Bulletin technique de la Chambre d'Agriculture du Bas-Rhin, BARBOT Christophe

1. Techniques culturales
également consommateur d’eau et peut
produire des graines viables, ce qui peut
poser des problèmes de désherbage par la
suite. Par ailleurs, certaines familles de
plantes peuvent avoir un effet dépressif ou
dynamisant pour la culture suivante (défa-
vorables : crucifères avant maïs ; favora-
bles : avoine avant maïs ou sarrasin avant
blé).
La destruction des engrais verts reste
l’étape la plus délicate de l’itinéraire tech-
nique : le broyage peut démarrer à la flo-
raison pour les crucifères, en évitant la
pleine floraison à cause du butinage des
abeilles. Il est préférable de laisser sécher
les couverts broyés pendant quelques
jours avant de les enfouir. Une moutarde
haute d’à peine 30 cm ne nécessite pas de
broyage particulier.
En général, on intervient entre le
15 novembre et le 15 décembre pour
broyer les engrais verts. Les fortes gelées
précoces peuvent aussi avoir une action de
destruction du couvert, notamment sur la
moutarde ou sur une phacélie jeunes.
La destruction du couvert peut se faire
par un passage de cover-crop ou l’utilisa-
tion d’un broyeur avant un labour d’au-
tomne, si vous n’êtes pas assurés de l’ac-
tion suffisante des gelées. A noter que le
radis fourrager est peu sensible au gel et
les broyages mécaniques tardifs peuvent
s’avérer difficiles si le couvert est bien
développé.
L’enfouissement direct
au labour n’est pas toujours
la meilleure solution
Sur une moutarde bien développée, une
opération de broyage trop fin, avec de
nombreux résidus en fond de raie peut
conduire à une putréfaction anaérobie,
peu favorable à la culture suivante.
Si la moutarde ne dépasse pas 30 centi-
mètres, un enfouissement homogène entre
les bandes de labour dressées permet une
bonne décomposition au contact de l’air.
Le risque de repousse peut tout de même
conduire à un broyage mécanique.
Dans le cas de techniques
de semis direct
Dans le cadre de la protection du sol
contre les risques d’érosion ou de battance,
on peut avoir intérêt à favoriser
le développement racinaire
maximal de la culture intermé-
diaire et préférer une implanta-
tion précoce et une destruction
tardive. Dans ce cas, c’est le
mulch ou le paillis laissé au sol
qui a un rôle important pour la
culture suivante.
Si le couvert est vivant
durant tout l’hiver, veillez à
stopper la végétation 4 à
5 semaines avant le semis de
la culture de printemps, pour
éviter un trop fort assèche-
ment du profil.
Attention aux contraintes
administratives :
La date de destruction ne
doit pas intervenir avant le
15 novembre pour les CIPAN
bénéficiant d’une aide de
l’Agence de l’Eau ou de certains gestion-
naires de captage d’eau potable, et pas
avant le 1er
décembre, voire le 1er
mars
pour les couverts contractualisés dans le
cadre de Contrats Territoriaux d’Exploita-
tion.
Tenir compte de l’azote libéré
en 2004
Les cultures intermédiaires sont des
plantes qui absorbent les nitrates du sol
durant l’automne. Selon les espèces et les
situations, elles peuvent piéger jusqu’à
150 unités N et plus. Pour le maïs suivant,
la quantité d’azote supplémentaire dans le
sol varie de 15 à 40 unités (voire plus)
selon la biomasse produite et selon
l’espèce : il suffira donc d’apporter une
dose d’azote totale de 110 à 135 u.N/ha
pour un rendement de 110 quintaux secs.
En dessous de 1 000 kg de matière
sèche/ha produite par la CIPAN en
automne, la quantité d’azote disponible
l’année suivante reste marginale, surtout
en système avec des pailles enfouies.
Christophe Barbot
Service développement
4Trajectoires 67 / N° 92 Octobre-Novembre 2003
Labourer une belle Phacélie sans destruction préalable
peut réduire les bénéfices attendus.
Le développement racinaire d’un engrais vert permet de faciliter les labours dans les sols
lourds ou à structure compacte.