir en 2008 avec une politique de rapprochement a v e c l a C h i n e , a v a n t d e laisser à nouveau la gouver- nance du pays au DPP en 2016. Cela crée de vives tensions avec la Chine. C’est aujourd’hui le statu quo qui domine. La Chine refuse le dialogue avec Taïwan et maintient une pression poli- tique et parfois économique. Du fait de cette pression, il est notamment difficile pour Taïwan de signer des accords de libre-échange avec d’autres partenaires. Taïwan se définit parfois comme « orphelin de la communauté internationale ». La France, comme tous les Etats européens, n’a pas de relations diplomatiques avec Taïwance qui n’empêche pas de développer des relations concrètes avec Taïwan autour de 4 grandes thématiques : • U n e c o m m u n a u t é d e v a l e u r s d é m o c r a t i q u e s e t d e d r o i t d e l ’ h o m m e Taïwan montre que la culture chinoise est tout à fait compat- ible avec les valeurs démocra- t i q u e s. Ta ï w a n f a i t f i g u re d’avant-garde sur les ques- tions de droits de l’homme puisqu’il est le premier terri- toire à adopter le mariage pour tous en Asie (prévu pour mai 2019). C’est aussi dans cette île que la place de la femme dans la société est la plus
  • 9. I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 9JOUR 1 importante avec pour preuve une femme non héritière poli- tique qui dirige actuellement le pays à savoir Tsai Ing-wen. • L’innovation car Taïwan est fondée sur une industrie à la fois très puissante mais qui a dans le même temps du mal à passer à une nouvelle phase. L’île a raté le tournant internet et est majoritaire - ment resté dans le hardware et le domaine du semi-con- ducteur. Taïwan penne pour- tant à innover. Elle a des possi- bilités évidentes de partenar- iats d’innovation « win-win » avec l’Europe et notamment l a Fr a n c e. Ce t t e d e r n i è re t r o u v e i c i u n p a r t e n a i r e économique fiable puisque il y a un respect de la propriété intellectuelle, un Etat de droit qui fonctionne et des pra- tiques commerciales fiables. • L’environnement et le climat : Taïwan fait face à de nombreux problèmes envi- ronnementaux, notamment de par son mix énergétique. Le gouvernement actuel mène une ambitieuse politique de t ra n s i t i o n é n e rg é t i q u e e n mettant l’accent sur les éner- gies renouvelables ainsi que d’une sortie rapide (mais con- testée) du nucléaire. Cela ouvre donc des perspectives pour la coopération avec la France. La culture : L’image de la France est forte mais parfois prison- nière de clichés. Le Bureau Fra n ç a i s à Ta i p e i c h e rc h e donc à renouveler cette image grâce à l’innovation culturelle. En conclusion, Taïwan est impor tante pour la France car elle représente un « hub ré gi o n a l » e t u n « l a b o ra- to i re » , p o u r l ’i n n ovat i o n technologique, politique et démocratique, énergétique. A titre d’exemple, Taïwan est le leader de l’éolien off-shore en Asie. C’est là que se joueront les choses, notamment sur les normes, et les gagnants de la course taïwanaise seront bien placés dans le reste de l’Asie. Malheureusement, les entreprises industrielles fran- çaises ne sont pas présents à ce stade dans les projets d’éolien off-shore à Taïwan (mais nos banques sont très présentes sur ces projets). Eli RAKOTOMISA Les élèves du mastère à la Taïwan TechArena © Y. LAHMA
  • 10. I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 10 JOUR 1 RENCONTRE AVEC EDF ET DEUX JEUNES START-UPS Le lundi 4 mars 2019, Pascal Vi a u d, re p ré s e nt a nt d e l a French Tech de Taïwan, un p ro m e t te u r i n c u b ate u r d e star t-up, a reçu l’ensemble d e s é t u d i a nt s d u m a s tè re OSE. Située au cœur de la Tech Arena de Taipei, la French Tech (ouverte en juin 2018) a pour objectif d’aider les start-upper français et Taïwanais (déjà plus de 500) de tous types à monter des projets à Taïwan et plus largement en Asie. Une telle structure permet égale- ment de donner une nou- velle dimension à la collab- oration économique franco- taïwanaise dans le secteur de l’innovation. C’est dans ce cadre que Martin Tzou, directeur de marchés pour EDF à Taïwan a présenté les activités de l’entreprise française sur l’île. Architecte et urbaniste, M. Tzou, est chez EDF depuis 5 ans et met en avant les ambitions d’EDF quant aux possibles dével- oppements de projets autour du sujet de la « ville durable ». Compte tenu du mix éner- gétique Taïwanais fortement carboné, le développement des Smart Grids semble être le levier le plus prometteur pour décarboner le système énergétique. Des volontés citoyennes et politiques visent à limiter et fermer les centrales ther- miques et nucléaires ainsi qu’à développer les énergies renouvelables sur l’île. La désintégration ver ticale de TaiPower, opérateur du système électrique de Taïwan, va dans ce sens. EDF appor te son exper tise s u r d e n o m b re u x s u j e t s : mise en place de compteurs intelligents, développement de réseaux de froid, modé - lisation des zones de pollu- tion au sein des aires urba- ines ou encore le par tage d’expérience sur l’ouverture à la concurrence de la produc- tion d’électricité… Autant de sujets que d’activités à dével- o p p e r p o u r a c c o m p a g n e r Taïwan vers un système élec- trique encore plus performant. Lors de la visite de Taïwan Te c h A r e n a , l e s é t u d i a n t s d u M a s t è r e O S E o n t e u l’opportunité de faire connais- sance avec quelques technolo- gies disruptives grâce à Ubiik et UnaBiz, deux start-ups qui ont présenté leurs activités et produits dans le domaine de l’IoT. Les deux jeunes entreprises ont décidé de se lancer dans ce domaine fortement innov- ant : l’IoT (Internet of Things o u e n c o r e l ’ I n t e r n e t d e s objets) se réfère aux objets i n t e r c o n n e c t é s d a n s u n réseau, capables de communi- quer en envoyant et en recev- ant des données. Ces objets, pouvant être des capteurs, des feux de circulation, des GPS, des téléphones ou tout objet muni d ’équipements é l e c t r o n i q u e s , c o m m u n i - quent entre eux mais aussi Présentation de ubiik © Y. LAHMA
  • 11. I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 11JOUR 1 avec des ordinateurs, créant un lien rapide et économique entre le monde physique et le monde virtuel. Les réseaux sur lesquels les objets communi- quent se veulent peu couteux et très peu consommateurs d’énergie. Ces deux caracté- ristiques sont d’autant plus vraies pour ces deux entre - prises qui font partie d’une toute nouvelle industrie focal- isée sur un réseau bas débit et longue portée (LPWAN) con- trairement aux réseaux 4 ou 5G. Rencontre avec ubiik Ubiik est une entreprise spé- cialisée dans le domaine de l’IoT notamment sur le mon- itoring énergétique. La start- up a été fondée en 2016 et est d’ores et déjà leader du m a rc h é d a n s l e s te c h n o l - o g i e s L P WA N ( Lo w Po we r Wide Area Network ou liai- sons sans fil à faible consom- mation d’énergie). Clément Dieudonné, un français installé à Taïwan et directeur de la stratégie de l’entreprise, nous a donné un aperçu des activ- ités et des technologies de cette start-up, qu’il a fondée avec trois autres personnes. L’entreprise est née du constat que l’IoT, avec ses solutions t e c h n o l o g i q u e s a c t u e l l e s , n’est pas encore bien adapté aux applications industrielles. Ainsi, au lieu d’opter pour un réseau capable de gérer un flux de données importants, Ubiik a opté pour une tech- nologie innovante en mettant l’accent sur la durée de vie des installations et la portée du signal. L’envol de cette start-up a eu lieu suite à l’appel d’offres d e TA I P O W E R ( l ’e nt re p r i s e publique taïwanaise de pro- d u c t i o n e t d e f o u r n i t u r e d’électricité) pour le déploi- ement des compteurs intelli- gents au niveau national. La start-up Ubiik a été sélection- née dans le cadre de la pre- mière tranche du plus gros projet IoT de Taïwan, q u i consiste à connecter sans fil environ 3 millions de compt- eurs électriques d’ici 2023. L’atout de Ubiik réside dans le fait que la technologie qu’elle a développée n’est pas breve- tée. Elle est « Open standard », ce qui veut dire que les spéci- fications liées à la technolo- gie et la recette pour implé- menter ces spécifications sont libres d’accès. Ainsi, malgré son jeune âge et le marché turbulent dans lequel Ubiik opère, les clients sont rassu- rés par rapport à la pérennité de la technologie. Par rapport aux solutions des concurrents, s p é c i a l i s é s d a n s l e s c o u - rants porteurs et les réseaux maillés, la longue portée de la technologie Ubiik néces- site moins d’infrastruc ture e t p a r c o n s é q u e n t m o i n s d ’ i n v e s t i s s e m e n t s . P l u s généralement, au niveau tech- nologique, la différence avec les autres solutions sur le marché résulte du fait que la communication avec les objets est bidirectionnelle. Ainsi, ces objets peuvent être contrôlés, caractéristique très intéres- sante sur le plan sécurité et mise à jour des logiciels inté- grés (firmware) Le domaine d’application des technologies Ubiik est égale- ment l’industrie, qui est inté- ressée par le monitoring et le suivi de leurs machines dans les centres de logistique, ou encore par le monitoring des complexes industriels grâce à des capteurs fiables. Plus intéressant encore, Ubiik a développé une technologie de papier électronique, utile notamment dans des appli- c at i o n s i n d u s t r i e l l e s p o u r l’indication des instructions, ou la rapidité et la fiabilité de ce système est très attray- ant. Une autre application se trouve dans le domaine de l’énergie photovoltaïque, o ù, gr â ce à d e s c a p te u r s c o n n e c t é s , l e m o n i t o r i n g
  • 12. I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 12 JOUR 1 énergétique pour la mainte- nance peut être réalisé à dis- tance. La technologie peut également être implémen- tée dans les systèmes intel- ligents d’éclairage, les sys- tèmes de positionnement ou encore les stations électriques de recharge des VE. Un grand merci à M. Dieudonné pour son accueil et sa présen- tation, nous lui souhaitons une bonne continuation dans la connexion du reste des 70 000 compteurs intelligents et pour la suite. Rencontre avec UnaBiz Toujours dans le domaine de l’IoT et à l’instar d’Ubiik, la start-up UnaBiz s’est spé - cialisée dans les technologies LPWAN. Spin-off de la société Toulousaine Sigfox, l’aventure UnaBiz a commencé en juillet 2 0 1 6 . E l l e e s t l e p re m i e r opérateur historique de Sigfox à s’être implantée en Asie avec deux bureaux, à Singapour et Taïwan, ou l’entreprise bénéfi- cie d’un écosystème favorable au développement des tech- nologies de pointe. UnaBiz est ainsi opérateur, fabricant et développeur de capteurs Sigfox, avec plus de 500 solu- tions disponibles à travers le monde. Activité plus récente, Unabiiz propose des services de consulting à des clients tels que Safran, Engie, Airbus et autres. La couverture du réseau Sigfox comprend 95 % de la population Taïwanaise et quasiment 99 % de celle Singapour ienne. Avec des prix imbattables, UnaBiz s’est imposé sur le marché en con- cluant des accords avec des clients de renommée mondi- ale. Elle a ainsi levé, l’année d e r n i è re 1 0 , 4 m i l l i o n s d e dollars grâce à trois inves- tisseurs : KDDI, SORACOM et Engie. Co n c e r n a n t s e s s o l u t i o n s IOT, Philippe Tzou – Business Development Manager, nous a présenté plusieurs marchés de UnaBiz sur le territoire Asiatique, comme la connex- ion des places de parking, par exemple. Afin de rendre plus intelligente la gestion des places de parking, les capteurs permettent de trouver fac- ilement sa place de parking, de la payer directement mais aussi, pour le gestionnaire du parking, de savoir quelles sont les places les plus sollicitées, afin d’adapter les prix en con- séquence. Avec Airbus, Unabiz travaille sur la connectivité des engins aéroportuaires, qui permet de les localiser et de connaître la fréquence de leur utilisation. Pour gérer la logis- tique de sa chaîne de froid, Carrefour utilise les capteurs UnaBiz, qui permet de suivre la procédure de transpor t et les températures de con- signe. Unabiz travaille égale- ment sur un projet pilote de ville intelligente, en fournis- sant gratuitement le réseau Sigfox à la ville de Taipei. D’autres projets existent, par exemple dans le monitoring des centrales PV, la télésanté, la gestion des parcs de vélos libre-service. E n f i n , d e m a n i è r e p l u s théorique, on peut classer ces solutions IOT en quatre groupes : les rappor ts des capteurs (mesures diverses), la géolocalisation, les rap - ports d’événements (alertes, a l a r m e s e t d é c l e n c h e - m e n t s ) e t l a g e s t i o n d e s outils (actualisation, défini- tion des paramètres). Du fait de l’utilisation d’un réseau LPWAN, les solutions propo- sées sont simples, à très bas coût, très peu énergivores et nécessitent une maintenance limitée. UnaBiz a donc trouvé sa place dans ce marché révolution- naire. Nous remercions chal- eureusement Philippe Tzou pour le temps qu’il nous a consacré ainsi que pour sa présentation. Ana DAVID & Lionel FABIANI
  • 13. I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 13JOUR 1 Lundi 5 Mars 2019, il est 14h00 quand les étudiants du mastère OSE sont chal- eureusement accueillis par M. Hsu Tun Kuei, directeur du département de la distribu- tion au sein de Taïwan Power Company ( TPC par la suite). M. Tun Kuei nous a présenté le système électrique Taïwanais, les défis liés à la transition énergétique et le rôle pri- mordial des smart grids dans cette transition. Nous vous invitons à découvrir ces solu- tions mises en œuvre ou pro- jetées par TPC dans la suite de cet article. La TPC, connue aussi sous l e n o m d e Ta i Po w e r, e s t u n e e n t r e p r i s e p u b l i q u e Taïwanaise, agissant tout au long de la chaîne de valeur du secteur d’électricité, de la produc tion à la fourni- ture des clients. Monopole public verticalement intégré, la TPC a été créée le 1er mai 1946 pour assurer la sécurité d’approvisionnement en élec- tricité pour l’île taïwanaise. Elle détient les droits exclu- sifs de vente d’électricité aux particuliers à un tarif régulé par le ministère des affaires économiques. Les producteurs indépendants doivent con- clure des contrats avec TPC pour vendre leurs électrons. En juillet 2015, le gouver- nement de la république de Chine à Taïwan a approuvé un projet de loi, proposé par le ministère des affaires économiques. Ce projet porte sur la division de TPC en deux groupes d’activités distincts au cours des cinq à neuf pro- chaines années : une entre- prise de production et une e n t r e p r i s e d e r é s e a u . E n réponse à une question des élèves sur la légitimité de cette mesure, M. Tun Kuei a répondu que l’ouver ture à la concurrence dans l’amont de la chaîne électrique per- mettrait une meilleure inté - gration des énergies renouv- elables, car plus compatible avec les appels d’offres. Le système électrique taïwa- nais est de nature insulaire ; petit et isolé, il ne présente aucune interconnexion avec le pays voisin, la Chine. Malgré l’intérêt économique et tech- nique d’une telle interconnex- ion pour Taïwan en général et TPC en particulier, cette option reste pour le moment impensable d’un point de vue politique. Aussi, l’électricité consommée sur le territoire Taïwanais doit être produite in situ, et l’équilibre instantané offre/demande est impéra- tivement à satisfaire par le parc de production local. A c e c a r a c t è r e i n s u l a i r e , s’ajoute une forte dépendance énergétique. En effet, 98  % des besoins énergétiques du pays sont importés, dont 90 % sous forme de pétrole. Cela soulève, en plus de problèmes environnementaux, de grands risques d’approvisionnement aggravés par la décision poli- tique d’une sortie rapide du nucléaire, d’ici 2025. P o u r p r é s e r v e r l a s é c u - r i t é d ’a p p rov i s i o n n e m e n t , le gouvernement Taïwanais mise sur l’accroissement de l’offre locale renouvelable. Toutefois, une intégration à grande échelle des énergies renouvelables sur le territoire se trouve rapidement freinée par des contraintes naturel- les et géographiques. En effet, parmi les 36 000 km² couverts par l’île Taïwanaise, 60  % de la surface est montagneuse. D’où l’encouragement du PV en toiture et l’émergence de projets de solaire flottant et d ’éolien offshore, dou - blement stratégiques pour Visite de TaiPower
  • 14. I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 14 JOUR 1 accompagner la transition énergétique. De ce fait, le réseau électrique taïwanais serait progressive- ment transformé pour per- mettre une part plus ou moins importante de génération dis- persée et intermittente. La TPC accompagnera cette transi- tion par des projets de stock- age pour lisser l’intermittence des énergies renouvelables, et par des solutions intelligen- tes et connectées pour coor- donner les moyens de produc- tion décentralisés. On décrit ci-après les solutions qui nous ont été présentées par M. Tun Kuei. o L e H o m e E n e r g y Management System (HEMS) : Cette solution est intéres- sante pour améliorer le pilot- a g e d e l a co n s o m m at i o n . Elle se compose d’un compt- eur intelligent et d’une unité sans fil de collecte de données d ’é q u i p e m e nt s é l e c t ro m é - nagers (adaptés au HEMS) et d’adaptateurs WIFI pour ces derniers. L’ensemble de ces données est envoyé par le compteur et est centralisé sur un serveur distant. Le consom- mateur est à même de con- sulter à tout instant, sous un format lisible, ses données de consommation via une appli- cation sur son smartphone. Mieux encore, il peut piloter à distance les équipements con- nectés pour améliorer sa con- sommation énergétique. o Onduleurs intelligents pour le PV : ces dispositifs permettent une utilisation intelligente des panneaux solaires, qui à terme couvri- raient la majorité des toitures à Taïwan. Contrairement à un onduleur classique, l’onduleur intelligent est connecté aux autres onduleurs d’une même maille locale (un quar tier, par exemple). Il permet ainsi de faciliter le dispatching de l’élec tricité des nœuds en surproduc tion vers les nœuds en besoin au sein de la même maille, tout en amé- liorant la qualité du courant (tension conforme à la tension du réseau). Cela permet de c o n s o m m e r, e n p r i o r i t é , l ’élec tr icité localement et d’optimiser la production des panneaux solaires. L’ensemble des transactions réalisées est stocké grâce à une blockchain. o Un dispatching intelligent ADMS : ce système de distri- bution pilote l’ensemble du réseau. Ce dernier est doréna- vant alimenté par des moyens de produc tions pilotables (centrales thermiques, hydrau- liques), des moyens de stock- age, de grands parcs éoliens et solaires mais aussi des centrales vir tuelles (vir tual Powe r Pl a nt ) fo r m é e s p a r l’agrégation des productions d e s a u t o - c o n s o m m a t e u r s . Ce nouveau dispatching est conçu pour être mieux adapté au nouveau paradigme de pro- duction décentralisé avec une Logo de Taipower
  • 15. I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 15JOUR 1 Présentation des maquettes de TaiPower © A. EL BOUHALI grande part d’intermittence. Cette visite, nous aura permis de découvrir un système élec- trique dans un contexte insu- laire ainsi que le travail mis en œuvre par TPC pour accompa- gner la transition énergétique à Taïwan. Au nom des étudi- ants du mastère OSE, nous remercions M. Hsu Tun Kuei pour son accueil et la qualité de sa présentation. Ayoub EL BOUHALI & Mahmoud MOBIR
  • 16. L’université Nationale Centrale Mardi 5 mars, il est 9h30 q u a n d n o u s a r r i v - ons à l’Université Centrale Nationale (NCU) à Taoyuan, non loin de Taipei. Reçus par le Professeur Bor Kae Chang, nous visitons le campus où les étudiants jouent au baseball parmi les cerisiers en fleurs, les pins et les écureuils qui en sont les symboles. Notre guide semble très heureux de nous recevoir d’autant plus que le Français a été choisi c o m m e l a n g u e o f f i c i e l l e partenaire de l’université. L’université fonctionne tel un réseau avec les autres univer- sités centrales d’Asie, notam- ment celles de Corée du Sud et du Japon. Après un tour du campus, le Professeur Bor  Kae   Chang nous conduit à la salle de conférence où le Professeur Chih-Ang Chung, vice -pré- sident du dépar tement de mécanique nous présente l’université et son départe- ment. NCU est une université fondée en 1915 à Nanjing. Après la défaite de Tchang Kaï-Chek face à Mao Zedong, l’université s’est exilée pour s’installer à Taïwan en 1962. Aujourd’hui, l’université ne compte pas moins de 12000 étudiants répar tis dans 8 départements et 25 spéci- alités parmi lesquelles les départements d’ingénierie, des sciences, du manage - ment œuvrent pour dével- opper l’image d’une uni - v e r s i t é r e s p e c t u e u s e d e l’environnement. Fondé en 1977, le départe- ment d’ingénierie mécanique est le plus grand de la NCU avec 1200 étudiants dont 68 étrangers et 185 doctorants. Ses enseignements variés s e v e u l e n t t o u r n é s v e r s l’innovation en réponse aux enjeux mondiaux actuels. Ce département est ainsi spé - cialisé dans la mécanique des solides, les matériaux, la ther- mique et l’étude des fluides, l’automatique, la mécatro- nique et les énergies. Fiers de leur savoir, ils dépensent plus de 18 millions de dollars dans la recherche pour les professionnels et autres. A p r è s c e t t e p r é s e n t a - tion, c’est au tour de Gilles Guerassimoff, responsable d e n o t r e f o r m a t i o n , d e présenter MINES ParisTech et ses particularités. Suite à la présentation des d i f f é r e n t s d é p a r t e m e n t s de la NCU, les étudiants du mastère spécialisé OSE ont pu présenter leur travail relatif aux impacts du dével- o p p e m e n t d e s v é h i c u l e s électriques. L’exposé de 30 m i n u te s a é té l ’o cc a s i o n d’aborder l’ensemble de la chaîne liée au véhicule élec- t r i q u e. A i n s i , l a p ro d u c - tion d’électricité, le réseau de transport et de distribu- tion, les différentes façons d’exploiter l’électricité au sein du véhicule ou encore les différentes solutions de s to c k a g e s o nt a u t a nt d e thèmes qui ont été discutés. En introduc tion, il a été Accueil à la NCU par le Prof. assistant Bor Kae Chang © Y. LAHMA I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 16 JOUR 2
  • 17. rappelé que le fait de pouvoir se déplacer plus vite, plus loin et pour un coût de moins en moins élevé a été une grande avancée pour l’Homme mais la grande dépendance de nos moyens de transpor ts aux énergies fossiles a des effets très négatifs sur la concentra- tion en CO2 dans l’atmosphère. Ainsi, le véhicule électrique apparait comme une solu- tion plausible pour réduire l’empreinte carbone du trans- port routier en France où le mix électrique est très peu carboné. Toutefois, on observe que le déploiement des véhi- cules électriques en Europe se fait encore de manière margi- nale du fait des nombreuses contraintes associées. La première concerne la pro- d u c t i o n d ’é l e c t r i c i t é . E n effet, si la consommation moyenne annuelle de la nou- velle flotte de véhicules élec- triques ne devrait affecter que de manière marginale la consommation moyenne annuelle d’un pays comme la France, la consommation jour- nalière et notamment le pic de consommation du soir pour- rait être de plus en plus diffi- cile à franchir. C’est pourquoi certaines pistes de solutions telles que le développement d ’un marché de capacités pour inciter les détenteurs de centrales de pointe à les main- tenir à disposition ou encore des incitations financières à recharger en dehors des heures de pointe ont été évo- quées lors de la présentation. Une fois l’électricité produite, e l l e d o i t ê t r e t r a n s p o r - t é e j u s q u ’ a u x v é h i c u l e s . L’intégration des véhicules é l e c t r i q u e s e s t s u s c e p t i - ble de perturber l’équilibre de fréquence sur le réseau, d’être source de surcharge, de déphasage, d’harmoniques ou encore de chute de tension. Mais, le véhicule électrique peut également rendre des services au réseau en lui per- mettant plus de flexibilité de par la possibilité de stocker puis déstocker de l’énergie dans les batteries. Ainsi, le véhicule électrique, s’il pose cer taines difficultés tech - niques pour la gestion du réseau peut également agir en soutien de ce dernier. M a i s , c o m m e n t u t i l i s e r l’électricité au sein d’un véhi- cule ? Plusieurs solutions techniques existent, telles que l’hybridation parallèle, série ou encore le full élec- trique avec chacune leurs avantages et inconvénients. Ainsi, si l’hybride parallèle est particulièrement intéres- sant pour des usages diver- s i f i é s, l ’ hy b r i d e s é r i e e s t quant à lui très per formant en urbain. Enfin, le véhicule full électrique possède une architecture plus simple que les hybrides mais ce dernier Présentation par les étudiants du Mastère OSE à la NCU © Y. LAHMA I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 17JOUR 2
  • 18. souffre d’une autonomie bien inférieure à celle des véhi- cules thermiques. Nous en venons ainsi à la dernière partie de la présenta- tion qui concerne le stockage de l’électricité dans les véhi- cules. Différentes technolo- gies de batteries sont présen- tées puis comparées sous des critères macro-économiques tels que l’énergie stockable, la puissance ou encore le coût. La présentation des étudiants a suscité de nombreuses ques- tions de la part d’une audi- ence très attentive compo- sée à la fois de professeurs et d’une quinzaine d’étudiants. Pendant cet échange, les thèmes du recyclage des bat- teries ainsi que celui des incitations politiques pour le développement des véhi- cules électriques ont notam- ment été abordés. Pour clore cette matinée de visite à la NCU, le Professeur émérite Chung-Jen Tseng du d é p a r t e m e n t d ’i n g é n i e r i e mécanique a fait une présen- t a t i o n s u r l e d é ve l o p p e - ment et l’évaluation des bâti- ments écologiques intelli- gents dans le cadre de la seconde phase du « National Energy Program ». Pour illus- trer cette thématique il nous a no tam m ent présenté le démonstrateur dont dispose le campus de l’université. Ce bâtiment de 60 m² est con- struit à l’aide de matériaux haute performance, tels que des aérogels et des matériaux à changement de phase. Il est équipé de 8 kW de panneaux photovoltaïques, de batter- ies Lithium-Ion d’une capac- ité de 21,6 kWh ainsi que d’une alimentation de secours avec une pile à combustible à membrane échangeuse de protons d’une puissance de 5 kW. Il dispose également de nombreuses technologies de gestion de l’énergie pour Photo de groupe avec les professeurs et les étudiants de la NCU devant le Smart Building © Y. LAHMA I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 18 JOUR 2
  • 19. assurer notamment le confort à l’intérieur, la qualité de l’air ou encore pour gérer la demande d’énergie. Aussi, une gestion intelligente de l’éclairage permet au bâti- ment d’afficher des per for- mances très intéressantes. En effet, le bâtiment présente u n e c o n s o m m a t i o n é l e c - trique moyenne de 10 kWh/ jour. Avec de telles mesures, les économies d’énergies sur la consommation d’électricité du secteur résidentiel en été ont été estimées à 35 %. Nous avons ensuite eu la chance de visiter le bâtiment situé sur le campus accompa- gnés par les Professeurs ainsi que par les étudiants qui nous o nt t rè s c h a l e u re u s e m e nt accueillis dans leur université. Nous tenons à remercier le Professeur Bor Kae Chang du dépar tement de chimie et matériaux pour son accueil ainsi que le Professeur et vice- président du dépar tement d’ingénierie mécanique Chih- Ang Chung et le Professeur é m é r i t e d u d é p a r t e m e n t d ’ i n g é n i e r i e m é c a n i q u e Chung-Jen Tseng pour leurs présentations très instruc- t i ve s. E n f i n , n o u s re m e r - cions également l’ensemble du corps professoral présent ainsi que les étudiants venus assister à notre présenta- tion pour leur grande atten- tion et la pertinence de leurs questions. Lyes AIT MEKOURTA & Lucas DESPORT I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 19JOUR 2
  • 20. Focus sur la régulation, la prospec- tive et les nouvelles technologies à l’ITRI Nous avons visité le mardi 5 mars 2019 dans l’après- midi le siège d’ITRI situé à Hsinchu où nous avons chal- eureusement été accueillis par M. Jean-Baptiste Fichet, chargé d’affaires chez ITRI. L’institut de recherche appli- q u é e t a ï w a n a i s I n d u s t r i a l Technology Research Institute (ITRI) a été fondé en 1973. I l co m p te p l u s d e 6   0 0 0 employés à travers le monde et dispose de divers bureaux dans la Silicon Valley (USA), au Japon, Berlin, Moscou, et Eindhoven, en plus du siège social situé à Hsinchu, Taïwan. L’ITRI détient actuellement plus de 20  000 brevets et a été l’incubateur de plus de 250 startups, dont les géants taïwanais du semi-conducteur TMSC et UMC. Actuellement, les principaux axes de recher- che concernent le développe- ment durable, l’habitat intel- ligent et la santé. Ré g u l at i o n e t m o d é l i s at i o n prospec tive La première présentation a été réalisée par le Dr.Tze - Chin Pan, occupant la posi- tion de chercheur senior et manager de projet d’économie d’énergie pour les industriels, des audits et des consulta- tions. L’énergie est importée à 98 % à Taïwan et 90 % provient de l’énergie fossile. Le secteur industriel est le premier con- sommateur d’énergie avec 37 % de la part des consomma- tions totales suivi par le trans- port, 12 % et le secteur rési- dentiel, 11 %. L’objectif de Taïwan est de réduire de 50 % la par t de consommation des industries entre 2005 et 2025. Il existe 3200 industries grandes con- sommatrices à Taïwan qui o n t d e s c o n t r a t s a n n u e l s d ’é l e c t r i c i t é d e p l u s d e 8000  kW. Elles sont soumises à des audits tous les 4 ans et doivent donc répondre à des obligations telles qu’annoncer le plan d’économies d’énergie chaque année et déclarer toute nouvelle installation ou expansion des équipe - ments qui doit être approu- vée par l’autorité centrale compétente. L e b u r e a u d e l ’é n e r g i e a i n s t a u r é u n o b j e c t i f d’économie d’énergie de 1 % par an, obligatoire pour les grands consommateurs. Si cet Moyenne CES dans le monde © ITRI I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 20 JOUR 2
  • 21. objectif n’est pas atteint, les grandes industries devront payer une amende. Le gou- vernement taïwanais a égale- ment mis en place une limite d’ “énergie consommée spéci- fique“ (CES) qui correspond à l’énergie totale consom- mée par unité de produit. La moyenne du CES pour les process de séchage et pour la cimenterie ont été plus bas à Taïwan que dans le reste du monde en 2012. Dans le futur, ce mécanisme devrait inclure uniquement la consommation qui provi- e nt d ’é n e rgi e fo s s i l e. Le s données CES pourraient être utilisées pour développer un modèle de benchmark des CES et récompenser les industries qui ont les meilleures perfor- mances dans ce domaine et laisser jouer la concurrence entre les parties. L e D r. Y i - H u a W u , c h e r - cheur à l’ITRI, développe des modèles de simulation des politiques et de l’économie de la demande en énergie. Il travaille sur le modèle taïwa- nais de TIMES. Les modèles 3E “Energie, Environnement et Economie” ainsi que “2050 calculator” servent à obtenir plus d’informations en temps réel pour identifier les prob- lèmes liés à l’énergie. Ce sont également des outils d’aide à la décision pour le gouverne- ment taïwanais. Les cherch- eurs de l’ITRI sont également en train d’analyser l’impact du développement des cen- trales de produc tion élec- trique dans l’économie du pays et leur effet sur la santé. L’ITRI a donc un rôle impor- tant dans la prise de décision des politiques énergétiques à Taïwan puisqu’il représente un groupe majeur de réflex- ion. Les chercheurs présen- tent leurs idées au bureau de l’énergie qui va par la suite prendre des décisions pour les soumettre au gouverne- ment de Taïwan comme nous pouvons le voir dans la figure ci-dessous. Parmi les réponses phares qui ont été appor tées aux q u e s t i o n s p o s é e s p a r l e s élèves du mastère OSE, nous pouvons citer les objectifs environnementaux des poli- tiques. En effet, en 2025, le gouvernement prévoit l’arrêt définitif des centrales nuclé- aires et cette décision est notamment influencée par le fait qu’à Taïwan, stocker les déchets nucléaires est délicat compte tenu de la Rôle de l’ITRI dans la prise de décision des politiques énergétique © ITRI I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 21JOUR 2
  • 22. situation géologique risquée liée aux tremblements de terre. A l’approche des élec- tions présidentielles, la poli- tique adoptée en la matière va surtout dépendre du prochain président. Pour le moment, le peuple est encouragé à s’impliquer davantage dans les problématiques liées à l’énergie. Showroom des technologies Mme Jessica Ma nous a ensuite fait visiter le showroom de l’ITRI, présentant quelques technologies, développées par les chercheurs du labora- toire et lauréats de nombreux concours notamment les pres- tigieux R&D 100 Awards. A l’entrée du showroom, nous avons découvert un curieux arbre lumineux, appelé « eco tree ». Il s’agit en fait d’un démonstrateur de différentes technologies développées à l’institut. Entre les branches, une verrière solaire consti- tuée de films micro-optiques concentrant la lumière sur une couche photovoltaïque placée aux extrémités. Au pied de l’arbre, de l’eau coule dans une piscine qui la recycle grâce à des technologies innovantes. Organisée autour de l’arbre, u n e e x p o s i t i o n d e s te c h - nologies les plus célèbres développées à l’institut s’offre aux visiteurs. En voilà un rapide aperçu : Tout d’abord, un procédé de teinture de textile utilisant du CO2 supercritique, respectueux de l’environnement. Il ne con- somme pas d’eau et ne rejette aucun produit chimique dans le milieu environnant. Ensuite, un procédé de puri- fication de l’eau utilisant une LED entièrement développée au laboratoire qui remplace une technologie UV classique. L’avantage de ce procédé est de s’affranchir de l’utilisation de mercure toxique. U n p ro c é d é d e re c yc l a g e de cristaux liquides, innov- ant et complexe, nous est ensuite présenté, fruit de dix ans de recherches au sein du laboratoire. C o n c e r n a n t l e s b a t t e r i e s e t l ’é n e rg i e, u n m a t é r i a u polymère créé à l ’institut p e r m e t d e m u l t i p l i e r p a r trois la durée de vie des bat- teries Lithium-Ion. Appelé S t o b a , i l a c c o m p a g n e l a croissance de la couche SEI (Solid Electrolyte Interphase ou inter face anode/électro- lyte) et permet de mieux la contrôler et de réduire son impact sur la durée de vie de la batterie. En parallèle, une batterie Aluminium-Ion à rechargement Ultra Rapide, développée en collaboration avec l’université de Sandford, permet un temps de recharge record de moins d’une minute et une sécurité accrue, grâce à une struc- ture innovante en aluminium et graphite. Son faible coût et sa capacité de charge rapide permettent d’imaginer des applications pour la mobil- ité durable ou le stockage d’énergie renouvelable. Pour finir, un fascinant drone connec té en 5G peut être commandé de Las Vegas tout en étant situé à Taïwan, grâce à son ingénieux système de gestion. Son deuxième avan- t a g e e s t d e p o u vo i r ê t re rechargé grâce à une barre de charge intelligente directe- ment placée en contact avec la structure, et de s’affranchir d u b e s o i n d ’i n t e r v e n t i o n humaine. Intéressant en cas de missions de surveillance risquées ou en zone isolée. Nous souhaitons remercier toutes les personnes qui nous ont accueillies à l’institut ITRI et nous ont fait partager leurs passionnants travaux, Jean-Baptiste Fichet, Jessica Ma, ainsi que le Dr Tze-Chin Pan, Dr Yi-Hua Wu et leurs collègues. Laura SOBRA & Rihab BEN MOKHTAR I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 22 JOUR 2
  • 23. Les élèves du mastère OSE accompagnés de Gilles Guerassimoff, Meiling Tsai (Ubik Consulting) et Jean-Baptiste Fichet (ITRI) à l’ITRI © Y. LAHMA Les bâtiments de l’ITRI © ITRI I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 23JOUR 2
  • 24. Conférences à l’Université Nationale de Cheng Kung C’est sous un soleil timide mais une chaleur intense que les 21 élèves du mastère OSE sont arrivés le mercredi 9 mars à la National Cheng Kung University (NCKU) pour une journée d’échange avec différents représentants de cette prestigieuse univer- sité du Sud de l’île, située à Tainan. Fondée en 1931 et intégrant 21 805 étudiants en 2015, l’université est con- stituée de 9 grandes facul- tés réparties sur 4 campus. Le groupe OSE était lui attendu sur le campus principal toute la matinée précisément au département des sciences et des matériaux de la faculté d’ingénieur. Après un accueil chaleureux des élèves par Weili Teng et Chia-Yuan Chen, respectivement coordinatrice et directeur des relations internationales, la matinée de conférences a pu commencer par un mot d’ouverture des professeurs Yen-Jong Chen et Jow-Lay Huang respective- ment directeur du Research Center for Energy Technology and Strategy et directeur du H i e ra rc h i c a l G re e n - E n e rg y M ater ials R esearch Center (Hi-GEM). Le professeur Chen a ainsi insisté sur la particu- larité de l’île et de ses con- traintes sur le système éner- gétique, notamment en con- cluant son ouverture par une phrase résumant cette situa- tion « On ne peut connaitre Taïwan sans venir à Taïwan ». La parole a ensuite été laissée aux étudiants du mastère OSE pour le début des conférences. Après une présentation du mastère et de l ’école par G i l l e s G u e r a s s i m o f f, d e u x groupes d’élèves se sont suc- cédés pour présenter deux conférences autour du thème de la promotion : « Quels vecteurs énergétiques pour une mobilité durable ?  ». L a p re m i è re p ré s e n t a t i o n reprenait le thème exposé la journée précédente à la NTU autour du véhicule électrique. La seconde était axée autour des incitations et politiques misent en place pour une mobilité décarbonée. Après une ouver ture sur le bilan actuel des émissions de gaz à effet de serre liées au secteur du transport et de la mobilité ainsi que des objectifs fixés pour la décarbonation du secteur, la présentation s’est Les élèves du matère OSE arrivant à la faculté des sciences ingénieures et des matériaux © M. TOULOT I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 24 JOUR 3
  • 25. poursuivie sur les différen- tes politiques mises en place pour répondre à ces objec- tifs. Dans un premier temps, les objectifs européens ont été exposés avant de con- centrer la présentation sur la politique française. Outre la par tie politique, la présen- tation a aussi exposé les dif- férentes incitations aux nou- velles pratiques de la mobil- ité ainsi que l’utilisation des nouveaux carburants alter- natifs comme l’élec tricité, l’hydrogène ou encore les bio-carburants. Enfin, dans une dernière partie, les élèves ont montré l’importance et la méthodologie de l’exercice de la prospective au service de l’aide à la prise de décisions politiques pour répondre aux objectifs de décarbonation de la mobilité. Les deux présentations furent reçues positivement par le public constitué de profes- seurs, élèves et quelques membres du Bureau Français de Taipei. S’en est suivie une phase d’échange d’une ving- taine de minutes avec des débats enrichissants autour de plusieurs thèmes. Tout d’abord, le système « vehi- cule-to-grid » présenté lors d e l a p re m i è re p ré s e n t a - tion a suscité de nombreuses interrogations. Notamment sur la possibilité de pouvoir utiliser l’énergie stockée dans la batterie d’un véhicule pour s a p r o p r e c o n s o m m a t i o n domestique, ou encore sur les différents projets et expéri- mentations en cours autour de ce système. La discussion s’est aussi axée sur l’importance de la prise en compte du facteur social lors de l’élaboration d’une politique d’incitation au changement. Cette dis- cussion a ainsi permis de mettre en évidence la diffi- culté majeure qu’est la prise en compte du comportement d’un individu lorsqu’une poli- tique liée au changement de comportement doit être mise en place. Des interrogations se sont d’ailleurs dirigées sur le modèle de prospective présenté lors de la seconde intervention notamment s’il i n t é g r a i t d e s c o n t r a i n t e s d’influence des compor te - ments et un facteur social. Une thèse est d’ailleurs en cours au Centre des Mathématiques Appliquées pour introduire ces aspects dans les modèles de prospective. Un troisième échange important autour du vecteur hydrogène s’est établi, échange attendu par les élèves tant le vecteur hydrogène fait l’objet de multiples recher- ches au sein de l’île. Les ques- tions ont porté sur les per- spectives de développement de ce vecteur en France. La discussion a permis d’exposer les problématiques liées au manque d’infrastructure et de La présentation sur les politiques incitatives © M. TOULOT I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 25JOUR 3
  • 26. leur coût ainsi que du coût lié à l’état actuel de développe- ment du stockage embarqué de l’hydrogène. Un constat a pu être tiré du fait que les dif- férents choix d’investissement autour du développement d’un carburant alternatif est p re s q u e a u to m at i q u e m e nt corrélé à la politique énergé- tique d’un pays : en effet, une électricité décarbonée et un réseau très bien développé priorise le développement du véhicule électrique en France alors qu’à Taïwan ce type de véhicule n’est pas une priorité dans la mesure où le mix de production électrique du pays est très carboné. Enfin, les remarques précédentes ont permis un dernier échange autour du mix de produc- tion électrique français et de la question du nucléaire, un vecteur énergétique qui fait débat dans les deux pays. Après une période d’échange très instructive pour les deux parties et une pause thé bien méritée, les élèves du mastère OSE ont assisté à la présen- tation du H i- GEM par son directeur le professeur Jow Lay Huang. Le Hi- GEM est un centre de recherche qui oriente ses travaux autour des nouveaux matériaux pour une énergie plus verte. L’objectif de ce centre est de dévelop- per des nouvelles technolo- gies de matériaux respectueux de l’environnement et desti- nés au stockage et la conver- sion d’énergie ainsi qu’aux systèmes énergétiques intel- ligents. Le Hi-GEM est con- stitué de 29 professeurs et de 3 doctorants. Les sujets de recherche majeurs du centre sont orientés autour de six grandes technologies : les piles à combustible, les cel- lules photovoltaïques, les super condensateurs, les bat- teries et leur seconde utili- sation, les batteries à l’état Les élèves et leurs interlocuteurs de NCKU © Y. LAHMA I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 26 JOUR 3
  • 27. solide et les systèmes éner- gétiques intégrés. Le Hi-GEM est en plein développement et a déjà conclu de nom- breuses collaborations inter- nationales via 36 projets sur les cinq dernières années. A Taïwan, le centre de recher- che collabore avec l’université NCKU ainsi que 7 autres uni- versités plus un autre centre de recherche. Le Hi-GEM veut promouvoir l’innovation et l ’intégration croissante et rapide de ces nouveaux maté- riaux au sein de l’industrie. Il possède d’ailleurs sa propre ligne d’assemblage de bat- teries au Lithium ainsi que sa propre ligne de produc- tion de panneaux photovolta- ïques. A terme, le centre sou- haite encore grandir et nouer d e n o u ve a u x p a r te n a r i at s i n t e r n a t i o n a u x a v e c u n budget prévisionnel de 1,7 M€/an entre 2018 et 2023. Pour conclure cette matinée très enrichissante, les élèves ont visité les différents labo- ratoires du département des matériaux et des sciences ingénieures accompagnés par le Professeur Changshu  Kuo. Cela aura été l’occasion pour les élèves d’observer les dif- férents outils très avancés dont disposent les étudiants de l ’université pour leurs travaux, avec notamment la démonstration de deux micro- scopes permettant d’analyser l’impact d’un champ magné- tique et de la température sur la cinétique des réactions chimiques des éléments com- posants différents matériaux. Cette matinée aura ainsi été l’occasion d’un échange pas- sionnant et passionné entre les élèves du mastère OSE et les différents interlocuteurs de la NCKU. C’est pour cela que nous tenons à remercier les pro fes seu r s Ho n g-Tzer Yang, Yen-Jong Chen, Chia- Yuan Chen et Jow-Lay  Huang pour leur accueil ainsi que t o u s l e s a u t r e s m e m b r e s d e l ’ U n i ve r s i t é N C K U q u i nous ont fait l’honneur de leur présence ainsi que les membres du Bureau Français d e T a i p e i , n o t a m m e n t Jonathan Drubay et Sasha Ting pour l’organisation de cette conférence. E n f i n , n o u s r e m e r c i o n s toutes les personnes présen- tes à la conférence sans qui cet échange n’aurait pu être possible. Maxence TOULOT Le professeur Huang présentant l’organisation du Hi-GEM I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 27JOUR 3
  • 28. Le campus An-Nan de NCKU L’ E c o l e M a g i q u e d e Te c h n o lo g i e Ve r t e Notre visite au Campus An-Nan de NCKU (National Cheng Kung University) a com- mencé par l’école magique de technologie verte (Magic School of Green Technology) où nous avons été accueillis par le Dr. Eric Chen respon- sable de projets au centre de recherche de la stratégie et des technologies énergé- tiques. Cette école est un bâtiment à énergie positive qui a été classé meilleur bâti- ment pour l’environnement à Taïwan. Le but de ce projet e s t d ’ê t re u n l a b o r a t o i re d’innovation durable pour les bâtiments verts du futur. Le bâtiment a été construit en 2011 et a coûté 180 millions de NT$ (5 millions d’euros), dont 60 millions de NT$ issus du fonds de recherche univer- sitaire, 20 millions de NT$ en équipements d’une trentaine d’entrepreneurs et 100  mil- lions de NT$ de Bruce Cheng, fondateur de Delta Electronics et de l’école magique de tech- nologie verte. Le développement de ce bâti- ment a la par ticularité de s’être focal- i s é s u r l e climat sub - t r o p i c a l T a ï w a n a i s . I l a permis de diminuer la co nso m - m a t i o n d ’ é n e r g i e et d’eau de plus de 50 % et l’empreinte Carbone de 37 %. L’école dispose de plusieurs moyens pour optimiser la con- sommation d’énergie dont l’utilisation d’équipements efficaces, toits végétalisés, réduction de l’utilisation de la climatisation, contrôle de l’éclairage, ouver ture des fenêtres, etc. Ces techniques permettent au bâtiment d’avoir une effi- cacité énergétique de 43 kWh/ m².an bien meilleure que celle de plusieurs autres bâtiments verts de Taïwan. L’illustration ci-avant montre une com- paraison de l’efficacité éner- gétique de ce projet avec la moyenne de plusieurs pays ou villes.L’école Magique de Technologie Verte © Y. LAHMA Efficacité énergétique d’immeubles de bureaux en 2010 © Y. LAHMA I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 28 JOUR 3
  • 29. Dé pa r t e m e n t d e l ’é n e r g i e chimique Nous avons ensuite visité le département de l’énergie chi- mique de NCKU et plus pré- cisément le laboratoire de la plateforme technologique spécialisé dans la production bioénergétique des micro - algues. La mission principale étant d’utiliser les micro - a l g u e s p o u r c a p t u r e r l e dioxyde de carbone a expliqué le doctorant Ri-Heng Chen. L’utilisation de ces micro - algues rend possible la cré- ation de puits de carbone comme l’océan et les arbres et de réduire la quantité de CO2 dans l’atmosphère. C e s o r g a n i s m e s s e reproduisent rapidement en laboratoire. Les micro-algues sont d’abord cultivées dans un bassin en plein air contenant une tonne d’eau pendant une semaine jusqu’à maturité. Il est possible d’accélérer leur reproduction en injectant de l’Acétate au lieu du CO2 . Une semaine de culture suffit pour produire une masse de 2Kg d’algues. Ces algues sont alors transférées vers un autre bassin où elles ont plusieurs rôles. D’abord, elles permettent de purifier l’eau du bassin des par ticules NOx nocives aux crevettes tigrées qui sont élevées au laboratoire. Un deuxième rôle important est de servir de nourriture à ces crevettes jusqu’à maturité. Ces micro-algues absorbent é g a l e m e n t l e d i ox yd e d e carbone injecté directement par une pompe à une vitesse de 4 kgCO2 par semaine. Ces micro-algues peuvent aussi être utilisées comme base pour des produits qui pro- tègent la rétine de rayons ultra-violets. Finalement, à la fin de leur cycle de vie, lorsque ces micro- algues ont atteint une taille critique et n’arrivent plus à absorber les rayons solaires et le CO2 efficacement, elles sont transformées en engrais ou en nourriture pour du bétail. Les étudiants devant les cuves où sont cultuvées les algues © Y. LAHMA I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 29JOUR 3
  • 30. Ce n t r e d e r e c h e r c h e d e l ’é n e r g i e ma r i t i m e Ap r è s n o t r e v i s i t e a u d é p a r t e m e n t d e l’ingénierie chimique, nous avons été accueillis par le directeur adjoint du labora- toire Hydraulique de Tainan, le Dr. Weng-Shang Chiang. Comme Taïwan importe 98 % de ses besoins en énergie, ce département a pour mission de développer le potentiel de l’énergie marine à Taïwan. E n e f fe t , Ta ï w a n d i s p o s e d’un grand potentiel con- cernant l’énergie océanique. Le courant Kuroshio est le courant le plus puissant de l’Asie de l’est avec une largeur de 200 km et une profondeur allant de 500 à 1000  m (cf. Car te de NASA ci-dessous). L’é n e r g i e d e s m a ré e s e s t une énergie renouvelable et prévisible car elle dépend des forces de gravitation de la Lune et du Soleil. Le laboratoire expose plusieurs manières d’appréhender l’énergie maré- motrice et les courants océa- niques. Il permet de simuler des vagues et des marées et de décider quels systèmes sont plus per formants dans cet environnement. S e l o n l e D r. We n g - S h a n g Chiang, une turbine à aubes v e r t i c a l e s e s t c o n s i d é r é e comme étant la meilleure solu- tion pour récupérer l’énergie des océans. Ce genre de tur- bines permet de générer de l’électricité peu impor te la direction des courants. En outre, des études montrent que la composante horizon- tale de l’énergie est bien plus importante que la composante verticale, ce qui rend ce choix encore plus judicieux. Cependant, cette technol- ogie fait face à plusieurs difficultés. Premièrement, les effets de la corrosion et de l ’e ncrasse ment bio l o gi q ue sont très importants en mer e t d i m i n u e nt gra n d e m e nt le rendement des turbines. D e u x i è m e m e n t , l e s p r o b - lèmes de stockage et de dis- tribution de l’énergie peuvent rendre des projets peu renta- bles économiquement compte tenu des coûts des installa- tions qui doivent supporter des conditions climatiques ex t rê m e s. Fi n a l e m e nt , l e s vitesses de rotation des tur- bines sont lentes et imposent l’installation d’équipements supplémentaires pour attein- dre les fréquences usuelles de 60 Hz à Taïwan. N o u s t e n o n s à r e m e r c i e r tous les membres du campus An-Nan de NCKU pour leur aimable accueil. Un grand m e r c i t o u t p a r t i c u l i è r e - ment au Dr. Eric Chen, au doctorant Ri-Heng Chen et au Dr.  Weng-Shang Chiang pour leurs présentations très i n s t r u c t i ve s q u i n o u s o nt permis d’élargir nos connais- sances en appréhendant plus de technologies durables et innovantes. Yacine LAHMA Courant Kuroshio © NASA I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 30 JOUR 3
  • 31. Les étudiants et le Dr. Weng-Shang Chiang © Y. LAHMA Le centre de recherche d’énergie maritime de NCKU © Y. LAHMA I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 31JOUR 3
  • 32. Visite d’une centrale solaire flot- tante avec l’entreprise Ciel et Terre Le mercredi 6 mars, Audrey Leblic et Jasmine Lin de la société Ciel et Terre ont eu la gentillesse de nous faire découvrir un parc solaire flot- tant, situé dans le Science Park de Tainan, au sud du pays. Ciel et Terre est une entreprise française, dont le siège est basé à Lille. Elle a été créée en 2006 et compte aujourd’hui une centaine d’employés à travers le monde. Originellement, Ciel et Terre était spécialisée dans la pose de panneaux pho - tovoltaïques sur toiture en France. Au début des années 2010, suite à la baisse dras- tique des tarifs de rachat de l’électricité produite à partir de PV en France, l’entreprise a eu l’idée de se lancer dans le solaire flottant. La première centrale solaire flottante développée par Ciel et Terre a vu le jour au Japon en 2012. Aujourd’hui ce sont 300 MW qui sont installés dans le monde. Le principal atout du PV flottant est qu’il permet de produire de l‘électricité via une ressource renouvelable sans occupation de terrain. Ce l a e s t p a r t i c u l i è re m e n t pertinent dans des territoires insulaires tels que Taïwan ou le Japon, où le prix des terrains est très élevé en raison du manque d’espace, des fortes contraintes géographiques et d’une forte densité de popula- tion. L’installation de PV flot- tant permet donc de valoriser des étendues d’eau inutilis- ables, que l’on retrouve dans des zones industrielles ou dans les retenues de barrages par exemple, via de la produc- tion d’électricité sans modifier l’occupation des sols. Dans cer taines régions arides, le fait d’installer des PV sur des retenues d’eau permet égale- ment de limiter le phénomène d ’é va p o rat i o n . L a m a i nte - nance est aussi facilitée par rapport à une centrale solaire classique puisqu’il est aisé de nettoyer les panneaux avec l’eau à disposition. Le s avo i r- f a i re d e Ci e l e t Terre réside dans la réalisa- tion de projets de centrales solaires flottantes. Les flot- teurs sur lesquels reposent les panneaux sont assem - blés et ancrés, soit au fond du lac, soit sur les berges. A l’origine, l’entreprise vendait des centrales à des clients. Elle cherche aujourd’hui de plus en plus à exploiter ses propres centrales. La filiale de Taïwan a été créée fin 2016 et a d’ores et déjà installé 20 MW sur l’île. La centrale que nous avons visitée est capable de résister à des vents allant jusqu’à 210  km/h et possède u n e c a p a c i té i n s t a l l é e d e 4  MW. Sa production s’élève à 1400  kWh/kWcrête tandis qu’en France ce chiffre avoisine plutôt les 1000 kWh/kwcrête en moyenne. Ce bon résultat s’explique par l’ensoleillement important dont bénéficie le sud de l’île. La centrale a été livrée en décembre 2018 pour un montant de projet s’élevant à 21 millions de dollars taïwa- nais. Il a majoritairement été financé par des investisseurs japonais et Ciel et Terre. A Taïwan il existe un tarif de rachat d’électricité spécifique au solaire flottant, fixé annu- ellement par Taipower et qui s’élève à 4,9 NT$/kWh. Par ail- leurs, un bonus de 6 % est accordé si les panneaux sont à haute efficacité et produits sur l’île, ce qui est le cas de la centrale visitée. I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 32 JOUR 3
  • 33. I l existe trois possibilités pour décrocher un contrat d ’i n s t a l l at i o n d e ce nt ra l e solaire flottante à Taïwan. L’entreprise peut soit : répon- dre à un appel d’offre, être sollicitée directement par des clients (l’appel d’offre n’étant pas obligatoire), démarcher les propriétaires d’un plan d’eau, comme cela a été fait par Ciel et terre pour la cen- trale visitée. Cette centrale est exploitée directement par Ciel et Terre, qui estime pouvoir atteindre un retour sur investissement d’ici 10 ans, sachant que le contrat de rachat d’électricité établi avec Taipower court sur 20 ans. Il n’existe pas de réglementa- tion spécifique pour le solaire flottant à Taïwan. Le gouver- n e m e n t t a ï w a n a i s re co m- mande seulement de ne pas excéder 50 % de couver- ture du plan d’eau. A ce jour on ne connait pas l’impact d’une telle installation sur l’écosystème local, mais des études sont en cours. Pour conclure sur cette visite, la filière du solaire flottant est en plein essor et a toute sa place dans des territoires den- sément peuplés et urbanisés tels que Taïwan, qui souhaite augmenter la part d’énergies renouvelables dans son mix énergétique. Ciel et Terre est une entreprise qui se porte bien et qui a su diffuser son savoir faire à l’international. Elle a pour ambition de se positionner sur le marché du solaire flottant en mer. En effet, ce marché qui n’est pas encore mature représente néanmoins une perspective de développement intéres- sante et est d’ores et déjà à l’étude par les industriels. Nous tenons à remercier chal- eureusement Audrey Leblic et Jasmine Lin pour cette visite fort instructive entre ciel et terre, et pour avoir pris le temps de répondre à toutes nos interrogations concer- nant le solaire flottant. Dorine JUBERTIE & Tristan DELIZY Centrale solaire flottante installée et exploitée par Ciel et Terre dans le Science Park de Tainan © J. THOMAS I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 33JOUR 3
  • 34. Le barrage de Wushantou La co n s t r u c t i o n d u ré s- er voir de Wushantou a débuté en 1930 pour durer 10 ans, entraînant notam- ment la mort de 134 ouvriers pour lesquels un hommage est rendu par le biais d’un mémo- rial dans le parc du site. Sa conception date de la période d’occupation japonaise et est due à l’ingénieur Yoichi Hatta, et sa construction a permis de réguler l’irrigation des terres agricoles de Chianan aux alen- tours. Ces dernières couvrent une surface de 90 000 hect- ares cultivables et constituent la zone la plus productrice de riz à Taïwan. Au moment de sa construction, le réservoir était le plus grand d’Asie. D’une hauteur de 56 m et d’une longueur de 1 273 m, il présente une surface d’eau de près de 13 km2 . A son inau- guration, sa capacité totale était de 150 millions de m3 . On notera qu’avec le temps, sable et cailloux, difficiles à déblayer ? se sont accumulés dans le fond réduisant sa capacité à 80 millions de m3 aujourd’hui. En outre, de nos jours de nombreux déchets et eaux usées sont rejetés dans le réservoir ce qui a conduit à l’installation de filets filtrants. Afin d’exploiter le stockage d’énergie potentielle d’un tel ouvrage, la construction d’une centrale hydroélec trique a débutée en fin d’année 2000. Les premiers électrons ont été injectés sur le réseau taïwa- nais en août 2002. Les travaux ont coûté, à l’époque, 360 mil- lions de NT$ et la centrale est maintenant détenue à 70 % par la Chianan Irrigation Association et à 30% par la Fo r m o s a C h e m i c a l s Fi b e r Corporation. Cette centrale possède deux t u r b i n e s p o u r u n e p u i s - s ance no m inale to tale d e 9  W (2 x 4,5 MW ). La hauteur de chute étant plutôt faible Après un départ de l’hôtel de Tainan à 8h30 et une petite heure de route en bus, la promo- tion OSE 2018 arrive près de Guantian, à Wushantou qui a donné son nom à un lac réservoir et un barrage. Un technicien de la société Chianan Irrigation Association nous a fait visité la centrale et nous a donné des éléments sur l’historique et les conditions d’exploitation du site. Vue aérienne du réservoir Wushantou © stock-clip.com I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 34 JOUR 4
  • 35. (20 m), ce sont des turbines Kaplan qui équipent la cen- trale avec un débit d’environ 15 m3 /s en moyenne pour 303 tours/min. À l’année, cette centrale produit en moyenne 42 170 MWh pour moins de 100 jours de fonctionnement. Les mois les plus actifs sont d’avril à juin avec la mousson et de juin à septembre avec la période des typhons. Toute l’élec tricité de ce barrage est rachetée par Taipower à un tarif variable en fonction du moment de la journée. La centrale emploie 4 personnes pour fonc tionner 24/24h : 3 opérateurs se relaient toutes les 8 heures sous la direction d’un chef. D e u x a u t r e s c e n t r a l e s hydroélectriques ont été con- struites afin de profiter de l’énergie potentielle stockée dans le Wushantou Reservoir, ces deux autres ouvrages ajoutent une puissance nom- inale au site de Wushantou d’environ 12 MW. Depuis les années 70, le rés- ervoir est devenu une desti- nation touristique prisée par les Taïwanais. Ainsi on peut y trouver entre autre un parc d ’attrac tion aquatique, et surtout un mémorial dédié à Yoichi Hatta ainsi qu’un musée exposant sa vie de même que l’histoire de la construction du réservoir. Nous souhaitons remercier la société Chianan Irrigation Association de nous avoir permis de visiter leur centrale hydraulique. Florian MARCHAT & Valentin MATHIEUSortie d’une des turbines © F. MARCHAT Centre de commande d’une des deux turbines © F. MARCHAT Inauguration de la centrale en 2002 © F. MARCHAT I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 35JOUR 4
  • 36. Tsing Hua University Après avoir emprunté le très populaire train HSR (High Speed Rail) de Tainan à Hsinchu pour remonter la côte Ouest, nous arrivons ce jeudi 7 mars après-midi à la National Tsing Hua University pour visiter la troisième et dernière université du voyage. NTHU est l’une des plus pres- tigieuses universités en Asie de l’Est. L’université a été créée en 1911 à Pékin avant de s’exiler en 1956 à Hsinchu à la suite de la guerre civile chinoise lors de la fuite du gouvernement de la répub- lique de Chine vers Taïwan. L’université est divisée en 7 collèges, 17 dépar tements et 22 instituts de recher- che. Environ 16000 étudiants dont 1736 doctorants y sont inscrits et l’université compte aussi parmi ses alumnis trois prix Nobel. N o u s a v o n s é t é a c c u e i l - l i s s o u s l a p l u i e p a r l e Pr  Rong  Jiun  Sheu puis nous nous sommes installés dans u n e s a l l e d u C o l l e g e o f Nuclear Science de NTHU. Ce collège compte plus de 1000 étudiants divisés principale- ment en deux départements et trois instituts. Les activités de recherche se concentrent sur les applications civiles et pacifiques de l’énergie nuclé- aire. Lors de cette visite, les élèves ont pu assister à des c o n f é r e n c e s d ’e n s e i g n a n t c h e rc h e u r s l o c a u x s u i v i e s d’une visite de l’installation nucléaire THOR de l’université. L’auditoire se compose princi- palement par les 21 élèves du Mastère, des 2 attachés scien- tifiques du Bureau français de Taipei, de représentants des relations internationales de NTHU ainsi que de quelques membres et professeurs du College of Nuclar Science. Suite aux salutations effec- tuées par Pr. Rong Jiun Sheu, et à la présentation par Gilles Guerassimoff de notre Ecole, l e d i r e c t e u r d e l ’ I n s t i t u t Nuclear Engineering & Science (NES), Pr. Tsung-Kuang Yeh présente le contexte énergé- tique taïwanais et ses défis avenir. L e p l a n é n e r g é t i q u e d e Taïwan prévoit d’ici 2025 un arrêt de la production nuclé- aire et un passage de 4,9 % d’énergie renouvelable dans le mix à 20%. Le mix taïwa- n a i s e n 2 0 2 5 s e ra i t a l o r s 50% gaz, 30% charbon et 20% énergies renouvelables. Pr. Tsung  Kuang Yeh fait part de ses préoccupations par rapport à la faisabilité d’un tel renouvellement de la pro- duction en seulement 6 ans. En effet, l’île a déjà connu un « blackout » en août 2017, été durant lequel une des quatre centrales nucléaires était en maintenance. La capacité de réserve en électricité pourrait très fortement décroître selon les estimations du NES comme présenté dans le graphique ci-dessous. La non-ouverture de la centrale nucléaire de Lungmen pourtant construite fragilise encore plus la pro- duction électrique à Taïwan. Dans un second temps, une présentation plus technique nous a été donnée par le Dr.  Tsan-Yao Chen sur la pro- chaine génération de catal- yseurs hétérogènes pour le développement de pile à com- bustible de haute efficacité. I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 36 JOUR 4
  • 37. Une étude de l’université a notamment permis d’établir que la décoration de grappes ato m i q u e s re n d s t a b l e l e nanocatalyseur Co@Pd haute- ment désordonné et laisse envisager des performances prometteuses en réaction de catalyse. Grâce à ce contrôle de la structure atomique, la densité énergétique peut être multipliée par 2,3. Suite à cette présentation, le doyen Pr.  Min Lee est venu saluer les attachés scienti- fiques, Gilles Guerassimoff et les élèves du Mastère. La visite se termine par une découverte (radio-)active des i n s t a l l a t i o n s s c i e n t i f i q u e s du campus avec notamment l’infrastructure nucléaire du Tsing-Hua Open-pool Reactor ( THOR) dont l’exploitation a commencé en 1958. Le Dr. Jin-Der Lee nous a reçu pour la visite du centre de con- trôle, de la piscine autour du combustible. Au cours des cinq dernières années, des recherches sur la thérapie de capture de neutron par le bore (BNC T ) à NTHU ont contribué au traitement de cancers récurrents de la tête et du cou. La partie faisceau des neutrons de la recherche du BNCT a été réalisée à l’aide du réacteur THOR (Open-pool Reactor) de Tsing Hua. C’est un réacteur de 2 MW, modéré et refroidi à l’eau légère (il est visible sur la photo, sous la nacelle jaune). Des essais cli- niques sont actuellement en cours sur le cancer de la tête et du cou. Dr. Jin-Der Lee nous a expliqué à l’aide de photo de patients que l’objectif de ce traitement est d’éliminer autant de cellules cancéreuses que possible tout en minimis- ant les dommages collatéraux causés aux cellules saines. L’utilisation de THOR dans la conduite de la recherche sur la BNCT présente un potentiel considérable pour faire pro- gresser le traitement clinique du cancer. N o u s t e n o n s à r e m e r c i e r toutes les personnes présen- tes pour leur accueil chal- eureux, les présentations et visites organisées pour notre venue. Ahmed CHAABANE & Martin PIERSON Capacités de réserves à Taïwan Installation nucléaire de NTHU © L. SOBRA I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 37JOUR 4
  • 38. La cimenterie et la centrale charbon de HoPing La cimenterie L’entreprise «Taïwan Cement Corporation» ( TCC) a été créée en 1946. Son siège social est situé à Taipei. Elle possède trois usines : la première est située à Hoping, la deuxième à Suao, et la dernière est située à Hualien. TCC é t a i t u n e e n t r e p r i s e étatique qui s’est transformée en une entreprise publique en 1954. En 1962, elle fut la première entreprise taïwa- naise introduite en bourse. Les ventes de l’entreprise se divisent comme suit : les ventes à Taïwan, les ventes en Chine et les exportations. En 2017, les revenues des ventes ont atteint 98  312 millions dollars taïwanais (soit environ 2,8 milliards d’euros) [1]. Lors de sa création, les usines de TCC se situaient sur la côte ouest de l’île. En 1991, dans une volonté de décarbonner l’ouest de l’île, qui compte la majeure partie de la popula- tion, l’Etat a imposé le déplace- ment de toutes les cimenter- ies sur la côte est. L’entreprise Pour ce dernier jour de visites industrielles et académiques, les élèves du mastère OSE ont quitté le quartier de Ximending à Taipei (le Times Square taïwanais), désert à 6h30. Après un trajet en train dans les terres du Nord Est de l’île, ils furent accueillis dans le parc industriel de HoPing. Ce site, pris en photo depuis l’entrée de la carrière de calcaire par un élève du mastère OSE, est le résultat de la joint-venture entre la Taïwan Cement Compagny et la Ho-Ping Power Station. Construit dans la fin des années 90, il comprend une usine de ciment (en bas à gauche), une centrale à charbon et un port artificiel capable d’accueillir des bateaux transportant le charbon, le ciment ou d’autres matériaux ( jusqu’à 80 000 tonnes). Parc industriel de HoPing © Y. LAHMA I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 38 JOUR 5
  • 39. a suivi cette décision en choi- sissant Hoping pour la con- struction de son usine. Cette dernière a débuté son activité en 2000. La capacité de pro- duction de cette usine est de l’ordre de 4 000 kt/an d’après M .   C h e n g -Ts e W u ( a s s i s - tant manager of processing control department) qui nous a accueilli dans l’entreprise et nous a présenté son activité. L’histoire du ciment à Taïwan a débuté en 1915. L’entreprise japonaise Asano Cement a commencé à construire des cimenteries. La production annuelle de ses usines était de 30 kt/an. En 1942, l’usine de Suao a été construite. En 1954, l’état taïwanais a décidé de développer l’industrie du ciment et d’ouvrir le marché. Plusieurs entreprises privées ont investi dans ces entre - prises étatiques. La période entre 1975 et 1980 a connu une forte expansion, 10 usines ont été construites avec une capacité de production de 1 403 kt/an. En 1988, le gouver- nement a bloqué l’importation du ciment [2]. La production du ciment se déroule selon le processus suivant : La première phase est celle de l’extraction et du concas- sage. Cette étape consiste en l’abattage des fronts de la car- rière puis à concasser les gros rochers extraits. L’avantage que représente la carrière de l’usine, est qu’elle se trouve à une hauteur de 1 200 m par rapport à l’usine, ce qui évite des dépenses énergétiques dans le transport des roches puisqu’elles sont déplacées par gravité (une grande canali- sation par laquelle les rochers to m b e n t ve r s l ’ u s i n e ) . L a phase suivante est la phase de pré-homogénéisation. Cette opération s’effectue dans de vastes hangars où le cru est échantillonné, mélangé puis dosé (majoritairement du cal- caire CaCO3 et du schiste). Le cru résultant est ensuite broyé et transformé en poudre fine. La farine qui ressort des broy- eurs est stockée dans des silos d’homogénéisation. Ces silos à l’aide de l’air fourni par des surpresseurs permettent de régulariser la composi- tion chimique et la densité des composantes de la farine. La farine est acheminée vers un four où la température atteint les 1400°C. Au cours de l’acheminement, une pre- mière étape de préchauffage permet de réduire la consom- mation énergétique en récu- pérant la chaleur des gaz de combustion issus du four pour sécher et réchauffer la farine où elle se déshydrate et se décarbonate partielle- ment. On obtient à la sortie du four du clinker. Le clinker est ensuite refroidi pour sta- biliser sa composition puis broyé. D’autres composants tels le gypse sont rajoutés au clinker avec un certain dosage q u i c o r re s p o n d à l ’ u s a g e du ciment (maçonnerie, ou travaux grande masse comme les barrages …). Nous obten- ons finalement du ciment prêt à être expédié. Les matières premières, telles que des combustibles, des résidus de fer, et de gypses, sont impor tées du por t de Hoping, et les coproduits de production sont exportés dans le port de la côte ouest [1]. La joint-venture a été créée car elle per met d ’adopter une économie circulaire en faveur de l’environnement. La chaleur fatale de la cimen- terie a une capacité de pro- duction de 31,5 MWh. Quand les deux fours de la cimente- rie fonctionnent, la quantité d’électricité générée atteint 21,3 MW [1]. De plus, TCC a développé des techniques de captage du CO2 . Elle utilise le calcaire comme absorbant vu sa grande capac- ité d’absorption et sa con- sommation d’énergie réduite (dépenses supplémentaires I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 39JOUR 5
  • 40. en énergie < 20% et un coût <$ 30 US/t). Le calcaire absor- bant peut être utilisé comme m at i è re p re m i è re d a n s l e processus de fabrication du ciment, pour atteindre zéro déchet produit. La figure sui- vante, extraite d’une photo prise lors de notre visite de la cimenterie, illustre le prin- cipe de cette technique. L’efficacité du processus est supérieur à 80 % (le ratio Ca/ C<5) et la capacité de captage du CO2 est de 0,16 t/h. Pour a u gm e nte r s o n e f f i c a c i té, TCC utilise des cyclones en cascade parce que la structure verticale des cyclones favorise l’échange thermique et limite la surface occupée. En 2025, TCC espère réduire ses coûts à 10-15 $US/t. La centrale charbon A p rè s avo i r d é j e u n é à l a cantine du site, les élèves ont été accueillis dans les bureaux d e l a ce nt ra l e à c h a r b o n par Mr Mu Chuan Tseng le v i c e - p ré s i d e n t d u s i t e e t Mr Gary J. G. Wei, le manager du département « Services en ingénierie » qui y a présenté le fonctionnement de la cen- trale et sa place dans le mix énergétique taïwanais. Le site de la centrale s’étend sur 27 hectares et comprend deux u n i té s g é n é rat r i ce s d ’ u n e puissance maximale unitaire de 660 MW. Elle produit 3,7 % de la demande de l’île en électricité, ce qui en fait la quatrième centrale à charbon de l’île. Au niveau général, le charbon représente 22% de la puissance installée (9,2  GW ) pour 30% de la génération nette d’électricité (presque 70 000 GWh). La construction de la centrale a débuté au même moment que celle de la cimenterie. Les unités de production ont produit leur première flamme en juillet et novembre 2001. Les opérations commerciales ont commencé en juin et sep- tembre 2002. Le propriétaire de la centrale est Ho-Ping Power Company, il est propriétaire du site, des équipements et des machines. L’investissement réalisé pour construire la centrale a été de 38 500 millions de NT$ (soit 1,1 milliards d’euros). Les parts de la centrale sont réparties entre 3 entités : CLP (20  %), l a M i t s u b i s h i Co r p o rat i o n (20  %) et la Taïwan Cement Corporation (60 %). Le respon- sable des opérations et de la maintenance du site est la HPC Power Services Corp (HPSC) qui prend en charge les res- sources humaines. Le c h a r b o n q u i a r r i ve a u port provient principalement d’I ndonésie, d’Australie et de Russie. Il est transporté jusqu’aux dômes de stockage via des tapis roulants. Deux de ces dômes ont un diamètre de 146 m pour une capac- ité de stockage de 105 kT de charbon. Le dernier dôme a un diamètre de 126m pour une capacité de 155 kT. En moyenne, un bateau, conten- ant environ 70 000 tonnes de charbon, vient approvisionner la centrale chaque semaine. Principe de fonctionnement du captage de CO2 © A. MACHRAFI I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 40 JOUR 5
  • 41. Principe de fonctionnement de la centrale © A. MACHRAFI I l nous a été possible de visiter un des dômes de stock- age de charbon. Comme on peut l’obser ver sur la photo suivante et sur la figure représentant le fonc- tionnement général de la centrale, le charbon arrive par le haut et il est entreposé sous forme de tas. Principe de fonctionnement de la centrale © J. THOMAS I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 41JOUR 5
  • 42. I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 42 JOUR 5 Les caractéristiques des chaudières et des turbines et générateurs sont représentées dans le tableau suivant : Chaudières (partie jaune) Turbines & Générateurs (partie rose) Pression de vapeur moyenne (bar) 182 177,5 Température moyenne de la vapeur (°C) 542 540 Débit moyen (t/h) 1990 1930 Cette centrale est donc carac- térisée comme une centrale sous critique, ayant néan- moins un rendement de 40 %. Il est important de noter qu’ici les chaudières sont préchauf- fées en utilisant du diesel (partie orange en bas à gauche du schéma de principe). L’eau utilisée pour générer de la vapeur (partie verte en bas) est de l’eau industrielle, elle est filtrée et déminéralisée avant d’être acheminée aux turbines. L’eau de mer pré- levée dans le port est utilisée en refroidissement au niveau de la turbine. Elle est filtrée en entrée par une protection cathodique en titane. D’une t e m p é r a t u r e d e 2 5 ° C , e n entrée, elle ressort aux alen- tours de 33°C maximum (la limite légale se situe à 42°C). Après la phase de combus- tion, les vapeurs sont ensuite traitées via trois systèmes d i f f é r e n t s . To u t d ’ a b o r d , une réduc tion catalytique sélec tive (SCR) transforme les oxydes d’azote, NOx en diazote N2 et en eau. Les par- ticules fines sont ensuite fil- trées via un dépoussiéreur électrostatique (ESP). Enfin, une un ité de dés u lf u r is a- tion (FGD) utilise du calcaire pour capturer les dioxydes de soufre. Cette réaction de réduction utilise du calcaire extrait de la carrière de la cimenterie et produit le gypse utilisé par la cimenterie. Grâce à ces systèmes de fil- trage, la centrale cherche à limiter ses émissions de gaz à effet de serre. Ainsi, elle est en dessous ou égale aux stan- dards nationaux représentés dans le tableau suivant. Le r e s t e d e s f u m é e s e s t libérée par la cheminée qui mesure 250m de haut pour un diamètre de 25,1m au pied et 17,1 m au sommet. Caractéristiques des chaudières et des turbines © J. THOMAS Les élèves du mastère devant les deux chaudières © J. THOMAS
  • 43. I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 43JOUR 5 Limites d’émission de la centrale Standards nationaux SOx ≤ 50 ppm ≤ 60 ppm NOx ≤ 50 ppm ≤ 50 ppm Particules fines ≤ 20 mg/Nm3 ≤ 20 mg/Nm3 Limites et standars d’émissions © J. THOMAS Enfin, la centrale est raccor- dée au réseau à haut voltage (345 kV) pour une capacité de 2180 MVA via la sous station de Tong Shan. Cette connex- ion entre la centrale et la sous station est longue de 53  km et nécessite 123 pilonnes. L a c e n t r a l e a é t é c e r t i - fiée ISO  9001 en mai 2003 puis 14  001 depuis octobre 2004. En 2011, elle obtient cinq étoiles de la part de la National Standards Authority of Africa (NOSA), une agence qui certifie la qualité et la sécurité de production de biens et services. Elle audite la centrale tous les ans afin de vérifier le respec t des normes d’émissions de gaz à effet de serre. Dans le cadre du contrat de production d’électricité signé avec Taipower pour une durée de 25 ans, la centrale est dans l’obligation de fournir des heures garanties de produc- tion. En été (de juin à sep- tembre), elle doit produire au maximum de sa capac- ité tous les jours de 7h30 à 22h30. Tandis que durant tous les autres mois elle doit produire de 8h30 à 21h30. Durant les autres créneaux, la centrale répond aux besoins de Taipower. Ainsi les activi- tés à hauts risques, les tests de routine qui nécessitent des décharges et les arrêts planifiées sont réalisés dans les périodes de production non garanties. Une période d’arrêt pour mener des révi- sions mineures est prévue durant 25 à 35 jours par an. Tous les six ans, une période de révision majeure est effec- tuée, elle dure 50 jours. En termes de per formance, sur les 15 dernières années, la centrale est disponible en moyenne 90 % sur l’année pendant les périodes de pro- duction garanties et autour de 83 % sur l’année entière. La production s’élève donc à environ 9 500 GWh chaque année. L’ensemble des élèves tient à remercier le personnel de la cimenterie et de la centrale à charbon pour leur accueil chaleureux et les précieuses informations fournies sur le fonctionnement de leur usine. Aboubakr MACHRAFI, Juliette THOMAS & Hamza MRAIHI Sources : [1] « Taïwan Cement », Taïwan Cement. Disponible sur: http://www.taiwancement.com/en/. [Consulté le: 13-mars-2019]. [2] « Southeast Cement Corporation Website ». Disponible sur: http://southeastcement.com.tw/. [Consulté le: 13-mars-2019].
  • 44. I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9 44 CONTACTS ET REMERCIEMENTS Au-delà des remerciements aux personnes citées dans les pages de ce compte rendu, ce voyage n’aurait pu avoir lieu sans l’aide d’autres que nous tenons également à remercier chaleureusement : Le Bureau Français de Taipei pour son aide précieuse et ses nombreux contacts univer- sitaires ainsi que pour les échanges que nous avons pu avoir lors de notre passage à la French Tech, notamment avec M. Benoît Guidée, directeur, M. Benoît Lépine et Sasha Ting, Attachés Scientifiques et M. Jonathan Drubay, adjoint à l’attaché scientifique. M. Pascal Viaud, Directeur d’Ubik consulting, pour son efficacité dans la mise en rela- tion avec les par tenaires industriels visités ainsi que Mei-Ling Tsai, Direc trice de l’agence Ubik Travel pour avoir assuré la logistique et l’interprétariat avec b r i o t o u t a u l o n g d e n o t r e p é r i p l e à Ta ï w a n ( h t t p : / / w w w. u b i k . c o m . t w / e n / ) . M . M a r t i n T z o u , d i r e c t e u r d e s m a r c h é s p o u r E D F à T a ï w a n p o u r s a p r é s e n t a t i o n d e s a c t i v i t é s d ’ E D F s u r l ’ î l e d e T a ï w a n . M . C l é m e n t D i e u d o n n é , d i r e c t e u r d e l a s t r a t é g i e d ’ U b i i k e t M . P h i l i p p e Tz o u , R e s p o n s a b l e d u b u s i n e s s d e v e l o p m e n t d ’ U n a B i z p o u r n o u s a v o i r p r é s e n t é l e d é v e l o p p e m e n t d e l e u r s a c t i v i t é s a u s e i n d e l a Fr e n c h Te c h . M . H s u Tu n K u e i , d i r e c t e u r d u d é p a r t e m e n t d i s t r i b u t i o n c h e z Ta i p o w e r, p o u r s a p r é s e n t a t i o n d e s a c t i v i t é s d e l a s o c i é t é e t d e s o n s h o w r o o m . M. Bor Kae Chang, professeur à l’Université Nationale Centrale (NCU), pour l’organisation de cette demi-journée d’échanges fructueux. M. Chih-Ang Chung, professeur et vice-président du département de mécanique pour son accueil et la présentation de l’université, M. Chung-Jen Tseng, professeur émérite pour la présentation et la visite du projet d’habitat écologique intel- ligent, enfin les professeurs Cheng-I Chen et Jiunn-Chi Wu pour leur présence et leurs questions. M. Jean-Baptiste Fichet, chargé d’affaires à l’ITRI pour son accueil, M. Tze-Chin Pan, pour sa présentation des économies d’énergies dans l’industrie, M. Yi-Hua Wu, pour sa présen- tation du modèle TIMES de l’île de Taïwan et Mme Jessica Ma pour la visite du showroom. M. Chia-Yuan Chen professeur à NCKU pour avoir organisé notre journée de rencontre. Mme Weili Teng pour son accueil et accompagnement. M. Yen-Jong Chen et M. Jow-Lay Huang professeurs pour leurs présentations ainsi que les professeurs Hong-Tzer Yang, Changshu Kuo, Wei-Hsiang Lai, Rodney H. Matsuoka, Eric Chen, Jih-Heng Chen, Rita Kua, Hsin-Hung Chen, Hung-Jie Tang pour leur présence et les visites proposées.