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signes soient présents et si possible de manière répétée au fil de ● Rires ou sourires : augmentation des sourires, le plus sou-
plusieurs entretiens pour leur donner une véritable valeur. vent insincères, ou de rires inappropriés.
● Diminution des mouvements des mains : l’auteur affirme
1. Quels sont ces signes ? que les personnes fiables ont tendance à user de larges mou-
vements de balayages des mains lorsqu’elles cherchent à
1.2. Signes verbaux illustrer un point de leur discours. Les menteurs auraient
beaucoup moins de mouvements de ce type.
● Qualificatifs–Adverbes : ce peut être par exemple « pas ● Frottements du visage : il y aurait une augmentation des
nécessairement », « mais », « quoi qu’il en soit », « ordinai- mouvements des mains touchant la face, les oreilles ou les
rement », « presque », « la plupart du temps », « générale- cheveux.
ment », « essentiellement », « parfois », « d’habitude », ● Soupirs, inspirations : tendance chez ces sujets à des soupirs
« potentiellement », « actuellement », « rarement », « spéci- audibles ou visibles et à de profondes inspirations.
fiquement ». ● Mouvements de mains et haussements d’épaules : le mytho-
● Forme développée ou contractée : les mythomanes ont ten- mane aurait tendance à élever les mains, paumes en l’air et à
dance à insister sur les négations. Ils utilisent plus fréquem- hausser les épaules pour affirmer son incertitude.
ment les formes développées que contractées d’un verbe ou ● Manipulation d’objets : elle est en augmentation, avec mani-
d’une locution. pulation d’objets tels que lunettes, stylo ou papier.
● Les dénégations de mensonges : le mythomane prend soin ● Évitement du regard : tendance à un regard de côté ou loin-
de préciser qu’il n’est pas en train de mentir et insiste sur la tain ou encore dirigé vers le bas après un premier contact
fiabilité de ses réponses. Par exemple : « Je n’ai absolument visuel avec l’interlocuteur.
aucune raison de vous mentir », « franchement », « manifes- ● Clignement : il y aurait une diminution du clignement chez
tement », « pour être à 100 % honnête », « pour vous dire la les sujets manipulateurs.
vérité », « croyez-moi », « honnêtement », « autant que je ● Bras croisés : les bras sont pliés, croisés comme pour mettre
sache ». en place une barrière face à l’interlocuteur.
● Erreurs dans le discours : il peut s’agir de changement du ● Mains fermées, doigts croisés : les doigts sont repliés sans
cours de la pensée au milieu d’une phrase, d’erreurs gram- être visibles, ou entrecroisés entre les deux mains.
maticales, d’erreurs de temps, de personne, de pronom ou ● Se toucher le nez : on constate souvent que le sujet se frotte,
encore de lapsus. se gratte ou simplement se touche le nez.
● Besoin de remplir les vides du discours : Il s’agit alors
d’onomatopées destinées à ne pas laisser l’impression 1.4. Hypothèses biologiques et psychopathologiques
d’une hésitation.
● Bégaiement : ce peut être différents embarras de la parole L’auteur avance plusieurs hypothèses psychologiques ou
allant du bredouillement au véritable bégaiement. physiologiques pouvant expliquer ces signes dissimulateurs. Il
● Besoin de s’éclaircir la gorge : dans cette catégorie, les parle de l’expression d’un conflit inconscient avec des actions
auteurs évoquent également des sons tels les pleurnicheries, symboliques destinées à prévenir le mensonge telles que le fait
les gémissements ou les grognements ! de se couvrir la bouche, croiser les bras ou les jambes ou
encore de commettre des lapsus. Selon lui la manipulation
des objets peut symboliser la manipulation des personnes. Les
1.3. Signes non verbaux
hésitations du discours, l’emploi de nombreux modificateurs,
adverbes ou mots vides de sens auraient également une signi-
● Le mythomane a tendance à éviter de pointer un doigt pour fication symbolique.
illustrer ou souligner un point de son exposé. Peut-être, Sur un plan physiologique, il y aurait des connexions entre
pense l’auteur, de peur que la vérité puisse s’échapper à les muscles faciaux et le système limbique, si bien que là où le
travers ce doigt (!). vocabulaire peut être contrôlé, les expressions faciales manifes-
● Changement de posture : lorsqu’il travestit la réalité, le teraient la vérité. Ainsi, selon lui un sourire en coin exprimerait
mythomane a tendance à se pencher en avant, à appuyer le manque de congruence entre le discours et les affects.
les coudes sur les genoux ou sur une table et à changer Sur le plan biologique, il y aurait hyperactivité du système
constamment de posture ou de position sur sa chaise. nerveux autonome avec décharge catécholaminergique, ce qui
● Mouvements de la lèvre : il existerait une augmentation de expliquerait la diminution de la fréquence du clignement ou
la fréquence du mouvement consistant à passer sa langue certains mouvements parasites des mains et des pieds. Par ail-
sur les lèvres externes. leurs, l’hyperactivité du système nerveux autonome causerait
● Plissement des lèvres : le sujet a tendance à fermer ferme- un engorgement des tissus nasaux érectiles, appelé phénomène
ment la bouche et les lèvres comme s’il ne voulait rien lais- de Pinocchio. Par dégranulation des mastocytes, cela entraîne-
ser échapper. rait une sensation de douleur, d’irritation ou de démangeaison
● Boire et avaler : il existerait une augmentation de la soif et conduisant à la nécessité de frottements ou de grattements.
du besoin d’avaler sa salive. D’autres manifestations d’hyperactivité du système nerveux
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autonome expliqueraient l’enrouement, la bouche sèche, la pro- Les psychiatres français, impliqués habituellement dans des
trusion de la langue et donc le besoin de boire. activités d’expertises ou s’interrogeant sur la fiabilité des pro-
pos de certains de leurs patients, savent qu’il n’existe malheu-
2. Commentaires reusement pas de signe pathognomonique du mensonge et que
les faisceaux d’arguments permettant de découvrir la manipu-
Nombre des articles sur lesquels l’auteur s’appuie pour réa- lation doivent prendre en compte des paramètres multiples :
liser son travail sont publiés à l’intention des médecins impli- qualité du contact verbal et physique, modification du rythme
qués dans des activités d’expertise et d’évaluation, notamment du discours, perturbation ou hypercontrôle des émotions, varia-
pour le dommage corporel et psychique, aussi bien dans les bilité ou stéréotypies du vocabulaire utilisé, sans jamais avoir
accidents de la circulation que la pathologie du travail. Les de certitude réelle.
auteurs estiment cependant que le psychiatre puisse détecter
les manipulations des patients, y compris lors des consultations Pour en savoir plus
classiques. On comprend l’intérêt de maîtriser des outils de ce
Ekman P, O’Sullivan M. Who can catch a liar? Am Psychol 1991;46:913–20.
type dans un pays où les dommages et intérêts sont particuliè- Hall HY, Pritchard DA. Detecting Malingering and Deception. Florida: St.
rement élevés et même où l’existence ou non d’une pathologie Lucie Press; 1996.
psychiatrique peut avoir des conséquences aussi graves que de Harrison AA, Hwalek M, Raney DF, et al. Cues to deception in an interview
permettre ou d’empêcher l’application de la peine de mort. On situation. Soc Psychol 1978;41:156–61.
Hirsch AR. Postictal nose wiping: The lateralized sign in temporal lobe com-
est cependant étonné d’être face à des propositions simplistes
plex seizures. Neurology 1999;52:1721.
et aussi peu fiables. On se rend compte à quel point ces signes Hirsch AR. Physical and verbal signs of lying. Directions in Psychiatry 2003;
sont aspécifiques et reflètent le plus souvent une simple réac- 23:15–9.
tion d’anxiété ou de malaise, explicable par des éléments en Kohnken G. Training police officers to detect deceptive eyewitness statements:
rapport avec une personnalité mal affirmée ou encore avec les Does it work? Soc Behav 1987;2:1–17.
Kraut RE. Verbal and nonverbal cues in the perception of lying. J Pers Soc
conditions de la rencontre, notamment lorsqu’il s’agit d’une Psychol 1978;36:380–91.
expertise dont les conséquences majeures sont connues et com- Lillie HI. Some practical considerations of the physiology of the upper respi-
prises par le sujet. ratory tract. J Iowa Med Soc 1923;13:403–8.
Discussion
Pr M. Bourgeois. – Qu’en est-il de l’IRM fonctionnelle ? songe. Comment savons-nous que le sujet ment ou dit la
Dr J.-P. Luauté. – Pour répondre à la question de Marc vérité ? On retrouve une autre difficulté quand on demande à
Bourgeois sur les possibilités d’utilisation de l’imagerie fonc- des sujets sains de simuler un trouble, par exemple une paraly-
tionnelle, je pense qu’on est dans la même situation quand on sie. La complaisance du sujet à réaliser la consigne ne peut pas
enregistre les corrélats neurophysiologiques avec ce que Carol non plus être mise sur le même plan que le comportement d’un
Jonas vient de nous dire au sujet des signes physiques du men- vrai simulateur.