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Sommaire
Sommaire........................................................................................................... 2
Edito .................................................................................................................. 3
Mot du praesidium ............................................................................................. 4
Mot du baptême ................................................................................................. 7
Mot de la culture .............................................................................................. 10
Mot de la revue ................................................................................................ 11
Mot de l’orga ................................................................................................... 12
Agenda des activités......................................................................................... 15
Fable ou conte ? Telle est la question ............................................................... 19
Les véritables histoires derrière les contes disney............................................. 21
Conte … sous l’océan ...................................................................................... 26
Cendrillon - telephone...................................................................................... 30
Retour aux blancs chevaux............................................................................... 35
Promotion du livre kot & cœur......................................................................... 40
Fight club : du livre au film.............................................................................. 44
La situation des femmes au malawi.................................................................. 48
L’écriture inclusive : quand le masculin ne l’emporte plus............................... 50
Quelques caractères de bavière......................................................................... 53
Louvain-la-haine .............................................................................................. 56
Appel à participation........................................................................................ 58
Ivand’lamour.................................................................................................... 59
Kikadikois........................................................................................................ 61
Le coin photos.................................................................................................. 62
Illustration (couverture) :
https://www.tattooforaweek.com/blog/wpcontent/uploads/2015/02/3e60cee05811c068e8006dd5d03c734b.jpg
3
Edito
l était une fois dans une faculté fort lointaine … un Éloge de la Folie dédié
aux contes.
Pour ce second numéro, nous vous emmenons, chères lectrices, chers
lecteurs, à la découverte de contrées lointaines où la magie est reine. Au fil des
pages, vous pourrez vous délecter de divers articles s’articulant autour du thème
du conte, qu’il soit merveilleux, horrifique ou traditionnel. Outre ces pages
enchanteresses, vous retrouverez, comme dans chaque Éloge, quelques-unes de
vos rubriques fidèles et préférées, à savoir Ivandl’amour, Il était une fois un
compositeur, ou encore les classiques Kikadikois. Nous vous réservons
également quelques surprises telles que la promotion du roman Kot&cœur ou
encore une interview exclusive avec le Kap Contes.
Vous l’avez compris, c’est un Éloge bien rempli que vous vous apprêtez à
parcourir. Nous tenions donc à remercier tous les contributeurs qui nous
permettent, grâce à la qualité de leur plume, de réaliser chaque mois ce journal
facultaire. Si vous aussi vous désirez participer (de façon anonyme ou non) à la
rédaction d’articles ou de rubriques, n’hésitez pas à nous faire part de votre
talent à l’adresse suivante : elogedelafolie.fial@gmail.com. C’est avec un grand
plaisir que nous lirons et partagerons vos compositions.
Nous profitons aussi de ces quelques dernières lignes pour vous rappeler
de nous suivre sur notre page Facebook Éloge de la folie - Journal facultaire.
Vous y trouverez toutes les informations relatives aux concours (oui, oui vous
avez bien lu et c’est exclu), thèmes, deadlines et parutions de notre beau journal
facultaire.
Il ne nous reste plus qu’à vous souhaiter une agréable lecture…
Vos déléguées Éloge fort fort conte-ntes,
Élise & Félicie
4
Mot du Praesidium
Bonjour à toi, nouvel·le abonné·e ou fidèle lecteur·trice ! Tu l’attendais
avec impatience, ce second numéro, hein ?
Nous espérons que ton premier mois sur Louvain-la-Neuve est à la
hauteur de tes espérances ! Et plus encore, nous espérons que tu aies pu/su venir
au cercle Philo & Lettres1
et que tu t’y sens maintenant (presque) comme chez
toi !
Même si tu sais déjà tout sur nos activités car tu es venu·e à tous nos
événements, nous te proposons un petit inside view !
Le cercle a organisé, en ce début d’année académique, une semaine
d’accueil, avec au programme : barbecue, binouzes et bonne ambiance ! Nous
espérons que tu as eu l’occasion d’y venir et surtout, que nous t’avons donné
l’envie d’y revenir ! Ces barbecues d’accueil avaient comme but, entre autres, de
familiariser les petits nouveaux avec le parcours d’intégration folklorique
communément appelé baptême. Et c’est 3 semaines plus tard que le Philo et
Lettres a accueilli une joyeuse bande de nouveaux·elles petit·e·s baptisé·e·s !
Félicitations à eux et à elles, à leur papa (Lorella) et à leur maman (Guillaume) !
Et merci aux poils et plumes présent·e·s pour leur aide et participation !
Mais le cercle, ce n’est pas que le baptême. Nous avons eu l’occasion de
rencontrer beaucoup d’autres personnes, baptisées, non-baptisées, venues de
tous horizons à de multiples évènements, comme les Philundis, l’Anim’bar et la
Casa ! En effet, le mercredi S1, nos trois délégué·e·s Anim’bar, Alicia,
Timothée et Zoé, vous ont concocté une soirée sur le thème Police vs Gangsta.
Nous espérons que tu as pu prendre ta photo avec ta pancarte délinquant
« comme dans les films » et que tu as eu l’occasion de goûter les nombreux et
délicieux cocktails mis à disposition ! Et le jeudi S1, nos trois déléguées orga,
Eléonore, Laura et Perrine, ont mis le feu à la Casa avec leur thème de feu de
dieu : la casâme soeur ! Nous espérons que tu as pu y passer et que tu as
rencontré ton âme-sœur ! Appelez maintenant le Philo : Cupidon. Un grand
merci également à tous·tes les comitard·e·s présent·e·s toute la soirée pour vous
avoir abreuvés et servis avec un grand sourire !
Le Philo et Lettres est également très fier de présenter son nouveau site
internet : cerclefltr.be ! Notre délégué comm’/relex, Ivan, et Alexe y ont passé
1
Si pas, QU’EST-CE QUE TU ATTENDS ? Nous, on t’attend !
5
énormément d’heures pour vous concocter un site moderne, complet,
extrêmement efficace et surtout, magnifique ! La k-fet a également innové et a
sorti un nouveau sandwich : el pollo (poulet, tortilla, poivron, andalouse) !
Cours à la k-fet tant qu’il est encore en vente !
Assez de se tourner vers le passé, nous sommes très heureux·ses
d’également te présenter nos activités pour les mois qui arrivent ! Alors sors ton
agenda et ne rate rien de ce qui t’attend !
Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi
S6 Philundi
24h @
Place de
l’université
S7 Philundi
Gargamel
Trophy
S8
Philundi
Semaine
Abbaye de
Gembloux
Semaine
Abbaye de
Gembloux
Anim’bar
Semaine
Abbaye de
Gembloux
Semaine
Abbaye de
Gembloux
Semaine
Abbaye de
Gembloux
S9 Philundi Anim’bar
S10 Philundi Anim’bar
S11 Philundi Anim’bar
S12 Philundi Casa Anim’bar
Pour ne pas perdre une miette de ce qu’on organise, le cercle a mis
quelques outils en ligne pour te garder au courant et/ou te mettre l’eau à la
bouche des soirées à venir et passées !
Le site
cerclefltr.be
La page facebook
FLTR
Snapchat
cercle-fltr
Instagram Les photos des soirées
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Nous pouvons donc dire que, mise à part des problèmes de sono et de
beercoolers, nos comitard·e·s, le comité de soutien et les sympathisants ont
vraiment bien géré ça ! On a hâte de continuer l’aventure avec toi, alors n’hésite
pas à (re)venir ! Le Philo et Lettres continuera à t’accueillir en son antre avec
toujours plus d’ambiance et de binouze2
s !
PS : si tu désires nous contacter pour la moindre question, suggestion, bon
conseil, connaissance, nouvelle, don d’organes, etc., c’est avec grand plaisir que
nous te répondrons à l’adresse suivante : presidentfltr@gmail.com.
Enjoy3
la suite de ta lecture et à très vite dans l’Antre du Bouffon pour de
nouvelles aventures !
Emi et Maëlle
2
Pardon, Monsieur le Doyen !
3
Tu l’auras compris, une de nous deux est en langues anglaise-française.
7
Mot du baptême
L’an passé, j’ai eu le plaisir d’être choisie par Emiline et Maëlle pour
devenir la nouvelle présidente de baptême du cercle Philo et Lettres. Alors que
certains me félicitaient, d’autres me plaignaient. C’est sur qu’être présidente de
baptême est synonyme de prestige mais aussi, et surtout, de responsabilités. Cela
a en effet été dur à gérer parce que bien qu’il s’agissait d’une marque de
confiance de la part du praesidium, la pression qui fut posée sur nos épaules à
Guillaume, vice-président de baptême et moi-même, était énorme.
La préparation de ce baptême débuta fin juin. Nous avons à peine eu le
temps de finir nos examens et relâcher la pression de cette session que nous
devions à nouveau nous concentrer sur ce projet. Nous avons donc passé notre
été à faire des demandes d’autorisation auprès de la ville, autorités de l’UCL et
professeurs. Nous avons également concocté le planning de ces bleusailles et
planifié chaque activité de manière singulière. Nous avons aussi du imaginer un
t-shirt que nos petits bleus porteraient durant toute la durée de leur baptême et
rédiger leur nouveau meilleur ami, aka leur carnet de bleu.
La préparation fut longue mais récompensée une fois le baptême
commencé. Le baptême est un évènement phare pour un grand nombre
d’étudiants. Voir la motivation et impatience à l’idée de commencer celui-ci de
la part des autres baptisés était un beau cadeau mais aussi un soulagement pour
nous deux. Nous n’étions pas seuls face à la lourde tâche qui se profilait devant
nous !
Ces trois semaines ressemblaient à un roller coaster. Elles étaient
entrecoupées de bleus motivés, d’activités amusantes, de beau temps mais aussi
d’imprévus (mille imprévus…), de problèmes de santé obligeant certains bleus à
arrêter et d’absence d’heures de sommeil (moultes heures de sommeil).
Ce fut rude, épuisant, long mais à la fois très court aussi (pas pour les
bleus du moins !) mais surtout, surtout, merveilleux. Il y a trois ans, lorsque je
prenais part au baptême en tant que bleuette, on m’avait vendu une expérience
unique qui changerait ma vie. Ce fut le cas. J’ai créé un lien spécial et vécu des
choses inqualifiables avec mes co-bleus. Cette année, en rempilant en tant que
présidente de baptême cette fois, ma vie a changé pour la deuxième fois. Je
savais que mon rôle serait important auprès des autorités et que j’aurais des
responsabilités mais ce baptême m’a surtout apporté (oui, c’est bien le mot
adéquat) de l’anxiété positive. Je me suis inquiétée pour ces bleus. On a toujours
8
dit que les mamans s’inquiétaient pour leurs enfants 24h/24. C’est l’état dans
lequel je me suis trouvée pendant ces trois semaines. Ces bleus étaient en
quelques sortes mes bébés.
Je ne peux donc qu’être fière et heureuse d’annoncer que le Cercle Philo
et Lettres accueille désormais 25 nouveaux·elles baptisé·e·s en son sein.
Félicitations à Eliott, Yoze, Emilie, Emilien, Fiona, Nuno, Saszkya, Mael,
Maxime, François O., Corentin, Charles, Amandine, Ethan, Thomas L., Pauline,
François U., Nicolas, Olivier, Alice, Fabien, Thomas C., Tabata, David et Eric.
Merci à vous d’avoir vécu cette expérience avec nous. Guillaume et moi-même
sommes extrêmement fiers de vous et espérons que vous ne ressortirez de cette
expérience que du positif ! Bienvenue chez vous ! Le baptême et vous, nous
manquez déjà !
Je terminerai cet article par une citation d’un savant, le beau, le grand
Baptiste Marredda, président de baptême l’année passée : « La nostalgie, c’était
mieux avant ! »
Lorella
Quelques retours des nouvelles recrues 2017-2018
- Fiona
Deux ans que je veux faire mon baptême, Deux ans que je repousse le moment
fatidique. Flemme, pas le courage de souffrir « gratuitement », je pense que je
suis déjà trop vieille, j’ose pas,… Toutes les excuses sont bonnes pour ne pas le
faire. Cette année je prends mon courage à deux mains, je me pointe au
barbecue d’accueil. On me vend le truc comme pas possible, je signe. Les trois
semaines suivantes se sont enchaînées à la vitesse de l’éclair. Les midis à la
kfet, les soirées à remplir nos carnets, les activités, les allées venues chez la Duc
pour faire plastifier carnet et pancartes, les services chez les poils et plumes,…
je mange baptême, je dors baptême, je respire baptême. Ca a l’air pénible
comme ça, non ? Mais vous savez quoi, on était 25 dans la même situation, à
souffrir de la même manière en acti puis à se conforter sur notre groupe au soir.
Jamais trois semaines ne m’auront autant appris. A la fin du baptême, le rideau
tombe : je n’ai jamais rencontré autant de gens d’un coup, j’ai fait des choses
que je n’aurais jamais pensé être capable de faire, j’ai appris le véritable sens
du mot « solidarité ». Signer ? Je le referais 10 millions de fois.
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- Maxime
Je vous salut ô lecteur de l'Éloge adoré adorable, désiré désira, euh euh c'est
fini le baptême ! Oui, après 3 semaines d'apprentissage sur la vie de gangsters
ça y est nous sommes enfin baptisés dans le plus culturel des cercles louvanistes.
Oui oui j'ai bien dit d'apprentissage. Un apprentissage sur soi-même mais aussi
sur les autres, il est la base du baptême. Une expérience unique qui fait
grandement grandir et mûrir. La solidarité, la rencontre et Al Capone seront les
3 mots que je retiendrai de ce baptême. Un baptême que je n'hésiterais
absolument pas à recommencer enfin à un fifrelin près !
- Tabata
On ne vit qu'une fois alors pourquoi ne pas faire son baptême universitaire ?
C'est une occasion en or pour être solidaire avec des gens que l'on ne connaît
pas (et que l'on ne croirait pas pouvoir devenir amis avec avant de commencer),
de devoir se cacher pour rire et de rendre des services complètement fous qui
nous permettent de parler avec des gens adorables qui aiment jouer pourtant
aux sévères. Le baptême permet de faire des choses ridicules qui font rire avec
du recul et que l'on pourra se remémorer dans une quinzaine d'années autour
d'une pinte. Ça aide également à dépasser ses limites, peu importe ce qu'elles
sont et se rendre compte que la vie est un jeu qu'il faut savoir manier avec du
second degré.
- Charles
Cette année, j'ai décidé de faire mon baptême après une grosse réflexion étant
donné que j'allais devoir le faire en chaise roulante. Pendant les 4 jours qui ont
séparés mon inscription de la première acti, j'ai changé d'avis une dizaine de
fois à cause du stress. Au final je me suis lancé, et le seul regret que j'ai, c'est de
ne pas avoir pu tout faire pendant mon baptême. Le praesidium de baptême était
très attentif à moi, et veillait à ce que je n'aggrave pas mon état. Je conseille
donc à tous ceux qui hésitent à cause de problèmes de santé ou de mobilité de
tenter l'aventure, vous ressortirez de votre baptême avec la sensation que rien
ne vous arrête, en plus des autres sensations que tout les bleus ressentent,
comme la fierté ou la solidarité. Au final, faire son baptême, peu importe dans
quelle mesure on sait le faire, tant que vous vous donnez au max de vos
capacités, ça vous apportera quand même de merveilleux souvenirs, des
expériences euuh.. surprenantes et des rencontres incroyables !
10
Mot de la culture
Bonjour les guindailleur·se·s (et moins guindailleur·se·s!),
Tu sais sûrement que l'année précédente fut bien triste pour la cité néo-
louvaniste. En effet, le mois d'octobre ayant pour habitude d'être un mois de
fêtes (et pas seulement pour Halloween) n'a pas pu résonner de rires et d'éclats
de joie. Le bel adage "En S6, tu bosses ou tu bisses" n'avait plus aucun sens. Et
oui, le plus gros des évents de Louvain-la-Neuve n'a pas pu pointer le bout de
son nez. Les étudiant·e·s, tel·lle·s que toi, ne savaient où donner de la tête pour
compenser ce manque...
Mais puisque nous savions que tu l'attendais depuis longtemps (l'année
passée exactement), la team culture #bestoftheteam a l'immense plaisir de
t'annoncer le retour du plus gros événement de l'année à Louvain-la-Neuve:
celui des 24 HEURES VELO!!!
À cette occasion, nous avons mis les petits plats dans les grands et te
promettons une nuit de folie! C'est non sans émotion que nous avons le plaisir de
te convier ce 25 octobre à the place to be: la Place de l'Université. En effet, avec
nos amis des Petits Chevaux, la MAF et le PSYCHO, nous allons remplir cette
place de joie et de bonne humeur notamment avec les sons de DJ Watt’Sound!
Au programme? De la bière, de la bouffe, des comitard·e·s plus
motivé·e·s que jamais, sans oublier du sport (ben oui les 24h c'est aussi en
rapport avec le vélo il parait...). Nous pensons que ça ne sert à rien de t'en dire
plus, car les 24h il faut les vivre et non les lire! Alors ramène-toi!
Si toi aussi tu veux marquer l'histoire folklorique de Louvain-la-Neuve en
assistant aux 24 heures édition 2017-2018, n'hésite plus et viens fêter le retour
de cet évènement avec nous Place de l'Université ce mercredi 25 octobre à partir
de 19h!
Au plaisir de vous y voir nombreux et motivés,
Pouet, Lynne et PO,
Vos dévoués délégués culture 2017-2018.
11
Mot de la Revue
12
Mot de l’orga
Petit instant promo…
Puisque nous sommes ici pour vous parler de contes, nous allons vous en
rappeler un que vous connaissez forcément tous·tes. Enfin, ce n’est pas un conte
à proprement parler, mais son univers et ses personnages se prêtent très bien à
l’univers du conte : une forêt pleine de plantes mystérieuses, un méchant qui vit
dans un manoir délabré et qui fait de la magie, un village idyllique en harmonie
avec la nature, des petits êtres bleus… Vous l’avez ?
Nous voulons bien sûr parler des Schtroumpfs ! Tant que nous y sommes,
l’historienne de l’équipe tient à digresser en disant que le village des
Schtroumpfs pourrait très bien être un conte représentant une société
communiste idéale. Non mais sérieusement c’est vrai : les Schtroumpfs ne
connaissent pas l’argent, ils exercent tous des métiers différents et
complémentaires, à part le Grand Schtroumpf qui chapeaute le village il n’y a
pas de rang social plus élevé qu’un autre… Et puis on y retrouve le côté « Tout
le monde est heureux dans ce monde merveilleux » cher à la propagande
soviétique ! On pourrait donc partir de ce postulat pour dire que Gargamel serait
une allégorie du capitalisme !
Nous allons nous arrêter là pour les digressions. En réalité, nous sommes
ici pour vous révéler que Gargamel avait également donné son nom à un grand
événement du Cercle Philo & Lettres :
LE GARGAMEL TROPHY !
Hé oui, le sorcier a lui aussi le sens de la fête, et compte bien vous le démontrer
le 1er
novembre à 14h sur la Voie Cardijn ! Nous vous rappelons le principe de
l’événement si vous ne l’avez pas déjà lu dans l’Eloge de la rentrée : il s’agit
d’une course en binôme durant laquelle les participants doivent porter un fût
vide tout au long d’un parcours où les attendront six stands. Trois d’entre eux
seront consacrés à la dégustation de bières spéciales, et les trois autres seront
dédiés à des activités amusantes sur le thème « Guindaille 2.0 ».
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Deux courses sont prévues : d’abord la course rapide, où le but est de finir
le parcours le plus rapidement possible (un prix est à la clé pour les gagnants), et
la course lente pour ceux qui préfèrent prendre tout leur temps. Vous devrez
bien entendu venir vous inscrire à la course de votre choix et payer un tarif que
nous devons encore déterminer (il oscillera entre 10€ et 20€ selon les bières
spéciales proposées). L’eau sera quant à elle gratuite, et des croque-monsieurs
cuisinés par nos soins seront vendus sur place.
Nous espérons vous y voir nombreux et souhaitons que vous découvriez la
face cachée de Gargamel et des Schtroumpfs qui peuvent bien cesser les
hostilités le temps d’un moment folklorique !
À bientôt au Philo !
Eléonore, Laura et Perrine
14
15
Agenda des activités
Comme vous l’aurez sûrement constaté, de nombreuses activités prennent
place en ces mois d’octobre et de novembre. Voici un joli calendrier couvrant
les évènements organisés au sein de la faculté/cercle FLTR qui ont été cités
jusqu’ici !
Lundi Mardi Mercredi Jeudi / Dimanche
S6
SMART WEEK
Soirée
Philundi
S7 Soirée
Philundi
Revue FIAL
Casting
Musicos
Casting
Danse
Gargamel
Trophy
Revue FIAL
Casting
Danse
Bar du
dimanche
S8
SEMAINE
ABBAYE DE
GEMBLOUX
Soirée
Philundi
Anim’bar Bar du
dimanche
Bar du
dimanche
Revue FIAL
Casting
Musicos
Revue FIAL
Casting Chant/
Chorale
24h Louvain
16
Interview avec le Kap Contes
Chers lecteurs, chères lectrices,
Cette année, nous aimerions promouvoir dans chacun de nos numéros une
organisation estudiantine, telle qu’un Kap ou une régionale, afin d’apprendre
davantage sur leur implication au sein de notre beau et dynamique campus
louvaniste. Nous vous emmenons pour cet Éloge dédié aux contes à la
rencont(r)e du Kap Contes. C’est parti !
1. Pouvez-vous nous rappeler brièvement ce qu’est un Kap (pour les petits
nouveaux qui nous lisent) ?
Un kot-à-projet, c’est avant tout une dizaine d’étudiants qui partagent non
seulement un logement mais aussi une passion, et qui, dans cet esprit, mènent un
projet pour et dans la communauté de Louvain-la-Neuve. Ce projet peut être
culturel, artistique ou sportif, lié à l’écologie, au développement durable, au
monde de la santé ou du handicap… Sur le site de Louvain-la-Neuve, l’UCL
« homologue » 78 kaps.
Le monde des kaps fait entièrement partie du folklore louvaniste. Outre les
activités qu’ils organisent, les « kapistes » tiennent à tour de rôle les petites
casas du mercredi, se retrouvent lors de grands événements comme les 24h, le
Welcome Day, la Foire des Kaps… Ils forment une vraie communauté.
2. Quel(le)s activités/projets organise votre Kap durant l’année ?
Le Kap Contes fait partie des kots culturels. Notre objectif est de faire vivre
l’univers du conte sur le campus de Louvain-la-Neuve, d’ouvrir les étudiants et
les habitants à la beauté et à l’atmosphère particulière de ces histoires. Notre
public est très varié : enfants, étudiants, habitants, personnes handicapées…
Pour les enfants, nous contons notamment toute l’après-midi des 24h au Village
des enfants et nous organisons un grand spectacle, plus théâtral, dans un univers
magique, au mois de novembre. Pour les adultes, l’activité sur laquelle s’est
construite le projet est la soirée conte. Nous invitons tous les curieux à venir
s’installer confortablement au milieu de nos tapis et de nos coussins, pendant
que nous leur contons nos meilleures histoires dans une atmosphère tamisée,
entrecoupée d’une pause thé et pâtisseries.
17
Mais il existe également bien d’autres formules pour écouter des contes : le bar
conté (venez prendre place dans un bar, commander votre spéciale ou votre thé
tranquillement, et choisir sur un menu le conte que vous avez envie d’entendre,
qu’un conteur s’empressera de vous raconter), la balade contée (en collaboration
avec le Kot Jeunes et Nature, une promenade en soirée entrecoupée
d’histoires…), la semaine contes à domiciles (encore plus facile : vous
« commandez » un conteur qui vient vous raconter quelques belles histoires chez
vous, le plus posé du posé) ou encore le Cluedo (venez écouter le version de
chaque témoin du crime commis, recouper les indices, confronter les
témoignages et tâcher de trouver le coupable…). Nous faisons également de
nombreuses collaborations, avec l’UCL, d’autres kots à projet ou d’autres asbl,
qui nous demandent de venir conter pour des enfants, des étudiants ou des
personnes handicapées. Notre plus gros projet est la mise en place d’un Festival
du Conte, au second quadri, où, une semaine durant, nous invitons des conteurs
professionnels à présenter leur spectacle, avant de poursuivre la soirée avec un
concert.
3. Combien de personnes sont impliquées dans ce projet ? Pouvez-vous vous
présenter brièvement ?
Il y a douze KapConteurs : neuf vivent au Kap Contes et trois sont externes :
cela implique qu’ils ne cohabitent pas avec les autres mais participent tout de
même intégralement au projet. Justine dite Panaïs (notre aimée responsable
mails), Natacha dite Kiki et Alice sont en logopédie. Le trésorier, Ilias alias
Tchitchi, étudie les sciences informatiques tandis que Diego le bricoleur, notre
ingé civil, est en charge des subsides. Justine dite Pô (la benjamine du kot),
étudiante en histoire de l’art, gère notre compte Facebook. Hélène, responsable
web, et Elénore sont romanistes, Temerlan est en socio-anthropo, et Maëlle,
responsable des locations, en psycho. Quant à moi, fière LAFReuse, je partage
avec Raph (un sacré bioingé) la coprésidence de cette équipe de choc. Outre ces
fonctions pragmatiques, nous prenons tous la responsabilité d’une activité en
particulier, seul ou à deux quand ça demande beaucoup de travail. Par exemple,
je m’occupe des demandes de collaboration des autres kots-à-projet, et je
chapeaute le spectacle des enfants avec Raph et Panaïs.
18
4. Quel(s) est(sont) votre(vos) conte(s) préféré(s)? Pourquoi ?
Je dois dire que nous avons tous notre style de conte propre. On ne dirait pas
comme ça, mais il existe une très grande variété de contes, et chacun conte avec
sa propre sensibilité. Certains choisissent de raconter des histoires qu’ils ont
lues, d’autres d’écrire leurs contes. Quelques-uns aiment les contes de type
« traditionnel », vais-je dire, impliquant de belles princesses de Chine, de grands
sages, ou des héros voyageant à travers des contrées lointaines et merveilleuses.
D’autres vont chercher des contes à la chute surprenante, qui vont faire écho à la
culture de chacun, ou racontent à la manière d’un conte une situation que nous
réaliserons avoir tous vécue. Certains conteurs aiment incarner des personnages
riches, fous ou sages, aux métiers farfelus ou aux histoires de vie
abracadabrantes. On peut conter de manière théâtrale ou pas, en musique, avec
des objets… Chacun développe une façon de conter propre à sa sensibilité.
Moi, par exemple, j’aime les contes pour l’acuité de leur message et leur poésie,
mais j’aime également beaucoup raconter des histoires ancrées dans la vie réelle.
5. Comment se rendre à votre Kap et/ou comment vous contacter ?
Notre Kap se situe au « bloc », dans le quartier des Bruyères : après l’Adèle, la
première ruelle à gauche (passage des Dinandiers, 1, dernier étage). Vous
pouvez y emprunter gratuitement (moyennant caution) des livres de contes, ou
louer nos tapis et nos coussins à prix modique. N’hésitez pas à nous contacter
sur Facebook (Michel Kap Contes) ou par mail (kapcontes@gmail.com). Au
plaisir de vous rencontrer !
Un tout grand merci au Kap contes pour leur investissement et le temps dédié à
notre journal facultaire.
…. Tournez la page et découvrez leur article ! 
19
Fable ou conte ? Telle est la question
Pour exemple : le lièvre et la tortue, version allemande.
Oui oui, on connaît tous l’histoire du lièvre et de la tortue, petite fable pas
piquée des hannetons qu’on a toutes et tous apprise par cœur en mélangeant les
voyelles du haut de nos sept ans. Le lièvre se la pète et finit par perdre la course
face à une petite tortue lente mais efficace et qui lâche pas le morceau, d’où la
morale bien connue : « qui pisse au vent se rince les dents ».
Sachez, mesdames et messieurs, qu’un conte allemand propose une
version alternative de l’affaire.
Il était une fois deux animaux alcooliques qui parient une bonne bouteille
de Brandy sur une petite course des familles, entre hérisson et lièvre, pour
passer le temps en attendant l’Oktoberfest. [Y a plus de tortue, je sais, mais
comme vous êtes de brillants cerveaux vous aurez compris que le hérisson lui
sert d’ersatz]. Le hérisson, pas né de la dernière pluie, gagne en trichant
salement. Le lièvre est pas content, il se fâche carrément et ils recommencent la
course… Septante-quatre fois (si si). A tel point qu’une veine de son cou (qu’il
a gros) gonfle, gonfle, gonfle… Puis explose et il meurt. Voilà voilà.
Je la connais, la question qui est sur toutes les lèvres : mais quelle est la
différence, Vivi, entre un conte et une fable ? Bon, d’évidence, ils ont de gros
points communs : ce sont des apologues, des récits en principe courts et imagés
qui ont une portée symbolique.
Le conte est un récit de faits qui porte un regard sur la réalité, souvent par
le biais du merveilleux ou du fantastique. Il cherche à distraire, et parfois à
instruire en s’amusant comme Adibou. Dans le conte rien ne fait obstacle à
l’imagination : pas obligé de respecter l’unité de temps, de lieu, d’action, ou tout
ce qui empêche Racine, Molière et les copains de recourir à une baguette
magique ou à faire monter le dragon sur scène. Bref, c’est la teuf.
A l’origine, le conte est oral, il sert à transmettre des traditions de
génération en génération. Partout, des confins de l’Inde aux ruelles d’Occident,
on a pu repérer les mêmes schémas dans la structure des contes : des péripéties
initiatiques, un héros, des obstacles et des emmerdes, des combats victorieux,
parfois des pouvoirs naturels, et puis une belle fin. D’ailleurs un des trucs
auxquels vous reconnaissez le conte traditionnel, ce sont ces petites formules de
début et de fin, les « Il était une fois » et les « Ils vécurent heureux et eurent
beaucoup d’enfants ». Il y a des contes fantastiques, d’autres les deux pieds sur
20
terre, des contes de fées, des contes philosophiques (#Voltaire), d’autres sans
morale (parce qu’on s’en ballec), des contes noirs, satiriques, j’en passe et des
meilleures.
La fable, c’est moins varié d’une certaine manière. C’est d’abord un
genre littéraire qui date de l’Antiquité, Esope, Phèdre et leurs compères, ça ne
sort pas d’une tradition orale. C’est souvent en vers, ça n’imite pas trop la
réalité, et puis il y a pratiquement d’office une morale (parfois au début, parfois
à la fin). Si notre petit conte allemand était une fable, la morale serait sans doute
quelque chose du genre : Trichez les enfants, vous y gagnerez de la bibine et le
plaisir de voir vos vils adversaires se plomber tous seuls.
Vivi, pour le Kap Contes
21
Les véritables histoires derrière les
contes Disney
En 1938, l’industrie du dessin animé est sur le point de connaitre une
réussite retentissante, à savoir celle de « l’audience universelle »4
. Le géant à
venir Walt Disney entre sur le devant de la scène grâce à sa première production
animée, Blanche Neige. Cette success story nous la connaissons toutes et tous.
En effet, pour beaucoup d’entre nous, notre enfance fut rythmée par ces dessins
animés aux chansons envoutantes, aux décors magiques et aux héros vertueux.
Mais comment les plus célèbres histoires du monde Disney ont-elles été créées ?
Pures inventions du génie Disney, ou adaptations de contes ancestraux ?
Bien que l’on connaisse les films Disney sur le bout des doigts (en tout
cas pour certains), les véritables histoires qui se cachent derrière et qui sont à la
base de ces fictions remplies d’amour et de magie sont souvent méconnues du
public. Walt Disney s’est en fait inspiré d’anciens écrits appartenant au genre
littéraire du conte. Ces adaptations sont troublantes car la version ancestrale de
ces histoires est sombre et parfois même dénuée de sens moral. Vous vous
demandez ce que les frères Grimm ou encore Giambattista Basil, auteur du
Pentamerone, ont bien pu inventer comme contes rocambolesques voire cruels ?
Alors, embarquez dans ce voyage à travers cinq histoires… bien glauques5
.
Cendrillon
Dans cette histoire, il n’y a pas d’amour
parfait et instantané entre un prince et une
princesse, mais des personnes prêtes à tout
pour s’opposer à cette union. Dans la version
de Basile, parue en 1634 dans le Pentamerone,
Zezolla (personnage correspondant à l’actuelle
Cendrillon), désireuse d’éliminer sa belle-
mère, élabore un plan cruel pour la tuer. Une fois débarrassée de cette dernière,
Zezolla se voit attribuer une nouvelle belle-mère qui n’est autre que sa
malveillante gouvernante.
La suite de l’histoire nous la connaissons bien ; Cendrillon reçoit l’aide
d’une fée, se rend au bal, tombe amoureuse du prince et perd sa chaussure de
4
http://www.levidepoches.fr/creation/2008/03/les-sources-din.html
5
https://www.abebooks.fr/livres/la-terrible-origine-des-contes-de-fees/index.shtml
22
vair (et pas de verre comme dans l’adaptation Disney, car ce ne serait pas super
pratique) alors que minuit sonne. Le prince organise alors une nouvelle
réception afin de retrouver la princesse à qui appartient cette chaussure. Dans
une version plus ancienne du conte, on peut lire que la méchante belle-mère
coupe les talons et les orteils de ses propres filles pour qu’elles puissent passer
leur pied dans la chaussure. Les frères Grimm n’ont, eux non plus, pas manqué
d’imagination puisque dans leur version ce sont les sœurs elles-mêmes qui se
mutilent les pieds. À chaque fois, le sang sortant de la chaussure alarme le
prince qui comprend que ce n'est pas là la femme qu’il recherche.
Comme souvent dans les contes, le
héros finit toujours par triompher alors que
les méchants disparaissent ou sont réduits à
néant. Avec les frères Grimm, les ignobles
sœurs sont punies de leur méchanceté en
perdant la vue. En effet, des oiseaux viennent
leur dévorer les yeux alors qu’elles se rendent
au mariage de Cendrillon et du prince. Ce
conte plutôt sanglant a bien évidemment été adapté par Disney pour en faire une
version nettement plus romantique où citrouilles, carrosses somptueux et fées
contribuent à la magie du dessin animé.
La belle au bois dormant
Le conte ancestral de la Belle au bois
dormant fait réellement froid dans le dos. Issu
également du Pentamerone au côté de Cendrillon,
ce conte narre l’histoire de la belle Talia qui,
frappée par un sort, tombe dans un sommeil
profond après s’être enfoncé une épine dans le
doigt. Dans la version Disney, la belle sort de cet
état éternel lorsqu’elle reçoit un réel baiser d’amour. Cette version romantique a
grandement été adaptée car la version ancestrale est beaucoup plus …
maléfique.
Alors qu’un roi déjà marié est en quête de son faucon disparu, il découvre une
belle jeune fille endormie. Ne pouvant résister à ses traits purs et à sa beauté, il
succombe et la viole. Deux jumeaux, Soleil et Lune, naissent de cette union non
23
désirée. L’un des deux jumeaux, envieux de
s’allaiter, tète le doigt de sa maman (et non
son sein) et de cette manière retire l’épine de
la quenouille à l’origine du maléfice, ce qui
réveille la princesse. Un jour, le roi se
souvient de son horrible acte et, pris de
remords, il décide de partir à la recherche de
Talia. Il la retrouve alors éveillée,
accompagnée de deux enfants. L’épouse du roi apprend rapidement ses
infidélités et décide de faire arrêter la belle et sa progéniture. Talia est d’abord
lancée dans les flammes et y périt. La reine ordonne ensuite que Lune et Soleil
soient tués cuisinés, puis servis comme diner au roi. Heureusement, le cuisinier
décide de protéger les enfants et servira une chèvre à la place.
Blanche Neige
Blanche Neige est la première production
du géant Walt Disney. Tout le monde connait
l’histoire de cette jeune princesse chassée par
sa belle-mère et recueillie par sept nains
jusqu’au jour où un prince charmant vient la
sauver d’un maléfice en lui donnant un
langoureux baiser. Mais dans les contes des
frères Grimm, la méchante marâtre s’y prend à trois fois pour tuer sa
pauvre rivale. Une première fois en lui vendant un peigne trempé dans du
poison, une deuxième en lui faisant porter un corset qui l’étouffe et une
troisième fois en lui faisant manger la fameuse pomme empoisonnée. Elle
ne cesse pas ses manigances pour éliminer cette pauvre fille. Mais à la fin,
lorsque Blanche-Neige est sauvée par le prince (non pas par un baiser, mais
par un serviteur qui trébuche avec le cercueil, ce qui fait ressortir le
morceau de pomme de la gorge de la princesse), elle montre à son tour sa
cruauté envers la femme qui a attenté à sa vie à plusieurs reprises. En effet,
elle la fait danser avec des chaussures de fer chauffées à blanc jusqu’à sa
mort. Alors, toujours aussi gentille et innocente la petite Blanche Neige ?
24
Dans une autre version, la belle-mère
cruelle de la Blanche Neige du XXème
siècle
est en fait sa propre mère. En plus d’être une
femme horrible et cruelle, elle est cannibale.
Ainsi, cette immonde mère demande à un
chasseur de perdre sa fille Blanche Neige
dans les bois, de la tuer, et pour preuve de lui
ramener ses poumons et son foie qu’elle
dégustera bien cuits avec une pointe de sel. Le chasseur, pris de pitié par la
jeune fille, décide de tuer à la place un gibier passant par là. Il ramène le soi-
disant butin à la reine, qui durant le diner savoure ce qu’elle pense être les
organes de son propre enfant.
La Petite Sirène
Dans le conte de Hans Christian Andersen, Ariel échange non seulement
sa voix contre le fait de pouvoir devenir humaine, mais la sorcière de la mer
émet une autre condition : à chaque pas avec ses nouvelles jambes, la sirène a
l’impression de marcher sur des couteaux, ce qui lui
occasionne une douleur insupportable. À la fin, elle apprend
que le prince Éric va se marier avec une autre femme et se
jette à la mer de chagrin où elle devient écume. Ce n’est
certes pas la pire histoire mais elle est quand même bien
différente de ce qu’en a fait Walt Disney, c’est-à-dire une
magnifique histoire d’amour entre un humain et une sirène se
terminant par leur mariage.6
Le Bossu de Notre-Dame
Cette histoire est un peu différente étant donné qu’elle est basée sur un
roman de Victor Hugo et non pas sur un conte. Le célèbre auteur romantique
nous a livré une fiction à la fin bien plus triste que le film d’animation qui en est
tiré. Quasimodo, amoureux d’Esméralda, échoue à la sauver lorsqu’elle est
emprisonnée injustement et torturée par Frollo. Celui-ci la pend et Quasimodo se
laisse mourir de chagrin à côté de son corps. Phébus, le chevalier qui épouse
Esméralda à la fin du film, se marie en réalité avec Fleur-de-Lys, la rivale
d’Esméralda, ce qui n’a fait qu’ajouter à son malheur.
6
Découvrez l’histoire de la Petite Sirène plus en détails grâce à l’article qui suit, page 24 
25
Discipline littéraire empruntée à la tradition orale, le conte a grandement
été adapté au fil du temps. En effet, les contes du Pentamerone, des frères
Grimm ou encore de ce cher Perrault alimentent encore aujourd’hui l’inspiration
des plus grands réalisateurs. Bien que les contes que nous vous avons narrés ci-
dessus ne sont pas souvent joyeux, ils sont riches en enseignement et, malgré les
histoires horribles que certains racontent, les étudier pour les comprendre en
profondeur est un exercice qui peut se révéler passionnant.
Laura M & Félicie
26
Conte … sous l’océan
Bonjour chers fialeux·ses (l’écriture inclusive c’est ici aussi, et oui)
bienvenue dans cet Éloge de la folie consacré aux contes !! À cette occasion, j’ai
souhaité vous écrire cet article afin de vous proposer une petite analyse d’un
conte que j’apprécie tout particulièrement, à savoir La petite sirène d’Andersen.
Même si vous êtes nombreux·ses à connaitre la version de Walt Disney, sachez
que celle-ci s’éloigne relativement de celle que nous a léguée le conteur. Aussi
vais-je commencer par vous résumer le récit, en essayant de n’oublier aucun
élément important.
La petite sirène est la fille cadette du roi de la mer. D’esprit curieux, elle
rêve de voir le monde à la surface, chose qu’une sirène n’est autorisée à faire
qu’à partir de son quinzième anniversaire. Les sirènes peuvent vivre jusque 300
ans, toutefois, elles sont dépourvues d’âme et se changent en écume à l’heure de
mourir. Après avoir entendu chaque année le récit d’une de ses sœurs, la petite
sirène rejoint la surface où elle découvre des poissons capables de produire de la
musique et des couleurs comme elle n’en avait jamais vues dans l’océan où son
seul émerveillement provenait d’une statue ayant sombré. Sur un bateau, elle
aperçoit un jeune homme dont elle tombe amoureuse et qu’elle sauve d’une
tempête ; il ressemble à la statue qu’elle aimait. Elle l’abandonne près d’un
couvent où des religieuses le recueillent. Dévorée par l’amour, la petite sirène se
rend chez la sorcière qui lui offre une potion qui la rendra humaine. En échange,
la sirène doit se couper la langue, et chaque pas lui donnera l’impression que
l’on enfonce des couteaux dans ses pieds. Elle pourra rester humaine si le prince
l’épouse, mais s’il en épouse une autre, aux premiers rayons suivant les noces,
elle se changera écume. La sirène accepte, rejoint la plage et boit la potion. Elle
est retrouvée par la prince qui en fait sa protégée. Malgré son silence, la potion
lui donne le don d’une grâce inégalée, faisant d’elle une sublime danseuse, pour
qui chaque pas est une torture.
Alors que le prince songe à l’épouser, un mariage arrangé lui est proposé.
D’abord opposé à cette idée, il accepte lorsqu’il s’aperçoit que la promise est
l’une des religieuses de la plage, qui est en réalité une princesse ! La sirène
assiste aux noces comme fille d’honneur et, la nuit, sur le bateau nuptial, reçoit
la visite de ses sœurs. Celles-ci ont sacrifié leurs cheveux chez la sorcière pour
recevoir un couteau magique. Si la sirène transperce le cœur du prince et
s’enduit les jambes du sang de ce dernier, elle redeviendra sirène et récupèrera
sa longévité. Mais en voyant son bien aimé endormi, elle retourne sur le pont,
27
jette le couteau et plonge, se changeant alors en écume avec les premiers rayons
du soleil. Toutefois, sa conscience s’éveille dans l’air et une mission lui est
confiée. Elle devient une fille de l’air, être pur en quête d’une âme afin de
pouvoir rejoindre le royaume des cieux, et est chargée d’inspirer le bien sur
terre. La bonté réduit son temps d’attente, le mal la fait pleurer, chaque larme
faisant durer ce temps un peu plus…
Le conte de la petite sirène peut être lu comme le récit d’une ascension
spirituelle. Plus qu’une histoire d’amour perçue au premier abord, il est possible
d’y percevoir une quête du Bien. Durant le récit, la sirène s’incarne dans trois
dimensions : la mer, la terre et le ciel. Chaque dimension règne sur un aspect du
monde.
- La mer est un lieu de mystère où règne l’imagination, tout n’est que
beauté visuelle, parures et ornements. Seules les images existent en ces
lieux, elles durent longtemps, puis on les oublie, il n’en subsiste rien. Il y
vit également une certaine forme de magie : on y trouve des sirènes et une
sorcière aux terribles pouvoirs. La magie elle-même prend une forme
pernicieuse, elle permet d’outrepasser les lois mais requiert un sacrifice.
- La terre se présente comme un lieu de sensations et d’expériences, c’est le
monde des hommes. Sur terre, la sirène découvre l’amour, la musique, la
danse, l’art, mais aussi la loi des hommes et de la société. Elle n’est plus
uniquement confrontée à son imagination, mais à la réalité également, la
réalité des autres et de « l’Autre », chose nouvelle qu’elle doit intégrer.
- Enfin, le ciel est la dimension spirituelle. Elle y accède par la vertu morale
de ses choix, vertu qui surpasse la mort. C’est la dimension de l’éthique,
de la lutte entre le Bien et le Mal dont elle devient actrice. À la clef, elle
recevra une âme, ce qu’une sirène ne peut posséder. Une quatrième
dimension est alors suggérée, celle du royaume des cieux, la dimension de
la lumière, berceau de l’âme.
La quête de la sirène se dessine au travers de ces dimensions. Son
approche du Bien suit alors ces trois mouvements, la reconnaissance du Bien, la
dépendance au Bien, et enfin la conquête du Bien.
Tout d’abord, dans le monde de la mer, la jeune sirène, contrairement à
ses cinq sœurs, ne se contente pas d’apercevoir le monde des hommes pour
ensuite retourner dans les abysses : elle tombe amoureuse. L’acte d’aimer est
28
lourd de sens, c’est une forme d’élection de ce qui est perçu comme bien7
.
S’inscrit alors une distinction entre l’essentiel et le superflu. Cette distinction
s’opère dans le motif de l’âme immortelle, les sirènes vivent longtemps et bien,
mais les hommes accèdent à l’éternité de l’âme, ils peuvent pleurer, ce que ne
peuvent faire les sirènes. Durant la conversation entre la sirène et sa grand-mère,
cette problématique est fortement perceptible. Par ces mots, on peut ainsi
illustrer la stratification des mondes : « De même que nous émergeons de la mer
pour voir le pays des hommes, ils montent vers des pays inconnus et pleins de
délices que nous ne pourrons voir jamais. » (La grand-mère en parlant de l’âme
des hommes). Elle enseigne alors à sa petite fille comment obtenir une âme : en
se faisant aimer d’un homme. Toutefois, elle lui conseille par la même occasion
d’oublier ce rêve. L’autre distinction qui s’opère alors est celle de la jeune sirène
face aux autres qui préfèrent le fond de la mer : « elles disaient que le fond de la
mer c’était plus beau et qu’on était si bien chez soi ». Tout en bas n’est que
vanité, superficialité, et complaisance… « Nous avons trois-cents ans pour
sauter et danser, c’est un bon laps de temps. Ce soir il y a bal à la cour. Il sera
toujours temps de sombrer dans le néant. » / « Cela fait mal, dit la petite. Il faut
souffrir pour être belle, dit la vieille. » Dans cette circonstance, la sirène pose un
choix, elle choisit l’ailleurs et emploie la magie qui requiert un sacrifice. C’est
son premier acte d’amour : le sacrifice. C’est ce qui lui permet de passer du
monde de la mer et ses illusions aux sentiments réels qui existent sur terre.
La terre est décrite de façon très semblable au fond de la mer, elle est
couverte de fleurs, on y trouve d’étranges poissons (oiseaux), et le prince
ressemble à la statue. Pourtant, tout est plus riche, les fleurs ont un parfum, les
oiseaux chantent, et le prince est vivant. Cette nouvelle réalité devient le
prolongement de l’imagination, le prolongement de l’être de la sirène. C’est tout
ce qu’elle a imaginé, mais en plus intense. C’est l’amour, du moins comme le
décrivait Proust, un « bouquet de métaphores » sélectionnées afin de mêler
reconnaissance et mystère, pour qu’en cet ailleurs, l’Autre crée une
dépendance8
. La dépendance est ce qui caractérise la deuxième partie du récit ;
pour obtenir son âme, la sirène doit se faire aimer : son destin dépend
entièrement de l’amour que lui portera le prince. Elle en vient à s’oublier et à ne
plus jouir que de la présence de l’autre, devenu condition de l’existence de soi :
« Elle grimpa avec le prince sur les hautes montagnes et quand ses pieds si
7
Platon, Lysis, 216d-220b, dans Premiers dialogues, trad. E. Chambry (modifiée), GF-Flammarion, 1967, p.331-
336.
8
Proust, À l’ombre des jeunes filles en fleur, t.II, dans À la recherche du temps perdu, GF-Flammarion, 1987, p.
170-171, 173-174 et 178-182.
29
délicats saignaient et que les autres s’en apercevaient, elle riait et le suivait là-
haut d’où ils admiraient les nuages défilant au-dessous d’eux comme un vol
d’oiseau migrateur partant vers les cieux lointains. » Il est possible de noter à
nouveau l’aspect graphique du conte par la phrase qui suit : « La nuit, au château
du prince, lorsque les autres dormaient, elle sortait sur le large escalier de
marbre et, debout dans l’eau froide, elle rafraîchissait ses pieds brûlants. » En
présence du prince, elle est tournée vers le ciel, mais seule, en son absence, elle
rejoint la mer. L’exemple le plus flagrant de cet oubli de soi est l’attitude de la
sirène face à sa concurrente : au lieu de se venger et de tuer le prince, son amour
la pousse au sacrifice ultime. Cet amour, c’est celui que décrit Hegel, un amour
comme désir du désir de l’autre, et de son plaisir, de son statut d’être capable de
bonheur9
.
Pour finir, la dépendance est ce qui distingue le monde de la terre,
confronté et soumis à l’Autre, de celui du ciel, domaine de l’air, celui où elle
peut enfin pleurer. « Une sirène n’a pas d’âme immortelle, ne peut jamais en
avoir, à moins de gagner l’amour d’un homme. C’est d’une volonté étrangère
que dépend son existence éternelle. Les filles de l’air n’ont pas non plus d’âme
immortelle, mais elles peuvent, par leurs bonnes actions, s’en créer une. » C’est
l’ultime leçon du conte : il n’est pas nécessaire de se confondre dans le Bien que
l’on reconnait dans l’Autre. La vraie liberté, l’air, c’est le Bien que l’on crée par
soi-même. Ainsi, nous ne recevons plus une âme immortelle, nous partons la
conquérir par nos actes, côte à côte et non plus les uns derrière les autres…
Voilà comment j’ai lu ce vieux conte de notre enfance. Je m’excuse déjà
du caractère peu scientifique de cet article, j’espère toutefois qu’il saura susciter
un peu de curiosité 😊.
Lucas H.
9
Leibniz, Nouveaux essais sur l’entendement humain, livre II, chap. XX, 1990, p.128-129.
30
Cendrillon - telephone
Cendrillon pour ses vingt ans
Est la plus jolie des enfants
Son bel amant, le prince charmant
La prend sur son cheval blanc
Elle oublie le temps
Dans ce palais d'argent
Pour ne pas voir qu'un nouveau jour se lève
Elle ferme les yeux et dans ses rêves
Elle part, jolie petite histoire
Elle part, jolie petite histoire
[…]
Ces paroles, nous les connaissons toutes et tous. Cette chanson mythique
du groupe Téléphone a été écrite par le célèbre coach de The Voice (mais pas
que), Louis Bertignac. Le tube sorti en 1982 dans l’album Dure Limite, a été
reçu avec beaucoup d’engouement par le public francophone.
Cette chanson narre le triste parcours de vie d’une femme qui n’est autre
que la Cendrillon des temps modernes. Cette dernière est âgée de 20 ans au
début de la chanson et est encore insouciante et rêveuse. Très vite, elle tombe
amoureuse et commence ainsi ce qu’elle croit être « une jolie petite histoire ».
Cependant, son jeune âge ne lui permet pas de prendre le recul suffisant pour
comprendre que la vie n’est pas toujours un conte de fées. Les années passent,
Cendrillon a 30 ans et est devenue une femme. Toute la vie romantique qu’elle
s’était imaginée n’est désormais plus qu’un rêve bien lointain. Abandonnée par
son mari et devenue une mère au foyer désespérée, Cendrillon mène à l’âge de
40 ans une vie de débandade où alcool et drogue ruinent un peu plus chaque jour
sa malheureuse existence. Ces consommations excessives conduisent la triste
princesse à une vie de junkie et de prostitution. La fin de son histoire prend
place dans une ambulance où la quarantenaire meurt d’une overdose…
Le texte de Bertignac a une symbolique importante. Le compositeur désire nous
prouver que notre existence n’est pas un conte de fées. Loin du carrosse
somptueux et de la citrouille magique, la vie de la Cendrillon moderne est
gâchée par une société de consommation, où les méfaits de l’alcool et de la
drogue sont grandement mis en avant. Dans un monde sans bonne fée ou sort
magique, il est indispensable que chaque individu se conscientise vis-à-vis de la
société dans laquelle il vit.
31
Outre le fait de dépeindre les dérives de la société actuelle, le but de la
chanson interprétée par le groupe Téléphone est également de mettre en avant un
ensemble de thèmes que l’on retrouve dans des versions plus anciennes du conte
de Cendrillon. Chez Charles Perrault par exemple, les thèmes se référant à
l’union du mariage ou encore à la pérennité d’une heureuse vie à deux se
dessinent dans la chanson. Le conte original des frères Grimm est quant à lui
plus sombre mais certaines des thématiques ont été reprises dans la composition
du tube pour leur réalisme et pouvoir moralisateur.
De par cette analyse d’une chanson du XXème siècle, il est aisé de
comprendre la richesse du conte. Grâce à sa tradition orale, ce genre littéraire a
pu se développer à l’écrit au fil du temps. Il ne cesse de s’adapter encore
aujourd’hui en fonction du média, de l’époque visée et/ou de la culture. Comme
vous avez pu le lire au travers des différents articles présents dans l’Éloge, le
conte se décline dans nombre de domaines artistiques. Dès lors, il n’est pas
étonnant que le monde de la musique en soit influencé… comme par
enchantement.
Conte de Fé(licie)
32
Un conte de fées sans méchants
(oxymore ou antithèse?)
Chère faculté FIAL,
Les déléguées Éloge de cette année ayant décidé de nous laisser libre
choix du thème de ce journal facultaire, mes yeux se sont agrandis en
découvrant que le thème des voyages avait été proposé. L’occasion parfaite pour
décrire cette expérience dont tout le monde a entendu parler, que nombre d’entre
nous ont vécue et que je suis en train de découvrir ce quadri-ci : l’Erasmus.
Mais puisque vous tenez ce fameux carnet entre vos mains, vous aurez
donc remarqué que le thème gagnant est tout autre… Pas grave, je vais en
profiter pour vous raconter le conte de fées que je vis actuellement… à Taiwan !
Et si les paysages de cette île sont bien enchanteresques, si les mets y sont
des plus délicieux, ce n'est pas ça qui fait de ma vie ici un véritable conte. C'est
la manière dont chaque chose est pensée afin de faciliter son utilisation, afin
qu'elle soit pratique et à portée de tous. Le mot convenient10
revenant dans toutes
les conversations. C'est le fait d'arriver dans n'importe quelle gare et voir que
tous les trains sont à l'heure. C'est le fait de pouvoir perdre son ticket de bus,
devoir en racheter un autre, mais être remboursé du premier si on le retrouve par
la suite. C'est d'avoir une carte d'étudiant sur laquelle on peut placer de l'argent
afin de payer dans la plupart des magasins ainsi que pour les transports en
commun et avoir ainsi d'office la réduction étudiant!
Le conte de fées, c'est d'être davantage récompensé·e pour la présence et
la participation aux cours qu'être blâmé·e pour absence. C'est de pouvoir oublier
son gsm dans une station de métro fréquentée et qu'il ne soit pas volé. C'est,
lorsqu'on remarque avoir acheté un vêtement tâché, de pouvoir le rapporter et
qu'on vous le change sans rien demander, sans vous soupçonner d'être l'auteur·e
de cette tâche. C'est d'avoir des avocats vendus par deux dont l'un prêt à être
dégusté et l'autre moins mûr afin qu'il soit parfait quelques jours après le
premier. C'est quand les gens respectent les places prioritaires dans les transports
en commun. Et c'est de toujours trouver quelqu'un pour nous guider lorsqu'on se
10
« suitable for your purposes and needs and causing the least difficulty »
http://dictionary.cambridge.org/dictionary/english/convenient
33
perd. Certains inconnu·e·s ont déjà fait de sacrés détours afin de s'assurer que
j'arrive à bon port.
La cerise sur le gâteau, c'est d'avoir quelqu'un qui vous tend un parapluie
lorsqu'il pleut et que vous avez oublié le vôtre. C'est d'avoir le wifi gratuit et des
prises usb sur chaque siège dans les bus longue distance. C'est d'avoir un
gouvernement qui pense en récompense plutôt qu'en pénitence. Effectivement,
afin d'encourager les habitant·e·s à acheter et consommer dans des
établissements taxés (plutôt que dans les marchés de nuit, par exemple), chaque
ticket de caisse est un billet de la loterie bi-mensuelle organisée par le
gouvernement. Bonus de cette stratégie, les mendiant·e·s vous demandent
poliment si vous avez des tickets de caisse à leur donner et ne réclament pas
d'argent comme par chez nous.
Il y a une multitude de choses qui font que vivre à Taiwan me donne
l'impression d'être dans un rêve. Mais celle qui m'impressionne le plus, c'est
l'honnêteté et la bonté de ses habitant·e·s. Je pense qu'il faut l'avoir vécu pour
réaliser à quel point cela fait chaud au cœur qu'un·e parfait·e inconnu·e vous
tende un parapluie sous une drache monumentale. Je vais essayer de vous faire
comprendre l'immensité de cette bonté à travers un souvenir: Afin d'avoir accès
aux réductions étudiantes avec cette fameuse carte nommée avec brio Easycard,
il faut s'encoder sur internet. Quand j'ai demandé quelles étaient les raisons d'une
telle démarche à ma cousine (Taïwanaise pur jus, je précise), elle m'a répondu le
plus simplement du monde que si je perdais ma carte, je pourrais ainsi récupérer
l'argent qui s'y trouve. Moi, j'ai instinctivement pensé que c'était afin d'empêcher
les fraudeurs de bénéficier d'avantages auxquels ils n'ont pas accès. Les deux
raisons sont très probablement vraies. Mais contrairement à ma cousine, j'ai vu
le mal avant le bon.
Quand on y pense, il n'y a finalement pas grand chose qui diffère dans la
vie d'un Taïwanais ou celle d'un Belge, et pourtant les Taïwanais·ses ont le cœur
sur la main en toute circonstance, aider leur est instinctif. Et j'en suis à me
demander s'ils ne seraient pas les fées de nos contes?
Mais la vraie question serait plutôt de savoir pourquoi ce peuple a su tirer
ce qu'il y a de meilleur en ce monde et en chacun d'eux, alors qu'ici, on n'est pas
34
fichu d'avoir un train à l'heure et les pénitences ont tendance à prôner sur les
récompenses. (Et je ne parle pas que des coronae! )
Comme vous l'aurez compris, je suis plus qu'heureuse d'avoir fait le choix
de partir en Erasmus! Alors pour ceux qui hésitent, je n'ai qu'un seul conseil:
puisque votre conte de fées existe quelque part, lancez-vous à l'aventure, partez
le découvrir! À moins, bien sûr, que Louvain-la-Neuve soit déjà votre idéal :p
Ah oui, l'histoire des avocats, ça ne vient pas de Taiwan... D'ailleurs, ils
coûtent un pont ici! Mais apparemment cette stratégie de vente est bien en
vigueur à Lancaster (que ceux qui s'y trouvent boivent une gorgée) et j'espère
qu'elle sera un jour appliquée dans le monde entier.
Bisous de l’autre bout de la planète,
Cynthia,
MULT,
en échange à la National Taiwan University,
ouaip, on a une allée de palmier au milieu du campus !
35
Retour aux Blancs Chevaux
Amie lectrice, ami lecteur, ami-bal lecteur, me revoici derrière mon
clavier en train d’écrire, pour la première fois ce quadrimestre, mes aventures
vécues dans ce fameux cercle des Blancs Chevaux dont la renommée n'est plus à
faire parmi vous et où l’eau ne finit par couler que dans son nom… Il s’agit bien
sûr du Philo !
Une fois n’est pas coutume, au lieu d’énumérer, comme l’année passée,
mes aventures aux côtés de mes alcoolytes mercato de folie, je vais vous décrire
une expérience plus spéciale que philosophique qui m’est arrivée lundi
dernier… Perdu dans les effluves de bière mélangées à l’excitation dégagée des
comitards qui venaient de rencontrer leurs futurs bleus, je me suis retrouvé à
chercher âme connue dans ce monde surprenant qui s’étendait devant moi tel un
brouillard épais, laissant paraître le début d’un voyage en absurdie…
Là, devant moi, une figure connue fendit la foule, semblant vouloir me
venir en aide. Il s’agissait de Claude François qui, cette soirée-là, brillait de
mille feux et semblait plus éclatant que jamais. Étonné, je lui demandai ce qu’il
faisait là, un lundi, au soleil (de Jennifer) passant dans les haut-parleurs du
cercle. Il me répondit qu’il aimait bien venir ici de temps à autres passer ses
nuits, que le courant passait bien, comme d’habitude d’ailleurs, car les filles
étaient toutes belles, belles, belles… Surtout France, son ex, qui lui foutait la
Gall à chaque fois qu’il la voyait emballer sur du Matt Pokora (ce petit coquin
qui avait repris toutes ses chansons comme un manche à balai et à qui il offrirait
bien le séjour balneo auquel lui a eu droit pour son dernier jour). Il me dit quand
même que si un peu de tension se faisait ressentir de temps en temps, il avait
bien compris que c’était le stress de début d’année et que celui-ci ne tarderait
pas à se dissiper car ce sale bonhomme de Brienne finirait bien par se calmer…
Sentant le vent tourner, essayant de trouver un point alternatif pour continuer
notre conversation, je lui demandai s’il avait déjà eu l’occasion de rencontrer le
grand Edmond là-haut.
Il me répondit que celui-ci était un bon ami qui lui avait même suggéré de
remplacer toute lumière artificielle par des bougies… (ce qui lui semblait avoir
été le meilleur conseil de sa vie (ou de sa mort, selon le point de vue)). Il
m’indiqua également où le trouver pour avoir droit à quelques conseils, vu que,
couramment, Edmond se penchait sur notre cas et se retournait parfois dans sa
tombe lorsqu’il voyait nos coronae.
36
Vu que j’avais peur que ça tombe pour ma pomme et voulant montrer
patte blanche, je décidai de rejoindre le fameux Edmond Carton qui trainait lui
aussi déchiré dans le coin, aux alentours du haut de la ville. À pas de velours, je
m’approchai alors de lui et lui demandai ce qu’il faisait là, lui indiquant qu’il ne
se trouvait pas dans le meilleur quadrant guindaillesque. Il me répondit que
depuis sa mort, il se payait quelques bonnes tranches de rire à écouter nos
lectures et motivations et décida de m’avouer pourquoi… Il ne riait pas tant du
contenu de celles-ci mais bien de l’ardeur avec laquelle nous défendions un
folklore qui n’existe pas selon lui. Il me dit en effet qu’il avait inventé ça il y a
presque 125 ans après une bonne cuite dans un estaminet de Leuven avec une
bande de potes, le tout après avoir vu un mec de Mons se ramener avec un bec
de canard noir sur la tête… (et il voulut l’imiter en faisant un autre petit
chapeau, rond cette fois). Il me confia également que c’était pour cela qu’il
aimait bien hanter les coronae des cercles, régionales (comme celles du CESEC
ou de l’Adèle) proches de ce qu’il appelait « l’essence même de la blague
originelle, car il faut quand même avoir une fameuse dose d’humour pour
calotter Edouard Priem ou une faculté entière ».
Il versa cependant une petite larme, me confiant qu’il était triste de voir
tant de gens perdre (ou se faire déposséder de) leur amie et rentrer à l’hôpital…
Car s’il avait voulu transmettre une valeur parmi toutes les autres, c’était bien
celle de la camaraderie, que l’on soit ou non calotté, et surtout celle du respect
de l’autre.
Sentant maintenant la fatigue arriver et reprenant mes esprits, ne voulant
pas faire l’éloge de la folie, je décidai de rentrer vers mes bruyères préférées
après un dernier verre avec mes connaissances au FLTR. Je quittai donc
Edmond et Claude, tous deux heureux d’avoir enfin pu nous dire ce qu’ils
pensaient de nous, et promis de revenir un prochain lundi, où ils me
présenteraient d’autres illustres illuminés, faisant du lundi, comme pour le
Grand de Groodt, le jour de mon voyage en absurdie…
Alexandre « Brienne » FLEMAL
Pour l’Eloge
37
La véritable et douloureuse histoire
du Conte de Monte-Cristo
Monte-Cristo, malgré les apparences, n’est pas du tout une marque de
montres de luxe, et encore moins le nom d’un catcheur mexicain. Non, c’est tout
bonnement une île située à quelques kilomètres de Marseille, à quarante minutes
à peu près en dos crawlé. Mais cette île
est renommée pour deux choses bien
distinctes : d’abord, elle abrite les seuls
flamants roses à deux pattes de France.
Ça, à la limite, on s’en fout. Le plus
important, c’est qu’elle fut le théâtre
d’un célèbre roman d’Alexandre
Dumas, le Comte de Monte-Cristo.
Alexandre Dumas (également auteur des Trois moustiquaires) était aussi
bon écrivain que bon vivant. Il aimait l’alcool, la nourriture, les femmes et
surtout l’alcool. C’est au cours d’une de ses orgies quotidiennes que, enivré de
la tête aux genoux11
, l’auteur se lança dans l’écriture de l’histoire dont il est ici
sujet. Il s’inspira du véritable Conte et publia en 1844 un roman qui traversa les
siècles (deux siècles pour être exact, mais c’est déjà pas mal). Cependant, dans
son ivresse, Dumas prit le “n” de “conte” pour un “m”, et détourna ainsi
nonchalamment l’histoire vraie du Conte de Monte-Cristo. Quel connard, me
direz-vous. Et vous aurez raison.
Le roman de Dumas est depuis entré
dans les mémoires, et ce également par
l’intermédiaire de vingt-deux12
adaptations
cinématographiques. La plus célèbre est
évidemment une mini-série dans laquelle le
personnage principal est incarné par Gérard
Depardieu, Gégé pour les intimes, Obélix pour
les incultes. Vous n’aurez pas manqué de
remarquer la ressemblance frappante entre
Dumas et Gégé du point de vue de leurs
11
Alexandre Dumas avait une jambe de bois en acier.
12
Véridique. Le reste aussi mais un peu moins.
Les flamants roses sont très bien cachés.
Depardieu dans Le comte de Monte-Cristo, 1998.
RIP Jean Rochefort.
38
occupations (alcool, nourriture, femmes, alcool). Hasard ? À d’autres.
En tant que journalistes d’exception et d’investigation, nous avons pris
contact avec l’arrière-arrière-petit-fils du Conte de Monte-Cristo, qui a déclaré
“vouloir rester à Nonyme”. Ne connaissant pas cet endroit, nous avons préféré
contacter Mr. Romuald de Monte-Cristo, PDG de Toblerone France, par
téléphone. Voici l’entretien que nous avons entretenu avec lui.
- Tout le monde connait votre
chocolat, Mr. de Monte-Cristo, mais
presque personne ne connait votre lien
de parenté avec le célèbre Conte. Est-il
difficile pour vous de voir tous ces gens
qui croient que votre aïeul était un
simple comte, avec un “m” comme dans
“motocyclette” ?
- Tout conte fait, je dois avouer
que cela m’énerve assez souvent.
Parfois, on me dit : “Ah, vous vous appelez Monte-Cristo, comme le baron, là ?”
Alors je réponds : “Ce n’était pas un baron, c’était un Conte.” Et les gens disent
: “Oui, bon, un baron, un comte, même chose.” Mais non, ce n’est pas la même
chose. Les gens s’embrouillent à cause d’une simple faute d’orthographe.
Blanche-Neige, Cendrillon, le Petit Poucet… Ce sont des Contes aussi, et les
gens l’ont enregistré. Mais mon ancêtre, tout le monde pense encore que c’est un
simple comte. Et tout ça, c’est la faute à Dumas. S’il était encore en vie, je lui
règlerais bien son conte, à celui-là.
- Rien n’est pire que l’ignorance. C’est ma devise. Et puis comme l’a dit
ce bon vieux Sénèque, “La vie ressemble à un conte ; ce qui importe, ce n’est
pas sa longueur, mais sa valeur.” Que pensez-vous de cela ?
- Eh bien, j’en pense que cela n’a rien à voir avec le sujet de notre
entrevue, monsieur le journaliste.
- En effet, bien vu. De toute façon, je n’avais pas compris la citation, je
l’avais notée pour frimer. Bref, n’en tenez pas conte. Parlons plutôt du lien
amoureux qu’aurait entretenu votre ancêtre avec la non moins célèbre Contesse
de Ségur. Une relation quelque peu controversée, n’est-ce-pas ?
Romuald de Monte-Cristo (au centre).
39
- Sans aucun doute ! De plus,
on raconte qu’il l’invita à venir avec
lui sur son île. Quand on aime, on ne
conte pas. La légende dit qu’elle
l’aurait même aidé à s’échapper de la
prison où le Conte était enfermé sur
l’île (au chapitre VI du livre, ndlr).
La fenêtre par laquelle il se serait enfui était tellement petite qu’ils ont dû
l’agrandir trois fois pour les besoins du tournage du film avec Depardieu. Mais
bon, peut-être aussi que c’est faux. Vous savez, il y a des choses comme ça qui
sont vraies, et d’autres qui le sont pas. Et d’autres qui sont un peu des deux.
C’est la vie.
- Tu déconnes ? Hahahaha, c’est n’importe quoi ton truc philosophique,
là.
- Sympa. “On conte une histoire touchante, le Belge éclate de rire pour
faire croire qu’il a compris.” C’est une citation de Baudelaire. Genre vraiment.
Tu peux vérifier13
.
- Une citation ? J’aime pas les citations. Bon, c’est pas pour ça qu’on est
là de toute façon. Autre chose à ajouter ?
- Rien. Excepté que ça m’énerve, personne remarque l’ours que j’ai caché
dans le logo Toblerone. Vous voyez ? Les gens ne font attention à rien.
- Sur ce, Romuald, je propose que nous prenions congé, j’ai posé toutes
mes questions. Le conte est bon, comme on dit dans le jargon. Haha, t’as
compris ? Le conte est bon ! Conte ! Avec un “n” !
- Ouais ouais, très drôle. Allez, casse-toi pauvre conte.
L’interview s’étant plutôt pas trop bien déroulée, nous n’en savons pas
beaucoup plus en fin de conte. Je vous propose donc de lire de vous-même le
livre (très long et barbant) de Dumas pour vous en faire votre propre idée. À très
vite pour un autre reportage réussi.
O. Escouf
13
Vous pouvez vérifier.
Ce filou a caché un ours dans son logo.
40
Promotion du livre Kot & cœur
41
Voici en exclusivité le premier chapitre de Kot & cœur ! Bonne lecture 
1
L’alarme du téléphone retentit. 7h30.
Chloé grogna et se tourna vers le grand métis allongé contre elle. Elle étudia
les traits de son visage : de longs cils, un nez de travers, une perle noire à
l’oreille gauche. Tant de détails qu’elle n’avait pas remarqués la veille sous les
effets conjugués de l’alcool et de la nuit. Ce jeune homme ne brillait pas
particulièrement par sa beauté – un 6/10, tout au plus – mais elle avait cédé à
son regard aguicheur.
A présent, il la fixait avec des yeux ternes, voilés par le manque de sommeil.
Il s’extirpa des couvertures en grognant et ramassa le téléphone qui vibrait sur
le parquet.
Il s’appelait Martin ou peut-être Maxime. A moins que ce ne soit Mathieu.
Quelque chose par « M ». Chloé n’avait jamais été douée pour retenir les
prénoms.
-Tu as cours où ? demanda-t-elle avec un bâillement.
-Au Montesquieu.
Mister M ne semblait pas d’humeur loquace. Il ramassa ses vêtements qui
traînaient au sol et s’habilla rapidement. Un pull à capuche barré de l’inscription
« Bachelor of Law », un jeans déchiré et une paire de baskets décolorées. La
tenue standard pour les soirées universitaires, presqu’un uniforme.
L’étudiant passa autour du cou un cordon au bout duquel pendaient un
trousseau de clés et un gobelet réutilisable, puis s’approcha de Chloé et posa un
baiser rapide sur ses boucles emmêlées.
-Je t’appelle bientôt.
-D’accord, bon cours !
Il lui fit un signe de la main et quitta la chambre.
Chloé éteignit la lampe et se blottit dans la moiteur des draps. Il ne
l’appellerait pas. Elle en était certaine ; il ne lui avait pas demandé son numéro.
Peu importait, c’était même mieux ainsi. L’aube avait dissipé l’excitation de la
nuit.
Elle respira l’odeur de cigarette froide que le garçon avait laissée dans la
pièce, et referma les yeux. Elle ne commençait les cours qu’à 10h45 et la nuit
avait été courte.
42
Il était une fois un compositeur...
Aaaah les contes! Tous et toutes, nous avons été bercé·e·s lors de notre
enfance par mille et un contes différents. Cependant, les contes ne sont pas
uniquement des histoires. En effet, la musique peut également nous permettre de
raconter des histoires. C'est ce que nous allons découvrir avec le fameux et
illustre Sergueï Prokofiev.
Sergueï Sergueïevitch Prokofiev est né durant l'année 1891 en Russie.
Pendant son enfance, sa mère, grande amatrice de musique classique, l'initie à
l'art de la musique classique en lui jouant des œuvres créées par les plus grands
tels que Chopin et Tchaikovsky. C'est grâce à cette influence maternelle que le
jeune Sergueï prend goût pour la musique. Dès l'âge de 10 ans, il se met à
composer sa première œuvre: un opéra pour enfant intitulé Le Géant. Voyant
son talent, sa mère l'envoie au conservatoire de Saint-Pétersbourg afin qu'il
peaufine son éducation musicale. Au cours de ces années, Sergueï ne cesse de se
revendiquer supérieur par rapport aux autres compositeurs et se qualifie lui-
même d'avant-gardiste. Cependant, il n'a pas tort de s'autoqualifier d'avant-
gardiste. En effet, alors âgé de 20 ans seulement, Prokofiev donne son Premier
concerto pour piano qui remporte un franc succès bien qu'il soit qualifié d'avant-
garde.
Une fois le conservatoire réussi, Prokofiev rêve de conquérir l'Europe
grâce à sa musique, tout comme Stravinsky l'a fait accompagné de Diaghilev14
.
Il entame donc ce voyage vers l'Europe et y rencontre Diaghilev qui lui propose
de composer un ballet. De cette manière, Sergueï compose Ala & Loli, mais
cette œuvre se solde sur un échec. Cela ne va pas le démotiver et quelques temps
après, toujours sous la direction de Diaghilev, Prokofiev compose Chout ou
l'histoire d'un bouffon. Ce dernier ballet remporte un grand succès et le pousse à
composer d'avantage. De cette façon, il compose de tous les genres: symphonie,
opéra, sonate... Cependant, cette passion dévorante pour l'écriture va être mise à
mal par le contexte sociopolitique de l'époque. Effectivement, face aux
répressions bolchéviques, Sergueï Prokofiev s'exile et se réfugie au Japon, puis
aux USA.
Lassé de son exil et voulant retourner au sein de son berceau natal,
Prokofiev décide de revenir en URSS, où son succès est garanti. Cependant, son
14
Stravinsky et Diaghilev cartonnent à Paris notamment grâce à leurs ballets russes qui sont vus comme
innovants pour l'époque en France et en Europe.
43
retour n'est pas uniquement voulu par sa propre personne. En effet, Staline veut
faire revenir toutes les grandes figures de la nation. C'est pourquoi il contacte
Prokofiev afin qu'il revienne et s'assimile à son projet politique. Sergueï
Prokofiev, vu comme un héritage de la bourgeoisie russe15
, entame la
composition d'œuvres purement ancrées dans le réalisme soviétique imposé par
Staline. C'est à ce moment qu'il compose son fabuleux ballet Roméo et Juliette
(1935).16
Par la suite, ses autres œuvres vont également être imprégnées par la
propagande, notamment les bandes sonores qui accompagnent les films de
propagandes dont Alexandre Nevsky (1940). Néanmoins, il ne compose pas
uniquement pour la propagande, mais également pour les enfants comme le
prouve sa célébrissime œuvre Pierre et le loup, composé en 1936.
Par la suite, Prokofiev continue à composer en toute plénitude jusqu'en
1948. En effet, lors de cette année, il se voit critiqué par ses contemporains qui
interdisent l'interprétation de ses œuvres. Cela provoquera une production de
composition moins intense pour le musicien. Le 5 mars 1953, Sergueï Prokofiev
s'éteint à quelques minutes d'intervalle de Staline. L'agitation qui tourne autour
de la mort du dictateur efface celle du compositeur
De nos jours, les œuvres de Prokofiev restent des très grands chefs-
d'œuvre et continuent à être interprétées. Malgré son influence stalinienne, il est
indéniable que son talent demeure unique. Si vous ne me croyez pas, je vous
laisse écouter Pierre et le loup, Roméo et Juliette ou encore son Second
concerto pour violon.
Voilà, j'espère que ce petit article vous a plu. Il ne me reste plus qu'à vous
souhaiter beaucoup de bonheur et de musique jusqu'au prochain numéro! :-)
Musicalement vôtre,
Pouet.
15
En effet, en provenant d'une famille de bonne éducation et en ayant appris au conservatoire, Sergueï Prokofiev
est perçu comme un bourgeois.
16
J'avoue je ne suis pas très objetcive sur ce, mais prend juste le temps d'écouter la danse des chevaliers et tu me
comprendras :-)
44
Fight Club : du livre au film
On ne présente plus le film Fight Club de David Fincher, sorti en 1999
(ou alors tu dois parfaire ta culture cinématographique, lecteur·trice !). Mais
apprenez qu’il est en réalité l’adaptation cinématographique du roman éponyme
de l’auteur américain Chuck Palahniuk, publié en 1996. Particulièrement
proches l’un de l’autre, le film et le roman présentent une critique virulente de la
globalisation et des sociétés de consommation au travers de l’histoire d’un
américain moyen et insomniaque (incarné par Edward Norton dans le film) qui
évolue dans un monde monotone et dominé par la
consommation extrême, la logique capitaliste du profit
maximal et l’écrasement du plus faible ; la vie du
protagoniste bascule toutefois lorsqu’il rencontre Tyler
Durden (joué par Brad Pitt dans le film) qui le pousse à
fonder le « Fight Club » où la violence gratuite sert
d’exutoire et d’affirmation identitaire. Très vite, ce groupe
se mue en projet visant à détruire la société capitaliste…
Pourquoi (re)voir le film ?
 Pour l’ambiance glauque des images dont la teinte est très sombre (dans le
style de Seven, mais d’une façon moindre quand même, pour les
connaisseurs de Fincher).
 Pour les images subliminales pour le moins … originales.
 Pour la performance de Brad Pitt qui décidément sait tout jouer17
.
 Pour la performance d’Edward Norton, surtout quand il se bat avec lui-
même pour accuser son patron (respect infini).
 Pour l’intensité et le suspense du film.
 Pour le retournement final.
Pourquoi lire le livre ?
 Pour son style : des phrases courtes et aussi percutantes que les coups
échangés pendant les réunions du Fight Club.
 Pour l’atmosphère particulière qui se crée en deux-trois mots seulement.
 Pour son petit format qu’on finit en deux heures à peine.
17
Et dire que Russel Crowe avait été approché pour le rôle … lol.
45
 Pour les nombreux retours en arrière intelligemment construits (qu’on ne
retrouve pas dans le film).
 Pour le retournement final.
Les différences entre le livre et le film
Le film de Fincher est globalement très fidèle au roman de Palahniuk.
Toutefois, quelques différences significatives peuvent être repérées. Attention,
c’est le moment, c’est l’instant : je lance une grande ALERTE AU SPOIL. Si tu
n’as ni vu, ni lu Fight Club, arrête-toi là tout de suite, cours le lire et/ou le
regarder, puis reviens à cet article. Ce n’est pas faute d’avoir prévenu.
 Le personnage de Tyler Durden
Si tu as poursuivi jusqu’ici, tu sais donc que le protagoniste et Tyler
Durden se révèlent être la même personne : le premier, ressentant le besoin
d’échapper à sa réalité contraignante, se dissocie et crée Tyler, sa deuxième
personnalité (dont il ne prend conscience qu’à la fin du récit/film). Néanmoins,
le personnage de Tyler diffère quelque peu du livre au film.
Dans l’œuvre de Fincher, il est en effet présenté comme diamétralement
opposé au protagoniste : beau, charismatique, athlétique, rebelle, il est tout ce
que le protagoniste n’est pas. Dans le livre, en revanche,
les deux personnages partagent quelques points communs
et le doute peut planer. Une telle différence s’explique par
les objectifs différents de l’écrivain et du réalisateur : si
pour Palahniuk il s’agit de faire douter le lecteur et de le
mettre progressivement sur la piste du retournement final,
pour Fincher il s’agit de créer un effet de surprise
inattendu sur le spectateur.
 La chronologie
Une autre divergence entre le roman et son adaptation cinématographique
est le traitement de la chronologie. Dans le livre, de nombreux retours en arrière
sont insérés afin de perdre le lecteur dans la découverte du retournement final
(notons que cette chronologie perturbée traduit également l’état psychologique
du protagoniste). Dans le film, pour une question de cohérence visuelle, ces
retours en arrière disparaissent : soit les épisodes sont remis par ordre
46
chronologique, soit ils sont tout bonnement supprimés. Ainsi, Fincher
transforme par exemple l’épisode saugrenu de la rencontre entre Tyler et le
protagoniste sur une plage nudiste, intervenant au cours de la narration, en une
rencontre anodine dans un avion, plus facile à intégrer au début du film.
 Le dénouement
La modification du dénouement du roman par Fincher, bien qu’elle puisse
paraître anodine, est selon moi la divergence la plus intéressante entre l’œuvre
littéraire et l’adaptation puisqu’elle laisse place à deux interprétations bien
différentes quant aux enjeux de l’histoire. Dans les deux cas, on retrouve bel et
bien le protagoniste et Tyler au dernier étage d’un immeuble alors que les tours
piégées par les partisans du Fight Club sont sur le point d’exploser ; dans les
deux cas, le protagoniste tente de se suicider ; dans les deux cas, cela se solde
par un échec, mais modalisé de deux façons différentes.
Si on analyse finement l’œuvre de Fincher, on peut observer, avant que le
protagoniste n’appuie sur la gâchette, un basculement d’identité : Edward
Norton adopte la posture corporelle de Brad Pitt tandis que ce dernier s’assied,
prenant l’ancienne position d’Edward Norton. Norton reprend alors le ton assuré
de Pitt et dirige la scène. Une fois le coup de feu parti dans la bouche du
protagoniste/Edward Norton, c’est Tyler Durden/Brad Pitt qui s’effondre, le
crâne percé par la balle. Le protagoniste est ainsi devenu pleinement Tyler
Durden, et a tué son ancienne personnalité. L’arrivée des partisans après ce
meurtre symbolique confirme cette interprétation : ils demandent à Norton
« Êtes-vous… ? » avant de s’adresser à lui d’une manière qui revenait
auparavant à Tyler. La scène finale nous montre le protagoniste-Tyler observant
l’explosion des immeubles de finance : le personnage a vaincu son
dédoublement ainsi que la société qui l’avait aliéné.
En revanche, dans le roman de Palahniuk, le protagoniste attend
l’explosion qui n’a jamais lieu, et appuie sur la détente lorsque les hélicoptères
de police arrivent. Pensant se réveiller au paradis, il se réveille dans un centre
hospitalier où des partisans du Fight Club, l’appelant Monsieur Durden, lui
assurent qu’il ne doit pas s’en faire, que « tout se déroule selon le plan prévu » et
qu’ils sont impatients de le revoir parmi eux. Ainsi, si le film de Fincher met
davantage l’accent sur le conflit psychologique (qui se résout), le livre original
de Palahniuk, lui, met plutôt l’accent sur la critique de la société contemporaine
en mettent en avant plan les dangers d’une société capitaliste aliénante mais
47
également ceux de la violence extrême qui n’est pas véritablement plus
salvatrice.
Élise
48
La situation des femmes au Malawi
Dans certaines régions du Malawi, et plus précisément dans les districts de
Mulanje et de Nsanje (la tradition ayant été abolie dans les autres régions), se
tiennent (encore aujourd’hui) ce qu’on appelle les rites du kusasa fumbi.
Ces rites sont ce qu’on pourrait appeler une « initiation sexuelle », initiation
que les jeunes filles subissent dès leur première règles (parfois, dès 9 ans).
Le but du kusasa fumbi est en réalité de purifier sexuellement les jeunes
filles. Purifier dans la mesure où cette relation sexuelle, dans la croyance
traditionnelle, permettrait
d’éloigner le mauvais œil en
chassant le fantôme d’un mari,
d’un frère ou d’un enfant décédé
et éviter d’attirer le malheur sur la
famille.
Un homme, qu’on appelle un
hyène, est donc engagé et payé par
la famille pour purifier la jeune
fille, dans une relation sexuelle
non-consentie et non-protégée. Le
viol de ces jeunes filles est donc
accepté voire encouragé par la
tradition.
De plus, dès les premières menstruations, les jeunes filles doivent se rendre
dans une sorte de camp, le but étant de les faire devenir des femmes. Elles y
apprennent explicitement comment faire plaisir sexuellement aux hommes.
Durant deux semaines, elles sont « éduquées » à satisfaire sexuellement les
hommes.
Elles doivent par exemple se déshabiller et apprendre, nues, des danses où
l’on remue les fesses pour exciter les hommes. Elles doivent, entre autres, se
frotter les unes contre les autres, s’allonger et simuler l’acte sexuel, et également
s’entraîner à la fellation sur un morceau de bois.
On leur fait croire que si elles n’y vont pas, ou ne veulent pas y participer,
des malheurs pourraient s’abattre sur leur famille, elles pourraient avoir des
49
maladies de peau, etc. La pression est également physique, puisqu’elles sont
battues et emmenés de force si elles font preuve d’une quelconque opposition.
Les conséquences de ces pratiques, outre les perversions psychologiques que
subissent ces jeunes filles, sont que près de 10 % de la population est touchée
par le VIH (les relations étant non protégées), et que la moitié des femmes sont
mariées avant leur majorité, bien souvent à l’issue d’un de ces viols
« initiatiques ». Les filles violées déclenchent par exemple des grossesses non-
désirées, etc. Aussi, l’inceste est fréquent et l’abandon de l’école pour les jeunes
filles « purifiées » est quasi automatique.
Il faut savoir que les dirigeants ne sont pas tous indifférents face à ces
pratiques. En 2013, une loi a interdit cette pratique de viol contractualisé. De
plus, en 2016, le procès d’Eric Aniva, hyène qui avait affirmé avoir violé plus de
100 jeunes filles dans le cadre de ces rites initiatiques, avait interpelé et choqué
l’opinion générale. Depuis, la police traque les hyènes et des OGN se battent sur
place pour mettre un terme à cela, l’activité est donc en déclin. Néanmoins, dans
ces régions reculées du Malawi, la tradition dicte toujours les actes de chacun.
Anna Breyne
50
L’écriture inclusive : quand le
masculin ne l’emporte plus
Cher·ère·s lecteur·rice·s,
Suite à la recommandation de notre cher M. le Doyen de privilégier
désormais l’écriture inclusive dans nos écrits en rapport avec l’UCL, voici un
petit article pour présenter cette « nouvelle » manière d’écrire !18
Qu’est-ce que c’est encore que ça ? Un nouveau régime alimentaire ?
Non, pas vraiment… En réalité, « l’écriture inclusive désigne l’ensemble
des attentions graphiques et syntaxiques qui permettent d’assurer une égalité de
représentations des deux sexes. »19
Concrètement, il s’agit de s’affranchir de
cette règle qui veut que dans tous les cas, le masculin l’emporte, même s’il n’y a
qu’un garçon pour un million de filles, ainsi que de l’utilisation par défaut du
masculin en guise de neutre (alors qu’il ne l’est pas), afin d’adopter une écriture
neutre, moins sexiste, avec une représentation égale des genres, sans stéréotypes
liés à ceux-ci.
Comment ça marche ?
On peut résumer cette convention en trois idées clés :
- Accorder en genre les noms de fonctions, grades et métiers.
Pompière, cheffe, autrice, directrice, charpentière, … Mais aussi homme de
ménage ou ménager, par exemple… L’idée est d’utiliser aussi bien les deux
genres de ces types de mots, et si cela vous paraît bizarre, sachez que ce n’est
qu’une question d’habitude, et qu’au Moyen Age, les deux étaient
systématiquement utilisés.
-User du féminin et du masculin, que ce soit par l’énumération par ordre
alphabétique, l’usage d’un point milieu, ou le recours aux termes épicènes.
Eh oui, c’est la fin du masculin générique, par défaut ! Lorsqu’on parle aussi
bien de femmes que d’hommes, il s’agit de le montrer grâce à la double flexion.
Ce sont donc les chefs et les cheffes de département qui se réunissent, si on
choisit de les énumérer. Mais alors, qui a droit à la première place ? Pour éviter
toute suspicion de hiérarchisation, on préférera l’ordre alphabétique, tout
18
Recommandation également liée à la création du master en études de genre à l’UCL (la mineure existait déjà).
19
Manuel d’écriture inclusive
51
simplement, idem pour l’accord qui se fait avec le plus proche. Et si le nombre
de caractère est limité, on peut très bien contracter les deux genres en un mot,
grâce à l’utilisation du point médian « · »20
, ou trouver un équivalent épicène21
.
-Ne plus employer les antonomases du nom commun « Femme » et «
Homme ».
Oui, parce que parler des « Droits de l’Homme » lorsqu’on parle d’une femme
dont les droits ne sont pas respectés, c’est assez bizarre, et qu’il suffit de parler
des droits humains. Alors non, on ne va peut-être pas tout de suite changer le
nom de la « Déclaration Universelle des Droits de l’Homme », et autres textes
historiques, mais quand même, à l’avenir, on préférera parler des humains ou
des personnes humaines. De plus, lorsqu’on parle d’hommes et de femmes pour
parler d’êtres humains, certaines minorités ne se sentent pas représentées, je
vous en parle tout de suite.
L’écriture inclusive et la communauté LGTBI
Alors, un combat uniquement féministe ? Non, pas vraiment, je dirais
plutôt un combat égalitaire, puisque comme vous avez pu le lire, non seulement
certains types de mots retrouvent leur homologue masculin, donc la démarche ne
vise pas uniquement à mieux représenter la gente féminine (le féminisme non
plus, mais certains ne sont pas d’accord avec ce terme-là non plus) ; mais en
plus, rendre l’écriture plus neutre, c’est aussi donner la possibilité de
s’affranchir du genre à ceux et celles qui ne se reconnaissent ni dans l’un, ni
dans l’autre. « Je suis heureux·se », par exemple, permet de ne pas avoir à se
positionner.
Si l’écriture inclusive ne vise pas aujourd’hui à ajouter un vocabulaire
transsexe, tel que « auteurice », par exemple, dans le lexique français, elle reste
une piste, qui a donné le jour au néologisme « iel », pronom neutre qui permet
de désigner n’importe qui, sans distinction de genre.
Et la norme, dans tout ça ?
20
Pourquoi lui, et pas le tiret ou la barre oblique ? Parce qu’ils ont déjà leur rôle dans l’écriture, alors que le
point médian pas. Comment le faire ? Alors là, sur Mac, alt+maj+f, pour les autres, alt+0183, mais je crois que
ce n’est valable que si vous avez un pavé numérique. Sinon, sur Word, « Insérer », « Symbole », « Autres
Symboles » (seulement la première fois), et là, soit dans la partie « Supplément latin », soit avec le code
« 00B7 ».
21
Vous savez, les mots à la fois masculins et féminins, comme membre, artiste, secrétaire ou bénévole, chips et
prout (quoique pour ces derniers, le débat perdure).
52
La norme, en fait, c’est elle qui est à l’origine de l’écriture traditionnelle,
dans laquelle le masculin l’emporte et sert de neutre. Oui, parce que jusqu’au
XVII°s, ce n’était pas le cas, ce qui primait, c’était la règle de proximité… C’est
notre cher Vaugelas, en 1647, qui a décrété que la forme masculine était la plus
noble, et qui s’est mis à lutter pour sa primauté. Alors c’est vrai que l’Académie
risque de ne pas appuyer l’écriture inclusive de si tôt, mais lorsqu’on sait le
temps qu’ils mettent (la neuvième édition est en cours de rédaction depuis 1986
quand même) pour mettre à jour leur dictionnaire prescriptif (et non descriptif),
je pense sincèrement qu’on peut s’en passer, de leur opinion…
N’oublions pas que la langue des dictionnaires de demain, c’est celle que nous
parlons aujourd’hui, alors n’attendons pas l’avis de quelques Immortels !
Pour en savoir plus…
Je vous invite à télécharger gratuitement le « Manuel de l’écriture
inclusive », par Mots-Clés, disponible ici :
http://www.ecriture-inclusive.fr/
Cécile
53
Quelques caractères de Bavière
Grüß Gott !
Tu viens d’être salué·e en bavarois, félicitations, ô lecteur·trice assidu·e
d’une jeune rubrique au parfum d’Edelweiß ! Comme beaucoup d’entre vous le
savent, je passe ce quadri en Erasmus au pays des bretzels (ou breze ou brez’n
ou …), de la pils insipide et de la Currywurst mit Bratkartoffeln, j’ai nommé :
l’Allemagne. Plus précisément à Munich en fait … en Bavière … comme
l’indique à juste titre le … titre.
Il m’a donc paru opportun de sortir de ma léthargie scripturale pour
t’instruire ponctuellement, par le biais du bouffon sur papier22
, de menues
anecdotes, légendes et autres pérégrinations culturelles dont je serai le Siegfried
(« héros », en allemandais23
). Comment te décrire mon éveil imaginatif à
l’annonce du thème de ce « Lob » (« éloge » en allemandais) ? Bonne question
rhétorique.
Quoi qu’il en soit, en Bavière, rien n’est plus conforme aux contes que le
« Märchenschloss » (« château des contes » … en allemandais). Véritable
bonbon pour les yeux à l’extérieur, détenteur d’une ambiance étouffante à
l’intérieur, érigé sur un pic rocheux à moins d’un kilomètre d’un autre château,
œuvre d’un roi réputé fou, site touristique hors de prix, « mais comment ils
prononcent un tel truc ? » : telles sont les descriptions que le tout-venant te fera
de Neuschwanstein. Et il aura raison, le bougre ! (Au passage, ça se prononce
/nɔʏˈʃvaːnʃtaɪn/).
La construction du « Märchenschloss » se termina en 1886 selon Saint
Wikipédia et fut commandée par le célèbrement controversé Louis II de Bavière
(était-il un fou, était-il un génie ? Les avis divergent selon qu’on interroge la
population ou ses rivaux politiques). Ses frasques lui valurent in fine une
mystérieuse mort prématurée dont on ignore encore aujourd’hui les causes
exactes, ne lui permettant de ne profiter que 14
nuits de son rêve fait pierre.
Si le château porte un si joli surnom, c’est
pour une multitude de raisons tout aussi jolies.
Premièrement, il est joli, et le paysage est encore
22
Tu le constateras bien assez tôt : j’aime les périphrases.
23
Ainsi que les néologismes.
Moi, cachant le château, gâchant la photo
54
plus joli (cfr. les photos). Deuxièmement, les plans du château furent en partie
élaborés par un décorateur de théâtre, ce qui explique son excentricité et son
éclectisme architecturaux, et donc son aspect de merveilleux melting-pot
dégoulinant de fioritures. Troisièmement, chaque pièce est pensée, décorée et
aménagée selon un opéra différent du compositeur romantique Richard Wagner,
chouchou de Louis II, et dont les œuvres célèbrent les légendes allemandes du
Moyen-Âge (Tristan und Isolde, Parsifal, Der Ring des Nibelungen et tatati et
tatata). Quatrièmement, il est magique ! Je m’explique : il est moderne ! Par
exemple, il y avait l’eau courante dans la chambre du roi, un système de
sonnettes high-tech pour appeler les larbins, un des premiers téléphones, ainsi
qu’une fausse grotte du plus bel effet (oui oui, dans le château … elle fait office
de couloir … il était peut-être un peu secoué de la caboche, en fin de compte).
Cinquièmement et dernièrement et plus importamment, c’est Disneyland ! Tu
vois le château qui scintille sous les feux d’artifices au début de chaque dessin
animé Disney ? Bah c’est Neuschwanstein en symétrique. Alors la prochaine
fois que tu chanteras « Comme un homme » à tue-tête, tu remercieras Loulou le
fou d’avoir inspiré ton idole d’enfance !
Malheureusement, il y a toujours un verlan à la daillemé, et
Steinschwanneu24
ne fait pas exception. Aussi wunderbar soit-il, le château se
visite comme la boucherie du coin : emballé, c’est pesé. Pour 12€, tu auras le
privilège d’escalader ce fichu pic rocheux pendant 30min à pied (ou en calèche
si tu craches plus de flouze), tout ça pour te voir refuser l’entrée si tu arrives
plus de 5min en retard à ta visite guidée (et il n’y a que des visites guidées).
24
Faut varier les vire-langues, tu ne trouves pas ?
Disneyland - Origins
55
M’enfin, partons du postulat que tu as un don pour la ponctualité (comme les
Allemands) : tu te verras intimé·e de ne pas porter ton sac à dos sur le dos (tu
risques de rayer les peintures = les murs que tu ne peux de toute façon pas
approcher à moins d’un mètre), et de la même manière, le ou la guide t’intimera
ses infernales informations formatées avec un flow plus rapide que celui d’un
rappeur américain, te charriant de pièce en pièce tel un colis amazon sans te
laisser admirer ton environnement pourtant si riche, commençant même à
déblatérer (toujours sur un ton plus haletant que cette phrase) à propos de la salle
suivante sans t’attendre si tu as le malheur d’être à l’arrière du groupe, le tout en
25min et hop, direction les deux boutiques de souvenirs et puis retourne faire
des photos dehors (dedans c’est verboten).
Assez-t-il tout étant25
, Neuschwanstein est un des incontournables lieux
touristiques bavarois, et ces 12€ s’allongent sans trop de difficultés tant le cadre
est lugubrement fascinant par gros temps, ou somptueusement idyllique sous le
ciel azuré. Qu’on aime ou qu’on déteste, il faut admettre que l’atmosphère y est
particulièrement marquante, si bien que la visite ne s’oublie pas facilement.
Sans déconner, allez-y.
Tschüss !
Richard (pas Wagner)
25
Expression tirée de la série Youtube Wha’st the cut
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  • 1. 1
  • 2. 2 Sommaire Sommaire........................................................................................................... 2 Edito .................................................................................................................. 3 Mot du praesidium ............................................................................................. 4 Mot du baptême ................................................................................................. 7 Mot de la culture .............................................................................................. 10 Mot de la revue ................................................................................................ 11 Mot de l’orga ................................................................................................... 12 Agenda des activités......................................................................................... 15 Fable ou conte ? Telle est la question ............................................................... 19 Les véritables histoires derrière les contes disney............................................. 21 Conte … sous l’océan ...................................................................................... 26 Cendrillon - telephone...................................................................................... 30 Retour aux blancs chevaux............................................................................... 35 Promotion du livre kot & cœur......................................................................... 40 Fight club : du livre au film.............................................................................. 44 La situation des femmes au malawi.................................................................. 48 L’écriture inclusive : quand le masculin ne l’emporte plus............................... 50 Quelques caractères de bavière......................................................................... 53 Louvain-la-haine .............................................................................................. 56 Appel à participation........................................................................................ 58 Ivand’lamour.................................................................................................... 59 Kikadikois........................................................................................................ 61 Le coin photos.................................................................................................. 62 Illustration (couverture) : https://www.tattooforaweek.com/blog/wpcontent/uploads/2015/02/3e60cee05811c068e8006dd5d03c734b.jpg
  • 3. 3 Edito l était une fois dans une faculté fort lointaine … un Éloge de la Folie dédié aux contes. Pour ce second numéro, nous vous emmenons, chères lectrices, chers lecteurs, à la découverte de contrées lointaines où la magie est reine. Au fil des pages, vous pourrez vous délecter de divers articles s’articulant autour du thème du conte, qu’il soit merveilleux, horrifique ou traditionnel. Outre ces pages enchanteresses, vous retrouverez, comme dans chaque Éloge, quelques-unes de vos rubriques fidèles et préférées, à savoir Ivandl’amour, Il était une fois un compositeur, ou encore les classiques Kikadikois. Nous vous réservons également quelques surprises telles que la promotion du roman Kot&cœur ou encore une interview exclusive avec le Kap Contes. Vous l’avez compris, c’est un Éloge bien rempli que vous vous apprêtez à parcourir. Nous tenions donc à remercier tous les contributeurs qui nous permettent, grâce à la qualité de leur plume, de réaliser chaque mois ce journal facultaire. Si vous aussi vous désirez participer (de façon anonyme ou non) à la rédaction d’articles ou de rubriques, n’hésitez pas à nous faire part de votre talent à l’adresse suivante : elogedelafolie.fial@gmail.com. C’est avec un grand plaisir que nous lirons et partagerons vos compositions. Nous profitons aussi de ces quelques dernières lignes pour vous rappeler de nous suivre sur notre page Facebook Éloge de la folie - Journal facultaire. Vous y trouverez toutes les informations relatives aux concours (oui, oui vous avez bien lu et c’est exclu), thèmes, deadlines et parutions de notre beau journal facultaire. Il ne nous reste plus qu’à vous souhaiter une agréable lecture… Vos déléguées Éloge fort fort conte-ntes, Élise & Félicie
  • 4. 4 Mot du Praesidium Bonjour à toi, nouvel·le abonné·e ou fidèle lecteur·trice ! Tu l’attendais avec impatience, ce second numéro, hein ? Nous espérons que ton premier mois sur Louvain-la-Neuve est à la hauteur de tes espérances ! Et plus encore, nous espérons que tu aies pu/su venir au cercle Philo & Lettres1 et que tu t’y sens maintenant (presque) comme chez toi ! Même si tu sais déjà tout sur nos activités car tu es venu·e à tous nos événements, nous te proposons un petit inside view ! Le cercle a organisé, en ce début d’année académique, une semaine d’accueil, avec au programme : barbecue, binouzes et bonne ambiance ! Nous espérons que tu as eu l’occasion d’y venir et surtout, que nous t’avons donné l’envie d’y revenir ! Ces barbecues d’accueil avaient comme but, entre autres, de familiariser les petits nouveaux avec le parcours d’intégration folklorique communément appelé baptême. Et c’est 3 semaines plus tard que le Philo et Lettres a accueilli une joyeuse bande de nouveaux·elles petit·e·s baptisé·e·s ! Félicitations à eux et à elles, à leur papa (Lorella) et à leur maman (Guillaume) ! Et merci aux poils et plumes présent·e·s pour leur aide et participation ! Mais le cercle, ce n’est pas que le baptême. Nous avons eu l’occasion de rencontrer beaucoup d’autres personnes, baptisées, non-baptisées, venues de tous horizons à de multiples évènements, comme les Philundis, l’Anim’bar et la Casa ! En effet, le mercredi S1, nos trois délégué·e·s Anim’bar, Alicia, Timothée et Zoé, vous ont concocté une soirée sur le thème Police vs Gangsta. Nous espérons que tu as pu prendre ta photo avec ta pancarte délinquant « comme dans les films » et que tu as eu l’occasion de goûter les nombreux et délicieux cocktails mis à disposition ! Et le jeudi S1, nos trois déléguées orga, Eléonore, Laura et Perrine, ont mis le feu à la Casa avec leur thème de feu de dieu : la casâme soeur ! Nous espérons que tu as pu y passer et que tu as rencontré ton âme-sœur ! Appelez maintenant le Philo : Cupidon. Un grand merci également à tous·tes les comitard·e·s présent·e·s toute la soirée pour vous avoir abreuvés et servis avec un grand sourire ! Le Philo et Lettres est également très fier de présenter son nouveau site internet : cerclefltr.be ! Notre délégué comm’/relex, Ivan, et Alexe y ont passé 1 Si pas, QU’EST-CE QUE TU ATTENDS ? Nous, on t’attend !
  • 5. 5 énormément d’heures pour vous concocter un site moderne, complet, extrêmement efficace et surtout, magnifique ! La k-fet a également innové et a sorti un nouveau sandwich : el pollo (poulet, tortilla, poivron, andalouse) ! Cours à la k-fet tant qu’il est encore en vente ! Assez de se tourner vers le passé, nous sommes très heureux·ses d’également te présenter nos activités pour les mois qui arrivent ! Alors sors ton agenda et ne rate rien de ce qui t’attend ! Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi S6 Philundi 24h @ Place de l’université S7 Philundi Gargamel Trophy S8 Philundi Semaine Abbaye de Gembloux Semaine Abbaye de Gembloux Anim’bar Semaine Abbaye de Gembloux Semaine Abbaye de Gembloux Semaine Abbaye de Gembloux S9 Philundi Anim’bar S10 Philundi Anim’bar S11 Philundi Anim’bar S12 Philundi Casa Anim’bar Pour ne pas perdre une miette de ce qu’on organise, le cercle a mis quelques outils en ligne pour te garder au courant et/ou te mettre l’eau à la bouche des soirées à venir et passées ! Le site cerclefltr.be La page facebook FLTR Snapchat cercle-fltr Instagram Les photos des soirées
  • 6. 6 Nous pouvons donc dire que, mise à part des problèmes de sono et de beercoolers, nos comitard·e·s, le comité de soutien et les sympathisants ont vraiment bien géré ça ! On a hâte de continuer l’aventure avec toi, alors n’hésite pas à (re)venir ! Le Philo et Lettres continuera à t’accueillir en son antre avec toujours plus d’ambiance et de binouze2 s ! PS : si tu désires nous contacter pour la moindre question, suggestion, bon conseil, connaissance, nouvelle, don d’organes, etc., c’est avec grand plaisir que nous te répondrons à l’adresse suivante : presidentfltr@gmail.com. Enjoy3 la suite de ta lecture et à très vite dans l’Antre du Bouffon pour de nouvelles aventures ! Emi et Maëlle 2 Pardon, Monsieur le Doyen ! 3 Tu l’auras compris, une de nous deux est en langues anglaise-française.
  • 7. 7 Mot du baptême L’an passé, j’ai eu le plaisir d’être choisie par Emiline et Maëlle pour devenir la nouvelle présidente de baptême du cercle Philo et Lettres. Alors que certains me félicitaient, d’autres me plaignaient. C’est sur qu’être présidente de baptême est synonyme de prestige mais aussi, et surtout, de responsabilités. Cela a en effet été dur à gérer parce que bien qu’il s’agissait d’une marque de confiance de la part du praesidium, la pression qui fut posée sur nos épaules à Guillaume, vice-président de baptême et moi-même, était énorme. La préparation de ce baptême débuta fin juin. Nous avons à peine eu le temps de finir nos examens et relâcher la pression de cette session que nous devions à nouveau nous concentrer sur ce projet. Nous avons donc passé notre été à faire des demandes d’autorisation auprès de la ville, autorités de l’UCL et professeurs. Nous avons également concocté le planning de ces bleusailles et planifié chaque activité de manière singulière. Nous avons aussi du imaginer un t-shirt que nos petits bleus porteraient durant toute la durée de leur baptême et rédiger leur nouveau meilleur ami, aka leur carnet de bleu. La préparation fut longue mais récompensée une fois le baptême commencé. Le baptême est un évènement phare pour un grand nombre d’étudiants. Voir la motivation et impatience à l’idée de commencer celui-ci de la part des autres baptisés était un beau cadeau mais aussi un soulagement pour nous deux. Nous n’étions pas seuls face à la lourde tâche qui se profilait devant nous ! Ces trois semaines ressemblaient à un roller coaster. Elles étaient entrecoupées de bleus motivés, d’activités amusantes, de beau temps mais aussi d’imprévus (mille imprévus…), de problèmes de santé obligeant certains bleus à arrêter et d’absence d’heures de sommeil (moultes heures de sommeil). Ce fut rude, épuisant, long mais à la fois très court aussi (pas pour les bleus du moins !) mais surtout, surtout, merveilleux. Il y a trois ans, lorsque je prenais part au baptême en tant que bleuette, on m’avait vendu une expérience unique qui changerait ma vie. Ce fut le cas. J’ai créé un lien spécial et vécu des choses inqualifiables avec mes co-bleus. Cette année, en rempilant en tant que présidente de baptême cette fois, ma vie a changé pour la deuxième fois. Je savais que mon rôle serait important auprès des autorités et que j’aurais des responsabilités mais ce baptême m’a surtout apporté (oui, c’est bien le mot adéquat) de l’anxiété positive. Je me suis inquiétée pour ces bleus. On a toujours
  • 8. 8 dit que les mamans s’inquiétaient pour leurs enfants 24h/24. C’est l’état dans lequel je me suis trouvée pendant ces trois semaines. Ces bleus étaient en quelques sortes mes bébés. Je ne peux donc qu’être fière et heureuse d’annoncer que le Cercle Philo et Lettres accueille désormais 25 nouveaux·elles baptisé·e·s en son sein. Félicitations à Eliott, Yoze, Emilie, Emilien, Fiona, Nuno, Saszkya, Mael, Maxime, François O., Corentin, Charles, Amandine, Ethan, Thomas L., Pauline, François U., Nicolas, Olivier, Alice, Fabien, Thomas C., Tabata, David et Eric. Merci à vous d’avoir vécu cette expérience avec nous. Guillaume et moi-même sommes extrêmement fiers de vous et espérons que vous ne ressortirez de cette expérience que du positif ! Bienvenue chez vous ! Le baptême et vous, nous manquez déjà ! Je terminerai cet article par une citation d’un savant, le beau, le grand Baptiste Marredda, président de baptême l’année passée : « La nostalgie, c’était mieux avant ! » Lorella Quelques retours des nouvelles recrues 2017-2018 - Fiona Deux ans que je veux faire mon baptême, Deux ans que je repousse le moment fatidique. Flemme, pas le courage de souffrir « gratuitement », je pense que je suis déjà trop vieille, j’ose pas,… Toutes les excuses sont bonnes pour ne pas le faire. Cette année je prends mon courage à deux mains, je me pointe au barbecue d’accueil. On me vend le truc comme pas possible, je signe. Les trois semaines suivantes se sont enchaînées à la vitesse de l’éclair. Les midis à la kfet, les soirées à remplir nos carnets, les activités, les allées venues chez la Duc pour faire plastifier carnet et pancartes, les services chez les poils et plumes,… je mange baptême, je dors baptême, je respire baptême. Ca a l’air pénible comme ça, non ? Mais vous savez quoi, on était 25 dans la même situation, à souffrir de la même manière en acti puis à se conforter sur notre groupe au soir. Jamais trois semaines ne m’auront autant appris. A la fin du baptême, le rideau tombe : je n’ai jamais rencontré autant de gens d’un coup, j’ai fait des choses que je n’aurais jamais pensé être capable de faire, j’ai appris le véritable sens du mot « solidarité ». Signer ? Je le referais 10 millions de fois.
  • 9. 9 - Maxime Je vous salut ô lecteur de l'Éloge adoré adorable, désiré désira, euh euh c'est fini le baptême ! Oui, après 3 semaines d'apprentissage sur la vie de gangsters ça y est nous sommes enfin baptisés dans le plus culturel des cercles louvanistes. Oui oui j'ai bien dit d'apprentissage. Un apprentissage sur soi-même mais aussi sur les autres, il est la base du baptême. Une expérience unique qui fait grandement grandir et mûrir. La solidarité, la rencontre et Al Capone seront les 3 mots que je retiendrai de ce baptême. Un baptême que je n'hésiterais absolument pas à recommencer enfin à un fifrelin près ! - Tabata On ne vit qu'une fois alors pourquoi ne pas faire son baptême universitaire ? C'est une occasion en or pour être solidaire avec des gens que l'on ne connaît pas (et que l'on ne croirait pas pouvoir devenir amis avec avant de commencer), de devoir se cacher pour rire et de rendre des services complètement fous qui nous permettent de parler avec des gens adorables qui aiment jouer pourtant aux sévères. Le baptême permet de faire des choses ridicules qui font rire avec du recul et que l'on pourra se remémorer dans une quinzaine d'années autour d'une pinte. Ça aide également à dépasser ses limites, peu importe ce qu'elles sont et se rendre compte que la vie est un jeu qu'il faut savoir manier avec du second degré. - Charles Cette année, j'ai décidé de faire mon baptême après une grosse réflexion étant donné que j'allais devoir le faire en chaise roulante. Pendant les 4 jours qui ont séparés mon inscription de la première acti, j'ai changé d'avis une dizaine de fois à cause du stress. Au final je me suis lancé, et le seul regret que j'ai, c'est de ne pas avoir pu tout faire pendant mon baptême. Le praesidium de baptême était très attentif à moi, et veillait à ce que je n'aggrave pas mon état. Je conseille donc à tous ceux qui hésitent à cause de problèmes de santé ou de mobilité de tenter l'aventure, vous ressortirez de votre baptême avec la sensation que rien ne vous arrête, en plus des autres sensations que tout les bleus ressentent, comme la fierté ou la solidarité. Au final, faire son baptême, peu importe dans quelle mesure on sait le faire, tant que vous vous donnez au max de vos capacités, ça vous apportera quand même de merveilleux souvenirs, des expériences euuh.. surprenantes et des rencontres incroyables !
  • 10. 10 Mot de la culture Bonjour les guindailleur·se·s (et moins guindailleur·se·s!), Tu sais sûrement que l'année précédente fut bien triste pour la cité néo- louvaniste. En effet, le mois d'octobre ayant pour habitude d'être un mois de fêtes (et pas seulement pour Halloween) n'a pas pu résonner de rires et d'éclats de joie. Le bel adage "En S6, tu bosses ou tu bisses" n'avait plus aucun sens. Et oui, le plus gros des évents de Louvain-la-Neuve n'a pas pu pointer le bout de son nez. Les étudiant·e·s, tel·lle·s que toi, ne savaient où donner de la tête pour compenser ce manque... Mais puisque nous savions que tu l'attendais depuis longtemps (l'année passée exactement), la team culture #bestoftheteam a l'immense plaisir de t'annoncer le retour du plus gros événement de l'année à Louvain-la-Neuve: celui des 24 HEURES VELO!!! À cette occasion, nous avons mis les petits plats dans les grands et te promettons une nuit de folie! C'est non sans émotion que nous avons le plaisir de te convier ce 25 octobre à the place to be: la Place de l'Université. En effet, avec nos amis des Petits Chevaux, la MAF et le PSYCHO, nous allons remplir cette place de joie et de bonne humeur notamment avec les sons de DJ Watt’Sound! Au programme? De la bière, de la bouffe, des comitard·e·s plus motivé·e·s que jamais, sans oublier du sport (ben oui les 24h c'est aussi en rapport avec le vélo il parait...). Nous pensons que ça ne sert à rien de t'en dire plus, car les 24h il faut les vivre et non les lire! Alors ramène-toi! Si toi aussi tu veux marquer l'histoire folklorique de Louvain-la-Neuve en assistant aux 24 heures édition 2017-2018, n'hésite plus et viens fêter le retour de cet évènement avec nous Place de l'Université ce mercredi 25 octobre à partir de 19h! Au plaisir de vous y voir nombreux et motivés, Pouet, Lynne et PO, Vos dévoués délégués culture 2017-2018.
  • 11. 11 Mot de la Revue
  • 12. 12 Mot de l’orga Petit instant promo… Puisque nous sommes ici pour vous parler de contes, nous allons vous en rappeler un que vous connaissez forcément tous·tes. Enfin, ce n’est pas un conte à proprement parler, mais son univers et ses personnages se prêtent très bien à l’univers du conte : une forêt pleine de plantes mystérieuses, un méchant qui vit dans un manoir délabré et qui fait de la magie, un village idyllique en harmonie avec la nature, des petits êtres bleus… Vous l’avez ? Nous voulons bien sûr parler des Schtroumpfs ! Tant que nous y sommes, l’historienne de l’équipe tient à digresser en disant que le village des Schtroumpfs pourrait très bien être un conte représentant une société communiste idéale. Non mais sérieusement c’est vrai : les Schtroumpfs ne connaissent pas l’argent, ils exercent tous des métiers différents et complémentaires, à part le Grand Schtroumpf qui chapeaute le village il n’y a pas de rang social plus élevé qu’un autre… Et puis on y retrouve le côté « Tout le monde est heureux dans ce monde merveilleux » cher à la propagande soviétique ! On pourrait donc partir de ce postulat pour dire que Gargamel serait une allégorie du capitalisme ! Nous allons nous arrêter là pour les digressions. En réalité, nous sommes ici pour vous révéler que Gargamel avait également donné son nom à un grand événement du Cercle Philo & Lettres : LE GARGAMEL TROPHY ! Hé oui, le sorcier a lui aussi le sens de la fête, et compte bien vous le démontrer le 1er novembre à 14h sur la Voie Cardijn ! Nous vous rappelons le principe de l’événement si vous ne l’avez pas déjà lu dans l’Eloge de la rentrée : il s’agit d’une course en binôme durant laquelle les participants doivent porter un fût vide tout au long d’un parcours où les attendront six stands. Trois d’entre eux seront consacrés à la dégustation de bières spéciales, et les trois autres seront dédiés à des activités amusantes sur le thème « Guindaille 2.0 ».
  • 13. 13 Deux courses sont prévues : d’abord la course rapide, où le but est de finir le parcours le plus rapidement possible (un prix est à la clé pour les gagnants), et la course lente pour ceux qui préfèrent prendre tout leur temps. Vous devrez bien entendu venir vous inscrire à la course de votre choix et payer un tarif que nous devons encore déterminer (il oscillera entre 10€ et 20€ selon les bières spéciales proposées). L’eau sera quant à elle gratuite, et des croque-monsieurs cuisinés par nos soins seront vendus sur place. Nous espérons vous y voir nombreux et souhaitons que vous découvriez la face cachée de Gargamel et des Schtroumpfs qui peuvent bien cesser les hostilités le temps d’un moment folklorique ! À bientôt au Philo ! Eléonore, Laura et Perrine
  • 14. 14
  • 15. 15 Agenda des activités Comme vous l’aurez sûrement constaté, de nombreuses activités prennent place en ces mois d’octobre et de novembre. Voici un joli calendrier couvrant les évènements organisés au sein de la faculté/cercle FLTR qui ont été cités jusqu’ici ! Lundi Mardi Mercredi Jeudi / Dimanche S6 SMART WEEK Soirée Philundi S7 Soirée Philundi Revue FIAL Casting Musicos Casting Danse Gargamel Trophy Revue FIAL Casting Danse Bar du dimanche S8 SEMAINE ABBAYE DE GEMBLOUX Soirée Philundi Anim’bar Bar du dimanche Bar du dimanche Revue FIAL Casting Musicos Revue FIAL Casting Chant/ Chorale 24h Louvain
  • 16. 16 Interview avec le Kap Contes Chers lecteurs, chères lectrices, Cette année, nous aimerions promouvoir dans chacun de nos numéros une organisation estudiantine, telle qu’un Kap ou une régionale, afin d’apprendre davantage sur leur implication au sein de notre beau et dynamique campus louvaniste. Nous vous emmenons pour cet Éloge dédié aux contes à la rencont(r)e du Kap Contes. C’est parti ! 1. Pouvez-vous nous rappeler brièvement ce qu’est un Kap (pour les petits nouveaux qui nous lisent) ? Un kot-à-projet, c’est avant tout une dizaine d’étudiants qui partagent non seulement un logement mais aussi une passion, et qui, dans cet esprit, mènent un projet pour et dans la communauté de Louvain-la-Neuve. Ce projet peut être culturel, artistique ou sportif, lié à l’écologie, au développement durable, au monde de la santé ou du handicap… Sur le site de Louvain-la-Neuve, l’UCL « homologue » 78 kaps. Le monde des kaps fait entièrement partie du folklore louvaniste. Outre les activités qu’ils organisent, les « kapistes » tiennent à tour de rôle les petites casas du mercredi, se retrouvent lors de grands événements comme les 24h, le Welcome Day, la Foire des Kaps… Ils forment une vraie communauté. 2. Quel(le)s activités/projets organise votre Kap durant l’année ? Le Kap Contes fait partie des kots culturels. Notre objectif est de faire vivre l’univers du conte sur le campus de Louvain-la-Neuve, d’ouvrir les étudiants et les habitants à la beauté et à l’atmosphère particulière de ces histoires. Notre public est très varié : enfants, étudiants, habitants, personnes handicapées… Pour les enfants, nous contons notamment toute l’après-midi des 24h au Village des enfants et nous organisons un grand spectacle, plus théâtral, dans un univers magique, au mois de novembre. Pour les adultes, l’activité sur laquelle s’est construite le projet est la soirée conte. Nous invitons tous les curieux à venir s’installer confortablement au milieu de nos tapis et de nos coussins, pendant que nous leur contons nos meilleures histoires dans une atmosphère tamisée, entrecoupée d’une pause thé et pâtisseries.
  • 17. 17 Mais il existe également bien d’autres formules pour écouter des contes : le bar conté (venez prendre place dans un bar, commander votre spéciale ou votre thé tranquillement, et choisir sur un menu le conte que vous avez envie d’entendre, qu’un conteur s’empressera de vous raconter), la balade contée (en collaboration avec le Kot Jeunes et Nature, une promenade en soirée entrecoupée d’histoires…), la semaine contes à domiciles (encore plus facile : vous « commandez » un conteur qui vient vous raconter quelques belles histoires chez vous, le plus posé du posé) ou encore le Cluedo (venez écouter le version de chaque témoin du crime commis, recouper les indices, confronter les témoignages et tâcher de trouver le coupable…). Nous faisons également de nombreuses collaborations, avec l’UCL, d’autres kots à projet ou d’autres asbl, qui nous demandent de venir conter pour des enfants, des étudiants ou des personnes handicapées. Notre plus gros projet est la mise en place d’un Festival du Conte, au second quadri, où, une semaine durant, nous invitons des conteurs professionnels à présenter leur spectacle, avant de poursuivre la soirée avec un concert. 3. Combien de personnes sont impliquées dans ce projet ? Pouvez-vous vous présenter brièvement ? Il y a douze KapConteurs : neuf vivent au Kap Contes et trois sont externes : cela implique qu’ils ne cohabitent pas avec les autres mais participent tout de même intégralement au projet. Justine dite Panaïs (notre aimée responsable mails), Natacha dite Kiki et Alice sont en logopédie. Le trésorier, Ilias alias Tchitchi, étudie les sciences informatiques tandis que Diego le bricoleur, notre ingé civil, est en charge des subsides. Justine dite Pô (la benjamine du kot), étudiante en histoire de l’art, gère notre compte Facebook. Hélène, responsable web, et Elénore sont romanistes, Temerlan est en socio-anthropo, et Maëlle, responsable des locations, en psycho. Quant à moi, fière LAFReuse, je partage avec Raph (un sacré bioingé) la coprésidence de cette équipe de choc. Outre ces fonctions pragmatiques, nous prenons tous la responsabilité d’une activité en particulier, seul ou à deux quand ça demande beaucoup de travail. Par exemple, je m’occupe des demandes de collaboration des autres kots-à-projet, et je chapeaute le spectacle des enfants avec Raph et Panaïs.
  • 18. 18 4. Quel(s) est(sont) votre(vos) conte(s) préféré(s)? Pourquoi ? Je dois dire que nous avons tous notre style de conte propre. On ne dirait pas comme ça, mais il existe une très grande variété de contes, et chacun conte avec sa propre sensibilité. Certains choisissent de raconter des histoires qu’ils ont lues, d’autres d’écrire leurs contes. Quelques-uns aiment les contes de type « traditionnel », vais-je dire, impliquant de belles princesses de Chine, de grands sages, ou des héros voyageant à travers des contrées lointaines et merveilleuses. D’autres vont chercher des contes à la chute surprenante, qui vont faire écho à la culture de chacun, ou racontent à la manière d’un conte une situation que nous réaliserons avoir tous vécue. Certains conteurs aiment incarner des personnages riches, fous ou sages, aux métiers farfelus ou aux histoires de vie abracadabrantes. On peut conter de manière théâtrale ou pas, en musique, avec des objets… Chacun développe une façon de conter propre à sa sensibilité. Moi, par exemple, j’aime les contes pour l’acuité de leur message et leur poésie, mais j’aime également beaucoup raconter des histoires ancrées dans la vie réelle. 5. Comment se rendre à votre Kap et/ou comment vous contacter ? Notre Kap se situe au « bloc », dans le quartier des Bruyères : après l’Adèle, la première ruelle à gauche (passage des Dinandiers, 1, dernier étage). Vous pouvez y emprunter gratuitement (moyennant caution) des livres de contes, ou louer nos tapis et nos coussins à prix modique. N’hésitez pas à nous contacter sur Facebook (Michel Kap Contes) ou par mail (kapcontes@gmail.com). Au plaisir de vous rencontrer ! Un tout grand merci au Kap contes pour leur investissement et le temps dédié à notre journal facultaire. …. Tournez la page et découvrez leur article ! 
  • 19. 19 Fable ou conte ? Telle est la question Pour exemple : le lièvre et la tortue, version allemande. Oui oui, on connaît tous l’histoire du lièvre et de la tortue, petite fable pas piquée des hannetons qu’on a toutes et tous apprise par cœur en mélangeant les voyelles du haut de nos sept ans. Le lièvre se la pète et finit par perdre la course face à une petite tortue lente mais efficace et qui lâche pas le morceau, d’où la morale bien connue : « qui pisse au vent se rince les dents ». Sachez, mesdames et messieurs, qu’un conte allemand propose une version alternative de l’affaire. Il était une fois deux animaux alcooliques qui parient une bonne bouteille de Brandy sur une petite course des familles, entre hérisson et lièvre, pour passer le temps en attendant l’Oktoberfest. [Y a plus de tortue, je sais, mais comme vous êtes de brillants cerveaux vous aurez compris que le hérisson lui sert d’ersatz]. Le hérisson, pas né de la dernière pluie, gagne en trichant salement. Le lièvre est pas content, il se fâche carrément et ils recommencent la course… Septante-quatre fois (si si). A tel point qu’une veine de son cou (qu’il a gros) gonfle, gonfle, gonfle… Puis explose et il meurt. Voilà voilà. Je la connais, la question qui est sur toutes les lèvres : mais quelle est la différence, Vivi, entre un conte et une fable ? Bon, d’évidence, ils ont de gros points communs : ce sont des apologues, des récits en principe courts et imagés qui ont une portée symbolique. Le conte est un récit de faits qui porte un regard sur la réalité, souvent par le biais du merveilleux ou du fantastique. Il cherche à distraire, et parfois à instruire en s’amusant comme Adibou. Dans le conte rien ne fait obstacle à l’imagination : pas obligé de respecter l’unité de temps, de lieu, d’action, ou tout ce qui empêche Racine, Molière et les copains de recourir à une baguette magique ou à faire monter le dragon sur scène. Bref, c’est la teuf. A l’origine, le conte est oral, il sert à transmettre des traditions de génération en génération. Partout, des confins de l’Inde aux ruelles d’Occident, on a pu repérer les mêmes schémas dans la structure des contes : des péripéties initiatiques, un héros, des obstacles et des emmerdes, des combats victorieux, parfois des pouvoirs naturels, et puis une belle fin. D’ailleurs un des trucs auxquels vous reconnaissez le conte traditionnel, ce sont ces petites formules de début et de fin, les « Il était une fois » et les « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». Il y a des contes fantastiques, d’autres les deux pieds sur
  • 20. 20 terre, des contes de fées, des contes philosophiques (#Voltaire), d’autres sans morale (parce qu’on s’en ballec), des contes noirs, satiriques, j’en passe et des meilleures. La fable, c’est moins varié d’une certaine manière. C’est d’abord un genre littéraire qui date de l’Antiquité, Esope, Phèdre et leurs compères, ça ne sort pas d’une tradition orale. C’est souvent en vers, ça n’imite pas trop la réalité, et puis il y a pratiquement d’office une morale (parfois au début, parfois à la fin). Si notre petit conte allemand était une fable, la morale serait sans doute quelque chose du genre : Trichez les enfants, vous y gagnerez de la bibine et le plaisir de voir vos vils adversaires se plomber tous seuls. Vivi, pour le Kap Contes
  • 21. 21 Les véritables histoires derrière les contes Disney En 1938, l’industrie du dessin animé est sur le point de connaitre une réussite retentissante, à savoir celle de « l’audience universelle »4 . Le géant à venir Walt Disney entre sur le devant de la scène grâce à sa première production animée, Blanche Neige. Cette success story nous la connaissons toutes et tous. En effet, pour beaucoup d’entre nous, notre enfance fut rythmée par ces dessins animés aux chansons envoutantes, aux décors magiques et aux héros vertueux. Mais comment les plus célèbres histoires du monde Disney ont-elles été créées ? Pures inventions du génie Disney, ou adaptations de contes ancestraux ? Bien que l’on connaisse les films Disney sur le bout des doigts (en tout cas pour certains), les véritables histoires qui se cachent derrière et qui sont à la base de ces fictions remplies d’amour et de magie sont souvent méconnues du public. Walt Disney s’est en fait inspiré d’anciens écrits appartenant au genre littéraire du conte. Ces adaptations sont troublantes car la version ancestrale de ces histoires est sombre et parfois même dénuée de sens moral. Vous vous demandez ce que les frères Grimm ou encore Giambattista Basil, auteur du Pentamerone, ont bien pu inventer comme contes rocambolesques voire cruels ? Alors, embarquez dans ce voyage à travers cinq histoires… bien glauques5 . Cendrillon Dans cette histoire, il n’y a pas d’amour parfait et instantané entre un prince et une princesse, mais des personnes prêtes à tout pour s’opposer à cette union. Dans la version de Basile, parue en 1634 dans le Pentamerone, Zezolla (personnage correspondant à l’actuelle Cendrillon), désireuse d’éliminer sa belle- mère, élabore un plan cruel pour la tuer. Une fois débarrassée de cette dernière, Zezolla se voit attribuer une nouvelle belle-mère qui n’est autre que sa malveillante gouvernante. La suite de l’histoire nous la connaissons bien ; Cendrillon reçoit l’aide d’une fée, se rend au bal, tombe amoureuse du prince et perd sa chaussure de 4 http://www.levidepoches.fr/creation/2008/03/les-sources-din.html 5 https://www.abebooks.fr/livres/la-terrible-origine-des-contes-de-fees/index.shtml
  • 22. 22 vair (et pas de verre comme dans l’adaptation Disney, car ce ne serait pas super pratique) alors que minuit sonne. Le prince organise alors une nouvelle réception afin de retrouver la princesse à qui appartient cette chaussure. Dans une version plus ancienne du conte, on peut lire que la méchante belle-mère coupe les talons et les orteils de ses propres filles pour qu’elles puissent passer leur pied dans la chaussure. Les frères Grimm n’ont, eux non plus, pas manqué d’imagination puisque dans leur version ce sont les sœurs elles-mêmes qui se mutilent les pieds. À chaque fois, le sang sortant de la chaussure alarme le prince qui comprend que ce n'est pas là la femme qu’il recherche. Comme souvent dans les contes, le héros finit toujours par triompher alors que les méchants disparaissent ou sont réduits à néant. Avec les frères Grimm, les ignobles sœurs sont punies de leur méchanceté en perdant la vue. En effet, des oiseaux viennent leur dévorer les yeux alors qu’elles se rendent au mariage de Cendrillon et du prince. Ce conte plutôt sanglant a bien évidemment été adapté par Disney pour en faire une version nettement plus romantique où citrouilles, carrosses somptueux et fées contribuent à la magie du dessin animé. La belle au bois dormant Le conte ancestral de la Belle au bois dormant fait réellement froid dans le dos. Issu également du Pentamerone au côté de Cendrillon, ce conte narre l’histoire de la belle Talia qui, frappée par un sort, tombe dans un sommeil profond après s’être enfoncé une épine dans le doigt. Dans la version Disney, la belle sort de cet état éternel lorsqu’elle reçoit un réel baiser d’amour. Cette version romantique a grandement été adaptée car la version ancestrale est beaucoup plus … maléfique. Alors qu’un roi déjà marié est en quête de son faucon disparu, il découvre une belle jeune fille endormie. Ne pouvant résister à ses traits purs et à sa beauté, il succombe et la viole. Deux jumeaux, Soleil et Lune, naissent de cette union non
  • 23. 23 désirée. L’un des deux jumeaux, envieux de s’allaiter, tète le doigt de sa maman (et non son sein) et de cette manière retire l’épine de la quenouille à l’origine du maléfice, ce qui réveille la princesse. Un jour, le roi se souvient de son horrible acte et, pris de remords, il décide de partir à la recherche de Talia. Il la retrouve alors éveillée, accompagnée de deux enfants. L’épouse du roi apprend rapidement ses infidélités et décide de faire arrêter la belle et sa progéniture. Talia est d’abord lancée dans les flammes et y périt. La reine ordonne ensuite que Lune et Soleil soient tués cuisinés, puis servis comme diner au roi. Heureusement, le cuisinier décide de protéger les enfants et servira une chèvre à la place. Blanche Neige Blanche Neige est la première production du géant Walt Disney. Tout le monde connait l’histoire de cette jeune princesse chassée par sa belle-mère et recueillie par sept nains jusqu’au jour où un prince charmant vient la sauver d’un maléfice en lui donnant un langoureux baiser. Mais dans les contes des frères Grimm, la méchante marâtre s’y prend à trois fois pour tuer sa pauvre rivale. Une première fois en lui vendant un peigne trempé dans du poison, une deuxième en lui faisant porter un corset qui l’étouffe et une troisième fois en lui faisant manger la fameuse pomme empoisonnée. Elle ne cesse pas ses manigances pour éliminer cette pauvre fille. Mais à la fin, lorsque Blanche-Neige est sauvée par le prince (non pas par un baiser, mais par un serviteur qui trébuche avec le cercueil, ce qui fait ressortir le morceau de pomme de la gorge de la princesse), elle montre à son tour sa cruauté envers la femme qui a attenté à sa vie à plusieurs reprises. En effet, elle la fait danser avec des chaussures de fer chauffées à blanc jusqu’à sa mort. Alors, toujours aussi gentille et innocente la petite Blanche Neige ?
  • 24. 24 Dans une autre version, la belle-mère cruelle de la Blanche Neige du XXème siècle est en fait sa propre mère. En plus d’être une femme horrible et cruelle, elle est cannibale. Ainsi, cette immonde mère demande à un chasseur de perdre sa fille Blanche Neige dans les bois, de la tuer, et pour preuve de lui ramener ses poumons et son foie qu’elle dégustera bien cuits avec une pointe de sel. Le chasseur, pris de pitié par la jeune fille, décide de tuer à la place un gibier passant par là. Il ramène le soi- disant butin à la reine, qui durant le diner savoure ce qu’elle pense être les organes de son propre enfant. La Petite Sirène Dans le conte de Hans Christian Andersen, Ariel échange non seulement sa voix contre le fait de pouvoir devenir humaine, mais la sorcière de la mer émet une autre condition : à chaque pas avec ses nouvelles jambes, la sirène a l’impression de marcher sur des couteaux, ce qui lui occasionne une douleur insupportable. À la fin, elle apprend que le prince Éric va se marier avec une autre femme et se jette à la mer de chagrin où elle devient écume. Ce n’est certes pas la pire histoire mais elle est quand même bien différente de ce qu’en a fait Walt Disney, c’est-à-dire une magnifique histoire d’amour entre un humain et une sirène se terminant par leur mariage.6 Le Bossu de Notre-Dame Cette histoire est un peu différente étant donné qu’elle est basée sur un roman de Victor Hugo et non pas sur un conte. Le célèbre auteur romantique nous a livré une fiction à la fin bien plus triste que le film d’animation qui en est tiré. Quasimodo, amoureux d’Esméralda, échoue à la sauver lorsqu’elle est emprisonnée injustement et torturée par Frollo. Celui-ci la pend et Quasimodo se laisse mourir de chagrin à côté de son corps. Phébus, le chevalier qui épouse Esméralda à la fin du film, se marie en réalité avec Fleur-de-Lys, la rivale d’Esméralda, ce qui n’a fait qu’ajouter à son malheur. 6 Découvrez l’histoire de la Petite Sirène plus en détails grâce à l’article qui suit, page 24 
  • 25. 25 Discipline littéraire empruntée à la tradition orale, le conte a grandement été adapté au fil du temps. En effet, les contes du Pentamerone, des frères Grimm ou encore de ce cher Perrault alimentent encore aujourd’hui l’inspiration des plus grands réalisateurs. Bien que les contes que nous vous avons narrés ci- dessus ne sont pas souvent joyeux, ils sont riches en enseignement et, malgré les histoires horribles que certains racontent, les étudier pour les comprendre en profondeur est un exercice qui peut se révéler passionnant. Laura M & Félicie
  • 26. 26 Conte … sous l’océan Bonjour chers fialeux·ses (l’écriture inclusive c’est ici aussi, et oui) bienvenue dans cet Éloge de la folie consacré aux contes !! À cette occasion, j’ai souhaité vous écrire cet article afin de vous proposer une petite analyse d’un conte que j’apprécie tout particulièrement, à savoir La petite sirène d’Andersen. Même si vous êtes nombreux·ses à connaitre la version de Walt Disney, sachez que celle-ci s’éloigne relativement de celle que nous a léguée le conteur. Aussi vais-je commencer par vous résumer le récit, en essayant de n’oublier aucun élément important. La petite sirène est la fille cadette du roi de la mer. D’esprit curieux, elle rêve de voir le monde à la surface, chose qu’une sirène n’est autorisée à faire qu’à partir de son quinzième anniversaire. Les sirènes peuvent vivre jusque 300 ans, toutefois, elles sont dépourvues d’âme et se changent en écume à l’heure de mourir. Après avoir entendu chaque année le récit d’une de ses sœurs, la petite sirène rejoint la surface où elle découvre des poissons capables de produire de la musique et des couleurs comme elle n’en avait jamais vues dans l’océan où son seul émerveillement provenait d’une statue ayant sombré. Sur un bateau, elle aperçoit un jeune homme dont elle tombe amoureuse et qu’elle sauve d’une tempête ; il ressemble à la statue qu’elle aimait. Elle l’abandonne près d’un couvent où des religieuses le recueillent. Dévorée par l’amour, la petite sirène se rend chez la sorcière qui lui offre une potion qui la rendra humaine. En échange, la sirène doit se couper la langue, et chaque pas lui donnera l’impression que l’on enfonce des couteaux dans ses pieds. Elle pourra rester humaine si le prince l’épouse, mais s’il en épouse une autre, aux premiers rayons suivant les noces, elle se changera écume. La sirène accepte, rejoint la plage et boit la potion. Elle est retrouvée par la prince qui en fait sa protégée. Malgré son silence, la potion lui donne le don d’une grâce inégalée, faisant d’elle une sublime danseuse, pour qui chaque pas est une torture. Alors que le prince songe à l’épouser, un mariage arrangé lui est proposé. D’abord opposé à cette idée, il accepte lorsqu’il s’aperçoit que la promise est l’une des religieuses de la plage, qui est en réalité une princesse ! La sirène assiste aux noces comme fille d’honneur et, la nuit, sur le bateau nuptial, reçoit la visite de ses sœurs. Celles-ci ont sacrifié leurs cheveux chez la sorcière pour recevoir un couteau magique. Si la sirène transperce le cœur du prince et s’enduit les jambes du sang de ce dernier, elle redeviendra sirène et récupèrera sa longévité. Mais en voyant son bien aimé endormi, elle retourne sur le pont,
  • 27. 27 jette le couteau et plonge, se changeant alors en écume avec les premiers rayons du soleil. Toutefois, sa conscience s’éveille dans l’air et une mission lui est confiée. Elle devient une fille de l’air, être pur en quête d’une âme afin de pouvoir rejoindre le royaume des cieux, et est chargée d’inspirer le bien sur terre. La bonté réduit son temps d’attente, le mal la fait pleurer, chaque larme faisant durer ce temps un peu plus… Le conte de la petite sirène peut être lu comme le récit d’une ascension spirituelle. Plus qu’une histoire d’amour perçue au premier abord, il est possible d’y percevoir une quête du Bien. Durant le récit, la sirène s’incarne dans trois dimensions : la mer, la terre et le ciel. Chaque dimension règne sur un aspect du monde. - La mer est un lieu de mystère où règne l’imagination, tout n’est que beauté visuelle, parures et ornements. Seules les images existent en ces lieux, elles durent longtemps, puis on les oublie, il n’en subsiste rien. Il y vit également une certaine forme de magie : on y trouve des sirènes et une sorcière aux terribles pouvoirs. La magie elle-même prend une forme pernicieuse, elle permet d’outrepasser les lois mais requiert un sacrifice. - La terre se présente comme un lieu de sensations et d’expériences, c’est le monde des hommes. Sur terre, la sirène découvre l’amour, la musique, la danse, l’art, mais aussi la loi des hommes et de la société. Elle n’est plus uniquement confrontée à son imagination, mais à la réalité également, la réalité des autres et de « l’Autre », chose nouvelle qu’elle doit intégrer. - Enfin, le ciel est la dimension spirituelle. Elle y accède par la vertu morale de ses choix, vertu qui surpasse la mort. C’est la dimension de l’éthique, de la lutte entre le Bien et le Mal dont elle devient actrice. À la clef, elle recevra une âme, ce qu’une sirène ne peut posséder. Une quatrième dimension est alors suggérée, celle du royaume des cieux, la dimension de la lumière, berceau de l’âme. La quête de la sirène se dessine au travers de ces dimensions. Son approche du Bien suit alors ces trois mouvements, la reconnaissance du Bien, la dépendance au Bien, et enfin la conquête du Bien. Tout d’abord, dans le monde de la mer, la jeune sirène, contrairement à ses cinq sœurs, ne se contente pas d’apercevoir le monde des hommes pour ensuite retourner dans les abysses : elle tombe amoureuse. L’acte d’aimer est
  • 28. 28 lourd de sens, c’est une forme d’élection de ce qui est perçu comme bien7 . S’inscrit alors une distinction entre l’essentiel et le superflu. Cette distinction s’opère dans le motif de l’âme immortelle, les sirènes vivent longtemps et bien, mais les hommes accèdent à l’éternité de l’âme, ils peuvent pleurer, ce que ne peuvent faire les sirènes. Durant la conversation entre la sirène et sa grand-mère, cette problématique est fortement perceptible. Par ces mots, on peut ainsi illustrer la stratification des mondes : « De même que nous émergeons de la mer pour voir le pays des hommes, ils montent vers des pays inconnus et pleins de délices que nous ne pourrons voir jamais. » (La grand-mère en parlant de l’âme des hommes). Elle enseigne alors à sa petite fille comment obtenir une âme : en se faisant aimer d’un homme. Toutefois, elle lui conseille par la même occasion d’oublier ce rêve. L’autre distinction qui s’opère alors est celle de la jeune sirène face aux autres qui préfèrent le fond de la mer : « elles disaient que le fond de la mer c’était plus beau et qu’on était si bien chez soi ». Tout en bas n’est que vanité, superficialité, et complaisance… « Nous avons trois-cents ans pour sauter et danser, c’est un bon laps de temps. Ce soir il y a bal à la cour. Il sera toujours temps de sombrer dans le néant. » / « Cela fait mal, dit la petite. Il faut souffrir pour être belle, dit la vieille. » Dans cette circonstance, la sirène pose un choix, elle choisit l’ailleurs et emploie la magie qui requiert un sacrifice. C’est son premier acte d’amour : le sacrifice. C’est ce qui lui permet de passer du monde de la mer et ses illusions aux sentiments réels qui existent sur terre. La terre est décrite de façon très semblable au fond de la mer, elle est couverte de fleurs, on y trouve d’étranges poissons (oiseaux), et le prince ressemble à la statue. Pourtant, tout est plus riche, les fleurs ont un parfum, les oiseaux chantent, et le prince est vivant. Cette nouvelle réalité devient le prolongement de l’imagination, le prolongement de l’être de la sirène. C’est tout ce qu’elle a imaginé, mais en plus intense. C’est l’amour, du moins comme le décrivait Proust, un « bouquet de métaphores » sélectionnées afin de mêler reconnaissance et mystère, pour qu’en cet ailleurs, l’Autre crée une dépendance8 . La dépendance est ce qui caractérise la deuxième partie du récit ; pour obtenir son âme, la sirène doit se faire aimer : son destin dépend entièrement de l’amour que lui portera le prince. Elle en vient à s’oublier et à ne plus jouir que de la présence de l’autre, devenu condition de l’existence de soi : « Elle grimpa avec le prince sur les hautes montagnes et quand ses pieds si 7 Platon, Lysis, 216d-220b, dans Premiers dialogues, trad. E. Chambry (modifiée), GF-Flammarion, 1967, p.331- 336. 8 Proust, À l’ombre des jeunes filles en fleur, t.II, dans À la recherche du temps perdu, GF-Flammarion, 1987, p. 170-171, 173-174 et 178-182.
  • 29. 29 délicats saignaient et que les autres s’en apercevaient, elle riait et le suivait là- haut d’où ils admiraient les nuages défilant au-dessous d’eux comme un vol d’oiseau migrateur partant vers les cieux lointains. » Il est possible de noter à nouveau l’aspect graphique du conte par la phrase qui suit : « La nuit, au château du prince, lorsque les autres dormaient, elle sortait sur le large escalier de marbre et, debout dans l’eau froide, elle rafraîchissait ses pieds brûlants. » En présence du prince, elle est tournée vers le ciel, mais seule, en son absence, elle rejoint la mer. L’exemple le plus flagrant de cet oubli de soi est l’attitude de la sirène face à sa concurrente : au lieu de se venger et de tuer le prince, son amour la pousse au sacrifice ultime. Cet amour, c’est celui que décrit Hegel, un amour comme désir du désir de l’autre, et de son plaisir, de son statut d’être capable de bonheur9 . Pour finir, la dépendance est ce qui distingue le monde de la terre, confronté et soumis à l’Autre, de celui du ciel, domaine de l’air, celui où elle peut enfin pleurer. « Une sirène n’a pas d’âme immortelle, ne peut jamais en avoir, à moins de gagner l’amour d’un homme. C’est d’une volonté étrangère que dépend son existence éternelle. Les filles de l’air n’ont pas non plus d’âme immortelle, mais elles peuvent, par leurs bonnes actions, s’en créer une. » C’est l’ultime leçon du conte : il n’est pas nécessaire de se confondre dans le Bien que l’on reconnait dans l’Autre. La vraie liberté, l’air, c’est le Bien que l’on crée par soi-même. Ainsi, nous ne recevons plus une âme immortelle, nous partons la conquérir par nos actes, côte à côte et non plus les uns derrière les autres… Voilà comment j’ai lu ce vieux conte de notre enfance. Je m’excuse déjà du caractère peu scientifique de cet article, j’espère toutefois qu’il saura susciter un peu de curiosité 😊. Lucas H. 9 Leibniz, Nouveaux essais sur l’entendement humain, livre II, chap. XX, 1990, p.128-129.
  • 30. 30 Cendrillon - telephone Cendrillon pour ses vingt ans Est la plus jolie des enfants Son bel amant, le prince charmant La prend sur son cheval blanc Elle oublie le temps Dans ce palais d'argent Pour ne pas voir qu'un nouveau jour se lève Elle ferme les yeux et dans ses rêves Elle part, jolie petite histoire Elle part, jolie petite histoire […] Ces paroles, nous les connaissons toutes et tous. Cette chanson mythique du groupe Téléphone a été écrite par le célèbre coach de The Voice (mais pas que), Louis Bertignac. Le tube sorti en 1982 dans l’album Dure Limite, a été reçu avec beaucoup d’engouement par le public francophone. Cette chanson narre le triste parcours de vie d’une femme qui n’est autre que la Cendrillon des temps modernes. Cette dernière est âgée de 20 ans au début de la chanson et est encore insouciante et rêveuse. Très vite, elle tombe amoureuse et commence ainsi ce qu’elle croit être « une jolie petite histoire ». Cependant, son jeune âge ne lui permet pas de prendre le recul suffisant pour comprendre que la vie n’est pas toujours un conte de fées. Les années passent, Cendrillon a 30 ans et est devenue une femme. Toute la vie romantique qu’elle s’était imaginée n’est désormais plus qu’un rêve bien lointain. Abandonnée par son mari et devenue une mère au foyer désespérée, Cendrillon mène à l’âge de 40 ans une vie de débandade où alcool et drogue ruinent un peu plus chaque jour sa malheureuse existence. Ces consommations excessives conduisent la triste princesse à une vie de junkie et de prostitution. La fin de son histoire prend place dans une ambulance où la quarantenaire meurt d’une overdose… Le texte de Bertignac a une symbolique importante. Le compositeur désire nous prouver que notre existence n’est pas un conte de fées. Loin du carrosse somptueux et de la citrouille magique, la vie de la Cendrillon moderne est gâchée par une société de consommation, où les méfaits de l’alcool et de la drogue sont grandement mis en avant. Dans un monde sans bonne fée ou sort magique, il est indispensable que chaque individu se conscientise vis-à-vis de la société dans laquelle il vit.
  • 31. 31 Outre le fait de dépeindre les dérives de la société actuelle, le but de la chanson interprétée par le groupe Téléphone est également de mettre en avant un ensemble de thèmes que l’on retrouve dans des versions plus anciennes du conte de Cendrillon. Chez Charles Perrault par exemple, les thèmes se référant à l’union du mariage ou encore à la pérennité d’une heureuse vie à deux se dessinent dans la chanson. Le conte original des frères Grimm est quant à lui plus sombre mais certaines des thématiques ont été reprises dans la composition du tube pour leur réalisme et pouvoir moralisateur. De par cette analyse d’une chanson du XXème siècle, il est aisé de comprendre la richesse du conte. Grâce à sa tradition orale, ce genre littéraire a pu se développer à l’écrit au fil du temps. Il ne cesse de s’adapter encore aujourd’hui en fonction du média, de l’époque visée et/ou de la culture. Comme vous avez pu le lire au travers des différents articles présents dans l’Éloge, le conte se décline dans nombre de domaines artistiques. Dès lors, il n’est pas étonnant que le monde de la musique en soit influencé… comme par enchantement. Conte de Fé(licie)
  • 32. 32 Un conte de fées sans méchants (oxymore ou antithèse?) Chère faculté FIAL, Les déléguées Éloge de cette année ayant décidé de nous laisser libre choix du thème de ce journal facultaire, mes yeux se sont agrandis en découvrant que le thème des voyages avait été proposé. L’occasion parfaite pour décrire cette expérience dont tout le monde a entendu parler, que nombre d’entre nous ont vécue et que je suis en train de découvrir ce quadri-ci : l’Erasmus. Mais puisque vous tenez ce fameux carnet entre vos mains, vous aurez donc remarqué que le thème gagnant est tout autre… Pas grave, je vais en profiter pour vous raconter le conte de fées que je vis actuellement… à Taiwan ! Et si les paysages de cette île sont bien enchanteresques, si les mets y sont des plus délicieux, ce n'est pas ça qui fait de ma vie ici un véritable conte. C'est la manière dont chaque chose est pensée afin de faciliter son utilisation, afin qu'elle soit pratique et à portée de tous. Le mot convenient10 revenant dans toutes les conversations. C'est le fait d'arriver dans n'importe quelle gare et voir que tous les trains sont à l'heure. C'est le fait de pouvoir perdre son ticket de bus, devoir en racheter un autre, mais être remboursé du premier si on le retrouve par la suite. C'est d'avoir une carte d'étudiant sur laquelle on peut placer de l'argent afin de payer dans la plupart des magasins ainsi que pour les transports en commun et avoir ainsi d'office la réduction étudiant! Le conte de fées, c'est d'être davantage récompensé·e pour la présence et la participation aux cours qu'être blâmé·e pour absence. C'est de pouvoir oublier son gsm dans une station de métro fréquentée et qu'il ne soit pas volé. C'est, lorsqu'on remarque avoir acheté un vêtement tâché, de pouvoir le rapporter et qu'on vous le change sans rien demander, sans vous soupçonner d'être l'auteur·e de cette tâche. C'est d'avoir des avocats vendus par deux dont l'un prêt à être dégusté et l'autre moins mûr afin qu'il soit parfait quelques jours après le premier. C'est quand les gens respectent les places prioritaires dans les transports en commun. Et c'est de toujours trouver quelqu'un pour nous guider lorsqu'on se 10 « suitable for your purposes and needs and causing the least difficulty » http://dictionary.cambridge.org/dictionary/english/convenient
  • 33. 33 perd. Certains inconnu·e·s ont déjà fait de sacrés détours afin de s'assurer que j'arrive à bon port. La cerise sur le gâteau, c'est d'avoir quelqu'un qui vous tend un parapluie lorsqu'il pleut et que vous avez oublié le vôtre. C'est d'avoir le wifi gratuit et des prises usb sur chaque siège dans les bus longue distance. C'est d'avoir un gouvernement qui pense en récompense plutôt qu'en pénitence. Effectivement, afin d'encourager les habitant·e·s à acheter et consommer dans des établissements taxés (plutôt que dans les marchés de nuit, par exemple), chaque ticket de caisse est un billet de la loterie bi-mensuelle organisée par le gouvernement. Bonus de cette stratégie, les mendiant·e·s vous demandent poliment si vous avez des tickets de caisse à leur donner et ne réclament pas d'argent comme par chez nous. Il y a une multitude de choses qui font que vivre à Taiwan me donne l'impression d'être dans un rêve. Mais celle qui m'impressionne le plus, c'est l'honnêteté et la bonté de ses habitant·e·s. Je pense qu'il faut l'avoir vécu pour réaliser à quel point cela fait chaud au cœur qu'un·e parfait·e inconnu·e vous tende un parapluie sous une drache monumentale. Je vais essayer de vous faire comprendre l'immensité de cette bonté à travers un souvenir: Afin d'avoir accès aux réductions étudiantes avec cette fameuse carte nommée avec brio Easycard, il faut s'encoder sur internet. Quand j'ai demandé quelles étaient les raisons d'une telle démarche à ma cousine (Taïwanaise pur jus, je précise), elle m'a répondu le plus simplement du monde que si je perdais ma carte, je pourrais ainsi récupérer l'argent qui s'y trouve. Moi, j'ai instinctivement pensé que c'était afin d'empêcher les fraudeurs de bénéficier d'avantages auxquels ils n'ont pas accès. Les deux raisons sont très probablement vraies. Mais contrairement à ma cousine, j'ai vu le mal avant le bon. Quand on y pense, il n'y a finalement pas grand chose qui diffère dans la vie d'un Taïwanais ou celle d'un Belge, et pourtant les Taïwanais·ses ont le cœur sur la main en toute circonstance, aider leur est instinctif. Et j'en suis à me demander s'ils ne seraient pas les fées de nos contes? Mais la vraie question serait plutôt de savoir pourquoi ce peuple a su tirer ce qu'il y a de meilleur en ce monde et en chacun d'eux, alors qu'ici, on n'est pas
  • 34. 34 fichu d'avoir un train à l'heure et les pénitences ont tendance à prôner sur les récompenses. (Et je ne parle pas que des coronae! ) Comme vous l'aurez compris, je suis plus qu'heureuse d'avoir fait le choix de partir en Erasmus! Alors pour ceux qui hésitent, je n'ai qu'un seul conseil: puisque votre conte de fées existe quelque part, lancez-vous à l'aventure, partez le découvrir! À moins, bien sûr, que Louvain-la-Neuve soit déjà votre idéal :p Ah oui, l'histoire des avocats, ça ne vient pas de Taiwan... D'ailleurs, ils coûtent un pont ici! Mais apparemment cette stratégie de vente est bien en vigueur à Lancaster (que ceux qui s'y trouvent boivent une gorgée) et j'espère qu'elle sera un jour appliquée dans le monde entier. Bisous de l’autre bout de la planète, Cynthia, MULT, en échange à la National Taiwan University, ouaip, on a une allée de palmier au milieu du campus !
  • 35. 35 Retour aux Blancs Chevaux Amie lectrice, ami lecteur, ami-bal lecteur, me revoici derrière mon clavier en train d’écrire, pour la première fois ce quadrimestre, mes aventures vécues dans ce fameux cercle des Blancs Chevaux dont la renommée n'est plus à faire parmi vous et où l’eau ne finit par couler que dans son nom… Il s’agit bien sûr du Philo ! Une fois n’est pas coutume, au lieu d’énumérer, comme l’année passée, mes aventures aux côtés de mes alcoolytes mercato de folie, je vais vous décrire une expérience plus spéciale que philosophique qui m’est arrivée lundi dernier… Perdu dans les effluves de bière mélangées à l’excitation dégagée des comitards qui venaient de rencontrer leurs futurs bleus, je me suis retrouvé à chercher âme connue dans ce monde surprenant qui s’étendait devant moi tel un brouillard épais, laissant paraître le début d’un voyage en absurdie… Là, devant moi, une figure connue fendit la foule, semblant vouloir me venir en aide. Il s’agissait de Claude François qui, cette soirée-là, brillait de mille feux et semblait plus éclatant que jamais. Étonné, je lui demandai ce qu’il faisait là, un lundi, au soleil (de Jennifer) passant dans les haut-parleurs du cercle. Il me répondit qu’il aimait bien venir ici de temps à autres passer ses nuits, que le courant passait bien, comme d’habitude d’ailleurs, car les filles étaient toutes belles, belles, belles… Surtout France, son ex, qui lui foutait la Gall à chaque fois qu’il la voyait emballer sur du Matt Pokora (ce petit coquin qui avait repris toutes ses chansons comme un manche à balai et à qui il offrirait bien le séjour balneo auquel lui a eu droit pour son dernier jour). Il me dit quand même que si un peu de tension se faisait ressentir de temps en temps, il avait bien compris que c’était le stress de début d’année et que celui-ci ne tarderait pas à se dissiper car ce sale bonhomme de Brienne finirait bien par se calmer… Sentant le vent tourner, essayant de trouver un point alternatif pour continuer notre conversation, je lui demandai s’il avait déjà eu l’occasion de rencontrer le grand Edmond là-haut. Il me répondit que celui-ci était un bon ami qui lui avait même suggéré de remplacer toute lumière artificielle par des bougies… (ce qui lui semblait avoir été le meilleur conseil de sa vie (ou de sa mort, selon le point de vue)). Il m’indiqua également où le trouver pour avoir droit à quelques conseils, vu que, couramment, Edmond se penchait sur notre cas et se retournait parfois dans sa tombe lorsqu’il voyait nos coronae.
  • 36. 36 Vu que j’avais peur que ça tombe pour ma pomme et voulant montrer patte blanche, je décidai de rejoindre le fameux Edmond Carton qui trainait lui aussi déchiré dans le coin, aux alentours du haut de la ville. À pas de velours, je m’approchai alors de lui et lui demandai ce qu’il faisait là, lui indiquant qu’il ne se trouvait pas dans le meilleur quadrant guindaillesque. Il me répondit que depuis sa mort, il se payait quelques bonnes tranches de rire à écouter nos lectures et motivations et décida de m’avouer pourquoi… Il ne riait pas tant du contenu de celles-ci mais bien de l’ardeur avec laquelle nous défendions un folklore qui n’existe pas selon lui. Il me dit en effet qu’il avait inventé ça il y a presque 125 ans après une bonne cuite dans un estaminet de Leuven avec une bande de potes, le tout après avoir vu un mec de Mons se ramener avec un bec de canard noir sur la tête… (et il voulut l’imiter en faisant un autre petit chapeau, rond cette fois). Il me confia également que c’était pour cela qu’il aimait bien hanter les coronae des cercles, régionales (comme celles du CESEC ou de l’Adèle) proches de ce qu’il appelait « l’essence même de la blague originelle, car il faut quand même avoir une fameuse dose d’humour pour calotter Edouard Priem ou une faculté entière ». Il versa cependant une petite larme, me confiant qu’il était triste de voir tant de gens perdre (ou se faire déposséder de) leur amie et rentrer à l’hôpital… Car s’il avait voulu transmettre une valeur parmi toutes les autres, c’était bien celle de la camaraderie, que l’on soit ou non calotté, et surtout celle du respect de l’autre. Sentant maintenant la fatigue arriver et reprenant mes esprits, ne voulant pas faire l’éloge de la folie, je décidai de rentrer vers mes bruyères préférées après un dernier verre avec mes connaissances au FLTR. Je quittai donc Edmond et Claude, tous deux heureux d’avoir enfin pu nous dire ce qu’ils pensaient de nous, et promis de revenir un prochain lundi, où ils me présenteraient d’autres illustres illuminés, faisant du lundi, comme pour le Grand de Groodt, le jour de mon voyage en absurdie… Alexandre « Brienne » FLEMAL Pour l’Eloge
  • 37. 37 La véritable et douloureuse histoire du Conte de Monte-Cristo Monte-Cristo, malgré les apparences, n’est pas du tout une marque de montres de luxe, et encore moins le nom d’un catcheur mexicain. Non, c’est tout bonnement une île située à quelques kilomètres de Marseille, à quarante minutes à peu près en dos crawlé. Mais cette île est renommée pour deux choses bien distinctes : d’abord, elle abrite les seuls flamants roses à deux pattes de France. Ça, à la limite, on s’en fout. Le plus important, c’est qu’elle fut le théâtre d’un célèbre roman d’Alexandre Dumas, le Comte de Monte-Cristo. Alexandre Dumas (également auteur des Trois moustiquaires) était aussi bon écrivain que bon vivant. Il aimait l’alcool, la nourriture, les femmes et surtout l’alcool. C’est au cours d’une de ses orgies quotidiennes que, enivré de la tête aux genoux11 , l’auteur se lança dans l’écriture de l’histoire dont il est ici sujet. Il s’inspira du véritable Conte et publia en 1844 un roman qui traversa les siècles (deux siècles pour être exact, mais c’est déjà pas mal). Cependant, dans son ivresse, Dumas prit le “n” de “conte” pour un “m”, et détourna ainsi nonchalamment l’histoire vraie du Conte de Monte-Cristo. Quel connard, me direz-vous. Et vous aurez raison. Le roman de Dumas est depuis entré dans les mémoires, et ce également par l’intermédiaire de vingt-deux12 adaptations cinématographiques. La plus célèbre est évidemment une mini-série dans laquelle le personnage principal est incarné par Gérard Depardieu, Gégé pour les intimes, Obélix pour les incultes. Vous n’aurez pas manqué de remarquer la ressemblance frappante entre Dumas et Gégé du point de vue de leurs 11 Alexandre Dumas avait une jambe de bois en acier. 12 Véridique. Le reste aussi mais un peu moins. Les flamants roses sont très bien cachés. Depardieu dans Le comte de Monte-Cristo, 1998. RIP Jean Rochefort.
  • 38. 38 occupations (alcool, nourriture, femmes, alcool). Hasard ? À d’autres. En tant que journalistes d’exception et d’investigation, nous avons pris contact avec l’arrière-arrière-petit-fils du Conte de Monte-Cristo, qui a déclaré “vouloir rester à Nonyme”. Ne connaissant pas cet endroit, nous avons préféré contacter Mr. Romuald de Monte-Cristo, PDG de Toblerone France, par téléphone. Voici l’entretien que nous avons entretenu avec lui. - Tout le monde connait votre chocolat, Mr. de Monte-Cristo, mais presque personne ne connait votre lien de parenté avec le célèbre Conte. Est-il difficile pour vous de voir tous ces gens qui croient que votre aïeul était un simple comte, avec un “m” comme dans “motocyclette” ? - Tout conte fait, je dois avouer que cela m’énerve assez souvent. Parfois, on me dit : “Ah, vous vous appelez Monte-Cristo, comme le baron, là ?” Alors je réponds : “Ce n’était pas un baron, c’était un Conte.” Et les gens disent : “Oui, bon, un baron, un comte, même chose.” Mais non, ce n’est pas la même chose. Les gens s’embrouillent à cause d’une simple faute d’orthographe. Blanche-Neige, Cendrillon, le Petit Poucet… Ce sont des Contes aussi, et les gens l’ont enregistré. Mais mon ancêtre, tout le monde pense encore que c’est un simple comte. Et tout ça, c’est la faute à Dumas. S’il était encore en vie, je lui règlerais bien son conte, à celui-là. - Rien n’est pire que l’ignorance. C’est ma devise. Et puis comme l’a dit ce bon vieux Sénèque, “La vie ressemble à un conte ; ce qui importe, ce n’est pas sa longueur, mais sa valeur.” Que pensez-vous de cela ? - Eh bien, j’en pense que cela n’a rien à voir avec le sujet de notre entrevue, monsieur le journaliste. - En effet, bien vu. De toute façon, je n’avais pas compris la citation, je l’avais notée pour frimer. Bref, n’en tenez pas conte. Parlons plutôt du lien amoureux qu’aurait entretenu votre ancêtre avec la non moins célèbre Contesse de Ségur. Une relation quelque peu controversée, n’est-ce-pas ? Romuald de Monte-Cristo (au centre).
  • 39. 39 - Sans aucun doute ! De plus, on raconte qu’il l’invita à venir avec lui sur son île. Quand on aime, on ne conte pas. La légende dit qu’elle l’aurait même aidé à s’échapper de la prison où le Conte était enfermé sur l’île (au chapitre VI du livre, ndlr). La fenêtre par laquelle il se serait enfui était tellement petite qu’ils ont dû l’agrandir trois fois pour les besoins du tournage du film avec Depardieu. Mais bon, peut-être aussi que c’est faux. Vous savez, il y a des choses comme ça qui sont vraies, et d’autres qui le sont pas. Et d’autres qui sont un peu des deux. C’est la vie. - Tu déconnes ? Hahahaha, c’est n’importe quoi ton truc philosophique, là. - Sympa. “On conte une histoire touchante, le Belge éclate de rire pour faire croire qu’il a compris.” C’est une citation de Baudelaire. Genre vraiment. Tu peux vérifier13 . - Une citation ? J’aime pas les citations. Bon, c’est pas pour ça qu’on est là de toute façon. Autre chose à ajouter ? - Rien. Excepté que ça m’énerve, personne remarque l’ours que j’ai caché dans le logo Toblerone. Vous voyez ? Les gens ne font attention à rien. - Sur ce, Romuald, je propose que nous prenions congé, j’ai posé toutes mes questions. Le conte est bon, comme on dit dans le jargon. Haha, t’as compris ? Le conte est bon ! Conte ! Avec un “n” ! - Ouais ouais, très drôle. Allez, casse-toi pauvre conte. L’interview s’étant plutôt pas trop bien déroulée, nous n’en savons pas beaucoup plus en fin de conte. Je vous propose donc de lire de vous-même le livre (très long et barbant) de Dumas pour vous en faire votre propre idée. À très vite pour un autre reportage réussi. O. Escouf 13 Vous pouvez vérifier. Ce filou a caché un ours dans son logo.
  • 40. 40 Promotion du livre Kot & cœur
  • 41. 41 Voici en exclusivité le premier chapitre de Kot & cœur ! Bonne lecture  1 L’alarme du téléphone retentit. 7h30. Chloé grogna et se tourna vers le grand métis allongé contre elle. Elle étudia les traits de son visage : de longs cils, un nez de travers, une perle noire à l’oreille gauche. Tant de détails qu’elle n’avait pas remarqués la veille sous les effets conjugués de l’alcool et de la nuit. Ce jeune homme ne brillait pas particulièrement par sa beauté – un 6/10, tout au plus – mais elle avait cédé à son regard aguicheur. A présent, il la fixait avec des yeux ternes, voilés par le manque de sommeil. Il s’extirpa des couvertures en grognant et ramassa le téléphone qui vibrait sur le parquet. Il s’appelait Martin ou peut-être Maxime. A moins que ce ne soit Mathieu. Quelque chose par « M ». Chloé n’avait jamais été douée pour retenir les prénoms. -Tu as cours où ? demanda-t-elle avec un bâillement. -Au Montesquieu. Mister M ne semblait pas d’humeur loquace. Il ramassa ses vêtements qui traînaient au sol et s’habilla rapidement. Un pull à capuche barré de l’inscription « Bachelor of Law », un jeans déchiré et une paire de baskets décolorées. La tenue standard pour les soirées universitaires, presqu’un uniforme. L’étudiant passa autour du cou un cordon au bout duquel pendaient un trousseau de clés et un gobelet réutilisable, puis s’approcha de Chloé et posa un baiser rapide sur ses boucles emmêlées. -Je t’appelle bientôt. -D’accord, bon cours ! Il lui fit un signe de la main et quitta la chambre. Chloé éteignit la lampe et se blottit dans la moiteur des draps. Il ne l’appellerait pas. Elle en était certaine ; il ne lui avait pas demandé son numéro. Peu importait, c’était même mieux ainsi. L’aube avait dissipé l’excitation de la nuit. Elle respira l’odeur de cigarette froide que le garçon avait laissée dans la pièce, et referma les yeux. Elle ne commençait les cours qu’à 10h45 et la nuit avait été courte.
  • 42. 42 Il était une fois un compositeur... Aaaah les contes! Tous et toutes, nous avons été bercé·e·s lors de notre enfance par mille et un contes différents. Cependant, les contes ne sont pas uniquement des histoires. En effet, la musique peut également nous permettre de raconter des histoires. C'est ce que nous allons découvrir avec le fameux et illustre Sergueï Prokofiev. Sergueï Sergueïevitch Prokofiev est né durant l'année 1891 en Russie. Pendant son enfance, sa mère, grande amatrice de musique classique, l'initie à l'art de la musique classique en lui jouant des œuvres créées par les plus grands tels que Chopin et Tchaikovsky. C'est grâce à cette influence maternelle que le jeune Sergueï prend goût pour la musique. Dès l'âge de 10 ans, il se met à composer sa première œuvre: un opéra pour enfant intitulé Le Géant. Voyant son talent, sa mère l'envoie au conservatoire de Saint-Pétersbourg afin qu'il peaufine son éducation musicale. Au cours de ces années, Sergueï ne cesse de se revendiquer supérieur par rapport aux autres compositeurs et se qualifie lui- même d'avant-gardiste. Cependant, il n'a pas tort de s'autoqualifier d'avant- gardiste. En effet, alors âgé de 20 ans seulement, Prokofiev donne son Premier concerto pour piano qui remporte un franc succès bien qu'il soit qualifié d'avant- garde. Une fois le conservatoire réussi, Prokofiev rêve de conquérir l'Europe grâce à sa musique, tout comme Stravinsky l'a fait accompagné de Diaghilev14 . Il entame donc ce voyage vers l'Europe et y rencontre Diaghilev qui lui propose de composer un ballet. De cette manière, Sergueï compose Ala & Loli, mais cette œuvre se solde sur un échec. Cela ne va pas le démotiver et quelques temps après, toujours sous la direction de Diaghilev, Prokofiev compose Chout ou l'histoire d'un bouffon. Ce dernier ballet remporte un grand succès et le pousse à composer d'avantage. De cette façon, il compose de tous les genres: symphonie, opéra, sonate... Cependant, cette passion dévorante pour l'écriture va être mise à mal par le contexte sociopolitique de l'époque. Effectivement, face aux répressions bolchéviques, Sergueï Prokofiev s'exile et se réfugie au Japon, puis aux USA. Lassé de son exil et voulant retourner au sein de son berceau natal, Prokofiev décide de revenir en URSS, où son succès est garanti. Cependant, son 14 Stravinsky et Diaghilev cartonnent à Paris notamment grâce à leurs ballets russes qui sont vus comme innovants pour l'époque en France et en Europe.
  • 43. 43 retour n'est pas uniquement voulu par sa propre personne. En effet, Staline veut faire revenir toutes les grandes figures de la nation. C'est pourquoi il contacte Prokofiev afin qu'il revienne et s'assimile à son projet politique. Sergueï Prokofiev, vu comme un héritage de la bourgeoisie russe15 , entame la composition d'œuvres purement ancrées dans le réalisme soviétique imposé par Staline. C'est à ce moment qu'il compose son fabuleux ballet Roméo et Juliette (1935).16 Par la suite, ses autres œuvres vont également être imprégnées par la propagande, notamment les bandes sonores qui accompagnent les films de propagandes dont Alexandre Nevsky (1940). Néanmoins, il ne compose pas uniquement pour la propagande, mais également pour les enfants comme le prouve sa célébrissime œuvre Pierre et le loup, composé en 1936. Par la suite, Prokofiev continue à composer en toute plénitude jusqu'en 1948. En effet, lors de cette année, il se voit critiqué par ses contemporains qui interdisent l'interprétation de ses œuvres. Cela provoquera une production de composition moins intense pour le musicien. Le 5 mars 1953, Sergueï Prokofiev s'éteint à quelques minutes d'intervalle de Staline. L'agitation qui tourne autour de la mort du dictateur efface celle du compositeur De nos jours, les œuvres de Prokofiev restent des très grands chefs- d'œuvre et continuent à être interprétées. Malgré son influence stalinienne, il est indéniable que son talent demeure unique. Si vous ne me croyez pas, je vous laisse écouter Pierre et le loup, Roméo et Juliette ou encore son Second concerto pour violon. Voilà, j'espère que ce petit article vous a plu. Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter beaucoup de bonheur et de musique jusqu'au prochain numéro! :-) Musicalement vôtre, Pouet. 15 En effet, en provenant d'une famille de bonne éducation et en ayant appris au conservatoire, Sergueï Prokofiev est perçu comme un bourgeois. 16 J'avoue je ne suis pas très objetcive sur ce, mais prend juste le temps d'écouter la danse des chevaliers et tu me comprendras :-)
  • 44. 44 Fight Club : du livre au film On ne présente plus le film Fight Club de David Fincher, sorti en 1999 (ou alors tu dois parfaire ta culture cinématographique, lecteur·trice !). Mais apprenez qu’il est en réalité l’adaptation cinématographique du roman éponyme de l’auteur américain Chuck Palahniuk, publié en 1996. Particulièrement proches l’un de l’autre, le film et le roman présentent une critique virulente de la globalisation et des sociétés de consommation au travers de l’histoire d’un américain moyen et insomniaque (incarné par Edward Norton dans le film) qui évolue dans un monde monotone et dominé par la consommation extrême, la logique capitaliste du profit maximal et l’écrasement du plus faible ; la vie du protagoniste bascule toutefois lorsqu’il rencontre Tyler Durden (joué par Brad Pitt dans le film) qui le pousse à fonder le « Fight Club » où la violence gratuite sert d’exutoire et d’affirmation identitaire. Très vite, ce groupe se mue en projet visant à détruire la société capitaliste… Pourquoi (re)voir le film ?  Pour l’ambiance glauque des images dont la teinte est très sombre (dans le style de Seven, mais d’une façon moindre quand même, pour les connaisseurs de Fincher).  Pour les images subliminales pour le moins … originales.  Pour la performance de Brad Pitt qui décidément sait tout jouer17 .  Pour la performance d’Edward Norton, surtout quand il se bat avec lui- même pour accuser son patron (respect infini).  Pour l’intensité et le suspense du film.  Pour le retournement final. Pourquoi lire le livre ?  Pour son style : des phrases courtes et aussi percutantes que les coups échangés pendant les réunions du Fight Club.  Pour l’atmosphère particulière qui se crée en deux-trois mots seulement.  Pour son petit format qu’on finit en deux heures à peine. 17 Et dire que Russel Crowe avait été approché pour le rôle … lol.
  • 45. 45  Pour les nombreux retours en arrière intelligemment construits (qu’on ne retrouve pas dans le film).  Pour le retournement final. Les différences entre le livre et le film Le film de Fincher est globalement très fidèle au roman de Palahniuk. Toutefois, quelques différences significatives peuvent être repérées. Attention, c’est le moment, c’est l’instant : je lance une grande ALERTE AU SPOIL. Si tu n’as ni vu, ni lu Fight Club, arrête-toi là tout de suite, cours le lire et/ou le regarder, puis reviens à cet article. Ce n’est pas faute d’avoir prévenu.  Le personnage de Tyler Durden Si tu as poursuivi jusqu’ici, tu sais donc que le protagoniste et Tyler Durden se révèlent être la même personne : le premier, ressentant le besoin d’échapper à sa réalité contraignante, se dissocie et crée Tyler, sa deuxième personnalité (dont il ne prend conscience qu’à la fin du récit/film). Néanmoins, le personnage de Tyler diffère quelque peu du livre au film. Dans l’œuvre de Fincher, il est en effet présenté comme diamétralement opposé au protagoniste : beau, charismatique, athlétique, rebelle, il est tout ce que le protagoniste n’est pas. Dans le livre, en revanche, les deux personnages partagent quelques points communs et le doute peut planer. Une telle différence s’explique par les objectifs différents de l’écrivain et du réalisateur : si pour Palahniuk il s’agit de faire douter le lecteur et de le mettre progressivement sur la piste du retournement final, pour Fincher il s’agit de créer un effet de surprise inattendu sur le spectateur.  La chronologie Une autre divergence entre le roman et son adaptation cinématographique est le traitement de la chronologie. Dans le livre, de nombreux retours en arrière sont insérés afin de perdre le lecteur dans la découverte du retournement final (notons que cette chronologie perturbée traduit également l’état psychologique du protagoniste). Dans le film, pour une question de cohérence visuelle, ces retours en arrière disparaissent : soit les épisodes sont remis par ordre
  • 46. 46 chronologique, soit ils sont tout bonnement supprimés. Ainsi, Fincher transforme par exemple l’épisode saugrenu de la rencontre entre Tyler et le protagoniste sur une plage nudiste, intervenant au cours de la narration, en une rencontre anodine dans un avion, plus facile à intégrer au début du film.  Le dénouement La modification du dénouement du roman par Fincher, bien qu’elle puisse paraître anodine, est selon moi la divergence la plus intéressante entre l’œuvre littéraire et l’adaptation puisqu’elle laisse place à deux interprétations bien différentes quant aux enjeux de l’histoire. Dans les deux cas, on retrouve bel et bien le protagoniste et Tyler au dernier étage d’un immeuble alors que les tours piégées par les partisans du Fight Club sont sur le point d’exploser ; dans les deux cas, le protagoniste tente de se suicider ; dans les deux cas, cela se solde par un échec, mais modalisé de deux façons différentes. Si on analyse finement l’œuvre de Fincher, on peut observer, avant que le protagoniste n’appuie sur la gâchette, un basculement d’identité : Edward Norton adopte la posture corporelle de Brad Pitt tandis que ce dernier s’assied, prenant l’ancienne position d’Edward Norton. Norton reprend alors le ton assuré de Pitt et dirige la scène. Une fois le coup de feu parti dans la bouche du protagoniste/Edward Norton, c’est Tyler Durden/Brad Pitt qui s’effondre, le crâne percé par la balle. Le protagoniste est ainsi devenu pleinement Tyler Durden, et a tué son ancienne personnalité. L’arrivée des partisans après ce meurtre symbolique confirme cette interprétation : ils demandent à Norton « Êtes-vous… ? » avant de s’adresser à lui d’une manière qui revenait auparavant à Tyler. La scène finale nous montre le protagoniste-Tyler observant l’explosion des immeubles de finance : le personnage a vaincu son dédoublement ainsi que la société qui l’avait aliéné. En revanche, dans le roman de Palahniuk, le protagoniste attend l’explosion qui n’a jamais lieu, et appuie sur la détente lorsque les hélicoptères de police arrivent. Pensant se réveiller au paradis, il se réveille dans un centre hospitalier où des partisans du Fight Club, l’appelant Monsieur Durden, lui assurent qu’il ne doit pas s’en faire, que « tout se déroule selon le plan prévu » et qu’ils sont impatients de le revoir parmi eux. Ainsi, si le film de Fincher met davantage l’accent sur le conflit psychologique (qui se résout), le livre original de Palahniuk, lui, met plutôt l’accent sur la critique de la société contemporaine en mettent en avant plan les dangers d’une société capitaliste aliénante mais
  • 47. 47 également ceux de la violence extrême qui n’est pas véritablement plus salvatrice. Élise
  • 48. 48 La situation des femmes au Malawi Dans certaines régions du Malawi, et plus précisément dans les districts de Mulanje et de Nsanje (la tradition ayant été abolie dans les autres régions), se tiennent (encore aujourd’hui) ce qu’on appelle les rites du kusasa fumbi. Ces rites sont ce qu’on pourrait appeler une « initiation sexuelle », initiation que les jeunes filles subissent dès leur première règles (parfois, dès 9 ans). Le but du kusasa fumbi est en réalité de purifier sexuellement les jeunes filles. Purifier dans la mesure où cette relation sexuelle, dans la croyance traditionnelle, permettrait d’éloigner le mauvais œil en chassant le fantôme d’un mari, d’un frère ou d’un enfant décédé et éviter d’attirer le malheur sur la famille. Un homme, qu’on appelle un hyène, est donc engagé et payé par la famille pour purifier la jeune fille, dans une relation sexuelle non-consentie et non-protégée. Le viol de ces jeunes filles est donc accepté voire encouragé par la tradition. De plus, dès les premières menstruations, les jeunes filles doivent se rendre dans une sorte de camp, le but étant de les faire devenir des femmes. Elles y apprennent explicitement comment faire plaisir sexuellement aux hommes. Durant deux semaines, elles sont « éduquées » à satisfaire sexuellement les hommes. Elles doivent par exemple se déshabiller et apprendre, nues, des danses où l’on remue les fesses pour exciter les hommes. Elles doivent, entre autres, se frotter les unes contre les autres, s’allonger et simuler l’acte sexuel, et également s’entraîner à la fellation sur un morceau de bois. On leur fait croire que si elles n’y vont pas, ou ne veulent pas y participer, des malheurs pourraient s’abattre sur leur famille, elles pourraient avoir des
  • 49. 49 maladies de peau, etc. La pression est également physique, puisqu’elles sont battues et emmenés de force si elles font preuve d’une quelconque opposition. Les conséquences de ces pratiques, outre les perversions psychologiques que subissent ces jeunes filles, sont que près de 10 % de la population est touchée par le VIH (les relations étant non protégées), et que la moitié des femmes sont mariées avant leur majorité, bien souvent à l’issue d’un de ces viols « initiatiques ». Les filles violées déclenchent par exemple des grossesses non- désirées, etc. Aussi, l’inceste est fréquent et l’abandon de l’école pour les jeunes filles « purifiées » est quasi automatique. Il faut savoir que les dirigeants ne sont pas tous indifférents face à ces pratiques. En 2013, une loi a interdit cette pratique de viol contractualisé. De plus, en 2016, le procès d’Eric Aniva, hyène qui avait affirmé avoir violé plus de 100 jeunes filles dans le cadre de ces rites initiatiques, avait interpelé et choqué l’opinion générale. Depuis, la police traque les hyènes et des OGN se battent sur place pour mettre un terme à cela, l’activité est donc en déclin. Néanmoins, dans ces régions reculées du Malawi, la tradition dicte toujours les actes de chacun. Anna Breyne
  • 50. 50 L’écriture inclusive : quand le masculin ne l’emporte plus Cher·ère·s lecteur·rice·s, Suite à la recommandation de notre cher M. le Doyen de privilégier désormais l’écriture inclusive dans nos écrits en rapport avec l’UCL, voici un petit article pour présenter cette « nouvelle » manière d’écrire !18 Qu’est-ce que c’est encore que ça ? Un nouveau régime alimentaire ? Non, pas vraiment… En réalité, « l’écriture inclusive désigne l’ensemble des attentions graphiques et syntaxiques qui permettent d’assurer une égalité de représentations des deux sexes. »19 Concrètement, il s’agit de s’affranchir de cette règle qui veut que dans tous les cas, le masculin l’emporte, même s’il n’y a qu’un garçon pour un million de filles, ainsi que de l’utilisation par défaut du masculin en guise de neutre (alors qu’il ne l’est pas), afin d’adopter une écriture neutre, moins sexiste, avec une représentation égale des genres, sans stéréotypes liés à ceux-ci. Comment ça marche ? On peut résumer cette convention en trois idées clés : - Accorder en genre les noms de fonctions, grades et métiers. Pompière, cheffe, autrice, directrice, charpentière, … Mais aussi homme de ménage ou ménager, par exemple… L’idée est d’utiliser aussi bien les deux genres de ces types de mots, et si cela vous paraît bizarre, sachez que ce n’est qu’une question d’habitude, et qu’au Moyen Age, les deux étaient systématiquement utilisés. -User du féminin et du masculin, que ce soit par l’énumération par ordre alphabétique, l’usage d’un point milieu, ou le recours aux termes épicènes. Eh oui, c’est la fin du masculin générique, par défaut ! Lorsqu’on parle aussi bien de femmes que d’hommes, il s’agit de le montrer grâce à la double flexion. Ce sont donc les chefs et les cheffes de département qui se réunissent, si on choisit de les énumérer. Mais alors, qui a droit à la première place ? Pour éviter toute suspicion de hiérarchisation, on préférera l’ordre alphabétique, tout 18 Recommandation également liée à la création du master en études de genre à l’UCL (la mineure existait déjà). 19 Manuel d’écriture inclusive
  • 51. 51 simplement, idem pour l’accord qui se fait avec le plus proche. Et si le nombre de caractère est limité, on peut très bien contracter les deux genres en un mot, grâce à l’utilisation du point médian « · »20 , ou trouver un équivalent épicène21 . -Ne plus employer les antonomases du nom commun « Femme » et « Homme ». Oui, parce que parler des « Droits de l’Homme » lorsqu’on parle d’une femme dont les droits ne sont pas respectés, c’est assez bizarre, et qu’il suffit de parler des droits humains. Alors non, on ne va peut-être pas tout de suite changer le nom de la « Déclaration Universelle des Droits de l’Homme », et autres textes historiques, mais quand même, à l’avenir, on préférera parler des humains ou des personnes humaines. De plus, lorsqu’on parle d’hommes et de femmes pour parler d’êtres humains, certaines minorités ne se sentent pas représentées, je vous en parle tout de suite. L’écriture inclusive et la communauté LGTBI Alors, un combat uniquement féministe ? Non, pas vraiment, je dirais plutôt un combat égalitaire, puisque comme vous avez pu le lire, non seulement certains types de mots retrouvent leur homologue masculin, donc la démarche ne vise pas uniquement à mieux représenter la gente féminine (le féminisme non plus, mais certains ne sont pas d’accord avec ce terme-là non plus) ; mais en plus, rendre l’écriture plus neutre, c’est aussi donner la possibilité de s’affranchir du genre à ceux et celles qui ne se reconnaissent ni dans l’un, ni dans l’autre. « Je suis heureux·se », par exemple, permet de ne pas avoir à se positionner. Si l’écriture inclusive ne vise pas aujourd’hui à ajouter un vocabulaire transsexe, tel que « auteurice », par exemple, dans le lexique français, elle reste une piste, qui a donné le jour au néologisme « iel », pronom neutre qui permet de désigner n’importe qui, sans distinction de genre. Et la norme, dans tout ça ? 20 Pourquoi lui, et pas le tiret ou la barre oblique ? Parce qu’ils ont déjà leur rôle dans l’écriture, alors que le point médian pas. Comment le faire ? Alors là, sur Mac, alt+maj+f, pour les autres, alt+0183, mais je crois que ce n’est valable que si vous avez un pavé numérique. Sinon, sur Word, « Insérer », « Symbole », « Autres Symboles » (seulement la première fois), et là, soit dans la partie « Supplément latin », soit avec le code « 00B7 ». 21 Vous savez, les mots à la fois masculins et féminins, comme membre, artiste, secrétaire ou bénévole, chips et prout (quoique pour ces derniers, le débat perdure).
  • 52. 52 La norme, en fait, c’est elle qui est à l’origine de l’écriture traditionnelle, dans laquelle le masculin l’emporte et sert de neutre. Oui, parce que jusqu’au XVII°s, ce n’était pas le cas, ce qui primait, c’était la règle de proximité… C’est notre cher Vaugelas, en 1647, qui a décrété que la forme masculine était la plus noble, et qui s’est mis à lutter pour sa primauté. Alors c’est vrai que l’Académie risque de ne pas appuyer l’écriture inclusive de si tôt, mais lorsqu’on sait le temps qu’ils mettent (la neuvième édition est en cours de rédaction depuis 1986 quand même) pour mettre à jour leur dictionnaire prescriptif (et non descriptif), je pense sincèrement qu’on peut s’en passer, de leur opinion… N’oublions pas que la langue des dictionnaires de demain, c’est celle que nous parlons aujourd’hui, alors n’attendons pas l’avis de quelques Immortels ! Pour en savoir plus… Je vous invite à télécharger gratuitement le « Manuel de l’écriture inclusive », par Mots-Clés, disponible ici : http://www.ecriture-inclusive.fr/ Cécile
  • 53. 53 Quelques caractères de Bavière Grüß Gott ! Tu viens d’être salué·e en bavarois, félicitations, ô lecteur·trice assidu·e d’une jeune rubrique au parfum d’Edelweiß ! Comme beaucoup d’entre vous le savent, je passe ce quadri en Erasmus au pays des bretzels (ou breze ou brez’n ou …), de la pils insipide et de la Currywurst mit Bratkartoffeln, j’ai nommé : l’Allemagne. Plus précisément à Munich en fait … en Bavière … comme l’indique à juste titre le … titre. Il m’a donc paru opportun de sortir de ma léthargie scripturale pour t’instruire ponctuellement, par le biais du bouffon sur papier22 , de menues anecdotes, légendes et autres pérégrinations culturelles dont je serai le Siegfried (« héros », en allemandais23 ). Comment te décrire mon éveil imaginatif à l’annonce du thème de ce « Lob » (« éloge » en allemandais) ? Bonne question rhétorique. Quoi qu’il en soit, en Bavière, rien n’est plus conforme aux contes que le « Märchenschloss » (« château des contes » … en allemandais). Véritable bonbon pour les yeux à l’extérieur, détenteur d’une ambiance étouffante à l’intérieur, érigé sur un pic rocheux à moins d’un kilomètre d’un autre château, œuvre d’un roi réputé fou, site touristique hors de prix, « mais comment ils prononcent un tel truc ? » : telles sont les descriptions que le tout-venant te fera de Neuschwanstein. Et il aura raison, le bougre ! (Au passage, ça se prononce /nɔʏˈʃvaːnʃtaɪn/). La construction du « Märchenschloss » se termina en 1886 selon Saint Wikipédia et fut commandée par le célèbrement controversé Louis II de Bavière (était-il un fou, était-il un génie ? Les avis divergent selon qu’on interroge la population ou ses rivaux politiques). Ses frasques lui valurent in fine une mystérieuse mort prématurée dont on ignore encore aujourd’hui les causes exactes, ne lui permettant de ne profiter que 14 nuits de son rêve fait pierre. Si le château porte un si joli surnom, c’est pour une multitude de raisons tout aussi jolies. Premièrement, il est joli, et le paysage est encore 22 Tu le constateras bien assez tôt : j’aime les périphrases. 23 Ainsi que les néologismes. Moi, cachant le château, gâchant la photo
  • 54. 54 plus joli (cfr. les photos). Deuxièmement, les plans du château furent en partie élaborés par un décorateur de théâtre, ce qui explique son excentricité et son éclectisme architecturaux, et donc son aspect de merveilleux melting-pot dégoulinant de fioritures. Troisièmement, chaque pièce est pensée, décorée et aménagée selon un opéra différent du compositeur romantique Richard Wagner, chouchou de Louis II, et dont les œuvres célèbrent les légendes allemandes du Moyen-Âge (Tristan und Isolde, Parsifal, Der Ring des Nibelungen et tatati et tatata). Quatrièmement, il est magique ! Je m’explique : il est moderne ! Par exemple, il y avait l’eau courante dans la chambre du roi, un système de sonnettes high-tech pour appeler les larbins, un des premiers téléphones, ainsi qu’une fausse grotte du plus bel effet (oui oui, dans le château … elle fait office de couloir … il était peut-être un peu secoué de la caboche, en fin de compte). Cinquièmement et dernièrement et plus importamment, c’est Disneyland ! Tu vois le château qui scintille sous les feux d’artifices au début de chaque dessin animé Disney ? Bah c’est Neuschwanstein en symétrique. Alors la prochaine fois que tu chanteras « Comme un homme » à tue-tête, tu remercieras Loulou le fou d’avoir inspiré ton idole d’enfance ! Malheureusement, il y a toujours un verlan à la daillemé, et Steinschwanneu24 ne fait pas exception. Aussi wunderbar soit-il, le château se visite comme la boucherie du coin : emballé, c’est pesé. Pour 12€, tu auras le privilège d’escalader ce fichu pic rocheux pendant 30min à pied (ou en calèche si tu craches plus de flouze), tout ça pour te voir refuser l’entrée si tu arrives plus de 5min en retard à ta visite guidée (et il n’y a que des visites guidées). 24 Faut varier les vire-langues, tu ne trouves pas ? Disneyland - Origins
  • 55. 55 M’enfin, partons du postulat que tu as un don pour la ponctualité (comme les Allemands) : tu te verras intimé·e de ne pas porter ton sac à dos sur le dos (tu risques de rayer les peintures = les murs que tu ne peux de toute façon pas approcher à moins d’un mètre), et de la même manière, le ou la guide t’intimera ses infernales informations formatées avec un flow plus rapide que celui d’un rappeur américain, te charriant de pièce en pièce tel un colis amazon sans te laisser admirer ton environnement pourtant si riche, commençant même à déblatérer (toujours sur un ton plus haletant que cette phrase) à propos de la salle suivante sans t’attendre si tu as le malheur d’être à l’arrière du groupe, le tout en 25min et hop, direction les deux boutiques de souvenirs et puis retourne faire des photos dehors (dedans c’est verboten). Assez-t-il tout étant25 , Neuschwanstein est un des incontournables lieux touristiques bavarois, et ces 12€ s’allongent sans trop de difficultés tant le cadre est lugubrement fascinant par gros temps, ou somptueusement idyllique sous le ciel azuré. Qu’on aime ou qu’on déteste, il faut admettre que l’atmosphère y est particulièrement marquante, si bien que la visite ne s’oublie pas facilement. Sans déconner, allez-y. Tschüss ! Richard (pas Wagner) 25 Expression tirée de la série Youtube Wha’st the cut