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Jeux d’écriture et menues historiettes
elle s'appelait Marie-Noël ........................................................................................... 2
réparateur de photomaton .......................................................................................... 4
Qui c'est qui y pense aux tortues marines et à leurs bébés, hein ?............................ 7
Souvenirs.................................................................................................................... 9
Veillée(s) d'armes (1?).............................................................................................. 11
Veillées d'armes (2).................................................................................................. 12
Le Général dans la cinquième dimension (1) ........................................................... 13
Le Général dans la cinquième dimension (2) ........................................................... 14
Le Général dans la cinquième dimension (pause musicale)..................................... 15
Le Général dans la cinquième dimension (fin ?)....................................................... 16
elle s'appelait Marie-Noël
"tu m'en remets une ?
- la même ?
- ben ouais, on va pas commencer à taper dans le lusqueux non ?
à la cantonade : "d'ailleurs en parlant de lusqueux, vous devinerez jamais comment j'ai fini la
soirée !
- le nez dans ta gerbe ?" demanda un des piliers, un sourire en coin
- mais non t'es con ! j'suis pas comme balmeyer ! J'étais chez moi dans mon pieu...
- ah ouais comme tous les soirs, quoi... Super fin de réveillon comme tout le monde ici en
somme...
- 'tain vous êtes vraiment trop cons... allez vous faire voir, la prochaine elle est pas pour moi !
Car ce qu'il voulait raconter JB, pour les intimes, ou Jean-Balthazar pour l'employé d'Etat
Civil qui avait reçu son paternel il y a maintenant 35 ans avec une petite pointe courroucée vu
l'état d'alcoolémie avancée d'icelui, ce qu'il voulait raconter donc c'était avec qui il avait
partagé son plumard, non pas plumard, lit, non même lit ne faisait pas assez classieux comme
écrin pour cette nuit passé avec elle (on n'ira pas non plus jusqu'à nid d'amour, faut pas
abuser, JB c'est quand même pas un romantique à la mord moi l'noeud).
Il était sorti de ce rade comme tous les soirs, un peu plus tard, c'était le réveillon et il y avait
eu repas amélioré et le patron avait fermé à 1 heure du matin (officiellement 23 heures, mais
une fois les rideaux tirés il avait gardé ses habitués : de toute façon pas grand monde avait
envie de rentrer dans sa solitude mater un programme de variétoche qui aurait la même saveur
que celle de quand ils étaient petits et qu'ils avaient le droit d'aller dans la chambre où il y
avait une télé pour ne pas déranger les adultes qui avaient des choses de grand à se raconter).
Sur le parking devant son immeuble, elle était là. Emmitouflée de rouge, de la moumoutte
bloche aux poignets. Une apparition dans ce gris, rendu blafard par la pleine lune. Elle avait
l'air paumée, mais qui ne l'est pas à cette heure au milieu des tours ? Lui il était un peu chaud,
le kipik en fin de repas lui avait légèrement remué la tête alors il aurait pas dû dire oui à la
poire. Et forcément c'est ce soir qu'elle tombe sur lui, ou lui sur elle, ou il ne sait plus trop.
"Vous n'auriez pas vu mon père ?
- Votre ?!
- Mon père, on était là pour une étape et on devait repartir, on a une longue nuit
- Ben honnêtement, là franchement, je crois qu'il vous a laissé tomber, parce que" et son
regard se perdit dans le lointain horizon, fait de parkings à moitié déserté, et de tours dont
quelques appartements étaient encore éclairés : un vrai paysage de western ! Pour un peu il se
serait pris pour un peau rouge, ou mieux le dernier des Mohicans, prêt à enlever cette jeune
squaw. Ils disparaîtraient tous les deux et jamais ne reviendraient ici, dans ce paysage
merdeux, où l'avenir semblait aussi bouché que le ciel.
"parce que franchement c'est pas vraiment un endroit pour abandonner une jeune fille... Une
nuit de Noël, dites vous êtes pas enceint au moins ?
- comment ?!
- non mais c'était une blague, comme Marie, là, le soir de Noël dans une étable...
Devant l'effet boeuf de sa blague, se sentant l'âne de la soirée, il décida de se montrer princier
:
"vous voulez monter ?
- vous n'allez pas un peu vite en besogne ?
- ah mais j'ai gardé le vouvoiement, attention hein, ce serait en tout bien tout honneur !
L'air perdu dans le vague, les yeux à la recherche du véhicule paternel, elle finit par accepter
d'un hochement de tête.
"ah ! enfin ça devient intéressant ! alors t'as tiré ton coup ?!
- 'tain vous êtes vraiment trop cons...." il se rendit alors compte qu'il venait de raconter tout ça
(encore qu'il ne savait plus trop à quel moment de l'histoire les mots avaient franchi ses lèvres,
humectée de la dernière gorgée de bière). Il se décolla du comptoir, prit son verre, et alla se
poser à une table, loin des regards goguenards et gourmands de ses acolytes de chaque soir.
Lorsque l'artiste rentra, il se précipité vers elle : "hé viens voir par là !". Elle le rejoignit et ils
papotèrent longuement, elle sortant un bloc de dessin et ses couleurs (c'est joli cette
expression "ses couleurs"), lui s'enflammant en chuchotant. Les piliers entnedirent tout juste,
en dressant l'oreille :
"maisij'ensuiscapable,fautjustequetumemontresquelquestrucs "
Le patron ferma plus tôt ce soir là.
Le lendemain et les jours qui suivirent, JB n'apparut pas au troquet. On était habitué de ses
mystères, un jour là, plusieurs mois absent (c'était toujours un plaisir de le revoir pourtant). Et
puis un jour, personne ne se souvient plus par qui ou comment, mais on apprit qu'il avait cassé
sa pipe. Dans son appart'. L'artiste avait reçu d'un voisin le dessin qu'il avait laissé sur la table
de la salle à manger, au milieu de milliers de brouillons, sur lesquels l'aquarelle était mêlée à
des tâches d'eau ronde (des larmes ? peut-être sûrement). Elle le ramena au troquet.
Maintenant elle trône derrière les bars au milieu des cartes postales des clients et des
employés.
dessin de Marlène
réparateur de photomaton
« Dipidib ! Dipidib ! Dipidib ! »
Jean-Yves regarda la radio qui clignotait. Encore un appel de la base.
« Oui ?
Kshhhh
- Jean-Yves ? Faudrait que t'ailles voir celui de la gare RER . Apparemment on a une panne et
des clients se plaignent
Kshhhh
- ils se plaignent de quoi exactement ? De l'odeur comme la dernière fois ? Parce que bon
m'envoyer réparer des cabines alors qu'elles ont juste besoin d'un bon nettoyage merci bien !
Je suis pas agent d'entretien moi !
Kshhhh
- non ça a l'air.. euh... bizarre cette fois...
Kshhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh
Des trucs bizarres il en avait vu Jean-Yves. D'ailleurs c'est bien simple c'était à croire que
dans la Boîte on lui avait arrogé le titre de « démêleur de bizarrerie en chef ». Un décès dans
une cabine ? Hop on l'appelait. Une disparition sans explication d'un client ? Hop encore bibi.
À croire que personne ne sait les utiliser normalement ces satanées cabines. C'est quand
même pas bien compliqué ! Il y a juste à glisser la pièce dans la fente et à se faire plaisir !
Le temps de se remémorer tous ces problèmes de cabine il avait déjà garé sa camionnette
devant l'entrée de la gare RER. Il sortit son A4 plastifié « en chantier », le colla derrière son
pare-brise non sans avoir regardé à droite et à gauche avant de s'engager sur les zébras. Des
fois que la maréchaussée guette... Mais bon à cette heure là, presque 19 heures, il avait peu de
risques de se faire tomber dessus.
En entrant dans la gare il croisa quelques uns des derniers « endettés » qui couraient pour
sortir de la gare, récupérer les gosses avant la fermeture de la crèche, le linge au pressing pour
le prochain week-end dont la principale occupation sera de manger le repas de communion
d'une obscure petite nièce éloignée, et que sais je encore. Des gens pressés quoi. Tout le
temps. D'ailleurs c'était son boulot à lui : rendre les cabines fonctionnelles pour permettre à
ces gens courant en tous sens tout le temps de faire leur petite affaire le plus vite possible. Il
voyait d'ici la panne pour laquelle on l'avait fait venir ici. A tous les coups un pressé avait tiré
sur les clichés avant qu'ils ne soient secs. Trop pressé. Comme toujours. Lui Jean-Yves il
avait réglé le problème. Enfin il, la vie avait réglé le problème pour lui. Les raisons
économiques de la vie en somme. Son loyer ayant littéralement explosé en plein vol, il s'était
entendu avec le patron pour pouvoir s'aménager une couchette dans la camionnette. Du coup
il était opérationnel quasiment 24 heures sur 24. « c'est du gagnant gagnant » lui avait
répondu le patron ! « en plus je te fais cadeau du loyer ! ».
Bon elle était où cette satanée cabine ?
Ils avaient le chic pour les planquer... au lieu de les mettre dans le passage. Mais merde ils
éteignent la gare ?!
Le hall s'assombrissait au fur et à mesure qu'il s'y enfonçait. Il ne croisait plus que des
ombres, de plus en plus fuyantes. De plus en plus éthérées.
Enfin au loin il la vit. Ou plutôt il devina deux tâches lumineuses. Qu'elle était lourde sa
caisse à outils sur son épaule !
« Bon installons nous » se dit il en tirant le rideau. La cabine était impeccable, aucune trace
douteuse, la vitre semblait propre, la fente aussi (pas de chewing gum ou pire collé dedans).
Non tout avait l'air OK. Toutes les loupiottes fonctionnait. Les loupiottes ? Il ressortit
précipitamment. Le fil d'alimentation était coupé net à l'arrivée sur le photomaton. Pourtant
tout semblait fonctionner comme s'il était branché.
Ne comprenant pas trop il se rassit. Et glissa dans la fente le « jeton test » (autre brillante idée
de son patron : avant toute ouverture de la machine, commandée depuis le central, on pouvait
tester la machine avec un faux jeton. « Comme ça pas de tentation de se servir, c'est pour
votre bien » qu'il leur avait dit le patron.). Ah zut c'était le modèle « Pirate des Caraïbes »
(« toi aussi deviens un pirate des caraïbes ! Et fais toi prendre en photo avec les stars du
film! ») il aurait préféré se prendre en photo dans le modèle « Winx », dont était fan sa fille.
Ça lui aurait sûrement fait plaisir de recevoir une photo de son papa entouré de petites fées.
Enfin il le pensait. Ça faisait un bout de temps qu'il n'avait pas eu l'occasion de lui parler au
téléphone. Pas depuis que sa mère avait déménagé dans le Sud. À la recherche du soleil
qu'elle avait dit, pour échapper à la grisaille de leur quotidien avait il compris.
Bon ben va pour Pirate des Caraïbes alors.
Choisir le fond de la photo, choisir la scène (tiens avec Johnny Depp le prenant par l'épaule ça
pourrait quand même la faire marrer sa gamine, peut-être) et attendre le flash.
Le flash passé, un véritable tintamarre monta des entrailles de la machine. Il lui semblait
reconnaître des voix. Chuchotant, riant, grimaçant. Puis plus rien. « chhhhhhtttttttttt, il regarde
par la fente ! » abasourdi il se redressa et se cogna la tête.
Dans le réceptacle le cliché apparut enfin. De dos. En se frottant l'occiput il regarda le souffle
chaud faire danser le papier photographique. Puis il le prit et le regarda.
Ce qu'il vit était loin d'un portrait entouré de pirates... Il était bien là, au milieu du cliché.
Mais tout autour des anges ou d'autres figures ailées féminines l'entouraient. Le ciel était
figuré par des nuages mais au-dessus on voyait un royaume céleste, peuplé là aussi de
créatures éthérées semblant voleter de part et d'autre d'un astre flamboyant. Et au coin à
droite, un homme, moustachu. Peignant cette même toile sur un chevalet. En y regardant de
plus près on voyait que la scène se répétait à l'infini.
Complètement ébranlé il ressortit de la cabine. Le cliché à la main.
L'homme à la moustache était là. Sur une affiche. Il lut « Salvador Dali ».
Alors qu'il était là, les bras chancelants, une voix s'éleva. Elle provenait de l'affiche.
« je refuse que ce Charlie de la Chocolaterie soit le seul à pouvoir s'amuser avec des lutins !
- …
- j'ai donc décidé d'élever des mini Salvador dans cet antre technologique capable d'envoyer
des éclairs aussi puissants que ceux de Zeus ! Et ainsi redonner un petit peu de la beauté qui
m'entoure aux pauvres hères passant dans cette gare ! Qu'en pensez vous ?
- rien M'sieur Dali, j'en pense rien... ou plutôt si c'est une bonne initiative je trouve
- merci cher ami !
de retour à son camion, les poches pleines de "photos" de lui signées Dali (les unes avec des
girafes enflammées, les autres au milieu de la gare de Perpignan, ...) il rappela le central :
"RAS" et démarra vers un nouveau photomaton.
Photos : Louise imagine (merci infiniment pour le détail sur Dali)
pour le jeu d'écritures n°6
Qui c'est qui y pense aux tortues marines et à leurs bébés, hein ?
Hé ben il y a Balmeyer, Zoridae, Dorham et Nicolas. Bon comme dans le lot il y a trois fines
plumes et un burin, je me lance aussi.
"Toc ! Toc ! Toc ! comme il n'y a plus rien à bouffer dans cette coquille je vais tenter le grand
saut ! sortir ! me précipiter vers la mer nourricière !"
c'est vrai que depuis quelques heures Momo avait fini les dernières gouttes de jaune, cette
coquille devenait aussi triste qu'un célèbre troquet du Kremlin Bicêtre aurait pu le devenir
sans la présence de quelques clients fidèles.
"bon alors normalement, comme me l'indique la page 135 du manuel de survie de petit bébé
tortue de mer (ah vraiment c'est meugnon tout plein comme appellation pour une pôv' tite
chose comme moi toutes engluée dans les restes de jaune d'oeuf que je n'arrive pas à lécher à
cause de ce cou de merde qui reste coincé en position horizontale), mon pitit bec devrait me
permettre de crever cette paroi afin de me laisser me glisser à l'extérieur !
allez encore un ef..... scrouitch ! ça y est on y est mais ...
merde ... on est super nombreux là ! et en plus notre
c...e de mère nous a ensablé !!! oh la vache on est
pas sortis là ! va bien y avoir un plusse malin qui va
trouver le moyen de nous dépatouiller de là, genre
un Némo ou un héros comme ça !
ah tiens en voilà un qui commence à agiter les nageoires vers le haut ! Hé mais arrête p'tain tu
m'envoies tout le sable dans la tronche !!! ah c'est bien ma veine un héros solitaire !!! bon pas
de problème, je vais lui coller au cul et le pousser un peu vers le haut ... voilà comme ça ... et
c'est qui derrière ? tu fais gaffe hein ? tu glisses pas ton bec trop loin !!!"
Vous aurez noté que notre Momo a un langage un peu oléoloé mais il paraît que c'est comme
ça qu'on parle quand on est décomplexé, alors, on va faire semblant de pas faire gaffe à ça et
puis on va continuer à suivre ses aventures à Momo (ben oui vent, à force de bouffer que de
l'oeuf forcément les intestins fermentent un peu).
"ah ça y est on y est les filles et les gars ! on peut enfin respirer un peu ! bon c'est pas tout ça
mais il faut se grouiller d'aller dans l'eau maintenant ! il faut bien voir qu'il faut encore qu'on
évite les crabes, les mouettes et tutti quanti !!!
En plus il fait nuit, c'est fou ça, on n'aurait pas pu essayer de jour pour une fois ? Ah ben non
tiens il y a le soleil qui se lève ! oh le lamantin ! (autrement appelé vache de mer ...) Il se lève
super vite le soleil !!!! il va
vrai...................................................................................................................
pscchhhiiiittttttt
(ce mot est sensé représenté le bruit d'un bébé tortue (c'est meugnon tout plein) lyophilisé par
une bombe de 20 kilotonnes. En effet, je manque à tous me devoirs et j'avais oublié de mettre
la date : 5 septembre 1996,
En voila une bonne de raison pour envoyer Chirac en prison !
Souvenirs
Le vent souffle, c’est la tempête dehors ! Les grands sapins se couchent presqu’à
terre tant ils se plient sous la bourrasque ! Du haut de mes petites jambes de 4 ans
j’ai du mal à voir par la fenêtre. Tout ce que je vois ce sont les cimes des grands
sapins qui se touchent, se caressent, s’enlacent pour se soutenir sous les efforts
colossaux du vent pour les faire tomber à terre.
Je ne suis pas rassuré… J’avais pourtant mis mes bottes pour sortir. Maman m’avait
dit de les chausser pour ne pas mouiller mes baskets. Mais c’était avant que la
bruine ne se transforme en un ciel noir, nous obligeant à allumer la lumière en plein
après-midi, zébré d’éclairs et sifflant entre les ardoises du chalet.
Je n’ai plus du tout envie de sortir. Je dois même avouer que la seule vue de ce qu’il
se passe à l’extérieur, cette bataille entre le ciel et les sapins plus grands que la
maison me paraît digne du dernier épisode de Goldorak que j’ai regardé avant de
partir en vacances à la montagne… Celui où les golgoths envahissaient la terre. Ça
commençait comme ça : une nuit noire en plein jour, un vent terrible qui faisait se
plier d’effroi les arbres, les lampadaires et même les immeubles, et puis, tout à coup
l’arrivée des vaisseaux destructeurs ! Maman m’avait bien dit que ce n’était que des
histoires mais quand même… Elle avait même fini par me menacer de ne plus me
laisser mon héros à la télé si je faisais encore un cauchemar (on en était au 4ème
de
la nuit et je sentais bien que la fatigue se faisait sentir chez mes parents) !
Je continue à regarder par la fenêtre la cime des sapins. Ils continuent à danser, ou
plutôt à se serrer les uns contre les autres pour se protéger. Un plus jeune tente de
prendre la tangente mais il est vite rattrapé par les branches du « Majestueux », le
grand sapin au pied duquel j’aime bien m’asseoir avec maman quand elle a fini de
s’occuper de la cuisine. On s’assoit là tranquillement, sous les rayons diffus du soleil
qui ont été tamisés dans leur pérégrination entre les épines. Pendant qu’elle déguste
son café, une main dans mes cheveux, les moyens partent à l’aventure avec leur
monos. Des fois j’ai le droit de les accompagner, mais des fois ils vont trop loin et je
préfère rester là, dans la mousse toute douce entre les racines.
Mais là le « Majestueux » n’est plus mon havre de paix. Il ploie sous le vent, sa cime
touchant presque ses racines, comme moi ma tête passe entre mes jambes quand je
m’amuse à regarder derrière en me pliant. Il essaie aussi de retenir dans ses
branches les plus téméraires ou les plus faibles de sa tribu qui se laissent emporter.
Je tremble lorsque mon père pose sa main sur mon épaule. « Tu es sûr que tu ne
veux pas aller faire de la peinture avec les moyens, en bas ? Tu peux tu sais… ».
Mais non j’ai pas trop envie, je les entends bien rigoler et chahuter, mais ce vent me
semble trop inquiétant pour pouvoir dessiner. Et puis dessiner quoi d’abord ? La
pluie a transformé les vitres en cartes de France avec des rivières qui coulent, se
croisent, se séparent… On ne voit plus dehors, on devine juste les ombres des
sapins.
« Bon allez monte sur mes genoux je vais te montrer quelque chose. ». Un sourire
béat au milieu de la figure je me blottis dans ses bras, hume l’odeur de
l’amsterdamer qui s’échappe de son pull et regarde le bout de son doigt tendu vers
les cimes danseuses.
mon p'tit garçon par Michel Tonnerrebydetoutderiensurtoutderien
« Tu as vu ?
- Quoi ?
- Là, l’écureuil !
- Hein ? où ça ?
- Là il vient de passer du grand sapin vers le moyen à droite là !
- Ah oui !
Je dois avouer, que je ne me rappelle plus si j’ai vu un écureuil ce jour-là, ni ce que
mon papa m’a raconté pendant que la tempête se calme, je n’ai que quelques bribes
parlant d’une famille écureuil, les petits cachés avec leur maman, le papa courant de
branche en branche pour récupérer le linge qui séchait et qui s’est envolé,
…Toujours est-il que quand j’ai reposé mes pieds toujours chaussés de bottes sur le
sol du réfectoire, les sapins étaient immobiles, il traînait dans l’air une odeur de terre
mouillée commençant déjà à sécher sous le soleil qui avait remontré le bout de son
nez, et les cris des moyens montaient de la cage d’escalier, la porte allait bientôt
s’ouvrir pour laisser passer les enfants affamés par l’activité peinture et réclamant
leur goûter.
Pourquoi je vous raconte ça ? J’en sais rien, peut-être que le billet d’Eric de
Mulhouse m’a plus ému que je ne le pensais et qu’il a fait ressortir cette histoire
d’écureuil dans la tempête, écureuil qui vient peut-être de là allez savoir, c’est
curieux le cerveau des fois…
Source de l’image
Veillée(s) d'armes (1?)
Elle
En éteignant la télé vers 23 h 30, sa boule d'angoisse se réveilla. Demain, c'était le
grand jour !
Aujourd'hui elle avait rencontré ses collègues (des nouveaux, un peu timides au fond
de la salle, des anciens qui se racontaient bruyamment leurs vacances, d'autres qui
étaient déjà au courant des futurs mouvements « la rentrée va être chaude ! C'est
moi qui te le dis », enfin certaines et certains épluchaient déjà qui une liste d'élèves
qui un emploi du temps). Elle avait papillonné d'un groupe à l'autre. Ses vacances
avaient été bien remplies (bricolage, un p'tit voyage, des rencontres) et le fait de
retrouver SON école la désolait un peu... Pourtant elle avait voulu être maîtresse
depuis toute petite !
Et puis demain elle pourrait enfin mettre un visage sur les noms de sa liste... Il allait
falloir lui faire preuve d'une nouvelle séance de photographie mémorielle pour que
dès la fin de la semaine elle puisse ne plus être mise en porte-à-faux par un « mais
c'est pas moi Justine, c'est elle ! ».
Ce n'était pas vraiment le fait de rencontrer ses élèves qui l'angoissait
particulièrement, mais les conditions dans lesquelles elle allait les rencontrer... Est-ce
que l'école frança
ise allait vraiment finir dans le même état que la gabonaise ? Certains amis lui
avaient aussi parlé de la fin de la laïcité programmée par l'Opus Dei... (à lire
absolument l'article de Bakchich)
Bon, éteindre la lumière... Regarder les reflets des néons verts de la pharmacie
danser sur le plafond... Ne plus penser... Oublier le petit dur de l'année dernière...
Dormir pour être un tant soit peu présentable, les parents seront là demain matin....
Elle avait tout mis dans son cartable...
De tout coeur avec vous, mesdames et messieurs (même si j'ai appelé ce
paragraphe « Elle », je pense aussi à vous)
Veillées d'armes (2)
Lui
Ca y est Owen avait enfin accepté qu'il ferme le livre. L'histoire de ce soir s'était pas
trop mal passée, il avait choisi exprès une histoire de pitits écureuils qui partaient
faire le tour du monde sur un radeau fait de coquilles de noix évidées délicatement. Il
avait surtout réussi à éviter « Oui-Oui va à l'école » et « Martine fait sa rentrée ». Il
avait donc préféré lui lire cette jolie nouvelle.
Son angoisse il l'avait partagé avec ses amis virtuels, concernés ou non par cette
étape décisive dans leur vie familiale. Bon il avait saoulé certains de ces amis, mais
tout rentrerait bientôt dans l'ordre... Toute cette journée (et cette veillée surtout)
serait bientôt un souvenir dont ils rigoleraient avec Owen au Mac Do, endroit où ils
seraient allés se sustenter avant d'aller voir un bon film d'horreur pour ses 15 ans
(son premier). Un sourire naquit sur ses lèvres tandis qu'il arrivait dans le salon.
« Qu'est-ce qui te fait sourire ? Il s'est endormi ?
 Oui et rien...
 Tu n'en as pas remis une couche comme pendant le repas quand même ?!
 Rhoooo ben quand même, il est de mon devoir de père de le préparer au
monde violent et impitoyable qu'il va affronter demain !
 Oui mais lui faire promettre qu'il remettra coup pour coup, je t'ai trouvé un
tantinet... comment dire... bourrin ? Violent ? Trop plein de testostérone ? »
Bon c'est vrai qu'il y était allé un peu fort... Mais fallait le comprendre, sous ses
dehors hyper-virils, il flippait, comme un con : il flippait pour la rentrée de son fils en
maternelle ! Bon avec un peu de chance, la maîtresse serait mignonne... se chuchota t'il en
éteignant sa lumière.
Illustration : papa écureuil emmène son petit à l'école
Le Général dans la cinquième dimension (1)
« c'est fou ce que ta voix ressemble à celle du Général ! »
Il était tard, le tour de chant venait de se terminer, et Arthur voulait aller se coucher...
Mais cette remarque de son impresario (terme pompeux, qu'ils avaient choisi d'un
commun accord mais qui désignait surtout son meilleur copain et son plus grand fan)
le fit réfléchir.
Ils en étaient à leur troisième gala à Trifouillis-les-Oies, après être passés par
Montcuq et Chilleurs-aux-Bois. Le public était sympa, mais surtout composé
d'abonnés au théâtre municipal, qui arrivaient là endimanchés et un peu surpris par
le jeu de scène. On leur avait parlé de geazz, par un fils de qui plus est... Alors
forcément quand Arthur apparaissait, saoûl comme un Shane Mc Gowan, mais droit
dans ses bottes quand même et qu'il se laissait aller à interpréter ses premiers
morceaux, le doute était palpable dans l'assistance. Heureusement que la référence
à Madonna faisait glousser quelques adolescentes entraînées de force à la sortie
culturelle mensuelle par des parents certains d'être investis de la sainte mission
d'élévation de leur progéniture...
Quelle satanée bonne idée quand même ! Il était fort son pygmalion !
~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~
« Bon Aimé Lacapelle c'est bien, mais il te faudrait aussi un personnage d'envergure
nationale, mon gars ! Sinon comment veux-tu percer ? Les gens ont besoin de rêve,
de gloire, de célébrité !
- Mais Aimé il a tout ça ! ».
Le dessinateur comprenait bien ce que son éditeur voulait lui dire... Mais bon quand
même, mince alors, il était balèze Aimé Lacapelle ! Et puis en plus, un personnage
qui rassemblait tout ça (autorité, destin national, gloire et célébrité) ben dans les
contemporains il n'en voyait qu'un, et ça lui faisait un peu mal aux fesse d'en parler...
Alors en faire un héros ?! C'était carrément niet ! Pourquoi pas le pape tant qu'on y
était ? Le choix entre le vieux débris et le nain surexcité était plus que dur à faire !
Non non non non ! Hors de question qu'il sorte une BD sur un des deux ou même les
deux ! Il laissait ça à d'autres dessinateurs plus portés sur l'actualité.
Il en était là de ses réflexions quand il alluma sa radio. Ils repassaient des imitations
de Le Luron.
source image
Le Général dans la cinquième dimension (2)
Cette voix d'outre-tombe lui remémora étrangement des tas de
sensations exaltantes liées aux bains de mer (Slip en laine tricoté à la
main gorgé d'eau, premiers émois devant des sirènes pré-pubères,
crissement des dents sur une tartine de pain au chocolat et au sable,
les pages du Pif Gadget qui tournent trop vite lorsque le vent souffle
sous le parasol, bref le Paradis ...). Oh bien sûr ce n'était pas une mer
exotique qu'il avait connue, mais celle du Nord, celle-là même qui vous
fait comprendre rapidement la petitesse de l'homme face aux éléments
!
Il le tenait son nouveau héros ! Et en plus il savait déjà quelle première bataille il allait
mener !
Ce serait : « le Général de Gaulle à la plage ! »
Mouarf, il imaginait déjà la tête de l'éditeur lorsqu'il déposerait nonchalamment ses
premières planches sur son bureau !
Il le voyait : grand, affublé d'attributs dignes de son rang (tongues, Paris-Match,
seau), accompagné de son épouse (à moins que ce ne soit aussi un accessoire...).
~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~
Arthur monta à côté de Jean-Luc (Lesmouches, mais il ne s'en vantait pas trop de
son nom... du coup tout le monde le monde Jean-Luc, ça suffisait bien comme ça)
dans leur vieille oldsmobile. Il avait toujours l'impression de jouer à Bonnie & Clyde
quand ils partaient ainsi sillonner les routes sinueuses du fin fond de leur petit pays.
De Gaulle, en voilà une bonne idée de chanson ! Maintenant, restait plus qu'à trouver
ce qu'il pourrait lui arriver à ce pauvre Général.
Il pourrait remonter le temps, rencontrer Lucy et lui dire : « je vous ai compris(e) ! »
mais on pourrait l'accuser, comme certains en leur temps d'utiliser un symbole pour
promouvoir des drogues de synthèse...
Il pourrait aussi déprimer sous le fog de Londres après son appel du 18 juin... Ouais,
ça ça pourrait être une bonne piste... Désespéré par le brouillard il se rêverait à Tahiti
!
Le Général dans la cinquième dimension (pause musicale)
Arthur se gratta la tête... La voix du Général il la tenait mais quelle ambiance
musicale pourrait bien coller avec ce bonhomme ? Il se gratta la tête encore...
Qu'est-ce qu'il pouvait faire chaud en cette fin d'été. Il alla ouvrir la fenêtre.
Dans la rue, il y avait des gens (comme dans celle de la nouvelle de chez Filaplomb
qu'il était en train de lire). Ils se promenaient ou couraient le plus vite possible
acheter le nécessaire pour leur soirée (boîte de canigou pour le chien, gâteau au
chocolat, un litre de côtes du Rhône,...) au supermarché.
« Tiens, deux gamins qui se la jouent à la Sergio Leone ! Il ne manque plus que....
Mais c'est quoi cette musique !
Le Général dans la cinquième dimension (fin ?)
Quelques mois plus tard, le dessinateur regardait la couverture de la première
aventure de son nouveau héros à travers la vitrine d'une librairie spécialisée. C'était
les fêtes de Noël. De la musique sirupeuse se déversait (était dégueulée ?) des
hauts-parleurs. Il faisait froid, il aurait bien voulu que les ventes de son album lui
permettent de partir en vacances au soleil, à Tahiti par exemple...
« Et enfin Tahiti!
Il s'échoue, secoue sa grande carcasse
Remet en place ses galons et son képi
Et d'un pas décidé part vers la ville. »
susurre la voix d'Arthur, qui vient de remplacer celle de Kylie, ou Grégory, ou
Machine qui chante du R'nB, enfin vous voyez qui !
Le dessinateur se souvient alors de ces accords entendus, étouffés par une fenêtre
fermée, lors de promenades d'oxygénation dans sa rue. Un musicien connu (sa
musique passait dans les hauts-parleurs de la Ville à la veille de Noël, qu'est-ce qu'il
vous faut comme autre preuve ?) résidait à quelques pas de chez lui !
Dire qu'il avait failli déménager...
Il courut donc vers LEUR rue, grimpa les escaliers qu'avaient semblé dévaler les
notes de musique quelques temps auparavant. Croisa un fils de sur le pallier. Resté
interloqué. Vit une porte en train de se fermer. Tambourina avant de se rendre
compte de ce qu'il faisait. Se retrouva aussi con qu'Arthur quand celui-ci ouvrit en
disant « t'as oublié quelque chose M. ? »
« euh votre chanson là ! Sur le Général !
 Moui...
 il faut que je vous montre un truc
 Mmmmoooouuuiiiii, euh vous n'auriez pas vu quelqu'un sortir, là à l'instant ?
 si... mais ce n'est pas de ça dont je veux vous parler !
Il lui montra sa bande dessinée. Il l'ouvrit sur une page au hasard.
Puis Arthur s'écarta pour le lancer entrer. Il l'invita à s'installer sur le sofa. Et ils
devisèrent... du Général !
https://www.youtube.com/watch?v=lVKh7RH3R6s

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  • 1. Jeux d’écriture et menues historiettes elle s'appelait Marie-Noël ........................................................................................... 2 réparateur de photomaton .......................................................................................... 4 Qui c'est qui y pense aux tortues marines et à leurs bébés, hein ?............................ 7 Souvenirs.................................................................................................................... 9 Veillée(s) d'armes (1?).............................................................................................. 11 Veillées d'armes (2).................................................................................................. 12 Le Général dans la cinquième dimension (1) ........................................................... 13 Le Général dans la cinquième dimension (2) ........................................................... 14 Le Général dans la cinquième dimension (pause musicale)..................................... 15 Le Général dans la cinquième dimension (fin ?)....................................................... 16
  • 2. elle s'appelait Marie-Noël "tu m'en remets une ? - la même ? - ben ouais, on va pas commencer à taper dans le lusqueux non ? à la cantonade : "d'ailleurs en parlant de lusqueux, vous devinerez jamais comment j'ai fini la soirée ! - le nez dans ta gerbe ?" demanda un des piliers, un sourire en coin - mais non t'es con ! j'suis pas comme balmeyer ! J'étais chez moi dans mon pieu... - ah ouais comme tous les soirs, quoi... Super fin de réveillon comme tout le monde ici en somme... - 'tain vous êtes vraiment trop cons... allez vous faire voir, la prochaine elle est pas pour moi ! Car ce qu'il voulait raconter JB, pour les intimes, ou Jean-Balthazar pour l'employé d'Etat Civil qui avait reçu son paternel il y a maintenant 35 ans avec une petite pointe courroucée vu l'état d'alcoolémie avancée d'icelui, ce qu'il voulait raconter donc c'était avec qui il avait partagé son plumard, non pas plumard, lit, non même lit ne faisait pas assez classieux comme écrin pour cette nuit passé avec elle (on n'ira pas non plus jusqu'à nid d'amour, faut pas abuser, JB c'est quand même pas un romantique à la mord moi l'noeud). Il était sorti de ce rade comme tous les soirs, un peu plus tard, c'était le réveillon et il y avait eu repas amélioré et le patron avait fermé à 1 heure du matin (officiellement 23 heures, mais une fois les rideaux tirés il avait gardé ses habitués : de toute façon pas grand monde avait envie de rentrer dans sa solitude mater un programme de variétoche qui aurait la même saveur que celle de quand ils étaient petits et qu'ils avaient le droit d'aller dans la chambre où il y avait une télé pour ne pas déranger les adultes qui avaient des choses de grand à se raconter). Sur le parking devant son immeuble, elle était là. Emmitouflée de rouge, de la moumoutte bloche aux poignets. Une apparition dans ce gris, rendu blafard par la pleine lune. Elle avait l'air paumée, mais qui ne l'est pas à cette heure au milieu des tours ? Lui il était un peu chaud, le kipik en fin de repas lui avait légèrement remué la tête alors il aurait pas dû dire oui à la poire. Et forcément c'est ce soir qu'elle tombe sur lui, ou lui sur elle, ou il ne sait plus trop. "Vous n'auriez pas vu mon père ? - Votre ?! - Mon père, on était là pour une étape et on devait repartir, on a une longue nuit - Ben honnêtement, là franchement, je crois qu'il vous a laissé tomber, parce que" et son regard se perdit dans le lointain horizon, fait de parkings à moitié déserté, et de tours dont quelques appartements étaient encore éclairés : un vrai paysage de western ! Pour un peu il se serait pris pour un peau rouge, ou mieux le dernier des Mohicans, prêt à enlever cette jeune squaw. Ils disparaîtraient tous les deux et jamais ne reviendraient ici, dans ce paysage merdeux, où l'avenir semblait aussi bouché que le ciel. "parce que franchement c'est pas vraiment un endroit pour abandonner une jeune fille... Une nuit de Noël, dites vous êtes pas enceint au moins ? - comment ?! - non mais c'était une blague, comme Marie, là, le soir de Noël dans une étable... Devant l'effet boeuf de sa blague, se sentant l'âne de la soirée, il décida de se montrer princier
  • 3. : "vous voulez monter ? - vous n'allez pas un peu vite en besogne ? - ah mais j'ai gardé le vouvoiement, attention hein, ce serait en tout bien tout honneur ! L'air perdu dans le vague, les yeux à la recherche du véhicule paternel, elle finit par accepter d'un hochement de tête. "ah ! enfin ça devient intéressant ! alors t'as tiré ton coup ?! - 'tain vous êtes vraiment trop cons...." il se rendit alors compte qu'il venait de raconter tout ça (encore qu'il ne savait plus trop à quel moment de l'histoire les mots avaient franchi ses lèvres, humectée de la dernière gorgée de bière). Il se décolla du comptoir, prit son verre, et alla se poser à une table, loin des regards goguenards et gourmands de ses acolytes de chaque soir. Lorsque l'artiste rentra, il se précipité vers elle : "hé viens voir par là !". Elle le rejoignit et ils papotèrent longuement, elle sortant un bloc de dessin et ses couleurs (c'est joli cette expression "ses couleurs"), lui s'enflammant en chuchotant. Les piliers entnedirent tout juste, en dressant l'oreille : "maisij'ensuiscapable,fautjustequetumemontresquelquestrucs " Le patron ferma plus tôt ce soir là. Le lendemain et les jours qui suivirent, JB n'apparut pas au troquet. On était habitué de ses mystères, un jour là, plusieurs mois absent (c'était toujours un plaisir de le revoir pourtant). Et puis un jour, personne ne se souvient plus par qui ou comment, mais on apprit qu'il avait cassé sa pipe. Dans son appart'. L'artiste avait reçu d'un voisin le dessin qu'il avait laissé sur la table de la salle à manger, au milieu de milliers de brouillons, sur lesquels l'aquarelle était mêlée à des tâches d'eau ronde (des larmes ? peut-être sûrement). Elle le ramena au troquet. Maintenant elle trône derrière les bars au milieu des cartes postales des clients et des employés. dessin de Marlène
  • 4. réparateur de photomaton « Dipidib ! Dipidib ! Dipidib ! » Jean-Yves regarda la radio qui clignotait. Encore un appel de la base. « Oui ? Kshhhh - Jean-Yves ? Faudrait que t'ailles voir celui de la gare RER . Apparemment on a une panne et des clients se plaignent Kshhhh - ils se plaignent de quoi exactement ? De l'odeur comme la dernière fois ? Parce que bon m'envoyer réparer des cabines alors qu'elles ont juste besoin d'un bon nettoyage merci bien ! Je suis pas agent d'entretien moi ! Kshhhh - non ça a l'air.. euh... bizarre cette fois... Kshhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh Des trucs bizarres il en avait vu Jean-Yves. D'ailleurs c'est bien simple c'était à croire que dans la Boîte on lui avait arrogé le titre de « démêleur de bizarrerie en chef ». Un décès dans une cabine ? Hop on l'appelait. Une disparition sans explication d'un client ? Hop encore bibi. À croire que personne ne sait les utiliser normalement ces satanées cabines. C'est quand même pas bien compliqué ! Il y a juste à glisser la pièce dans la fente et à se faire plaisir ! Le temps de se remémorer tous ces problèmes de cabine il avait déjà garé sa camionnette devant l'entrée de la gare RER. Il sortit son A4 plastifié « en chantier », le colla derrière son pare-brise non sans avoir regardé à droite et à gauche avant de s'engager sur les zébras. Des fois que la maréchaussée guette... Mais bon à cette heure là, presque 19 heures, il avait peu de risques de se faire tomber dessus. En entrant dans la gare il croisa quelques uns des derniers « endettés » qui couraient pour sortir de la gare, récupérer les gosses avant la fermeture de la crèche, le linge au pressing pour le prochain week-end dont la principale occupation sera de manger le repas de communion d'une obscure petite nièce éloignée, et que sais je encore. Des gens pressés quoi. Tout le temps. D'ailleurs c'était son boulot à lui : rendre les cabines fonctionnelles pour permettre à ces gens courant en tous sens tout le temps de faire leur petite affaire le plus vite possible. Il voyait d'ici la panne pour laquelle on l'avait fait venir ici. A tous les coups un pressé avait tiré sur les clichés avant qu'ils ne soient secs. Trop pressé. Comme toujours. Lui Jean-Yves il avait réglé le problème. Enfin il, la vie avait réglé le problème pour lui. Les raisons économiques de la vie en somme. Son loyer ayant littéralement explosé en plein vol, il s'était entendu avec le patron pour pouvoir s'aménager une couchette dans la camionnette. Du coup il était opérationnel quasiment 24 heures sur 24. « c'est du gagnant gagnant » lui avait répondu le patron ! « en plus je te fais cadeau du loyer ! ». Bon elle était où cette satanée cabine ? Ils avaient le chic pour les planquer... au lieu de les mettre dans le passage. Mais merde ils éteignent la gare ?!
  • 5. Le hall s'assombrissait au fur et à mesure qu'il s'y enfonçait. Il ne croisait plus que des ombres, de plus en plus fuyantes. De plus en plus éthérées. Enfin au loin il la vit. Ou plutôt il devina deux tâches lumineuses. Qu'elle était lourde sa caisse à outils sur son épaule ! « Bon installons nous » se dit il en tirant le rideau. La cabine était impeccable, aucune trace douteuse, la vitre semblait propre, la fente aussi (pas de chewing gum ou pire collé dedans). Non tout avait l'air OK. Toutes les loupiottes fonctionnait. Les loupiottes ? Il ressortit précipitamment. Le fil d'alimentation était coupé net à l'arrivée sur le photomaton. Pourtant tout semblait fonctionner comme s'il était branché. Ne comprenant pas trop il se rassit. Et glissa dans la fente le « jeton test » (autre brillante idée de son patron : avant toute ouverture de la machine, commandée depuis le central, on pouvait tester la machine avec un faux jeton. « Comme ça pas de tentation de se servir, c'est pour votre bien » qu'il leur avait dit le patron.). Ah zut c'était le modèle « Pirate des Caraïbes » (« toi aussi deviens un pirate des caraïbes ! Et fais toi prendre en photo avec les stars du film! ») il aurait préféré se prendre en photo dans le modèle « Winx », dont était fan sa fille. Ça lui aurait sûrement fait plaisir de recevoir une photo de son papa entouré de petites fées. Enfin il le pensait. Ça faisait un bout de temps qu'il n'avait pas eu l'occasion de lui parler au téléphone. Pas depuis que sa mère avait déménagé dans le Sud. À la recherche du soleil qu'elle avait dit, pour échapper à la grisaille de leur quotidien avait il compris. Bon ben va pour Pirate des Caraïbes alors. Choisir le fond de la photo, choisir la scène (tiens avec Johnny Depp le prenant par l'épaule ça pourrait quand même la faire marrer sa gamine, peut-être) et attendre le flash. Le flash passé, un véritable tintamarre monta des entrailles de la machine. Il lui semblait reconnaître des voix. Chuchotant, riant, grimaçant. Puis plus rien. « chhhhhhtttttttttt, il regarde par la fente ! » abasourdi il se redressa et se cogna la tête. Dans le réceptacle le cliché apparut enfin. De dos. En se frottant l'occiput il regarda le souffle chaud faire danser le papier photographique. Puis il le prit et le regarda. Ce qu'il vit était loin d'un portrait entouré de pirates... Il était bien là, au milieu du cliché. Mais tout autour des anges ou d'autres figures ailées féminines l'entouraient. Le ciel était
  • 6. figuré par des nuages mais au-dessus on voyait un royaume céleste, peuplé là aussi de créatures éthérées semblant voleter de part et d'autre d'un astre flamboyant. Et au coin à droite, un homme, moustachu. Peignant cette même toile sur un chevalet. En y regardant de plus près on voyait que la scène se répétait à l'infini. Complètement ébranlé il ressortit de la cabine. Le cliché à la main. L'homme à la moustache était là. Sur une affiche. Il lut « Salvador Dali ». Alors qu'il était là, les bras chancelants, une voix s'éleva. Elle provenait de l'affiche. « je refuse que ce Charlie de la Chocolaterie soit le seul à pouvoir s'amuser avec des lutins ! - … - j'ai donc décidé d'élever des mini Salvador dans cet antre technologique capable d'envoyer des éclairs aussi puissants que ceux de Zeus ! Et ainsi redonner un petit peu de la beauté qui m'entoure aux pauvres hères passant dans cette gare ! Qu'en pensez vous ? - rien M'sieur Dali, j'en pense rien... ou plutôt si c'est une bonne initiative je trouve - merci cher ami ! de retour à son camion, les poches pleines de "photos" de lui signées Dali (les unes avec des girafes enflammées, les autres au milieu de la gare de Perpignan, ...) il rappela le central : "RAS" et démarra vers un nouveau photomaton. Photos : Louise imagine (merci infiniment pour le détail sur Dali) pour le jeu d'écritures n°6
  • 7. Qui c'est qui y pense aux tortues marines et à leurs bébés, hein ? Hé ben il y a Balmeyer, Zoridae, Dorham et Nicolas. Bon comme dans le lot il y a trois fines plumes et un burin, je me lance aussi. "Toc ! Toc ! Toc ! comme il n'y a plus rien à bouffer dans cette coquille je vais tenter le grand saut ! sortir ! me précipiter vers la mer nourricière !" c'est vrai que depuis quelques heures Momo avait fini les dernières gouttes de jaune, cette coquille devenait aussi triste qu'un célèbre troquet du Kremlin Bicêtre aurait pu le devenir sans la présence de quelques clients fidèles. "bon alors normalement, comme me l'indique la page 135 du manuel de survie de petit bébé tortue de mer (ah vraiment c'est meugnon tout plein comme appellation pour une pôv' tite chose comme moi toutes engluée dans les restes de jaune d'oeuf que je n'arrive pas à lécher à cause de ce cou de merde qui reste coincé en position horizontale), mon pitit bec devrait me permettre de crever cette paroi afin de me laisser me glisser à l'extérieur ! allez encore un ef..... scrouitch ! ça y est on y est mais ... merde ... on est super nombreux là ! et en plus notre c...e de mère nous a ensablé !!! oh la vache on est pas sortis là ! va bien y avoir un plusse malin qui va trouver le moyen de nous dépatouiller de là, genre un Némo ou un héros comme ça ! ah tiens en voilà un qui commence à agiter les nageoires vers le haut ! Hé mais arrête p'tain tu m'envoies tout le sable dans la tronche !!! ah c'est bien ma veine un héros solitaire !!! bon pas
  • 8. de problème, je vais lui coller au cul et le pousser un peu vers le haut ... voilà comme ça ... et c'est qui derrière ? tu fais gaffe hein ? tu glisses pas ton bec trop loin !!!" Vous aurez noté que notre Momo a un langage un peu oléoloé mais il paraît que c'est comme ça qu'on parle quand on est décomplexé, alors, on va faire semblant de pas faire gaffe à ça et puis on va continuer à suivre ses aventures à Momo (ben oui vent, à force de bouffer que de l'oeuf forcément les intestins fermentent un peu). "ah ça y est on y est les filles et les gars ! on peut enfin respirer un peu ! bon c'est pas tout ça mais il faut se grouiller d'aller dans l'eau maintenant ! il faut bien voir qu'il faut encore qu'on évite les crabes, les mouettes et tutti quanti !!! En plus il fait nuit, c'est fou ça, on n'aurait pas pu essayer de jour pour une fois ? Ah ben non tiens il y a le soleil qui se lève ! oh le lamantin ! (autrement appelé vache de mer ...) Il se lève super vite le soleil !!!! il va vrai................................................................................................................... pscchhhiiiittttttt (ce mot est sensé représenté le bruit d'un bébé tortue (c'est meugnon tout plein) lyophilisé par une bombe de 20 kilotonnes. En effet, je manque à tous me devoirs et j'avais oublié de mettre la date : 5 septembre 1996, En voila une bonne de raison pour envoyer Chirac en prison !
  • 9. Souvenirs Le vent souffle, c’est la tempête dehors ! Les grands sapins se couchent presqu’à terre tant ils se plient sous la bourrasque ! Du haut de mes petites jambes de 4 ans j’ai du mal à voir par la fenêtre. Tout ce que je vois ce sont les cimes des grands sapins qui se touchent, se caressent, s’enlacent pour se soutenir sous les efforts colossaux du vent pour les faire tomber à terre. Je ne suis pas rassuré… J’avais pourtant mis mes bottes pour sortir. Maman m’avait dit de les chausser pour ne pas mouiller mes baskets. Mais c’était avant que la bruine ne se transforme en un ciel noir, nous obligeant à allumer la lumière en plein après-midi, zébré d’éclairs et sifflant entre les ardoises du chalet. Je n’ai plus du tout envie de sortir. Je dois même avouer que la seule vue de ce qu’il se passe à l’extérieur, cette bataille entre le ciel et les sapins plus grands que la maison me paraît digne du dernier épisode de Goldorak que j’ai regardé avant de partir en vacances à la montagne… Celui où les golgoths envahissaient la terre. Ça commençait comme ça : une nuit noire en plein jour, un vent terrible qui faisait se plier d’effroi les arbres, les lampadaires et même les immeubles, et puis, tout à coup l’arrivée des vaisseaux destructeurs ! Maman m’avait bien dit que ce n’était que des histoires mais quand même… Elle avait même fini par me menacer de ne plus me laisser mon héros à la télé si je faisais encore un cauchemar (on en était au 4ème de la nuit et je sentais bien que la fatigue se faisait sentir chez mes parents) ! Je continue à regarder par la fenêtre la cime des sapins. Ils continuent à danser, ou plutôt à se serrer les uns contre les autres pour se protéger. Un plus jeune tente de prendre la tangente mais il est vite rattrapé par les branches du « Majestueux », le grand sapin au pied duquel j’aime bien m’asseoir avec maman quand elle a fini de s’occuper de la cuisine. On s’assoit là tranquillement, sous les rayons diffus du soleil qui ont été tamisés dans leur pérégrination entre les épines. Pendant qu’elle déguste son café, une main dans mes cheveux, les moyens partent à l’aventure avec leur monos. Des fois j’ai le droit de les accompagner, mais des fois ils vont trop loin et je préfère rester là, dans la mousse toute douce entre les racines.
  • 10. Mais là le « Majestueux » n’est plus mon havre de paix. Il ploie sous le vent, sa cime touchant presque ses racines, comme moi ma tête passe entre mes jambes quand je m’amuse à regarder derrière en me pliant. Il essaie aussi de retenir dans ses branches les plus téméraires ou les plus faibles de sa tribu qui se laissent emporter. Je tremble lorsque mon père pose sa main sur mon épaule. « Tu es sûr que tu ne veux pas aller faire de la peinture avec les moyens, en bas ? Tu peux tu sais… ». Mais non j’ai pas trop envie, je les entends bien rigoler et chahuter, mais ce vent me semble trop inquiétant pour pouvoir dessiner. Et puis dessiner quoi d’abord ? La pluie a transformé les vitres en cartes de France avec des rivières qui coulent, se croisent, se séparent… On ne voit plus dehors, on devine juste les ombres des sapins. « Bon allez monte sur mes genoux je vais te montrer quelque chose. ». Un sourire béat au milieu de la figure je me blottis dans ses bras, hume l’odeur de l’amsterdamer qui s’échappe de son pull et regarde le bout de son doigt tendu vers les cimes danseuses. mon p'tit garçon par Michel Tonnerrebydetoutderiensurtoutderien « Tu as vu ? - Quoi ? - Là, l’écureuil ! - Hein ? où ça ? - Là il vient de passer du grand sapin vers le moyen à droite là ! - Ah oui ! Je dois avouer, que je ne me rappelle plus si j’ai vu un écureuil ce jour-là, ni ce que mon papa m’a raconté pendant que la tempête se calme, je n’ai que quelques bribes parlant d’une famille écureuil, les petits cachés avec leur maman, le papa courant de branche en branche pour récupérer le linge qui séchait et qui s’est envolé, …Toujours est-il que quand j’ai reposé mes pieds toujours chaussés de bottes sur le sol du réfectoire, les sapins étaient immobiles, il traînait dans l’air une odeur de terre mouillée commençant déjà à sécher sous le soleil qui avait remontré le bout de son nez, et les cris des moyens montaient de la cage d’escalier, la porte allait bientôt s’ouvrir pour laisser passer les enfants affamés par l’activité peinture et réclamant leur goûter. Pourquoi je vous raconte ça ? J’en sais rien, peut-être que le billet d’Eric de Mulhouse m’a plus ému que je ne le pensais et qu’il a fait ressortir cette histoire d’écureuil dans la tempête, écureuil qui vient peut-être de là allez savoir, c’est curieux le cerveau des fois… Source de l’image
  • 11. Veillée(s) d'armes (1?) Elle En éteignant la télé vers 23 h 30, sa boule d'angoisse se réveilla. Demain, c'était le grand jour ! Aujourd'hui elle avait rencontré ses collègues (des nouveaux, un peu timides au fond de la salle, des anciens qui se racontaient bruyamment leurs vacances, d'autres qui étaient déjà au courant des futurs mouvements « la rentrée va être chaude ! C'est moi qui te le dis », enfin certaines et certains épluchaient déjà qui une liste d'élèves qui un emploi du temps). Elle avait papillonné d'un groupe à l'autre. Ses vacances avaient été bien remplies (bricolage, un p'tit voyage, des rencontres) et le fait de retrouver SON école la désolait un peu... Pourtant elle avait voulu être maîtresse depuis toute petite ! Et puis demain elle pourrait enfin mettre un visage sur les noms de sa liste... Il allait falloir lui faire preuve d'une nouvelle séance de photographie mémorielle pour que dès la fin de la semaine elle puisse ne plus être mise en porte-à-faux par un « mais c'est pas moi Justine, c'est elle ! ». Ce n'était pas vraiment le fait de rencontrer ses élèves qui l'angoissait particulièrement, mais les conditions dans lesquelles elle allait les rencontrer... Est-ce que l'école frança ise allait vraiment finir dans le même état que la gabonaise ? Certains amis lui avaient aussi parlé de la fin de la laïcité programmée par l'Opus Dei... (à lire absolument l'article de Bakchich) Bon, éteindre la lumière... Regarder les reflets des néons verts de la pharmacie danser sur le plafond... Ne plus penser... Oublier le petit dur de l'année dernière... Dormir pour être un tant soit peu présentable, les parents seront là demain matin.... Elle avait tout mis dans son cartable...
  • 12. De tout coeur avec vous, mesdames et messieurs (même si j'ai appelé ce paragraphe « Elle », je pense aussi à vous) Veillées d'armes (2) Lui Ca y est Owen avait enfin accepté qu'il ferme le livre. L'histoire de ce soir s'était pas trop mal passée, il avait choisi exprès une histoire de pitits écureuils qui partaient faire le tour du monde sur un radeau fait de coquilles de noix évidées délicatement. Il avait surtout réussi à éviter « Oui-Oui va à l'école » et « Martine fait sa rentrée ». Il avait donc préféré lui lire cette jolie nouvelle. Son angoisse il l'avait partagé avec ses amis virtuels, concernés ou non par cette étape décisive dans leur vie familiale. Bon il avait saoulé certains de ces amis, mais tout rentrerait bientôt dans l'ordre... Toute cette journée (et cette veillée surtout) serait bientôt un souvenir dont ils rigoleraient avec Owen au Mac Do, endroit où ils seraient allés se sustenter avant d'aller voir un bon film d'horreur pour ses 15 ans (son premier). Un sourire naquit sur ses lèvres tandis qu'il arrivait dans le salon. « Qu'est-ce qui te fait sourire ? Il s'est endormi ?  Oui et rien...  Tu n'en as pas remis une couche comme pendant le repas quand même ?!  Rhoooo ben quand même, il est de mon devoir de père de le préparer au monde violent et impitoyable qu'il va affronter demain !  Oui mais lui faire promettre qu'il remettra coup pour coup, je t'ai trouvé un tantinet... comment dire... bourrin ? Violent ? Trop plein de testostérone ? » Bon c'est vrai qu'il y était allé un peu fort... Mais fallait le comprendre, sous ses dehors hyper-virils, il flippait, comme un con : il flippait pour la rentrée de son fils en maternelle ! Bon avec un peu de chance, la maîtresse serait mignonne... se chuchota t'il en éteignant sa lumière. Illustration : papa écureuil emmène son petit à l'école
  • 13. Le Général dans la cinquième dimension (1) « c'est fou ce que ta voix ressemble à celle du Général ! » Il était tard, le tour de chant venait de se terminer, et Arthur voulait aller se coucher... Mais cette remarque de son impresario (terme pompeux, qu'ils avaient choisi d'un commun accord mais qui désignait surtout son meilleur copain et son plus grand fan) le fit réfléchir. Ils en étaient à leur troisième gala à Trifouillis-les-Oies, après être passés par Montcuq et Chilleurs-aux-Bois. Le public était sympa, mais surtout composé d'abonnés au théâtre municipal, qui arrivaient là endimanchés et un peu surpris par le jeu de scène. On leur avait parlé de geazz, par un fils de qui plus est... Alors forcément quand Arthur apparaissait, saoûl comme un Shane Mc Gowan, mais droit dans ses bottes quand même et qu'il se laissait aller à interpréter ses premiers morceaux, le doute était palpable dans l'assistance. Heureusement que la référence à Madonna faisait glousser quelques adolescentes entraînées de force à la sortie culturelle mensuelle par des parents certains d'être investis de la sainte mission d'élévation de leur progéniture... Quelle satanée bonne idée quand même ! Il était fort son pygmalion ! ~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~ « Bon Aimé Lacapelle c'est bien, mais il te faudrait aussi un personnage d'envergure nationale, mon gars ! Sinon comment veux-tu percer ? Les gens ont besoin de rêve, de gloire, de célébrité !
  • 14. - Mais Aimé il a tout ça ! ». Le dessinateur comprenait bien ce que son éditeur voulait lui dire... Mais bon quand même, mince alors, il était balèze Aimé Lacapelle ! Et puis en plus, un personnage qui rassemblait tout ça (autorité, destin national, gloire et célébrité) ben dans les contemporains il n'en voyait qu'un, et ça lui faisait un peu mal aux fesse d'en parler... Alors en faire un héros ?! C'était carrément niet ! Pourquoi pas le pape tant qu'on y était ? Le choix entre le vieux débris et le nain surexcité était plus que dur à faire ! Non non non non ! Hors de question qu'il sorte une BD sur un des deux ou même les deux ! Il laissait ça à d'autres dessinateurs plus portés sur l'actualité. Il en était là de ses réflexions quand il alluma sa radio. Ils repassaient des imitations de Le Luron. source image Le Général dans la cinquième dimension (2) Cette voix d'outre-tombe lui remémora étrangement des tas de sensations exaltantes liées aux bains de mer (Slip en laine tricoté à la main gorgé d'eau, premiers émois devant des sirènes pré-pubères, crissement des dents sur une tartine de pain au chocolat et au sable, les pages du Pif Gadget qui tournent trop vite lorsque le vent souffle sous le parasol, bref le Paradis ...). Oh bien sûr ce n'était pas une mer exotique qu'il avait connue, mais celle du Nord, celle-là même qui vous fait comprendre rapidement la petitesse de l'homme face aux éléments ! Il le tenait son nouveau héros ! Et en plus il savait déjà quelle première bataille il allait mener ! Ce serait : « le Général de Gaulle à la plage ! » Mouarf, il imaginait déjà la tête de l'éditeur lorsqu'il déposerait nonchalamment ses premières planches sur son bureau !
  • 15. Il le voyait : grand, affublé d'attributs dignes de son rang (tongues, Paris-Match, seau), accompagné de son épouse (à moins que ce ne soit aussi un accessoire...). ~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~~°~ Arthur monta à côté de Jean-Luc (Lesmouches, mais il ne s'en vantait pas trop de son nom... du coup tout le monde le monde Jean-Luc, ça suffisait bien comme ça) dans leur vieille oldsmobile. Il avait toujours l'impression de jouer à Bonnie & Clyde quand ils partaient ainsi sillonner les routes sinueuses du fin fond de leur petit pays. De Gaulle, en voilà une bonne idée de chanson ! Maintenant, restait plus qu'à trouver ce qu'il pourrait lui arriver à ce pauvre Général. Il pourrait remonter le temps, rencontrer Lucy et lui dire : « je vous ai compris(e) ! » mais on pourrait l'accuser, comme certains en leur temps d'utiliser un symbole pour promouvoir des drogues de synthèse... Il pourrait aussi déprimer sous le fog de Londres après son appel du 18 juin... Ouais, ça ça pourrait être une bonne piste... Désespéré par le brouillard il se rêverait à Tahiti ! Le Général dans la cinquième dimension (pause musicale) Arthur se gratta la tête... La voix du Général il la tenait mais quelle ambiance musicale pourrait bien coller avec ce bonhomme ? Il se gratta la tête encore... Qu'est-ce qu'il pouvait faire chaud en cette fin d'été. Il alla ouvrir la fenêtre. Dans la rue, il y avait des gens (comme dans celle de la nouvelle de chez Filaplomb qu'il était en train de lire). Ils se promenaient ou couraient le plus vite possible acheter le nécessaire pour leur soirée (boîte de canigou pour le chien, gâteau au chocolat, un litre de côtes du Rhône,...) au supermarché. « Tiens, deux gamins qui se la jouent à la Sergio Leone ! Il ne manque plus que....
  • 16. Mais c'est quoi cette musique ! Le Général dans la cinquième dimension (fin ?) Quelques mois plus tard, le dessinateur regardait la couverture de la première aventure de son nouveau héros à travers la vitrine d'une librairie spécialisée. C'était les fêtes de Noël. De la musique sirupeuse se déversait (était dégueulée ?) des hauts-parleurs. Il faisait froid, il aurait bien voulu que les ventes de son album lui permettent de partir en vacances au soleil, à Tahiti par exemple... « Et enfin Tahiti! Il s'échoue, secoue sa grande carcasse Remet en place ses galons et son képi Et d'un pas décidé part vers la ville. » susurre la voix d'Arthur, qui vient de remplacer celle de Kylie, ou Grégory, ou Machine qui chante du R'nB, enfin vous voyez qui ! Le dessinateur se souvient alors de ces accords entendus, étouffés par une fenêtre fermée, lors de promenades d'oxygénation dans sa rue. Un musicien connu (sa musique passait dans les hauts-parleurs de la Ville à la veille de Noël, qu'est-ce qu'il vous faut comme autre preuve ?) résidait à quelques pas de chez lui ! Dire qu'il avait failli déménager... Il courut donc vers LEUR rue, grimpa les escaliers qu'avaient semblé dévaler les notes de musique quelques temps auparavant. Croisa un fils de sur le pallier. Resté interloqué. Vit une porte en train de se fermer. Tambourina avant de se rendre compte de ce qu'il faisait. Se retrouva aussi con qu'Arthur quand celui-ci ouvrit en disant « t'as oublié quelque chose M. ? » « euh votre chanson là ! Sur le Général !
  • 17.  Moui...  il faut que je vous montre un truc  Mmmmoooouuuiiiii, euh vous n'auriez pas vu quelqu'un sortir, là à l'instant ?  si... mais ce n'est pas de ça dont je veux vous parler ! Il lui montra sa bande dessinée. Il l'ouvrit sur une page au hasard. Puis Arthur s'écarta pour le lancer entrer. Il l'invita à s'installer sur le sofa. Et ils devisèrent... du Général ! https://www.youtube.com/watch?v=lVKh7RH3R6s