Comme chaque année, les élèves du Mastère Spécialisé OSE ont eu la chance de réaliser un voyage d’études d’une semaine début mars. Cette année, c’est l’île de Taïwan qui a été choisie pour une étude approfondie de son système énergétique. La situation énergétique de Taïwan est particulièrement intéressante, de par le caractère insulaire du pays, ses relations géopolitiques complexes avec son plus proche voisin, la Chine, et de fortes contraintes naturelles. Pendant les 8 jours passés sur place, les élèves ont pu visiter de nombreuses installations autour du thème de l’énergie, et assister à des présentations de qualité.
Dans ce numéro spécial voyage de l’Inf’OSE, nous vous proposons un aperçu des lieux que nous avons eu le privilège de visiter au cours de cette semaine riche en découvertes. Vous trouverez également dans ce numéro une synthèse des idées que nous avons eu l’occasion de présenter lors de conférences dans deux grandes universités du pays, National Central University (NCU) et National Cheng Kung University (NCKU), autour de la thématique majeure traitée par la promotion de cette année : les vecteurs énergétiques pour une mobilité durable. Si cette problématique vous intéresse, vous pourrez en retrouver une analyse plus approfondie dans un livre écrit par les élèves du mastère OSE et qui devrait être édité fin 2019, et à l’occasion d’un colloque consacré à ce sujet à Sophia-Antipolis le 26 septembre prochain.
Nous souhaitons tout d’abord remercier l’ensemble des personnes sans qui ce voyage n’aurait pas été possible. Tout d’abord, un grand merci aux universitaires et industriels qui nous ont accueillis et ont pris le temps de nous présenter leurs activités, nous ont fait découvrir leurs installations et ont échangé avec nous sur des sujets aussi bien techniques qu’économiques. Merci à la NCU et la NCKU pour la qualité de l’auditoire et des débats lors des conférences. Merci à Taipower, à l’Industrial Technology Research Institute (ITRI), Ciel et Terre, Wusanto Reservoir, Taïwan Cement Corporation et Ho-Ping Power Company, pour les visites passionnantes qu’ils nous ont réservées. Merci à Taïwan Tech Arena de nous avoir reçus, ainsi qu’à EDF, Ubiik et UnaBiz pour leurs présentations captivantes. Un grand merci également au Bureau Français de Taipei et à UBIK, grâce à qui ce voyage fut aussi riche que diversifié.
Enfin, nous remercions chaleureusement Gilles Guerassimoff, responsable du MS OSE, ainsi que toute l’équipe du Centre de Mathématiques Appliquées, d’avoir organisé avec brio cet exceptionnel voyage d’études.
Nous vous laissons dès à présent découvrir la richesse du système énergétique taïwanais en parcourant avec nous les différentes étapes de ce voyage pour le moins dépaysant. Bonne lecture !
2. infose@mastere-ose.fr
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Centre de
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Appliquées
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risation des auteurs sauf cas prévus par l’article
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I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
2
Coordinatrice - Catherine Auguet-Chadaj
Maquettiste - Lucas Desport
Photos - Etudiants MS OSE
SOMMAIRECONTACTS
03 - Édito
04 - État de l’art de l’énergie à Taïwan
07 - Visite de Taïwan TechArena
13 - Visite de Taipower
16 - L’Université Nationale Centrale
20 - Focus sur la régulation, la prospective et les nou-
velles technologies à l’ITRI
24 - Conférences à l’Université Nationale de Cheng Kung
28 - Le campus An-Nan de NCKU
32 - Visite d’une centrale solaire flottante avec Ciel&Terre
34 - Le barrage de Wushantou
36 - Tsing Hua University
38 - La cimenterie et la centrale charbon de HoPing
44 - Contacts et remerciements
46 - Partenaires
Page de garde : tour Taipei 101
3. C
omme chaque année, les élèves du Mastère Spécialisé OSE ont eu la
chance de réaliser un voyage d’études d’une semaine début mars. Cette
année, c’est l’île de Taïwan qui a été choisie pour une étude approfondie
de son système énergétique. La situation énergétique de Taïwan est partic-
ulièrement intéressante, de par le caractère insulaire du pays, ses relations
géopolitiques complexes avec son plus proche voisin, la Chine, et de fortes
contraintes naturelles. Pendant les 8 jours passés sur place, les élèves ont pu
visiter de nombreuses installations autour du thème de l’énergie, et assister à
des présentations de qualité.
Dans ce numéro spécial voyage de l’Inf ’OSE, nous vous proposons un aperçu des lieux que nous avons
eu le privilège de visiter au cours de cette semaine riche en découvertes. Vous trouverez également dans
ce numéro une synthèse des idées que nous avons eu l’occasion de présenter lors de conférences dans
deux grandes universités du pays, National Central University (NCU) et National Cheng Kung University
(NCKU), autour de la thématique majeure traitée par la promotion de cette année : les vecteurs éner-
gétiques pour une mobilité durable. Si cette problématique vous intéresse, vous pourrez en retrouver
une analyse plus approfondie dans un livre écrit par les élèves du mastère OSE et qui devrait être édité
fin 2019, et à l’occasion d’un colloque consacré à ce sujet à Sophia-Antipolis le 26 septembre prochain.
Nous souhaitons tout d’abord remercier l’ensemble des personnes sans qui ce voyage n’aurait pas été
possible. Tout d’abord, un grand merci aux universitaires et industriels qui nous ont accueillis et ont
pris le temps de nous présenter leurs activités, nous ont fait découvrir leurs installations et ont échangé
avec nous sur des sujets aussi bien techniques qu’économiques. Merci à la NCU et la NCKU pour la
qualité de l’auditoire et des débats lors des conférences. Merci à Taipower, à l’Industrial Technology
Research Institute (ITRI), Ciel et Terre, Wusanto Reservoir, Taïwan Cement Corporation et Ho-Ping Power
Company, pour les visites passionnantes qu’ils nous ont réservées. Merci à Taïwan Tech Arena de nous
avoir reçus, ainsi qu’à EDF, Ubiik et UnaBiz pour leurs présentations captivantes. Un grand merci égale-
ment au Bureau Français de Taipei et à UBIK, grâce à qui ce voyage fut aussi riche que diversifié.
Enfin, nous remercions chaleureusement Gilles Guerassimoff, responsable du MS OSE, ainsi que toute
l’équipe du Centre de Mathématiques Appliquées, d’avoir organisé avec brio cet exceptionnel voyage
d’études.
Nous vous laissons dès à présent découvrir la richesse du système énergétique taïwanais en parcou-
rant avec nous les différentes étapes de ce voyage pour le moins dépaysant. Bonne lecture !
Dorine JUBERTIE
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
3EDITO
4. Taïwan est avant tout une
petite île (36 000 km²), avec
seulement 30% de sur faces
constructibles, le reste étant
des montagnes. Du fait de
cette topographie par ticu-
lière, le pays possède peu
de ressources naturelles et
doit impor ter jusqu’à 98%
de son énergie. On y importe
principalement du charbon
(Australie, Russie, Indonésie)
et du gaz sous forme de Gaz
Naturel Liquéfié (Indonésie,
Arabie Saoudite, Etats-Unis).
Enfin, même si elle a été
envisagée, une interconnex-
ion avec la Chine reste impos-
sible étant donné les relations
diplomatiques compliquées
entre les deux pays.
PAYSAGE ÉNERGÉTIQUE ACTUEL
Mix énergétique actuel de l’Ile
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
4 L’ÉNERGIE À TAÏWAN
ÉTAT DE L’ART DE L’ÉNERGIE À TAÏWAN
SPÉCIFICITÉS GÉOGRAPHIQUES AU CŒUR DE SA STRATÉGIE ÉNERGÉTIQUE
Si Taïwan est « le cœur de l’Asie » par son attractivité touristique et son fort développe-
ment dans les hautes technologiques, sa situation énergétique est délicate. Contrainte
par sa géographie, contrainte par des enjeux de transitions énergétiques et de qualité de
l’air, l’île fait face à de nombreux défis que le gouvernement a décidé de prendre à bras le
corps à travers une politique ambitieuse qui passe par un fort développement des énergies
renouvelables et une sortie radicale du nucléaire.
5. Quand on regarde le paysage
énergétique taïwanais, il faut
prendre en compte son climat
tropical, caractérisé par un été
chaud et humide, une saison
des pluies commençant en
avril, et un hiver doux et un peu
moins humide. De fait, la con-
sommation de gaz est faible,
et c’est la pompe à chaleur qui
servira de chauffage si besoin.
La consommation en électric-
ité est donc impor tante. Il
faut répondre à une demande
sans cesse croissante, qui a
atteint 233 TWh en 2018, soit
+2 T Wh par rapport à 2017.
En moyenne, chaque habitant
consomme 10 MWh par an.
Par ailleurs, la consommation
est particulièrement élevée
dans le nord du pays, où la
concentration de population
est plus élevée et où l’industrie
est la plus active. L’électricité
est produite majoritairement
par le charbon et le gaz (66%
du mix énergétique), ainsi que
par du nucléaire et des éner-
gies renouvelables en timide
croissance.
OBJECTIFS 2025
Le gouvernement taïwanais
a posé des objectifs simples
et ambitieux pour 2025 dans
un contex te de transition
énergétique. Ils se caractéri-
sent par une sortie radicale
du nucléaire (0 % du mix)
en faveur du gaz et des ENR,
ainsi que d’une réduction
de la production d’énergie
à p a r t i r d e c h a r b o n . O n
retrouve ci-dessous le mix
visé pour 2025.
Cet objectif apporte de nou-
v e a u x c h a l l e n g e s a u q u e l
les taïwanais devront faire
face. D’une part, la place du
charbon reste impor tante
(jusqu’à 30%), ce qui est inco-
hérent avec l’urgence des pro-
blèmes environnementaux.
Ensuite, l’augmentation de
la production d’électricité à
partir de gaz nécessite la con-
struc tion d’infrastruc tures
portuaires coûteuses, afin de
permettre son importation.
Enfin, la croissance atten-
due du renouvelable con-
siste à passer de 5% du mix
à 20%… Ceci sera permis
grâce à de fort Feed-In Tariffs
(mécanismes économiques
d’incitation aux renouvel-
ables) ainsi qu’un fort poten-
tiel éolien Offshore (5,5 GW
sur la côte ouest, 5e gise-
m e nt m o n d i a l ) . To u te fo i s
cette intégration massive des
ENR suscite des problèmes de
stabilité du réseau, avec une
augmentation du risque de
blackout !
Objectif du mix énergétique de l’Ile en 2025
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
5L’ENERGIE A TAÏWAN
6. I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
6 L’ÉNERGIE À TAÏWAN
En définitive, l’île de Taïwan
doit certes faire face à des
défis énergétiques aux orig-
ines à la fois géographiques,
géopolitiques, et de transition
énergétique. Mais les objectifs
de 2025 pourront être menés à
bien si les aides aux renouvel-
ables sont suffisantes et si les
enjeux de stabilité du réseau
sont résolus.
Antoine Jourdain de Muizon
CONCLUSION
ZOOM PLACE DU NUCLÉAIRE
Le nucléaire tient une place importante du fait de sa stabilité. L’énergie produite est
presque parfaitement contrôlable, même s’il faut du temps pour démarrer ou arrêter
un réacteur. Dans un pays insulaire comme Taïwan, cette stabilité est vitale. Ainsi en
août 2017, Taïwan faisait face au plus grand blackout de son histoire, et ceci était dû
à l’arrêt d’un réacteur, ce qui témoigne de l’importance de cette énergie pour assurer
la demande. Toutefois la petite taille de l’île ne permet pas l’établissement d’une zone
de stockage des déchets, qui sont donc stockés in situ, ce qui pose des problèmes de
sécurité. C’est principalement pour cette raison que le gouvernement a décrété l’arrêt
complet de la production nucléaire d’ici 2025. En revanche, les points de vue des deux
principaux partis politiques sur le nucléaire laissent présager une évolution possible
de l’objectif 0%. La question reste donc ouverte.
Sources : d’après Martin TZOU, EDF – Taïwan Market Director,
et Prof. Tsung-Kuang YEH, NTHU University, Hsinchu
8. I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
8 JOUR 1
alors que le parti démocrate
progressiste, aujourd’hui au
pouvoir, affirme le contraire.
Historiquement, Taïwan est
jusqu’au 17ème siècle une île
occupée par des populations
abor igènes, assez proches
de celles qu’on peut trouver
dans l’océan pacifique, comme
les mélanésiens de Nouvelle-
Calédonie. C’est donc une île
à l’écart des grands flux asi-
atiques. Les grandes puis-
sances de l’époque se sont
d’abord intéressées à Taïwan
comme possible relai pour le
commerce international. Les
premiers arrivés ne sont pas
les chinois mais les hollandais
et les espagnols, mais qui très
rapidement laissent la place
aux Chinois. La domination
chinoise va perdurer pendant 2
siècles. L’immigration chinoise
est principalement issue de la
province du Fujian. Cependant,
l ’î l e re s t e re l a t i ve m e n t à
l’écart de la Chine, que cette
dernière considère comme un
front pionnier assez reculé.
C’est en 1895 que les choses
changent, quand le Japon,
gagne la guerre contre la
Chine, il récupère Taïwan. Il
va se passer 50 ans pendant
lesquels Taïwan devient une
colonie du Japon et est alors
coupée de la Chine. Cette col-
onisation apporte avec elle
une vague de modernisation,
qui va faire de Taïwan un ter-
ritoire assez avancé sur le plan
industriel et économique. En
1945, quand le Japon perd
la guerre, Taïwan revient à
la Chine. Toutefois, au terme
de la guerre civile en Chine,
le gouvernement nationaliste
chinois de Tchang Kaï Check
vaincu par les communistes, se
réfugie à Taïwan. Il se considère
comme le vrai représentant de
la Chine fasse aux « rebelles
communistes ». Les pays occi-
dentaux vont dans un premier
temps continuer à le recon-
naitre comme le représentant
officiel de la Chine ( Taïwan
siégera d’ailleurs au conseil
de sécurité de l’ONU jusqu’en
1971). La France du Général De
Gaulle reconnaitra dès 1964 la
République Populaire de Chine,
conduisant à une rupture des
relations avec Taipei. Il ne lui
reste plus que 18 alliés diplo-
matiques comme le Honduras
ou la République Dominicaine.
Finalement, c’est la démocra-
tisation de Taïwan qui pousse
u n e p a r t i e d e s a p o p u l a -
tion à développer un senti-
ment nationaliste. C’est cela
qu’incarne l’arrivée au pouvoir
en 2000 du DPP. Le Kouo -
M in-Tang revient pour tant
au pouvoir en 2008 avec une
politique de rapprochement
a v e c l a C h i n e , a v a n t d e
laisser à nouveau la gouver-
nance du pays au DPP en 2016.
Cela crée de vives tensions avec
la Chine. C’est aujourd’hui le
statu quo qui domine. La Chine
refuse le dialogue avec Taïwan
et maintient une pression poli-
tique et parfois économique.
Du fait de cette pression, il
est notamment difficile pour
Taïwan de signer des accords
de libre-échange avec d’autres
partenaires. Taïwan se définit
parfois comme « orphelin de la
communauté internationale ».
La France, comme tous les
Etats européens, n’a pas de
relations diplomatiques avec
Taïwance qui n’empêche pas
de développer des relations
concrètes avec Taïwan autour
de 4 grandes thématiques :
• U n e c o m m u n a u t é
d e v a l e u r s d é m o c r a t i q u e s
e t d e d r o i t d e l ’ h o m m e
Taïwan montre que la culture
chinoise est tout à fait compat-
ible avec les valeurs démocra-
t i q u e s. Ta ï w a n f a i t f i g u re
d’avant-garde sur les ques-
tions de droits de l’homme
puisqu’il est le premier terri-
toire à adopter le mariage pour
tous en Asie (prévu pour mai
2019). C’est aussi dans cette
île que la place de la femme
dans la société est la plus
11. I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
11JOUR 1
avec des ordinateurs, créant
un lien rapide et économique
entre le monde physique et le
monde virtuel. Les réseaux sur
lesquels les objets communi-
quent se veulent peu couteux
et très peu consommateurs
d’énergie. Ces deux caracté-
ristiques sont d’autant plus
vraies pour ces deux entre -
prises qui font partie d’une
toute nouvelle industrie focal-
isée sur un réseau bas débit et
longue portée (LPWAN) con-
trairement aux réseaux 4 ou
5G.
Rencontre avec ubiik
Ubiik est une entreprise spé-
cialisée dans le domaine de
l’IoT notamment sur le mon-
itoring énergétique. La start-
up a été fondée en 2016 et
est d’ores et déjà leader du
m a rc h é d a n s l e s te c h n o l -
o g i e s L P WA N ( Lo w Po we r
Wide Area Network ou liai-
sons sans fil à faible consom-
mation d’énergie). Clément
Dieudonné, un français installé
à Taïwan et directeur de la
stratégie de l’entreprise, nous
a donné un aperçu des activ-
ités et des technologies de
cette start-up, qu’il a fondée
avec trois autres personnes.
L’entreprise est née du constat
que l’IoT, avec ses solutions
t e c h n o l o g i q u e s a c t u e l l e s ,
n’est pas encore bien adapté
aux applications industrielles.
Ainsi, au lieu d’opter pour un
réseau capable de gérer un
flux de données importants,
Ubiik a opté pour une tech-
nologie innovante en mettant
l’accent sur la durée de vie
des installations et la portée
du signal.
L’envol de cette start-up a eu
lieu suite à l’appel d’offres
d e TA I P O W E R ( l ’e nt re p r i s e
publique taïwanaise de pro-
d u c t i o n e t d e f o u r n i t u r e
d’électricité) pour le déploi-
ement des compteurs intelli-
gents au niveau national. La
start-up Ubiik a été sélection-
née dans le cadre de la pre-
mière tranche du plus gros
projet IoT de Taïwan, q u i
consiste à connecter sans fil
environ 3 millions de compt-
eurs électriques d’ici 2023.
L’atout de Ubiik réside dans le
fait que la technologie qu’elle
a développée n’est pas breve-
tée. Elle est « Open standard »,
ce qui veut dire que les spéci-
fications liées à la technolo-
gie et la recette pour implé-
menter ces spécifications sont
libres d’accès. Ainsi, malgré
son jeune âge et le marché
turbulent dans lequel Ubiik
opère, les clients sont rassu-
rés par rapport à la pérennité
de la technologie. Par rapport
aux solutions des concurrents,
s p é c i a l i s é s d a n s l e s c o u -
rants porteurs et les réseaux
maillés, la longue portée de
la technologie Ubiik néces-
site moins d’infrastruc ture
e t p a r c o n s é q u e n t m o i n s
d ’ i n v e s t i s s e m e n t s . P l u s
généralement, au niveau tech-
nologique, la différence avec
les autres solutions sur le
marché résulte du fait que la
communication avec les objets
est bidirectionnelle. Ainsi, ces
objets peuvent être contrôlés,
caractéristique très intéres-
sante sur le plan sécurité et
mise à jour des logiciels inté-
grés (firmware)
Le domaine d’application des
technologies Ubiik est égale-
ment l’industrie, qui est inté-
ressée par le monitoring et le
suivi de leurs machines dans
les centres de logistique, ou
encore par le monitoring des
complexes industriels grâce
à des capteurs fiables. Plus
intéressant encore, Ubiik a
développé une technologie
de papier électronique, utile
notamment dans des appli-
c at i o n s i n d u s t r i e l l e s p o u r
l’indication des instructions,
ou la rapidité et la fiabilité
de ce système est très attray-
ant. Une autre application
se trouve dans le domaine
de l’énergie photovoltaïque,
o ù, gr â ce à d e s c a p te u r s
c o n n e c t é s , l e m o n i t o r i n g
12. I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
12 JOUR 1
énergétique pour la mainte-
nance peut être réalisé à dis-
tance. La technologie peut
également être implémen-
tée dans les systèmes intel-
ligents d’éclairage, les sys-
tèmes de positionnement ou
encore les stations électriques
de recharge des VE.
Un grand merci à M. Dieudonné
pour son accueil et sa présen-
tation, nous lui souhaitons
une bonne continuation dans
la connexion du reste des
70 000 compteurs intelligents
et pour la suite.
Rencontre avec UnaBiz
Toujours dans le domaine
de l’IoT et à l’instar d’Ubiik,
la start-up UnaBiz s’est spé -
cialisée dans les technologies
LPWAN. Spin-off de la société
Toulousaine Sigfox, l’aventure
UnaBiz a commencé en juillet
2 0 1 6 . E l l e e s t l e p re m i e r
opérateur historique de Sigfox
à s’être implantée en Asie avec
deux bureaux, à Singapour et
Taïwan, ou l’entreprise bénéfi-
cie d’un écosystème favorable
au développement des tech-
nologies de pointe. UnaBiz
est ainsi opérateur, fabricant
et développeur de capteurs
Sigfox, avec plus de 500 solu-
tions disponibles à travers le
monde. Activité plus récente,
Unabiiz propose des services
de consulting à des clients
tels que Safran, Engie, Airbus
et autres. La couverture du
réseau Sigfox comprend 95 %
de la population Taïwanaise
et quasiment 99 % de celle
Singapour ienne. Avec des
prix imbattables, UnaBiz s’est
imposé sur le marché en con-
cluant des accords avec des
clients de renommée mondi-
ale. Elle a ainsi levé, l’année
d e r n i è re 1 0 , 4 m i l l i o n s d e
dollars grâce à trois inves-
tisseurs : KDDI, SORACOM et
Engie.
Co n c e r n a n t s e s s o l u t i o n s
IOT, Philippe Tzou – Business
Development Manager, nous
a présenté plusieurs marchés
de UnaBiz sur le territoire
Asiatique, comme la connex-
ion des places de parking, par
exemple. Afin de rendre plus
intelligente la gestion des
places de parking, les capteurs
permettent de trouver fac-
ilement sa place de parking,
de la payer directement mais
aussi, pour le gestionnaire du
parking, de savoir quelles sont
les places les plus sollicitées,
afin d’adapter les prix en con-
séquence. Avec Airbus, Unabiz
travaille sur la connectivité
des engins aéroportuaires, qui
permet de les localiser et de
connaître la fréquence de leur
utilisation. Pour gérer la logis-
tique de sa chaîne de froid,
Carrefour utilise les capteurs
UnaBiz, qui permet de suivre
la procédure de transpor t
et les températures de con-
signe. Unabiz travaille égale-
ment sur un projet pilote de
ville intelligente, en fournis-
sant gratuitement le réseau
Sigfox à la ville de Taipei.
D’autres projets existent, par
exemple dans le monitoring
des centrales PV, la télésanté,
la gestion des parcs de vélos
libre-service.
E n f i n , d e m a n i è r e p l u s
théorique, on peut classer
ces solutions IOT en quatre
groupes : les rappor ts des
capteurs (mesures diverses),
la géolocalisation, les rap -
ports d’événements (alertes,
a l a r m e s e t d é c l e n c h e -
m e n t s ) e t l a g e s t i o n d e s
outils (actualisation, défini-
tion des paramètres). Du fait
de l’utilisation d’un réseau
LPWAN, les solutions propo-
sées sont simples, à très bas
coût, très peu énergivores et
nécessitent une maintenance
limitée.
UnaBiz a donc trouvé sa place
dans ce marché révolution-
naire. Nous remercions chal-
eureusement Philippe Tzou
pour le temps qu’il nous a
consacré ainsi que pour sa
présentation.
Ana DAVID & Lionel FABIANI
13. I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
13JOUR 1
Lundi 5 Mars 2019, il est
14h00 quand les étudiants
du mastère OSE sont chal-
eureusement accueillis par
M. Hsu Tun Kuei, directeur du
département de la distribu-
tion au sein de Taïwan Power
Company ( TPC par la suite).
M. Tun Kuei nous a présenté le
système électrique Taïwanais,
les défis liés à la transition
énergétique et le rôle pri-
mordial des smart grids dans
cette transition. Nous vous
invitons à découvrir ces solu-
tions mises en œuvre ou pro-
jetées par TPC dans la suite de
cet article.
La TPC, connue aussi sous
l e n o m d e Ta i Po w e r, e s t
u n e e n t r e p r i s e p u b l i q u e
Taïwanaise, agissant tout au
long de la chaîne de valeur
du secteur d’électricité, de
la produc tion à la fourni-
ture des clients. Monopole
public verticalement intégré,
la TPC a été créée le 1er mai
1946 pour assurer la sécurité
d’approvisionnement en élec-
tricité pour l’île taïwanaise.
Elle détient les droits exclu-
sifs de vente d’électricité aux
particuliers à un tarif régulé
par le ministère des affaires
économiques. Les producteurs
indépendants doivent con-
clure des contrats avec TPC
pour vendre leurs électrons.
En juillet 2015, le gouver-
nement de la république de
Chine à Taïwan a approuvé
un projet de loi, proposé
par le ministère des affaires
économiques. Ce projet porte
sur la division de TPC en deux
groupes d’activités distincts
au cours des cinq à neuf pro-
chaines années : une entre-
prise de production et une
e n t r e p r i s e d e r é s e a u . E n
réponse à une question des
élèves sur la légitimité de
cette mesure, M. Tun Kuei a
répondu que l’ouver ture à
la concurrence dans l’amont
de la chaîne électrique per-
mettrait une meilleure inté -
gration des énergies renouv-
elables, car plus compatible
avec les appels d’offres.
Le système électrique taïwa-
nais est de nature insulaire ;
petit et isolé, il ne présente
aucune interconnexion avec le
pays voisin, la Chine. Malgré
l’intérêt économique et tech-
nique d’une telle interconnex-
ion pour Taïwan en général
et TPC en particulier, cette
option reste pour le moment
impensable d’un point de vue
politique. Aussi, l’électricité
consommée sur le territoire
Taïwanais doit être produite in
situ, et l’équilibre instantané
offre/demande est impéra-
tivement à satisfaire par le
parc de production local.
A c e c a r a c t è r e i n s u l a i r e ,
s’ajoute une forte dépendance
énergétique. En effet, 98 %
des besoins énergétiques du
pays sont importés, dont 90 %
sous forme de pétrole. Cela
soulève, en plus de problèmes
environnementaux, de grands
risques d’approvisionnement
aggravés par la décision poli-
tique d’une sortie rapide du
nucléaire, d’ici 2025.
P o u r p r é s e r v e r l a s é c u -
r i t é d ’a p p rov i s i o n n e m e n t ,
le gouvernement Taïwanais
mise sur l’accroissement de
l’offre locale renouvelable.
Toutefois, une intégration à
grande échelle des énergies
renouvelables sur le territoire
se trouve rapidement freinée
par des contraintes naturel-
les et géographiques. En effet,
parmi les 36 000 km² couverts
par l’île Taïwanaise, 60 % de
la surface est montagneuse.
D’où l’encouragement du PV
en toiture et l’émergence de
projets de solaire flottant
et d ’éolien offshore, dou -
blement stratégiques pour
Visite de TaiPower
14. I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
14 JOUR 1
accompagner la transition
énergétique.
De ce fait, le réseau électrique
taïwanais serait progressive-
ment transformé pour per-
mettre une part plus ou moins
importante de génération dis-
persée et intermittente. La TPC
accompagnera cette transi-
tion par des projets de stock-
age pour lisser l’intermittence
des énergies renouvelables, et
par des solutions intelligen-
tes et connectées pour coor-
donner les moyens de produc-
tion décentralisés. On décrit
ci-après les solutions qui nous
ont été présentées par M. Tun
Kuei.
o L e H o m e E n e r g y
Management System (HEMS)
: Cette solution est intéres-
sante pour améliorer le pilot-
a g e d e l a co n s o m m at i o n .
Elle se compose d’un compt-
eur intelligent et d’une unité
sans fil de collecte de données
d ’é q u i p e m e nt s é l e c t ro m é -
nagers (adaptés au HEMS) et
d’adaptateurs WIFI pour ces
derniers. L’ensemble de ces
données est envoyé par le
compteur et est centralisé sur
un serveur distant. Le consom-
mateur est à même de con-
sulter à tout instant, sous un
format lisible, ses données de
consommation via une appli-
cation sur son smartphone.
Mieux encore, il peut piloter à
distance les équipements con-
nectés pour améliorer sa con-
sommation énergétique.
o Onduleurs intelligents
pour le PV : ces dispositifs
permettent une utilisation
intelligente des panneaux
solaires, qui à terme couvri-
raient la majorité des toitures
à Taïwan. Contrairement à un
onduleur classique, l’onduleur
intelligent est connecté aux
autres onduleurs d’une même
maille locale (un quar tier,
par exemple). Il permet ainsi
de faciliter le dispatching
de l’élec tricité des nœuds
en surproduc tion vers les
nœuds en besoin au sein de
la même maille, tout en amé-
liorant la qualité du courant
(tension conforme à la tension
du réseau). Cela permet de
c o n s o m m e r, e n p r i o r i t é ,
l ’élec tr icité localement et
d’optimiser la production des
panneaux solaires. L’ensemble
des transactions réalisées est
stocké grâce à une blockchain.
o Un dispatching intelligent
ADMS : ce système de distri-
bution pilote l’ensemble du
réseau. Ce dernier est doréna-
vant alimenté par des moyens
de produc tions pilotables
(centrales thermiques, hydrau-
liques), des moyens de stock-
age, de grands parcs éoliens
et solaires mais aussi des
centrales vir tuelles (vir tual
Powe r Pl a nt ) fo r m é e s p a r
l’agrégation des productions
d e s a u t o - c o n s o m m a t e u r s .
Ce nouveau dispatching est
conçu pour être mieux adapté
au nouveau paradigme de pro-
duction décentralisé avec une
Logo de Taipower
19. assurer notamment le confort
à l’intérieur, la qualité de
l’air ou encore pour gérer la
demande d’énergie.
Aussi, une gestion intelligente
de l’éclairage permet au bâti-
ment d’afficher des per for-
mances très intéressantes. En
effet, le bâtiment présente
u n e c o n s o m m a t i o n é l e c -
trique moyenne de 10 kWh/
jour. Avec de telles mesures,
les économies d’énergies sur
la consommation d’électricité
du secteur résidentiel en été
ont été estimées à 35 %.
Nous avons ensuite eu la
chance de visiter le bâtiment
situé sur le campus accompa-
gnés par les Professeurs ainsi
que par les étudiants qui nous
o nt t rè s c h a l e u re u s e m e nt
accueillis dans leur université.
Nous tenons à remercier le
Professeur Bor Kae Chang du
dépar tement de chimie et
matériaux pour son accueil
ainsi que le Professeur et vice-
président du dépar tement
d’ingénierie mécanique Chih-
Ang Chung et le Professeur
é m é r i t e d u d é p a r t e m e n t
d ’ i n g é n i e r i e m é c a n i q u e
Chung-Jen Tseng pour leurs
présentations très instruc-
t i ve s. E n f i n , n o u s re m e r -
cions également l’ensemble
du corps professoral présent
ainsi que les étudiants venus
assister à notre présenta-
tion pour leur grande atten-
tion et la pertinence de leurs
questions.
Lyes AIT MEKOURTA
& Lucas DESPORT
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
19JOUR 2
22. situation géologique risquée
liée aux tremblements de
terre. A l’approche des élec-
tions présidentielles, la poli-
tique adoptée en la matière va
surtout dépendre du prochain
président. Pour le moment,
le peuple est encouragé à
s’impliquer davantage dans
les problématiques liées à
l’énergie.
Showroom des technologies
Mme Jessica Ma nous a ensuite
fait visiter le showroom de
l’ITRI, présentant quelques
technologies, développées
par les chercheurs du labora-
toire et lauréats de nombreux
concours notamment les pres-
tigieux R&D 100 Awards.
A l’entrée du showroom, nous
avons découvert un curieux
arbre lumineux, appelé « eco
tree ». Il s’agit en fait d’un
démonstrateur de différentes
technologies développées à
l’institut. Entre les branches,
une verrière solaire consti-
tuée de films micro-optiques
concentrant la lumière sur une
couche photovoltaïque placée
aux extrémités. Au pied de
l’arbre, de l’eau coule dans une
piscine qui la recycle grâce à
des technologies innovantes.
Organisée autour de l’arbre,
u n e e x p o s i t i o n d e s te c h -
nologies les plus célèbres
développées à l’institut s’offre
aux visiteurs. En voilà un
rapide aperçu :
Tout d’abord, un procédé de
teinture de textile utilisant du
CO2
supercritique, respectueux
de l’environnement. Il ne con-
somme pas d’eau et ne rejette
aucun produit chimique dans
le milieu environnant.
Ensuite, un procédé de puri-
fication de l’eau utilisant une
LED entièrement développée
au laboratoire qui remplace
une technologie UV classique.
L’avantage de ce procédé est
de s’affranchir de l’utilisation
de mercure toxique.
U n p ro c é d é d e re c yc l a g e
de cristaux liquides, innov-
ant et complexe, nous est
ensuite présenté, fruit de dix
ans de recherches au sein du
laboratoire.
C o n c e r n a n t l e s b a t t e r i e s
e t l ’é n e rg i e, u n m a t é r i a u
polymère créé à l ’institut
p e r m e t d e m u l t i p l i e r p a r
trois la durée de vie des bat-
teries Lithium-Ion. Appelé
S t o b a , i l a c c o m p a g n e l a
croissance de la couche SEI
(Solid Electrolyte Interphase
ou inter face anode/électro-
lyte) et permet de mieux la
contrôler et de réduire son
impact sur la durée de vie de
la batterie.
En parallèle, une batterie
Aluminium-Ion à rechargement
Ultra Rapide, développée en
collaboration avec l’université
de Sandford, permet un temps
de recharge record de moins
d’une minute et une sécurité
accrue, grâce à une struc-
ture innovante en aluminium
et graphite. Son faible coût et
sa capacité de charge rapide
permettent d’imaginer des
applications pour la mobil-
ité durable ou le stockage
d’énergie renouvelable.
Pour finir, un fascinant drone
connec té en 5G peut être
commandé de Las Vegas tout
en étant situé à Taïwan, grâce
à son ingénieux système de
gestion. Son deuxième avan-
t a g e e s t d e p o u vo i r ê t re
rechargé grâce à une barre
de charge intelligente directe-
ment placée en contact avec
la structure, et de s’affranchir
d u b e s o i n d ’i n t e r v e n t i o n
humaine. Intéressant en cas
de missions de surveillance
risquées ou en zone isolée.
Nous souhaitons remercier
toutes les personnes qui nous
ont accueillies à l’institut
ITRI et nous ont fait partager
leurs passionnants travaux,
Jean-Baptiste Fichet, Jessica
Ma, ainsi que le Dr Tze-Chin
Pan, Dr Yi-Hua Wu et leurs
collègues.
Laura SOBRA &
Rihab BEN MOKHTAR
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
22 JOUR 2
27. solide et les systèmes éner-
gétiques intégrés. Le Hi-GEM
est en plein développement
et a déjà conclu de nom-
breuses collaborations inter-
nationales via 36 projets sur
les cinq dernières années. A
Taïwan, le centre de recher-
che collabore avec l’université
NCKU ainsi que 7 autres uni-
versités plus un autre centre
de recherche. Le Hi-GEM veut
promouvoir l’innovation et
l ’intégration croissante et
rapide de ces nouveaux maté-
riaux au sein de l’industrie. Il
possède d’ailleurs sa propre
ligne d’assemblage de bat-
teries au Lithium ainsi que
sa propre ligne de produc-
tion de panneaux photovolta-
ïques. A terme, le centre sou-
haite encore grandir et nouer
d e n o u ve a u x p a r te n a r i at s
i n t e r n a t i o n a u x a v e c u n
budget prévisionnel de 1,7
M€/an entre 2018 et 2023.
Pour conclure cette matinée
très enrichissante, les élèves
ont visité les différents labo-
ratoires du département des
matériaux et des sciences
ingénieures accompagnés par
le Professeur Changshu Kuo.
Cela aura été l’occasion pour
les élèves d’observer les dif-
férents outils très avancés
dont disposent les étudiants
de l ’université pour leurs
travaux, avec notamment la
démonstration de deux micro-
scopes permettant d’analyser
l’impact d’un champ magné-
tique et de la température
sur la cinétique des réactions
chimiques des éléments com-
posants différents matériaux.
Cette matinée aura ainsi été
l’occasion d’un échange pas-
sionnant et passionné entre
les élèves du mastère OSE et
les différents interlocuteurs
de la NCKU. C’est pour cela
que nous tenons à remercier
les pro fes seu r s Ho n g-Tzer
Yang, Yen-Jong Chen, Chia-
Yuan Chen et Jow-Lay Huang
pour leur accueil ainsi que
t o u s l e s a u t r e s m e m b r e s
d e l ’ U n i ve r s i t é N C K U q u i
nous ont fait l’honneur de
leur présence ainsi que les
membres du Bureau Français
d e T a i p e i , n o t a m m e n t
Jonathan Drubay et Sasha
Ting pour l’organisation de
cette conférence.
E n f i n , n o u s r e m e r c i o n s
toutes les personnes présen-
tes à la conférence sans qui
cet échange n’aurait pu être
possible.
Maxence TOULOT
Le professeur Huang présentant l’organisation du Hi-GEM
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
27JOUR 3
32. Visite d’une centrale solaire flot-
tante avec l’entreprise Ciel et Terre
Le mercredi 6 mars, Audrey
Leblic et Jasmine Lin de
la société Ciel et Terre ont eu
la gentillesse de nous faire
découvrir un parc solaire flot-
tant, situé dans le Science Park
de Tainan, au sud du pays.
Ciel et Terre est une entreprise
française, dont le siège est basé
à Lille. Elle a été créée en 2006
et compte aujourd’hui une
centaine d’employés à travers
le monde. Originellement, Ciel
et Terre était spécialisée dans
la pose de panneaux pho -
tovoltaïques sur toiture en
France. Au début des années
2010, suite à la baisse dras-
tique des tarifs de rachat de
l’électricité produite à partir
de PV en France, l’entreprise
a eu l’idée de se lancer dans
le solaire flottant.
La première centrale solaire
flottante développée par Ciel
et Terre a vu le jour au Japon
en 2012. Aujourd’hui ce sont
300 MW qui sont installés dans
le monde. Le principal atout
du PV flottant est qu’il permet
de produire de l‘électricité via
une ressource renouvelable
sans occupation de terrain.
Ce l a e s t p a r t i c u l i è re m e n t
pertinent dans des territoires
insulaires tels que Taïwan ou le
Japon, où le prix des terrains
est très élevé en raison du
manque d’espace, des fortes
contraintes géographiques et
d’une forte densité de popula-
tion. L’installation de PV flot-
tant permet donc de valoriser
des étendues d’eau inutilis-
ables, que l’on retrouve dans
des zones industrielles ou
dans les retenues de barrages
par exemple, via de la produc-
tion d’électricité sans modifier
l’occupation des sols. Dans
cer taines régions arides, le
fait d’installer des PV sur des
retenues d’eau permet égale-
ment de limiter le phénomène
d ’é va p o rat i o n . L a m a i nte -
nance est aussi facilitée par
rapport à une centrale solaire
classique puisqu’il est aisé de
nettoyer les panneaux avec
l’eau à disposition.
Le s avo i r- f a i re d e Ci e l e t
Terre réside dans la réalisa-
tion de projets de centrales
solaires flottantes. Les flot-
teurs sur lesquels reposent
les panneaux sont assem -
blés et ancrés, soit au fond
du lac, soit sur les berges. A
l’origine, l’entreprise vendait
des centrales à des clients.
Elle cherche aujourd’hui de
plus en plus à exploiter ses
propres centrales. La filiale de
Taïwan a été créée fin 2016 et
a d’ores et déjà installé 20 MW
sur l’île. La centrale que nous
avons visitée est capable de
résister à des vents allant
jusqu’à 210 km/h et possède
u n e c a p a c i té i n s t a l l é e d e
4 MW. Sa production s’élève
à 1400 kWh/kWcrête tandis
qu’en France ce chiffre avoisine
plutôt les 1000 kWh/kwcrête
en moyenne. Ce bon résultat
s’explique par l’ensoleillement
important dont bénéficie le
sud de l’île. La centrale a été
livrée en décembre 2018 pour
un montant de projet s’élevant
à 21 millions de dollars taïwa-
nais. Il a majoritairement été
financé par des investisseurs
japonais et Ciel et Terre.
A Taïwan il existe un tarif de
rachat d’électricité spécifique
au solaire flottant, fixé annu-
ellement par Taipower et qui
s’élève à 4,9 NT$/kWh. Par ail-
leurs, un bonus de 6 % est
accordé si les panneaux sont
à haute efficacité et produits
sur l’île, ce qui est le cas de la
centrale visitée.
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
32 JOUR 3
36. Tsing Hua University
Après avoir emprunté le
très populaire train HSR
(High Speed Rail) de Tainan
à Hsinchu pour remonter la
côte Ouest, nous arrivons ce
jeudi 7 mars après-midi à la
National Tsing Hua University
pour visiter la troisième et
dernière université du voyage.
NTHU est l’une des plus pres-
tigieuses universités en Asie
de l’Est. L’université a été
créée en 1911 à Pékin avant
de s’exiler en 1956 à Hsinchu
à la suite de la guerre civile
chinoise lors de la fuite du
gouvernement de la répub-
lique de Chine vers Taïwan.
L’université est divisée en 7
collèges, 17 dépar tements
et 22 instituts de recher-
che. Environ 16000 étudiants
dont 1736 doctorants y sont
inscrits et l’université compte
aussi parmi ses alumnis trois
prix Nobel.
N o u s a v o n s é t é a c c u e i l -
l i s s o u s l a p l u i e p a r l e
Pr Rong Jiun Sheu puis nous
nous sommes installés dans
u n e s a l l e d u C o l l e g e o f
Nuclear Science de NTHU. Ce
collège compte plus de 1000
étudiants divisés principale-
ment en deux départements
et trois instituts. Les activités
de recherche se concentrent
sur les applications civiles et
pacifiques de l’énergie nuclé-
aire. Lors de cette visite, les
élèves ont pu assister à des
c o n f é r e n c e s d ’e n s e i g n a n t
c h e rc h e u r s l o c a u x s u i v i e s
d’une visite de l’installation
nucléaire THOR de l’université.
L’auditoire se compose princi-
palement par les 21 élèves du
Mastère, des 2 attachés scien-
tifiques du Bureau français de
Taipei, de représentants des
relations internationales de
NTHU ainsi que de quelques
membres et professeurs du
College of Nuclar Science.
Suite aux salutations effec-
tuées par Pr. Rong Jiun Sheu,
et à la présentation par Gilles
Guerassimoff de notre Ecole,
l e d i r e c t e u r d e l ’ I n s t i t u t
Nuclear Engineering & Science
(NES), Pr. Tsung-Kuang Yeh
présente le contexte énergé-
tique taïwanais et ses défis
avenir.
L e p l a n é n e r g é t i q u e d e
Taïwan prévoit d’ici 2025 un
arrêt de la production nuclé-
aire et un passage de 4,9 %
d’énergie renouvelable dans
le mix à 20%. Le mix taïwa-
n a i s e n 2 0 2 5 s e ra i t a l o r s
50% gaz, 30% charbon et
20% énergies renouvelables.
Pr. Tsung Kuang Yeh fait part
de ses préoccupations par
rapport à la faisabilité d’un
tel renouvellement de la pro-
duction en seulement 6 ans.
En effet, l’île a déjà connu un
« blackout » en août 2017, été
durant lequel une des quatre
centrales nucléaires était en
maintenance. La capacité de
réserve en électricité pourrait
très fortement décroître selon
les estimations du NES comme
présenté dans le graphique
ci-dessous. La non-ouverture
de la centrale nucléaire de
Lungmen pourtant construite
fragilise encore plus la pro-
duction électrique à Taïwan.
Dans un second temps, une
présentation plus technique
nous a été donnée par le
Dr. Tsan-Yao Chen sur la pro-
chaine génération de catal-
yseurs hétérogènes pour le
développement de pile à com-
bustible de haute efficacité.
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
36 JOUR 4
39. a suivi cette décision en choi-
sissant Hoping pour la con-
struction de son usine. Cette
dernière a débuté son activité
en 2000. La capacité de pro-
duction de cette usine est de
l’ordre de 4 000 kt/an d’après
M . C h e n g -Ts e W u ( a s s i s -
tant manager of processing
control department) qui nous
a accueilli dans l’entreprise et
nous a présenté son activité.
L’histoire du ciment à Taïwan
a débuté en 1915. L’entreprise
japonaise Asano Cement a
commencé à construire des
cimenteries. La production
annuelle de ses usines était
de 30 kt/an. En 1942, l’usine
de Suao a été construite. En
1954, l’état taïwanais a décidé
de développer l’industrie du
ciment et d’ouvrir le marché.
Plusieurs entreprises privées
ont investi dans ces entre -
prises étatiques. La période
entre 1975 et 1980 a connu
une forte expansion, 10 usines
ont été construites avec une
capacité de production de
1 403 kt/an. En 1988, le gouver-
nement a bloqué l’importation
du ciment [2].
La production du ciment se
déroule selon le processus
suivant :
La première phase est celle
de l’extraction et du concas-
sage. Cette étape consiste en
l’abattage des fronts de la car-
rière puis à concasser les gros
rochers extraits. L’avantage
que représente la carrière de
l’usine, est qu’elle se trouve
à une hauteur de 1 200 m par
rapport à l’usine, ce qui évite
des dépenses énergétiques
dans le transport des roches
puisqu’elles sont déplacées
par gravité (une grande canali-
sation par laquelle les rochers
to m b e n t ve r s l ’ u s i n e ) . L a
phase suivante est la phase de
pré-homogénéisation. Cette
opération s’effectue dans de
vastes hangars où le cru est
échantillonné, mélangé puis
dosé (majoritairement du cal-
caire CaCO3
et du schiste). Le
cru résultant est ensuite broyé
et transformé en poudre fine.
La farine qui ressort des broy-
eurs est stockée dans des silos
d’homogénéisation. Ces silos
à l’aide de l’air fourni par
des surpresseurs permettent
de régulariser la composi-
tion chimique et la densité
des composantes de la farine.
La farine est acheminée vers
un four où la température
atteint les 1400°C. Au cours
de l’acheminement, une pre-
mière étape de préchauffage
permet de réduire la consom-
mation énergétique en récu-
pérant la chaleur des gaz
de combustion issus du four
pour sécher et réchauffer la
farine où elle se déshydrate
et se décarbonate partielle-
ment. On obtient à la sortie
du four du clinker. Le clinker
est ensuite refroidi pour sta-
biliser sa composition puis
broyé. D’autres composants
tels le gypse sont rajoutés au
clinker avec un certain dosage
q u i c o r re s p o n d à l ’ u s a g e
du ciment (maçonnerie, ou
travaux grande masse comme
les barrages …). Nous obten-
ons finalement du ciment prêt
à être expédié.
Les matières premières, telles
que des combustibles, des
résidus de fer, et de gypses,
sont impor tées du por t de
Hoping, et les coproduits de
production sont exportés dans
le port de la côte ouest [1].
La joint-venture a été créée
car elle per met d ’adopter
une économie circulaire en
faveur de l’environnement.
La chaleur fatale de la cimen-
terie a une capacité de pro-
duction de 31,5 MWh. Quand
les deux fours de la cimente-
rie fonctionnent, la quantité
d’électricité générée atteint
21,3 MW [1].
De plus, TCC a développé des
techniques de captage du CO2
.
Elle utilise le calcaire comme
absorbant vu sa grande capac-
ité d’absorption et sa con-
sommation d’énergie réduite
(dépenses supplémentaires
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
39JOUR 5
44. I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 9
44 CONTACTS ET REMERCIEMENTS
Au-delà des remerciements aux personnes citées dans les pages de ce compte rendu, ce voyage
n’aurait pu avoir lieu sans l’aide d’autres que nous tenons également à remercier chaleureusement :
Le Bureau Français de Taipei pour son aide précieuse et ses nombreux contacts univer-
sitaires ainsi que pour les échanges que nous avons pu avoir lors de notre passage à la
French Tech, notamment avec M. Benoît Guidée, directeur, M. Benoît Lépine et Sasha
Ting, Attachés Scientifiques et M. Jonathan Drubay, adjoint à l’attaché scientifique.
M. Pascal Viaud, Directeur d’Ubik consulting, pour son efficacité dans la mise en rela-
tion avec les par tenaires industriels visités ainsi que Mei-Ling Tsai, Direc trice
de l’agence Ubik Travel pour avoir assuré la logistique et l’interprétariat avec
b r i o t o u t a u l o n g d e n o t r e p é r i p l e à Ta ï w a n ( h t t p : / / w w w. u b i k . c o m . t w / e n / ) .
M . M a r t i n T z o u , d i r e c t e u r d e s m a r c h é s p o u r E D F à T a ï w a n
p o u r s a p r é s e n t a t i o n d e s a c t i v i t é s d ’ E D F s u r l ’ î l e d e T a ï w a n .
M . C l é m e n t D i e u d o n n é , d i r e c t e u r d e l a s t r a t é g i e d ’ U b i i k e t M . P h i l i p p e
Tz o u , R e s p o n s a b l e d u b u s i n e s s d e v e l o p m e n t d ’ U n a B i z p o u r n o u s a v o i r
p r é s e n t é l e d é v e l o p p e m e n t d e l e u r s a c t i v i t é s a u s e i n d e l a Fr e n c h Te c h .
M . H s u Tu n K u e i , d i r e c t e u r d u d é p a r t e m e n t d i s t r i b u t i o n c h e z Ta i p o w e r,
p o u r s a p r é s e n t a t i o n d e s a c t i v i t é s d e l a s o c i é t é e t d e s o n s h o w r o o m .
M. Bor Kae Chang, professeur à l’Université Nationale Centrale (NCU), pour l’organisation de
cette demi-journée d’échanges fructueux. M. Chih-Ang Chung, professeur et vice-président du
département de mécanique pour son accueil et la présentation de l’université, M. Chung-Jen
Tseng, professeur émérite pour la présentation et la visite du projet d’habitat écologique intel-
ligent, enfin les professeurs Cheng-I Chen et Jiunn-Chi Wu pour leur présence et leurs questions.
M. Jean-Baptiste Fichet, chargé d’affaires à l’ITRI pour son accueil, M. Tze-Chin Pan, pour
sa présentation des économies d’énergies dans l’industrie, M. Yi-Hua Wu, pour sa présen-
tation du modèle TIMES de l’île de Taïwan et Mme Jessica Ma pour la visite du showroom.
M. Chia-Yuan Chen professeur à NCKU pour avoir organisé notre journée de rencontre.
Mme Weili Teng pour son accueil et accompagnement. M. Yen-Jong Chen et M. Jow-Lay
Huang professeurs pour leurs présentations ainsi que les professeurs Hong-Tzer Yang,
Changshu Kuo, Wei-Hsiang Lai, Rodney H. Matsuoka, Eric Chen, Jih-Heng Chen, Rita
Kua, Hsin-Hung Chen, Hung-Jie Tang pour leur présence et les visites proposées.