1. Prof. Michel Moutschen
Immunologie, Maladies Infectieuses, Médecine Interne Générale
ULiège – CHU de Liège
Prof. Philippe BOSSAERT, DVM, PhD
Service de Thériogénologie des animaux de production
P.Bossaert@uliege.be
Quelles perspectives à l'heure de
l'antibiorésistance croissante?
1
2. Dans cette présentation
1. Description de la résistance
aux antibiotiques et
contexte « one health »
2. Explication mauvaise
utilisation
3. Efforts dans le secteur
vétérinaire
4. Modification /
Interdépendance
2
3. 1. Description de la
résistance aux
antibiotiques et contexte
« one health »
3
4. Description de la résistance
aux antibiotiques
ANTIBIOTICS
EFFLUX PUMP
ANTIBIOTICS
ANTIBIOTIC
RESISTANCE
GENES
ANTIBIOTIC DEGRADING
ENZYMES
ANTIBIOTICS
ANTIBIOTIC
MODIFYING
ENZYMES
4
Vertical
Multiply
Horizontal
Pass genetics to
other bacteria
5. Description de la résistance
aux antibiotiques
Sensitive Intermediate Resistant
PrevalenceofAB
resistance
Appearance Selection Persistency Reduction
Phase 1 Phase 2 Phase 3 Phase 4
Time
Plus d’antibiotiques = plus de résistance
5
(pas de nouvelles molécules en développement…)
6. Description de la résistance
aux antibiotiques
6
Susceptible à l’AB
Résistant à l’AB
(résistance
naturelle ou
acquise)
7. • EU: 33.000 deaths / year (Cassini et al., 2019)
• Belgium: 530 deaths / year (Catry et al., 2019)
• DALY
• Infants and seniors
• 5 main infection types; bacteria:
• ESBL producing E coli
• Carbapenem resistant P aeruginosa
• 3rd gen. cephalosporin resistant K
pneumoniae
• Colistin resistant K pneumoniae
• Methicillin resistant S Aureus
7
Est-ce qu’on a un problème?
Oui, on a un problème.
9. Est-ce qu’on a un problème?
9
% of resistant E Coli isolated from human invasive infections
Le problème augmente.
10. Qui est responsable de ce
problème?
Responsabilité partagée
Mughini-Gras et al., 2019. Attributable sources of community-acquired carriage of Escherichia coli containing β-lactam
antibiotic resistance genes:a population-based modelling study. The Lancet, 3;8, 357-369.
12. Contamination de l’environnement
Animaux traités d’AB excrètent ces AB dans l’environnement
(matières fécales, urine)
12
Concentration(µg/kglisier)
Concentration(µg/kglisier)
14. Antibiorésistance dans les
bactéries commensales
Chantziaras et al., J Antimicrob Chemotherapy, 2014
Plus d’utilisation d’un AB = plus de résistance pour cet AB
14
18. Origine microbienne de la plupart
des antibiotiques
• Pénicillinees : Penicillium notatum
• Céphalosporines : Cephalosporium acremonium
• Carbapénèmes : Streptomyces cattleya
• Monobactames : synthetic but inspired by
monocyclic bactam compounds produced by
various bacteria
• Vancomycine : Amycolatopsis orientalis
18
19. Anthropocène and antibiorésistance
• Sélection de nouvelles mutations sur des gènes de
résistance anciens
• Accumulation de multiples mutations conférant la
résistance au sein du même microorganisme :
« superbugs »
• Transfert horizontal de gènes de résistance entre
espéces microbiennes différentes
19
20. Tout le problème est-il
dû à la consommation
d’antibiotiques?
20
28. Consommation antibiotique dans le monde:
Source: The Lancet Infectious Diseases 2014; 14:742-750 (DOI:10.1016/S1473-3099(14)70780-7)
2000 2010: ↑ 36% #
L’augmentation absolue la + importante:
- pénicillines à large spectre (1)
- céphalosporines (2)
- fluoroquinolones (3)
(1) + (2) = 55% en 2010
28
29. - Between 2000 and 2015, antibiotic consumption, expressed in defined
daily doses (DDD), increased 65% (21.1–34.8 billion DDDs), and the
antibiotic consumption rate increased 39% (11.3–15.7 DDDs per
1,000 inhabitants per day). The increase was driven by low- and
middle-income countries (LMICs).
Global increase and geographic convergence in antibiotic consumption between 2000 and 2015. Eili Y. Klein, et al. 2018
Médiane 2015:
17,9
29
31. • « 93.4% de la prescription totale des antibiotiques
relève de la pratique ambulatoire »
• 70-80% = MG
• 20-30% = MS
• Service public fédéral; Santé Publique
• BAPCOC
• Novembre 2012
31
34. • Unité de mesure de consommation des AB :
• DDD (defined daily dose)
• ‘DID’ = DDD/1000 habitants/j
• It is a technical unit of measurement, not a standard for
appropriate use.
• Avantage:
• comparable pays/pays comparer les pays entre eux
• Comparable année après année
• Inconvénients:
• Ne colle pas à la réalité
• Exemple: DDD amoxicilline = 1g/j
• En pratique: 1,5-2,4g/j
• Les posologies, pour une même indication, peuvent varier
(classiquement augmenter) au fil du temps.
NB: Certaines valeurs sont en cours de modification (à la hausse) dont des
ATB fréquement utilisés comme l’amoxicilline et l’amoxi/clav réduction
« artificielle » de +/- 15% attendue mais probablement plus marquée dans
les pays (comme la Belgique) qui consomme bcp de ce type d’ATB. 34
39. Year 2016.
The cohort (n=19 203 264)
comprised 14 571 944 (75.9%)
adult and 9 935 791 (51.7%)
female enrollees. Among
15 455 834 outpatient
antibiotic prescription.
Patients ≥ 65 excluded.
39
40. Le spectre des antibiotiques
prescrits est-il adapté?
40
41. Qualité des prescriptions antibiotiques
• Probablement +/- 50% des ATB sont prescrits sans bonne
raison.
• Parmi les ATB prescrits pour une « bonne » raison,
probablement > 50% sont inadéquats en termes de:
• Choix de la bonne molécule
• Choix du bon mode d’administration
• Choix de la bonne posologie
• Choix de la bonne durée : le mythe du « finir la boîte »
41
45. Pression réaction
• L’antibiorésistance est une responsabilité partagée
• Belgique: construction d’un cadre législatif
• AMCRA 2012: Formulation des objectifs de réduction
• 2016: Convenant pour soutenir les objectifs de réduction:
responsabilité partagée
• 2016: Arrêt Royal: utilisation des molécules d’importance
critique
45
47. Objectifs de réduction
• « Objectifs de réduction 2020 » pour la profession
vétérinaire
• 2011-2020: -50 % de substance active
• 2011-2020: -50 % d'aliments médicamenteux
• 2011-2020: -75% de molécules d’importance critique
47
48. Réduction qualitative
• Arrêt Royal 2016 (animaux de rente)
• WHO list: critically important antibiotics
• Conditions très strictes pour utiliser les AB d’importance
critique!!
Important
Highly
important
Critically
important
Critically important
with highest priority
Fluoroquinolones
3rd/4th gen.
cephalosporines
48
49. Réduction qualitative
Preventive use ? Stock (2 mo)? Diagnosis ? Antibiogram ?
No Yes Preferred Preferred
No Yes Condition Preferred
No No Condition ! Condition !
• Classification : « importance » for human medicine »
(RD 07/2016)
49
54. Réduction quantitative:
collecte de données
Cahiers de charge (IKM/QFL, Belplume, Certus, Colruyt …)
Veaux, porcs, volaille (2017)
Vaches laitières (2019)
2017: Sanitel-MED
« Benchmarking » des vétérinaires et des exploitations
Futur: Obligation
légale pour tous les
animaux de
production
Futur: Obligation
légale pour tous les
animaux de
compagnie
54
55. Réduction quantitative:
Benchmarking
• Utilisation par exploitation, par secteur, par
vétérinaire
•BD100 = # of treatment days / 100 days
x LA x 100
Kg treated
Kg of treatable
animals per
age category
55
QUANTITE
(pondérée)
TEMPS
60. Objectifs de réduction
• « Objectifs de réduction 2024 »
• Continuer les efforts de réduction;
• Utilisation globale dans la profession qui rencontre le
médiane de l’Europe
60
61. Objectifs de réduction
• « Objectifs de réduction 2024 »
• Diminuer le % des exploitations qui dépassent le « seuil »
• Le seuil est dynamique
• Le seuil est différent par secteur
• Le seuil change dans le temps
61
63. Objectifs de réduction
• « Objectifs de réduction 2024 »
• Objectifs spécifiques par molécule, indication
63
64. Seulement les animaux de production?
14 cabinets animaux
de compagnie
1314 consultations
Consultations après l’introductionConsultations avant l’introduction
Introduction des guidelines
Combien d’animaux sortent d’une consultation avec des AB?
65. Seulement les animaux de production?
72%
60%
0%
20%
40%
60%
80%
100%
before
(n=198)
after
(n=247)
80%
68%
0%
20%
40%
60%
80%
100%
before
(n=347)
after
(n=522)
Donc: la sensibilisation est efficace
66. Menace ou opportunité
pour la profession?
• La réduction n’est pas
un objectif isolé…
• … Mais est la suite
logique de la
médecine préventive
• Changement de
mentalité des
vétérinaires, des
éleveurs!
Redéfinir la mission du /
de la vétérinaire
66
67. Changer les habitudes…
• Évolution vers une médecine préventive
• Si nécessaire d’utiliser des AB: « Evidence based »
• Sensibilisation
• Étudiants
• Vétérinaires
• Éleveurs et propriétaires
• AMCRA: Création de groupes de travail par
thématique
67
70. Comment améliorer la qualité de
la precription antibiotique?
• A l’hôpital
• Antimicrobial stewardship (GGA)
• Restrictions de l’usage des larges spectres
• Meilleurs moyens de diagnostiquer les infections
bactériennes
70
81. Limiter la prescription d’antibiotiques
dans la communauté
• Eduquer les patients et les médecins généralistes
• Pas de délivrance « OTC »
• Réduire le remboursement des antibiotiques
précieux
• Augmenter la couverture vaccinale contre la grippe
et le pneumocoque
• Combattre les mythes
81
82. Trouver de nouveaux
antibiotiques
• Design rationnel
• En se basant sur des processus microbiens connus,
modifier des antibiotiques existant ou en créer de
nouveaux pour augmenter le nombre ou l’affinité des
sites de liaison
• Chimie combinatoire
82
84. Pourquoi si peu de nouveaux
antibiotiques?
• Raisons scientifiques
• Probabilité de trouver un nouvel antibiotique par HTS 5 fois plus
basse que dans d’autres domaines thérapeutiques
• Raisons régulatoires et cliniques (vs. maladies chroniques)
• Difficulté de prouver la supériorité
• Difficulté de prouver le bénéfice additionnel
• Retour sur investissement limité (vs. maladies chroniques)
• Les modèles traditionnels (prix x volume) ne favorisent par la RD
en matière d’antibiotiques
• Les modèles HTA actuels ne sont pas conçus pour évaluer les
bénéfices apportés par les antibiotiques à la société.
84
85. Success rates for new antibiotics HTS 4 to 5-fold
lower than for targets in other therapy areas
85
95. Améliorer les réponses de l’hôte
• Les peptides antimicrobiens, nos couteaux suisses
contre les pathogènes
• LL-37 (cathélicidine) présente dans les granules des
polynucléaires
• Effet antimicrobien direct sur Gram+ et gram- même dans les
biofilms
• Stimule le chimiotactisme
• Favorise la réparation tissulaire
• Etudes cliniques en cours
• Rendre les bactéries plus visibles par les cellules
immunitaires
95
97. Vaccins antibactériens
• Contre des toxines
• diphteria, tetanos, coqueluche, C. difficile
• Contre les bactéries elles-mêmes
• S. pneumoniae
• N. meningitidis
• S. typhi
• Il est crucial de développer des vaccins contre d’autres
bactéries S. pyogenes, S. aureus etc.
97
102. Conclusions
• La guerre contre les microbes est perdue d’avance
• Il n’y a pas de guerre contre les microbes
• Les maladies infectieuses sont considérablement
plus complexes qu’un simple modèle « agresseur-
agressé » et sont profondément influendées par le
style de vie, le régime alimentaire, les comorbités
et des facteurs écologiques
• Les antibiotiques sont des armes exceptionnelles et
précieuses : ils doivent le rester.
102
103. Take home messages
• Il y a multiples liens entre l’utilisation des antibiotiques
dans les animaux et la résistance observée en humaine.
On ne peut pas nier notre responsabilité dans le
problème de l’antibiorésistance
• La diminution qualitative et quantitative d’antibiotiques
est une évolution globale et donc, logiquement, aussi
en Belgique.
• Une collecte de données permet d’identifier dans quel
secteur, quelle exploitation, quel cabinet, quel
vétérinaire, une réduction est nécessaire.
• La mentalité des gens ne change pas toute seule. Une
sensibilisation des vétérinaires, des éleveurs et des
propriétaires est nécessaire.
103