Il va sans dire que l’Asie représente une part conséquente de la consommation énergétique mondiale, de par sa croissance économique et démographique soutenue. On entend encore souvent aujourd’hui parler de la Chine comme étant un acteur majeur de cette croissance, mais l’Asie du Sud-Est, par son positionnement géographique stratégique et sa structure insulaire atypique n’est pas en reste et tient un rôle majeur dans le développement des nouvelles infrastructures énergétiques de demain. C’est pourquoi début mars, la 18ème promotion du Mastère spécialisé OSE s’est rendue pour son voyage d’étude à Singapour, dans le cadre de son voyage de promotion thématique. Pendant les 8 jours passés sur place, les élèves ont pu visiter de nombreuses installations, notamment autour de nombreux sujets comme les microgrids et en particulier sur le thème de cette année : l’hydrogène.
Dans ce numéro, nous vous proposons de découvrir les lieux que nous avons eu le privilège de visiter mais également les deux thématiques axées sur l’hydrogène, présentées lors de conférences dans les deux grandes universités de Singapour, National University of Singapore (NUS) et Nanyang Technological University (NTU). Vous retrouverez dans cet article la synthèse des idées présentées en conférence et approfondies dans un livre dédié à l’hydrogène, «Hydrogène, vecteur énergétique de demain ?» écrit par l’ensemble des élèves ingénieurs du mastère OSE qui sera normalement édité fin 2018.
Laissez-vous guider à travers la diversité du monde énergétique de Singapour et bonne lecture !
Axel FELIZOT
2. Adresse e-mail
infose@mastere-ose.fr
TELEPHONE
04 97 15 70 73
ADRESSE
Centre de
Mathématiques
Appliquées
Mines Paristech
Rue Claude Daunesse
CS 10 207
06904 Sophia Antipolis
Coordinatrice - Catherine Auguet Chadaj
Maquettiste - Baptiste Metz
Toutereproduction,représentation,traduction
ou adaptation, qu’elle soit intégrale ou par-
tielle, quel qu’en soit le procèdé, le support ou
lemédia,eststrictementinterditesansl’autori-
sation des auteurs sauf cas prévus par l’article
L. 122-5 du code de la propriété intellectuelle.
03 - Éditorial
04 - État de l’art énergétique de Singapour
07 - Conférence NUS : l’hydrogène appartiendra-t-il au
réseau électrique de demain ?
13 - Conférence NTU : l’hydrogène est-il la solution pour
une mobilité durable ?
16 - EDF Lab désormais à l’assaut des smart city et des
microgrids en Asie du Sud-Est
18 - Schneider Electric : quel avenir pour les microgrids
en Asie du Sud-Est ?
20 - Singapore City Gallery : l’histoire d’une ville en per-
pétuelle évolution
23 - BeeBryte : l’ « Energy Intelligence » pour optimiser
l’usage de l’électricité et valoriser les flexibilités
25 - Total lubricants Singapour : la plus grande usine de
lubrifiant du monde
27 - Air Liquide, un modèle d’optimisation tourné vers le
monde de la finance ?
29 - Engie Lab : visite du site du microgrid SPORE sur l’île
de Semakau
32 - Singapore Maritime Gallery : plongée dans l’histoire
maritime de Singapour
34 - Contacts
35 - Remerciements & Partenaires
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
2 SommaireCONTACTS
3. Il va sans dire que l’Asie représente une part conséquente de la consomma-
tion énergétique mondiale, de par sa croissance économique et démographique
soutenue. On entend encore souvent aujourd’hui parler de la Chine comme
étant un acteur majeur de cette croissance, mais l’Asie du Sud-Est, par son
positionnement géographique stratégique et sa structure insulaire atypique
n’est pas en reste et tient un rôle majeur dans le développement des nouvelles
infrastructures énergétiques de demain. C’est pourquoi début mars, la 18ème
promotion du Mastère spécialisé OSE s’est rendue pour son voyage d’étude
à Singapour, dans le cadre de son voyage de promotion thématique. Pendant
les 8 jours passés sur place, les élèves ont pu visiter de nombreuses installations, notamment autour
de nombreux sujets comme les microgrids et en particulier sur le thème de cette année : l’hydrogène.
Dans ce numéro, nous vous proposons de découvrir les lieux que nous avons eu le privilège de visiter
mais également les deux thématiques axées sur l’hydrogène, présentées lors de conférences dans les
deux grandes universités de Singapour, National University of Singapore (NUS) and Nanyang Technological
University (NTU). Vous retrouverez dans cet article la synthèse des idées présentées en conférence et
approfondies dans un livre dédié à l’hydrogène, « Hydrogène, vecteur énergétique de demain ? » écrit
par l’ensemble des élèves ingénieurs du mastère OSE qui sera normalement édité fin 2018.
Nous souhaitons en premier lieu remercier l’ensemble des personnes sans qui ce voyage n’aurait pas
été possible. Tout d’abord, un grand merci aux partenaires et industriels qui nous ont accueillis et ont
pris le temps de nous présenter leurs activités, de nous faire visiter leurs installations et d’échanger
avec nous sur des sujets variés, aussi bien techniques qu’économiques. Merci aux deux Universités de
Singapour pour leur accueil chaleureux et la qualité de l’auditoire aux conférences. Merci au professeur
CHAN de NTU pour sa présentation sur l’hydrogène très détaillée qui a su nous conforter dans la rédac-
tion de notre livre. Merci à EDF Lab Singapore, Schneider Electric, BeeBryte PTE. LTD., Total, Air Liquide
et notamment à l’Ambassade de France à Singapour sans qui ce voyage n’aurait pas été aussi riche et
captivant. Merci également à REIDS Energy Reaseach Institute et Engie qui nous ont permis de visiter
leur démonstrateur de smart-grid sur l’île de Semakau.
Enfin, un grand merci à Gilles Guerassimoff, responsable du MS OSE, et à l’équipe du CMA pour
l’exceptionnelle organisation et la préparation de toutes ces visites qui font de ce voyage d’étude une
vraie réussite.
Laissez-vous à présent guider à travers la diversité du monde énergétique de Singapour et bonne lecture !
Axel FELIZOT
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
3éditorial
6. Récapitulatif
Les produits pétroliers sont
historiquement au cœur de
l’économie de Singapour, aussi
bien au niveau des échanges que
de l’industrie avec le raffinage.
Néanmoins, la cité-état cherche
à modifier son paysage énergé-
tique et à augmenter son indépen-
dance. Pour cela le pays a ciblé le
secteur gazier et le solaire photo-
voltaïque. En s’associant aux pays
voisins ainsi qu’à de nombreux
groupes en pointe sur la recher-
che, Singapour s’avère être une
plateforme innovante et spéciali-
sée en efficacité énergétique.
Marina Bay Sands
Sources :
[1] Energy Market Authority, Energy Snapshot of Singapore 2016, https://www.ema.gov.sg/cmsmedia/Publications_and_Statistics/
Publications/ses/2017/snapshot/index.html
[2] French Chamber Singapore, Les secteurs énergie et énergies vertes à Singapour, 2017, http://www.fccsingapore.com/fr/
business-services/pourquoi-implanter-singapour/fiche-pays/secteur-energies-energies-vertes
[3] U.S. Energy Information Administration, Juillet 2016, https://www.eia.gov/beta/international/analysis.cfm?iso=SGP
[4] CIA World Factbook – Version du 23/02/2018
[5] International Energy Agency, Singapour Statistics 2015, https://www.iea.org/statistics/statisticssearch/report/?year=2015&cou
ntry=SINGAPORE&product=ElectricityandHeat
[6] ENGIE ouvre à Singapour un nouveau Lab dans le domaine de l’énergie verte, 11/07/2016, https://www.engie.com/journalistes/
communiques-de-presse/engie-singapour-nouveau-lab-lenergie-verte/
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
6 L’énergie à singapour
7. Conférence NUS : l’hydrogène appartiendra-t-il au
réseau électrique de demain ?
A l ’o cc a s i o n d e l a p re m i è re
matinée du lundi 12 mars, les
étudiants du mastère OSE ont
été chaleureusement accueillis
par le professeur Armin Aberle,
directeur du Solar Energy Research
Institute of Singapore (SERIS) au
sein de l’Université Nationale de
Singapour (NUS). Ils y ont présenté
l o r s d ’ u n e c o n fé re n c e l e u r s
travaux sur l’intégration et les
applications de l’hydrogène dans
les réseaux électriques. Nous vous
invitons, lecteur curieux, à vous
reporter à l’article suivant pour
en savoir plus sur les échanges
qui ont animé cette présenta-
tion. La fin de la matinée s’est
conclue sur une visite du centre
où les étudiants et Eddy Blokken,
business manager de l’activité
solaire, ont pu échanger sur les
travaux du centre.
Avant tout, quelques mots sur
cette institution : NUS est la
plus prestigieuse université de
Singapour, créée en 1905 sur une
superficie de 150 ha. Elle compte
16 facultés et écoles réparties sur
trois campus, Kent Ridge, Bukit
Timah et Outram. Les spécialités
de l’université comprennent plu-
sieurs filières de recherches en
ingénierie, en médecine, en bio-
technologie, en nanotechnologie,
en médecine et dans le commerce
international. NUS compte plus-
ieurs centres de recherche dont
le laboratoire SERIS. Inauguré en
2008, il est le centre national de
recherche appliquée dans l’énergie
solaire. Financé par le Fonds de
Recherche National et l’Université,
ce laboratoire autonome concilie
R&D, montage de démonstrateurs
et inclut une activité de conseil
p o u r S i n g a p o u r e t l ’As i e d u
Sud-Est portant sur l’intégration
des technologies solaires aux
réseaux et bâtiments. Ses travaux
de recherche se concentrent sur
les cellules PV, modules et sys-
tèmes. Ces activités concernent
aussi bien le développement,
l’optimisation et la caractérisa-
tion des matériaux utilisés sur les
modules que l’amélioration des
services systèmes.
Le parcours a débuté par la visite
du centre de contrôle. Dans cette
pièce, plusieurs écrans affichent
en temps réel les données recueil-
lies chaque seconde par une vaste
flotte de capteurs disposés sur les
panneaux solaires en toiture et
les trente stations météo dissémi-
nées sur l’ensemble du territoire.
Les capteurs fournissent nombre
de données de production et con-
sommation des systèmes, quant
aux stations, elles renseignent
avec précision l’irradiance et
autres facteurs météorologiques
nécessaires à la compréhension
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
7JOUR 1
9. Dans le cadre de la conférence
présentée par les élèves du
Mastère OSE au sein du laboratoire
SERIS de NUS, la problématique
de l’intégration de l’hydrogène
dans le réseau électrique a été
abordée.
L’hydrogène, en tant que vecteur
énergétique, présente plusieurs
atouts face à l’intermittence
des énergies renouvelables. Ces
dernières, pourtant en constante
croissance dans les mix énergé-
tiques, s’intégrant dans une pro-
duction mondiale d’énergie tou-
jours composée à 80% de res-
sources fossiles.
N’existant pas à l’état naturel, la
molécule d’hydrogène doit tout
d’abord être produite de façon
à utiliser son énergie à d’autres
fins. Ainsi, la production est réal-
isée à 95% à partir d’énergies
fossiles (Gaz : 68% ; Pétrole :
16% et Charbon : 11%) et 5% à
partir de l’électrolyse d’énergies
renouvelables et du nucléaire ; la
méthode la plus répandue étant
le vaporeformage du gaz naturel.
Néanmoins, La filière doit être
développée sur toute sa chaîne
de valeur : aussi bien la produc-
tion que le transport, le stockage
et les usages.
Concernant le stockage, il existe
des techniques physiques, que
sont les stockages par gaz com-
primé, sous forme liquide ou cryo-
génique. Des techniques de stock-
age solides sont également dével-
oppées par absorption ou adsorp-
tion. La première consiste à cap-
turer l’hydrogène comme une
éponge, la deuxième le capture à
la surface du matériau.
Concernant la question du trans-
port, il convient de déterminer
les moyens les plus adaptés aux
différentes applications, à savoir
le stockage, la mobilité, le power
to gas...? Il existe aujourd’hui
un réseau de l’ordre de 5000 km
de pipelines d’hydrogène gazeux
dont 43% sont exploités par Air
Liquide et 25% par l’entreprise
américaine Air Products. Certaines
contraintes doivent néanmoins
être prises en compte. En effet,
le coût des matériaux et la main
d’œuvre nécessaire à la construc-
tion de telles structures ne les
rendent pas économiquement
compétitives face au gaz naturel.
Pour le transport sur de courtes
distances, certaines entreprises
comme Shell optent pour le trans-
por t d’hydrogène gazeux par
camion, sur de plus longues dis-
tances (supérieures à 200 km) le
transport de l’hydrogène liqué-
fié est privilégié. Ces deux tech-
niques présentent des avantages,
mais demandent une infrastruc-
ture coûteuse propre à l’état de
la molécule (stations de compres-
sion ou liquéfaction).
Synthèse de la présentation des élèves
et électrolyseurs afin de trans-
for mer l ’élec tr icité inter mit-
tente excédentaire en éthanol et
hydrogène. Eddy Blokken imagine
que dans un futur proche, des
systèmes compacts PV et process
produiront de façon décentralisée
de l’hydrogène ou de l’éthanol
récupérés dans des collecteurs.
Nous tenons à remercier Armin
Aberle et Eddy Blokken pour leur
accueil, et pour nous avoir fait
partager le fruit de leurs recher-
ches. Nous remercions également
les chercheurs du SERIS qui sont
venus assister à notre conférence
et l’ont rendue interactive.
Raphaël CLUET
& Adnane HATIM
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
9JOUR 1
10. Certains projets long-terme plus
marginaux, visant à couvrir de
plus longues distances, envis-
agent le transport par bateaux.
C’est le cas du projet en dével-
oppement par Kawasaki qui a pour
objectif d´assurer la liaison entre
l’Australie et le Japon.
Quant à la consommation de
l’hydrogène, plusieurs applica-
tions sont concernées. Le Power-
to-X représente la transforma-
tion d’électricité en hydrogène,
à des fins industrielles, de mobil-
ité, de chaleur ou d’électricité,
comme présenté sur le schéma
ci-dessus. Il présente donc des
avantages de flexibilité pour le
réseau d’électricité ou de gaz,
pouvant en garantir la stabilité.
L’hydrogène gazeux ou combiné à
du CO2
pour la production du CH4
(Power-to-Gaz) peuvent ainsi être
injectés sur le réseau de gaz.
En France, des projets comme
GRHYD (Dunkerque) et Jupiter
1000 (Fos sur mer) étudient
la faisabilité et la per tinence
économique de projets Power-
to-X. Les rendements tournent
autour de 66% dans le cadre d’un
projet Power-to-Gaz sans stock-
age d’énergie et de 26% pour un
projet Power-to-Power.
Au cœur de la conférence, la place
de l’hydrogène dans le réseau
électrique a été évoquée, notam-
ment dans les microgrids. La flex-
ibilité de la molécule permet de
pallier l’intermittence du réseau,
garantissant sa stabilité. Elle
assure un stockage moyen/long-
terme en remplaçant les généra-
teurs diesel. Comme pour le
Power-to-X, certains projets dans
le monde visent à tester l’impact
de cette technologie sur le réseau
électrique, dont :
• SPORE à Singapour
• Mafate sur l’île de la Réunion
• Myrte en Corse
De même, l’hydrogène peut être
envisagé pour des applications
résidentielles. Il permet de gérer
la congestion du réseau durant
les périodes de pointe ainsi que
d’éviter la surcharge des infra-
s t r u c t u re s. C ’e s t l e c a s, p a r
exemple, du projet Dunsfold au
Royaume-Uni qui fournit une puis-
sance de 1,5MW à 2500 maisons
sur un système Power-to-Power.
D’autres applications peuvent
également être intéressantes à
grande échelle. Après l’accident
de Fukushima en 2011, le Japon
a décidé de mettre fin à sa
filière nucléaire. Cela a impacté
directement le mix énergétique
du pays, faisant baisser son taux
d’indépendance énergétique de
20 à 5%. De ce fait, le gouver-
nement japonais a mis en place
un plan de déploiement de la
filière hydrogène dans le pays,
la « Société Hydrogène ». Ce plan
se déroule en trois phases, la
dernière étant la production et
l’utilisation d´hydrogène 100%
décarboné :
• jusqu’à 2020 : expansion des
usages dans le résidentiel et
le transport
• 2020 à 2040 : produc tion
d e l ’é n e r g i e à p a r t i r d e
l’hydrogène
• à partir de 2040 : production
et consommation d’hydrogène
décarboné
Le pays envisage aussi d´être la
référence mondiale de la filière,
dont les Jeux Olympiques de Tokyo
2020 seront la vitrine.
Différents usages de l’hydrogène
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
10 JOUR 1
12. le déploiement de l´hydrogène
est privilégié sont l’industrie et
le transport.
Ainsi, même si la technologie
hydrogène permet de s’intéresser
à un bon nombre d’applications,
cette filière nécessite toujours
de forts investissements afin de
devenir compétitive et partie inté-
grante des mix énergétiques.
A l’instar des énergies renouvel-
ables, l´hydrogène pourrait donc
à son tour trouver sa place dans
le réseau électrique de demain.
Daniel ERBESFELD
& Lise ADEGNON
Vue schématique du processus de certification d’origine de l’hydrogène
Présentation par les élèves du Mastère OSE au sein du laboratoire SERIS de NUS
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
12 JOUR 1
14. des centrales nucléaires fran-
çaise. Il a également mis en avant
le potentiel de Singapour pour le
déploiement de champs PV flot-
tants sur les surfaces d’eau dis-
ponibles afin de produire de l’H2
vert. Malheureusement, le gou-
vernement singapourien n’est
pas favorable à la production
d’H2
sur le territoire pour des
raisons de sécurité étant donné
la densité démographique du
pays. Néanmoins, l’hydrogène
est déjà produit en grande quan-
tité (3000 kgH2
/h) dans les trois
grandes raffineries de Singapour
(dont une est la 3ème plus grande
du monde).
A u n e é c h e l l e p l u s g l o b a l e,
Mr. CHAN est l’organisateur d’un
congrès annuel « HYPOTHESIS XIII »
dont le but est d’assurer une
veille technologique de la filière
hydrogène auprès des industries,
des laboratoires et des autorités
gouvernementales. Cette année,
ce congrès aura lieu à Singapour
du 24 au 27 Juillet.
Chaimaa ELMKADMI
& Florian ROUOT
S u i t e à l a p r é s e n t a t i o n d u
Professeur Chan, les élèves du
mastère OSE ont présenté en
45 minutes une synthèse de
leur travail sur l’hydrogène et
son application à la mobilité.
Après avoir mis en avant la part
impor tante des émissions de
CO2
dues à la mobilité, les dif-
férentes sources de production
d’hydrogène ont été présentées.
Cette molécule est produite à 95
% à partir d’énergies fossiles et
à 5% à partir de sources élec-
triques, avec des coûts de pro-
duction allant de 2,5$/Kg à 12 $/
kg. Les deux possibilités de stock-
age ont également été abordées,
le stockage physique comprimant
l’hydrogène jusqu’à 700 bars dans
un réservoir et le stockage dans
des matériaux utilisant des procé-
dés d’absorption et d’adsorption.
Les technologies de transport
par pipeline, par camions et par
bateaux ont ensuite été dével-
oppées. Pour finir la première
partie, les systèmes de Power to X
ont été exposés. Le power-to-gas
injecte de l’hydrogène produit à
partir d’un électrolyseur ou du
méthane dans le réseau.
Synthèse de la présentation des élèves
Les différentes structures de motorisation faisant intervenir l’hydrogène
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
14 JOUR 1
15. Quant au Power to Power, il com-
plète ce procédé en retransfor-
mant l’hydrogène en électricité à
l’aide d’une pile à combustible.
Durant la deuxième par tie de
la présentation, la place de
l’hydrogène dans le secteur de
la mobilité a été étudiée plus
en détail. Parmi les différen-
tes structures de motorisation
faisant intervenir l’hydrogène, on
retrouve celles avec moteur ther-
mique, peu répandues, et celles
avec moteur électrique. Dans ces
dernières, la pile à combustible
est soit reliée à une batterie, soit
directement reliée au moteur.
Les différentes options pour les
stations de ravitaillement ont
ensuite été exposées. L’hydrogène
peut être produit hors ou sur
site et stocké dans des stations
existantes ou spécifiquement
dédiées. Après avoir défini la
notion d’écosystème, les exem-
ples du village olympique prévu
pour les jeux de Tokyo en 2020 et
les aéroports de Tokyo et d’Osaka
ont ensuite été développés.
Les limites et perspectives ont
fait l’objet de la dernière partie.
Le développement de la filière
dépend d’une part des émissions
de CO2
réalisées lors de la produc-
tion et d’autre part de l’évolution
des coûts de la technologie. Afin
d’assurer un faible impact envi-
ro n n e m e nt a l, d e s ce r t i f i c at s
d’origine, comme le propose le
projet européen Certifhy, peuvent
être mis en place. Enfin l’analyse
d’études prospectives à l’échelle
nationale, avec la Belgique, et
inte r nati on al, avec l ’Euro pe,
montre que c’est en particulier
le transport par fret ainsi que
l’augmentation des investisse-
ments qui devrait permettre le
développement de la filière.
La conférence s’est clôturée par
des questions entre l’audience
et les élèves. Les auditeurs, déjà
spécialistes en hydrogène, ont
notamment abordés la question
de la sécurité et les différents
projets européens en cours.
Nous tenons à remercier le pro-
fesseur Chan pour son accueil et
son partage d’expérience dans
le domaine de l’hydrogène ainsi
que tous les participants à la con-
férence pour le dynamisme qu’ils
ont apportés aux échanges avec
les élèves.
Samuel PETITJEAN
& Thomas BAZIRE
Présentation par les élèves du Mastère OSE au sein de NTU
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
15JOUR 1
16. EDF Lab désormais à l’assaut des smart city et des
microgrids en Asie du Sud-Est
Le matin de la deuxième journée
les élèves du Mastère OSE ont
v i s i té l e Ce nte r o f B u i l d i n g
Research dans lequel siège EDF
Lab Singapore. A l’entrée du bâti-
ment nous avons traversé une
galerie présentant un panorama
de l’histoire urbaine singapou-
rienne qui nous a plongé dans
les méandres du développement
des logements de 1963 à 2014,
couvrant ainsi l’évolution des
espaces verts, l’environnement,
les déchets et l’eau, la technol-
ogie et l’énergie. A EDF Lab qui
se situe au 1e étage du bâtiment
nous avons été accueillis par
un ancien OSE, promotion 2016 :
Geoffrey Orlando qui vient juste
de rejoindre l’équipe d’EDF Lab et
le directeur du laboratoire Maxime
CASSAT qui nous a présenté les
axes principaux de recherche du
laboratoire.
Il nous a indiqué qu’en 2013
le groupe EDF souhaitant ren-
forcer sa présence en Asie du
sud a créé la division Recherche
et Développement Singapour.
La ville-Etat a fait appel à eux
EDF R&D pour développer un
outil d’aide à la décision pour la
gestion et la planification urbaine.
L’évolution de la population sin-
gapourienne connaît croissance
raisonnée (+ 1,45% l’an dernier)
dans un espace limité qui néces-
site donc des plans d’action pour
un développement durable de la
ville.
Cette mission dédiée à l’Agence
p u b l i q u e d u l o g e m e nt ( H D B
Housing and Development Board)
en charge de 83% des logements
a confié à EDF le développement
d’une plateforme 3D de modélisa-
tion de l’impact des politiques de
planification à plusieurs échelles
temporelles (court, moyen et long
terme avec un horizon de 20 ans)
sur les différentes composantes
de la ville, notamment la con-
ception des bâtiments, la gestion
de l’eau et des déchets (collab-
oration avec Veolia), la gestion
des espaces verts et du transport.
Le but est d’une part de conce-
voir des quartiers intelligents
résilients et durables et d’autre
part de faciliter les discussions
entre les autorités singapouri-
ennes et les partenaires indus-
triels. L’approche systémique de
modélisation consiste à conce-
voir des typologies de bâtiment
pour construire un plan tridimen-
sionnel de l’espace étudié. Sont
ensuite construits des courbes de
charges ainsi que des scénarios
d’évolution de la population et
des technologies comme la cli-
matisation, les ampoules LED...
Cet outil d’aide à la décision
peut être adapté à différents
cas notamment pour les plans
de planification (Master Plan) à
grande échelle, pour les diagnos-
tics visant à améliorer les plans
ciblés comme défaillants, et enfin
pour les bâtiments.
M. CASSAT a cité une étude
concrète : l’arrondissement de
Yuhua, Jurong East pour lequel
EDF a recommandé pour trois
scénarios de développement :
• D urable : une augmenta-
tion de 10% de la production
d’électricité PV, et une baisse
de 12 % de la consommation
via des actions d’efficacité
énergétique.
• Smart : Gestion de l’énergie
dans les logements.
• Résilient : Recours à d’autres
sources d’énergie.
M. CASSAT a également présenté
l e s a u t r e s p r o g r a m m e s d e
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
16 JOUR 2
17. recherche et d’apprentissage
avec des projets innovants réal-
isés en partenariat avec plus-
ieurs universités (NTU,SUTD,NUS
et l’école de commerce ESSEC
). Dans ce cadre, le projet New
Urban Kampung a été dével-
oppé avec Singapore University
of Thechnology and Design per-
mettant d’ajouter des fonction-
nalités comme le niveau de la
qualité de vie incluant le bruit
et les services écosystémiques, le
but étant de formuler des indica-
teurs à partir d’enquêtes sur la
population singapourienne. De
plus les avancées du Big Data per-
mettent d’extraire l’information
nécessaire à la prise de décision.
M. CASSAT a conclu son propos
en évoquant un projet de démon-
strateur de Microgrid MASERA
(Microgrid for Affordable and
Sustainable Electricity in Remote
Areas) dans le contexte du pro-
gramme REIDS (Renewable Energy
Integration Demonstrator). Son
objectif est de développer un
système de gestion d’énergie
fiable en maximisant le product-
ible (provenant de plusieurs
sources d’énergies et de stock-
age) et minimisant les pertes via
un système d’information opti-
misé et centralisé.
Les échanges entre les étudi-
ants et le direc teur du Labo
ont été fructueux et enrichis-
sants, portant sur les diverses
thématiques au cœur des problé-
matiques énergétiques de l’Asie
du Sud-Est, à savoir notamment
la conception, l’architecture et
l’intérêt des M icrogrids dans
des zones insulaires de la région
(Indonésie, Philippine, Malaisie)
et la compétitivité de ces derni-
ers face au développement futur
du réseau électrique dans un mix
énergétique basé principalement
sur le charbon.
Nous tenons à remercier vivement
tous les membres de l’équipe
EDF Lab Singapor et notamment
Maxime Cassat et Geoffrey Orlando
pour le temps qu’ils nous ont con-
sacré lors de la visite.
Yacine ALIMOU
Présentation de l’EDF Lab Singapour par M. CASSAT
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
17JOUR 2
18. Schneider Electric : quel avenir pour les microgrids
en Asie du Sud-Est ?
Schneider Electric, le spécialiste
mondial en gestion de l’énergie
et en automatisation, présent
dans plus de 100 pays, dével-
oppe des solutions énergétiques
de microgrid destinées aux sites
isolés d’Asie du Sud-Est, région
où l’élec tricité n’est souvent
pas fiable. En 2016, cette région
représentait environ 27% des
revenus de Schneider Electric dans
le monde. L’Indonésie, avec un
marché de l’électricité en pleine
expansion, est le plus grand parte-
naire de Schneider Electric en
Asie. Thomas Polliand, Microgrid
Business Developer de la branche
Energy Business – Asia, nous a
accueilli au siège de Schneider
Electric à Singapour pour nous
présenter les activités du groupe
français dans cette région.
La maxime de Schneider Electric,
« plus d ’élec tr icité, digitali-
sée, décarbonée et décentrali-
sée » est parfaitement applica-
ble à leurs activités microgrid
en Asie du Sud-Est. En effet, le
microgrid présente plusieurs par-
ticularités intéressantes : c’est un
réseau électrique de petite taille,
décentralisé et fournissant une
électricité sûre et bon marché à
partir d’énergies renouvelables.
Il existe trois types de microgrid,
chacun ayant des spécificités bien
définies :
• Les microgrids dits « off-grid
» ; ces microgrids ne se con-
nectent jamais au macrogrid
et opèrent en totale indépen-
dance par rapport au réseau
principal en raison de prob-
lèmes économiques ou à cause
de leur position géographique.
Généralement, ce type de
microgrid est construit dans
des zones éloignées de toute
infrastructure de transport et/
ou de distribution et, par con-
séquent, n’a aucun lien avec
le réseau principal. Ce type de
microgrid est principalement
développé en Indonésie.
• Les microgrids dits « grid-
tied » ; ce type de microgrid
est entièrement connec té
a u ré s e a u p r i n c i p a l. Ce s
microgrids sont généralement
installés dans des zones où
le réseau électrique principal
est fiable, comme c’est le cas
à Singapour.
• Les microgrids dits « island-
able » ; ce type de microgrid
ressemble fortement au précé-
dent, la seule différence rési-
dant dans le fait qu’en cas
d’accident sur le réseau prin-
cipal à cause de la météo par
exemple, le microgrid peut
se déconnecter et passer en
mode îlotage. Ces microgrids
ont trouvé leur place sur
le marché, notamment en
Thaïlande.
Le business model d’un projet
m i c r o g r i d p o u r S c h n e i d e r
Electric est simple : Schneider
ne fait pas de financement inté-
gra l d e m i c ro gr i d m a i s a gi t
plutôt comme un fournisseur de
technologies (produits et solu-
tions). Ainsi, Schneider Electric
offre à ses clients deux solu-
tions de contrôle des microgrids
basées sur une même technolo-
gie IoT développée en interne,
la plateforme ouver te intero-
pérable EcoStruxure™. La pre -
m i è r e s o l u t i o n e s t u n E M S
(Energy Management System) qui
permet d’optimiser, à partir de
prévisions portées sur le Cloud,
les périodes de consommation,
de production, de stockage ou
de vente d’énergie (précision
pouvant aller jusqu’à la minute).
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
18 JOUR 2
20. Singapore City Gallery : l’histoire d’une ville en
perpétuelle évolution
Singapour est un des 3 états sou-
verains au monde avec Monaco et
le Vatican. Sa surface est 17 fois
plus importante que celle de Paris
et abrite 5,6 millions d’habitants.
La Singapore City Gallery offre une
lecture intéressante de la con-
struction de cette ville-Etat au
développement unique, de part sa
métamorphose remarquablement
rapide qui s’est opérée depuis
son indépendance, le 9 août 1965.
Au premier étage de cet édifice
se trouve une maquette du centre
de Singapour permettant de se
rendre compte de la densité de
la ville (top 5 des pays les plus
densément peuplés) avec ses
nombreuses tours, mais aussi
de la présence non négligeable
d’espaces verts. La ville continue
à se dessiner aujourd’hui et de
nombreuses tours sont actuelle-
ment en construction.
Une urbanisation verticale : détru-
ire e t reconstruire ou conser ver ?
Face à la problématique d’espace
restreint de la ville avec un
développement démographique
significatif, le gouvernement
Singapourien s’est posé la ques-
tion de détruire et reconstru-
ire les bâtiments, ou à l’inverse
de conserver l’existant. Certains
quar tiers historiques, datant
Maquette du centre de Singapour (représentant seulement 2,3% du pays)
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
20 Jour 3
21. des années 1800-1900 comme
Chinatown, Little India ou encore
Kampong Glam ont conservé leur
architecture. En revanche de nom-
breux autres quartiers ont été
détruits puis reconstruits dans le
but d’optimiser le peu d’espace
disponible. En plus de certains
bâtiments, plusieurs arbres ont
été conservés, offrant à la ville
de nombreux espaces ombra-
gés. Singapour est un exemple
d’architecture, ayant réussi à
concilier urbanisation massive et
espaces verts.
Il est à noter que cette île présente
le plus haut taux de propriétaires
de logements au monde, s’élevant
à 89%. Par ailleurs, 85% des loge-
ments sont conçus et gérés par le
Housing Development Board.
Quel dynamisme économique ?
Singapour est l’un des trois plus
grands pays expor tateurs de
pétrole au monde, avec 94 mil-
lions de tonnes de pétrole expor-
tées en 2016 (BP Statistical Review
of World Energy, 2017).
Cette ville-État est une plateforme
aéropor tuaire incontournable
d’Asie avec son port qui est le
deuxième port de conteneurs au
monde. En 2008, les recettes des
industries marines et offshores
ont connu une augmentation de
18,8 milliards de dollars, avec
l’emploi de plus de 70 000 per-
sonnes (Economic Development
Board 2010). Changi Airport est
quant à lui le 5ème plus grand
exportateur de cargos au monde.
Singapour a également réussi à
développer une expertise dans
l’aérospatial en se hissant au rang
de numéro 1 asiatique. C’est aussi
un pôle important en recherche et
développement avec notamment la
présence de deux des meilleures
universités asiatiques qui sont la
National University of Singapore
(NUS) et Nanyang Technological
University (NTU).
L’activité industrielle de Singapour
est concentrée sur Jurong Island,
île ar tificielle créée dans les
années 2000 au Sud Ouest du
pays. Cette île figure aujourd’hui
dans le top 10 des plus gros hubs
pétrochimiques au monde avec
notamment la présence de Shell,
ExxonMobil, Chevron, DupontTM,
BASF, Sumitomo Chemicals, ou
encore Mitsui Chemicals.
Déche ts e t eau, quelle gestion ?
A quelques kilomètres de là, une
île du nom de Semakau héberge
les déchets des Singapouriens.
57% des déchets du pays sont
recyclés et 41% sont incinérés
dans 4 incinérateurs qui per-
m e t te nt d e p ro d u i re 3 % d e
l’électricité consommée locale-
ment. L’objectif du gouvernement
est d’atteindre 70% de déchets
recyclés d’ici 2030. Les cendres
issues de l ’incinération sont
mises en décharge à Semakau.Carte interactive à la Singapore City Gallery
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
21jour 3
22. L’approvisionnement en eau est
un vrai problème à Singapour
puisqu’elle est majoritairement
importée de Malaisie. Cependant,
le pays essaye de développer
des unités de désalinisation de
l’eau de mer et des procédés de
recyclage des eaux usées pour
produire de l’eau potable. 3
unités de ce type sont aujourd’hui
en fonctionnement à Singapour,
permettant de répondre à 30%
des besoins en eau de la ville.
L’u n d e r g r o u n d , u n e s o lu t i o n e n
or ?
Le sous-sol singapourien est
largement utilisé jusqu’à 150m de
profondeur. Il se découpe en plu-
sieurs strates :
• De 1 à 3m de profondeur, on
retrouve les réseaux d’eaux
usées et de gaz, mais aussi
les tunnels piétons
• De 5 à 10m se trouve le
Common Services Tunnel du
quartier de Marina Bay qui
abrite des câbles de télécom-
munication, des lignes élec-
triques et d’autres utilités
• De 15 à 20m sous terre circule
le métro, utilisé par plus de 2
millions de personnes
• De 20 à 60m, se dessine le
réseau profond de déchets
et d’eaux usées de la ville sur
48km
• A 150m, il existe les Jurong
Rock Caverns qui se compo-
sent de 9 caves de stockages
de 9 étages et de 340m de
long, soit l’équivalent de 70
terrains de foot. Ces caves
permettent de stocker les
munitions de l’armée.
Quel modèle politique ?
Singapour apparaît comme une
ville admirable sur de nom-
breux plans si l’on s’en tient à
la vision offerte par la Singapore
City Gallery. Cependant, il ne faut
pas oublier que Singapour est
dirigé par le même gouvernement
depuis son indépendance, issu du
People’s Action Party (PAP), qui
est qualifié de démocratie autori-
taire où l’opposition peine forte-
ment à exister…
Nalini GASCON
Une des nombreuses salles de la Singapore City Gallery avec des cartes interactives
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
22 JOUR 3
23. BeeBryte : l’« Energy Intelligence » pour optimiser
l’usage de l’électricité et valoriser les flexibilités
Pour la troisième matinée du
voyage, nous avons visité les
bureaux de la start-up franco-sin-
gapourienne BeeBryte, représen-
tée par Elodie Hecq, ingénieure
commerciale. Cette dernière nous
a présenté les produits et ser-
vices commercialisés par BeeBryte
dans le secteur de l’« Energy
Intelligence » appliquée au bâti-
ment tertiaire et à l’industrie.
Qu’est-ce que BeeBry te ?
BeeBryte, c’est avant tout une
star t-up française incubée à
Singapour : c’est le 4ème projet
d’un duo de polytechniciens,
le premier qui soit technique,
les précédents étant des fonds
d’investissements durables. C’est
aussi une entreprise multinatio-
nale : outre son siège à Singapour,
qui héberge entre 1 et 2 équiv-
alents temps plein (près d’une
dizaine de personnes sont atten-
dues dans les semaines à venir
!), BeeBr yte a créé un centre
d e re c h e rc h e e t d é ve l o p p e -
ment à Lyon (France) où travail-
lent une douzaine de personnes.
L’entreprise se rémunère par un
pourcentage sur les économies
qu’elle fait réaliser à ses clients.
Comment BeeBryte crée de la valeur ?
Cette start-up se base ainsi sur
les technologies de machine -
learning et de data analytics
pour fournir au client une com-
préhension et une analyse fine de
ses consommations d’électricité.
Ces algorithmes, alimentés par
les données issues d’un jeu de
capteurs instrumentant les sys-
tèmes énergétiques, permettent de
connaître et visualiser, en temps
réel les consommations, et même
les anticiper par analyse prédic-
tive. A l’extrême, selon l’option
commerciale choisie par le client,
BeeBryte peut même piloter à dis-
tance l’arrêt ou la réduction de
certains équipements afin de val-
oriser des flexibilités.
Le plus haut niveau d’offre de
BeeBryte à ses clients est l’option
Hive Supply, où BeeBryte agit alors
comme fournisseur d’électricité.
D a n s c e t t e c o n f i g u r a t i o n ,
BeeBryte assure à son client un
prix fixe de l’électricité, au-des-
sous du prix moyen du marché.
Pour ce faire, la start-up valo-
rise les capacités d’effacement
d’un pool de clients pour éviter
d’acheter de l’élec tricité aux
heures de pointe où celle-ci est
chère. BeeBryte revend même les
Offres commerciales de la start-up Bee Bright
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
23jour 3
24. Photo de la promotion en compagnie d’élodie Hecq
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
24 JOur 3
« blocs d’effacement » sur ces
pointes pour engranger des béné-
fices permettant de garantir un
prix bas aux clients le reste de
l’année. En termes financiers,
la start-up achète son électric-
ité sur le marché des futures,
moins coûteux que le marché
spot, et couvre son risque avec
l’effacement/stimulation (« load-
shifting ») puisqu’elle a la maî-
trise dessus (option Hive Optimal).
Questions-Réponses avec Elodie Hecq
Est-ce que le poste informatique
dans le tertiaire de bureaux peut
participer à la flexibilité ?
Malheureusement, cela reste très
difficile : l’interfaçage logiciel est
excessivement compliqué à mettre
en œuvre pour commander ces
systèmes. En réalité, les architec-
tures logicielles sont très variées
à l’échelle d’un même parc infor-
matique, il est donc impossible
de standardiser, et les coûts
explosent donc, rendant le projet
non-rentable.
Pensez-vous qu’il soit possible
d’adapter l’optimisation finan-
cière de ces solutions à une
optimisation sur le critère du
carbone ?
En pratique, les prix élevés de
l’électricité sont liés au démar-
rage et au fonctionnement de cen-
trales thermiques fossiles, donc le
signal-prix prend déjà en compte
l’intensité carbone de l’électricité
sans que cela soit clairement
mis en avant. Les optimisations
financière et carbone vont donc
ensemble.
Que pensez-vous de la concur-
rence potentielle avec des géants
comme Schneider Electric qui pro-
curent d’ores et déjà des services
énergétiques ?
Il est vrai que la concurrence peut
paraître évidente, mais en réalité
des entreprises de ce type, c’est-
à-dire plutôt focalisées et spé-
cialisées sur le hardware, sont
moins efficaces et surtout moins
rentables sur les services éner-
gétiques, qui nécessitent plutôt
une couche d’intelligence logici-
elle (software).
L’ensemble des élèves du mastère
OSE tient à remercier très chal-
eureusement Elodie Hecq et, à
travers elle, BeeBryte, de nous
avoir accueillis, présenté les
activités de la start-up avec un
tel niveau de détail, et répondu à
toutes nos interrogations.
Romain SAINT-LéGER
26. En cas d’anomalie, les techniciens
peuvent ajuster directement la
formule de mélange depuis le lab-
oratoire ou renvoyer la totalité du
réservoir en début de chaîne pour
dissolution et formation d’un mei-
lleur mélange. Nous avons égale-
ment visité l’entrepôt de stockage
des échantillons où ils sont con-
servés pendant 1 an et demi et
permettent de contrôler les récla-
mations des clients.
Si le challenge réside principale-
ment dans le management et la
logistique, l’énergie n’est pas
tout à fait étrangère aux perfor-
mances de l’usine. Le climat de
l’île lui permet d’économiser un
réchauffage couteux pour fluidifier
les huiles. Autre lien avec l’énergie
: la dépendance de la production
aux prix du pétrole brut. D’après
M. Kok Choy NG, l’usine observe
un record de commande et une
compétition plus sévère avec les
concurrents lorsque les prix du
pétrole augmentent. La sécurité
d’approvisionnement n’est toute-
fois jamais mise en péril puisque
le site se fournit aussi bien en
interne qu’auprès de ses concur-
rents (Shell, BP ou Exxon). Enfin,
l’électricité est l’unique source
d’énergie de l’usine, la rendant
très vulnérable aux délestages.
Mais la stabilité record du réseau
singapourien lui permet de se
passer de générateurs diesel : en
cas de coupure, l’usine se repose
sur un stockage de produits finis
re p ré s e nt a nt 2 s e m a i n e s d e
production.
Bien qu’à son niveau optimal, la
masse salariale n’est pas à son
maximum. L’usine ne fonctionne
actuellement qu’en « deux-huit »,
ce qui lui permet toutefois une
certaine réactivité notamment
quand la demande augmente
significativement.
L’ensemble de la promotion tenait
à remercier tout particulièrement
Kok Choy NG, See-Beng TANG, Ivan
LOH et Ana COSCOLLUELA pour
l’accueil qui nous a été réservé à
l’Usine de lubrifiant TOTAL.
Louis POLLEUX
Photo de la promotion en compagnie de M. Kok Choy NG.
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
26 jour 4
27. Air Liquide, un modèle d’optimisation tourné vers
le monde de la finance ?
Jeudi 15 mars nous avons été
reçus à Air Liquide Singapour
(ALS) par M. Ferreol De La Tullaye,
responsable énergie d’Air Liquide
en Asie depuis plus de 10 ans.
ALS est un cluster asiatique du
groupe comprenant 8 pays, et est
le leader des compagnies indus-
trielles de gaz en Asie du Sud-
Est. Il emploie près de 800 per-
sonnes, reconnues pour leur haut
niveau d’expertise dans la four-
niture de gaz comme l’oxygène
(O2
), l’azote (N2
), l’hydrogène
(H2
) ou le monoxyde de carbone
(CO). ALS propose des solutions
pour les petites et grandes indus-
tries comme à Jurong Island où
le groupe a investi plus de 280
millions d’euros au cours des
dernières années. La présenta-
tion de l’entreprise commence par
une vidéo de marketing futuriste
du programme Smart Innovation à
Kuala Lumpur. Elle met en avant
les avancées technologiques au
service de l’optimisation industri-
elle sur le point de vue technique,
avec l’utilisation de « Google-
Glass » ou encore de tablettes
tactiles afin de suivre au mieux
les opérations de maintenance
et d ’améliorer l ’organisation
d e l a m a i n t e n a n c e p r é d i c -
tive. Nous sommes cependant
rapidement passé à la seconde
partie, l’optimisation financière,
et en particulier de la fourniture
(sourcing) et des risques liés aux
marchés de l’énergie. En effet,
l’énergie représente près de 85%
des coûts d’Air Liquide dont 27
TWh en électricité et 92 TWh en gaz
naturel. A titre de comparaison, le
coût du personnel ne représente
que 2 à 3% des coûts totaux. Cette
énergie provient principalement
des procédés de fabrication des
différents gaz produits, utilisant
l’électricité dans les compres-
seurs des groupes froids servant
à baisser la température des gaz
afin de les liquéfier ou dans les
procédés de vapocraquage pour
extraire l’hydrogène du méthane
ou l’azote de l’air. Depuis l’arrêt
de l’importation de pétrole (35%)
au profit du gaz naturel à 100%
comme matière première, une
for te dépendance aux prix de
l’énergie est apparue. Le prix de
l’énergie dépend de nombreux
paramètres comme la souscription,
la molécule, les taxes de trans-
ports, d’équilibrage, de risques
et de flexibilité. Par exemple,
une variation des prix de 50% de
l’énergie en hausse couterait plus
de 3 milliards d’euros sur une
marge de 1,6 milliards d’euros.
On comprend bien qu’il ne faut
donc pas raisonner en termes de
coût d’achat mais bien de marge
dégagée. Pour autant, une partie
du business modèle d’Air Liquide
repose sur le report des coûts
variables au consommateur, ceci
afin de mieux stabiliser la marge.
P o u r s t a b i l i s e r s a m a r g e ,
M. De La Tullaye nous présente
a l o r s 5 m é t h o d e s r e p o s a n t
s u r l ’o p t i m i s a t i o n f i n a n -
cière d’énergie. Tout d’abord,
l ’ u t i l i s a t i o n d e s m é c a n i s m e
du « load shifting » et « peak
shaving » qui permettent de prof-
iter de prix spot avantageux en
décalant la production la nuit ou
en optimisant la capacité sous-
crite. L’arbitrage du « feed stock »
permet quant à lui de choisir la
meilleure source d’énergie pri-
maire entre le naphta et le gaz
naturel, par exemple, selon leurs
coûts tout en prenant en compte
leur efficacité dans le process
concerné. Vient ensuite l’arbitrage
entre autoproduction et sous-trai-
tance, il s’agit dans ce cas de
baisser la charge de production,
ce qui induit aussi une baisse
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
27jour 4
29. Engie Lab : visite du site du microgrid SPORE sur
l’île de Semakau
La dernière matinée dédiée aux
visites du voyage d’études du
mastère OSE a été consacrée au
microgrid SPORE (Sustainable
Powering of Off-grid Regions)
faisant partie de l’initiative REIDS
(Renewable Energy Integration
Demonstrator in Singapore) et
développé sur l’île de Semakau
par NTU (Nanyang Technological
U n i ve r s i t y ) e n co l l a b o ra t i o n
avec les deux groupes fran-
çais à dimension internationale
Engie et Schneider-Electric. Nous
nous sommes rendus sur l’île
Singapourienne où nous avons
été accueillis et accompagnés par
une équipe d’Engie Lab : Zen Tan,
Natacha Bunel, Paul Dupont de
Dinechin et Victor Chapotard ainsi
que Tan Choon Hock représentant
NTU. Nous avons visité un projet
pilote qui suscitait notre intérêt
dans la mesure où notre sujet
de promotion est l’hydrogène :
il s’agit d’un démonstrateur R&D
pour le stockage hydrogène dans
les microgrids.
Quels sont les objectifs de ce projet
microgrid?
Natacha a expliqué que l’idée de
ce projet était principalement
motivée par le grand nombre de
personnes n’ayant pas accès à
un réseau électrique fiable dans
des endroits reculés ou petites
îles isolées dans le monde, la
solution diesel ne constituant en
aucun cas une solution durable à
apporter à ces zones non inter-
connectées. L’objectif de ce projet
est donc d’apporter une solution
intégrant les énergies renouvel-
ables dans un microgrid qui pour-
rait être testée sur Semakau en
vue d’être ensuite déployée sur
d’autres îles, sites ou villages
isolés et « Resort »en Asie du
sud-est. Au côté de NTU, d’Engie
et de Schneider-Electric qui tra-
vaillent en étroite collaboration
sur le microgrid SPORE, plus-
ieurs autres acteurs participent
au projet comme le NEA (National
E n v i r o n m e n t A g e n c y ) , E D B
(Economic develpment Board),
EMA (Energy Market Authority) et
le NRF (National Reseach Fund)
de Singapour.
L’un des objectifs principaux de
ce projet pilote est de démontrer
l’efficacité des solutions tech-
niques développées par Engie et
Schneider-Electric en les testant
sur un cas pratique qui s’inscrit
dans le contexte du climat tropi-
cal de l’Asie du Sud-Est. Natacha
a rappelé à ce propos que le taux
d’humidité à Singapour (84%)
p o u r ra i t p o s e r p ro b l è m e a u
niveau de l’éolienne et des dif-
férents composants électriques du
système.
La première phase d’installation
du projet a été achevée en octobre
2017. Zen Tan, membre d’Engie
Lab, a explicité la partie régle-
mentaire préalable à l’installation
et la mise en service des équi-
pements sur l’île, entre autres
la soumission des plans et des
dossiers techniques aux auto-
rités singapouriennes compé -
tentes concernées à savoir la NEA
(National Environment Agency), la
BCA (Building and Construction
Authority).
Elle a également rappelé qu’a
ce stade l’objectif est d’assurer
la conformité du microgrid aux
normes en vigueur à Singapour et
d’obtenir les autorisations néces-
saires à sa mise en service au
troisième trimestre de l’année
2018.
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
29Jour 5
30. Quelles sont les principales com-
posantes du SPORE microgrid?
Il s’agit d’un système dit multi-
fluide car fonctionnant non seule-
ment à l’électricité mais aussi
grâce à un système hydrogène. Le
système Power-To-Power pour le
stockage d’hydrogène de l’énergie
renouvelable produite dans le
microgrid est constitué par un
électrolyseur et une station de
recharge pour véhicule électrique
à pile à combustible : le premier
de ce type à Singapour. Engie a
aussi installé la première éolienne
de Singapour d’une hauteur de
32m et d’une capacité de 100kW,
ainsi que des panneaux photo-
voltaïques de deux types : un
système PV classique de capac-
ité 70 kW et un système PIPV de
capacité 7 kW.
Grâce à ces composants installés
et aux solutions innovantes de
gestion de l’énergie développées
c o n j o i n te m e n t p a r E n g i e e t
Schneider, le SPORE microgrid per-
mettra une forte intégration des
énergies renouvelables qui pourra
atteindre 100%.
Quelles sont les principales innova-
tions technologiques dans ce projet ?
Le microgrid SPORE présente
trois innovations technologiques
majeures : Il s’agit tout d’abord de
la solution hydrogène d’Engie qui
contribuera à l’amélioration de la
flexibilité du microgrid. En effet,
outre le fait qu’il peut être stocké
facilement, l’hydrogène peut aussi
être utilisé dans diverses appli-
cations comme la mobilité et la
production d’électricité et de gaz.
Une innovation clé de ce projet
consiste également en la solu-
tion “Smart grid forming invert-
ers” développée par Schneider-
Elec tric. En effet, pour con-
tourner l’éternel défi technique
des microgrids qu’est la stabil-
ité du réseau, Schneider Electric a
conçu et mis en place une solu-
tion innovante en combinant des
“smart grid forming inverters”
avec des systèmes de stockage
d’énergie ou de puissance. Telle
qu’imaginée, la solution permet au
système d’assurer un démarrage
“from scratch” ou “black start”
en l’absence d’équipements tour-
nants en l’occurrence les Gensets
ou générateurs Diesel. Cette inno-
vation permettra ainsi d’atteindre
une pénétration importante des
renouvelables sans compromettre
la stabilité du système.
Par ailleurs, le système de gestion
du microgrid SPORE comprend un
PMS pour Power Management
System destiné au stockage pour
le court terme ainsi qu’un EMS
pour Energy Management System
pour assurer le stockage à moyen
terme.
Photographie d’une partie du microgrid SPORE
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
30 jour 5
31. Le PMS se charge d’assurer la sta-
bilité du réseau en temps réel en
équilibrant à la fois : la produc-
tion, le stockage et la demande.
Les atouts principaux du système
se résument au contrôle optimal
du microgrid en mode îloté ainsi
que la for te intégration des
renouvelables.
L’EMS fonctionne sur une base
temporelle mensuelle ou de
moyen terme dans le but de
prévoir la demande et la pro-
duc tion permettant d’assurer
un accès à l’énergie qui soit à
la fois fiable techniquement et
économiquement. Le système gère
également la production intermit-
tente d’énergies renouvelables en
raison de l’évolution des condi-
tions météorologiques ainsi que
de la configuration multi fluide
du microgrid.
Nous tenons à remercier vivement
tous les membres de l’équipe
d’Engie Lab Singapour pour leur
accueil chaleureux, leur accom-
pagnement qui a rendu cette
visite possible et aussi enrichis-
sante ainsi que leur disponibilité
pour répondre à toutes nos ques-
tions. Nous remercions plus par-
ticulièrement Zen Tan qui nous a
guidé tout au long de la visite
du site, Natacha Bunel qui nous
a expliqué les objectifs du projet
et présenté les différents com-
posants installés sur le site, ainsi
que Paul Dupont de Dihechin et
Victor Chapotard qui nous ont
présenté les principales activités
et les projets menés par Engie-
Lab Singapour. Nos remerciements
chaleureux vont aussi à Tan Choon
Hock, project manager, qui nous a
présenté le projet REIDS du point
de vue de NTU.
Emna BERKAOUI
& Dhekra BOUSNINA
Photo de la promotion en compagnie de l’équipe Engie
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
31jour 5
32. Singapore Maritime Gallery : plongée dans
l’histoire maritime de Singapour
Pour cette dernière visite du
séjour, nous nous sommes rendus
à la Singapore Maritime Gallery, où
notre guide Anthony nous a narré
avec enthousiasme l’histoire de
la cité-Etat, depuis l’émergence
du petit port de commerce au
XIVe siècle jusqu’aux développe-
ments plus récents qui en ont
fait un hub maritime mondial de
premier plan. Anthony nous a
guidé à travers les 3 sections du
musée, relatant respectivement le
passé, la situation actuelle et les
perspectives futures du secteur
maritime singapourien. En effet,
la croissance fulgurante connue
par Singapour dans les dernières
décennies est intimement liée au
développement de ses activités
maritimes. Aujourd’hui, ce secteur
représente 7% du PIB national et
emploie 170 000 personnes, aussi
bien à terre qu’au large des côtes.
M a i s l ’ h i s t o i r e m a r i t i m e d e
Singapour a commencé bien plus
tôt. Des fouilles archéologiques
ont montré que dès le XIVe siècle,
l’île comprenait un port par lequel
transitaient des navires conten-
ant soie, ivoire et coton. Les évé-
nements se sont ensuite accé-
lérés avec l’arrivée en 1819 de Sir
Thomas Stamford Raffles, un bri-
tannique qui y installa un poste
de commerce pour la Compagnie
Britannique des Indes Orientales.
L’objectif était de centraliser
les flux commerciaux transitant
par l’Asie, en concurrençant les
Hollandais qui contrôlaient le
por t de Batavia en Indonésie.
L’ouver ture du canal de Suez
reliant la mer Méditerranée et la
mer Rouge en 1869, et les exemp-
tions de taxes pour les marchan-
dises en transit, permirent au
port de Singapour de grossir sig-
nificativement pendant l’ère colo-
niale, croissance qui se poursui-
vit après l’indépendance du pays.
Les élèves du mastere écoutant les explications du guide
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
32 jour 5
33. Aujourd’hui, de par sa position
géographique stratégique au car-
refour des routes entre l’Asie et
le reste du monde, Singapour est
le port par lequel transitent le
plus de marchandises. Ceci prend
tout son sens si l’on considère
que 90% du commerce mondial
transite par la mer, incluant des
denrées vitales comme la nourri-
ture et le pétrole.
Le port principal de l’île est le
port de Jurong, situé sur une île
gagnée sur la mer et ayant attiré
plus de 12000 bateaux en 2016.
Jurong constitue un hub pétro-
chimique qui reçoit des importa-
tions pétrolières (de l’Indonésie
vo i s i n e n o t a m m e nt ) , d e g a z
naturel (via des pipelines prove-
nant de Malaisie), et qui accueille
des raffineries.
Une des problématiques prin-
cipales pour Singapour est la
recharge en carburant des navires.
Environ 1000 bateaux sont en per-
manence stationnés en attente
au bord des côtes. Le carburant
est apporté par pipelines ou par
bateaux-citernes. Si la plupart des
bateaux fonctionnent toujours au
pétrole, une transition vers le
GNL semble être en marche, afin
de réduire l’empreinte carbone
du secteur maritime mondial.
Singapour souhaite encourager
cette transition et pouvoir ravi-
tailler les soutes des navires
en GNL dès 2020. Des pipelines
reliant la Malaisie à Singapour
permettent déjà l’importation de
GNL sur l’île de Jurong. Des dis-
cussions sont en cours afin de
déterminer le cadre réglementaire
adéquat, le GNL étant plus inflam-
mable que le fioul.
Afin de s’assurer de la conformité
des recharges en carburant, dont
les montants peuvent être exor-
bitants au vu des quantités con-
cernées, des débitmètres mas-
siques sont utilisés. Ceux-ci per-
mettent d’avoir une mesure immé-
diate de la quantité de combus-
tible de soute introduit dans le
navire, de manière plus précise
qu’avec des méthodes manuelles.
Depuis janvier 2017, tous les
bateaux-citernes Singapouriens
sont équipés de cette technologie.
Un autre aspect méconnu de
Singapour est le fait que la cité-
Etat est le premier producteur
mondial de plateformes pétro-
lières, et en particulier de plate-
formes de forage autoélévatrices,
grâce à des entreprises comme
Sembcorp Marine ou Keppel. Par
exemple, la photo ci- dessous
montre une maquette de la plate-
forme autoélévatrice West Elara,
construite par Sembcorp Marine
en 2011. Cette plateforme permet
d’opérer dans des conditions cli-
matiques difficiles propres aux
mers du Nord, et de creuser
jusqu’à plus de 10 000m, pour
des profondeurs d’eau de moins
de 150m. La plateforme est désor-
mais gerée par l’entreprise améri-
caine ConocoPhillips en mer du
Nord.
Pour conclure, les élèves du
mastère OSE tiennent à remer-
cier Anthony, notre guide pour
cette visite, qui nous aura permis
d’avoir un éclairage différent sur
l’histoire de Singapour, et de com-
prendre en partie les raisons pour
lesquelles le pays est passé du
statut de « pays en développe-
ment » au statut de pays riche
en une cinquantaine d’années
seulement.
Chloé POTIER
La plateforme pétrolière autoélévatrice
West Elara
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
33jour 5
34. REMERCIEMENTS
Au-delà des remerciements aux personnes citées dans les pages de ce compte rendu, ce voyage
n’aurait pu avoir lieu sans l’aide d’autres qui ne pouvaient être présentes lors de notre passage ou
qui ont contribué aux mises en relations nécessaires à la réalisation des visites finales.
Nous tenons donc à remercier :
l’Ambassade de France à Singapour pour ses nombreux contacts et pour les échanges que nous
avons pu avoir, notamment avec M. Mickaël HOLLE et M. Philippe CODOGNET, du service de coopéra-
tion scientifique et universitaire.
M. Roch Drozdowski-strehl, directeur adjoint du projet REIDS à l’Energy Research Institute @NTU
pour ses conseils et mise en relation avec l’université NTU.
Mme Tan Mui Koon et M. Muhammad Arifeen Wahed de l’université NUS pour l’organisation de
notre rencontre et la visite du SERIS ainsi que Mme Kesha Jane Drysdale pour son accueil le jour
de notre passage.
Pr. Chan Siew Hwa, Mme Pei-Chen SU, M. Ding Ovi Lian et Mme Maggie Lee Suh Cya de l’Energy
Research Institute@NTU pour leur accueil chaleureux et les échanges que nous avons pu avoir à
propos de l’hydrogène.
M. Alfredo Samperio de Schneider Electric pour nous avoir permis la visite des activités miccrogrids
à Singapour.
M. Olivier Chalvon-Demersay, M. Christian Cabrol et Mme Ana Coscolluela de Total Marketing &
Services pour nous avoir ouvert les portes de l’usine de lubrifiants.
M. Bernard Dhainaut d’Air Liquide pour avoir permis la présentation des activités énergie du groupe
à Singapour.
Mme Caroline Guyot d’Engie Lab. qui nous a permis la visite de l’île de Semakau ainsi que pour
ses contacts.
Pour terminer nous tenons à remercier tous les anciens de l’Ecole des Mines de Paris qui nous ont
fait l’honneur de leur présence vendredi soir pour rencontrer la promotion du Mastère OSE.
Contacts
Ambassade de France à Singapour : M. Michaël Hollé, M. Philippe Codognet
SERIS - NUS : Pr. Armin Aberle, M. Eddy Blokken, Mme Tan Mui Koon
ERIN@NTU : Pr. Chan Siew Haw, Mme Pei-Chen SU, M. Ding Ovi Lian, Mme Maggie Lee Suh Cya
EDF Lab. : M. Maxime Cassat, M. Geoffrey Orlando
SCHNEIDER ELECTRIC : M. Thomas Polliand, M. Tushar Menon, M. Alfredo Samperio
BeeBryte : Mme Elodie Hecq
TOTAL : M. Olivier Chalvon-Demersay, M. Christian Cabrol, Mme Ana Coscolluela
Air Liquide : M. Bernard Dhainaut, M. Ferreol De La Tullaye
Engie Lab. : Mme Caroline Guyot
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
34 REMERCIEMENTS & Contacts