«Mettre en avant une nouvelle culture de l’action publique» libération
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«Mettreenavantunenouvelleculturedel’action
publique»AMOS REICHMAN 11 NOVEMBRE 2014 À 19:06 (MIS À JOUR : 11 NOVEMBRE 2014 À 20:46)
INTERVIEW Lieu lancé mercredi par l’association du député PS Christian Paul,
Superpublic se veut le laboratoire d’une administration pensée aussi par ses
usagers.
Ce mercredi ouvre à Paris, dans le XIe arrondissement, Superpublic, un espace de 300 mètres carrés consacré à la
transformation de l’action publique. A l’origine de cette initiative, on trouve la 27e Région, une association animée par le
député PS de la Nièvre Christian Paul. Explications.
En quoi Superpublic va exactement consister ?
Il s’agit d’un lieu original, le premier en France, qui va abriter plusieurs équipes. Celle de
la 27e Région, un laboratoire d’innovation publique fondé il y a six ans, des équipes de l’Etat et
des professionnels issus du «design de service public» - une nouvelle discipline. Il s’agit de
repenser la conception des politiques publiques en partant des besoins réels des usagers, comme
le font déjà les designers dans d’autres domaines. De nombreuses expérimentations ont déjà eu
des résultats. Des lycées, des médiathèques, des maisons de santé sont nés de ce principe. Nous
avons par exemple travaillé avec la région Champagne-Ardenne pour développer des politiques
jeunesse. Superpublic, lieu pluridisciplinaire, permettra aux agents des ministères, des
collectivités locales, aux usagers, à des experts - designers, sociologues, ethnologues -, de travailler ensemble à créer un
nouveau monde public.
Quel est l’enjeu de ce projet ?
C’est de mettre en avant une nouvelle culture de l’action publique, avec une interaction très vivante entre agents publics et
citoyens. A l’opposée des politiques mises en place depuis les années 80, dont la révision générale des politiques publiques
(RGPP), fondée sur l’autorité verticale et le cost killing, est une illustration. Nous comptons redonner la parole aux
acteurs, à tous les niveaux des administrations. Les contraintes budgétaires ne sont pas la seule boussole ! Omniprésentes,
elles assèchent la recherche de solutions.
Comment comptez-vous agir ?
En intervenant notamment sur la formation, pour les futurs cadres de l’action publique, avec des actions organisées dans
les instituts régionaux d’administration, à l’Institut national des études territoriales, mais aussi à l’Ecole nationale
d’administration. Ce sera une révolution pour l’ENA… Mais aussi par l’expérimentation locale et la diffusion de ces
travaux inédits.
C’est de la démocratie participative ?
Nous nous inspirons surtout d’un mouvement qui s’est développé à Berlin dans les années 80, qui a trouvé des résonances
à Porto Alegre en 2001 lors du Forum social mondial. Nous ne sommes pas dans une logique de comité de quartier ou de
jury citoyen, mais dans une démarche collective sur l’organisation du travail, sur la construction de l’action publique pour
rendre l’administration plus désirable et capable d’un travail critique sur elle-même. Ce travail s’inscrit aussi la mutation
numérique et dans la société en réseaux décrite par le sociologue Manuel Castells, en mettant en valeur le
décloisonnement face à la rigidité hiérarchique.
Les leviers traditionnels de l’action publique sont-ils à ce point cassés ?
Ce qui ne marche pas, c’est le cloisonnement et la verticalité. Nous voulons lutter contre la perte de sens que produit trop
souvent l’éloignement entre décideurs, fonctionnaires et usagers. Il s’agit de remettre l’imagination au cœur des processus
publics, face aux méfaits de la routine du pouvoir au sommet, et de la bureaucratie à la base.
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2. Prenez-vous modèle sur des stratégies du monde de l’entreprise ?
S’il y a un parallèle à faire, c’est avec le lancement des start-up. Mais ce n’est pas la même vision. Nous avons des
exigences de rigueur méthodologique, mais aussi des aspirations démocratiques. Les usagers des services publics ne
doivent plus être simplement consultés, mais deviendront des acteurs à part entière des projets : c’est une logique de
«coconception» qui doit prédominer. Ce travail en commun, c’est un saut qualitatif dans la participation des citoyens, des
usagers, en rupture totale avec les approches verticales et hiérarchiques à l’œuvre dans les sciences de gestion, mais aussi
dans la culture du droit public. Nous devons défendre la créativité. Superpublic se rapproche plus d’une résidence
d’artistes que d’un open space de McKinsey [cabinet de conseil américain, ndlr] !
Trouvez-vous votre inspiration dans des modèles à l’étranger ?
Une vingtaine de structures semblables existent un peu partout dans le monde. Comme le Mindlab à Copenhague, un
laboratoire interministériel structuré autour d’un espace assez proche de celui que nous avons construit avec Superpublic.
Comment Superpublic est-il financé ?
Nous avons quatre sources de financement, toutes publiques : l’Union européenne, la Caisse des dépôts, les collectivités
territoriales - notamment la ville de Paris - et l’Etat.
Amos REICHMAN
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