Quelques semaines après leur retour du voyage de promotion à Taïwan, les élèves du mastère OSE ont continué leur pèlerinage d’apprentissage énergétique durant trois jours de visites industrielles dans le sud de la France. Accompagnés par Gilles Guerassimoff, responsable du mastère, nous avons eu l’opportunité de visiter le centre de recherche du commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) à Cadarache, la centrale photovoltaïque de Puyloubier, l’usine-écluse de Pierre-Bénite et le siège de la Compagnie Nationale du Rhône (CNR) à Lyon, le chantier d’agrandissement de la centrale STEP de la Coche situé à Le Bois et les locaux d’Energy Pool au sein de la technopole « Savoie Technolac » au Bourget du Lac.
Entre la découverte du fonctionnement du réacteur WEST racontée par Benoit Lacroix, chercheur au CEA, l’insertion au cœur de la roue et des injecteurs de la turbine Pelton, permise par le chef de projet du site Emmanuel Mordefroid, les anecdotes de Claude Eymery, ancien directeur de la centrale Pierre-Bénite de la CNR, la présentation du cockpit permettant d’optimiser la production de la CNR par Helena Wagret, les discussions partagées avec Alexandre Levy d’EDF Renouvelables sur le site d’une centrale photovoltaïque et les éclaircissements des ingénieurs d’Energy Pool, ces visites auront été l’occasion d’échanger avec des passionnés de l’énergie. Elles nous auront enrichis en précieuses connaissances et permis de réfléchir à notre avenir professionnel. Pour cela, les élèves tiennent à adresser leurs remerciements aux différentes entreprises et à tous les intervenants nous ayant ouvert leurs portes. En plus des exposés de nos visites et des habituelles actualités énergétiques, vous trouverez également dans ce numéro un dossier sur les liens entre les tensions politiques et énergétiques au Venezuela et en Algérie.
Il est temps maintenant pour nous de rejoindre nos entreprises respectives pour six mois de stage, afin de continuer notre apprentissage et acquérir une expérience que nous pourrons à notre tour, un jour, transmettre.
Bonne lecture à tous !
JTC 2024 La relance de la filière de la viande de chevreau.pdf
Inf'OSE avril 2019
1. DOSSIER CENTRAL :
LA PROMOTION OSE 2018 EN VISITE SUR
DIFFÉRENTS SITES DU QUART SUD-EST
Mensuel sur l’énergie et l’environnement
N° 142Avril 2019
EN SAVOIE, VISITE DE LA CENTRALE HYDROÉLECTRIQUE DE
LA COCHE
>>> PAGE 18
A LYON, VISITE DE LA COMPAGNIE NATIONALE DU RHÔNE
>>> page 13
A CADARACHE, VISITE DU COMMISSARIAT À
L’ÉNERGIE ATOMIQUE
>>> PAGE 10
AU BOURGET-DU-LAC, VISITE D’ENERGY POOL
>>> PAGE 24
DOSSIER
L’ÉNERGIE AU COEUR DES CONFLITS POLITIQUES
>>> PAGE 28
2. infose@mastere-ose.fr
TELEPHONE
04 97 15 70 73
ADRESSE
Centre de
Mathématiques
Appliquées
Mines Paristech
Rue Claude Daunesse
CS 10 207
06904 Sophia Antipolis
Quelques semaines après leur retour du
voyage de promotion à Taïwan, les élèves
du mastère OSE ont continué leur pèleri-
nage d’apprentissage énergétique durant
trois jours de visites industrielles dans le
sud de la France. Accompagnés par Gilles
Guerassimoff, responsable du mastère, nous
avons eu l’opportunité de visiter le centre
de recherche du commissariat à l’énergie
atomique et aux énergies alternatives (CEA)
à Cadarache, la centrale photovoltaïque de Puyloubier, l’usine-écluse
de Pierre-Bénite et le siège de la Compagnie Nationale du Rhône
(CNR) à Lyon, le chantier d’agrandissement de la centrale STEP de
la Coche situé à Le Bois et les locaux d’Energy Pool au sein de la
technopole « Savoie Technolac » au Bourget du Lac.
Entre la découverte du fonctionnement du réacteur WEST racontée
par Benoit Lacroix, chercheur au CEA, l’insertion au cœur de la roue
et des injecteurs de la turbine Pelton, permise par le chef de projet
du site Emmanuel Mordefroid, les anecdotes de Claude Eymery,
ancien directeur de la centrale Pierre-Bénite de la CNR, la présen-
tation du cockpit permettant d’optimiser la production de la CNR
par Helena Wagret, les discussions partagées avec Alexandre Levy
d’EDF Renouvelables sur le site d’une centrale photovoltaïque et les
éclaircissements des ingénieurs d’Energy Pool, ces visites auront été
l’occasion d’échanger avec des passionnés de l’énergie. Elles nous
auront enrichis en précieuses connaissances et permis de réfléchir à
notre avenir professionnel. Pour cela, les élèves tiennent à adresser
leurs remerciements aux différentes entreprises et à tous les inter-
venants nous ayant ouvert leurs portes. En plus des exposés de nos
visites et des habituelles actualités énergétiques, vous trouverez
également dans ce numéro un dossier sur les liens entre les tensions
politiques et énergétiques au Venezuela et en Algérie.
Il est temps maintenant pour nous de rejoindre nos entreprises
respectives pour six mois de stage, afin de continuer notre appren-
tissage et acquérir une expérience que nous pourrons à notre tour,
un jour, transmettre.
Bonne lecture à tous !
Juliette Thomas
Toute reproduction, représentation, traduc-
tionouadaptation,qu’ellesoitintégraleoupar-
tielle, quel qu’en soit le procédé, le support ou
le média, est strictement interdite sans l’auto-
risation des auteurs sauf cas prévus par l’article
L. 122-5 du code de la propriété intellectuelle.
I N F ’ O S E | A v r i l 2 0 1 9
2
Coordinatrice - Catherine Auguet-Chadaj
Maquettiste - Lucas Desport
Photos - Etudiants MS OSE
EDITOCONTACTS
3. 04 - Avancée dans les technologies de
stockage de l’électricité
05 - Bilan actuel de la transition énergé-
tique mondiale
06 - Signature des accords sur la réor-
ganisation des marchés européens
de l’électricité
07 - Le Venezuela : le pays plongé dans le
noir après des coupures de courant
08 - Visite du président Xi Jinping en
France : des accords conclus entre
des sociétés du secteur de l’énergie
09 - Visite de GrDF à Cannes
10 - A Cadarache, visite du Commissariat
à à l’Energie Atomique
13 - Visite d’une centrale photovoltaïque
14 - A Lyon, visite de la Compagnie
Nationale du Rhône
18 - En Savoie, visite de la centrale
hydroélectrique de la Coche
24 - Au Bourget-du-Lac, visite d’
Energy Pool
28 - Venezuela et Algérie : l’énergie au
coeur des conflits politiques
ARTICLES
ACTUALITÉS
Les étudiants en visite chez GrDF
I N F ’ O S E | A v r i l 2 0 1 9
3SOMMAIRE
4. Dans un article du maga-
zine Nature Energy paru
en mars, des chercheurs de
la Colorado School of Mines
présentent les performances
très prometteuses de leur pile
à combustible à céramique
conductrice protonique (en
anglais Protonic ceramic fuel
cell, PCFC) [1]. Ces technol-
ogies émergentes se présen-
te n t co m m e u n e a l te r n a -
tive intéressante aux batter-
ies : moins coûteuses et ne
nécessitant pas de catalyseur
précieux, elles permettent de
convertir l’électricité renouv-
elable excédante en com-
bustible (H2
), puis inverse -
ment d’alimenter le réseau
en période de faible produc-
tion. Mais leur efficacité, avec
un rendement de conversion
énergie => H2
de 70 % et une
grande partie de l’énergie dis-
sipée en chaleur, était encore
à prouver.
Déjà en janvier dernier, une
équipe de la Nor thwestern
U n i ve r s i t y a v a i t r a p p o r t é
dans Energy & Environmental
S c i e n c e a v o i r a t t e i n t u n
r e n d e m e n t d e 7 6 % [ 2 ] .
Mais l’électrode en alliage
c é r a m i q u e p r é s e n t é e p a r
l’équipe du Pr. R. O’Hayre
vient changer la donne en
atteignant un rendement de
98 % de l’énergie fournie. La
gamme de température de
fonc tionnement de la pile
(450 – 600°C) lui permet d’être
couplée à un large éventail de
sources de chaleur (chaleur
fatale industrielle, chaleur
géothermale ou solaire) pour
augmenter encore son effi-
cacité énergétique [3]. Enfin,
autre avantage de leur PCFC :
une durabilité élevée, avec un
taux de dégradation de 3 %
pour 1000 heures d’activité,
en accord avec les exigences
du marché actuel.
M a l g r é l e s p e r f o r m a n c e s
en laboratoire très promet
teuses de cette technologie
d’électrolyse, de nouveaux
développements sont néces-
saires avant de pouvoir com-
mercialiser la pile. En par-
ticulier, des tests à l’échelle
des modules (assemblage de
plusieurs piles) qui ont ten-
dance à diminuer l’efficacité
mesurée sur les cellules uni-
taires de laboratoire, devront
confirmer l’utilité de la pile à
l’échelle du réseau électrique.
Dans tous les cas, la recherche
dans ces technologies encore
récentes a progressé, donnant
l’espoir d’une transition vers
les énergies renouvelables.
I N F ’ O S E | A v r i l 2 0 1 9
4 ACTUALITÉS
ACTUALITÉS AVRIL 2019
Z Ana DAVID
AVANCÉE DANS LES TECHNOLOGIES DE STOCKAGE DE L’ÉLECTRICITÉ
Sources :
[1] C. Duan et al., « Highly efficient reversible protonic ceramic electrochemical cells for power generation and fuel produc-
tion », Nat. Energy, vol. 4, no 3, p. 230 240, mars 2019.
[2] S. Choi, T. C. Davenport, et S. M. Haile, « Protonic ceramic electrochemical cells for hydrogen production and electricity
generation: exceptional reversibility, stability, and demonstrated faradaic efficiency », Energy Environ. Sci., vol. 12, no 1,
p. 206 215, 2019.
[3] J. M. Serra, « Electrifying chemistry with protonic cells », Nat. Energy, vol. 4, no 3, p. 178 179, mars 2019.
5. I N F ’ O S E | A v r i l 2 0 1 9
5ACTUALITÉS
Le WEF ( World Economic
Forum) – aussi connu sous
le nom de Forum de Davos – a
publié le 25 mars son rapport
annuel d’enquête sur l’état
de la transition énergétique
à l ’é c h e l l e m o n d i a l e [ 1 ] .
L’index de transition énergé-
tique (ETI) – compris entre 0
et 100 et calculé pour chacun
des 115 pays suivis – résume
40 indicateurs décrivant les
p e r fo r m a n ce s d u s ys tè m e
énergétique d’une nation.
Le classement de l’ETI 2019
n’a pas changé significative-
ment par rapport à celui de
2018, confirmant un leader-
ship continu des pays nord
et ouest européen (Suède,
Suisse et Norvège en tête) et
l’inertie au changement des
pays expor tateurs (Nigeria,
Venezuela, Mozambique) et
des gros consommateurs de
charbon et d’énergies fos-
siles. Au niveau global, l’ETI
moyenné révèle que la transi-
tion énergétique a ralenti en
2018, enregistrant le taux de
croissance le plus faible des 5
dernières années.
E n c a u s e n o t a m m e n t , l e
manque de volonté des nations
à appliquer leurs objectifs
définis par les accords de
Paris : seules 16 d’entre elles
y sont parvenues pour l’année
2018. La for te demande en
pétrole des secteurs pétro-
chimiques, de l’aviation et du
transport de fret suggère que
le pic de demande mondial
arrivera plus tard qu’annoncé
dans les précédents rapports ;
tandis que l’investissement
dans les énergies renouvel-
ables a diminué de 8 % sur
l’année. Les nombreux dés-
a s t re s n a t u re l s ( te m p ê te s
tropicales et incendies) ont
durement souligné le besoin
de résilience des systèmes
énergétiques.
Malgré ces constats peu réjou-
issants, on pourra noter que
l’accès à l’énergie est en nette
a m é l i o r a t i o n , n o t a m m e n t
dans les pays du sud et du
sud-est de l’Asie, où plus de
300 millions de personnes ont
reçu un accès à l’électricité
depuis 2014. L’augmentation
des prix du pétrole – cause
d e p ro te s t at i o n s d a n s d e
nombreux pays (France, Inde,
Zimbabwe, Brésil..) - le Green
New Deal aux États-Unis ou
les Marches pour le Climat
organisées par les étudiants
de centaines de pays reflètent
l ’i m p l i c at i o n gra n d i s s a nte
des sociétés dans cette étape
d e t ra n s i t i o n é n e rg é t i q u e
mondiale.
BILAN ANNUEL DE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE MONDIALE
Sources :
[1] « Fostering Effective Energy Transition », World Economic Forum, Switzerland, mars 2019.
6. Le 2 6 m a r s d e r n i e r, l e
Pa r l e m e n t e u r o p é e n a
voté en faveur de la direc-
tive visant à réorganiser le
marché de l ’élec tricité de
l’UE, mettant fin aux négo-
ciations sur le paquet « Une
énergie verte pour tous les
européens » [1]. Proposées fin
2016 par la Commission, les
mesures visent à faciliter et à
accélérer la transition des sys-
tèmes énergétiques nation-
aux vers des énergies propres.
Plusieurs directives du paquet
sont déjà entrées en vigueur
l ’a n n é e d e r n i è re, c o n c e r-
nant la performance énergé-
tique des bâtiments [2], ou
la gouvernance de l’union
de l’énergie [3]. La directive
votée fin mars concerne la
réorganisation du marché de
l’électricité.
Les nouvelles règles imposées
au marché lui permettront
de répondre aux besoins liés
aux énergies renouvelables et
d’attirer les investissements
liés au stockage de l’énergie
(un des grands enjeux des
énergies renouvelables étant
de compenser les variations
de la production d’électricité).
Autre évolution, le marché
doit inciter une participation
plus active des consomma-
teurs, en leur offrant plus de
choix, une protection accrue,
et la possibilité de devenir
des acteurs à par t entière
du marché grâce aux compt-
eurs intelligents, à des outils
de comparaison des prix, à
la tarification dynamique et
aux coopératives citoyennes
d’énergie.
Avant leur publication au
Journal officiel de l’Union,
s u i v i e d e l e u r e n t ré e e n
vigueur immédiate, le Conseil
des ministres de l’UE devra
approuver formellement les
nouveaux actes législatifs du
paquet « Une énergie verte
pour tous les européens ». Cet
accord marque une étape dans
la vision à long terme pour
une Europe neutre en carbone
d’ici 2050 [4].
Sources :
[1] « Commission Européenne - COMMUNIQUES DE PRESSE - Communiqué de presse - Une énergie propre pour tous les
Européens: La Commission se félicite de l’adoption, par le Parlement européen, de nouvelles propositions concernant
l’organisation du marché de l’électricité ». [En ligne]. Disponible sur : http://europa.eu/rapid/press-release_IP-19-1836_
fr.htm. [Consulté le : 14-avr-2019].
[2] « Commission Européenne - COMMUNIQUES DE PRESSE - Communiqué de presse - La Commission se félicite du vote
final sur la performance énergétique des bâtiments ». [En ligne]. Disponible sur: http://europa.eu/rapid/press-release_
IP-18-3374_fr.htm. [Consulté le: 14-avr-2019].
[3] « Commission Européenne - COMMUNIQUES DE PRESSE - Communiqué de presse - L’union de l’énergie se dote d’une
gouvernance simplifiée, robuste et transparente : la Commission salue un accord ambitieux ». [En ligne]. Disponible
sur : http://europa.eu/rapid/press-release_IP-18-4229_fr.htm. [Consulté le: 14-avr-2019].
[4] fernbas, « 2050 Long-term strategy », Energy - European Commission, 28-nov-2018. [En ligne]. Disponible sur : https://
ec.europa.eu/energy/en/topics/energy-strategy-and-energy-union/2050-long-term-strategy. [Consulté le : 14-avr-2019].
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6 ACTUALITÉS
SIGNATURE DES ACCORDS SUR LA RÉORGANISATION DU MARCHÉ EUROPÉEN
DE L’ÉLECTRICITÉ
9. EN BREF VISITE DE GRDF
Le lundi 25 mars, accompagnés de Sébastien Rose (promotion OSE 2004) et de Gilles
Guerassimoff, les élèves du mastère OSE se sont rendus à la traditionnelle visite du
poste de distribution de gaz de Cannes géré par GrDF et possédé par la commune. Le gaz
provient du méthanier de Marseille-Fos-Sur-Mer et arrive vers le poste de distribution
dans le réseau de transport de GRT gaz à une pression de 60 bars. Filtré par un filtre
à huile puis détendu à 4 bars dans une soupape, ce gaz alimente les réseaux des
communes alentours de Cannes (Antibes, Juan-les-Pins, Grasse, Mougins, Golfe-Juan...).
Les plus gros consommateurs dans la région sont les industries chimiques et l’industrie
du parfum de la région de Grasse. Les canalisations de transport et distribution sont
fabriquées en acier 250 isolé électriquement pour éviter la corrosion. Pour des raisons
de sécurité, la pression dans les canalisations ne doit pas être inférieure à 1 bar. Au
niveau du poste de distribution, les canalisations et robinets sont numérotés pour
pouvoir être manœuvrés à distance sur ordre de la centrale. Des capteurs de pression
et température y sont installés pour contrôler le gaz.
Le centre visité est un centre de formation et d’entraînement où les pompiers et la
police sont sensibilisés aux dangers du gaz et apprennent à faire face à des accidents
et des incendies. Les entreprises du BTP sont également sensibilisées aux règles de
sécurité et aux dangers que représentent les travaux de terrassement, de forage et de
fondations, souvent responsables de dégâts sur les réseaux,
et propices aux dangers. Aujourd’hui, bien que GrDF soit en
obligation de cartographier ses réseaux, un grillage jaune est
placé entre 20 et 30 centimètres de profondeur pour informer
un professionnel du bâtiment sur la présence d’un réseau de
gaz. Aussi, des véhicules équipés de capteurs peuvent être
utilisés pour parcourir un terrain et y déceler la présence ou
non d’un réseau de gaz.
A la fin de cette visite, M. Henon a illustré le danger que
représente l’inflammation d’un réseau de gaz en mettant le
feu à un terminal de conduite de 3 bars, dédié à cet effet.
Nous avons pu nous rendre compte de la violence d’un tel
accident, qui génère une flamme de plusieurs mètres de haut.
Nous remercions Sébastien Rose et Venance Henon pour nous
avoir expliqués leur métier et les risques liés à la gestion du
réseau de gaz.
I N F ’ O S E | A v r i l 2 0 1 9
9VISITE DE GRDF
10. I N F ’ O S E | A v r i l 2 0 1 9
10
A Cadarache, visite du Commissariat
à l’Energie Atomique
Lors de notre visite au CEA
C a d a r a c h e l e l u n d i 1 8
mars 2019 dans la matinée,
nous avons été accueillis par
Aurélie Denis, chargée de
communication scientifique.
Le Commissariat à l’Energie
Atomique et aux Energies
Al te r n at i ve s (C E A) e s t u n
acteur majeur de la recher-
che, du développement et de
l’innovation. Il travaille sur
quatre grands sujets : les éner-
gies bas carbone (nucléaire
et renouvelables), la défense
et la sécurité globale de la
France, les technologies pour
la santé et l’information et les
très grandes infrastructures de
recherche. Le CEA Cadarache
est l’un des neuf centres de
recherche du CEA et le plus
grand centre de recherche
et de développement tech-
nologique pour l’énergie en
Europe. A travers ses plate-
for mes technologiques de
recherche et de développe -
ment, il soutient l’industrie
du nucléaire, développe les
systèmes nucléaires du futur
et promeut les énergies alter-
natives. Il est constitué de
plus de 500 bâtiments dont
21 installations nucléaires
de base civile et une de base
défense. Le site regroupe près
de 2 400 salariés et 3 700 per-
sonnes sous-traitantes.
Vivien Stocker, communicant
sur le RJH, nous a présenté
le réacteur Jules Horowitz.
Le R J H e s t u n « M ate r i a l
testing Reactor », sa mission
est de maîtriser le comporte-
ment des matériaux et com-
bustibles sous irradiation en
fonc tionnement normal et
anormal afin de carac téri-
ser et qualifier un protocole
et de répondre à une expres-
sion des besoins des industri-
els tels que EDF. Ce réacteur
n’e s t d o n c p a s d e s t i n é à
produire de l’électricité. Sa
mise en fonctionnement est
prévue en 2020. Sa construc-
tion a été initiée en 2007 et
génère 100 à 300 emplois
directs et 300 à 1000 emplois
indirects selon les phases du
chantier. Le RJH a des enjeux
o p é r a t i o n n e l s i m p o r t a n t s
tels que la recherche et le
développement en soutien à
l’industrie nucléaire, le main-
tien des compétences et de
l’expertise nucléaire et la for-
mation de radioéléments pour
le médical afin de produire le
Technétium-99m, utilisé pour
l’imagerie médicale à des fins
de diagnostic. La durée de vie
du 99 mTc est limitée à 6h,
c’est pour cela qu’il doit être
produit en continu. Les avan-
tages de celui-ci est qu’il est
chimiquement adéquat et que
les émissions gamma sont de
faible énergie (140 keV ). La
construction du RJH n’a été
décidée que récemment parce
que d’une part les réacteurs
actuels sont vieillissants et
d’autre part le réacteur est
plus performant (100 MWth)
d û a u x f l u x d e n e u t ro n s
impor tants. Le RJH pourra
subvenir à 25 % des besoins
annuels de l’Union europée-
nne et pourra monter à 50 % si
nécessaire. En ce qui concerne
le modèle économique, le RJH
est piloté par un consortium
international qui regroupe
d e s ce nt re s d e re c h e rc h e
e t d e s e nt re p r i s e s i n d u s -
trielles européennes (EDF,
TechnicAtome, …). L’accès au
RJH est privilégié pour ceux
qui le financent. L’ilot nuclé-
aire du réacteur a un diamètre
de 366 m et une hauteur de
43,1 m et pèse 120 000 tonnes.
La taille du bâtiment est pro-
portionnelle à la puissance
VISITE DU CEA
11. I N F ’ O S E | A v r i l 2 0 1 9
11
et à la sureté actuelle. Il est
construit en conformité avec
le plus haut niveau de sûreté
requis par l’Autorité de sûreté
nucléaire : résistance accrue
à un séisme d ’intensité 9
sur l’échelle MSK, plusieurs
groupe de secours fonction-
nant au diesel pour assurer
l’alimentation électrique, un
système d’évacuation de la
chaleur résiduelle en air et
une seconde salle de contrôle
en cas de situation d’urgence.
E n s u i t e , n o u s a v o n s é t é
accueillis dans les locaux de
l’IRFM (Institut de la Direction
de la Recherche Fondamentale)
par Benoît Lacroix, qui tra-
vaille dans le domaine des
aimants supraconduc teurs.
Le Tokamak est l’acronyme
des mots Russes Toroidalnaja
Kamera Magnetrnaja Katuska,
ce qui signifie chambre toroï-
d a l e à co n f i n e m e nt m a g -
nétique et dont le principe
est de produire un plasma
confiné. Il existe 3 systèmes de
champ magnétique : le solé-
noïde central qui décharge la
tour centrale pour générer le
courant du plasma, le champ
toroïdal et la bobine toroï-
dale. Le projet ITER réuni
sept membres associés dont
l’Union Européenne. L’objectif
d’ITER est d’amplifier de 10
l’énergie récupérée (500 MW )
par rapport à l’énergie fournie
au départ (50 MW ). Le plasma
est chauffé par le champ
magnétique jusqu’à attein-
dre un courant de 1 million
d ’a m p è r e s . S a r é s i s t a n c e
ohmique diminue avec la tem-
pérature, on doit prendre le
relai avec d’autres systèmes de
chauffage pour atteindre les
150 millions de degrés Kelvin.
Pour mesurer les données de
température, on peut soit
passer par des méthodes pas-
sives (densité, courant, …) soit
par des méthodes actives par
injection de faisceaux laser
qui ne vont pas perturber le
plasma. Le matériau utilisé
dans l’enceinte du réacteur
doit faire face aux bombar-
dements neutroniques et aux
flux de par ticules d’hélium
et d’hydrogène qui pourront
i n d u i re d e s d é p l a ce m e nt s
atomiques dans le matériau
et donc perturber sa micro-
structure et ses propriétés
physiques. L’hydrogène peut
s’implanter dans le matériau
et entraîner un gonflement de
celui-ci. Le Tungstène est le
matériau choisi car son taux
d e ré te nt i o n d ’ hyd ro g è n e
est faible et sa conductivité
thermique est élevée ce qui
permet de transmettre au
mieux l’énergie reçue. Le
réacteur WEST sert à tester
des éléments du futur ITER.
L’installation TORE SUPRA a
été mise en service en 1988 et
rebaptisée WEST par la suite.
C’est le premier Tokamak au
monde doté d’aimants supra-
conducteurs et d’équipements
activement refroidis ce qui
p e r m e t d e p r o d u i r e d e s
plasmas de longue durée. La
température atteinte au cœur
d’un plasma de fusion est de
150 millions K afin d’assurer
l’efficacité de la réaction de
fusion.
Sur TORE SUPRA, la tempéra-
ture du plasma atteint les 80
millions K. Par ailleurs, c’est la
seule machine équipée d’un
système magnétique toroïdal
supraconducteur où l’hélium
liquide permet de le refroidir
à 2 K.
Dans la mesure où les supra-
conducteurs sont limités en
ter mes de sur pression, le
plasma est soumis à une pres-
sion qui ne dépasse pas les
7 bars.
Le limiteur reçoit la grande
majorité des flux de chaleur
p r o v e n a n t d u p l a s m a à
h a u t e u r d e 6 0 % d e s a
VISITE DU CEA S
16. • En outre, la CNR n’étant pas
le seul producteur présent
sur le Rhône, elle doit gérer
les débits en lien avec les
producteurs aval comme
EDF ou la Société des Eaux
de Marseille, au niveau des
Bouches-du-Rhône.
• Enfin, la prédic tion du
débit permet d’optimiser
au mieux la maintenance
de l’ensemble des sites
de production d’énergie
renouvelable.
L e c o c k - p i t , s i è g e d e s
pré visions
Le cock-pit constitue la salle
de pilotage où se retrouvent
les différents analystes afin de
gérer l’ensemble des opéra-
tions d’optimisation. Il s’agit
d’assurer une bonne gestion
de la vente d’électricité sur
le marché, par rapport à la
prévision météo, grâce à des
logiciels d’optimisation.
La prévision météo consiste
à l a p ré v i s i o n d e s p l u i e s
sur le territoire concerné.
Cela permet une prévision
hydrologique en débit sur
chaque affluent du Rhône.
O n e n d é d u i t u n e p ré v i -
sion hydraulique et ensuite
une prévision de produc -
tion. Plusieurs modèles per-
mettent de préciser la prévi-
sion météo, comme ARPEGE
(modèle numérique de Météo
France), ou encore le GFS
(modèle américain) ou le CEP
(modèle européen). Ces dif-
férents outils permettent de
mesurer la quantité d’eau
absorbée par le bassin versant
(c’est-à-dire « l’ensemble de
la zone géographique conti-
nentale qui correspond à la
totalité de l’aire de capture
et de drainage des précipita-
tions » [2]), en mm d’eau/6h.
Ils peuvent prendre en compte
de nombreux phénomènes,
comme la limite pluie-neige,
ou la fonte nivale (autrement
dit la fonte des neiges accu-
mulées en saison hivernale).
La prévision hydrologique
c o n s i s t e e n l ’e s t i m a t i o n
du débit des affluents du
fleuve. La CNR se base sur
l e l o gi c i e l H yd ro m e t, q u i
traite des données hydro -
météorologiques. A cet outil
on couple un algorithme de
prévision de précipitations
ainsi que des scénarios.
Po u r f i n i r, l e s p ré v i s i o n s
hydrauliques et de produc-
tion visent quant à elles à
valoriser la flexibilité des
systèmes de production. En
effet, aussi étonnant que cela
Gestion de l’équilibre de production
I N F ’ O S E | A v r i l 2 0 1 9
16 LA COMPAGNIE NATIONALE DU RHÔNE
Sources :
[1] CNR, « Produire et gérer de l’énergie 100 % verte » 17 04 2019. [En ligne]. Disponible sur : https://www.cnr.tm.fr/.
[2] Laboratoire Environnement Ressources de Concarneau, «Hydrologie,» 17 04 2019. [En ligne]. Disponible sur : http://www.
ifremer.fr/cycleau/cycleau/milieu-naturel/hydrologie.htm.
20. seule une partie des augets
( p a r t i e d ’ u n e t u r b i n e e n
forme de cuillère sur laquelle
on projette le fluide moteur)
est en contact avec le fluide à
un moment donné. Le fluide
moteur arrive à la roue à
augets (en rouge) à la pres-
sion atmosphérique. Toute
l’énergie de l’eau est appor-
tée sous forme d’énergie ciné-
tique et la pression de l’eau
est identique en amont et en
aval du rotor.
Pour être distribué à la roue,
le fluide circule depuis la con-
duite forcée dans un ou plus-
ieurs injecteurs (suivant si la
turbine est à jet unique comme
sur l’illustration ou à jet multi-
ple). L’injecteur a pour rôle de
régler le débit de sortie, grâce
à la conversion de l’énergie de
pression du fluide en énergie
cinétique. L’injecteur est lui-
même composé d’une tuyère
(ou buse) et d’une aiguille
d’ajustement du débit. La
vitesse de l’eau en sortie ne
dépend quant à elle que de la
hauteur de chute. La roue est
en rotation dans l’air et peut
être à axe vertical (comme ci-
dessus) ou à axe horizontal.
[4]
La turbine Pelton de La Coche
est elle à axe horizontal et
dispose de 5 injecteurs répar-
tis tout autour de la roue. Le
débit maximal turbiné sera de
28 m3
/s soit près de 6000 litres
par injecteur par seconde !
L’eau sera projetée à 540 km/h
sur la roue qui tournera à
420 tours/min. La masse tour-
nante du groupe (roue & rotor)
sera de 500 tonnes.
Elle ne fonctionnera qu’en
mode turbinage (le pompage
é t a n t a s s u ré p a r l e s t u r -
bines Francis actuelles) mais
apportera à l’installation com-
plète davantage de modular-
itégrâce à une large plage de
puissance de fonctionnement
e t p e r m e t t r a d ’ a b s o r b e r
l’afflux d’eau lors de la fonte
des neiges. [3]
Les travaux d’installation
Les travaux préparatoires ont
commencé dès 2013. Cette
première étape a consisté à
déconstruire les anciens bâti-
ments existants afin de laisser
place à l’usine extérieure qui
accueillera le groupe Pelton.
Dans un deuxième temps,
comme le montre l’illustration
ci-dessous (les parties en sur-
brillance orange représen-
te nt l e s a m é n a g e m e nt s à
effectuer), il a fallu creuser
u n e g a l e r i e s o u t e r r a i n e
d’alimentation en eau pour
atteindre la conduite existante
(en haut à gauche de l’image),
s’y raccorder et créer une déri-
vation pour rejoindre la future
usine extérieure (bâtiment au
centre de l’image). Cette nou-
velle galerie de 300 mètres de
long a été creusée par minage.
En pratique, chaque tronçon
de la nouvelle conduite (3 à
9 mètres de long et 2,36 m
de diamètre pour un poids de
10 à 30 tonnes) ont été suc-
cessivement posés et soudés
entre eux. Le raccordement
s’est fait grâce à une pièce
spéciale en forme de Y.
La construction à proprement
parler de la nouvelle usine a
commencé courant 2016. Elle
mesurera 33 mètres de haut
et pourra accueillir un groupe
de production de 12 mètres
de haut. Pour assurer au bâti-
ment de solides fondations,
une grande dalle de béton de
15 000 m3
a été coulée à sa
base.
La structure mécanique cyl-
indre (cylindrique ?) accueil-
lant la turbine a été blindée
et le bâtiment tout entier a
été ancré au rocher (duquel
a r r i ve l a co n d u i te fo rcé e
d’eau – cf figure ci-dessous)
afin de garantir la solidité de
l’ouvrage. Une fois la structure
du bâtiment (béton et char-
pente métallique) achevée, un
pont roulant pouvant soulever
jusqu’à 400 tonnes est venu
loger l’ensemble du groupe de
production dans son cylindre
I N F ’ O S E | A v r i l 2 0 1 9
20 LA COCHE PELTON
24. Lors de la visite du 20
m a r s 2 0 1 9 , l e s é l è v e s
du mastère ont été chaleu-
re u s e m e nt a cc u e i l l i s c h e z
E n e r g y Po o l a u B o u r g e t -
du-Lac par Laura Dar vey,
chargée de communication, et
R o m a i n S a i n t- L é g e r ( O S E
p r o m o 2 0 1 7 ) , i n g é n i e u r
recherche & innovation.
Au cours de la visite, nos
hôtes nous ont présenté la
société et ses perspectives.
Energy Pool est un agrégateur
et un opérateur de flexibilités
électriques et leader mondial
du secteur. L’entreprise a été
créée en 2009 dans le tech-
nopôle ‘Savoie Technolac ’.
Quatre ans après sa création,
elle a commencé son déploie-
ment à l’étranger. Aujourd’hui,
Energy Pool est présente dans
différents pays ; en Belgique,
au Royaume -Uni, au Japon,
au Cameroun, en Norvège, en
Corée et en Turquie.
L e c œ u r d e m é t i e r
d’Energy Pool est la flexibil-
ité électrique. Plus précisé -
ment, l’entreprise a un parc
de clients constitué de gros
industriels qui consomment
beaucoup d’électricité. Elle
gère donc son por tefeuille
clients pour offrir au gestion-
naire du réseau RTE une amé-
lioration de la stabilité du
réseau électrique.
M. Saint-Léger nous a entre-
tenus sur l’équilibrage du
système électrique et la flex-
ibilité opérés à Energy Pool.
L’entreprise utilise la flex-
ibilité pour répondre aux
d i f f é r e n t s e n j e u x é n e r -
g é t i q u e s . E l l e p e u t , p a r
exemple, réduire les pointes
et faciliter l’intégration des
énergies renouvelables en
Europe. Elle gère aussi les
pénuries en Afrique et réduit
l’utilisation des centrales au
fioul pour couvrir les pointes
au Moyen-Orient.
Comme indiqué ci-dessus, la
consommation des clients de
l’entreprise est importante.
Energy Pool peut donc pro-
p o s e r a u g e s t i o n n a i re d u
réseau électrique différents
services pour assurer la sta-
bilité du réseau. Parmi ces dif-
férents services, on peut citer
l’effacement électrique et le
système de réserves rapides.
Le principal but de l’entreprise
est de transformer l’industriel
d’un simple consommateur à
un consomm’acteur, c’est-à-
dire que l’industriel accepte
de modifier son profil de con-
sommation pour contribuer à
l’équilibrage du réseau, moy-
ennant une rémunération.
Mais plus précisément, en
quoi consistent les services
proposés par Energy Pool ?
Commençons par l’effacement.
Ce m é c a n i s m e co n s i s te à
r é d u i r e p o u r u n e c o u r t e
p é r i o d e l a c o n s o m m a -
t i o n é l e c t r i q u e d ’ u n ( d e )
gros consommateur(s) pour
diminuer la consommation
globale et éviter le risque
d’un black-out. En fonction de
la disposition de ses clients à
effacer leur consommation,
Energy Pool propose la veille
ses capacités d’effacement
au marché de l ’élec tricité
D ay-Ah e a d. S i ce t te o f f re
d’effacement est acceptée,
le consommateur est informé
par Energy Pool la veille
en début d’après-midi qu’il
devra effacer sa consomma-
tion sur un créneau connu et
pour une puissance donnée.
A u B o u r g e t - d u - L a c , v i s i t e d ’
Energy Pool
I N F ’ O S E | A v r i l 2 0 1 9
24 VISITE CHEZ ENERGY POOL
26. Energy Pool utilise la flexi-
bilité comme une solution
aux mutations que connaît
actuellement le mix énergé-
tique. En effet, l’intégration
des énergies renouvelables
intermittentes sur le réseau
expose ce-dernier à un risque
d’instabilité permanent. La
flexibilité peut donc com-
penser l’intermittence de la
production à partir d’énergies
renouvelables. L’instabilité
du réseau est aujourd’hui
m a j o r i t a i r e m e n t c o m p e n -
s é e p a r l e s é n e rgi e s fo s -
siles et par les importations
d’électricité de nos voisins
européens. En France, les
émissions de CO2
par heure
de tension ont augmenté de
50 % en 2017 par rapport à
2014. Les solutions proposées
par Energy Pool permettent
de réduire l’activité des cen-
trales de pointe et donc de
réduire les émissions de gaz à
effet de serre. Pour limiter ces
émissions pendant les péri-
odes de pointe tout en garan-
tissant la stabilité du réseau,
on peut utiliser des solutions
d e f l e x i b i l i té a l te r n at i ve s
notamment l’effacement avec
les centrales pilotables : les
industriels peuvent consom-
mer lorsque la produc tion
des EnR est importante et ils
s’effacent lorsque la produc-
tion est faible. En participant
au mécanisme d’effacement,
l e s c o n s o m m a t e u r s c o n -
tribuent à une gestion plus
intelligente de l’énergie.
A la fin de la présentation,
M. Saint-Léger nous a précisé
que le record d’effacement
d’Energy Pool a eu lieu le 2
juin 2016, date à laquelle
Energy Pool a effacé 1,1 GWh
pendant 2 heures (de 18h00 à
20h00) avec la participation de
46 sites. La quantité d’énergie
effacée est équivalente à la
consommation de 2 244 000
habitants. 673 tonnes de CO2
ont ainsi été économisées
grâce à ce mécanisme.
Energy Pool propose égale -
m e n t d ’ a c c o m p a g n e r l e s
industriels dans le mécanisme
de capacités “Mécapa” mis en
place par l’état et appliqué
par Rte. L’objectif principal
de ce mécanisme est d’inciter
les fournisseurs, les exploi-
tants des capacités de pro-
duction ou d’effacement et le
gestionnaire du réseau élec-
trique à contribuer à la sécu-
rité d’alimentation en fonc-
tion de la consommation en
puissance de leurs clients ou
d’eux-mêmes. Ce mécanisme
i m p u t e a u r e s p o n s a b l e
d’équilibre une obligation
de capacité pour les clients
de son périmètre sur la base
de leur consommation. Tout
exploitant d’une capacité de
production ou d’effacement
p e u t f a i re c e r t i f i e r c e t t e
capacité en tant que “garan-
tie de capacité”, sur la base de
la production. Le responsable
d’équilibre peut s’acquitter
de son obligation de capac-
ité en achetant son obliga-
tion en “garantie de capaci-
tés”. Autrement, il est pénal-
isé par Rte. Ces volumes sont
échangés par des exploitants
de capacité moyennant une
certification délivrée par le
gestionnaire du réseau public
auquel elles sont raccordées.
La certification se base sur
un engagement prévisionnel
des exploitants en termes de
disponibilité de leurs capaci-
tés, puis réajustée a posteri-
ori. Ces capacités sont valori-
sées et peuvent être vendues
sur le marché de capacité. Par
exemple, le prix de référence
marché (PRM) des garanties
de capacités 2019 est égal à
17 365 €/MW.
I N F ’ O S E | A v r i l 2 0 1 9
26 VISITE CHEZ ENERGY POOL
28. L’actualité politique récente
au Venezuela et en Algérie,
deux impor tants pays pro-
d u c t e u r s e t e x p o r t a t e u r s
d’hydrocarbures, pose la ques-
tion de l ’interdépendance
entre politique et énergie.
Le p r e m i e r p a y s c i t é , l e
Venezuela, est en effet le
1 2 è m e
p ro d u c t e u r m o n d i a l
de pétrole avec 2,11 mil-
lions de barils par jour en
2017, mais possède surtout
les plus grosses réserves au
monde avec plus de 300 mil-
liards de baril soit quasiment
18 % des réser ves mondia-
les [1]. L’Algérie est, elle, le
18ème
producteur mondial de
pétrole mais surtout le 10ème
producteur mondial de gaz
[2].
Le cas du venezuela
Depuis 2014, le Venezuela
e s t p l o n g é d a n s u n e
crise économique et poli-
t i q u e p ro fo n d e. E n e f fe t ,
Nicolas Maduro, le successeur
d’Hugo Chavez au pouvoir,
est très impopulaire et con-
t e s t é d e p u i s d e s a n n é e s,
sa politique étant loin de
faire l’unanimité. Ainsi de
nombreuses manifestations,
s é v è r e m e n t r é p r i m é e s e t
faisant des dizaines de morts,
ont miné son mandat, devant
s’achever en 2019. Sa réélec-
tion fin 2018 lors des dernières
é l e c t i o n s, b o yc o t t é e s p a r
l’opposition, a fait éclater
les tensions et Juan Guaidó,
chef de l’opposition et du
Parlement, s’est alors déclaré
chef de l’Etat [3]. Il a immé-
diatement été reconnu par
les Etats-Unis et nombre de
leurs alliés diplomatiques.
Le chef du régime en place,
N i co l á s M a d u ro, a d e p u i s
fermé les frontières et stoppe
l’aide alimentaire interna -
tionale, oppressant d’autant
plus la population du pays. Il
reste cependant soutenu par
des pays comme la Russie, la
Chine, la Bolivie et l’Iran.
Mais quel est le lien entre
cette crise et l’énergie ? Le
pays tirant la majorité de ses
ressources de la vente du
pétrole, exploité par la com-
pagnie nationale PDVSA, la
chute du prix du brut à partir
de 2014 et la mauvaise gestion
de Maduro ont plongé le pays
dans le marasme. La politique
du gouvernement en place a
été d’augmenter à la fois la
dette souveraine et celle de
PDVSA, mais de façon dérai-
sonnée, à tel point que lors de
la baisse des prix le pays s’est
retrouvé dans l’impossibilité
de rembourser ses dettes
( d é t e n u e s à h a u t e u r d e
150 milliards de dollars par les
E t a t s- U n i s ) j u s q u ’ à ê t r e
déclaré en défaut de paiement
en 2017. Les Etats-Unis ont
alors interdit au pays de con-
tracter de nouvelles dettes,
freinant les investissements
nécessaires à l’exploitation
de ses gisements pétroliers
et diminuant les possibili-
tés d’impor tations, causant
la pénurie de nourriture et
de médicaments. Malgré le
soutien financier de la Chine
et de la Russie, le pays est
entré dans un cercle vicieux.
La mauvaise santé du secteur
pétrolier vénézuélien et en
particulier de PDVSA, chargé
p a r l e g o u v e r n e m e n t d e
M aduro de par ticiper aux
aides et subventions dont
bénéficie le peuple, a donc
fini d’enflammer la situation
politique du pays.
Le Venezuela se retrouve ainsi
Algérie et Venezuela : l’énergie au
coeur des conflits politiques
I N F ’ O S E | A v r i l 2 0 1 9
28 L’ÉNERGIE AU COEUR DES CONFLITS POLITIQUES
30. 1 Mbbls/j ac tuellement et
potentiellement 0,8 Mbbls/j
pour l’AIE. Cela rentre dans
tous les cas dans la straté -
gie de l’OPEP de réduire la
production.
Au Venezuela, le pétrole et
donc l’énergie, est une cause
directe de la crise politique
dans laquelle est plongé le
p ays e t e nt ra î n e d ’a u t re s
effets négatifs sur le système
énergétique du pays notam-
ment de nombreuses pannes
d’électricité. La suite de la sit-
uation sera à regarder de près
pour le marché mondial du
pétrole au vu des réserves du
pays et est loin d’être réglée
avec des appels récurrents
aux manifestations de Guaidó.
Le cas de l’Algérie
L’Algérie est également entrée
dans une période d’instabilité
politique depuis que de nom-
breuses manifestations ont
é c l a t é p o u r d e m a n d e r l e
départ d’Abdelaziz Bouteflika,
l e p ré s i d e n t s o r t a n t . Ce s
mouvements ont fait suite à
la décision de ce dernier, le
22 février, de se représenter
pour un cinquième mandat
après 20 ans au pouvoir, et
ce malgré son âge avancé et
les doutes de la population
sur sa capacité à diriger et
l’influence que ses proches
conseillers exercent sur lui.
Ces manifestations ont réuni
d e s ce nt a i n e s d e m i l l i e r s
d’algériens. Finalement, mardi
9 avril, Bouteflika a annoncé le
retrait de sa candidature et a
nommé Abdelkader Bensalah,
le patron actuel de l’armée,
comme président intérimaire
pour une durée de quatre -
vingt-dix jours. Une nouvelle
élection présidentielle a été
fixée au 4 juillet. Si cette nou-
velle a satisfait les manifes-
tants, la majorité reste hostile
au nouvel homme for t du
régime, réclamant une tran-
sition rapide et complète [6].
La population algérienne se
plaint du système en place
depuis trop longtemps et de
certaines décisions prises uni-
latéralement, sans ou contre
l’avis de la population. La
question de l ’exploitation
du gaz de schiste en est le
parfait exemple. En effet, le
gouvernement avait décidé en
2015 d’accorder à Sonatrach,
la compagnie nationale des
hyd ro c a r b u re s, u n p e r m i s
d’exploration d’un gisement
de gaz de schiste à Ain Salah,
dans le centre du pays. Le
projet a rencontré une forte
opposition locale et nationale
en raison des impacts envi-
ronnementaux et a donc été
abandonné [7].
Dans un contexte où la pro-
duction algérienne de gaz
stagne depuis 10 ans et que
l a c o n s o m m a t i o n i n t é r i -
eure ne cesse de grimper, le
gaz de schiste était perçu,
par l’ancien gouvernement,
comme un élément favori-
sant la relance économique,
dans la mesure où les hydro-
carbures représentent 97 %
d e s ex p o r t at i o n s d u p ays
en valeur [8]. Ainsi l’idée de
lancer l’exploitation du gaz
non conventionnel n’a pas
été abandonnée avec pour
ambition de passer à 140 mil-
liards de m3
produits par an
d’ici 2023 contre 90 ac tu-
ellement. En octobre 2018,
le ministre algérien a ainsi
déclaré qu’il était nécessaire
d’exploiter cette ressource
en annonçant malgré tout
« un cadre réglementé, con-
sidérant les paramètres sani-
taires et environnementaux »,
afin d’apaiser l’opposition.
Dans le cadre du salon nord-
africain des hydrocarbures en
mars dernier, son potentiel a
encore été soulevé, l’Algérie
possédant la troisième réserve
mondiale de gaz de schiste. En
plus de ces déclarations, le
gouvernement et Sonatrach
ont travaillé dans ce sens, en
témoignent les discussions
et projets avec des compag-
nies américaines (ExxonMobil
I N F ’ O S E | A v r i l 2 0 1 9
30 L’ÉNERGIE AU COEUR DES CONFLITS POLITIQUES
31. Sources :
[1] « Énergie au Venezuela », Wikipédia. 29-mars-2019.
[2] « Énergie en Algérie », Wikipédia. 03-févr-2019.
[3] « La situation du Venezuela en 5 questions », Connaissance des Énergies, 08-févr-2018. [En ligne]. Disponible sur: https://
www.connaissancedesenergies.org/la-situation-du-venezuela-en-5-questions-180202. [Consulté le: 11-avr-2019].
[4] « Panne d’électricité: le Venezuela, géant énergétique aux pieds d’argile », RFI, 13-mars-2019. [En ligne]. Disponible
sur: http://www.rfi.fr/ameriques/20190313-venezuela-panne-electricite-guri-sabotage-maduro-corpoelec. [Consulté le:
11-avr-2019].
[5] « Venezuela: Maduro et l’opposition s’accusent mutuellement de la panne géante », 13-mars-2019.
[6] « Algérie : la rue ne désarme pas - 13/04/2019 - ladepeche.fr ». [En ligne]. Disponible sur: https://www.ladepeche.
fr/2019/04/13/algerie-la-rue-ne-desarme-pas,8129186.php. [Consulté le: 13-avr-2019].
[7] « Algérie : un enjeu caché, le gaz de schiste », Reporterre, le quotidien de l’écologie. [En ligne]. Disponible sur: https://
reporterre.net/Algerie-un-enjeu-cache-le-gaz-de-schiste. [Consulté le: 11-avr-2019].
[8] « L’Algérie, un État pétrolier en danger », Connaissance des Énergies, 30-juill-2015. [En ligne]. Disponible sur: https://
www.connaissancedesenergies.org/lalgerie-un-etat-petrolier-en-danger-150730. [Consulté le: 11-avr-2019].
[9] M. Cheikh, « Forum algéro-américain sur l’énergie à Houston : Accroître le partenariat », Energy Services Experts,
04-mars-2019.
[10] « La situation en Algérie parmi les facteurs qui tirent les prix du pétrole vers le haut », TSA, 10-avr-2019. [En ligne].
Disponible sur: https://www.tsa-algerie.com/la-situation-en-algerie-parmi-les-facteurs-qui-tirent-les-prix-du-petrole-
vers-le-haut/. [Consulté le: 13-avr-2019].
et Chevron), britannique (BP)
et norvégienne (Equinor) pour
de l’exploration dans le sud du
pays. Ces accords pourraient
être une bouffée d’air pour ce
secteur en Algérie, les inves-
tissements étrangers étant en
baisse : 100 millions de dollars
en 2015, après avoir atteint
600 millions de dollars en
2010 [9]. La situation actuelle
en Algérie n’est pas sans influ-
ence sur le marché mondial
et semble être un facteur de
l’augmentation récente des
prix [10].
Maintenant que la transition
politique semble être lancée
avec les futures élections pré-
sidentielles en juillet, le choix
et la refonte du modèle éner-
gétique algérien se posent.
Le nouveau gouvernement
v a a i n s i d e vo i r g é re r l e s
impor tantes ressources du
pays et pouvoir redessiner
la politique du pays sur ce
sujet. Le consultant en transi-
tion énergétique Tewfik Hasni
estime qu’il n’était pas possi-
ble d’appliquer une transi-
tion énergétique sans bonne
g o u v e r n a n c e e n p r e n a n t
pour exemple l’échec de la
filière photovoltaïque : projet
Déser tec avor té en Algérie
[11].
Co n t r a i r e m e n t a u c a s d u
V e n e z u e l a , l ’é n e r g i e n e
semble être qu’une pièce du
puzzle dans la crise algéri-
e n n e. D e f a ço n g é n é ra l e,
ces deux exemples illustrent
que les crises énergétiques
et politiques vont de pair,
sur tout dans les pays pro-
ducteurs mais pas seulement
; on l’a notamment vu en
France avec le mouvement
des “gilets jaunes” dont les
revendications sont parties
du prix des carburants. Dans
un contexte où la transition
énergétique est nécessaire et
en marche, l’énergie est donc
plus que jamais au cœur des
débats politiques.
Valentin MATHIEU
I N F ’ O S E | A v r i l 2 0 1 9
31L’ENERGIE AU COEUR DES CONFLITS POLITIQUES
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Quels vecteurs énergétiques pour une mobilité décarbonée ?