La France conservera son parc nucléaire jusqu’en 2030. L’annonce a fait l’effet d’une bombe dans les milieux écologistes. Mais cette nouvelle tient-elle vraiment de la surprise ? Alors qu’un tiers du parc nucléaire était à l ’arrêt, RTE a retenu son souffle en attendant les prévisions météorologiques pour cet hiver. Et pour cause : en 2016, les maintenances prévues sur les centrales avaient entraîné une flambée des prix et de sérieux risques de délestage. Pourtant les alternatives existent. Coté production, l’ADEME garantit chiffre à l’appui que la totalité de l ’électricité pourrait être issue de sources renouvelables en 2050. Mais c ’est peut-être sur la consommation que l’effort sera le plus important. En comptant sur un développement des réseaux de chaleur, la demande en électricité destinée au chauffage pourrait être considérablement réduite. Alors pourquoi continuer à miser sur un secteur en perte de vitesse et dont la rentabilité commence à être contestable devant celle des renouvelables ? D’autant plus que d’importants moyens sont mis en oeuvre pour relancer les investissements sur les moyens de production grâce notamment au mécanisme de capacité. Ne pourrait-on pas y voir une opportunité d’entamer une profonde refonte de notre système énergétique ?
A Paris comme à Montpellier et Toulouse, la réponse est claire et simple : oui. La capitale sera en effet vidée de ses véhicules thermiques en 2030. Un pari ambitieux alors que les prévisions des prix du pétrole n’encouragent pas aux économies. D’ici là, l’hyperloop reliera peut-être déjà la surdouée à la ville rose, sans que le moindre joule ne provienne d’une centrale fossile.
Louis Polleux
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La France conservera son parc
n u c l é a i re j u s q u’e n 2 0 3 0 .
L’annonce a fait l’effet d’une
bombe dans les milieux écol-
ogistes. Mais cette nouvelle
tient-elle vraiment de la sur-
prise ? Alors qu’un tiers du parc
nucléaire était à l’arrêt, RTE a
retenu son souffle en attendant
les prévisions météorologiques
pour cet hiver. Et pour cause : en
2016, les maintenances prévues sur les centrales avaient
entrainé une flambée des prix et de sérieux risques de
délestage. Pourtant les alternatives existent. Coté pro-
duction, l’ADEME garantit chiffre à l’appui que la totalité
de l’électricité pourrait être issue de sources renouvel-
ables en 2050. Mais c’est peut-être sur la consommation
que l’effort sera le plus important. En comptant sur un
développement des réseaux de chaleur, la demande en
électricité destinée au chauffage pourrait être consi-
dérablement réduite. Alors pourquoi continuer à miser
sur un secteur en perte de vitesse et dont la rentabilité
commence à être contestable devant celle des renouv-
elables ? D’autant plus que d’importants moyens sont
mis en œuvre pour relancer les investissements sur les
moyens de production grâce notamment au mécanisme
de capacité. Ne pourrait-on pas y voir une opportunité
d’entamer une profonde refonte de notre système éner-
gétique ?
A Paris comme à Montpellier et Toulouse, la réponse est
claire et simple : oui. La capitale sera en effet vidée de
ses véhicules thermiques en 2030. Un pari ambitieux alors
que les prévisions des prix du pétrole n’encouragent pas
aux économies. D’ici là, l’hyperloop reliera peut-être déjà
la surdouée à la ville rose, sans que le moindre joule ne
provienne d’une centrale fossile.
Louis POLLEUX
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2 ÉDITORIALCONTACTS
4. ACTUALITÉS NOVEMBRE 2017
0Florian ROUOT & Chloé POTIER0
AVEC TOTAL SPRING ET CDISCOUNT ENERGIE, LA COMPÉTITION S’INTENSIFIE
SUR LE MARCHÉ DE LA VENTE D’ÉLECTRICITÉ AUX PARTICULIERS
Avec Total Spring, le pétro-
l i e r f r a n ç a i s p r o p o s e
d e p u i s l e d é b u t d u m o i s
d’octobre des prix inférieurs
de 10% aux tarifs réglementés
de vente ainsi qu’une électric-
ité produite à partir d’énergies
re n o u ve l a b l e s. Ave c ce t te
o f f r e , l e g é a n t p é t r o l i e r
affiche l’objectif ambitieux
d’atteindre « rapidement » les
3 millions de clients. L’offre
CDiscount Energie quant à
elle a été lancée fin octobre et
promet des prix jusqu’à 15%
inférieurs aux tarifs réglemen-
tés de vente. Les consomma-
teurs intéressés peuvent sou-
scrire à l’offre en ligne sans
engagement de durée. La con-
currence semble donc rude
pour s’arroger quelques-uns
des 27 millions de particuli-
ers qui sont toujours clients
de l’opérateur historique EDF,
dix ans après l’ouverture du
marché à la concurrence.
Sources :
• Nabil Wakim, Le Monde Economie, 06/10/2017, http://www.lemonde.fr/economie/article/2017/10/06/total-se-lance-sur-le-
marche-de-l-electricite-et-du-gaz-pour-les-particuliers_5196972_3234.html
• Véronique Le Billon, Les Echos, 19/10/2017, https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/030745333719-
cdiscount-sinvite-dans-la-vente-denergie-2123603.php
PARIS, VILLE SANS VOITURE THERMIQUE EN 2030 ?
Après les voitures diesel qui
devront disparaître d’ici
2024, Anne Hidalgo s’attaque
aux voitures essence pour les
exclure des rues de la capi-
tale en 2030. Cet objectif a dix
ans d’avance sur les objectifs
nationaux, annoncés en juillet
par le ministre Nicolas Hulot,
qui visent à mettre fin aux
ventes de voitures à moteur
thermique en 2040. Si une
transition des moteurs ther-
miques vers les moteurs élec-
triques permettrait de lutter
contre les émissions de gaz
à effet de serre et contre des
épisodes de pollution de l’air
de plus en plus fréquents dans
la capitale, certains doutent
du réalisme et de la faisabil-
ité d’une évolution si rapide.
Cette mesure sera en tout cas
débattue au Conseil de Paris
afin de déterminer si elle doit
être inscrite au Plan Climat
Energie de Paris.
Sources :
• Stéphane Mandard, Le Monde, 12/10/2017, http://www.lemonde.fr/pollution/article/2017/10/12/pollution-paris-ne-veut-
plus-de-voitures-a-essence-dans-ses-rues-d-ici-a-2030_5199792_1652666.html
• E r i c B e r g e r o l l e , C h a l l e n g e s , 1 2 / 1 0 / 2 0 1 7 , h t t p s : / / w w w . c h a l l e n g e s . f r / a u t o m o b i l e / a c t u - a u t o /
objectif-non-coercitif-pour-hidalgo-plus-d-essence-ni-de-diesel-a-paris-en-2030_505760
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4 NEWS
5. BONN A ACCUEILLI LA COP23 DU 6 AU 17 NOVEMBRE
Présidée par les Îles Fidji,
E t a t i n s u l a i re d i re c t e -
ment menacé par la montée
des eaux, cette COP devait
être l’occasion de préciser la
mise en œuvre de l’accord de
Paris, censé être appliqué à
partir de 2020. Du côté des
avancées, on note le lance-
ment d’une Alliance pour la
sortie du charbon, qui compte
pour l’instant 25 membres
- parmi lesquels ne figurent
toutefois pas les principaux
pays producteurs de charbon,
comme la Chine, les Etats-
Unis, la Russie ou l’Allemagne.
B e a u c o u p d é n o n c e n t u n
bilan mitigé à l’issue des 2
semaines de négociations. En
cause notamment, l’absence
de leadership politique pour
mener les débats après le
d é p a r t d e s E t a t s - U n i s d e
l’accord de Paris. Une question
cruciale reste sans réponse :
c o m m e n t s e r a f i n a n c é l e
f o n d s i n t e r n a t i o n a l p o u r
l’adaptation et l’atténuation
du changement climatique,
défini lors de l’accord de Paris
et destiné aux pays en dével-
oppement ? Trouver 100 mil-
liards de dollars par an pour
financer cette enveloppe est
un défi majeur, et l’absence
de propositions concrètes
de la part des pays riches n’a
permis aucune avancée, bien
qu’il ait été prévu de faire un
point sur la question lors de
la prochaine conférence sur
le climat, en 2018. La COP24
s e d é ro u l e r a à K a t o w i c e,
e n Po l o gn e, p ays o r i e n té
charbon et gaz de schiste. La
route semble encore longue
pour remplir les objectifs de
l’accord de Paris et contenir le
réchauffement climatique en
dessous de 2°C par rapport à
l’ère pré-industrielle…
Sources :
• Aude Massiot, Libération, 18/11/2017, http://www.liberation.fr/planete/2017/11/18/climat-s-est-il-passe-quelque-chose-
a-la-cop-23-de-bonn_1610881
• 20 Minutes, 17/11/2017, http://www.20minutes.fr/planete/2170979-20171117-cop23-vingtaine-pays-renoncent-charbon
UN MOIS DE NOVEMBRE AGITÉ POUR LE MINISTRE DE LA TRANSITION
ÉCOLOGIQUE ET SOLIDAIRE
Le mois de novembre n’aura
pas épargné Nicolas Hulot.
Adopté par les députés le
mardi 10 octobre, le texte de loi
actant la fin de l’exploitation
des hydrocarbures à l’horizon
2040 a été adopté par le Sénat
au début du mois de novem-
bre. Cependant, le texte a été
« vidé de sa substance » selon
le ministre Nicolas Hulot. En
p a r t i c u l i e r, l e s s é n a t e u r s
ont autorisé l’exploitation
d ’hydro car bu res ver tu eu x,
c’est-à-dire qui permettent
une utilisation non-énergé -
tique ne rejetant pas de CO2
,
comme dans la fabrication de
matières plastiques. De même,
les entreprises bénéficiant
d’un droit de suite - permis
d’exploitation activé automa-
tiquement après l’exploration -
pourront continuer leur activ-
ité au-delà de 2040, si elles ne
perçoivent une « rémunéra-
tion normale ».
Ce revers a été éclipsé par
une autre annonce de Nicolas
Hulot, lors du compte rendu
I N F ’ O S E | N o v e m b r e 2 0 1 7
5NEWS
6. du conseil des ministres du
7 novembre, qui confirme le
recul sur la décision inscrite
dans la loi de transition éner-
gétique de réduire la par t
de la production électrique
d’origine nucléaire à 50%,
contre 75% aujourd’hui, à
l’horizon 2025. Cette annonce
fait suite à la publication de
scénarios par RTE, en prépara-
tion de la programmation plu-
riannuelle de l’énergie (PPE)
pour la période 2019-2023,
soulignant la « difficulté de
tenir le calendrier de 2025
sauf à relancer la production
d’électricité à base d’énergies
fossiles ».
Le ministre a précisé qu’il
allait travailler sur l’échéance
2030-2035. Sur ce même sujet
du nucléaire, Nicolas Hulot a
récemment reconnu dans les
colonnes du Financial Times
qu’il menait avec Bercy une
réflexion sur l’architecture
d ’ E D F p o u r ré p o n d re a u x
deux priorités que sont la
gestion du parc nucléaire et le
développement des énergies
renouvelables. Cette réflex-
ion porterait sur une sépara-
tion des activités nucléaires
d’EDF du reste du groupe avec
un encadrement du prix du
nucléaire par le régulateur de
l’énergie. Bien qu’il n’y ait pas
de projet précis, l’information
a suffi à faire bondir l’action
d’EDF de 5,6%.
Sources :
• A l e x a n d r e P o u s s a r t , P u b l i c S e n a t , 0 8 / 1 1 / 2 0 1 7 , h t t p s : / / w w w . p u b l i c s e n a t . f r / a r t i c l e / p o l i t i q u e /
fin-des-hydrocarbures-en-france-en-2040-le-senat-remanie-la-loi-hulot-79570
• S c i e n c e s e t A v e n i r , 0 8 / 1 1 / 2 0 1 7 , h t t p s : / / w w w . s c i e n c e s e t a v e n i r . f r / n a t u r e - e n v i r o n n e m e n t / c l i m a t /
nicolas-hulot-reduire-la-part-du-nucleaire-a-50-en-2025-un-objectif-inatteignable_118121
• Matthieu Pechberty, BFM Business, 23/11/2017, http://bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise/l-idee-de-bercy-pour-sauver-
edf-1309942.html
ZOOM SUR LE SYSTÈME ÉLECTRIQUE FRANÇAIS À L’APPROCHE DE L’HIVER
Au d é b u t d u m o i s d e
novembre, le gestion-
naire du réseau de transport
d’électricité RTE avait indiqué
dans son bilan prévisionnel
que le système élec trique
pourrait être fragilisé cet hiver,
et que des mesures « excep-
tionnelles » pourraient être
prises. Le président de RTE,
Francois Brottes, auditionné
à l’assemblée nationale le 15
novembre, se veut rassurant
car selon lui il faut s’attendre
à un hiver « un peu moins dif-
ficile » que l’an dernier. Pour
cela il faudra compter sur une
bonne partie des 19 réacteurs
nucléaires à l’arrêt durant le
mois de novembre. Dominique
Minière, direc teur du parc
nucléaire et thermique d’EDF,
a indiqué que le redémar-
rage de 15 réacteurs était
prévu d’ici à début décembre.
Notons qu’il faudra compenser
la baisse de 18% de la produc-
tion hydraulique par rapport
à la même période de 2016,
notamment liée au manque
d’eau dans les barrages. La
production de la Compagnie
nationale du Rhône (CNR) est
d’ailleurs attendue en chute
de 30% cette année.
Pour rappel, le pic de consom-
mation électrique de l’année
2017 avait été atteint le 20
janvier avec une puissance
mobilisée de 94 GW, loin der-
rière le record du 8 février
2012 avec 102 GW.
Sources :
• RTE, 25/11/2017, http://www.rte-france.com/fr/eco2mix/chiffres-cles
• A.M. avec AFP, BFM Business, 15/11/2017, bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise/rte-prevoit-un-hiver-un-peu-moins-difficile-
a-passer-que-l-an-dernier-1304384.html
• F.Bergé avec AFP, BFM Business, 16/11/2017, http://bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise/le-manque-d-eau-des-barrages-
plombe-la-production-d-energies-vertes-1305516.html
I N F ’ O S E | N o v e m b r e 2 0 1 7
6 NEWS
8. consommation comme sur
le mécanisme d’ajustement,
ni la valorisation des efface-
ments sur les marchés comme
sur le mécanisme NEBEF, mais
b i e n d ’a s s u re r l ’e x i s te n ce
même des moyens de pro-
duction ou d’effacement à la
pointe en responsabilisant les
fournisseurs.
Plusieurs solutions peuvent
être envisagées : les paie -
ments de capacité, les réserves
stratégiques et les marchés
de capacité [2]. C’est cette
dernière solution, décentral-
isée, qui a été choisie par la
France. Le mécanisme est ainsi
basé sur un échange de garan-
ties de capacité : les fournis-
seurs ont l’obligation, avant
le début de chaque année
de livraison, d’acquérir des
garanties de capacité pour
couvrir la consommation de
l ’ensemble de leur por te -
feuille clients aux périodes
de pointe.
Q uant aux exploitants de
c a p a c i t é s ( p r o d u c t i o n o u
effacement), ils s’engagent
à l e s r e n d r e d i s p o n i b l e s
pendant ces mêmes périodes.
En échange, ils reçoivent des
cer tificats qu’ils pour ront
vendre aux fournisseurs. Le
prix de la capacité s’établit
alors sur la base de l’offre et
la demande et est supposé
refléter le coût du niveau de
sécurité d’approvisionnement
[ 3 ] . C e t t e d i s p o n i b i l i t é
sera ensuite vérifiée via les
mécanismes déjà mis en place
( M é c a n i s m e d ’a j u s t e m e n t ,
NEBEF).
On assiste donc à une évolu-
tion par rapport aux autres
mécanismes : celui-ci « respon-
sabilise les acteurs en faisant
peser sur chacun le poids du
risque de défaillance qu’il
génère pour le système. » [4].
Cela place pour la première
fois les capacités de produc-
tion et d’effacement sur un
plan d’égalité en les valorisant
de la même manière.
De plus, ce mécanisme incite
a u x i nve s t i s s e m e n t s d a n s
les moyens de produc tion
d’électricité en France. Selon
le Jacques Delors Institut,
[2] le marché de capacité
« aura plus de chances de
créer les bonnes incitations à
l’investissement que les solu-
tions centralisées (la réserve
de capacité, par exemple). »
En effet, la tarification de
l’électricité étant basée sur le
coût marginal du kWh, le coût
des installations doit être
amorti d’une autre manière.
Ainsi, comme le précise la CRE
[4], le mécanisme de capacité
« permet en particulier aux
centrales d’extrême pointe
de bénéficier d’un revenu
stable sur leur durée de fonc-
tionnement et favor ise le
développement d’effacements
en leur offrant un espace
économique par le levier de
leur valeur capacitaire. »
La première année de livrai-
son : quel impac t ?
Ce mécanisme semble donc
impacter principalement un
acteur : l’acteur obligé, soit
le fournisseur d’électricité. Si
la justification de la mise en
place du mécanisme de capac-
ité s’explique clairement, c’est
avant tout un coût fixe qui
s’ajoute à sa brique de coûts
sur les prévisions de consom-
mation de son por tefeuille
clients.
D e p u i s 2 0 1 7 , c ’e s t d o n c
une dépense non néglige -
a b l e, s’é l e v a n t p o u r c e r -
tains four nisseurs à plus-
ieurs millions d’euros, que
chaque fournisseur doit à
la fois prévoir et échanger
ou acheter sur le marché de
capacité pour l’année suiv-
ante. Nous avons interviewé
l’Adjoint au Responsable du
Département Vente de Gaz et
Electricité de Grenoble (GEG),
M. Mauss, sur le déroulement
I N F ’ O S E | N o v e m b r e 2 0 1 7
8 MÉCANISME DE CAPACITÉ
9. de la première année de livrai-
son du mécanisme.
« La première année a été
u n e a n n é e c o m p l i q u é e
malgré notre connaissance
en amont des règles et le
travail préparatoire effectué,
étant donné l’autorisation
tardive (novembre 2016) de
l’application du mécanisme au
1er janvier 2017 [5]. En tant
que fournisseur, nous avons
dû réagir à la mise en place
du mécanisme dans l’urgence,
ce qui n’a pas été simple en
termes d’organisation interne
et de communication client.
En effet, nous avons dû com-
muniquer sur un nouveau
mécanisme qui implique un
surcoût pour le consomma-
teur, ce dernier n’étant ni une
taxe, ni identiquement appli-
qué par tous les fournisseurs.
Cette urgence s’est aussi
traduite au niveau de la tar-
ification, où il a été néces-
saire de faire des choix de
dernière minute, lorsque nous
disposions seulement d’un
prix maximum de référence
marché pour l’achat de garan-
ties de capacité, fixé à 20
000€/MW pour 2017 [3]. C’est
donc dans un contexte tendu
qu’a démarré le mécanisme de
capacité en janvier 2017.
En interne, nous avions, comme
tout acteur obligé, préparé
l’entrée sur le mécanisme par
le calcul de nos obligations
de capacité. Dès la sortie du
prix de marché mi-décembre
à 10 000€/MW, nous avons
couvert l’ensemble des obli-
gations prévisionnelles de
capacité pour l’année 2017 en
les achetant sur le marché de
capacité.
Depuis, RTE a créé un outil
de calcul d’obligation qui
pourra servir à confirmer les
prévisions faites par chaque
fournisseur sur son propre
outil. Chacun a cependant
sa stratégie d’intégration du
surcoût du mécanisme dans
la facture du consommateur.
GEG a choisi une variabilisa-
tion du coût fixe induit par
le mécanisme qui nous sem-
blait plus intéressante et
plus transparente vis-à-vis
de notre facturation. Chaque
client a donc une contribution
à la hauteur de son profil, avec
régularisation à posteriori ou
non.
Cependant, nous avons eu très
peu de retours négatifs de nos
clients, qui semblent avoir
intégré le fait que tout fournis-
seur subit ce mécanisme. On
peut aussi expliquer ce taux
d’insatisfaction très faible
par la stabilité de la CSPE au
1er Janvier, dont on obser-
vait une hausse ces dernières
années d’environ 3€/MWh [6].
Par ce choix gouvernemen-
tal, la facture du client a aug-
menté pour 2017 d’environ
2€/MWh et en cela, la mise en
place du mécanisme a été glo-
balement indolore. Rappelons
que le mécanisme de capacité
implique une augmentation
de l’ordre de 2% du budget
énergie de nos clients.
Dans l’ensemble, ni les clients
ni les fournisseurs ne sortent
gagnants du mécanisme de
capacité. Nos clients ayant des
capacités d’effacement ont pu
la faire certifier et toucher
des garanties, mais sont fac-
turés sur leur contribution au
mécanisme. Notre objectif est
d’équilibrer alors ces coûts et
ce qu’ils reçoivent, sachant
La première année a été une année
compliquée malgré notre connais-
sance en amont des règles et le
travail préparatoire effectué...
M. Mauss
I N F ’ O S E | N o v e m b r e 2 0 1 7
9MÉCANISME DE CAPACITÉ
10. que l’obligation est calculée
sur un certain type de jours
de pointe PP1, et la certifica-
tion sur un autre type PP2 [3].
Cependant, le mécanisme a
une valeur ajoutée contest-
able étant donné que la valori-
sation de ces capacités se fait
à travers des mécanismes déjà
existants que sont les réserves
s y s t è m e s , l e m é c a n i s m e
d’ajustement, etc. Hormis pour
les producteurs, pour qui ce
mécanisme représente alors
un marché supplémentaire sur
lequel valoriser leur moyen de
production ; le mécanisme de
capacité n’a été pour tous les
autres acteurs qu’une con-
trainte supplémentaire.
Quant à 2018, aucun change-
ment n’a été prévu à ce jour
dans le mécanisme, si ce n’est
la sortie du prix marché de la
garantie de capacité. Nous
sommes ainsi plus sereins
pour la deuxième période de
livraison étant donné notre
connaissance du mécanisme
et notre meilleure approche
client. Le mécanisme de capac-
ité, au même titre que les cer-
tificats d’économie d’énergie,
fait désormais partie inté -
grante de la brique de coûts du
fournisseur, et n’est pas forcé-
ment contesté ni fortement
challengé nationalement. »
Le c o n t e x t e e u r o p é e n d u
mécanisme de capacité
La France est le second pays
européen à avoir mis en place
u n m é c a n i s m e d e c a p a c -
ité national, trois ans après
la mise en place du marché
d e c a p a c i t é e n G r a n d e -
Bretagne en 2014. Cela nous
permet de bénéficier de leur
mince expérience. En effet,
l’établissement du prix de la
capacité en dessous de celui
escompté en Grande-Bretagne
a entraîné des investissements
dans de nouvelles installa-
tions en- des so u s de ceu x
attendus. [7] D’après Vincent
Rious, de RTE, on pourrait
obser ver le même cas en
France dans les années à venir,
même si le prix de la capac-
ité est sorti, comme prévu, à
10 000€/MW en France et est
attendu en légère hausse pour
la seconde année de livraison.
Par analogie avec le marché
du carbone, il est donc néces-
saire que le prix de garantie
de capacité soit maintenu à un
certain niveau dans les années
à venir afin de pouvoir investir
dans de nouveaux moyens de
production ainsi que valoriser
les capacités d’effacement.
En outre, ces mécanismes
sont controversés et dénon-
cés comme étant une subven-
tion à des investissements
dans des usines à combusti-
bles fossiles [8]. Le mécanisme
français s’intéresse en réalité
à des questions de sécurité
d’approvisionnement, la dis-
ponibilité de l’équipement ne
différenciant pas les moyens
d e p ro d u c t i o n s re n o u ve l -
ables, fossiles ou les capaci-
tés d’effacement. Cependant,
l a m a j o r i té d e s c a p a c i té s
certifiées par le mécanisme
sont d’origine fossile plutôt
que renouvelable, les péri-
o d e s d e p o i n t e f a i s a n t
souvent appel à des centrales
qui ne sont pas sujettes à
l’intermittence. Ainsi, si cer-
tains considèrent le marché
Le mécanisme de capacité, au même
titre que les certificats d’économie
d’énergie, fait désormais par tie
intégrante de la brique de coûts du
fournisseur, et n’est pas forcément
contesté ni for tement challengé
nationalement
M. Mauss
I N F ’ O S E | N o v e m b r e 2 0 1 7
10 MÉCANISME DE CAPACITÉ
11. de capacité comme une inci-
tation à l’investissement dans
de nouvelles centrales à com-
bustibles fossiles, SpinPart,
cabinet de conseil, voit dans
c e l u i - c i d e s p e r s p e c t i v e s
autres et le définit comme un
marché devant au long terme
« être en mesure de s’adapter
à l’évolution du système éner-
gétique français, pour ne plus
se concentrer uniquement sur
le phénomène de pointe élec-
trique mais aussi pour aider à
l’intégration et la gestion des
énergies renouvelables dont
l’utilisation ne cesse de pro-
gresser ». [9]
L’autre risque majeur que
constitue le mécanisme de
capacité concerne directe -
ment l’Europe de l’énergie.
La DG de l ’Energie craint
ainsi une « fragmentation du
projet de marché européen
de l’électricité, avant même
qu’il soit mis sur pied » [10].
C e t a r g u m e n t e s t a u s s i
avancé par le Jacques Delors
Institut dans son Policy Paper
[2], dans lequel les initia-
tives nationales sont criti-
quées car considérées comme
u n é l é m e n t p e r t u r b a t e u r
des marchés européens de
l’énergie, aujourd’hui couplés
et interconnectés. L’impact
des mécanismes de capac-
ité sur les marchés ne sera
donc pas neutre : la sécurité
d ’approvisionnement dont
b é n é f i c i e ra i t p a r exe m p l e
l’Allemagne grâce aux inter-
connec tions et aux inves -
tissements français dans des
capacités de production nou-
velle est également évoquée.
Un équilibre doit donc être
trouvé entre politiques natio-
nales et européennes, car
comme le conclut ce dernier
papier : « Protéger l’ancien
équilibre national ne permet-
tra pas de relever les défis
auxquels les États membres
sont confrontés, mais ne fera
que retarder les progrès sur la
voie d’un secteur européen de
l’énergie plus durable. » [2] Il
semble, en effet, que l’Europe
soit confrontée à de grands
défis en matière de politique
énergétique, qui ne seront
fructueux qu’en cas d’accords
et de politiques communes.
Lise ADEGNON
Sources :
[1] LOI n° 2010-1488 du 7 décembre 2010 portant nouvelle organisation du marché de l’électricité.
[2] Jekaterina Grigorjeva, « Les mécanismes de capacité dans l’UE : une nationalisation de la sécurité énergétique ? », Jacques
Delors Institut, 21 Mai 2015, http://www.institutdelors.eu/media/mecanismescapacite-grigorjeva-jdib-mai15.pdf?pdf=ok
[3] RTE, « Mécanisme de capacité. Règles et dispositions complémentaires », 29 Novembre 2016, http://www.rte-france.com/
sites/default/files/2016_11_29_regles_mecanisme_de_capacite_1.pdf
[4] « Marché des garanties de capacité - Marché de gros - Marchés », CRE, http://www.cre.fr/marches/marche-de-gros/
marche-des-garanties-de-capacite
[5] « Commission Européenne - COMMUNIQUES DE PRESSE - Communiqué de presse - Aides d’État: la Commission autorise le
mécanisme de capacité révisé en France ».
[6] « Evolution de la CSPE en 2017 », EDF, https://www.edf.fr/collectivites/le-mag/actualites-de-marche-de-l-energie/
evolution-de-la-cspe-en-2017
[7] « Mécanisme de capacité : quelle rémunération en attendre », L’Usine Nouvelle, 3 avril 2015, https://www.usinenouvelle.
com/article/mecanisme-de-capacite-quelle-remuneration-en-attendre.N322967
[8] « La généralisation des mécanismes de capacité pénalise l’union de l’énergie », EURACTIV.fr, 24 novembre 2016, https://
www.euractiv.fr/section/energie/news/eu-throws-in-the-towel-over-national-energy-support-schemes/
[9] «Marché de capacité : quels objectifs et impacts ? », SpinPart, http://www.spinpart.fr/marche-de-capacite-quels-objectifs-
et-impacts/
[10] « La généralisation des mécanismes de capacité pénalise l’union de l’énergie », EURACTIV.fr, 24 novembre 2016, https://
www.euractiv.fr/section/energie/news/eu-throws-in-the-towel-over-national-energy-support-schemes/
I N F ’ O S E | N o v e m b r e 2 0 1 7
11MÉCANISME DE CAPACITÉ
15. l’horizon 2021. Les prévisions
de WindEurope estimant un
coût de l’éolien offshore à
80€/MWh sont donc de plus
en plus envisageables [2].
En outre, l’entreprise Ideol,
en partenariat avec Bouygues
Travaux Publics, a développé
une solution technologique
permettant l’installation de
la première éolienne offshore
française. Située à 22 km des
côtes du Croisic, la structure
appelée Floatgen consiste
en une plate -forme annu -
laire flottante en béton armé.
Un système d’amortissement
permet de réduire les effets
de la houle oscillante et une
structure d’ancrage garan-
tit à la plate-forme de rester
en place même en cas de
tempêtes.
Les charges aérodynamiques,
hydrodynamiques, d’amarrage
et fonctionnelles étant très
impor tantes, à l ’image de
l ’ a m p l e u r d u p r o j e t [ 3 ] ,
aucune procédure de con-
ception actuellement utili-
sée dans l’industrie civile,
éolienne ou offshore n’a pu
être transférée à Floatgen,
l’innovation restant donc au
cœur de ce projet.
Daniel ERBESFELD
Sources :
[1] Arnout de Pee, Florian Küster, et Andreas Schlosser, « Winds of Change? Why offshore wind might be the next big thing »,
McKinseyCompany, mai 2017.
[2] WindEurope, « Wind energy in Europe : Scenarios for 2030 », septembre 2017.
[3] Floatgen, « DEMONSTRATION et BENCHMARKING d’un système éolien en mer flottant dans les eaux de l’Atlantique », http://
floatgen.eu/fr/demonstration-et-benchmarking-dun-systeme-eolien-en-mer-flottant-dans-les-eaux-de-latlantique
Les réseaux de chaleur français : quelles
perspectives ?
Introduc tion aux réseaux de
chaleur
E n F r a n c e , l a c h a l e u r
représente plus de la moitié
des consommations d’énergie.
Cette filière se redynamise
depuis que la Loi relative à la
Transition Energétique pour
la Croissance Verte (LTECV )
a fixé l’objectif ambitieux de
multiplier par 5 l’utilisation
d ’é n e r g i e s r e n o u v e l a b l e s
et de récupération (EnRR)
dans les réseaux de chaleur
(R dC ) en 2030. En 2009,
l’Etat a créé un Fonds Chaleur
géré par l’ADEME dans le but
d’appor ter un soutien aux
entreprises et collectivités
dans leurs projets de pro -
duction de chaleur de source
renouvelable. Ces aides ont
permis de financer près de
3000 réalisations entre 2009
et 2013 à hauteur de 1,12 mil-
liard d’euros. A cet effet, le
nombre de RdC est passé de
386 en 2011 à 536 en 2014 [1].
Leur potentiel de croissance
est aujourd’hui estimé à 20
Mtep, soit un décuplement
des capacités d’ici 2030.
Bien qu’offrant une grande
e f f i c a c i t é é n e rg é t i q u e, l a
croissance des RdC est limitée
sur plusieurs fronts par leur
nature même. L’investissement
requis est conséquent et les
solutions de chauffage indi-
viduel au gaz et électrique
I N F ’ O S E | N o v e m b r e 2 0 1 7
15ÉNERGIES RENOUVELABLES
16. concurrencent leur déploi-
e m e n t . Q u e l s g i s e m e n t s
exploitent les nouveaux RdC ?
Q uels leviers per mettront
d’accélérer leur croissance et
inciter les investisseurs ?
Le s R d C s o n t d e s i nv e s -
t i s s e m e n t s t rè s c a p i t a l i s -
tiques intégrés à un contexte
local. Leur installation fait
suite à une étude technico-
économique au regard de la
densité thermique (consom-
mation de chaleur par mètre
linéaire) qui renseignera sur
la durée de retour sur inves-
tissement. Cette forte contex-
tualité couplée aux objectifs
de la LTECV a plusieurs effets
positifs : regain d’intérêt pour
la filière ancienne de géother-
mie, explosion de la filière
b o i s - é n e r g i e c o m m e b i o -
masse, montage de synergies
de récupération de chaleur
fatale industrielle, …
Fo c u s : De s f i l i è r e s En RR
prome t teuses
La biomasse a de beaux jours
devant elle. Avec un objectif
de distribution de 1,2 Mtep
sur les RdC en 2020 [2] et la
multiplication des usages, la
filière est en plein essor. A
titre d’exemple, nous citer-
ons l’inauguration, le 4 juillet,
de la chaufferie biomasse de
Saint-Denis équipée d’une
chaudière de 26,6 MW qui
porte à plus de 50% la part
des énergies renouvelables
du RdC [3]. Plus vertueuse que
les énergies fossiles, cette res-
source reste coûteuse à col-
lecter et demandera une pro-
fonde structuration afin de
répondre à la concurrence des
usages.
Sur le même secteur, la géo-
t h e r m i e d e v r a i t j o u e r u n
rôle crucial puisque qu’un
important gisement basse et
moyenne température (entre
30 et 150°C) est présent en Ile-
de-France et en Alsace, zones
fortement consommatrices de
chaleur en hiver. Malgré tout,
les potentiels investisseurs
font face à deux barrières à
l’entrée : des coûts fixes dif-
ficiles à assumer et le risque
d’un forage sans succès.
E n f i n , l a ré c u p é rat i o n d e
chaleur fatale représente un
réel levier pour améliorer la
p e r f o r m a n c e é n e r g é t i q u e
dans les RdC. L’ADEME estime
à 51 TWh la chaleur industri-
elle perdue à 100°C et plus [4].
Des synergies existent déjà :
citons le réseau de chaleur
de Dunkerque qui puise sa
chaleur sur le site industriel
d’Arcelor ou encore le contrat
d ’a l i m e n t a t i o n d u r é s e a u
de chaleur de Charleville -
Mézières par la chaleur rési-
duelle de la fonderie PSA.
Les le viers à saisir
Sia Partners a estimé à 10 mil-
liards d’euros l’investissement
re q u i s p o u r at te i n d re l e s
objec tifs sur les RdC d’ici
2030. Il existe aujourd’hui
des mécanismes de soutien
comme le classement des
RdC pour favoriser les plus
« ve r t s » , c l i e n t s co m m e
exploitants, de même que le
doublement du Fonds Chaleur
entre 2 0 1 5 et 20 1 7, mai s
cela n’est pas suffisant pour
autant. Une augmentation du
Fonds Chaleur sera à prévoir,
de même que le développe-
ment de fonds de garantie
pour inciter les investisseurs.
Par ailleurs, le rehaussement
du cr itère d ’obtention du
Fonds Chaleur actuellement
placé à 50 % pourrait per-
mettre, dans une dynamique
d’optimisation énergétique,
de rester en phase avec les
objectifs de la LTECV.
Pa r a l l è l e m e n t a u x o b s t a -
cles précédemment cités, les
innovations technologiques
sont un axe prometteur pour
l’émergence de RdC plus per-
formants. Deux axes nous
semblent par ticulièrement
I N F ’ O S E | N o v e m b r e 2 0 1 7
16 ÉNERGIES RENOUVELABLES
18. l o c a l e s f o n c t i o n n a n t e n
cogénération.
Une session d’appels à projets
de géothermie, biomasse et
RdC en Ile -de -France a été
lancée et prendra fin le 15
décembre 2017. Les résul-
tats nous éclaireront sur la
dynamique de la filière réseau
de chaleur.
Raphaël CLUET
Sources :
[1] Sia Partners, « Réseaux de chaleur », 2017.
[2] H. L. Du, « Les réseaux de chaleur dans le Grenelle de l’environnement », 2010.
[3] P. Désavie, «Le deuxième réseau de chaleur francilien passe au vert », Usine Nouvelle, 2017.
[4] ADEME, « La chaleur fatale industrielle », 2015.
[5] Cerema, « Développement des réseaux de chaleur et de froid en france », 2017.
[6] Cerema Ouest, « Etude des territoires à énergie positive pour la croissance verte mobilisés sur la thématique “réseaux de
chaleur” », 2017.
[7] Wavestone, « Hot Grids : l’opération séduction des réseaux de chaleur intelligents », 2014.
Les briques solaires : entre architecture et
production d’énergie
Après les panneaux photo-
voltaïques posés à même
les toits, une nouvelle tech-
nologie, intégrant les bâti-
ments et basée sur l’énergie
solaire, vient d’être dévelop-
pée par une équipe d’experts
de l’Université d’Exeter : la
brique solaire. Ce bloc de
verre incorpore un système
optique qui fait converger les
rayons du soleil vers des cel-
lules photovoltaïques afin de
produire de l’électricité tout
en laissant passer la lumière.
Partant du constat que les bâti-
ments consomment plus de
40% de l’électricité produite
dans le monde, cette innova-
tion, nommé Solar Squared
(« carré solaire » en anglais),
permettrait d’intégrer la pro-
duction d’électricité dès la
conception architec turale.
De quoi donner un sérieux
coup de pouce aux bâtiments
à énergie positive !
Les blocs de verre, de 19cm
de côté et 8cm de profondeur,
sont conçus pour s’assembler
les uns aux autres afin de
former un réseau et ainsi
injecter l’électricité produite
sur le réseau du bâtiment.
L’é n e rgi e p ro d u i te p o u r ra
ensuite être utilisée, stockée
ou encore recharger une flotte
de véhicule électrique.
L’é q u i p e d e c h e r c h e u r s
d’Exeter a créé une start-up,
Build Solar, afin de produire
et commercialiser le produit
d’ici 2018. L’entreprise promet
d e s te c h n o l o g i e s s o l a i re s
intégrées, abordables et effi-
caces. Mais au-delà de l’aspect
esthétique des briques et
de leur faible impac t sur
la lumière naturelle, Build
Solar revendique une mei-
lleure isolation thermique
q u e l e s b r i q u e s d e ve r re
traditionnelles.
Selon la start-up, les briques
solaires transparentes lais-
seraient passer la lumière
naturelle tout en gardant la
possibilité de les teindre pour
éviter que la pièce ne sur-
chauffe. On peut donc voir en
cette innovation un moyen
d’améliorer sensiblement la
qualité de vie des usagers.
Néanmoins, plusieurs incon-
nues demeurent. En effet,
I N F ’ O S E | N o v e m b r e 2 0 1 7
18 ÉNERGIES RENOUVELABLES
22. d a n s d e s b at te r i e s L i - I o n
a s s u re ra l a co nt i n u i té d e
l’approvisionnement.
Un appel d’offre et un con-
cours ont été lancé par Elon
Musk afin d’inciter des start
up et des groupes de recher-
che à tester les premiers
modèles d’Hyperloop. Depuis
2014, plusieurs entreprises
se sont lancées dans ce défi
dont « Hyperloop One » et
« H y p e r l o o p t r a n s p o r t a -
tion technology ». Leur but
est de construire un modèle
technologique, économique
e t ro b u s te q u i va l i d e l e s
études de faisabilité de cette
technologie.
Les premiers accords ont déjà
été signés entre ces entre -
p r i s e s e t d e s p a r te n a i re s
dans différents pays. C’est le
cas notamment à Dubai où
une ligne d’Hyperloop sera
construite entre D ubai et
Abudhabi pour un trajet de 12
minutes au lieu d’une heure
(cette ligne sera vraisem -
b l a b l e m e n t o u v e r t e e n
2020 [3]). Le 19 octobre 2017,
un accord visant à construire
une liaison entre Montpellier
et Toulouse a également été
signé. Le temps de trajet serait
ramené à 25 minutes [4].
L e p r o j e t H y p e r l o o p s e
concrétise donc rapidement
et commence à prendre place
dans le marché des transports.
Il intéresse de plus en plus
les pays en développement
comme l’Inde, qui cherche à
déployer des infrastructures
d e t ra n s p o r t p l u s p e r fo r-
mantes permettant la décen-
tralisation des activités des
mégalopoles.
S u r l e p l a n é c o n o m i q u e ,
l’Hyperloop est toutefois sujet
à plusieurs critiques dont le
manque de certitudes sur les
coûts réels du projet. Le coût
total de l ’H yperloop pour
le trajet San Francisco -Los
Angeles a, en effet, été évalué
à 6 milliards de dollars dans
le document de référence
SpaceX [3] contre environ 60
milliards pour la ligne de train
à grande vitesse en dével-
oppement en Californie. Le
prix du billet annoncé (20$),
est également relativement
bas comparé aux tarifs actuels
de plus de 50$.
L e c o û t d e c o n s t r u c t i o n
du projet français a cepen-
dant été estimé à 11 millions
d’euros par km. Une somme
qui reste comparable au prix
du TGV en France (compris
entre 15 et 30 millions d’euros
le km [5]). La construction de
l’Hyperloop s’annonce donc
moins chère que celle du TGV
malgré l’usage de technolo-
gies non conventionnelles.
Mais c’est probablement le
support de l’infrastructure qui
fait le plus débat. En effet, afin
d’assurer une meilleure venti-
lation et laisser de la surface
exploitable au sol, les rails
seront possiblement instal-
lés sur des pylônes. D’après
Elon Musk, cette caractéri-
stique permettrait de faire
baisser le coût du projet en
économisant une partie des
loyers des terrains. Cette idée
est vivement critiquée par le
bloggeur et mathématicien
Alon Levy dans les colonnes
de The Economist pour qui
les coûts estimés sont com-
plétement irréalistes : « une
structure tout-élevée relève
plus du bug technique que
d’un vrai dimensionnement ;
La terre de Central Valley est
bon marché ; les pylônes sont
chers ».
En outre, la sécurité des pas-
sagers ainsi que l’acceptabilité
sociale pourraient également
être un des défis majeurs pour
le projet. Un simple incident
pourrait s’avérer fatal compte
tenu des grandes vitesses.
Pour cela, l ’intégralité du
réseau de l’Hyperloop doit
être équipée d’un système de
I N F ’ O S E | N o v e m b r e 2 0 1 7
22 MOBILITÉ
23. surveillance et d’une mainte-
nance similaire à celle prati-
quée sur les TGV. Des capteurs
de pressions seront installés à
intervalle régulier le long du
tube afin de détecter toute
anomalie. En cas de problème,
les capsules seront équipées
de dispositifs de freinage
d’urgence.
En ce qui concerne le confort
des passagers, les rangées
sont prévues pour accueil-
lir deux personnes en posi-
tion assise ou semi-allon -
gée. Une capsule accueillera
28 passagers maximum. Les
places seront relativement
étroites, similaires à celles
que l’on peut trouver dans
un TGV. La fréquence rapide
des capsules, à raison d’une
t o u t e l e s d e u x m i n u t e s ,
devrait permettre une circu-
lation fluide entre deux sta-
tions. Les entreprises sont
assez optimistes par rapport à
l’acceptation du public, consi-
dérant l’intégration de l’avion
d a n s n o s s o c i é té s m a l gré
des risques d’incidents non
négligeables.
C’est finalement les considéra-
tions politiques et concurren-
tielles qui pourraient avoir
raison du projet. Des projets
H y p e r l o o p p o u r r o n t ê t r e
refusés car ils entreront en
concurrence avec des projets
ferroviaires à grande vitesse
déjà planifiés et financés par
les états.
Cette innovation représente
donc un véritable enjeu sur le
plan environnemental, socié-
tal et politique, il allie en ce
sens la rapidité d’un avion
et ses commodités ainsi que
l’accessibilité d’un train, ce
qui en fait un moyen de trans-
por t innovant et pratique.
Mais celui-ci devra faire face
à des défis avant tout tech-
nologiques et concurrentiels
pour trouver sa place sur le
marché du transport.
Chaimaa ELMKADMI
Sources :
[1] Elon Musk, « Hyperloop alpha », 08/11/2017, http://www.spacex.com/sites/spacex/files/hyperloop_alpha.pdf
[2] Sébastien Julian, « Hyperloop, train du futur : objectif 1000 à l’heure », L’express Expansion, 06/03/2017, https://lexpan-
sion.lexpress.fr/high-tech/hyperloop-train-du-futur-objectif-1000-a-l-heure_1884917.html
[3] Gaetan Lebrin, « Avec Hyperloop, Dubai – Abudhabi en 12 minutes », 17/11/2016, Le Figaro, http://www.lefigaro.fr/
societes/2016/11/10/20005-20161110ARTFIG00089-avec-hyperloop-dubai-abu-dhabi-en-12-minutes.php
[4] Mathieu Chartier, « Hyperloop à Toulouse : les travaux démarreront en février 2018 », Les numériques, 07/11/2017, https://
www.lesnumeriques.com/mobilite/hyperloop-a-toulouse-travaux-demarreront-en-fevrier-n68027.html
[5] Jacqué Philippe, « L’Hyperloop, le train futuriste ultra-rapide », Le Monde économie, 23/10/2015, http://www.lemonde.fr/
economie/article/2015/10/23/hyperloop-le-futur-tube-des -transports_4795531_3234.html
[6] N.B., « The Hyperloop: don’t get too hyper», The Economist, 19/08/2013, http://www.economist.com/blogs/gulliver/2013/08/
hyperloop
I N F ’ O S E | N o v e m b r e 2 0 1 7
23MOBILITÉ
27. I N F ’ O S E | N o v e m b r e 2 0 1 7
27ÉVÈNEMENT OSE
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