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@mastereose Mastère Spécialisé OSE
Retrouvez tous les numéros sur le
site des élèves, et l’actualité du
mastère sur Twitter et Facebook !
Mensuel sur l’énergie et l’environnement
N° 131Mars 2018
Singapour,portedel’Asie
Editionspéciale:voyagedesétudiantsdu
Mastère Spécialisé ®
OSE
© MIT
Adresse e-mail
infose@mastere-ose.fr
TELEPHONE
04 97 15 70 73
ADRESSE
Centre de
Mathématiques
Appliquées
Mines Paristech
Rue Claude Daunesse
CS 10 207
06904 Sophia Antipolis
Coordinatrice - Catherine Auguet Chadaj
Maquettiste - Baptiste Metz
Toutereproduction,représentation,traduction
ou adaptation, qu’elle soit intégrale ou par-
tielle, quel qu’en soit le procèdé, le support ou
lemédia,eststrictementinterditesansl’autori-
sation des auteurs sauf cas prévus par l’article
L. 122-5 du code de la propriété intellectuelle.
03 - Éditorial
04 - État de l’art énergétique de Singapour
07 - Conférence NUS : l’hydrogène appartiendra-t-il au
réseau électrique de demain ?
13 - Conférence NTU : l’hydrogène est-il la solution pour
une mobilité durable ?
16 - EDF Lab désormais à l’assaut des smart city et des
microgrids en Asie du Sud-Est
18 - Schneider Electric : quel avenir pour les microgrids
en Asie du Sud-Est ?
20 - Singapore City Gallery : l’histoire d’une ville en per-
pétuelle évolution
23 - BeeBryte : l’ « Energy Intelligence » pour optimiser
l’usage de l’électricité et valoriser les flexibilités
25 - Total lubricants Singapour : la plus grande usine de
lubrifiant du monde
27 - Air Liquide, un modèle d’optimisation tourné vers le
monde de la finance ?
29 - Engie Lab : visite du site du microgrid SPORE sur l’île
de Semakau
32 - Singapore Maritime Gallery : plongée dans l’histoire
maritime de Singapour
34 - Contacts
35 - Remerciements & Partenaires
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
2 SommaireCONTACTS
Il va sans dire que l’Asie représente une part conséquente de la consomma-
tion énergétique mondiale, de par sa croissance économique et démographique
soutenue. On entend encore souvent aujourd’hui parler de la Chine comme
étant un acteur majeur de cette croissance, mais l’Asie du Sud-Est, par son
positionnement géographique stratégique et sa structure insulaire atypique
n’est pas en reste et tient un rôle majeur dans le développement des nouvelles
infrastructures énergétiques de demain. C’est pourquoi début mars, la 18ème
promotion du Mastère spécialisé OSE s’est rendue pour son voyage d’étude
à Singapour, dans le cadre de son voyage de promotion thématique. Pendant
les 8 jours passés sur place, les élèves ont pu visiter de nombreuses installations, notamment autour
de nombreux sujets comme les microgrids et en particulier sur le thème de cette année : l’hydrogène.
Dans ce numéro, nous vous proposons de découvrir les lieux que nous avons eu le privilège de visiter
mais également les deux thématiques axées sur l’hydrogène, présentées lors de conférences dans les
deux grandes universités de Singapour, National University of Singapore (NUS) and Nanyang Technological
University (NTU). Vous retrouverez dans cet article la synthèse des idées présentées en conférence et
approfondies dans un livre dédié à l’hydrogène, « Hydrogène, vecteur énergétique de demain ? » écrit
par l’ensemble des élèves ingénieurs du mastère OSE qui sera normalement édité fin 2018.
Nous souhaitons en premier lieu remercier l’ensemble des personnes sans qui ce voyage n’aurait pas
été possible. Tout d’abord, un grand merci aux partenaires et industriels qui nous ont accueillis et ont
pris le temps de nous présenter leurs activités, de nous faire visiter leurs installations et d’échanger
avec nous sur des sujets variés, aussi bien techniques qu’économiques. Merci aux deux Universités de
Singapour pour leur accueil chaleureux et la qualité de l’auditoire aux conférences. Merci au professeur
CHAN de NTU pour sa présentation sur l’hydrogène très détaillée qui a su nous conforter dans la rédac-
tion de notre livre. Merci à EDF Lab Singapore, Schneider Electric, BeeBryte PTE. LTD., Total, Air Liquide
et notamment à l’Ambassade de France à Singapour sans qui ce voyage n’aurait pas été aussi riche et
captivant. Merci également à REIDS Energy Reaseach Institute et Engie qui nous ont permis de visiter
leur démonstrateur de smart-grid sur l’île de Semakau.
Enfin, un grand merci à Gilles Guerassimoff, responsable du MS OSE, et à l’équipe du CMA pour
l’exceptionnelle organisation et la préparation de toutes ces visites qui font de ce voyage d’étude une
vraie réussite.
Laissez-vous à présent guider à travers la diversité du monde énergétique de Singapour et bonne lecture !
Axel FELIZOT
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
3éditorial
État de l’art énergétique de Singapour
                         Samuel PETITJEAN      
Un pays leader dans le commerce de produits pétroliers mais aussi dans le
raffinage et le stockage
Située au sud de la Malaisie, la
ville-état est à la frontière entre
l’océan indien et l’océan paci-
fique. Cette localisation stra-
tégique a permis le développe-
ment de ses activités portuaires
à l’échelle mondiale, principale-
ment autour du pétrole et de
ses produits dérivés. Ces derni-
ers constituent la majeure partie
des flux énergétiques du pays.
En 2016, ils représentent respec-
tivement 29,9% et 64,2% de
l’énergie importée et la totalité
de l’énergie exportée. Le gaz et
le charbon viennent compléter les
importations [1].
Le pays tient ainsi la place de
1er hub logistique asiatique et
3ème mondial de liquides vracs
[2]. La Malaisie, l’Indonésie
et la Chine importent à eux
seuls plus de la moitié de
produits pétroliers provenant
de Singapour.
Profitant de ces échanges,
le pays s’est historiquement
développé dans les activi-
tés de transformation et donc
de raffinage. C’est d’ailleurs
pour cette raison que seule
u n e t rè s f a i b l e p a r t i e d u
p é t r o l e b r u t i m p o r t é e s t
exporté (fig. 1). D’après l’AIE,
en 2015, environ 1,4 million
de barils sont produits par
jour dans les 3 raffineries
du pays [3]. Pour répondre à
cette demande de production
d’énergie, Singapour a large-
ment développé des solutions
de stockage. Aux réserves de
l’Île Jurong s’ajoute le stock-
age souterrain de 1,47 million
de mètres-cubes ainsi que les
deux terminaux de stockage de
GNL [2].
énergie importée et exportée à Singapour © Energy Market Authority
La situation ainsi que la stratégie énergétique de Singapour sont fortement corrélées à sa position
géographique et à la faible superficie de son territoire (720 km²).
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
4 L’énergie à singapour
Objectif : développer les filières gaz et PV
L a t a i l l e d u te r r i to i re e t l a
fo r te d e n s i té d e p o p u l at i o n
(8188  hab/  km2
[4]) rendent le
développement des énergies
re n o u ve l a b l e s, te l l e s q u e l a
biomasse, l’énergie hydroélec-
trique, la géothermie ainsi que
l’éolien, par ticulièrement dif-
ficile. Seule l’énergie solaire
possède un fort potentiel. Pour
cette raison, le gouvernement
de Singapour a prévu d’investir
fortement dans le solaire photo-
voltaïque. L’objectif est de passer
d’une puissance installée en 2016
de 71MW à 350MW d’ici 2020 [3].
Malgré cela, la production photo-
voltaïque reste pour le moment
marginale puisque la puissance
électrique totale installée s’élève
en 2016 à 13,348GW [1]. La majeure
partie de l’électricité est produite
à partir de gaz naturel. La valori-
sation des déchets arrive en deux-
ième place avec 2,5% de l’énergie
produite en 2015 [5].
Le développement de la filière
gaz naturel est au cœur de la
stratégie de Singapour car elle
permet de réduire la dépendance
aux produits pétroliers et par la
même occasion de décarboner le
mix énergétique. Les technologies
relatives au gaz et au photovolta-
ïque font l’objet de nombreuses
recherches notamment à l’institut
de recherche en énergie solaire
de Singapour (SERIS, Solar Energy
Research Institute of Singapore).
Depuis 2013, le pays produit une
partie de son GNL. Avant cette
date, la totalité du gaz naturel
était importée et provenait de
M a l a i s i e e t d ’ I n d o n é s i e p a r
pipelines.
Mix énergétique pour la production d’électricité © Energy Market Authority
Une dynamique d’innovation
Outre le déploiement du secteur
gazier et du photovoltaïque, le
pays mise sur l’efficacité énergé-
tique, la gestion intelligente de
l’énergie et les nouvelles technol-
ogies de stockage. C’est de cette
volonté qu’est né le partenariat
avec ENGIE. Cette collaboration a
rendu possible la construction de
l’ENGIE Lab, responsable de nom-
breux projets telle l’initiative
R E ID S ( R e n e w a b l e s E n e r g y
Integration Demonstrator). Ce
démonstrateur permet de tester
des systèmes énergétiques com-
posés de production renouvel-
ables et stockage par batterie et
hydrogène [6].
G r â c e à s o n i m p o r t a n c e
économique et scientifique au
sein de la région d’Asie du sud,
Singapour est le centre de plus-
ieurs programmes visant à faire
face aux enjeux de la transition
énergétique.
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
5L’énergie à singapour
Récapitulatif
Les produits pétroliers sont
historiquement au cœur de
l’économie de Singapour, aussi
bien au niveau des échanges que
de l’industrie avec le raffinage.
Néanmoins, la cité-état cherche
à modifier son paysage énergé-
tique et à augmenter son indépen-
dance. Pour cela le pays a ciblé le
secteur gazier et le solaire photo-
voltaïque. En s’associant aux pays
voisins ainsi qu’à de nombreux
groupes en pointe sur la recher-
che, Singapour s’avère être une
plateforme innovante et spéciali-
sée en efficacité énergétique.
Marina Bay Sands
Sources :
[1]	 Energy Market Authority, Energy Snapshot of Singapore 2016, https://www.ema.gov.sg/cmsmedia/Publications_and_Statistics/
Publications/ses/2017/snapshot/index.html
[2]	 French Chamber Singapore, Les secteurs énergie et énergies vertes à Singapour, 2017, http://www.fccsingapore.com/fr/
business-services/pourquoi-implanter-singapour/fiche-pays/secteur-energies-energies-vertes
[3]	 	U.S. Energy Information Administration, Juillet 2016, https://www.eia.gov/beta/international/analysis.cfm?iso=SGP
[4]	 CIA World Factbook – Version du 23/02/2018
[5]	 International Energy Agency, Singapour Statistics 2015, https://www.iea.org/statistics/statisticssearch/report/?year=2015&cou
ntry=SINGAPORE&product=ElectricityandHeat
[6]	 ENGIE ouvre à Singapour un nouveau Lab dans le domaine de l’énergie verte, 11/07/2016, https://www.engie.com/journalistes/
communiques-de-presse/engie-singapour-nouveau-lab-lenergie-verte/
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
6 L’énergie à singapour
Conférence NUS : l’hydrogène appartiendra-t-il au
réseau électrique de demain ?
A l ’o cc a s i o n d e l a p re m i è re
matinée du lundi 12 mars, les
étudiants du mastère OSE ont
été chaleureusement accueillis
par le professeur Armin Aberle,
directeur du Solar Energy Research
Institute of Singapore (SERIS) au
sein de l’Université Nationale de
Singapour (NUS). Ils y ont présenté
l o r s d ’ u n e c o n fé re n c e l e u r s
travaux sur l’intégration et les
applications de l’hydrogène dans
les réseaux électriques. Nous vous
invitons, lecteur curieux, à vous
reporter à l’article suivant pour
en savoir plus sur les échanges
qui ont animé cette présenta-
tion. La fin de la matinée s’est
conclue sur une visite du centre
où les étudiants et Eddy Blokken,
business manager de l’activité
solaire, ont pu échanger sur les
travaux du centre.
Avant tout, quelques mots sur
cette institution : NUS est la
plus prestigieuse université de
Singapour, créée en 1905 sur une
superficie de 150 ha. Elle compte
16 facultés et écoles réparties sur
trois campus, Kent Ridge, Bukit
Timah et Outram. Les spécialités
de l’université comprennent plu-
sieurs filières de recherches en
ingénierie, en médecine, en bio-
technologie, en nanotechnologie,
en médecine et dans le commerce
international. NUS compte plus-
ieurs centres de recherche dont
le laboratoire SERIS. Inauguré en
2008, il est le centre national de
recherche appliquée dans l’énergie
solaire. Financé par le Fonds de
Recherche National et l’Université,
ce laboratoire autonome concilie
R&D, montage de démonstrateurs
et inclut une activité de conseil
p o u r S i n g a p o u r e t l ’As i e d u
Sud-Est portant sur l’intégration
des technologies solaires aux
réseaux et bâtiments. Ses travaux
de recherche se concentrent sur
les cellules PV, modules et sys-
tèmes. Ces activités concernent
aussi bien le développement,
l’optimisation et la caractérisa-
tion des matériaux utilisés sur les
modules que l’amélioration des
services systèmes.
Le parcours a débuté par la visite
du centre de contrôle. Dans cette
pièce, plusieurs écrans affichent
en temps réel les données recueil-
lies chaque seconde par une vaste
flotte de capteurs disposés sur les
panneaux solaires en toiture et
les trente stations météo dissémi-
nées sur l’ensemble du territoire.
Les capteurs fournissent nombre
de données de production et con-
sommation des systèmes, quant
aux stations, elles renseignent
avec précision l’irradiance et
autres facteurs météorologiques
nécessaires à la compréhension
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
7JOUR 1
des technologies photovoltaïques.
Ces données sont exploitées par
les chercheurs qui développent
des systèmes de suivi de perfor-
mance et modèles de prévision de
production dans le but de gérer
au mieux la ressource solaire
présente sur l’île mais égale -
ment au-delà, à travers leur rôle
de consultant (Asie du Sud-Est
principalement). Aujourd’hui, ces
modèles offrent un taux d’erreur
compris entre 10 et 12 % (Min
Square Root). Deux modèles prévi-
sionnels sont développés à partir
de la modélisation du déplace-
ment des nuages. Le premier
exploite les données de caméras
fish-eye, le second analyse les
cartes radar météorologiques.
La visite s’est poursuivie dans
les laboratoires de production
des cellules photovoltaïques où
les étudiants ont pu découvrir
deux technologies de cellules sur
lesquelles mise actuellement le
SERIS. La première utilise une
technique de dépôt de cuivre
pour les jonctions de la cellule. La
précision exigée (couche déposée
au centième de millimètre) per-
mettant de prévenir le phénomène
de migration du cuivre dans le
silicium impacte lourdement les
investissements. Cette technolo-
gie, novatrice au laboratoire, offre
toutefois des rendements élevés,
jusqu’à 24 %.
L’autre technique, une des plus
c o u r a m m e n t e m p l o yé e d a n s
l’industrie, utilise de l’argent
plutôt que du cuivre afin de se
prémunir contre ce phénomène.
Le procédé ainsi simplifié est
moins lourd en investissement
mais ses coûts d’opération sont
plus élevés en raison du prix de
l’argent.
Nous avons conclu cette visite
devant le procédé d’implantation
ionique à l’essai au SERIS. Ce
procédé largement utilisé dans
d’autres industries est ici à l’état
de laboratoire pour le PV. Les cher-
cheurs s’en servent pour créer
un profil de dopage extrêmement
précis dans la couche de silicium
afin d’offrir des rendements capa-
bles de concurrencer les cellules
de SunPower, aujourd’hui leader
technologique de la filière. A
terme, l’enjeu est de reproduire
ces cellules dites idéales sur un
procédé de diffusion classique et
moins onéreux.
Il faut le souligner, ces chercheurs
sont ambitieux : afin de pénétrer
le système énergétique singa-
pourien tout en évitant le coût
prohibitif du foncier qui rendrait
tout projet solaire non viable d’un
point de vue économique, ils sou-
haiteraient exploiter les surfaces
des réservoirs d’eau en installant
du PV flottant. Un premier démon-
strateur d’une capacité de 2 MW
sur le réservoir de Tengeh devrait
accélérer le déploiement de cette
technologie dans le cadre du pro-
gramme SolarNova visant 350 MW
de PV d’ici 2020.
Par ailleurs, leurs travaux ne se
limitent pas au solaire puisqu’ils
développent également des cel-
lules de production chimique
© REUTERS
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
8 JOUR 1
Dans le cadre de la conférence
présentée par les élèves du
Mastère OSE au sein du laboratoire
SERIS de NUS, la problématique
de l’intégration de l’hydrogène
dans le réseau électrique a été
abordée.
L’hydrogène, en tant que vecteur
énergétique, présente plusieurs
atouts face à l’intermittence
des énergies renouvelables. Ces
dernières, pourtant en constante
croissance dans les mix énergé-
tiques, s’intégrant dans une pro-
duction mondiale d’énergie tou-
jours composée à 80% de res-
sources fossiles.
N’existant pas à l’état naturel, la
molécule d’hydrogène doit tout
d’abord être produite de façon
à utiliser son énergie à d’autres
fins. Ainsi, la production est réal-
isée à 95% à partir d’énergies
fossiles (Gaz : 68% ; Pétrole :
16% et Charbon : 11%) et 5% à
partir de l’électrolyse d’énergies
renouvelables et du nucléaire ; la
méthode la plus répandue étant
le vaporeformage du gaz naturel.
Néanmoins, La filière doit être
développée sur toute sa chaîne
de valeur : aussi bien la produc-
tion que le transport, le stockage
et les usages.
Concernant le stockage, il existe
des techniques physiques, que
sont les stockages par gaz com-
primé, sous forme liquide ou cryo-
génique. Des techniques de stock-
age solides sont également dével-
oppées par absorption ou adsorp-
tion. La première consiste à cap-
turer l’hydrogène comme une
éponge, la deuxième le capture à
la surface du matériau.
Concernant la question du trans-
port, il convient de déterminer
les moyens les plus adaptés aux
différentes applications, à savoir
le stockage, la mobilité, le power
to gas...? Il existe aujourd’hui
un réseau de l’ordre de 5000 km
de pipelines d’hydrogène gazeux
dont 43% sont exploités par Air
Liquide et 25% par l’entreprise
américaine Air Products. Certaines
contraintes doivent néanmoins
être prises en compte. En effet,
le coût des matériaux et la main
d’œuvre nécessaire à la construc-
tion de telles structures ne les
rendent pas économiquement
compétitives face au gaz naturel.
Pour le transport sur de courtes
distances, certaines entreprises
comme Shell optent pour le trans-
por t d’hydrogène gazeux par
camion, sur de plus longues dis-
tances (supérieures à 200 km) le
transport de l’hydrogène liqué-
fié est privilégié. Ces deux tech-
niques présentent des avantages,
mais demandent une infrastruc-
ture coûteuse propre à l’état de
la molécule (stations de compres-
sion ou liquéfaction).
Synthèse de la présentation des élèves
et électrolyseurs afin de trans-
for mer l ’élec tr icité inter mit-
tente excédentaire en éthanol et
hydrogène. Eddy Blokken imagine
que dans un futur proche, des
systèmes compacts PV et process
produiront de façon décentralisée
de l’hydrogène ou de l’éthanol
récupérés dans des collecteurs.
Nous tenons à remercier Armin
Aberle et Eddy Blokken pour leur
accueil, et pour nous avoir fait
partager le fruit de leurs recher-
ches. Nous remercions également
les chercheurs du SERIS qui sont
venus assister à notre conférence
et l’ont rendue interactive.
Raphaël CLUET
& Adnane HATIM
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
9JOUR 1
Certains projets long-terme plus
marginaux, visant à couvrir de
plus longues distances, envis-
agent le transport par bateaux.
C’est le cas du projet en dével-
oppement par Kawasaki qui a pour
objectif d´assurer la liaison entre
l’Australie et le Japon.
Quant à la consommation de
l’hydrogène, plusieurs applica-
tions sont concernées. Le Power-
to-X représente la transforma-
tion d’électricité en hydrogène,
à des fins industrielles, de mobil-
ité, de chaleur ou d’électricité,
comme présenté sur le schéma
ci-dessus. Il présente donc des
avantages de flexibilité pour le
réseau d’électricité ou de gaz,
pouvant en garantir la stabilité.
L’hydrogène gazeux ou combiné à
du CO2
pour la production du CH4
(Power-to-Gaz) peuvent ainsi être
injectés sur le réseau de gaz.
En France, des projets comme
GRHYD (Dunkerque) et Jupiter
1000 (Fos sur mer) étudient
la faisabilité et la per tinence
économique de projets Power-
to-X. Les rendements tournent
autour de 66% dans le cadre d’un
projet Power-to-Gaz sans stock-
age d’énergie et de 26% pour un
projet Power-to-Power.
Au cœur de la conférence, la place
de l’hydrogène dans le réseau
électrique a été évoquée, notam-
ment dans les microgrids. La flex-
ibilité de la molécule permet de
pallier l’intermittence du réseau,
garantissant sa stabilité. Elle
assure un stockage moyen/long-
terme en remplaçant les généra-
teurs diesel. Comme pour le
Power-to-X, certains projets dans
le monde visent à tester l’impact
de cette technologie sur le réseau
électrique, dont :
•	 SPORE à Singapour
•	 Mafate sur l’île de la Réunion
•	 Myrte en Corse
De même, l’hydrogène peut être
envisagé pour des applications
résidentielles. Il permet de gérer
la congestion du réseau durant
les périodes de pointe ainsi que
d’éviter la surcharge des infra-
s t r u c t u re s. C ’e s t l e c a s, p a r
exemple, du projet Dunsfold au
Royaume-Uni qui fournit une puis-
sance de 1,5MW à 2500 maisons
sur un système Power-to-Power.
D’autres applications peuvent
également être intéressantes à
grande échelle. Après l’accident
de Fukushima en 2011, le Japon
a décidé de mettre fin à sa
filière nucléaire. Cela a impacté
directement le mix énergétique
du pays, faisant baisser son taux
d’indépendance énergétique de
20 à 5%. De ce fait, le gouver-
nement japonais a mis en place
un plan de déploiement de la
filière hydrogène dans le pays,
la « Société Hydrogène ». Ce plan
se déroule en trois phases, la
dernière étant la production et
l’utilisation d´hydrogène 100%
décarboné :
•	 jusqu’à 2020 : expansion des
usages dans le résidentiel et
le transport
•	 2020 à 2040 : produc tion
d e l ’é n e r g i e à p a r t i r d e
l’hydrogène
•	 à partir de 2040 : production
et consommation d’hydrogène
décarboné
Le pays envisage aussi d´être la
référence mondiale de la filière,
dont les Jeux Olympiques de Tokyo
2020 seront la vitrine.
Différents usages de l’hydrogène
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
10 JOUR 1
L’h y d r o g è n e e s t -i l v r a i m e n t u n
vec teur d’énergie durable ?
A ce jour, 90% de la production
globale d’hydrogène se fait à
partir de ressources fossiles, ce
qui ternit fortement l’image verte
de la filière liée à son association
aux énergies renouvelables.
U n e i n i t i a t i v e e u r o p é e n n e ,
Certifhy (figure page suivante),
a été menée de façon à contrôler
la provenance de l’hydrogène, qui
peut être qualifié de gris, faible-
ment émetteur ou de vert.
Au-delà de la problématique règle-
mentaire, il existe des exigences
économiques pour que la filière
soit compétitive à l’horizon 2050 :
•	 Réduction des CAPEX d’un
facteur 2
•	 Un bas prix d’électricité pour
la production d’hydrogène à
partir des EnR
Aujourd’hui, le coût du Power-
to-Gas étant dix fois plus élevé
que celui du le gaz naturel, des
politiques incitatives sont donc
nécessaires afin de faire émerger
la filière.
De manière à comprendre les
facteurs qui permettraient cette
émergence, des études prospec-
tives ont été analysées dans
lesquelles différents scénarios
ont été modélisés. Ces études
se concentrent sur trois échelles
différentes, l’Europe, la Belgique
e t l ’ I l e M a u r i c e. E n f a i s a n t
varier des paramètres comme la
demande, le volume d’échange via
les interconnexions, le déploie-
ment des énergies renouvelables
(PV, biomasse, éolien), la filière
hydrogène ne s’avère intéressante
qu’en imposant des contraintes
fortes sur les émissions de CO2
. De
plus, les secteurs dans lesquels
Emissions de gaz à effet de serre de la production d’hydrogène
© Shell
Hydrogène dans les Jeux Olympiques de Tokyo en 2020
© Tokyo metropolitan government
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
11JOUR 1
le déploiement de l´hydrogène
est privilégié sont l’industrie et
le transport.
Ainsi, même si la technologie
hydrogène permet de s’intéresser
à un bon nombre d’applications,
cette filière nécessite toujours
de forts investissements afin de
devenir compétitive et partie inté-
grante des mix énergétiques.
A l’instar des énergies renouvel-
ables, l´hydrogène pourrait donc
à son tour trouver sa place dans
le réseau électrique de demain.
Daniel ERBESFELD
& Lise ADEGNON
Vue schématique du processus de certification d’origine de l’hydrogène
Présentation par les élèves du Mastère OSE au sein du laboratoire SERIS de NUS
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
12 JOUR 1
Le lundi 13 mars après-midi, nous
avons été accueillis par le pro-
fesseur CHAN à l’université NTU
(Nanyang technology university).
Mr. CHAN Siew Hwa est le co-
directeur du laboratoire Energy
Research Institute à NTU (ERI@N)
et le directeur adjoint de Maritime
Institute (MI@NTU). Il a débuté
ses recherches académiques dans
le domaine de la combustion dans
les moteurs d’engins militaires
puis, à partir de 1997, il a tra-
vaillé sur les piles à combustible
(SOFCs). Mr. Chan a publié plus de
170 articles scientifiques. Il est
Président du 1er
programme de la
convention mondiale sur les tech-
nologies de l’hydrogène (WHTC)
à Singapour. Son laboratoire est
spécialisé dans la thématique
des piles à combustible avec une
attention particulière portée à la
mobilité par hydrogène. Il confie
également travailler en collabo-
ration avec le CEA sur la tech-
nologie SOFC (Solid oxide fuel
cells) qui est une pile à combus-
tible prévue pour les applications
stationnaires fonctionnant à très
haute température (450-1000°C).
Mr. CHAN travaille également sur
les électrolyseurs qu’il estime être
des technologies de production
d’hydrogène encore trop coû-
teuses et à faible rendement.
Cependant, il a évoqué l’idée de
valoriser la chaleur fatale des
industries par l’intermédiaire
d ’ u n e n o u v e l l e t e c h n o l o g i e
d’électrolyse, nommée SOEC (solid
oxide electrolyzer cell), qui peut
avoir un rendement compris entre
85 et 119%, contre 55 et 83% pour
l’électrolyse alcaline ou PEM.
Combiner les technologies SOEC
et SOFC permettrait d’aboutir à
un nouveau système énergétique
efficient : le « Power  + Heat to
Power ».
M r CHAN a fait par t de son
étonnement par rapport au poten-
tiel inexploité de chaleur fatale
Conférence NTU : l’hydrogène est-il la solution
pour une mobilité durable ?
Schéma du principe de fonctionnement « Power+heat to Power » © NTU
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
13JOUR 1
des centrales nucléaires fran-
çaise. Il a également mis en avant
le potentiel de Singapour pour le
déploiement de champs PV flot-
tants sur les surfaces d’eau dis-
ponibles afin de produire de l’H2
vert. Malheureusement, le gou-
vernement singapourien n’est
pas favorable à la production
d’H2
sur le territoire pour des
raisons de sécurité étant donné
la densité démographique du
pays. Néanmoins, l’hydrogène
est déjà produit en grande quan-
tité (3000  kgH2
/h) dans les trois
grandes raffineries de Singapour
(dont une est la 3ème plus grande
du monde).
A u n e é c h e l l e p l u s g l o b a l e,
Mr. CHAN est l’organisateur d’un
congrès annuel « HYPOTHESIS XIII »
dont le but est d’assurer une
veille technologique de la filière
hydrogène auprès des industries,
des laboratoires et des autorités
gouvernementales. Cette année,
ce congrès aura lieu à Singapour
du 24 au 27 Juillet.
Chaimaa ELMKADMI
& Florian ROUOT
S u i t e à l a p r é s e n t a t i o n d u
Professeur Chan, les élèves du
mastère OSE ont présenté en
45 minutes une synthèse de
leur travail sur l’hydrogène et
son application à la mobilité.
Après avoir mis en avant la part
impor tante des émissions de
CO2
dues à la mobilité, les dif-
férentes sources de production
d’hydrogène ont été présentées.
Cette molécule est produite à 95
% à partir d’énergies fossiles et
à 5% à partir de sources élec-
triques, avec des coûts de pro-
duction allant de 2,5$/Kg à 12 $/
kg. Les deux possibilités de stock-
age ont également été abordées,
le stockage physique comprimant
l’hydrogène jusqu’à 700 bars dans
un réservoir et le stockage dans
des matériaux utilisant des procé-
dés d’absorption et d’adsorption.
Les technologies de transport
par pipeline, par camions et par
bateaux ont ensuite été dével-
oppées. Pour finir la première
partie, les systèmes de Power to X
ont été exposés. Le power-to-gas
injecte de l’hydrogène produit à
partir d’un électrolyseur ou du
méthane dans le réseau.
Synthèse de la présentation des élèves
Les différentes structures de motorisation faisant intervenir l’hydrogène
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
14 JOUR 1
Quant au Power to Power, il com-
plète ce procédé en retransfor-
mant l’hydrogène en électricité à
l’aide d’une pile à combustible.
Durant la deuxième par tie de
la présentation, la place de
l’hydrogène dans le secteur de
la mobilité a été étudiée plus
en détail. Parmi les différen-
tes structures de motorisation
faisant intervenir l’hydrogène, on
retrouve celles avec moteur ther-
mique, peu répandues, et celles
avec moteur électrique. Dans ces
dernières, la pile à combustible
est soit reliée à une batterie, soit
directement reliée au moteur.
Les différentes options pour les
stations de ravitaillement ont
ensuite été exposées. L’hydrogène
peut être produit hors ou sur
site et stocké dans des stations
existantes ou spécifiquement
dédiées. Après avoir défini la
notion d’écosystème, les exem-
ples du village olympique prévu
pour les jeux de Tokyo en 2020 et
les aéroports de Tokyo et d’Osaka
ont ensuite été développés.
Les limites et perspectives ont
fait l’objet de la dernière partie.
Le développement de la filière
dépend d’une part des émissions
de CO2
réalisées lors de la produc-
tion et d’autre part de l’évolution
des coûts de la technologie. Afin
d’assurer un faible impact envi-
ro n n e m e nt a l, d e s ce r t i f i c at s
d’origine, comme le propose le
projet européen Certifhy, peuvent
être mis en place. Enfin l’analyse
d’études prospectives à l’échelle
nationale, avec la Belgique, et
inte r nati on al, avec l ’Euro pe,
montre que c’est en particulier
le transport par fret ainsi que
l’augmentation des investisse-
ments qui devrait permettre le
développement de la filière.
La conférence s’est clôturée par
des questions entre l’audience
et les élèves. Les auditeurs, déjà
spécialistes en hydrogène, ont
notamment abordés la question
de la sécurité et les différents
projets européens en cours.
Nous tenons à remercier le pro-
fesseur Chan pour son accueil et
son partage d’expérience dans
le domaine de l’hydrogène ainsi
que tous les participants à la con-
férence pour le dynamisme qu’ils
ont apportés aux échanges avec
les élèves.
Samuel PETITJEAN
& Thomas BAZIRE
Présentation par les élèves du Mastère OSE au sein de NTU
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
15JOUR 1
EDF Lab désormais à l’assaut des smart city et des
microgrids en Asie du Sud-Est
Le matin de la deuxième journée
les élèves du Mastère OSE ont
v i s i té l e Ce nte r o f B u i l d i n g
Research dans lequel siège EDF
Lab Singapore. A l’entrée du bâti-
ment nous avons traversé une
galerie présentant un panorama
de l’histoire urbaine singapou-
rienne qui nous a plongé dans
les méandres du développement
des logements de 1963 à 2014,
couvrant ainsi l’évolution des
espaces verts, l’environnement,
les déchets et l’eau, la technol-
ogie et l’énergie. A EDF Lab qui
se situe au 1e étage du bâtiment
nous avons été accueillis par
un ancien OSE, promotion 2016 :
Geoffrey Orlando qui vient juste
de rejoindre l’équipe d’EDF Lab et
le directeur du laboratoire Maxime
CASSAT qui nous a présenté les
axes principaux de recherche du
laboratoire.
Il nous a indiqué qu’en 2013
le groupe EDF souhaitant ren-
forcer sa présence en Asie du
sud a créé la division Recherche
et Développement Singapour.
La ville-Etat a fait appel à eux
EDF R&D pour développer un
outil d’aide à la décision pour la
gestion et la planification urbaine.
L’évolution de la population sin-
gapourienne connaît croissance
raisonnée (+ 1,45% l’an dernier)
dans un espace limité qui néces-
site donc des plans d’action pour
un développement durable de la
ville.
Cette mission dédiée à l’Agence
p u b l i q u e d u l o g e m e nt ( H D B
Housing and Development Board)
en charge de 83% des logements
a confié à EDF le développement
d’une plateforme 3D de modélisa-
tion de l’impact des politiques de
planification à plusieurs échelles
temporelles (court, moyen et long
terme avec un horizon de 20 ans)
sur les différentes composantes
de la ville, notamment la con-
ception des bâtiments, la gestion
de l’eau et des déchets (collab-
oration avec Veolia), la gestion
des espaces verts et du transport.
Le but est d’une part de conce-
voir des quartiers intelligents
résilients et durables et d’autre
part de faciliter les discussions
entre les autorités singapouri-
ennes et les partenaires indus-
triels. L’approche systémique de
modélisation consiste à conce-
voir des typologies de bâtiment
pour construire un plan tridimen-
sionnel de l’espace étudié. Sont
ensuite construits des courbes de
charges ainsi que des scénarios
d’évolution de la population et
des technologies comme la cli-
matisation, les ampoules LED...
Cet outil d’aide à la décision
peut être adapté à différents
cas notamment pour les plans
de planification (Master Plan) à
grande échelle, pour les diagnos-
tics visant à améliorer les plans
ciblés comme défaillants, et enfin
pour les bâtiments.
M. CASSAT a cité une étude
concrète : l’arrondissement de
Yuhua, Jurong East pour lequel
EDF a recommandé pour trois
scénarios de développement :
•	 D urable : une augmenta-
tion de 10% de la production
d’électricité PV, et une baisse
de 12 % de la consommation
via des actions d’efficacité
énergétique.
•	 Smart : Gestion de l’énergie
dans les logements.
•	 Résilient : Recours à d’autres
sources d’énergie.
M. CASSAT a également présenté
l e s a u t r e s p r o g r a m m e s d e
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
16 JOUR 2
recherche et d’apprentissage
avec des projets innovants réal-
isés en partenariat avec plus-
ieurs universités (NTU,SUTD,NUS
et l’école de commerce ESSEC
). Dans ce cadre, le projet New
Urban Kampung a été dével-
oppé avec Singapore University
of Thechnology and Design per-
mettant d’ajouter des fonction-
nalités comme le niveau de la
qualité de vie incluant le bruit
et les services écosystémiques, le
but étant de formuler des indica-
teurs à partir d’enquêtes sur la
population singapourienne. De
plus les avancées du Big Data per-
mettent d’extraire l’information
nécessaire à la prise de décision.
M. CASSAT a conclu son propos
en évoquant un projet de démon-
strateur de Microgrid MASERA
(Microgrid for Affordable and
Sustainable Electricity in Remote
Areas) dans le contexte du pro-
gramme REIDS (Renewable Energy
Integration Demonstrator). Son
objectif est de développer un
système de gestion d’énergie
fiable en maximisant le product-
ible (provenant de plusieurs
sources d’énergies et de stock-
age) et minimisant les pertes via
un système d’information opti-
misé et centralisé.
Les échanges entre les étudi-
ants et le direc teur du Labo
ont été fructueux et enrichis-
sants, portant sur les diverses
thématiques au cœur des problé-
matiques énergétiques de l’Asie
du Sud-Est, à savoir notamment
la conception, l’architecture et
l’intérêt des M icrogrids dans
des zones insulaires de la région
(Indonésie, Philippine, Malaisie)
et la compétitivité de ces derni-
ers face au développement futur
du réseau électrique dans un mix
énergétique basé principalement
sur le charbon.
Nous tenons à remercier vivement
tous les membres de l’équipe
EDF Lab Singapor et notamment
Maxime Cassat et Geoffrey Orlando
pour le temps qu’ils nous ont con-
sacré lors de la visite.
Yacine ALIMOU
Présentation de l’EDF Lab Singapour par M. CASSAT
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
17JOUR 2
Schneider Electric : quel avenir pour les microgrids
en Asie du Sud-Est ?
Schneider Electric, le spécialiste
mondial en gestion de l’énergie
et en automatisation, présent
dans plus de 100 pays, dével-
oppe des solutions énergétiques
de microgrid destinées aux sites
isolés d’Asie du Sud-Est, région
où l’élec tricité n’est souvent
pas fiable. En 2016, cette région
représentait environ 27% des
revenus de Schneider Electric dans
le monde. L’Indonésie, avec un
marché de l’électricité en pleine
expansion, est le plus grand parte-
naire de Schneider Electric en
Asie. Thomas Polliand, Microgrid
Business Developer de la branche
Energy Business – Asia, nous a
accueilli au siège de Schneider
Electric à Singapour pour nous
présenter les activités du groupe
français dans cette région.
La maxime de Schneider Electric,
«  plus d ’élec tr icité, digitali-
sée, décarbonée et décentrali-
sée » est parfaitement applica-
ble à leurs activités microgrid
en Asie du Sud-Est. En effet, le
microgrid présente plusieurs par-
ticularités intéressantes : c’est un
réseau électrique de petite taille,
décentralisé et fournissant une
électricité sûre et bon marché à
partir d’énergies renouvelables.
Il existe trois types de microgrid,
chacun ayant des spécificités bien
définies :
•	 Les microgrids dits « off-grid
» ; ces microgrids ne se con-
nectent jamais au macrogrid
et opèrent en totale indépen-
dance par rapport au réseau
principal en raison de prob-
lèmes économiques ou à cause
de leur position géographique.
Généralement, ce type de
microgrid est construit dans
des zones éloignées de toute
infrastructure de transport et/
ou de distribution et, par con-
séquent, n’a aucun lien avec
le réseau principal. Ce type de
microgrid est principalement
développé en Indonésie.
•	 Les microgrids dits « grid-
tied » ; ce type de microgrid
est entièrement connec té
a u ré s e a u p r i n c i p a l. Ce s
microgrids sont généralement
installés dans des zones où
le réseau électrique principal
est fiable, comme c’est le cas
à Singapour.
•	 Les microgrids dits « island-
able » ; ce type de microgrid
ressemble fortement au précé-
dent, la seule différence rési-
dant dans le fait qu’en cas
d’accident sur le réseau prin-
cipal à cause de la météo par
exemple, le microgrid peut
se déconnecter et passer en
mode îlotage. Ces microgrids
ont trouvé leur place sur
le marché, notamment en
Thaïlande.
Le business model d’un projet
m i c r o g r i d p o u r S c h n e i d e r
Electric est simple : Schneider
ne fait pas de financement inté-
gra l d e m i c ro gr i d m a i s a gi t
plutôt comme un fournisseur de
technologies (produits et solu-
tions). Ainsi, Schneider Electric
offre à ses clients deux solu-
tions de contrôle des microgrids
basées sur une même technolo-
gie IoT développée en interne,
la plateforme ouver te intero-
pérable EcoStruxure™. La pre -
m i è r e s o l u t i o n e s t u n E M S
(Energy Management System) qui
permet d’optimiser, à partir de
prévisions portées sur le Cloud,
les périodes de consommation,
de production, de stockage ou
de vente d’énergie (précision
pouvant aller jusqu’à la minute).
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
18 JOUR 2
Ce t te p re m i è re s o l u t i o n e s t
par ticulièrement adaptée aux
microgrids de type « grid-tied »
et « islandable », dont la capac-
ité est comprise entre 100 kW et
20 MW. L’autre solution de con-
trôle des microgrids est un PMS
(Power Management System).
Cette solution, plus adaptée aux
microgrids de type « off-grid »
présentant plusieurs sources
d’énergies distribuées, permet
d’assurer en temps réel la stabil-
ité du microgrid en équilibrant la
production, la consommation et
le stockage grâce à un système
d’acquisition et de contrôle de
données (précision de l’ordre de
la seconde à la milliseconde).
En collaboration avec ENGIE,
S c h n e i d e r E l e c t r i c d é v e l -
oppe un PMS pour le projet
SPORE (Sustainable Powering
of Off-Grid Regions) au sud de
S i n g a p o u r, p r é c i s é m e n t s u r
l’île de Semakau. Cette initia-
tive intègre le projet REIDS
(Renewable Energy Integration
D e m o n s t r a t o r i n S i n g a p o re )
d i r i g é e p a r l ’ U n i v e r s i t é d e
Technologie de Nanyang (NTU)
avec un consortium de parte -
naires. Le REIDS représente le
plus vaste microgrid d’énergie
renouvelable multi-fluide, inté-
grant la plus grande turbine éoli-
enne de Singapour, des panneaux
p h o tovo l t a ï q u e s a i n s i q u’ u n
stockage par batterie. Le REIDS
est également censé être flexi-
ble et adaptable aux besoins des
populations locales.
N é a n m o i n s , l ’ i n t r o d u c t i o n
massive d’énergies renouvel-
ables dans le microgrid pose
quelques problèmes du fait de
leur intermittence, notamment
en ce qui concerne la fréquence
et la tension sur le réseau. Ainsi,
Tushar Menon nous a présenté
une solution innovante dével-
o p p é e p a r S c h n e i d e r p o u r
s’affranchir de cette limite de 30%
de pénétration de renouvelable
sur le réseau tout en assurant la
stabilité du microgrid : les ondu-
leurs VSG ( Virtual Synchronous
Generators en anglais). Le prin-
cipe, rappelé sur la figure ci-des-
sous, est simple. L’onduleur VSG,
en imitant le comportement d’un
groupe électrogène, permet de
démarrer le microgrid. Equipé
d’une batterie pour effectuer un
lissage de la puissance, l’onduleur
VSG offre une inertie synthétique
au microgrid. Les groupes élec-
trogènes en parallèle peuvent
être éteints lorsqu’un taux suf-
fisant d’énergies renouvelables
a été atteint sur le réseau.
Nous tenons à remercier très
c h a l e u r e u s e m e n t T h o m a s
Polliand ainsi que Tushar Menon
pour leur accueil et leurs présen-
tations très enrichissantes.
Haris Djoubri
Thomas Polliand présentant l’activité microgrid de
Schneider Electric en Asie du Sud-Est
Schéma de principe du VSG dans le microgrid
© Schneider Electric
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
19JOUR 2
Singapore City Gallery : l’histoire d’une ville en
perpétuelle évolution
Singapour est un des 3 états sou-
verains au monde avec Monaco et
le Vatican. Sa surface est 17 fois
plus importante que celle de Paris
et abrite 5,6 millions d’habitants.
La Singapore City Gallery offre une
lecture intéressante de la con-
struction de cette ville-Etat au
développement unique, de part sa
métamorphose remarquablement
rapide qui s’est opérée depuis
son indépendance, le 9 août 1965.
Au premier étage de cet édifice
se trouve une maquette du centre
de Singapour permettant de se
rendre compte de la densité de
la ville (top 5 des pays les plus
densément peuplés) avec ses
nombreuses tours, mais aussi
de la présence non négligeable
d’espaces verts. La ville continue
à se dessiner aujourd’hui et de
nombreuses tours sont actuelle-
ment en construction.
Une urbanisation verticale : détru-
ire e t reconstruire ou conser ver ?
Face à la problématique d’espace
restreint de la ville avec un
développement démographique
significatif, le gouvernement
Singapourien s’est posé la ques-
tion de détruire et reconstru-
ire les bâtiments, ou à l’inverse
de conserver l’existant. Certains
quar tiers historiques, datant
Maquette du centre de Singapour (représentant seulement 2,3% du pays)
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
20 Jour 3
des années 1800-1900 comme
Chinatown, Little India ou encore
Kampong Glam ont conservé leur
architecture. En revanche de nom-
breux autres quartiers ont été
détruits puis reconstruits dans le
but d’optimiser le peu d’espace
disponible. En plus de certains
bâtiments, plusieurs arbres ont
été conservés, offrant à la ville
de nombreux espaces ombra-
gés. Singapour est un exemple
d’architecture, ayant réussi à
concilier urbanisation massive et
espaces verts.
Il est à noter que cette île présente
le plus haut taux de propriétaires
de logements au monde, s’élevant
à 89%. Par ailleurs, 85% des loge-
ments sont conçus et gérés par le
Housing Development Board.
Quel dynamisme économique ?
Singapour est l’un des trois plus
grands pays expor tateurs de
pétrole au monde, avec 94 mil-
lions de tonnes de pétrole expor-
tées en 2016 (BP Statistical Review
of World Energy, 2017).
Cette ville-État est une plateforme
aéropor tuaire incontournable
d’Asie avec son port qui est le
deuxième port de conteneurs au
monde. En 2008, les recettes des
industries marines et offshores
ont connu une augmentation de
18,8 milliards de dollars, avec
l’emploi de plus de 70 000 per-
sonnes (Economic Development
Board 2010). Changi Airport est
quant à lui le 5ème plus grand
exportateur de cargos au monde.
Singapour a également réussi à
développer une expertise dans
l’aérospatial en se hissant au rang
de numéro 1 asiatique. C’est aussi
un pôle important en recherche et
développement avec notamment la
présence de deux des meilleures
universités asiatiques qui sont la
National University of Singapore
(NUS) et Nanyang Technological
University (NTU).
L’activité industrielle de Singapour
est concentrée sur Jurong Island,
île ar tificielle créée dans les
années 2000 au Sud Ouest du
pays. Cette île figure aujourd’hui
dans le top 10 des plus gros hubs
pétrochimiques au monde avec
notamment la présence de Shell,
ExxonMobil, Chevron, DupontTM,
BASF, Sumitomo Chemicals, ou
encore Mitsui Chemicals.
Déche ts e t eau, quelle gestion ?
A quelques kilomètres de là, une
île du nom de Semakau héberge
les déchets des Singapouriens.
57% des déchets du pays sont
recyclés et 41% sont incinérés
dans 4 incinérateurs qui per-
m e t te nt d e p ro d u i re 3 % d e
l’électricité consommée locale-
ment. L’objectif du gouvernement
est d’atteindre 70% de déchets
recyclés d’ici 2030. Les cendres
issues de l ’incinération sont
mises en décharge à Semakau.Carte interactive à la Singapore City Gallery
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
21jour 3
L’approvisionnement en eau est
un vrai problème à Singapour
puisqu’elle est majoritairement
importée de Malaisie. Cependant,
le pays essaye de développer
des unités de désalinisation de
l’eau de mer et des procédés de
recyclage des eaux usées pour
produire de l’eau potable. 3
unités de ce type sont aujourd’hui
en fonctionnement à Singapour,
permettant de répondre à 30%
des besoins en eau de la ville.
L’u n d e r g r o u n d , u n e s o lu t i o n e n
or ?
Le sous-sol singapourien est
largement utilisé jusqu’à 150m de
profondeur. Il se découpe en plu-
sieurs strates :
•	 De 1 à 3m de profondeur, on
retrouve les réseaux d’eaux
usées et de gaz, mais aussi
les tunnels piétons
•	 De 5 à 10m se trouve le
Common Services Tunnel du
quartier de Marina Bay qui
abrite des câbles de télécom-
munication, des lignes élec-
triques et d’autres utilités
•	 De 15 à 20m sous terre circule
le métro, utilisé par plus de 2
millions de personnes
•	 De 20 à 60m, se dessine le
réseau profond de déchets
et d’eaux usées de la ville sur
48km
•	 A 150m, il existe les Jurong
Rock Caverns qui se compo-
sent de 9 caves de stockages
de 9 étages et de 340m de
long, soit l’équivalent de 70
terrains de foot. Ces caves
permettent de stocker les
munitions de l’armée.
Quel modèle politique ?
Singapour apparaît comme une
ville admirable sur de nom-
breux plans si l’on s’en tient à
la vision offerte par la Singapore
City Gallery. Cependant, il ne faut
pas oublier que Singapour est
dirigé par le même gouvernement
depuis son indépendance, issu du
People’s Action Party (PAP), qui
est qualifié de démocratie autori-
taire où l’opposition peine forte-
ment à exister…
Nalini GASCON
Une des nombreuses salles de la Singapore City Gallery avec des cartes interactives
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
22 JOUR 3
BeeBryte : l’« Energy Intelligence » pour optimiser
l’usage de l’électricité et valoriser les flexibilités
Pour la troisième matinée du
voyage, nous avons visité les
bureaux de la start-up franco-sin-
gapourienne BeeBryte, représen-
tée par Elodie Hecq, ingénieure
commerciale. Cette dernière nous
a présenté les produits et ser-
vices commercialisés par BeeBryte
dans le secteur de l’«  Energy
Intelligence » appliquée au bâti-
ment tertiaire et à l’industrie.
Qu’est-ce que BeeBry te ?
BeeBryte, c’est avant tout une
star t-up française incubée à
Singapour : c’est le 4ème projet
d’un duo de polytechniciens,
le premier qui soit technique,
les précédents étant des fonds
d’investissements durables. C’est
aussi une entreprise multinatio-
nale : outre son siège à Singapour,
qui héberge entre 1 et 2 équiv-
alents temps plein (près d’une
dizaine de personnes sont atten-
dues dans les semaines à venir
!), BeeBr yte a créé un centre
d e re c h e rc h e e t d é ve l o p p e -
ment à Lyon (France) où travail-
lent une douzaine de personnes.
L’entreprise se rémunère par un
pourcentage sur les économies
qu’elle fait réaliser à ses clients.
Comment BeeBryte crée de la valeur ?
Cette start-up se base ainsi sur
les technologies de machine -
learning et de data analytics
pour fournir au client une com-
préhension et une analyse fine de
ses consommations d’électricité.
Ces algorithmes, alimentés par
les données issues d’un jeu de
capteurs instrumentant les sys-
tèmes énergétiques, permettent de
connaître et visualiser, en temps
réel les consommations, et même
les anticiper par analyse prédic-
tive. A l’extrême, selon l’option
commerciale choisie par le client,
BeeBryte peut même piloter à dis-
tance l’arrêt ou la réduction de
certains équipements afin de val-
oriser des flexibilités.
Le plus haut niveau d’offre de
BeeBryte à ses clients est l’option
Hive Supply, où BeeBryte agit alors
comme fournisseur d’électricité.
D a n s c e t t e c o n f i g u r a t i o n ,
BeeBryte assure à son client un
prix fixe de l’électricité, au-des-
sous du prix moyen du marché.
Pour ce faire, la start-up valo-
rise les capacités d’effacement
d’un pool de clients pour éviter
d’acheter de l’élec tricité aux
heures de pointe où celle-ci est
chère. BeeBryte revend même les
Offres commerciales de la start-up Bee Bright
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
23jour 3
Photo de la promotion en compagnie d’élodie Hecq
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
24 JOur 3
« blocs d’effacement » sur ces
pointes pour engranger des béné-
fices permettant de garantir un
prix bas aux clients le reste de
l’année. En termes financiers,
la start-up achète son électric-
ité sur le marché des futures,
moins coûteux que le marché
spot, et couvre son risque avec
l’effacement/stimulation (« load-
shifting ») puisqu’elle a la maî-
trise dessus (option Hive Optimal).
Questions-Réponses avec Elodie Hecq
Est-ce que le poste informatique
dans le tertiaire de bureaux peut
participer à la flexibilité ?
Malheureusement, cela reste très
difficile : l’interfaçage logiciel est
excessivement compliqué à mettre
en œuvre pour commander ces
systèmes. En réalité, les architec-
tures logicielles sont très variées
à l’échelle d’un même parc infor-
matique, il est donc impossible
de standardiser, et les coûts
explosent donc, rendant le projet
non-rentable.
Pensez-vous qu’il soit possible
d’adapter l’optimisation finan-
cière de ces solutions à une
optimisation sur le critère du
carbone ?
En pratique, les prix élevés de
l’électricité sont liés au démar-
rage et au fonctionnement de cen-
trales thermiques fossiles, donc le
signal-prix prend déjà en compte
l’intensité carbone de l’électricité
sans que cela soit clairement
mis en avant. Les optimisations
financière et carbone vont donc
ensemble.
Que pensez-vous de la concur-
rence potentielle avec des géants
comme Schneider Electric qui pro-
curent d’ores et déjà des services
énergétiques ?
Il est vrai que la concurrence peut
paraître évidente, mais en réalité
des entreprises de ce type, c’est-
à-dire plutôt focalisées et spé-
cialisées sur le hardware, sont
moins efficaces et surtout moins
rentables sur les services éner-
gétiques, qui nécessitent plutôt
une couche d’intelligence logici-
elle (software).
L’ensemble des élèves du mastère
OSE tient à remercier très chal-
eureusement Elodie Hecq et, à
travers elle, BeeBryte, de nous
avoir accueillis, présenté les
activités de la start-up avec un
tel niveau de détail, et répondu à
toutes nos interrogations.
Romain SAINT-LéGER
Total lubricants Singapour : la plus grande usine
de lubrifiant du monde
En 2015, Total mettait sur pied
sa plus grande usine de lubrifi-
ant au monde à Singapour. Avec
une capacité de production de 310
000 tonnes par jour, l’usine de
425 employés permet au groupe
de renforcer sa position sur le
marché asiatique où il est déjà
présent dans 27 pays avec 25%
des parts de marché. Après une
introduction des consignes de
sécurité et des principales carac-
téristiques du site, M. Kok Choy
NG, responsable du département
logistique marine nous a présenté
les installations à travers une
visite de l’ensemble de la chaine
de production.
En choisissant Singapour, Total
a une nouvelle fois prouvé son
attachement pour l’excellence
opérationnelle et son goût pour
l’optimisation. Selon M. Kok Choy
NG, la force de l’usine réside dans
son automatisation quasi-com-
plète que nous avons pu observer
depuis le chargement des matières
premières, jusqu’aux procédés de
mélange et de conditionnement.
Cette automatisation est permise
par un procédé simple qui se
résume au mélange d’une huile
de base et d’additifs spécifiques
selon les usages (maritimes, auto-
mobiles, engins de chantiers etc.).
Dans l’usine, les robots, charriots
élévateurs automatiques et sys-
tèmes de contrôles automatiques
sont partout. Les ouvriers, tech-
niciens et ingénieurs surveillent
et guident l’immense machine
du bout des doigts, depuis les
centres de contrôle de chaque
atelier. Les règles de conduite
très strictes et les nombreuses
innovations ont permis à l’usine
d’obtenir les certifications ISO
9001, 14001 et 18001 et de pro-
poser un ratio production/surface
quatre fois supérieur aux instal-
lations du même type.
Bien qu’omniprésente, la produc-
tivité n’est pas la seule préoc-
cupation des employés. Pour
s’assurer une clientèle fidèle
et gagner 27 championnats du
monde de formule 1, Total n’a pas
d’autre choix que de garantir la
meilleure qualité de ses lubrifi-
ants. A Singapour, elle est con-
trôlée directement à la sortie des
mélangeurs. Chaque litre produit
séjourne dans un réservoir tampon
d’où sont prélevés les échantil-
lons pour analyse au laboratoire.
En salle d’analyse, les chimistes
ont pu nous présenter les dif-
férents tests effectués comme le
contrôle de la composition, de la
viscosité ou encore de la capac-
ité de l’huile à se séparer de l’air
et de l’eau.
Site de production de Total à Singapour © Total Media
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
25jour 4
En cas d’anomalie, les techniciens
peuvent ajuster directement la
formule de mélange depuis le lab-
oratoire ou renvoyer la totalité du
réservoir en début de chaîne pour
dissolution et formation d’un mei-
lleur mélange. Nous avons égale-
ment visité l’entrepôt de stockage
des échantillons où ils sont con-
servés pendant 1 an et demi et
permettent de contrôler les récla-
mations des clients.
Si le challenge réside principale-
ment dans le management et la
logistique, l’énergie n’est pas
tout à fait étrangère aux perfor-
mances de l’usine. Le climat de
l’île lui permet d’économiser un
réchauffage couteux pour fluidifier
les huiles. Autre lien avec l’énergie
: la dépendance de la production
aux prix du pétrole brut. D’après
M. Kok Choy NG, l’usine observe
un record de commande et une
compétition plus sévère avec les
concurrents lorsque les prix du
pétrole augmentent. La sécurité
d’approvisionnement n’est toute-
fois jamais mise en péril puisque
le site se fournit aussi bien en
interne qu’auprès de ses concur-
rents (Shell, BP ou Exxon). Enfin,
l’électricité est l’unique source
d’énergie de l’usine, la rendant
très vulnérable aux délestages.
Mais la stabilité record du réseau
singapourien lui permet de se
passer de générateurs diesel : en
cas de coupure, l’usine se repose
sur un stockage de produits finis
re p ré s e nt a nt 2 s e m a i n e s d e
production.
Bien qu’à son niveau optimal, la
masse salariale n’est pas à son
maximum. L’usine ne fonctionne
actuellement qu’en « deux-huit »,
ce qui lui permet toutefois une
certaine réactivité notamment
quand la demande augmente
significativement.
L’ensemble de la promotion tenait
à remercier tout particulièrement
Kok Choy NG, See-Beng TANG, Ivan
LOH et Ana COSCOLLUELA pour
l’accueil qui nous a été réservé à
l’Usine de lubrifiant TOTAL.
Louis POLLEUX
Photo de la promotion en compagnie de M. Kok Choy NG.
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
26 jour 4
Air Liquide, un modèle d’optimisation tourné vers
le monde de la finance ?
Jeudi 15 mars nous avons été
reçus à Air Liquide Singapour
(ALS) par M. Ferreol De La Tullaye,
responsable énergie d’Air Liquide
en Asie depuis plus de 10 ans.
ALS est un cluster asiatique du
groupe comprenant 8 pays, et est
le leader des compagnies indus-
trielles de gaz en Asie du Sud-
Est. Il emploie près de 800 per-
sonnes, reconnues pour leur haut
niveau d’expertise dans la four-
niture de gaz comme l’oxygène
(O2
), l’azote (N2
), l’hydrogène
(H2
) ou le monoxyde de carbone
(CO). ALS propose des solutions
pour les petites et grandes indus-
tries comme à Jurong Island où
le groupe a investi plus de 280
millions d’euros au cours des
dernières années. La présenta-
tion de l’entreprise commence par
une vidéo de marketing futuriste
du programme Smart Innovation à
Kuala Lumpur. Elle met en avant
les avancées technologiques au
service de l’optimisation industri-
elle sur le point de vue technique,
avec l’utilisation de « Google-
Glass  » ou encore de tablettes
tactiles afin de suivre au mieux
les opérations de maintenance
et d ’améliorer l ’organisation
d e l a m a i n t e n a n c e p r é d i c -
tive. Nous sommes cependant
rapidement passé à la seconde
partie, l’optimisation financière,
et en particulier de la fourniture
(sourcing) et des risques liés aux
marchés de l’énergie. En effet,
l’énergie représente près de 85%
des coûts d’Air Liquide dont 27
TWh en électricité et 92 TWh en gaz
naturel. A titre de comparaison, le
coût du personnel ne représente
que 2 à 3% des coûts totaux. Cette
énergie provient principalement
des procédés de fabrication des
différents gaz produits, utilisant
l’électricité dans les compres-
seurs des groupes froids servant
à baisser la température des gaz
afin de les liquéfier ou dans les
procédés de vapocraquage pour
extraire l’hydrogène du méthane
ou l’azote de l’air. Depuis l’arrêt
de l’importation de pétrole (35%)
au profit du gaz naturel à 100%
comme matière première, une
for te dépendance aux prix de
l’énergie est apparue. Le prix de
l’énergie dépend de nombreux
paramètres comme la souscription,
la molécule, les taxes de trans-
ports, d’équilibrage, de risques
et de flexibilité. Par exemple,
une variation des prix de 50% de
l’énergie en hausse couterait plus
de 3 milliards d’euros sur une
marge de 1,6  milliards d’euros.
On comprend bien qu’il ne faut
donc pas raisonner en termes de
coût d’achat mais bien de marge
dégagée. Pour autant, une partie
du business modèle d’Air Liquide
repose sur le report des coûts
variables au consommateur, ceci
afin de mieux stabiliser la marge.
P o u r s t a b i l i s e r s a m a r g e ,
M.  De La Tullaye nous présente
a l o r s 5 m é t h o d e s r e p o s a n t
s u r l ’o p t i m i s a t i o n f i n a n -
cière d’énergie. Tout d’abord,
l ’ u t i l i s a t i o n d e s m é c a n i s m e
du « load shifting » et « peak
shaving » qui permettent de prof-
iter de prix spot avantageux en
décalant la production la nuit ou
en optimisant la capacité sous-
crite. L’arbitrage du « feed stock »
permet quant à lui de choisir la
meilleure source d’énergie pri-
maire entre le naphta et le gaz
naturel, par exemple, selon leurs
coûts tout en prenant en compte
leur efficacité dans le process
concerné. Vient ensuite l’arbitrage
entre autoproduction et sous-trai-
tance, il s’agit dans ce cas de
baisser la charge de production,
ce qui induit aussi une baisse
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
27jour 4
de rendement, pour intégrer de
l’hydrogène d’un fournisseur
extérieur qui considère cette res-
source comme une externalité et
la revend à un prix réduit. On
établit alors un seuil sous lequel
ce système n’est plus rentable car
le rendement est trop dégradé.
Une autre méthode, l’arbitrage
contrac tuel, consiste alors à
choisir son mode de livraison de
gaz primaire, entre pipeline ou
LNG (Liquid Natural Gas), respec-
tivement indexés sur les cours
du HSFO et du brent . Cet arbi-
trage peut également se faire sur
l’électricité entre le marché spot
et le « power rate ». On effectue
ici une nomination de consom-
mation et deux cas se dessinent
alors : si l’on consomme plus que
prévu, on paye alors la différence
de consommation au prix spot, si
l’on consomme moins, on revend
à l’inverse l’énergie non consom-
mée au prix spot. L’optimisation
du mécanisme consiste ainsi à
estimer une consommation plus
grande en journée afin de reven-
dre le surplus à un prix élevé en
journée et inversement (figure
ci-dessus).
Enfin, le dernier levier appelé
« demand response » utilise
les mécanismes de capacité ou
de réduction des prix spot du
marché en jouant sur les zones
limites du switch de production.
Les gains sont ensuite répartis à
50% chacun entre les différents
clients et l’acteur à l’origine de
l’effacement.
Après la présentation de ces dif-
férents leviers d ’ac tion, une
question vient alors à l’esprit :
Quelle est la part des gains effec-
tués entre les actions techniques
d’amélioration énergétique des
procédés et les gains résultant
de l’optimisation financière des
achats de ressources primaires
en énergie ? La réponse est sans
appel, selon M. De La Tullaye,
sur la dernière année, les écon-
omies d’énergie provenant de
l’optimisation financière sont 3
fois supérieures aux gains tech-
niques sur les procédés. Il nous
est précisé que les systèmes de
production sont maintenant rodés
et qu’il est difficile de faire ne
serait-ce que 1% d’économie avec
des temps de retour sur inves-
tissement sur plusieurs années,
contrairement à l’optimisation
financière. On peut alors se
demander si l’amélioration tech-
nique a toujours un intérêt réel.
On comprend bien que pour les
entreprises de même envergure
qu’Air Liquide ayant un business
model similaire, seul le prix de la
taxe carbone aura un réel impact
sur la volonté de réduire les con-
sommations brutes, directement
liées aux émissions de CO2
…
Nous remercions M. Ferreol De
La Tullaye, pour son accueil
et sa présentation qui nous a
permis d ’aborder un modèle
d’optimisation sous un angle
différent de ce que nous avons
pu voir jusqu’ici aux cours des
visites à Singapour.
Axel FELIZOT
Courbes d’arbitrage contractuel sur l’électricité © Air Liquide
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
28 jour 4
Engie Lab : visite du site du microgrid SPORE sur
l’île de Semakau
La dernière matinée dédiée aux
visites du voyage d’études du
mastère OSE a été consacrée au
microgrid SPORE (Sustainable
Powering of Off-grid Regions)
faisant partie de l’initiative REIDS
(Renewable Energy Integration
Demonstrator in Singapore) et
développé sur l’île de Semakau
par NTU (Nanyang Technological
U n i ve r s i t y ) e n co l l a b o ra t i o n
avec les deux groupes fran-
çais à dimension internationale
Engie et Schneider-Electric. Nous
nous sommes rendus sur l’île
Singapourienne où nous avons
été accueillis et accompagnés par
une équipe d’Engie Lab : Zen Tan,
Natacha Bunel, Paul Dupont de
Dinechin et Victor Chapotard ainsi
que Tan Choon Hock représentant
NTU. Nous avons visité un projet
pilote qui suscitait notre intérêt
dans la mesure où notre sujet
de promotion est l’hydrogène  :
il s’agit d’un démonstrateur R&D
pour le stockage hydrogène dans
les microgrids.
Quels sont les objectifs de ce projet
microgrid?
Natacha a expliqué que l’idée de
ce projet était principalement
motivée par le grand nombre de
personnes n’ayant pas accès à
un réseau électrique fiable dans
des endroits reculés ou petites
îles isolées dans le monde, la
solution diesel ne constituant en
aucun cas une solution durable à
apporter à ces zones non inter-
connectées. L’objectif de ce projet
est donc d’apporter une solution
intégrant les énergies renouvel-
ables dans un microgrid qui pour-
rait être testée sur Semakau en
vue d’être ensuite déployée sur
d’autres îles, sites ou villages
isolés et « Resort »en Asie du
sud-est. Au côté de NTU, d’Engie
et de Schneider-Electric qui tra-
vaillent en étroite collaboration
sur le microgrid SPORE, plus-
ieurs autres acteurs participent
au projet comme le NEA (National
E n v i r o n m e n t A g e n c y ) , E D B
(Economic develpment Board),
EMA (Energy Market Authority) et
le NRF (National Reseach Fund)
de Singapour.
L’un des objectifs principaux de
ce projet pilote est de démontrer
l’efficacité des solutions tech-
niques développées par Engie et
Schneider-Electric en les testant
sur un cas pratique qui s’inscrit
dans le contexte du climat tropi-
cal de l’Asie du Sud-Est. Natacha
a rappelé à ce propos que le taux
d’humidité à Singapour (84%)
p o u r ra i t p o s e r p ro b l è m e a u
niveau de l’éolienne et des dif-
férents composants électriques du
système.
La première phase d’installation
du projet a été achevée en octobre
2017. Zen Tan, membre d’Engie
Lab, a explicité la partie régle-
mentaire préalable à l’installation
et la mise en service des équi-
pements sur l’île, entre autres
la soumission des plans et des
dossiers techniques aux auto-
rités singapouriennes compé -
tentes concernées à savoir la NEA
(National Environment Agency), la
BCA (Building and Construction
Authority).
Elle a également rappelé qu’a
ce stade l’objectif est d’assurer
la conformité du microgrid aux
normes en vigueur à Singapour et
d’obtenir les autorisations néces-
saires à sa mise en service au
troisième trimestre de l’année
2018.
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
29Jour 5
Quelles sont les principales com-
posantes du SPORE microgrid?
Il s’agit d’un système dit multi-
fluide car fonctionnant non seule-
ment à l’électricité mais aussi
grâce à un système hydrogène. Le
système Power-To-Power pour le
stockage d’hydrogène de l’énergie
renouvelable produite dans le
microgrid est constitué par un
électrolyseur et une station de
recharge pour véhicule électrique
à pile à combustible : le premier
de ce type à Singapour. Engie a
aussi installé la première éolienne
de Singapour d’une hauteur de
32m et d’une capacité de 100kW,
ainsi que des panneaux photo-
voltaïques de deux types : un
système PV classique de capac-
ité 70 kW et un système PIPV de
capacité 7 kW.
Grâce à ces composants installés
et aux solutions innovantes de
gestion de l’énergie développées
c o n j o i n te m e n t p a r E n g i e e t
Schneider, le SPORE microgrid per-
mettra une forte intégration des
énergies renouvelables qui pourra
atteindre 100%.
Quelles sont les principales innova-
tions technologiques dans ce projet ?
Le microgrid SPORE présente
trois innovations technologiques
majeures : Il s’agit tout d’abord de
la solution hydrogène d’Engie qui
contribuera à l’amélioration de la
flexibilité du microgrid. En effet,
outre le fait qu’il peut être stocké
facilement, l’hydrogène peut aussi
être utilisé dans diverses appli-
cations comme la mobilité et la
production d’électricité et de gaz.
Une innovation clé de ce projet
consiste également en la solu-
tion “Smart grid forming invert-
ers” développée par Schneider-
Elec tric. En effet, pour con-
tourner l’éternel défi technique
des microgrids qu’est la stabil-
ité du réseau, Schneider Electric a
conçu et mis en place une solu-
tion innovante en combinant des
“smart grid forming inverters”
avec des systèmes de stockage
d’énergie ou de puissance. Telle
qu’imaginée, la solution permet au
système d’assurer un démarrage
“from scratch” ou “black start”
en l’absence d’équipements tour-
nants en l’occurrence les Gensets
ou générateurs Diesel. Cette inno-
vation permettra ainsi d’atteindre
une pénétration importante des
renouvelables sans compromettre
la stabilité du système.
Par ailleurs, le système de gestion
du microgrid SPORE comprend un
PMS pour Power Management
System destiné au stockage pour
le court terme ainsi qu’un EMS
pour Energy Management System
pour assurer le stockage à moyen
terme.
Photographie d’une partie du microgrid SPORE
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
30 jour 5
Le PMS se charge d’assurer la sta-
bilité du réseau en temps réel en
équilibrant à la fois : la produc-
tion, le stockage et la demande.
Les atouts principaux du système
se résument au contrôle optimal
du microgrid en mode îloté ainsi
que la for te intégration des
renouvelables.
L’EMS fonctionne sur une base
temporelle mensuelle ou de
moyen terme dans le but de
prévoir la demande et la pro-
duc tion permettant d’assurer
un accès à l’énergie qui soit à
la fois fiable techniquement et
économiquement. Le système gère
également la production intermit-
tente d’énergies renouvelables en
raison de l’évolution des condi-
tions météorologiques ainsi que
de la configuration multi fluide
du microgrid.
Nous tenons à remercier vivement
tous les membres de l’équipe
d’Engie Lab Singapour pour leur
accueil chaleureux, leur accom-
pagnement qui a rendu cette
visite possible et aussi enrichis-
sante ainsi que leur disponibilité
pour répondre à toutes nos ques-
tions. Nous remercions plus par-
ticulièrement Zen Tan qui nous a
guidé tout au long de la visite
du site, Natacha Bunel qui nous
a expliqué les objectifs du projet
et présenté les différents com-
posants installés sur le site, ainsi
que Paul Dupont de Dihechin et
Victor Chapotard qui nous ont
présenté les principales activités
et les projets menés par Engie-
Lab Singapour. Nos remerciements
chaleureux vont aussi à Tan Choon
Hock, project manager, qui nous a
présenté le projet REIDS du point
de vue de NTU.
Emna BERKAOUI
& Dhekra BOUSNINA
Photo de la promotion en compagnie de l’équipe Engie
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
31jour 5
Singapore Maritime Gallery : plongée dans
l’histoire maritime de Singapour
Pour cette dernière visite du
séjour, nous nous sommes rendus
à la Singapore Maritime Gallery, où
notre guide Anthony nous a narré
avec enthousiasme l’histoire de
la cité-Etat, depuis l’émergence
du petit port de commerce au
XIVe siècle jusqu’aux développe-
ments plus récents qui en ont
fait un hub maritime mondial de
premier plan. Anthony nous a
guidé à travers les 3 sections du
musée, relatant respectivement le
passé, la situation actuelle et les
perspectives futures du secteur
maritime singapourien. En effet,
la croissance fulgurante connue
par Singapour dans les dernières
décennies est intimement liée au
développement de ses activités
maritimes. Aujourd’hui, ce secteur
représente 7% du PIB national et
emploie 170 000 personnes, aussi
bien à terre qu’au large des côtes.
M a i s l ’ h i s t o i r e m a r i t i m e d e
Singapour a commencé bien plus
tôt. Des fouilles archéologiques
ont montré que dès le XIVe siècle,
l’île comprenait un port par lequel
transitaient des navires conten-
ant soie, ivoire et coton. Les évé-
nements se sont ensuite accé-
lérés avec l’arrivée en 1819 de Sir
Thomas Stamford Raffles, un bri-
tannique qui y installa un poste
de commerce pour la Compagnie
Britannique des Indes Orientales.
L’objectif était de centraliser
les flux commerciaux transitant
par l’Asie, en concurrençant les
Hollandais qui contrôlaient le
por t de Batavia en Indonésie.
L’ouver ture du canal de Suez
reliant la mer Méditerranée et la
mer Rouge en 1869, et les exemp-
tions de taxes pour les marchan-
dises en transit, permirent au
port de Singapour de grossir sig-
nificativement pendant l’ère colo-
niale, croissance qui se poursui-
vit après l’indépendance du pays.
Les élèves du mastere écoutant les explications du guide
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
32 jour 5
Aujourd’hui, de par sa position
géographique stratégique au car-
refour des routes entre l’Asie et
le reste du monde, Singapour est
le port par lequel transitent le
plus de marchandises. Ceci prend
tout son sens si l’on considère
que 90% du commerce mondial
transite par la mer, incluant des
denrées vitales comme la nourri-
ture et le pétrole.
Le port principal de l’île est le
port de Jurong, situé sur une île
gagnée sur la mer et ayant attiré
plus de 12000 bateaux en 2016.
Jurong constitue un hub pétro-
chimique qui reçoit des importa-
tions pétrolières (de l’Indonésie
vo i s i n e n o t a m m e nt ) , d e g a z
naturel (via des pipelines prove-
nant de Malaisie), et qui accueille
des raffineries.
Une des problématiques prin-
cipales pour Singapour est la
recharge en carburant des navires.
Environ 1000 bateaux sont en per-
manence stationnés en attente
au bord des côtes. Le carburant
est apporté par pipelines ou par
bateaux-citernes. Si la plupart des
bateaux fonctionnent toujours au
pétrole, une transition vers le
GNL semble être en marche, afin
de réduire l’empreinte carbone
du secteur maritime mondial.
Singapour souhaite encourager
cette transition et pouvoir ravi-
tailler les soutes des navires
en GNL dès 2020. Des pipelines
reliant la Malaisie à Singapour
permettent déjà l’importation de
GNL sur l’île de Jurong. Des dis-
cussions sont en cours afin de
déterminer le cadre réglementaire
adéquat, le GNL étant plus inflam-
mable que le fioul.
Afin de s’assurer de la conformité
des recharges en carburant, dont
les montants peuvent être exor-
bitants au vu des quantités con-
cernées, des débitmètres mas-
siques sont utilisés. Ceux-ci per-
mettent d’avoir une mesure immé-
diate de la quantité de combus-
tible de soute introduit dans le
navire, de manière plus précise
qu’avec des méthodes manuelles.
Depuis janvier 2017, tous les
bateaux-citernes Singapouriens
sont équipés de cette technologie.
Un autre aspect méconnu de
Singapour est le fait que la cité-
Etat est le premier producteur
mondial de plateformes pétro-
lières, et en particulier de plate-
formes de forage autoélévatrices,
grâce à des entreprises comme
Sembcorp Marine ou Keppel. Par
exemple, la photo ci- dessous
montre une maquette de la plate-
forme autoélévatrice West Elara,
construite par Sembcorp Marine
en 2011. Cette plateforme permet
d’opérer dans des conditions cli-
matiques difficiles propres aux
mers du Nord, et de creuser
jusqu’à plus de 10 000m, pour
des profondeurs d’eau de moins
de 150m. La plateforme est désor-
mais gerée par l’entreprise améri-
caine ConocoPhillips en mer du
Nord.
Pour conclure, les élèves du
mastère OSE tiennent à remer-
cier Anthony, notre guide pour
cette visite, qui nous aura permis
d’avoir un éclairage différent sur
l’histoire de Singapour, et de com-
prendre en partie les raisons pour
lesquelles le pays est passé du
statut de « pays en développe-
ment » au statut de pays riche
en une cinquantaine d’années
seulement.
Chloé POTIER
La plateforme pétrolière autoélévatrice
West Elara
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
33jour 5
REMERCIEMENTS
Au-delà des remerciements aux personnes citées dans les pages de ce compte rendu, ce voyage
n’aurait pu avoir lieu sans l’aide d’autres qui ne pouvaient être présentes lors de notre passage ou
qui ont contribué aux mises en relations nécessaires à la réalisation des visites finales.
Nous tenons donc à remercier :
l’Ambassade de France à Singapour pour ses nombreux contacts et pour les échanges que nous
avons pu avoir, notamment avec M. Mickaël HOLLE et M. Philippe CODOGNET, du service de coopéra-
tion scientifique et universitaire.
M. Roch Drozdowski-strehl, directeur adjoint du projet REIDS à l’Energy Research Institute @NTU
pour ses conseils et mise en relation avec l’université NTU.
Mme Tan Mui Koon et M. Muhammad Arifeen Wahed de l’université NUS pour l’organisation de
notre rencontre et la visite du SERIS ainsi que Mme Kesha Jane Drysdale pour son accueil le jour
de notre passage.
Pr. Chan Siew Hwa, Mme Pei-Chen SU, M. Ding Ovi Lian et Mme Maggie Lee Suh Cya de l’Energy
Research Institute@NTU pour leur accueil chaleureux et les échanges que nous avons pu avoir à
propos de l’hydrogène.
M. Alfredo Samperio de Schneider Electric pour nous avoir permis la visite des activités miccrogrids
à Singapour.
M. Olivier Chalvon-Demersay, M. Christian Cabrol et Mme Ana Coscolluela de Total Marketing &
Services pour nous avoir ouvert les portes de l’usine de lubrifiants.
M. Bernard Dhainaut d’Air Liquide pour avoir permis la présentation des activités énergie du groupe
à Singapour.
Mme Caroline Guyot d’Engie Lab. qui nous a permis la visite de l’île de Semakau ainsi que pour
ses contacts.
Pour terminer nous tenons à remercier tous les anciens de l’Ecole des Mines de Paris qui nous ont
fait l’honneur de leur présence vendredi soir pour rencontrer la promotion du Mastère OSE.
Contacts
Ambassade de France à Singapour : M. Michaël Hollé, M. Philippe Codognet
SERIS - NUS : Pr. Armin Aberle, M. Eddy Blokken, Mme Tan Mui Koon
ERIN@NTU : Pr. Chan Siew Haw, Mme Pei-Chen SU, M. Ding Ovi Lian, Mme Maggie Lee Suh Cya
EDF Lab. : M. Maxime Cassat, M. Geoffrey Orlando
SCHNEIDER ELECTRIC : M. Thomas Polliand, M. Tushar Menon, M. Alfredo Samperio
BeeBryte : Mme Elodie Hecq
TOTAL : M. Olivier Chalvon-Demersay, M. Christian Cabrol, Mme Ana Coscolluela
Air Liquide : M. Bernard Dhainaut, M. Ferreol De La Tullaye
Engie Lab. : Mme Caroline Guyot
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
34 REMERCIEMENTS & Contacts
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
35Partenaires
I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8
36 évènement ose
Photographie de la promotion 2017

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Inf'OSE mars 2018

  • 1. http://eleves-ose.cma.mines-paristech.fr/ @mastereose Mastère Spécialisé OSE Retrouvez tous les numéros sur le site des élèves, et l’actualité du mastère sur Twitter et Facebook ! Mensuel sur l’énergie et l’environnement N° 131Mars 2018 Singapour,portedel’Asie Editionspéciale:voyagedesétudiantsdu Mastère Spécialisé ® OSE © MIT
  • 2. Adresse e-mail infose@mastere-ose.fr TELEPHONE 04 97 15 70 73 ADRESSE Centre de Mathématiques Appliquées Mines Paristech Rue Claude Daunesse CS 10 207 06904 Sophia Antipolis Coordinatrice - Catherine Auguet Chadaj Maquettiste - Baptiste Metz Toutereproduction,représentation,traduction ou adaptation, qu’elle soit intégrale ou par- tielle, quel qu’en soit le procèdé, le support ou lemédia,eststrictementinterditesansl’autori- sation des auteurs sauf cas prévus par l’article L. 122-5 du code de la propriété intellectuelle. 03 - Éditorial 04 - État de l’art énergétique de Singapour 07 - Conférence NUS : l’hydrogène appartiendra-t-il au réseau électrique de demain ? 13 - Conférence NTU : l’hydrogène est-il la solution pour une mobilité durable ? 16 - EDF Lab désormais à l’assaut des smart city et des microgrids en Asie du Sud-Est 18 - Schneider Electric : quel avenir pour les microgrids en Asie du Sud-Est ? 20 - Singapore City Gallery : l’histoire d’une ville en per- pétuelle évolution 23 - BeeBryte : l’ « Energy Intelligence » pour optimiser l’usage de l’électricité et valoriser les flexibilités 25 - Total lubricants Singapour : la plus grande usine de lubrifiant du monde 27 - Air Liquide, un modèle d’optimisation tourné vers le monde de la finance ? 29 - Engie Lab : visite du site du microgrid SPORE sur l’île de Semakau 32 - Singapore Maritime Gallery : plongée dans l’histoire maritime de Singapour 34 - Contacts 35 - Remerciements & Partenaires I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8 2 SommaireCONTACTS
  • 3. Il va sans dire que l’Asie représente une part conséquente de la consomma- tion énergétique mondiale, de par sa croissance économique et démographique soutenue. On entend encore souvent aujourd’hui parler de la Chine comme étant un acteur majeur de cette croissance, mais l’Asie du Sud-Est, par son positionnement géographique stratégique et sa structure insulaire atypique n’est pas en reste et tient un rôle majeur dans le développement des nouvelles infrastructures énergétiques de demain. C’est pourquoi début mars, la 18ème promotion du Mastère spécialisé OSE s’est rendue pour son voyage d’étude à Singapour, dans le cadre de son voyage de promotion thématique. Pendant les 8 jours passés sur place, les élèves ont pu visiter de nombreuses installations, notamment autour de nombreux sujets comme les microgrids et en particulier sur le thème de cette année : l’hydrogène. Dans ce numéro, nous vous proposons de découvrir les lieux que nous avons eu le privilège de visiter mais également les deux thématiques axées sur l’hydrogène, présentées lors de conférences dans les deux grandes universités de Singapour, National University of Singapore (NUS) and Nanyang Technological University (NTU). Vous retrouverez dans cet article la synthèse des idées présentées en conférence et approfondies dans un livre dédié à l’hydrogène, « Hydrogène, vecteur énergétique de demain ? » écrit par l’ensemble des élèves ingénieurs du mastère OSE qui sera normalement édité fin 2018. Nous souhaitons en premier lieu remercier l’ensemble des personnes sans qui ce voyage n’aurait pas été possible. Tout d’abord, un grand merci aux partenaires et industriels qui nous ont accueillis et ont pris le temps de nous présenter leurs activités, de nous faire visiter leurs installations et d’échanger avec nous sur des sujets variés, aussi bien techniques qu’économiques. Merci aux deux Universités de Singapour pour leur accueil chaleureux et la qualité de l’auditoire aux conférences. Merci au professeur CHAN de NTU pour sa présentation sur l’hydrogène très détaillée qui a su nous conforter dans la rédac- tion de notre livre. Merci à EDF Lab Singapore, Schneider Electric, BeeBryte PTE. LTD., Total, Air Liquide et notamment à l’Ambassade de France à Singapour sans qui ce voyage n’aurait pas été aussi riche et captivant. Merci également à REIDS Energy Reaseach Institute et Engie qui nous ont permis de visiter leur démonstrateur de smart-grid sur l’île de Semakau. Enfin, un grand merci à Gilles Guerassimoff, responsable du MS OSE, et à l’équipe du CMA pour l’exceptionnelle organisation et la préparation de toutes ces visites qui font de ce voyage d’étude une vraie réussite. Laissez-vous à présent guider à travers la diversité du monde énergétique de Singapour et bonne lecture ! Axel FELIZOT I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8 3éditorial
  • 4. État de l’art énergétique de Singapour                          Samuel PETITJEAN       Un pays leader dans le commerce de produits pétroliers mais aussi dans le raffinage et le stockage Située au sud de la Malaisie, la ville-état est à la frontière entre l’océan indien et l’océan paci- fique. Cette localisation stra- tégique a permis le développe- ment de ses activités portuaires à l’échelle mondiale, principale- ment autour du pétrole et de ses produits dérivés. Ces derni- ers constituent la majeure partie des flux énergétiques du pays. En 2016, ils représentent respec- tivement 29,9% et 64,2% de l’énergie importée et la totalité de l’énergie exportée. Le gaz et le charbon viennent compléter les importations [1]. Le pays tient ainsi la place de 1er hub logistique asiatique et 3ème mondial de liquides vracs [2]. La Malaisie, l’Indonésie et la Chine importent à eux seuls plus de la moitié de produits pétroliers provenant de Singapour. Profitant de ces échanges, le pays s’est historiquement développé dans les activi- tés de transformation et donc de raffinage. C’est d’ailleurs pour cette raison que seule u n e t rè s f a i b l e p a r t i e d u p é t r o l e b r u t i m p o r t é e s t exporté (fig. 1). D’après l’AIE, en 2015, environ 1,4 million de barils sont produits par jour dans les 3 raffineries du pays [3]. Pour répondre à cette demande de production d’énergie, Singapour a large- ment développé des solutions de stockage. Aux réserves de l’Île Jurong s’ajoute le stock- age souterrain de 1,47 million de mètres-cubes ainsi que les deux terminaux de stockage de GNL [2]. énergie importée et exportée à Singapour © Energy Market Authority La situation ainsi que la stratégie énergétique de Singapour sont fortement corrélées à sa position géographique et à la faible superficie de son territoire (720 km²). I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8 4 L’énergie à singapour
  • 5. Objectif : développer les filières gaz et PV L a t a i l l e d u te r r i to i re e t l a fo r te d e n s i té d e p o p u l at i o n (8188  hab/  km2 [4]) rendent le développement des énergies re n o u ve l a b l e s, te l l e s q u e l a biomasse, l’énergie hydroélec- trique, la géothermie ainsi que l’éolien, par ticulièrement dif- ficile. Seule l’énergie solaire possède un fort potentiel. Pour cette raison, le gouvernement de Singapour a prévu d’investir fortement dans le solaire photo- voltaïque. L’objectif est de passer d’une puissance installée en 2016 de 71MW à 350MW d’ici 2020 [3]. Malgré cela, la production photo- voltaïque reste pour le moment marginale puisque la puissance électrique totale installée s’élève en 2016 à 13,348GW [1]. La majeure partie de l’électricité est produite à partir de gaz naturel. La valori- sation des déchets arrive en deux- ième place avec 2,5% de l’énergie produite en 2015 [5]. Le développement de la filière gaz naturel est au cœur de la stratégie de Singapour car elle permet de réduire la dépendance aux produits pétroliers et par la même occasion de décarboner le mix énergétique. Les technologies relatives au gaz et au photovolta- ïque font l’objet de nombreuses recherches notamment à l’institut de recherche en énergie solaire de Singapour (SERIS, Solar Energy Research Institute of Singapore). Depuis 2013, le pays produit une partie de son GNL. Avant cette date, la totalité du gaz naturel était importée et provenait de M a l a i s i e e t d ’ I n d o n é s i e p a r pipelines. Mix énergétique pour la production d’électricité © Energy Market Authority Une dynamique d’innovation Outre le déploiement du secteur gazier et du photovoltaïque, le pays mise sur l’efficacité énergé- tique, la gestion intelligente de l’énergie et les nouvelles technol- ogies de stockage. C’est de cette volonté qu’est né le partenariat avec ENGIE. Cette collaboration a rendu possible la construction de l’ENGIE Lab, responsable de nom- breux projets telle l’initiative R E ID S ( R e n e w a b l e s E n e r g y Integration Demonstrator). Ce démonstrateur permet de tester des systèmes énergétiques com- posés de production renouvel- ables et stockage par batterie et hydrogène [6]. G r â c e à s o n i m p o r t a n c e économique et scientifique au sein de la région d’Asie du sud, Singapour est le centre de plus- ieurs programmes visant à faire face aux enjeux de la transition énergétique. I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8 5L’énergie à singapour
  • 6. Récapitulatif Les produits pétroliers sont historiquement au cœur de l’économie de Singapour, aussi bien au niveau des échanges que de l’industrie avec le raffinage. Néanmoins, la cité-état cherche à modifier son paysage énergé- tique et à augmenter son indépen- dance. Pour cela le pays a ciblé le secteur gazier et le solaire photo- voltaïque. En s’associant aux pays voisins ainsi qu’à de nombreux groupes en pointe sur la recher- che, Singapour s’avère être une plateforme innovante et spéciali- sée en efficacité énergétique. Marina Bay Sands Sources : [1] Energy Market Authority, Energy Snapshot of Singapore 2016, https://www.ema.gov.sg/cmsmedia/Publications_and_Statistics/ Publications/ses/2017/snapshot/index.html [2] French Chamber Singapore, Les secteurs énergie et énergies vertes à Singapour, 2017, http://www.fccsingapore.com/fr/ business-services/pourquoi-implanter-singapour/fiche-pays/secteur-energies-energies-vertes [3] U.S. Energy Information Administration, Juillet 2016, https://www.eia.gov/beta/international/analysis.cfm?iso=SGP [4] CIA World Factbook – Version du 23/02/2018 [5] International Energy Agency, Singapour Statistics 2015, https://www.iea.org/statistics/statisticssearch/report/?year=2015&cou ntry=SINGAPORE&product=ElectricityandHeat [6] ENGIE ouvre à Singapour un nouveau Lab dans le domaine de l’énergie verte, 11/07/2016, https://www.engie.com/journalistes/ communiques-de-presse/engie-singapour-nouveau-lab-lenergie-verte/ I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8 6 L’énergie à singapour
  • 7. Conférence NUS : l’hydrogène appartiendra-t-il au réseau électrique de demain ? A l ’o cc a s i o n d e l a p re m i è re matinée du lundi 12 mars, les étudiants du mastère OSE ont été chaleureusement accueillis par le professeur Armin Aberle, directeur du Solar Energy Research Institute of Singapore (SERIS) au sein de l’Université Nationale de Singapour (NUS). Ils y ont présenté l o r s d ’ u n e c o n fé re n c e l e u r s travaux sur l’intégration et les applications de l’hydrogène dans les réseaux électriques. Nous vous invitons, lecteur curieux, à vous reporter à l’article suivant pour en savoir plus sur les échanges qui ont animé cette présenta- tion. La fin de la matinée s’est conclue sur une visite du centre où les étudiants et Eddy Blokken, business manager de l’activité solaire, ont pu échanger sur les travaux du centre. Avant tout, quelques mots sur cette institution : NUS est la plus prestigieuse université de Singapour, créée en 1905 sur une superficie de 150 ha. Elle compte 16 facultés et écoles réparties sur trois campus, Kent Ridge, Bukit Timah et Outram. Les spécialités de l’université comprennent plu- sieurs filières de recherches en ingénierie, en médecine, en bio- technologie, en nanotechnologie, en médecine et dans le commerce international. NUS compte plus- ieurs centres de recherche dont le laboratoire SERIS. Inauguré en 2008, il est le centre national de recherche appliquée dans l’énergie solaire. Financé par le Fonds de Recherche National et l’Université, ce laboratoire autonome concilie R&D, montage de démonstrateurs et inclut une activité de conseil p o u r S i n g a p o u r e t l ’As i e d u Sud-Est portant sur l’intégration des technologies solaires aux réseaux et bâtiments. Ses travaux de recherche se concentrent sur les cellules PV, modules et sys- tèmes. Ces activités concernent aussi bien le développement, l’optimisation et la caractérisa- tion des matériaux utilisés sur les modules que l’amélioration des services systèmes. Le parcours a débuté par la visite du centre de contrôle. Dans cette pièce, plusieurs écrans affichent en temps réel les données recueil- lies chaque seconde par une vaste flotte de capteurs disposés sur les panneaux solaires en toiture et les trente stations météo dissémi- nées sur l’ensemble du territoire. Les capteurs fournissent nombre de données de production et con- sommation des systèmes, quant aux stations, elles renseignent avec précision l’irradiance et autres facteurs météorologiques nécessaires à la compréhension I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8 7JOUR 1
  • 8. des technologies photovoltaïques. Ces données sont exploitées par les chercheurs qui développent des systèmes de suivi de perfor- mance et modèles de prévision de production dans le but de gérer au mieux la ressource solaire présente sur l’île mais égale - ment au-delà, à travers leur rôle de consultant (Asie du Sud-Est principalement). Aujourd’hui, ces modèles offrent un taux d’erreur compris entre 10 et 12 % (Min Square Root). Deux modèles prévi- sionnels sont développés à partir de la modélisation du déplace- ment des nuages. Le premier exploite les données de caméras fish-eye, le second analyse les cartes radar météorologiques. La visite s’est poursuivie dans les laboratoires de production des cellules photovoltaïques où les étudiants ont pu découvrir deux technologies de cellules sur lesquelles mise actuellement le SERIS. La première utilise une technique de dépôt de cuivre pour les jonctions de la cellule. La précision exigée (couche déposée au centième de millimètre) per- mettant de prévenir le phénomène de migration du cuivre dans le silicium impacte lourdement les investissements. Cette technolo- gie, novatrice au laboratoire, offre toutefois des rendements élevés, jusqu’à 24 %. L’autre technique, une des plus c o u r a m m e n t e m p l o yé e d a n s l’industrie, utilise de l’argent plutôt que du cuivre afin de se prémunir contre ce phénomène. Le procédé ainsi simplifié est moins lourd en investissement mais ses coûts d’opération sont plus élevés en raison du prix de l’argent. Nous avons conclu cette visite devant le procédé d’implantation ionique à l’essai au SERIS. Ce procédé largement utilisé dans d’autres industries est ici à l’état de laboratoire pour le PV. Les cher- cheurs s’en servent pour créer un profil de dopage extrêmement précis dans la couche de silicium afin d’offrir des rendements capa- bles de concurrencer les cellules de SunPower, aujourd’hui leader technologique de la filière. A terme, l’enjeu est de reproduire ces cellules dites idéales sur un procédé de diffusion classique et moins onéreux. Il faut le souligner, ces chercheurs sont ambitieux : afin de pénétrer le système énergétique singa- pourien tout en évitant le coût prohibitif du foncier qui rendrait tout projet solaire non viable d’un point de vue économique, ils sou- haiteraient exploiter les surfaces des réservoirs d’eau en installant du PV flottant. Un premier démon- strateur d’une capacité de 2 MW sur le réservoir de Tengeh devrait accélérer le déploiement de cette technologie dans le cadre du pro- gramme SolarNova visant 350 MW de PV d’ici 2020. Par ailleurs, leurs travaux ne se limitent pas au solaire puisqu’ils développent également des cel- lules de production chimique © REUTERS I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8 8 JOUR 1
  • 9. Dans le cadre de la conférence présentée par les élèves du Mastère OSE au sein du laboratoire SERIS de NUS, la problématique de l’intégration de l’hydrogène dans le réseau électrique a été abordée. L’hydrogène, en tant que vecteur énergétique, présente plusieurs atouts face à l’intermittence des énergies renouvelables. Ces dernières, pourtant en constante croissance dans les mix énergé- tiques, s’intégrant dans une pro- duction mondiale d’énergie tou- jours composée à 80% de res- sources fossiles. N’existant pas à l’état naturel, la molécule d’hydrogène doit tout d’abord être produite de façon à utiliser son énergie à d’autres fins. Ainsi, la production est réal- isée à 95% à partir d’énergies fossiles (Gaz : 68% ; Pétrole : 16% et Charbon : 11%) et 5% à partir de l’électrolyse d’énergies renouvelables et du nucléaire ; la méthode la plus répandue étant le vaporeformage du gaz naturel. Néanmoins, La filière doit être développée sur toute sa chaîne de valeur : aussi bien la produc- tion que le transport, le stockage et les usages. Concernant le stockage, il existe des techniques physiques, que sont les stockages par gaz com- primé, sous forme liquide ou cryo- génique. Des techniques de stock- age solides sont également dével- oppées par absorption ou adsorp- tion. La première consiste à cap- turer l’hydrogène comme une éponge, la deuxième le capture à la surface du matériau. Concernant la question du trans- port, il convient de déterminer les moyens les plus adaptés aux différentes applications, à savoir le stockage, la mobilité, le power to gas...? Il existe aujourd’hui un réseau de l’ordre de 5000 km de pipelines d’hydrogène gazeux dont 43% sont exploités par Air Liquide et 25% par l’entreprise américaine Air Products. Certaines contraintes doivent néanmoins être prises en compte. En effet, le coût des matériaux et la main d’œuvre nécessaire à la construc- tion de telles structures ne les rendent pas économiquement compétitives face au gaz naturel. Pour le transport sur de courtes distances, certaines entreprises comme Shell optent pour le trans- por t d’hydrogène gazeux par camion, sur de plus longues dis- tances (supérieures à 200 km) le transport de l’hydrogène liqué- fié est privilégié. Ces deux tech- niques présentent des avantages, mais demandent une infrastruc- ture coûteuse propre à l’état de la molécule (stations de compres- sion ou liquéfaction). Synthèse de la présentation des élèves et électrolyseurs afin de trans- for mer l ’élec tr icité inter mit- tente excédentaire en éthanol et hydrogène. Eddy Blokken imagine que dans un futur proche, des systèmes compacts PV et process produiront de façon décentralisée de l’hydrogène ou de l’éthanol récupérés dans des collecteurs. Nous tenons à remercier Armin Aberle et Eddy Blokken pour leur accueil, et pour nous avoir fait partager le fruit de leurs recher- ches. Nous remercions également les chercheurs du SERIS qui sont venus assister à notre conférence et l’ont rendue interactive. Raphaël CLUET & Adnane HATIM I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8 9JOUR 1
  • 10. Certains projets long-terme plus marginaux, visant à couvrir de plus longues distances, envis- agent le transport par bateaux. C’est le cas du projet en dével- oppement par Kawasaki qui a pour objectif d´assurer la liaison entre l’Australie et le Japon. Quant à la consommation de l’hydrogène, plusieurs applica- tions sont concernées. Le Power- to-X représente la transforma- tion d’électricité en hydrogène, à des fins industrielles, de mobil- ité, de chaleur ou d’électricité, comme présenté sur le schéma ci-dessus. Il présente donc des avantages de flexibilité pour le réseau d’électricité ou de gaz, pouvant en garantir la stabilité. L’hydrogène gazeux ou combiné à du CO2 pour la production du CH4 (Power-to-Gaz) peuvent ainsi être injectés sur le réseau de gaz. En France, des projets comme GRHYD (Dunkerque) et Jupiter 1000 (Fos sur mer) étudient la faisabilité et la per tinence économique de projets Power- to-X. Les rendements tournent autour de 66% dans le cadre d’un projet Power-to-Gaz sans stock- age d’énergie et de 26% pour un projet Power-to-Power. Au cœur de la conférence, la place de l’hydrogène dans le réseau électrique a été évoquée, notam- ment dans les microgrids. La flex- ibilité de la molécule permet de pallier l’intermittence du réseau, garantissant sa stabilité. Elle assure un stockage moyen/long- terme en remplaçant les généra- teurs diesel. Comme pour le Power-to-X, certains projets dans le monde visent à tester l’impact de cette technologie sur le réseau électrique, dont : • SPORE à Singapour • Mafate sur l’île de la Réunion • Myrte en Corse De même, l’hydrogène peut être envisagé pour des applications résidentielles. Il permet de gérer la congestion du réseau durant les périodes de pointe ainsi que d’éviter la surcharge des infra- s t r u c t u re s. C ’e s t l e c a s, p a r exemple, du projet Dunsfold au Royaume-Uni qui fournit une puis- sance de 1,5MW à 2500 maisons sur un système Power-to-Power. D’autres applications peuvent également être intéressantes à grande échelle. Après l’accident de Fukushima en 2011, le Japon a décidé de mettre fin à sa filière nucléaire. Cela a impacté directement le mix énergétique du pays, faisant baisser son taux d’indépendance énergétique de 20 à 5%. De ce fait, le gouver- nement japonais a mis en place un plan de déploiement de la filière hydrogène dans le pays, la « Société Hydrogène ». Ce plan se déroule en trois phases, la dernière étant la production et l’utilisation d´hydrogène 100% décarboné : • jusqu’à 2020 : expansion des usages dans le résidentiel et le transport • 2020 à 2040 : produc tion d e l ’é n e r g i e à p a r t i r d e l’hydrogène • à partir de 2040 : production et consommation d’hydrogène décarboné Le pays envisage aussi d´être la référence mondiale de la filière, dont les Jeux Olympiques de Tokyo 2020 seront la vitrine. Différents usages de l’hydrogène I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8 10 JOUR 1
  • 11. L’h y d r o g è n e e s t -i l v r a i m e n t u n vec teur d’énergie durable ? A ce jour, 90% de la production globale d’hydrogène se fait à partir de ressources fossiles, ce qui ternit fortement l’image verte de la filière liée à son association aux énergies renouvelables. U n e i n i t i a t i v e e u r o p é e n n e , Certifhy (figure page suivante), a été menée de façon à contrôler la provenance de l’hydrogène, qui peut être qualifié de gris, faible- ment émetteur ou de vert. Au-delà de la problématique règle- mentaire, il existe des exigences économiques pour que la filière soit compétitive à l’horizon 2050 : • Réduction des CAPEX d’un facteur 2 • Un bas prix d’électricité pour la production d’hydrogène à partir des EnR Aujourd’hui, le coût du Power- to-Gas étant dix fois plus élevé que celui du le gaz naturel, des politiques incitatives sont donc nécessaires afin de faire émerger la filière. De manière à comprendre les facteurs qui permettraient cette émergence, des études prospec- tives ont été analysées dans lesquelles différents scénarios ont été modélisés. Ces études se concentrent sur trois échelles différentes, l’Europe, la Belgique e t l ’ I l e M a u r i c e. E n f a i s a n t varier des paramètres comme la demande, le volume d’échange via les interconnexions, le déploie- ment des énergies renouvelables (PV, biomasse, éolien), la filière hydrogène ne s’avère intéressante qu’en imposant des contraintes fortes sur les émissions de CO2 . De plus, les secteurs dans lesquels Emissions de gaz à effet de serre de la production d’hydrogène © Shell Hydrogène dans les Jeux Olympiques de Tokyo en 2020 © Tokyo metropolitan government I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8 11JOUR 1
  • 12. le déploiement de l´hydrogène est privilégié sont l’industrie et le transport. Ainsi, même si la technologie hydrogène permet de s’intéresser à un bon nombre d’applications, cette filière nécessite toujours de forts investissements afin de devenir compétitive et partie inté- grante des mix énergétiques. A l’instar des énergies renouvel- ables, l´hydrogène pourrait donc à son tour trouver sa place dans le réseau électrique de demain. Daniel ERBESFELD & Lise ADEGNON Vue schématique du processus de certification d’origine de l’hydrogène Présentation par les élèves du Mastère OSE au sein du laboratoire SERIS de NUS I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8 12 JOUR 1
  • 13. Le lundi 13 mars après-midi, nous avons été accueillis par le pro- fesseur CHAN à l’université NTU (Nanyang technology university). Mr. CHAN Siew Hwa est le co- directeur du laboratoire Energy Research Institute à NTU (ERI@N) et le directeur adjoint de Maritime Institute (MI@NTU). Il a débuté ses recherches académiques dans le domaine de la combustion dans les moteurs d’engins militaires puis, à partir de 1997, il a tra- vaillé sur les piles à combustible (SOFCs). Mr. Chan a publié plus de 170 articles scientifiques. Il est Président du 1er programme de la convention mondiale sur les tech- nologies de l’hydrogène (WHTC) à Singapour. Son laboratoire est spécialisé dans la thématique des piles à combustible avec une attention particulière portée à la mobilité par hydrogène. Il confie également travailler en collabo- ration avec le CEA sur la tech- nologie SOFC (Solid oxide fuel cells) qui est une pile à combus- tible prévue pour les applications stationnaires fonctionnant à très haute température (450-1000°C). Mr. CHAN travaille également sur les électrolyseurs qu’il estime être des technologies de production d’hydrogène encore trop coû- teuses et à faible rendement. Cependant, il a évoqué l’idée de valoriser la chaleur fatale des industries par l’intermédiaire d ’ u n e n o u v e l l e t e c h n o l o g i e d’électrolyse, nommée SOEC (solid oxide electrolyzer cell), qui peut avoir un rendement compris entre 85 et 119%, contre 55 et 83% pour l’électrolyse alcaline ou PEM. Combiner les technologies SOEC et SOFC permettrait d’aboutir à un nouveau système énergétique efficient : le « Power  + Heat to Power ». M r CHAN a fait par t de son étonnement par rapport au poten- tiel inexploité de chaleur fatale Conférence NTU : l’hydrogène est-il la solution pour une mobilité durable ? Schéma du principe de fonctionnement « Power+heat to Power » © NTU I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8 13JOUR 1
  • 14. des centrales nucléaires fran- çaise. Il a également mis en avant le potentiel de Singapour pour le déploiement de champs PV flot- tants sur les surfaces d’eau dis- ponibles afin de produire de l’H2 vert. Malheureusement, le gou- vernement singapourien n’est pas favorable à la production d’H2 sur le territoire pour des raisons de sécurité étant donné la densité démographique du pays. Néanmoins, l’hydrogène est déjà produit en grande quan- tité (3000  kgH2 /h) dans les trois grandes raffineries de Singapour (dont une est la 3ème plus grande du monde). A u n e é c h e l l e p l u s g l o b a l e, Mr. CHAN est l’organisateur d’un congrès annuel « HYPOTHESIS XIII » dont le but est d’assurer une veille technologique de la filière hydrogène auprès des industries, des laboratoires et des autorités gouvernementales. Cette année, ce congrès aura lieu à Singapour du 24 au 27 Juillet. Chaimaa ELMKADMI & Florian ROUOT S u i t e à l a p r é s e n t a t i o n d u Professeur Chan, les élèves du mastère OSE ont présenté en 45 minutes une synthèse de leur travail sur l’hydrogène et son application à la mobilité. Après avoir mis en avant la part impor tante des émissions de CO2 dues à la mobilité, les dif- férentes sources de production d’hydrogène ont été présentées. Cette molécule est produite à 95 % à partir d’énergies fossiles et à 5% à partir de sources élec- triques, avec des coûts de pro- duction allant de 2,5$/Kg à 12 $/ kg. Les deux possibilités de stock- age ont également été abordées, le stockage physique comprimant l’hydrogène jusqu’à 700 bars dans un réservoir et le stockage dans des matériaux utilisant des procé- dés d’absorption et d’adsorption. Les technologies de transport par pipeline, par camions et par bateaux ont ensuite été dével- oppées. Pour finir la première partie, les systèmes de Power to X ont été exposés. Le power-to-gas injecte de l’hydrogène produit à partir d’un électrolyseur ou du méthane dans le réseau. Synthèse de la présentation des élèves Les différentes structures de motorisation faisant intervenir l’hydrogène I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8 14 JOUR 1
  • 15. Quant au Power to Power, il com- plète ce procédé en retransfor- mant l’hydrogène en électricité à l’aide d’une pile à combustible. Durant la deuxième par tie de la présentation, la place de l’hydrogène dans le secteur de la mobilité a été étudiée plus en détail. Parmi les différen- tes structures de motorisation faisant intervenir l’hydrogène, on retrouve celles avec moteur ther- mique, peu répandues, et celles avec moteur électrique. Dans ces dernières, la pile à combustible est soit reliée à une batterie, soit directement reliée au moteur. Les différentes options pour les stations de ravitaillement ont ensuite été exposées. L’hydrogène peut être produit hors ou sur site et stocké dans des stations existantes ou spécifiquement dédiées. Après avoir défini la notion d’écosystème, les exem- ples du village olympique prévu pour les jeux de Tokyo en 2020 et les aéroports de Tokyo et d’Osaka ont ensuite été développés. Les limites et perspectives ont fait l’objet de la dernière partie. Le développement de la filière dépend d’une part des émissions de CO2 réalisées lors de la produc- tion et d’autre part de l’évolution des coûts de la technologie. Afin d’assurer un faible impact envi- ro n n e m e nt a l, d e s ce r t i f i c at s d’origine, comme le propose le projet européen Certifhy, peuvent être mis en place. Enfin l’analyse d’études prospectives à l’échelle nationale, avec la Belgique, et inte r nati on al, avec l ’Euro pe, montre que c’est en particulier le transport par fret ainsi que l’augmentation des investisse- ments qui devrait permettre le développement de la filière. La conférence s’est clôturée par des questions entre l’audience et les élèves. Les auditeurs, déjà spécialistes en hydrogène, ont notamment abordés la question de la sécurité et les différents projets européens en cours. Nous tenons à remercier le pro- fesseur Chan pour son accueil et son partage d’expérience dans le domaine de l’hydrogène ainsi que tous les participants à la con- férence pour le dynamisme qu’ils ont apportés aux échanges avec les élèves. Samuel PETITJEAN & Thomas BAZIRE Présentation par les élèves du Mastère OSE au sein de NTU I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8 15JOUR 1
  • 16. EDF Lab désormais à l’assaut des smart city et des microgrids en Asie du Sud-Est Le matin de la deuxième journée les élèves du Mastère OSE ont v i s i té l e Ce nte r o f B u i l d i n g Research dans lequel siège EDF Lab Singapore. A l’entrée du bâti- ment nous avons traversé une galerie présentant un panorama de l’histoire urbaine singapou- rienne qui nous a plongé dans les méandres du développement des logements de 1963 à 2014, couvrant ainsi l’évolution des espaces verts, l’environnement, les déchets et l’eau, la technol- ogie et l’énergie. A EDF Lab qui se situe au 1e étage du bâtiment nous avons été accueillis par un ancien OSE, promotion 2016 : Geoffrey Orlando qui vient juste de rejoindre l’équipe d’EDF Lab et le directeur du laboratoire Maxime CASSAT qui nous a présenté les axes principaux de recherche du laboratoire. Il nous a indiqué qu’en 2013 le groupe EDF souhaitant ren- forcer sa présence en Asie du sud a créé la division Recherche et Développement Singapour. La ville-Etat a fait appel à eux EDF R&D pour développer un outil d’aide à la décision pour la gestion et la planification urbaine. L’évolution de la population sin- gapourienne connaît croissance raisonnée (+ 1,45% l’an dernier) dans un espace limité qui néces- site donc des plans d’action pour un développement durable de la ville. Cette mission dédiée à l’Agence p u b l i q u e d u l o g e m e nt ( H D B Housing and Development Board) en charge de 83% des logements a confié à EDF le développement d’une plateforme 3D de modélisa- tion de l’impact des politiques de planification à plusieurs échelles temporelles (court, moyen et long terme avec un horizon de 20 ans) sur les différentes composantes de la ville, notamment la con- ception des bâtiments, la gestion de l’eau et des déchets (collab- oration avec Veolia), la gestion des espaces verts et du transport. Le but est d’une part de conce- voir des quartiers intelligents résilients et durables et d’autre part de faciliter les discussions entre les autorités singapouri- ennes et les partenaires indus- triels. L’approche systémique de modélisation consiste à conce- voir des typologies de bâtiment pour construire un plan tridimen- sionnel de l’espace étudié. Sont ensuite construits des courbes de charges ainsi que des scénarios d’évolution de la population et des technologies comme la cli- matisation, les ampoules LED... Cet outil d’aide à la décision peut être adapté à différents cas notamment pour les plans de planification (Master Plan) à grande échelle, pour les diagnos- tics visant à améliorer les plans ciblés comme défaillants, et enfin pour les bâtiments. M. CASSAT a cité une étude concrète : l’arrondissement de Yuhua, Jurong East pour lequel EDF a recommandé pour trois scénarios de développement : • D urable : une augmenta- tion de 10% de la production d’électricité PV, et une baisse de 12 % de la consommation via des actions d’efficacité énergétique. • Smart : Gestion de l’énergie dans les logements. • Résilient : Recours à d’autres sources d’énergie. M. CASSAT a également présenté l e s a u t r e s p r o g r a m m e s d e I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8 16 JOUR 2
  • 17. recherche et d’apprentissage avec des projets innovants réal- isés en partenariat avec plus- ieurs universités (NTU,SUTD,NUS et l’école de commerce ESSEC ). Dans ce cadre, le projet New Urban Kampung a été dével- oppé avec Singapore University of Thechnology and Design per- mettant d’ajouter des fonction- nalités comme le niveau de la qualité de vie incluant le bruit et les services écosystémiques, le but étant de formuler des indica- teurs à partir d’enquêtes sur la population singapourienne. De plus les avancées du Big Data per- mettent d’extraire l’information nécessaire à la prise de décision. M. CASSAT a conclu son propos en évoquant un projet de démon- strateur de Microgrid MASERA (Microgrid for Affordable and Sustainable Electricity in Remote Areas) dans le contexte du pro- gramme REIDS (Renewable Energy Integration Demonstrator). Son objectif est de développer un système de gestion d’énergie fiable en maximisant le product- ible (provenant de plusieurs sources d’énergies et de stock- age) et minimisant les pertes via un système d’information opti- misé et centralisé. Les échanges entre les étudi- ants et le direc teur du Labo ont été fructueux et enrichis- sants, portant sur les diverses thématiques au cœur des problé- matiques énergétiques de l’Asie du Sud-Est, à savoir notamment la conception, l’architecture et l’intérêt des M icrogrids dans des zones insulaires de la région (Indonésie, Philippine, Malaisie) et la compétitivité de ces derni- ers face au développement futur du réseau électrique dans un mix énergétique basé principalement sur le charbon. Nous tenons à remercier vivement tous les membres de l’équipe EDF Lab Singapor et notamment Maxime Cassat et Geoffrey Orlando pour le temps qu’ils nous ont con- sacré lors de la visite. Yacine ALIMOU Présentation de l’EDF Lab Singapour par M. CASSAT I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8 17JOUR 2
  • 18. Schneider Electric : quel avenir pour les microgrids en Asie du Sud-Est ? Schneider Electric, le spécialiste mondial en gestion de l’énergie et en automatisation, présent dans plus de 100 pays, dével- oppe des solutions énergétiques de microgrid destinées aux sites isolés d’Asie du Sud-Est, région où l’élec tricité n’est souvent pas fiable. En 2016, cette région représentait environ 27% des revenus de Schneider Electric dans le monde. L’Indonésie, avec un marché de l’électricité en pleine expansion, est le plus grand parte- naire de Schneider Electric en Asie. Thomas Polliand, Microgrid Business Developer de la branche Energy Business – Asia, nous a accueilli au siège de Schneider Electric à Singapour pour nous présenter les activités du groupe français dans cette région. La maxime de Schneider Electric, «  plus d ’élec tr icité, digitali- sée, décarbonée et décentrali- sée » est parfaitement applica- ble à leurs activités microgrid en Asie du Sud-Est. En effet, le microgrid présente plusieurs par- ticularités intéressantes : c’est un réseau électrique de petite taille, décentralisé et fournissant une électricité sûre et bon marché à partir d’énergies renouvelables. Il existe trois types de microgrid, chacun ayant des spécificités bien définies : • Les microgrids dits « off-grid » ; ces microgrids ne se con- nectent jamais au macrogrid et opèrent en totale indépen- dance par rapport au réseau principal en raison de prob- lèmes économiques ou à cause de leur position géographique. Généralement, ce type de microgrid est construit dans des zones éloignées de toute infrastructure de transport et/ ou de distribution et, par con- séquent, n’a aucun lien avec le réseau principal. Ce type de microgrid est principalement développé en Indonésie. • Les microgrids dits « grid- tied » ; ce type de microgrid est entièrement connec té a u ré s e a u p r i n c i p a l. Ce s microgrids sont généralement installés dans des zones où le réseau électrique principal est fiable, comme c’est le cas à Singapour. • Les microgrids dits « island- able » ; ce type de microgrid ressemble fortement au précé- dent, la seule différence rési- dant dans le fait qu’en cas d’accident sur le réseau prin- cipal à cause de la météo par exemple, le microgrid peut se déconnecter et passer en mode îlotage. Ces microgrids ont trouvé leur place sur le marché, notamment en Thaïlande. Le business model d’un projet m i c r o g r i d p o u r S c h n e i d e r Electric est simple : Schneider ne fait pas de financement inté- gra l d e m i c ro gr i d m a i s a gi t plutôt comme un fournisseur de technologies (produits et solu- tions). Ainsi, Schneider Electric offre à ses clients deux solu- tions de contrôle des microgrids basées sur une même technolo- gie IoT développée en interne, la plateforme ouver te intero- pérable EcoStruxure™. La pre - m i è r e s o l u t i o n e s t u n E M S (Energy Management System) qui permet d’optimiser, à partir de prévisions portées sur le Cloud, les périodes de consommation, de production, de stockage ou de vente d’énergie (précision pouvant aller jusqu’à la minute). I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8 18 JOUR 2
  • 19. Ce t te p re m i è re s o l u t i o n e s t par ticulièrement adaptée aux microgrids de type « grid-tied » et « islandable », dont la capac- ité est comprise entre 100 kW et 20 MW. L’autre solution de con- trôle des microgrids est un PMS (Power Management System). Cette solution, plus adaptée aux microgrids de type « off-grid » présentant plusieurs sources d’énergies distribuées, permet d’assurer en temps réel la stabil- ité du microgrid en équilibrant la production, la consommation et le stockage grâce à un système d’acquisition et de contrôle de données (précision de l’ordre de la seconde à la milliseconde). En collaboration avec ENGIE, S c h n e i d e r E l e c t r i c d é v e l - oppe un PMS pour le projet SPORE (Sustainable Powering of Off-Grid Regions) au sud de S i n g a p o u r, p r é c i s é m e n t s u r l’île de Semakau. Cette initia- tive intègre le projet REIDS (Renewable Energy Integration D e m o n s t r a t o r i n S i n g a p o re ) d i r i g é e p a r l ’ U n i v e r s i t é d e Technologie de Nanyang (NTU) avec un consortium de parte - naires. Le REIDS représente le plus vaste microgrid d’énergie renouvelable multi-fluide, inté- grant la plus grande turbine éoli- enne de Singapour, des panneaux p h o tovo l t a ï q u e s a i n s i q u’ u n stockage par batterie. Le REIDS est également censé être flexi- ble et adaptable aux besoins des populations locales. N é a n m o i n s , l ’ i n t r o d u c t i o n massive d’énergies renouvel- ables dans le microgrid pose quelques problèmes du fait de leur intermittence, notamment en ce qui concerne la fréquence et la tension sur le réseau. Ainsi, Tushar Menon nous a présenté une solution innovante dével- o p p é e p a r S c h n e i d e r p o u r s’affranchir de cette limite de 30% de pénétration de renouvelable sur le réseau tout en assurant la stabilité du microgrid : les ondu- leurs VSG ( Virtual Synchronous Generators en anglais). Le prin- cipe, rappelé sur la figure ci-des- sous, est simple. L’onduleur VSG, en imitant le comportement d’un groupe électrogène, permet de démarrer le microgrid. Equipé d’une batterie pour effectuer un lissage de la puissance, l’onduleur VSG offre une inertie synthétique au microgrid. Les groupes élec- trogènes en parallèle peuvent être éteints lorsqu’un taux suf- fisant d’énergies renouvelables a été atteint sur le réseau. Nous tenons à remercier très c h a l e u r e u s e m e n t T h o m a s Polliand ainsi que Tushar Menon pour leur accueil et leurs présen- tations très enrichissantes. Haris Djoubri Thomas Polliand présentant l’activité microgrid de Schneider Electric en Asie du Sud-Est Schéma de principe du VSG dans le microgrid © Schneider Electric I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8 19JOUR 2
  • 20. Singapore City Gallery : l’histoire d’une ville en perpétuelle évolution Singapour est un des 3 états sou- verains au monde avec Monaco et le Vatican. Sa surface est 17 fois plus importante que celle de Paris et abrite 5,6 millions d’habitants. La Singapore City Gallery offre une lecture intéressante de la con- struction de cette ville-Etat au développement unique, de part sa métamorphose remarquablement rapide qui s’est opérée depuis son indépendance, le 9 août 1965. Au premier étage de cet édifice se trouve une maquette du centre de Singapour permettant de se rendre compte de la densité de la ville (top 5 des pays les plus densément peuplés) avec ses nombreuses tours, mais aussi de la présence non négligeable d’espaces verts. La ville continue à se dessiner aujourd’hui et de nombreuses tours sont actuelle- ment en construction. Une urbanisation verticale : détru- ire e t reconstruire ou conser ver ? Face à la problématique d’espace restreint de la ville avec un développement démographique significatif, le gouvernement Singapourien s’est posé la ques- tion de détruire et reconstru- ire les bâtiments, ou à l’inverse de conserver l’existant. Certains quar tiers historiques, datant Maquette du centre de Singapour (représentant seulement 2,3% du pays) I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8 20 Jour 3
  • 21. des années 1800-1900 comme Chinatown, Little India ou encore Kampong Glam ont conservé leur architecture. En revanche de nom- breux autres quartiers ont été détruits puis reconstruits dans le but d’optimiser le peu d’espace disponible. En plus de certains bâtiments, plusieurs arbres ont été conservés, offrant à la ville de nombreux espaces ombra- gés. Singapour est un exemple d’architecture, ayant réussi à concilier urbanisation massive et espaces verts. Il est à noter que cette île présente le plus haut taux de propriétaires de logements au monde, s’élevant à 89%. Par ailleurs, 85% des loge- ments sont conçus et gérés par le Housing Development Board. Quel dynamisme économique ? Singapour est l’un des trois plus grands pays expor tateurs de pétrole au monde, avec 94 mil- lions de tonnes de pétrole expor- tées en 2016 (BP Statistical Review of World Energy, 2017). Cette ville-État est une plateforme aéropor tuaire incontournable d’Asie avec son port qui est le deuxième port de conteneurs au monde. En 2008, les recettes des industries marines et offshores ont connu une augmentation de 18,8 milliards de dollars, avec l’emploi de plus de 70 000 per- sonnes (Economic Development Board 2010). Changi Airport est quant à lui le 5ème plus grand exportateur de cargos au monde. Singapour a également réussi à développer une expertise dans l’aérospatial en se hissant au rang de numéro 1 asiatique. C’est aussi un pôle important en recherche et développement avec notamment la présence de deux des meilleures universités asiatiques qui sont la National University of Singapore (NUS) et Nanyang Technological University (NTU). L’activité industrielle de Singapour est concentrée sur Jurong Island, île ar tificielle créée dans les années 2000 au Sud Ouest du pays. Cette île figure aujourd’hui dans le top 10 des plus gros hubs pétrochimiques au monde avec notamment la présence de Shell, ExxonMobil, Chevron, DupontTM, BASF, Sumitomo Chemicals, ou encore Mitsui Chemicals. Déche ts e t eau, quelle gestion ? A quelques kilomètres de là, une île du nom de Semakau héberge les déchets des Singapouriens. 57% des déchets du pays sont recyclés et 41% sont incinérés dans 4 incinérateurs qui per- m e t te nt d e p ro d u i re 3 % d e l’électricité consommée locale- ment. L’objectif du gouvernement est d’atteindre 70% de déchets recyclés d’ici 2030. Les cendres issues de l ’incinération sont mises en décharge à Semakau.Carte interactive à la Singapore City Gallery I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8 21jour 3
  • 22. L’approvisionnement en eau est un vrai problème à Singapour puisqu’elle est majoritairement importée de Malaisie. Cependant, le pays essaye de développer des unités de désalinisation de l’eau de mer et des procédés de recyclage des eaux usées pour produire de l’eau potable. 3 unités de ce type sont aujourd’hui en fonctionnement à Singapour, permettant de répondre à 30% des besoins en eau de la ville. L’u n d e r g r o u n d , u n e s o lu t i o n e n or ? Le sous-sol singapourien est largement utilisé jusqu’à 150m de profondeur. Il se découpe en plu- sieurs strates : • De 1 à 3m de profondeur, on retrouve les réseaux d’eaux usées et de gaz, mais aussi les tunnels piétons • De 5 à 10m se trouve le Common Services Tunnel du quartier de Marina Bay qui abrite des câbles de télécom- munication, des lignes élec- triques et d’autres utilités • De 15 à 20m sous terre circule le métro, utilisé par plus de 2 millions de personnes • De 20 à 60m, se dessine le réseau profond de déchets et d’eaux usées de la ville sur 48km • A 150m, il existe les Jurong Rock Caverns qui se compo- sent de 9 caves de stockages de 9 étages et de 340m de long, soit l’équivalent de 70 terrains de foot. Ces caves permettent de stocker les munitions de l’armée. Quel modèle politique ? Singapour apparaît comme une ville admirable sur de nom- breux plans si l’on s’en tient à la vision offerte par la Singapore City Gallery. Cependant, il ne faut pas oublier que Singapour est dirigé par le même gouvernement depuis son indépendance, issu du People’s Action Party (PAP), qui est qualifié de démocratie autori- taire où l’opposition peine forte- ment à exister… Nalini GASCON Une des nombreuses salles de la Singapore City Gallery avec des cartes interactives I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8 22 JOUR 3
  • 23. BeeBryte : l’« Energy Intelligence » pour optimiser l’usage de l’électricité et valoriser les flexibilités Pour la troisième matinée du voyage, nous avons visité les bureaux de la start-up franco-sin- gapourienne BeeBryte, représen- tée par Elodie Hecq, ingénieure commerciale. Cette dernière nous a présenté les produits et ser- vices commercialisés par BeeBryte dans le secteur de l’«  Energy Intelligence » appliquée au bâti- ment tertiaire et à l’industrie. Qu’est-ce que BeeBry te ? BeeBryte, c’est avant tout une star t-up française incubée à Singapour : c’est le 4ème projet d’un duo de polytechniciens, le premier qui soit technique, les précédents étant des fonds d’investissements durables. C’est aussi une entreprise multinatio- nale : outre son siège à Singapour, qui héberge entre 1 et 2 équiv- alents temps plein (près d’une dizaine de personnes sont atten- dues dans les semaines à venir !), BeeBr yte a créé un centre d e re c h e rc h e e t d é ve l o p p e - ment à Lyon (France) où travail- lent une douzaine de personnes. L’entreprise se rémunère par un pourcentage sur les économies qu’elle fait réaliser à ses clients. Comment BeeBryte crée de la valeur ? Cette start-up se base ainsi sur les technologies de machine - learning et de data analytics pour fournir au client une com- préhension et une analyse fine de ses consommations d’électricité. Ces algorithmes, alimentés par les données issues d’un jeu de capteurs instrumentant les sys- tèmes énergétiques, permettent de connaître et visualiser, en temps réel les consommations, et même les anticiper par analyse prédic- tive. A l’extrême, selon l’option commerciale choisie par le client, BeeBryte peut même piloter à dis- tance l’arrêt ou la réduction de certains équipements afin de val- oriser des flexibilités. Le plus haut niveau d’offre de BeeBryte à ses clients est l’option Hive Supply, où BeeBryte agit alors comme fournisseur d’électricité. D a n s c e t t e c o n f i g u r a t i o n , BeeBryte assure à son client un prix fixe de l’électricité, au-des- sous du prix moyen du marché. Pour ce faire, la start-up valo- rise les capacités d’effacement d’un pool de clients pour éviter d’acheter de l’élec tricité aux heures de pointe où celle-ci est chère. BeeBryte revend même les Offres commerciales de la start-up Bee Bright I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8 23jour 3
  • 24. Photo de la promotion en compagnie d’élodie Hecq I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8 24 JOur 3 « blocs d’effacement » sur ces pointes pour engranger des béné- fices permettant de garantir un prix bas aux clients le reste de l’année. En termes financiers, la start-up achète son électric- ité sur le marché des futures, moins coûteux que le marché spot, et couvre son risque avec l’effacement/stimulation (« load- shifting ») puisqu’elle a la maî- trise dessus (option Hive Optimal). Questions-Réponses avec Elodie Hecq Est-ce que le poste informatique dans le tertiaire de bureaux peut participer à la flexibilité ? Malheureusement, cela reste très difficile : l’interfaçage logiciel est excessivement compliqué à mettre en œuvre pour commander ces systèmes. En réalité, les architec- tures logicielles sont très variées à l’échelle d’un même parc infor- matique, il est donc impossible de standardiser, et les coûts explosent donc, rendant le projet non-rentable. Pensez-vous qu’il soit possible d’adapter l’optimisation finan- cière de ces solutions à une optimisation sur le critère du carbone ? En pratique, les prix élevés de l’électricité sont liés au démar- rage et au fonctionnement de cen- trales thermiques fossiles, donc le signal-prix prend déjà en compte l’intensité carbone de l’électricité sans que cela soit clairement mis en avant. Les optimisations financière et carbone vont donc ensemble. Que pensez-vous de la concur- rence potentielle avec des géants comme Schneider Electric qui pro- curent d’ores et déjà des services énergétiques ? Il est vrai que la concurrence peut paraître évidente, mais en réalité des entreprises de ce type, c’est- à-dire plutôt focalisées et spé- cialisées sur le hardware, sont moins efficaces et surtout moins rentables sur les services éner- gétiques, qui nécessitent plutôt une couche d’intelligence logici- elle (software). L’ensemble des élèves du mastère OSE tient à remercier très chal- eureusement Elodie Hecq et, à travers elle, BeeBryte, de nous avoir accueillis, présenté les activités de la start-up avec un tel niveau de détail, et répondu à toutes nos interrogations. Romain SAINT-LéGER
  • 25. Total lubricants Singapour : la plus grande usine de lubrifiant du monde En 2015, Total mettait sur pied sa plus grande usine de lubrifi- ant au monde à Singapour. Avec une capacité de production de 310 000 tonnes par jour, l’usine de 425 employés permet au groupe de renforcer sa position sur le marché asiatique où il est déjà présent dans 27 pays avec 25% des parts de marché. Après une introduction des consignes de sécurité et des principales carac- téristiques du site, M. Kok Choy NG, responsable du département logistique marine nous a présenté les installations à travers une visite de l’ensemble de la chaine de production. En choisissant Singapour, Total a une nouvelle fois prouvé son attachement pour l’excellence opérationnelle et son goût pour l’optimisation. Selon M. Kok Choy NG, la force de l’usine réside dans son automatisation quasi-com- plète que nous avons pu observer depuis le chargement des matières premières, jusqu’aux procédés de mélange et de conditionnement. Cette automatisation est permise par un procédé simple qui se résume au mélange d’une huile de base et d’additifs spécifiques selon les usages (maritimes, auto- mobiles, engins de chantiers etc.). Dans l’usine, les robots, charriots élévateurs automatiques et sys- tèmes de contrôles automatiques sont partout. Les ouvriers, tech- niciens et ingénieurs surveillent et guident l’immense machine du bout des doigts, depuis les centres de contrôle de chaque atelier. Les règles de conduite très strictes et les nombreuses innovations ont permis à l’usine d’obtenir les certifications ISO 9001, 14001 et 18001 et de pro- poser un ratio production/surface quatre fois supérieur aux instal- lations du même type. Bien qu’omniprésente, la produc- tivité n’est pas la seule préoc- cupation des employés. Pour s’assurer une clientèle fidèle et gagner 27 championnats du monde de formule 1, Total n’a pas d’autre choix que de garantir la meilleure qualité de ses lubrifi- ants. A Singapour, elle est con- trôlée directement à la sortie des mélangeurs. Chaque litre produit séjourne dans un réservoir tampon d’où sont prélevés les échantil- lons pour analyse au laboratoire. En salle d’analyse, les chimistes ont pu nous présenter les dif- férents tests effectués comme le contrôle de la composition, de la viscosité ou encore de la capac- ité de l’huile à se séparer de l’air et de l’eau. Site de production de Total à Singapour © Total Media I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8 25jour 4
  • 26. En cas d’anomalie, les techniciens peuvent ajuster directement la formule de mélange depuis le lab- oratoire ou renvoyer la totalité du réservoir en début de chaîne pour dissolution et formation d’un mei- lleur mélange. Nous avons égale- ment visité l’entrepôt de stockage des échantillons où ils sont con- servés pendant 1 an et demi et permettent de contrôler les récla- mations des clients. Si le challenge réside principale- ment dans le management et la logistique, l’énergie n’est pas tout à fait étrangère aux perfor- mances de l’usine. Le climat de l’île lui permet d’économiser un réchauffage couteux pour fluidifier les huiles. Autre lien avec l’énergie : la dépendance de la production aux prix du pétrole brut. D’après M. Kok Choy NG, l’usine observe un record de commande et une compétition plus sévère avec les concurrents lorsque les prix du pétrole augmentent. La sécurité d’approvisionnement n’est toute- fois jamais mise en péril puisque le site se fournit aussi bien en interne qu’auprès de ses concur- rents (Shell, BP ou Exxon). Enfin, l’électricité est l’unique source d’énergie de l’usine, la rendant très vulnérable aux délestages. Mais la stabilité record du réseau singapourien lui permet de se passer de générateurs diesel : en cas de coupure, l’usine se repose sur un stockage de produits finis re p ré s e nt a nt 2 s e m a i n e s d e production. Bien qu’à son niveau optimal, la masse salariale n’est pas à son maximum. L’usine ne fonctionne actuellement qu’en « deux-huit », ce qui lui permet toutefois une certaine réactivité notamment quand la demande augmente significativement. L’ensemble de la promotion tenait à remercier tout particulièrement Kok Choy NG, See-Beng TANG, Ivan LOH et Ana COSCOLLUELA pour l’accueil qui nous a été réservé à l’Usine de lubrifiant TOTAL. Louis POLLEUX Photo de la promotion en compagnie de M. Kok Choy NG. I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8 26 jour 4
  • 27. Air Liquide, un modèle d’optimisation tourné vers le monde de la finance ? Jeudi 15 mars nous avons été reçus à Air Liquide Singapour (ALS) par M. Ferreol De La Tullaye, responsable énergie d’Air Liquide en Asie depuis plus de 10 ans. ALS est un cluster asiatique du groupe comprenant 8 pays, et est le leader des compagnies indus- trielles de gaz en Asie du Sud- Est. Il emploie près de 800 per- sonnes, reconnues pour leur haut niveau d’expertise dans la four- niture de gaz comme l’oxygène (O2 ), l’azote (N2 ), l’hydrogène (H2 ) ou le monoxyde de carbone (CO). ALS propose des solutions pour les petites et grandes indus- tries comme à Jurong Island où le groupe a investi plus de 280 millions d’euros au cours des dernières années. La présenta- tion de l’entreprise commence par une vidéo de marketing futuriste du programme Smart Innovation à Kuala Lumpur. Elle met en avant les avancées technologiques au service de l’optimisation industri- elle sur le point de vue technique, avec l’utilisation de « Google- Glass  » ou encore de tablettes tactiles afin de suivre au mieux les opérations de maintenance et d ’améliorer l ’organisation d e l a m a i n t e n a n c e p r é d i c - tive. Nous sommes cependant rapidement passé à la seconde partie, l’optimisation financière, et en particulier de la fourniture (sourcing) et des risques liés aux marchés de l’énergie. En effet, l’énergie représente près de 85% des coûts d’Air Liquide dont 27 TWh en électricité et 92 TWh en gaz naturel. A titre de comparaison, le coût du personnel ne représente que 2 à 3% des coûts totaux. Cette énergie provient principalement des procédés de fabrication des différents gaz produits, utilisant l’électricité dans les compres- seurs des groupes froids servant à baisser la température des gaz afin de les liquéfier ou dans les procédés de vapocraquage pour extraire l’hydrogène du méthane ou l’azote de l’air. Depuis l’arrêt de l’importation de pétrole (35%) au profit du gaz naturel à 100% comme matière première, une for te dépendance aux prix de l’énergie est apparue. Le prix de l’énergie dépend de nombreux paramètres comme la souscription, la molécule, les taxes de trans- ports, d’équilibrage, de risques et de flexibilité. Par exemple, une variation des prix de 50% de l’énergie en hausse couterait plus de 3 milliards d’euros sur une marge de 1,6  milliards d’euros. On comprend bien qu’il ne faut donc pas raisonner en termes de coût d’achat mais bien de marge dégagée. Pour autant, une partie du business modèle d’Air Liquide repose sur le report des coûts variables au consommateur, ceci afin de mieux stabiliser la marge. P o u r s t a b i l i s e r s a m a r g e , M.  De La Tullaye nous présente a l o r s 5 m é t h o d e s r e p o s a n t s u r l ’o p t i m i s a t i o n f i n a n - cière d’énergie. Tout d’abord, l ’ u t i l i s a t i o n d e s m é c a n i s m e du « load shifting » et « peak shaving » qui permettent de prof- iter de prix spot avantageux en décalant la production la nuit ou en optimisant la capacité sous- crite. L’arbitrage du « feed stock » permet quant à lui de choisir la meilleure source d’énergie pri- maire entre le naphta et le gaz naturel, par exemple, selon leurs coûts tout en prenant en compte leur efficacité dans le process concerné. Vient ensuite l’arbitrage entre autoproduction et sous-trai- tance, il s’agit dans ce cas de baisser la charge de production, ce qui induit aussi une baisse I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8 27jour 4
  • 28. de rendement, pour intégrer de l’hydrogène d’un fournisseur extérieur qui considère cette res- source comme une externalité et la revend à un prix réduit. On établit alors un seuil sous lequel ce système n’est plus rentable car le rendement est trop dégradé. Une autre méthode, l’arbitrage contrac tuel, consiste alors à choisir son mode de livraison de gaz primaire, entre pipeline ou LNG (Liquid Natural Gas), respec- tivement indexés sur les cours du HSFO et du brent . Cet arbi- trage peut également se faire sur l’électricité entre le marché spot et le « power rate ». On effectue ici une nomination de consom- mation et deux cas se dessinent alors : si l’on consomme plus que prévu, on paye alors la différence de consommation au prix spot, si l’on consomme moins, on revend à l’inverse l’énergie non consom- mée au prix spot. L’optimisation du mécanisme consiste ainsi à estimer une consommation plus grande en journée afin de reven- dre le surplus à un prix élevé en journée et inversement (figure ci-dessus). Enfin, le dernier levier appelé « demand response » utilise les mécanismes de capacité ou de réduction des prix spot du marché en jouant sur les zones limites du switch de production. Les gains sont ensuite répartis à 50% chacun entre les différents clients et l’acteur à l’origine de l’effacement. Après la présentation de ces dif- férents leviers d ’ac tion, une question vient alors à l’esprit : Quelle est la part des gains effec- tués entre les actions techniques d’amélioration énergétique des procédés et les gains résultant de l’optimisation financière des achats de ressources primaires en énergie ? La réponse est sans appel, selon M. De La Tullaye, sur la dernière année, les écon- omies d’énergie provenant de l’optimisation financière sont 3 fois supérieures aux gains tech- niques sur les procédés. Il nous est précisé que les systèmes de production sont maintenant rodés et qu’il est difficile de faire ne serait-ce que 1% d’économie avec des temps de retour sur inves- tissement sur plusieurs années, contrairement à l’optimisation financière. On peut alors se demander si l’amélioration tech- nique a toujours un intérêt réel. On comprend bien que pour les entreprises de même envergure qu’Air Liquide ayant un business model similaire, seul le prix de la taxe carbone aura un réel impact sur la volonté de réduire les con- sommations brutes, directement liées aux émissions de CO2 … Nous remercions M. Ferreol De La Tullaye, pour son accueil et sa présentation qui nous a permis d ’aborder un modèle d’optimisation sous un angle différent de ce que nous avons pu voir jusqu’ici aux cours des visites à Singapour. Axel FELIZOT Courbes d’arbitrage contractuel sur l’électricité © Air Liquide I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8 28 jour 4
  • 29. Engie Lab : visite du site du microgrid SPORE sur l’île de Semakau La dernière matinée dédiée aux visites du voyage d’études du mastère OSE a été consacrée au microgrid SPORE (Sustainable Powering of Off-grid Regions) faisant partie de l’initiative REIDS (Renewable Energy Integration Demonstrator in Singapore) et développé sur l’île de Semakau par NTU (Nanyang Technological U n i ve r s i t y ) e n co l l a b o ra t i o n avec les deux groupes fran- çais à dimension internationale Engie et Schneider-Electric. Nous nous sommes rendus sur l’île Singapourienne où nous avons été accueillis et accompagnés par une équipe d’Engie Lab : Zen Tan, Natacha Bunel, Paul Dupont de Dinechin et Victor Chapotard ainsi que Tan Choon Hock représentant NTU. Nous avons visité un projet pilote qui suscitait notre intérêt dans la mesure où notre sujet de promotion est l’hydrogène  : il s’agit d’un démonstrateur R&D pour le stockage hydrogène dans les microgrids. Quels sont les objectifs de ce projet microgrid? Natacha a expliqué que l’idée de ce projet était principalement motivée par le grand nombre de personnes n’ayant pas accès à un réseau électrique fiable dans des endroits reculés ou petites îles isolées dans le monde, la solution diesel ne constituant en aucun cas une solution durable à apporter à ces zones non inter- connectées. L’objectif de ce projet est donc d’apporter une solution intégrant les énergies renouvel- ables dans un microgrid qui pour- rait être testée sur Semakau en vue d’être ensuite déployée sur d’autres îles, sites ou villages isolés et « Resort »en Asie du sud-est. Au côté de NTU, d’Engie et de Schneider-Electric qui tra- vaillent en étroite collaboration sur le microgrid SPORE, plus- ieurs autres acteurs participent au projet comme le NEA (National E n v i r o n m e n t A g e n c y ) , E D B (Economic develpment Board), EMA (Energy Market Authority) et le NRF (National Reseach Fund) de Singapour. L’un des objectifs principaux de ce projet pilote est de démontrer l’efficacité des solutions tech- niques développées par Engie et Schneider-Electric en les testant sur un cas pratique qui s’inscrit dans le contexte du climat tropi- cal de l’Asie du Sud-Est. Natacha a rappelé à ce propos que le taux d’humidité à Singapour (84%) p o u r ra i t p o s e r p ro b l è m e a u niveau de l’éolienne et des dif- férents composants électriques du système. La première phase d’installation du projet a été achevée en octobre 2017. Zen Tan, membre d’Engie Lab, a explicité la partie régle- mentaire préalable à l’installation et la mise en service des équi- pements sur l’île, entre autres la soumission des plans et des dossiers techniques aux auto- rités singapouriennes compé - tentes concernées à savoir la NEA (National Environment Agency), la BCA (Building and Construction Authority). Elle a également rappelé qu’a ce stade l’objectif est d’assurer la conformité du microgrid aux normes en vigueur à Singapour et d’obtenir les autorisations néces- saires à sa mise en service au troisième trimestre de l’année 2018. I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8 29Jour 5
  • 30. Quelles sont les principales com- posantes du SPORE microgrid? Il s’agit d’un système dit multi- fluide car fonctionnant non seule- ment à l’électricité mais aussi grâce à un système hydrogène. Le système Power-To-Power pour le stockage d’hydrogène de l’énergie renouvelable produite dans le microgrid est constitué par un électrolyseur et une station de recharge pour véhicule électrique à pile à combustible : le premier de ce type à Singapour. Engie a aussi installé la première éolienne de Singapour d’une hauteur de 32m et d’une capacité de 100kW, ainsi que des panneaux photo- voltaïques de deux types : un système PV classique de capac- ité 70 kW et un système PIPV de capacité 7 kW. Grâce à ces composants installés et aux solutions innovantes de gestion de l’énergie développées c o n j o i n te m e n t p a r E n g i e e t Schneider, le SPORE microgrid per- mettra une forte intégration des énergies renouvelables qui pourra atteindre 100%. Quelles sont les principales innova- tions technologiques dans ce projet ? Le microgrid SPORE présente trois innovations technologiques majeures : Il s’agit tout d’abord de la solution hydrogène d’Engie qui contribuera à l’amélioration de la flexibilité du microgrid. En effet, outre le fait qu’il peut être stocké facilement, l’hydrogène peut aussi être utilisé dans diverses appli- cations comme la mobilité et la production d’électricité et de gaz. Une innovation clé de ce projet consiste également en la solu- tion “Smart grid forming invert- ers” développée par Schneider- Elec tric. En effet, pour con- tourner l’éternel défi technique des microgrids qu’est la stabil- ité du réseau, Schneider Electric a conçu et mis en place une solu- tion innovante en combinant des “smart grid forming inverters” avec des systèmes de stockage d’énergie ou de puissance. Telle qu’imaginée, la solution permet au système d’assurer un démarrage “from scratch” ou “black start” en l’absence d’équipements tour- nants en l’occurrence les Gensets ou générateurs Diesel. Cette inno- vation permettra ainsi d’atteindre une pénétration importante des renouvelables sans compromettre la stabilité du système. Par ailleurs, le système de gestion du microgrid SPORE comprend un PMS pour Power Management System destiné au stockage pour le court terme ainsi qu’un EMS pour Energy Management System pour assurer le stockage à moyen terme. Photographie d’une partie du microgrid SPORE I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8 30 jour 5
  • 31. Le PMS se charge d’assurer la sta- bilité du réseau en temps réel en équilibrant à la fois : la produc- tion, le stockage et la demande. Les atouts principaux du système se résument au contrôle optimal du microgrid en mode îloté ainsi que la for te intégration des renouvelables. L’EMS fonctionne sur une base temporelle mensuelle ou de moyen terme dans le but de prévoir la demande et la pro- duc tion permettant d’assurer un accès à l’énergie qui soit à la fois fiable techniquement et économiquement. Le système gère également la production intermit- tente d’énergies renouvelables en raison de l’évolution des condi- tions météorologiques ainsi que de la configuration multi fluide du microgrid. Nous tenons à remercier vivement tous les membres de l’équipe d’Engie Lab Singapour pour leur accueil chaleureux, leur accom- pagnement qui a rendu cette visite possible et aussi enrichis- sante ainsi que leur disponibilité pour répondre à toutes nos ques- tions. Nous remercions plus par- ticulièrement Zen Tan qui nous a guidé tout au long de la visite du site, Natacha Bunel qui nous a expliqué les objectifs du projet et présenté les différents com- posants installés sur le site, ainsi que Paul Dupont de Dihechin et Victor Chapotard qui nous ont présenté les principales activités et les projets menés par Engie- Lab Singapour. Nos remerciements chaleureux vont aussi à Tan Choon Hock, project manager, qui nous a présenté le projet REIDS du point de vue de NTU. Emna BERKAOUI & Dhekra BOUSNINA Photo de la promotion en compagnie de l’équipe Engie I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8 31jour 5
  • 32. Singapore Maritime Gallery : plongée dans l’histoire maritime de Singapour Pour cette dernière visite du séjour, nous nous sommes rendus à la Singapore Maritime Gallery, où notre guide Anthony nous a narré avec enthousiasme l’histoire de la cité-Etat, depuis l’émergence du petit port de commerce au XIVe siècle jusqu’aux développe- ments plus récents qui en ont fait un hub maritime mondial de premier plan. Anthony nous a guidé à travers les 3 sections du musée, relatant respectivement le passé, la situation actuelle et les perspectives futures du secteur maritime singapourien. En effet, la croissance fulgurante connue par Singapour dans les dernières décennies est intimement liée au développement de ses activités maritimes. Aujourd’hui, ce secteur représente 7% du PIB national et emploie 170 000 personnes, aussi bien à terre qu’au large des côtes. M a i s l ’ h i s t o i r e m a r i t i m e d e Singapour a commencé bien plus tôt. Des fouilles archéologiques ont montré que dès le XIVe siècle, l’île comprenait un port par lequel transitaient des navires conten- ant soie, ivoire et coton. Les évé- nements se sont ensuite accé- lérés avec l’arrivée en 1819 de Sir Thomas Stamford Raffles, un bri- tannique qui y installa un poste de commerce pour la Compagnie Britannique des Indes Orientales. L’objectif était de centraliser les flux commerciaux transitant par l’Asie, en concurrençant les Hollandais qui contrôlaient le por t de Batavia en Indonésie. L’ouver ture du canal de Suez reliant la mer Méditerranée et la mer Rouge en 1869, et les exemp- tions de taxes pour les marchan- dises en transit, permirent au port de Singapour de grossir sig- nificativement pendant l’ère colo- niale, croissance qui se poursui- vit après l’indépendance du pays. Les élèves du mastere écoutant les explications du guide I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8 32 jour 5
  • 33. Aujourd’hui, de par sa position géographique stratégique au car- refour des routes entre l’Asie et le reste du monde, Singapour est le port par lequel transitent le plus de marchandises. Ceci prend tout son sens si l’on considère que 90% du commerce mondial transite par la mer, incluant des denrées vitales comme la nourri- ture et le pétrole. Le port principal de l’île est le port de Jurong, situé sur une île gagnée sur la mer et ayant attiré plus de 12000 bateaux en 2016. Jurong constitue un hub pétro- chimique qui reçoit des importa- tions pétrolières (de l’Indonésie vo i s i n e n o t a m m e nt ) , d e g a z naturel (via des pipelines prove- nant de Malaisie), et qui accueille des raffineries. Une des problématiques prin- cipales pour Singapour est la recharge en carburant des navires. Environ 1000 bateaux sont en per- manence stationnés en attente au bord des côtes. Le carburant est apporté par pipelines ou par bateaux-citernes. Si la plupart des bateaux fonctionnent toujours au pétrole, une transition vers le GNL semble être en marche, afin de réduire l’empreinte carbone du secteur maritime mondial. Singapour souhaite encourager cette transition et pouvoir ravi- tailler les soutes des navires en GNL dès 2020. Des pipelines reliant la Malaisie à Singapour permettent déjà l’importation de GNL sur l’île de Jurong. Des dis- cussions sont en cours afin de déterminer le cadre réglementaire adéquat, le GNL étant plus inflam- mable que le fioul. Afin de s’assurer de la conformité des recharges en carburant, dont les montants peuvent être exor- bitants au vu des quantités con- cernées, des débitmètres mas- siques sont utilisés. Ceux-ci per- mettent d’avoir une mesure immé- diate de la quantité de combus- tible de soute introduit dans le navire, de manière plus précise qu’avec des méthodes manuelles. Depuis janvier 2017, tous les bateaux-citernes Singapouriens sont équipés de cette technologie. Un autre aspect méconnu de Singapour est le fait que la cité- Etat est le premier producteur mondial de plateformes pétro- lières, et en particulier de plate- formes de forage autoélévatrices, grâce à des entreprises comme Sembcorp Marine ou Keppel. Par exemple, la photo ci- dessous montre une maquette de la plate- forme autoélévatrice West Elara, construite par Sembcorp Marine en 2011. Cette plateforme permet d’opérer dans des conditions cli- matiques difficiles propres aux mers du Nord, et de creuser jusqu’à plus de 10 000m, pour des profondeurs d’eau de moins de 150m. La plateforme est désor- mais gerée par l’entreprise améri- caine ConocoPhillips en mer du Nord. Pour conclure, les élèves du mastère OSE tiennent à remer- cier Anthony, notre guide pour cette visite, qui nous aura permis d’avoir un éclairage différent sur l’histoire de Singapour, et de com- prendre en partie les raisons pour lesquelles le pays est passé du statut de « pays en développe- ment » au statut de pays riche en une cinquantaine d’années seulement. Chloé POTIER La plateforme pétrolière autoélévatrice West Elara I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8 33jour 5
  • 34. REMERCIEMENTS Au-delà des remerciements aux personnes citées dans les pages de ce compte rendu, ce voyage n’aurait pu avoir lieu sans l’aide d’autres qui ne pouvaient être présentes lors de notre passage ou qui ont contribué aux mises en relations nécessaires à la réalisation des visites finales. Nous tenons donc à remercier : l’Ambassade de France à Singapour pour ses nombreux contacts et pour les échanges que nous avons pu avoir, notamment avec M. Mickaël HOLLE et M. Philippe CODOGNET, du service de coopéra- tion scientifique et universitaire. M. Roch Drozdowski-strehl, directeur adjoint du projet REIDS à l’Energy Research Institute @NTU pour ses conseils et mise en relation avec l’université NTU. Mme Tan Mui Koon et M. Muhammad Arifeen Wahed de l’université NUS pour l’organisation de notre rencontre et la visite du SERIS ainsi que Mme Kesha Jane Drysdale pour son accueil le jour de notre passage. Pr. Chan Siew Hwa, Mme Pei-Chen SU, M. Ding Ovi Lian et Mme Maggie Lee Suh Cya de l’Energy Research Institute@NTU pour leur accueil chaleureux et les échanges que nous avons pu avoir à propos de l’hydrogène. M. Alfredo Samperio de Schneider Electric pour nous avoir permis la visite des activités miccrogrids à Singapour. M. Olivier Chalvon-Demersay, M. Christian Cabrol et Mme Ana Coscolluela de Total Marketing & Services pour nous avoir ouvert les portes de l’usine de lubrifiants. M. Bernard Dhainaut d’Air Liquide pour avoir permis la présentation des activités énergie du groupe à Singapour. Mme Caroline Guyot d’Engie Lab. qui nous a permis la visite de l’île de Semakau ainsi que pour ses contacts. Pour terminer nous tenons à remercier tous les anciens de l’Ecole des Mines de Paris qui nous ont fait l’honneur de leur présence vendredi soir pour rencontrer la promotion du Mastère OSE. Contacts Ambassade de France à Singapour : M. Michaël Hollé, M. Philippe Codognet SERIS - NUS : Pr. Armin Aberle, M. Eddy Blokken, Mme Tan Mui Koon ERIN@NTU : Pr. Chan Siew Haw, Mme Pei-Chen SU, M. Ding Ovi Lian, Mme Maggie Lee Suh Cya EDF Lab. : M. Maxime Cassat, M. Geoffrey Orlando SCHNEIDER ELECTRIC : M. Thomas Polliand, M. Tushar Menon, M. Alfredo Samperio BeeBryte : Mme Elodie Hecq TOTAL : M. Olivier Chalvon-Demersay, M. Christian Cabrol, Mme Ana Coscolluela Air Liquide : M. Bernard Dhainaut, M. Ferreol De La Tullaye Engie Lab. : Mme Caroline Guyot I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8 34 REMERCIEMENTS & Contacts
  • 35. I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8 35Partenaires
  • 36. I N F ’ O S E | M a r s 2 0 1 8 36 évènement ose Photographie de la promotion 2017