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Télécharger pour lire hors ligne
Optimisation
des budgets :
la solution
par le numérique
AU CŒUR DES
TERRITOIRES
CONNECTÉS
Data :
la France
numérique
2015
Le senior est-il l’avenir du digital ?
Les réseaux sociaux
au service
de l’e-réputation
FrenchTech,
l’enjeudes
écosystèmes ?
parolesd’élus
Emmanuel MACRON, François BAROIN,
Caroline CAYEUX, Charles-Éric LEMAIGNEN,
Olivier DUSSOPT, Laurent WAUQUIEZ,
Vanik BERBERIAN, Dominique BUSSEREAU,
Frédéric CUVILLIER, Jean-Luc MOUDENC,
Karine BERGER, Ibrahim DUFRICHE-SOILIHI,
Valérie LÉTARD, Stéphane RICHARD…#1
2 Paroles d’élus Paroles d’élus 1
parolesd’élus#1
2 Paroles d’élus Paroles d’élus 3
Paroles d’élus fait peau neuve !
Dix ans après son lancement,
il était temps pour notre partenariat
innovant – et pour son dispositif
éditorial – de trouver un nouveau
souffle. C’est chose faite avec la mise
en ligne d’un site Internet de dernière
génération complètement repensé
– parolesdelus.com – et la publication
de Paroles d’élus #1 que vous tenez
entre vos mains.
Bienvenue dans l’ère du mook, cet objet
hybride entre le livre et le magazine,
qui se donne le temps de la réflexion,
qui privilégie le format long, la
narration et l’esthétisme. C’est d’abord
dans son contenu que Paroles d’élus
fait sa mue. Finie la seule pédagogie,
place au décryptage !
À la diversité des témoignages d’élus,
d’acteurs de terrain, au foisonnement
des initiatives autour des enjeux
du numérique dont on ne dira jamais
assez la richesse, vient donc se greffer
une nouvelle approche. Nous avons
fait appel à l’expertise de chercheurs,
de sociologues, de géographes,
de philosophes, d’ethnographes qui,
tout en décryptant les ressorts du
numérique, dégagent les tendances
des usages à venir. Riche d’expériences
fortes et de réalisations concrètes,
Paroles d’élus #1 donne également
les moyens de se projeter vers le futur.
Cyril Luneau
Directeur des Relations avec les
Collectivités locales Groupe - Orange
Mook
MOOK
4 Paroles d’élus
La révolution numérique
n’est pas en train d’advenir : elle est déjà réalité.
Elle concerne tous nos concitoyens, sans
exception, qui voient leurs manières d’apprendre,
de communiquer, de se déplacer… de vivre se
transformer en profondeur. Elle touche également
notre économie tout entière : tous les secteurs
doivent innover, toutes les entreprises doivent
s’adapter, toutes les administrations doivent
se moderniser et l’ensemble des territoires doit
s’équiper. Dans cette “Grande transformation”, la
mission des responsables politiques est immense.
Elle se fonde, selon moi, sur un triple combat :
politique, économique et démocratique.
Le combat politique, c’est le combat pour l’égalité.
La révolution numérique doit être synonyme
d’opportunités pour tous. L’égalité d’accès, qui est
l’ADN de notre modèle économique, de notre
modèle social et de notre modèle culturel, doit être
maintenue à son plus haut degré. Notre ambition,
c’est que chacun puisse accéder aux moyens de
communication, où qu’il vive sur le territoire, qu’il
soit urbain ou rural. Ainsi, grâce à l’impulsion des
élus et des collectivités, grâce aussi à l’engagement
du secteur privé, la France tout entière se numérise.
Le Gouvernement prend sa part de ce mouvement,
en investissant plus de 3 milliards d’euros pour équiper
les territoires en très haut débit, et en particulier
les territoires ruraux.
Cette mobilisation sans précédent, dont nous
suivons pas à pas les avancées, nous permettra
d’atteindre l’objectif fixé par le président de la
République : couvrir, en dix ans, l’ensemble du pays
en très haut débit.
Dans cette “Grande transformation”, il faut
également nous mettre en ordre de bataille pour
saisir les opportunités économiques. Car Internet,
ce n’est plus seulement le moyen de travailler
plus rapidement, d’améliorer ses performances,
d’accroître son efficience. Désormais, Internet,
c’est le point de départ de tout : pour chercher
un emploi, pour correspondre, pour être joignable,
pour s’informer, il faut être connecté. Les élus
de tous les territoires sont donc en première ligne
Préface
Emmanuel
MacronMinistre de l’Économie, de l’Industrie
et du Numérique
8	 Contributeurs
Ils sont l’ADN du mook
Paroles d’élus #1.
10	Intervention des présidents
Croiser les témoignages, les
réflexions et les éclairages pour
décrypter la France numérique
qui émerge. C’est l’ambition que
nous partageons.
12	 Regards
Alain Juillet, le cyberexpert
Daniel Kaplan, le prospectiviste
Stéphane Richard, le chef
d’entreprise
Serge Guérin, le sociologue
Bernard Stiegler, le philosophe
28	La France numérique 2015
32	 L’entretien
Charles-Éric Lemaignen : mise
en commun des savoirs autour
du numérique et de son évolution
36	 Dossier
Économies : la solution
par le numérique ?
42	 L’entretien
François Baroin : le numérique
en tant que facteur d’optimisation
budgétaire
46	 Dossier
French Tech : accélérateur
de croissance pour les territoires
52	 Grand angle
Plongez dans la ville numérique !
54	 L’entretien
Laurent Wauquiez : le numérique
en territoires montagneux
58	Ils font le numérique
dans les territoires
Antonaves, Reims,
Montreuil/Simplon, Lascaux 4,
Valenciennes
68	 L’entretien
Vanik Berberian : le numérique,
créateur d’emploi pour repeupler
les zones rurales
72	Voyages visuels au pays
du numérique
Musées : les transformations
numériques
Objets connectés : voyage
dans les labos
82	 Dossier
Silver économie : les gisements
de l’or gris
88	 Points de vue
Les réseaux sociaux au service
de l’e-réputation
90	 L’entretien
Dominique Bussereau : la
couverture THD et le numérique
comme lien de proximité
et vecteur de changement
dans les métiers de l’éducation
98	 Mutations
Ces métiers qui changent
avec le numérique
102	 11 ans, 11 partenaires
104	 Contacts
64
98
52
Sommaire
12
pour diffuser les usages et l’innovation, pour
développer des écosystèmes qui favorisent
le développement et la montée en puissance
des start-up. L’État joue déjà un rôle moteur avec
la French Tech et la Nouvelle France industrielle,
mais ce sont les collectivités qui, sur le terrain,
transformeront cette démarche en succès.
Enfin, nous devons réformer notre système tout
entier : les nouvelles opportunités économiques
ne concernent pas que le numérique. Il faut
revoir notre système de formation pour accélérer
la montée en compétences des travailleurs,
notamment pour les préparer aux nouveaux
métiers. Il faut aussi forger de nouvelles sécurités
individuelles, en phase avec le développement
du travail indépendant, avec la polyactivité et le
développement de carrières moins linéaires. Ces
défis, nous devons les relever tous et nous devons
les relever ensemble. Car la révolution numérique
nous impose de définir des choix collectifs
innovants et de forger un nouveau consensus social.
Voilà quels doivent être, selon moi, les trois piliers
de notre action collective. Ils trouveront une
traduction concrète dans la stratégie pour les
nouvelles opportunités économiques que m’ont
confiées le président de la République et le
Premier ministre. La révolution numérique est,
par essence, une révolution démocratique.
Elle est portée par la multitude, par tous les
usagers, par tous les acteurs de notre économie.
Pour la porter et l’accompagner, l’engagement
des élus est donc la clé.
MINISTÈREDEL’ÉCONOMIE,DESFINANCESETDEL’INDUSTRIE
Paroles d’élus 5
6 Paroles d’élus Paroles d’élus 7
“Notre société est entrée dans l’ère du numérique et
nos populations en sont de grandes consommatrices.
Avec la croissance démographique des territoires ruraux
depuis plus de dix ans, les habitants de nos communes
sont demandeurs de haut débit, de téléphonie mobile et
de services numériques.” Vanik Berberian, président de l’AMRF
“Si le numérique peut participer à l’amélioration de
la vie quotidienne des populations, le contact humain
restera toujours nécessaire et indispensable.”
François Baroin, maire de Troyes, député de l’Aube, président de l’AMF, ancien ministre
“Le numérique peut faciliter
le quotidien des personnes
qui avancent dans l’âge mais
aussi favoriser l’accès à la
culture ou à la connaissance.”
Frédéric Cuvillier, président du Cner, maire
de Boulogne-sur-Mer, député du Pas-de-Calais,
ancien ministre
“Offrir Internet et le tripleplay
modifie complètement la donne
et peut enrayer la migration
de population. L’arrivée de ce
nouveau service public équilibre
la disparition des autres et
favorise une parfaite égalité.”
Karine Berger, députée des Hautes-Alpes
“Plus que jamais, le secteur
public doit profiter de la
révolution des usages et des
nouveaux outils pour repenser
son fonctionnement interne et
la relation entre administration
et citoyens.”Francisque Vigouroux, maire d’Igny
“La réalité de l’automatisation, donc
du numérique, c’est la destruction
de l’emploi. Cela se présente comme
une très mauvaise nouvelle, mais vu
sous un autre angle, c’est au contraire
une très bonne nouvelle – car la fin
de l’emploi, c’est le début du travail.”
Bernard Stiegler, philosophe
“De nombreuses initiatives en France
alimentent une même démarche.
Accompagner l’innovation, favoriser
la mise en place du numérique pour
qu’il profite à tous, c’est le principe des
fab’labs français.”
Charles-Éric Lemaignen, président de l’AdCF
“Les potentialités
du numérique pour
les petites villes sont
d’abord à penser en
termes de croissance.
Nous vivons la
quatrième révolution
industrielle.”
Loïc Hervé, maire de Marnaz, sénateur
de la Haute-Savoie
“Le numérique est un vecteur de communication
extrêmement puissant pour les musées. Il y a
une véritable passion française pour les musées.
On voit des foules extraordinaires se déplacer,
pas seulement pour les très grandes expositions
mais pour toutes les expositions.”
Christine Albanel, directrice exécutive RSE, Diversité,
Partenariats et Solidarité d’Orange, ancienne ministre
“L’objectif smart city
est non seulement
bénéfique sur le plan
du service rendu mais
il l’est également sur
un plan financier, avec
l’optimisation du travail
des agents grâce à
l’analyse fine des données
collectées.”
Christophe Béchu, maire d’Angers,
sénateur du Maine-et-Loire
P. 68
“À l’aise avec les chiffres,
le numérique l’est aussi
pour mettre en relation,
coordonner, agréger des
individus, des groupes,
des informations et des
données, des actions
et des projets.”
Daniel Kaplan, prospectiviste
P. 85
P. 59
P. 40
P. 26
P. 32
P. 39
P. 16
P. 77
P. 80
P. 42
Édité par Orange
sur une idée de Scripto Sensu
Directeur de la publication : Cyril Luneau
Rédacteur en chef : Pascal Giordano
Assistants : Mathieu Djourabtchi, Florian Tollet
Conception et réalisation : Scripto Sensu
Direction éditoriale : Bertrand Vorimore
Coordination : Guilhem Cadoret
Design et direction artistique : Claude Gentiletti
Édition : Delphine Tardiveau
Avec la participation de : Michel Léon, Cécile Perrin,
Dominique Fidel, Marc Feuillade, Cédric Buades,
Pierre Abruzzini, Isegoria, Taïga Média, Studio-V2
Crédit photo de couverture : Corbis
Fabrication : Gutenberg Networks
Impression : France Ouest Imprim (Livarot)
Avertissement. Ce mook est destiné à être diffusé
aux élus des collectivités territoriales ainsi qu’à des
responsables d’administrations d’État et de services
publics locaux, à l’exception du grand public. Il est édité
par Orange et ses partenaires, qui ont pris soin de veiller
au caractère purement informatif de son contenu.
Toute reproduction du présent ouvrage, totale ou partielle,
quel que soit le support, est strictement interdite.
8 Paroles d’élus Paroles d’élus 9
Onze partenaires
Paroles d’élus #1 est édité par
Orange, en partenariat avec :
Association des maires
de France et des présidents
d’intercommunalité (AMF) ;
Assemblée des Communautés
de France (AdCF) ;
Assemblée des Départements
de France (ADF) ;
Association des maires ruraux
de France (AMRF) ;
Association nationale des élus
de la montagne (Anem) ;
Association des Petites Villes
de France (APVF) ;
Fédération des agences
de développement et
des comités d’expansion
économique (Cner) ;
Fédération des Entreprises
publiques locales (FedEpl),
Association des maires
de Grandes Villes de France
(AMGVF) ;
Villes de France
Comité de pilotage
Nathalie Dotres et Delphine
Breure (AMF), Sandrine
Guirado (AdCF), Jean-Pierre
Quignaux (ADF), Julien
Thibert (AMRF), Olivier
Lamoureux et Olivier Riffard
(Anem), François Panouillé
(APVF), Audrey Duquenne
(FedEpl), Élisabeth Coquaz-
Garoudet, Florence de
Marignan (Villes de France),
Raphaëlle Frija (Cner),
Pascal Giordano, Émilie
Richer, Muriel Faucher,
Patrice Carré, Mathieu
Djourabtchi, Florian Tollet
(Orange)
Dispositif digital
Paroles d’élus est présent
sur Internet – avec son site
parolesdelus.com – et
sur les réseaux sociaux
(Facebook, Twitter…).
Digital social Media :
Muriel Faucher
Production des contenus
textes et vidéos : Isegoria
Conception et gestion
du site web : Humancom
Direction de production :
Pierre Abruzzini
Community management :
Isabelle Hache
Remerciements
Les partenaires de Paroles
d’élus remercient les élus
des collectivités territoriales,
les experts, les institutions
et les organismes qui ont
participé à ce projet original.
Nous adressons nos
remerciements à Sandrine
André pour sa collaboration
fructueuse sur le grand
angle dédié à Strasbourg
Eurométropole.
Enfin, nous remercions tout
particulièrement Bruno Janet,
qui a porté et a fait évoluer
pendant plus de dix ans avec
enthousiasme le projet Paroles
d’élus.
Aurélie Guillerey
Illustration “Économies,
la solution numérique”
P. 36
Aurélie Guillerey est née en
1975 à Besançon. Elle étudie
à l’École supérieure des arts
décoratifs de Strasbourg et
obtient son diplôme d’illustration
en 1999. Depuis, elle travaille
dans son atelier, à Rennes, pour la presse et l’édition, et
réalise des affiches de théâtre. Depuis quelques années,
elle a un peu abandonné ses pinceaux pour exécuter
ses illustrations en numérique à la palette graphique.
Elle aime s’approprier des sujets d’actualité et d’évolution
de la société en y mettant une touche de poésie.
Et quand elle n’est pas connectée derrière son ordinateur,
elle part dans sa cabane sans électricité, sur une dune
en Normandie.
Émilie Biens
Illustration “Strasbourg
Eurométropole”
P. 52
Émilie Biens est une illustratrice
et une artiste peintre membre
de la Fondation Taylor. Elle
collabore avec des musées
nationaux tels que le Muséum
national d’histoire naturelle
et le musée de la Grande Guerre. Son style graphique
original lui permet d’être sélectionnée pour le prestigieux
Salon national des beaux-arts qui se déroulera au
Carrousel du Louvre fin 2015. L’illustration de Strasbourg
présentée ici a été réalisée sur le modèle des gravures
du XIXe
 siècle, de manière artisanale entièrement à main
levée.
Hélène Builly
Illustration
“French Tech”
P. 46
Illustratrice française,
Hélène Builly remporte
à 23 ans le 1er
prix de
l’Institut du design pour
son projet de fin d’études
“Extra d’Ordinaire” sous-
titré “La véritable histoire de l’actualité”. Elle dessine
en 2003 l’affiche du Printemps de Bourges, travaille
pour Fooding et sur l’album de Laurent Garnier
The Cloud Making Machine. Elle entre ensuite chez
l’agent Costume 3 pièces et réalise ses premières
campagnes de pub (Absolut, Renault, les grands
magasins du Printemps…). Par ailleurs, Hélène dirige
la section art dans la revue du CNRS Les Cahiers
européens de l’imaginaire. Elle illustre pour nous
le dossier French Tech.
Brian W. Stevens
Illustrations
“Regards”
P. 14
Designer print et web
américain installé
en France depuis une
vingtaine d’années,
Brian a conçu des
formules de presse
magazine kiosque comme Cargo ou Optimum.
Illustrateur et compositeur de musique
électronique, il prête son talent de graphiste
à de nombreux supports de presse et d’édition.
Icinori
Illustration
“Silver économie”
P. 82
Raphael Urwiller et Mayumi
Otero sont deux jeunes
dessinateurs diplômés de
l’École supérieure des arts
décoratifs de Strasbourg. Fondateurs des Éditions
expérimentales Icinori, ils y développent leurs
univers, travaillant en duo ou de façon indépendante.
Passionnés d’estampes, nourris d’imagerie populaire
et de dessin contemporain, ils créent notamment des
illustrations pour la revue XXI, le New York Times,
Le Nouvel Observateur, Le Monde, et réalisent
indépendamment des albums jeunesse. Ils se
retrouvent aussi pour éditer leurs pop-ups en
sérigraphie…
Contributeurs
parolesdelus.com
Une émission mensuelle,
le JT, vous permet
de suivre et d’intervenir
sur les sujets liés
aux territoires numériques.
Des contenus enrichis,
instantanés et propices
aux partages sur les réseaux
sociaux, et de nouvelles
rubriques “Le Fil Actu”
et le “Trombinoscope”.
Personnalisez, éditez,
téléchargez “Mon Paroles
d’élus” en sélectionnant
les contenus pour les intégrer
à un magazine PDF, vous
imprimez votre propre Paroles
d’élus !
DRDRICINORI
DRDR
Mourad Mokrani
Photographies
des présidents
P. 10
Né en 1968 à Alger, Mourad
découvre la photographie
en 1995, à travers le sourire
des gens. Son objectif
est alors d’immortaliser
ces moments de bonheur.
Très vite, il perçoit les potentialités expressives
de la photographie et surtout la liberté de partir
à la découverte des autres, du monde et de soi-
même. Depuis vingt ans, il accompagne des grandes,
moyennes et petites entreprises dans le monde.
Aujourd’hui, il s’offre un regard 100 % numérique
avec Paroles d’élus.
MOURADMOKRANI
10 Paroles d’élus Paroles d’élus 11
partenaires
Croiser les témoignages, les réflexions et les éclairages pour décrypter la France
numérique qui émerge. C’est l’ambition que nous partageons.
Nul n’en doute désormais. Un nouvel
écosystème se met en place. Nous ne
devons pas simplement le constater, nous
devons le penser pour mieux le façonner.
La réflexion sur le rôle du numérique
dans les transitions auxquelles nous
sommes confrontés est incontournable.
Quel peut être le rôle du numérique
dans les transformations du monde ?
Sur quoi agit-il ? Que remet-il en cause ?
Le monde dans lequel nous vivons connaît
de profondes mutations, comme il en a
rarement connu : changement climatique,
épuisement des ressources naturelles,
vieillissement de l’Occident, explosion
des inégalités, courants migratoires, etc.
Sur bien des points le numérique n’apporte
pas de réponse ; en revanche – et c’est
ce que nous montrent bien les intervenants
réunis ici –, il suscite l’innovation et
l’émergence de pratiques qui, en se diffusant
et s’agrégeant, finissent par substituer
leurs mécanismes aux anciens : effets
de réseaux, économie collaborative,
nouvelles conceptions du travail, etc.
En bref, une mutation radicale de nos
cadres de référence.
Nous sommes tous, associations
d’élus comme opérateur, à l’orée de
transformations fondamentales. La France
doit profiter de la puissance du numérique,
à l’instar de la French Tech, qui sera
un outil des changements nécessaires.
Un numérique porteur d’espoir pour
des innovations sur tous les territoires,
un numérique capable d’ouvrir la culture
au plus grand nombre, de renouveler la
démocratie, porteur de nouvelles pratiques
de solidarité ; un numérique moteur d’une
véritable transition énergétique et écologique.
Un numérique ouvrant le champ des
possibles pour les collectivités territoriales
malgré des moyens en baisse. Un numérique
porteur de progrès pour notre “vivre
ensemble”, par exemple en luttant contre
l’isolement des personnes âgées. C’est
une nouvelle configuration de l’espace public
qui se profile. Gageons que ces “Paroles
d’élus” renouvelées nous aideront à mieux
le comprendre et le faire vivre.
Laurent Wauquiez
Président
de l’Association
nationale des
élus de la montagne
(Anem)
Olivier Dussopt
Président
de l’Association
des Petites Villes
de France (APVF)
Charles-Éric Lemaignen
Président
de l’Assemblée
des Communautés
de France (AdCF)
Jean-Luc Moudenc
Président
de l’Association
des maires de
Grandes Villes
de France (AMGVF)
Caroline Cayeux
Présidente
de Villes de France
Jacques Chiron
Président de la
Fédération des
Entreprises publiques
locales (FedEpl)
FRENCH TECH P. 46 MUSÉES P. 72 LASCAUX 4 P. 64 ENTRETIEN P. 32E-RÉPUTATION P. 88
Vanik Berberian
Président
de l’Association
des maires ruraux
de France (AMRF)
ENTRETIEN P. 68
François Baroin
Président de l’Association
des maires de France
et des présidents
d’intercommunalité (AMF)
ENTRETIEN P. 42
Dominique Bussereau
Président
de l’Assemblée
des Départements
de France (ADF)
ENTRETIEN P. 94
Stéphane Richard
Président-directeur
général d’Orange
REGARDS P. 20ENTRETIEN P. 54
Frédéric Cuvillier
Président de la
Fédération des agences
de développement
économique (Cner)
SILVER ÉCONOMIE P. 82
MOURADMOKRANI,IANLANGSDON/EPA/CORBIS,STÉPHANEDESAKUTIN/AFP,XAVIERROSSI/GETTYIMAGES
12 Paroles d’élus Paroles d’élus 13
ujourd’hui, nous ne
sommes pas dans une crise
mondiale, mais dans une
véritable mutation du monde.
C’est une mutation profonde,
dans la mesure où elle va
aboutir à un changement
des comportements et des
approches. C’est une forme
de révolution, car nous sommes
face à une rupture entre nos
pratiques anciennes et celles
à venir en entrant dans le
cyberespace.
Alain Juillet préside le Club des directeurs de sécurité des entreprises (CDSE)
et l’Académie de l’intelligence économique. Conseiller senior au cabinet d’avocats international
Orrick Rambaud Martel, il a été directeur du renseignement au sein de la DGSE,
puis haut responsable pour l’intelligence économique auprès du Premier ministre.
Le cyberexpert
A
Alain
Juillet
Regards
DR
14 Paroles d’élus Paroles d’élus 15
Nous sommes bel et bien entrés
dans une mutation profonde. Les
nouveaux modes de vie font que les
gens sont isolés. Ils vivent seuls, tra-
vaillent de plus en plus seuls, et la
plupart du temps devant leur ordi-
nateur. Or, l’être humain a besoin
d’échanger.
À travers le numérique a émergé
une nouvelle formule d’échanges : les
réseaux sociaux. Le problème derrière
ces réseaux, c’est l’utilisation de nos
données personnelles à des fins com-
merciales. Cela rapporte de l’argent.
On vous analyse, on stocke vos don-
nées, on utilise votre réseau pour faire
passer des idées… ou provoquer des
achats. Au-delà des déclarations, c’est
une opération commerciale.
Il ne faut pas oublier que Google et
leurs homologues sont des commer-
çants, ni plus ni moins. Nous vivons
dans un système où ces grands
acteurs (Amazon, Apple, Google…)
ont parfaitement compris comment
gagner de l’argent et n’ont vraiment
aucun scrupule. Il faut donc arrêter
de croire que ce sont les bienfaiteurs
de l’humanité. Ils exploitent nos failles
personnelles en disposant d’infor-
mations que nous n’aurions jamais
fournies nous-mêmes directement et
qu’on leur laisse diffuser. Dans ce but, ils ont progressivement
amélioré leur système. L’une de leurs plus belles inventions,
c’est le fameux cloud.
Parce que le cloud, c’est quoi ? Théoriquement, cela
concerne toutes les informations hébergées sur votre ordi-
nateur, votre mobile ou vos autres supports informatiques. Si
vous n’y faites pas attention ou que vous donnez votre accord,
ces données migreront vers un lieu “virtuel” où elles seront
stockées sans que vous ayez aucun moyen de contrôle et sans
que vous puissiez savoir qui accédera à vos données. Et c’est
bien le but de l’opération.
Pour les collectivités, comme pour les individus et les entre-
prises, il faut être réaliste : le cloud indéfini permet à tous ceux
qui en ont la clé d’exploiter des informations à leur profit.
Donc, attention de ne pas mettre dans ce cloud des données
sensibles.
En fait, il existe trois niveaux de cloud. D’abord, le cloud
indéfini, où l’on peut mettre ce qui n’a aucune importance,
mais en sachant que tout pourra être exploité. Ensuite, le
cloud ­national – ou européen – qui
garantit au moins que les données ne
sortiront pas du territoire. Cela peut
paraître difficile car, par essence, le
monde digital n’a pas de frontières.
Et pourtant, c’est possible. On peut
tout de même arriver à sécuriser.
Pourquoi un cloud national ? Car
il se doit de respecter les lois de
la République. Alors que le cloud
stocké en Irlande, aux États-Unis
ou au “Balouchistan”, tout le monde
s’en moque. Sur ces clouds interna-
tionaux, on ne peut rien contrôler et
nos lois ne s’appliquent pas. Si, en
revanche, il s’agit d’un cloud national,
la loi française peut interdire tel ou
tel agissement. En cas d’informations
à protéger, il est donc préférable
d’opter pour ce niveau-là.
Et puis, il y a la troisième option,
celle qui concerne ce qui est vrai-
ment le cœur de l’entreprise : les
recettes, le fichier client, la structure
financière, un brevet, etc. Des don-
nées dont dépend l’avenir de l’entre-
prise. Il est évident qu’il faut éviter
le cloud national ou pire, le cloud
international, et le garder chez soi,
dans un serveur fermé, verrouillé,
qui n’est pas connecté à l’extérieur.
Toutes les entreprises devraient appli-
quer cette règle impérative. J’ai tendance penser que tout État
ou collectivité devrait la pratiquer aussi. Parce qu’il faut se
poser les vraies questions : par exemple, est-ce que les données
concernant mes concitoyens doivent circuler n’importe où ?
Est-ce que, par exemple, mes déclarations de revenus doivent
être stockées en France et y rester quoi qu’il arrive ? Qui doit
y avoir accès en dehors du personnel des impôts ?
En imaginant même qu’en France nous ayons résolu notre
problème, si la Belgique, l’Allemagne ou l’Angleterre ne l’ont
pas fait, nous allons, d’une part, vers un problème politique
(pourquoi un pays est-il “libre” et pas l’autre ?) et, d’autre
part, vers un risque de fuites. Il faut un consensus européen
pour des clouds nationaux, mais rien n’empêche de concevoir
un cloud européen s’appuyant sur un pool de pays qui fasse
respecter un minimum de règles.
Cybersécurité et collectivités. On parle toujours des
attaques contre les entreprises, et c’est vrai qu’elles sont fré-
quentes ces temps-ci. On parle également des attaques contre
les États, les services publics, mais personne ne parle des
attaques contre les collectivités. Or leurs fichiers ont de la
valeur, quand ils précisent par exemple le niveau de vie ou les
centres d’intérêt des habitants. Aujourd’hui, dans les entre-
prises il existe des services qui fournissent une protection
importante. Au sein des ministères,
avec l’ANSI notamment, les services
de l’État ont pris les choses en main.
Les collectivités, elles, ne sont pas
armées et, faute de moyens, sont
victimes sans même le savoir.
Rappelons-nous l’affaire du film sur la
Corée du Nord en rapport avec Sony.
Il est dit qu’ils ont bloqué le film… Ce
qui m’interpelle le plus, c’est qu’une
grande ville de Corée du Nord ait été
plongée dans le noir durant environ
une douzaine d’heures. Cela veut
dire que des gens ayant une certaine
capacité technique ont carrément
neutralisé une ville entière durant
une journée.
On parle de piratage, de vols, mais
il est aussi des attaques qui peuvent
tout paralyser. J’aime prendre
l’exemple du GPS. Il suffirait de déca-
ler sa précision de quelques mètres
pour que, en quelques minutes, Paris
et sa banlieue se transforment en un
gigantesque chaos. C’est aussi simple
que cela. Des milliers de conducteurs
voudront tourner là et ne le pourront
pas. Quelques hackers sont capables
de ce type de cyberattaque, tout comme certains États.
Le citoyen lambda est exposé à titre personnel, car il
constate bien les attaques qu’il subit sur son propre ordi-
nateur, chez lui. Qu’il s’agisse d’usurpation d’identité, de
demande de paiement, les techniques sont connues.
Nous évoluons au cœur d’un système formidable qui va per-
mettre de gagner en efficacité, mais aussi de plus en plus
risqué. D’un côté, c’est un énorme progrès qui va nous faire
gagner du temps, de l’efficacité, de la précision, donc c’est
formidable et on évite des erreurs. Bravo ! Mais de l’autre, la
même amélioration peut nous amener à la catastrophe, car
nous ne sommes pas prêts.
Prenons l’exemple de l’automobile : les constructeurs ont
aujourd’hui accès en moyenne à une cinquantaine d’infor-
mations (usure des pneus, état du moteur…) via les objets
connectés. L’étape suivante, dans la voiture, risque d’être :
“Vous conduisez trop vite” ; “Pour réduire votre consom-
mation d’essence, il faut baisser votre vitesse…” ; “Pourquoi
avez-vous fait cela ? Vous ne devriez pas...”. Bref, un passage
au conducteur complètement conditionné avant de basculer
vers le sans pilote. Cela pose de vrais problèmes, parce que
d’autres acteurs – votre assureur par exemple – vont avoir
accès à l’­information. Les compagnies vont pouvoir augmenter
votre police selon que vous condui-
sez plus ou moins bien. Où est la
liberté là-dedans ?
Le fond du problème, c’est que nous
sommes en train de vivre volontai-
rement une aliénation de plus en
plus importante de nos libertés. Les
politiques commencent à en prendre
conscience et à se poser les bonnes
questions. Le sujet n’est pas de dire
“c’est bien” ou “c’est mal”. La question
c’est de se dire : “On est pris dans
une lame de fond, on ne peut pas s’y
opposer, alors essayons de voir ce
qui est acceptable et ce qui ne l’est
pas. Battons-nous pour empêcher
l’inacceptable.” C’est le rôle du poli-
tique et s’il ne comprend pas cette
évolution, il va être dépassé.
Le web et les réseaux sociaux
sont devenus un espace public
d’échanges. Les gens se surex-
posent de plus en plus. Or rien ne
leur garantit que les informations
qu’ils livrent aujourd’hui ne ressor-
tiront pas opportunément dans dix
ans. On nous rétorque le “droit à l’ou-
bli”. Mais c’est de la foutaise, le droit à l’oubli ! En supposant
qu’on parvienne à instaurer le droit à l’oubli en France, il ne
s’appliquera pas hors de nos frontières. Et le web ne connaît
pas de frontières. Il suffira de stocker tous les échanges dans
un autre pays pour qu’il n’y ait pas de réel droit à l’oubli.
Le droit à l’oubli, c’est un leurre, un écran de fumée. En réalité,
les organisations criminelles stockent déjà des informations
dont elles pourront se servir pour faire pression, exercer un
chantage, etc. Certains pays stockent les informations qui leur
permettent de surveiller ce que vous faites, et il n’existe pas
de droit à l’oubli chez eux. Quand les internautes se mettent à
nu sur Facebook, ils ne se rendent pas compte que c’est pour
la vie entière ou qu’ils facilitent la vie des criminels. Récem-
ment, des cambriolages ont pu être réussis par des voyous
qui, circulant sur les réseaux sociaux, ont été informés du bon
moment pour commettre leur acte et des objets intéressants
à voler. Il est temps de sensibiliser les citoyens par un vrai
apprentissage pour leur faire comprendre qu’il y a un certain
nombre de choses qu’on ne peut ou ne doit pas faire quand
on utilise ces nouveaux outils.
La fracture
numérique,
enjeu mondial…
Il y a quelques années,
le président Chirac parlait
de la “fracture sociale”.
Ça n’avait pourtant rien
à voir avec ce que va être
la “fracture numérique”.
Ce sera un problème
essentiel dans les cinquante
prochaines années au niveau
des pays, des villes,
des individus. Fracture entre
ceux qui ont accès
à la connaissance et ceux
qui ne l’ont pas.
C’est
Dr
Jekyll
et Mr
Hyde !
La mutation que
nous sommes en train
de vivre a des avantages
considérables, mais
aussi un inconvénient majeur :
nous sommes en train
de vivre volontairement
une aliénation de plus
en plus importante de nos
libertés. Serons-nous capables
de dire “stop”, de discerner
ce qui est acceptable
et ce qui ne l’est pas ?
BRIANW.STEVENS
16 Paroles d’élus Paroles d’élus 17
Daniel
Kaplan Le prospectiviste
DANIEL KAPLAN est cofondateur et délégué général de la Fondation pour l’Internet nouvelle
génération (FING), il est aussi membre du Conseil national du numérique.
En 1986, il a fondé JKLM, l’une des premières agences de communication numérique au monde.
Il a également écrit ou dirigé plus de 25 ouvrages et rapports sur le thème de l’Internet.
Q u’est-ce que le
numérique transforme ? On
pourrait être tenté de répondre
“Demandons-nous d’abord
ce qu’il ne transforme pas,
ça ira plus vite !” Mais on ne
s’en tirera pas à si bon compte.
Parce que le constat change
du tout au tout selon l’échelle
à laquelle on se situe, ou
l’acteur que l’on considère.
Regards
DR
18 Paroles d’élus Paroles d’élus 19
de notre système productif au sens
large : réduire les intrants à production
constante ; réduire les déchets ; réduire
la demande (en contrôlant en particu-
lier les “effets rebond”, l’augmentation
de consommation que génèrent très
souvent les gains de productivité).
Cette perspective dessine un agenda
quelque peu différent du développe-
ment du numérique, en particulier dans
les territoires.
La transformation écologique de
notre économie passera d’abord
par la mesure : mesure des pollu-
tions, d’autant plus précise et mobi-
lisatrice que les citoyens pourront
y participer, par exemple à l’aide de
leurs objets connectés ; traçabilité des
intrants, des matières, des déchets,
des objets tout au long de leur cycle,
le tout d’une manière aussi partagée
que possible pour obtenir la connec-
tivité sans laquelle les différentes
facettes de “l’économie circulaire” se
montrent moins efficaces ; et mesure
de la valeur, qui doit se déprendre de
la seule valeur marchande, internali-
ser les fameuses “externalités” sociales
et environnementales, s’intéresser aux
“communs” et à leur gestion.
À l’aise avec les chiffres, le numé-
rique l’est aussi pour mettre en
relation, coordonner, agréger des
individus, des groupes, des informa-
tions et des données, des actions et des
projets. Si la démocratie participative,
numérique ou non, déçoit souvent (pas
toujours), le potentiel d’une démocra-
tie “contributive” paraît immense : les
citoyens n’y concourent pas seulement à former une décision
commune, mais directement à concevoir un dispositif, à gérer
une ressource commune, à produire un “service” d’intérêt col-
lectif. La multiplication des espaces partagés dans les territoires
(du coworking aux maisons de services), les nouveaux réseaux
d’aidants, les pratiques collaboratives de déplacement (covoitu-
rage) mais aussi de partage d’équipements, d’échange de ser-
vices… en sont de parfaits exemples. Le numérique les aide à
émerger, à fonctionner dans la durée avec des individus mobi-
lisés de manière intermittente. Il
joue également un rôle majeur pour
interconnecter les réseaux, horizon-
talement (réseaux de covoiturage,
par exemple) ou verticalement (le
covoiturage local avec les grandes
infrastructures urbaines, parkings et
transports publics). Autre exemple
fameux (quoiqu’il soit encore un peu
théorique), “l’Internet de l’énergie”
de Jeremy Rifkin, qui retourne le
fonctionnement des infrastructures
électriques. À grande échelle, “l’éco-
nomie contributive” sera numérique
ou ne sera pas.
D’autres pistes pourront égale-
ment être explorées. Après avoir
trop cru aux effets écologiques de
la “dématérialisation”, avons-nous
trop facilement abandonné cette
piste ? Jusqu’où pourrait-on aller
dans la substitution de services
aux produits, d’actions locales à
des déplacements, dans le partage
d’infrastructures qui pourraient
inclure jusqu’à nos pièces de récep-
tion ou chambres d’amis ? Comment
faudra-t-il alors reconcevoir des
objets, espaces, véhicules ou équi-
pements prévus dès l’origine pour
être partagés ?
Les territoires sont au cœur de ces
reconfigurations. À l’inverse de
l’image parfois justifiée que l’on a
du numérique, celles-ci visent à
créer plus de liens entre les gens
et non moins, plus de diversité et
non d’homogénéité sous l’égide de
grandes enseignes mondiales. Et
aussi plus de résilience face aux
difficultés qui s’annoncent : or la connectivité, la diversité et
la confiance (en soi et en l’autre) sont les clés de la résilience.
En reconnectant les transitions numérique et écologique, nous
ne faisons pas que dessiner un chemin possible pour la trans-
formation écologique : nous redonnons également un sens à la
révolution numérique.
… et le numérique
ne change rien
aux embouteillages
en périphérie des villes,
au rythme du réchauffement
climatique, à l’expérience
vécue par 90 % des élèves
dans leurs classes,
à la culture de nos élites, à la
concentration des richesses,
à la concentration des grands
médias, au mal-être urbain,
au mal-être paysan, etc. Notre
monde très numérique n’est
à l’évidence ni plus sûr, ni plus
juste, ni plus vert que le monde
“prénumérique”.
Dans l’édition 2013 de “Ques-
tions numériques”, le cycle de
prospective de la FING dont l’angle
était celui des promesses, nous
constations cette “disjonction entre,
d’un côté, le développement rapide et
massif d’outils, de services et de pra-
tiques numériques et, de l’autre, des
effets systémiques faibles, voire nuls,
voire carrément paradoxaux. Le numé-
rique a libéré notre temps de multiples
contraintes ; or nous nous sentons tou-
jours plus pris par le temps. La dématé-
rialisation a considérablement progressé
dans nos vies quotidiennes comme dans
les organisations, sans vraiment simpli-
fier nos vies ni la gestion des entreprises,
sans réduire non plus la consommation
de papier. (…) En ligne, nous devenons
tous auteurs, innovateurs, producteurs,
nous savons y produire de l’intelligence
collective à des échelles sans précé-
dent ; pourtant nous nous montrons
toujours aussi incapables de répondre
aux grands défis collectifs, toujours plus
inquiets face à l’avenir…”
À elle seule, la technologie, même
superbe, même massivement
appropriée, ne suffit pas à résoudre
des problèmes dont les racines
puisent loin dans l’histoire ainsi
que dans l’organisation politique et
économique de nos sociétés – orga-
nisation dont découlent d’ailleurs
nos technologies. Si nous visons
un changement systémique, alors
il faut décrire ce changement et y
appliquer une volonté forte, tenace,
largement partagée, tout en accep-
tant la confrontation.
Nous devons décrire une transition, c’est-à-dire, pour un
système complexe (une planète, une ville, un secteur écono-
mique…), le passage d’un état de départ devenu instable à un
état futur soutenable, raisonnablement stable et adapté aux
conditions du moment.
Cela est d’autant plus crucial que nous voyons s’approcher la
nécessité d’une transition écologique et que, plus nous atten-
dons, plus l’espace de nos choix se restreint. Nous devons
concilier deux ensembles de contraintes à la fois fortes et
contradictoires : rester ou revenir en
deçà des neuf “barrières planétaires”
au-delà desquelles le comportement
de notre écosystème planétaire
devient imprévisible et vraisembla-
blement dangereux, tout en attei-
gnant ou dépassant les “objectifs du
millénaire” de l’ONU, à commencer
par le premier : “éliminer l’extrême
pauvreté et la faim”.
Aucune de ces deux séries d’objec-
tifs n’est optionnelle et chacune
conditionne l’autre. Ça tombe bien,
avons-nous longtemps voulu croire :
en dématérialisant tout ce qui peut
l’être, en déplaçant des informations
plutôt que des atomes, en ratio-
nalisant nos grands systèmes, le
numérique obtiendra l’un et l’autre
et produira une économie naturel-
lement prospère et “verte” à la fois,
parce qu’immatérielle.
Nous savons aujourd’hui que ça ne
fonctionne pas ou, du moins, pas
tout seul, sans intention. Et pourtant,
il demeure quelque chose de fort
dans cette idée. En effet, la transi-
tion écologique est notre horizon,
notre objectif, mais trente ans de
déceptions nous obligent à admettre
qu’elle sait mieux décrire son but
que son chemin. À l’inverse, la tran-
sition numérique est notre quotidien,
notre levier, mais c’est une force sans
objectif qui transforme tout ce qu’elle
touche, sans trop savoir en quoi.
L’une a le but, l’autre le chemin :
chacune des deux transitions a
besoin de l’autre ! Et pourtant leurs
acteurs communiquent trop peu et
trop mal. Il est aujourd’hui temps de mettre explicitement la
force des transformations numériques au service de la transi-
tion écologique. C’est la tâche à laquelle s’attelle le programme
Transitions2
, qui regroupe un nombre croissant d’associations,
de réseaux, de territoires(1)
, etc.
Un modèle (exagérément) simple illustre le lien entre ce
que nous pouvons appeler “les sept leviers numériques des
transitions” (optimal, smart, soft, open, agile, disruptif, distri-
bué)(2)
et les trois grands leviers d’une transition écologique
Le numérique
change tout…
nos journées de travail,
nos mobilités, nos pratiques
médiatiques et culturelles,
nos relations sociales ;
l’organisation de nos
entreprises, les marchés
et les chaînes de valeur,
les cycles économiques
et d’innovation ;
des secteurs entiers tels
que les “industries culturelles”,
les médias, le voyage
et le tourisme, la finance ;
les rythmes sociaux,
les formes de décision,
les barrières entre privé
et public, entre consommateur
et professionnel, etc.
(1) transitions2.net
(2) Questions Numériques, édition 2015 : fing.org/?-Questions-Numeriques-
Une approche
socioéconomique
de la transition écologique
Source : Oxfam/Kate Raworth
Couche environnementale
Changement
Transf
orm
ations
del’occu
pation du sol
Pertede
biodiversité
Diminutionde
lacouched’ozone
Pollutionauxaérosols
atmosphériques
Pollution
chimique
Acidification
desocéans
Cycled’azote
etdephosphore
Utilisatio
n
de l’eau
do
uce
climatique
Alimentation
Eau
Énergie Emploi
Expression
Résilience
Revenus
ÉducationSanté
Égalité
des sexes
Égalité
sociale
Plafonds environnementaux
Fondations sociales
BRIANW.STEVENS
20 Paroles d’élus Paroles d’élus 21
ux côtés des élus
et des citoyens,
notre Groupe s’investit,
en partenariat avec
les acteurs du secteur,
pour un espace
public plus simple,
plus convivial et
plus agréable à vivre.
Stéphane Richard préside depuis 2011 le groupe Orange, l’un des principaux
opérateurs mondiaux de télécommunications (157 000 salariés). Présent dans 28 pays,
Orange sert 263 millions de clients dans le monde.
Stéphane
Richard
Regards
FRANÇOISMARÉCHALPOURORANGE
Le chef d’entreprise
A
22 Paroles d’élus Paroles d’élus 23
Parce qu’elle a changé nos com-
portements, désorganisé les hié-
rarchies, enrichi nos imaginaires,
la révolution numérique bouleverse
notre rapport et notre ouverture au
monde. Bien sûr, elle a aussi fait
naître de nouvelles attentes, comme
un besoin prégnant de connectivité
dans les différents domaines de la
vie quotidienne.
Cette révolution transforme aussi les
territoires en gommant les distances,
en soutenant leur développement
économique ou encore en favorisant
de nouvelles solidarités citoyennes.
Comme nous la vivons chacun à notre manière, nous atten-
dons que les offres et services soient aussi flexibles et adaptés
à nos besoins que possible. L’enjeu n’est alors plus seulement
de proposer un réseau performant, mais bien d’offrir des ser-
vices prenant en compte la réalité de la vie numérique de
chacun.
Le numérique est appelé à jouer un rôle essentiel pour les
collectivités locales et leurs administrés. Nous y développons
des solutions susceptibles d’apporter une réelle contribution
à l’amélioration des services publics : valorisation du patri-
moine culturel et géographique d’une commune ou d’un site
remarquable, optimisation de la gestion des ressources de la
collectivité, amélioration du service rendu et de l’information
aux administrés, etc. Les exemples ne manquent pas et Paroles
d’élus en a été, depuis dix ans, le témoin et le promoteur engagé.
Notre mission est forte, claire et
assumée : le rôle d’Orange est d’être
“toujours là” pour connecter chacun
à ce qui lui est essentiel. C’est la pre-
mière attente de nos clients comme
celle des collectivités.
Cela passe d’abord par un accès à
des infrastructures de premier plan.
Nous sommes déjà leader dans le
déploiement du Fiber to the Home
(FttH). Nous comptons poursuivre
cette démarche volontariste. C’est
pourquoi nous investirons en France
plus de 3 milliards d’euros dans le
déploiement du FttH entre 2015 et
2018. Ces investissements sont créateurs de valeur et d’em-
plois pour les années à venir. En France, la multiplication par
trois de nos investissements dans la fibre d’ici à 2020 doit
nous permettre d’atteindre 12 millions de logements raccor-
dables en 2018 et 20 millions en 2022.
Orange déploie aussi d’autres solutions technologiques
pour apporter le très haut débit à l’ensemble du territoire,
avec la montée en débit du réseau cuivre (fibre jusqu’au vil-
lage, le satellite ou encore la 4G). Nous modernisons notre
réseau afin d’assurer la montée en débit pour nos clients
DSL , en complément du programme de déploiement du FttH.
Cela est possible grâce à une modernisation du réseau cuivre
pour les territoires qui ne pourront pas bénéficier du FttH à
court ou moyen terme. Nous continuerons dans les années
à venir à ouvrir plusieurs milliers de
nouveaux NRA à cette technologie,
permettant ainsi, en complémentarité
de la fibre optique, un maillage effi-
cace du territoire pour offrir au plus
grand nombre de foyers français un
accès au très haut débit.
Nous sommes également très pré-
sents dans les territoires ruraux où
nous ne négligeons pas le réseau
cuivre ! L’investissement par ligne
fixe y est deux fois plus important
qu’en zone urbaine. Le réseau cuivre
d’Orange représente 1 million de
kilomètres d’artères, 15 millions
de poteaux, 16 000 nœuds de raccordement, répartis sur
l’ensemble du territoire français, dont 60 % en zone rurale.
Orange investit 500 millions d’euros chaque année pour
entretenir le réseau cuivre.
Depuis 2003, nous avons procédé à l’équipement de plus de
10 000 NRA en VDSL2, permettant d’augmenter très signifi-
cativement les débits de près de 30 % des lignes.
En parallèle, nos investissements dans le réseau mobile nous
permettent d’accompagner l’ensemble de nos clients dans leur
vie quotidienne, y compris pendant les trajets et dans les
transports, mais aussi à l’intérieur des bâtiments. Dans les
grandes agglomérations, nous lançons ainsi le projet “Ma ville
sans coupure”, visant à la disparition des coupures d’appels.
Afin d’augmenter encore la couverture mobile sur l’ensemble
du territoire national, Orange a été le
moteur dans la conception du plan
de couverture des zones blanches
mobile, en partenariat avec le Gou-
vernement et les collectivités.
En plus de cette connectivité
enrichie que nous offrons à nos
clients, Orange démocratise les nou-
velles technologies auprès du plus
grand nombre. Comme avec le “Big
Data”, pour lequel nous développons
déjà des plateformes sécurisées qui
utilisent ces données ouvertes pour
proposer de nombreux services inno-
vants (comme Flux Vision utilisé par des collectivités pour
modéliser les flux de visiteurs et adapter leurs capacités
d’accueil de ces visiteurs et touristes).
Orange a l’ambition de faire vivre à chacun une expérience
incomparable au quotidien en concevant les services numé-
riques qui lui permettent de profiter, en toute confiance, de
ce qui lui est essentiel.
Aux côtés des élus et des citoyens, notre Groupe s’investit,
en partenariat avec les acteurs du secteur, pour un espace
public plus simple, plus convivial et plus agréable à vivre.
Nous avons la volonté d’être leur partenaire de confiance sur
le numérique et ainsi leur permettre d’anticiper les attentes
de nos concitoyens et y apporter une réponse simple et
personnalisée.
Notre mission
est forte, claire
et assumée :
le rôle d’Orange est
d’être “toujours là”
pour connecter
chacun à ce qui lui
est essentiel. C’est
la première attente
de nos clients comme
celle des collectivités.
Cette révolution
transforme
les territoires
en gommant
les distances,
en soutenant leur
développement
économique
ou encore en favorisant
de nouvelles
solidarités citoyennes.
BRIANW.STEVENS
24 Paroles d’élus Paroles d’élus 25
Retrouvez l’intégralité
de l’entretien en vidéo
sur Culture Mobile :
culturemobile.net
Le numérique suscite de vrais échanges entre générations.
La question numérique a été la source de quelque chose d’ex-
traordinaire, que l’on n’avait jamais connu auparavant à ce
niveau-là : la réciprocité de l’enseignement. Auparavant, l’an-
cien détenait la connaissance : au meilleur des cas, par exemple
en tant que compagnon du devoir, il transmettait son savoir
aux plus jeunes, et l’échange s’arrêtait là. Mais aujourd’hui (…),
on commence à comprendre tous les bénéfices de la réci-
procité des savoirs. Au sein des entreprises, les plus âgés
ont conscience de tout ce que les plus jeunes peuvent leur
apporter en termes d’usages des technologies numériques, de
l’Internet, de la data mobile ou des réseaux sociaux. Accepter
cette réalité, et permettre aux jeunes de transmettre ce savoir
opérationnel à leurs aînés, apporte beaucoup. Ces jeunes se
sentent valorisés. Ils gagnent en légitimité au sein de l’orga-
nisation. Et, du même coup, ils acceptent d’autant mieux et
sont d’autant plus demandeurs d’un accompagnement des
plus anciens. Ils admettent plus facilement leurs manques en
termes de compétences, et ils les acquièrent également plus
aisément. Bien plus forte qu’il y a quarante ou même vingt ans,
cette réciprocité des enseignements installe de la fluidité dans
les relations. Chacun ayant gagné en légitimité aux yeux de
ses pairs, elle permet à tous de mieux respecter l’autre, qu’ils
soient d’un âge ou même d’une culture, d’un milieu social dif-
férents. PAR SERGE GUÉRIN Sociologue
GÉNÉRATIONS
Serge Guérin (53 ans) est un sociologue spécialiste des questions
liées au vieillissement. Titulaire d’un doctorat et d’une habilitation
à diriger des recherches en communication, il est professeur
à l’Inseec Paris, où il dirige la chaire “Entrepreneurship
 Social Business” et enseigne dans le cadre du master Politiques
gérontologiques de Sciences Po. Personnalité éclectique, il s’attelle
avant tout à améliorer l’image des personnes âgées dans la société.
Il cherche en outre à revaloriser les métiers de l’accompagnement
et du lien social, notamment auprès des seniors. Il s’intéresse
également à l’éducation aux médias et réfléchit à des techniques
d’initiation des jeunes aux journaux papier. Spécialiste des
nouvelles techniques de marketing, il étudie le comportement
des consommateurs. Serge Guérin a notamment publié Silver
Génération - 10 idées reçues à combattre à propos des seniors
(Michalon, 2015) et a participé à l’écriture de Regards sur un
XXIe
 siècle en mouvement (Ellipses Marketing, 2012).
Regards
BRIANW.STEVENS
26 Paroles d’élus Paroles d’élus 27
La réalité de l’automatisation, donc du numérique, c’est la des-
truction de l’emploi. Cela se présente comme une très mau-
vaise nouvelle, mais vu sous un autre angle, c’est au contraire
une très bonne nouvelle – car la fin de l’emploi, c’est le début
du travail. Le numérique entre littéralement partout, des cages
thoraciques, via des organes artificiels, aux supermarchés ou
aux pièces détachées dans les usines, avec des puces RFID
pour que les robots les trouvent plus facilement et produisent
encore plus vite, encore mieux, sans avoir besoin de personne.
Le numérique envahit tout, car il a une vertu, si j’ose dire,
qui peut se transformer en gros défaut si l’on n’en comprend
pas le sens : le numérique a une capacité extraordinaire de
restitution, de connexion, et donc d’intégration de tous les
automatismes. Je parle là des automatismes industriels, tech-
nologiques, mais aussi comportementaux, biologiques, psy-
chologiques et sociologiques. (…) Or l’emploi, à l’instar du
taylorisme et du travail à la chaîne, a ceci de spécifique qu’il ne
suppose la reproduction par les femmes et les hommes que
d’automatismes sans la moindre “désautomatisation”. C’est
en ce sens qu’il s’avère être le contraire du travail. Savoir faire
un travail, c’est essentiellement avoir acquis des automatismes
que l’on a tellement intériorisés, dont on est maître au point de
pouvoir les “désautomatiser”. PAR BERNARD STIEGLER Philosophe
EMPLOI
Retrouvez l’intégralité
de l’entretien en vidéo
sur Culture Mobile :
culturemobile.net
Regards
Bernard Stiegler, docteur de l’École des hautes études en
sciences sociales, est président de l’association Ars Industrialis,
directeur de l’Institut de recherche et d’innovation du Centre
Georges-Pompidou, professeur à l’université de Londres
(Goldsmiths College), professeur associé à l’université de
technologie de Compiègne, et enseigne à l’École polytechnique
de Zurich. Il a été directeur de programme au Collège international
de philosophie, directeur général adjoint de l’Institut national
de l’audiovisuel en 1996, directeur de l’Ircam en 2001 et directeur
du département du Développement culturel du Centre Georges-
Pompidou en 2006. Ses dernières publications : La Société
automatique. 1. L’Avenir du travail (Fayard, 2015) et L’Emploi est mort,
vive le travail ! avec Ariel Kyrou (Fayard/Mille et Une Nuits, 2015).
BRIANW.STEVENS
28 Paroles d’élus Paroles d’élus 29
Dès le réveilPIBE-commerce
4G
Les Français ont dépensé
57 milliards d’euros
sur Internet en 2014
Équipement
Réseaux sociaux Génération Y
Source: Fevad – Observatoire du numérique
Les foyers français
sont équipés
de 6,4 écrans
en moyenne
Source: Médiamétrie / lecollectif.orange.fr (janvier 2015)
4 Français sur 10
consultent leur mobile
dans la demi-heure
qui suit leur réveil
Source: étude sur les usages mobiles 2014 – Deloitte
1 Français sur 2
a une page Facebook
1 milliard de personnes
connectés à Facebook
en une seule journée:
le 27 août 2015
50 %
nos façons
de nous
déplacer
Source : données Facebook (01/09/2015) et Twitter (septembre 2015)
5,5 %, c’est le poids que
représente le numérique
dans le produit intérieur
brut de la France
Sources: étude McKinsey (septembre 2014) + “9 chiffres qui vont
vous étonner sur la France et le #numérique” sur gouvernement.fr
Source: Orange
Source: Orange au 30/06/15 Source: Orange au 30/06/15
Source: Orange
Parmi les étudiants, 61 %
pensent que le numérique
va bouleverser nos
manières de travailler
44,3 % des logements, entreprises et services
publics sur le territoire français sont couverts
en très haut débit au 30 juin 2015
(objectif 100 % en 2022, plan France Très Haut Débit)
Source: France Très Haut Débit au 30/06/15, en croissance de 10 points
depuis décembre 2013
4,6 millions de logements déjà
raccordables au 22 octobre 2015
(objectif: 20 millions en 2022)Orange investira, entre 2015 et 2018,
3 milliards d’euros pour le déploiement
de la fibre optique sur le territoire national
La 4G est présente
dans plus de
200 stations balnéaires
et 55 stations de ski
Numéro 1 pour la qualité de ses services mobiles*.
En France, Orange couvre 99 % de la population
en 3G et 76,5 % en 4G. La 4G+ est disponible dans
17 grandes villes.
* Pour la 5e
année de suite: enquête Arcep sur la qualité des réseaux mobiles
du 30/07/2015
48 % nos modes
de consommation
Source: enquête “Ville  Numérique” réalisée en ligne
auprès de 1000 étudiants français par la chaire Immobilier
et Développement durable de l’Essec. 10/09/2015
L’âge moyen
du Twitto est
de 22 ans
33 %
habitent
en région
parisienne
2,3 millions d’utilisateurs actifs
mensuels sur Twitter en France
Très haut débit
Dès le réveilPIBE-commerce
4G
Les Français ont dépensé
57 milliards d’euros
sur Internet en 2014
Équipement
Réseaux sociaux Génération Y
Source: Fevad – Observatoire du numérique
Les foyers français
sont équipés
de 6,4 écrans
en moyenne
Source: Médiamétrie / lecollectif.orange.fr (janvier 2015)
4 Français sur 10
consultent leur mobile
dans la demi-heure
qui suit leur réveil
Source: étude sur les usages mobiles 2014 – Deloitte
1 Français sur 2
a une page Facebook
1 milliard de personnes
connectés à Facebook
en une seule journée:
le 27 août 2015
50 %
nos façons
de nous
déplacer
Source : données Facebook (01/09/2015) et Twitter (septembre 2015)
5,5 %, c’est le poids que
représente le numérique
dans le produit intérieur
brut de la France
Sources: étude McKinsey (septembre 2014) + “9 chiffres qui vont
vous étonner sur la France et le #numérique” sur gouvernement.fr
Source: Orange
Source: Orange au 30/06/15 Source: Orange au 30/06/15
Source: Orange
Parmi les étudiants, 61 %
pensent que le numérique
va bouleverser nos
manières de travailler
44,3 % des logements, entreprises et services
publics sur le territoire français sont couverts
en très haut débit au 30 juin 2015
(objectif 100 % en 2022, plan France Très Haut Débit)
Source: France Très Haut Débit au 30/06/15, en croissance de 10 points
depuis décembre 2013
4,6 millions de logements déjà
raccordables au 22 octobre 2015
(objectif: 20 millions en 2022)Orange investira, entre 2015 et 2018,
3 milliards d’euros pour le déploiement
de la fibre optique sur le territoire national
La 4G est présente
dans plus de
200 stations balnéaires
et 55 stations de ski
Numéro 1 pour la qualité de ses services mobiles*.
En France, Orange couvre 99 % de la population
en 3G et 76,5 % en 4G. La 4G+ est disponible dans
17 grandes villes.
* Pour la 5e
année de suite: enquête Arcep sur la qualité des réseaux mobiles
du 30/07/2015
48 % nos modes
de consommation
Source: enquête “Ville  Numérique” réalisée en ligne
auprès de 1000 étudiants français par la chaire Immobilier
et Développement durable de l’Essec. 10/09/2015
L’âge moyen
du Twitto est
de 22 ans
33 %
habitent
en région
parisienne
2,3 millions d’utilisateurs actifs
mensuels sur Twitter en France
Très haut débit
La France
numérique2015
STUDIOV2
30 Paroles d’élus Paroles d’élus 31
Les emplois directs du
numérique constituent 3,3 %
du total de l’emploi salarié
en France, ce qui en fait un
secteur une fois et demie
plus pourvoyeur d’emplois
que l’agroalimentaire, par
exemple.
Source : étude McKinsey “Accélérer
la mutation numérique des entreprises”
Le poids du numérique à
l’échelle macroéconomique
est substantiel : calculé par
une approche “demande”,
la valeur ajoutée générée par
le numérique représente 5,5 %
du PIB français, soit davantage
que le secteur des services
financiers (4,8 % du PIB), et en
phase de rattrapage avec celui
de la construction (6,3 % du PIB).
Source : étude McKinsey “Accélérer
la mutation numérique des entreprises”
On assiste à une nouvelle lame
de fond : l’émergence des objets
connectés, qui sont sur le point
d’investir massivement nos vies
dans de plus en plus de domaines.
C’est une nouvelle ère qui s’ouvre,
celle de “l’Internet des objets”,
notamment dans les domaine de
la santé et du bien-être, ou encore
dans celui de la maison connectée.
On estime qu’il y aura 50 milliards
d’objets connectés dans le monde
en 2020.
Lire l’intervention de Luc Bretones en page 81
Dans le cadre
de l’instruction
des 74 dossiers
de demande
de subvention des
collectivités territoriales,
l’État a attribué
un engagement
financier à 43 dossiers.
1,49 milliard d’euros
d’engagement financier
de l’État en 2014.
Source : plan France Très Haut Débit
Les internautes français ont déjà
largement adopté les nouveaux
usages numériques. Près de 60 %
des consommateurs français réalisent
des achats en ligne et environ 60 %
des citoyens sont usagers de
l’administration en ligne. Ainsi, parmi
les 28 États de l’Union européenne,
la France se classe au 5e
 rang pour
l’usage des smartphones et tablettes.
Source : étude McKinsey “Accélérer la mutation
numérique des entreprises”
Pour la seule année 2015,
plus de 25 millions de
smartphones et tablettes
ont été vendus en France :
un record de ventes absolu
pour le mobile.
Source : baromètre trimestriel de la Mobile Marketing Association France
Le numérique rend poreuses les
frontières entre vie privée et vie
professionnelle. Un tiers des actifs
possédant un ordinateur utilise
les technologies numériques pour
travailler à leur domicile.
Source : étude Credoc/Arcep 2014
291 240Les commerçants sont de plus
en plus équipés en terminaux
de paiement sans contact.
Source : Observatoire du NFC et du sans contact
La France
numérique2015
L’hyperconnexion
des jeunes
s’intensifie.
Les adolescents
passent en
moyenne 13 h 30
par semaine sur
Internet en 2015,
contre 12 h 20 en
2012.
Source : étude Ipsos “Junior Connect”
Près de la moitié des entreprises
interrogées estiment que le déploiement
du numérique dans l’entreprise a un
impact positif sur leur chiffre d’affaires.
Les entreprises les plus matures sur
le numérique ont une croissance du
CA six fois plus élevée que celle des
entreprises les moins matures.
Source : étude Roland Berger Strategy Consultants,
en collaboration avec cap.Digital (septembre 2014).
“Du rattrapage à la transformation l’aventure
numérique, une chance pour la France”
En 2014, l’équipement des Français
en smartphones dépasse pour
la première fois celui en téléphones
mobiles standards. De nouveaux
matériels apparaissent, mais leur
utilisation reste confidentielle : montre
intelligente (2 %), traqueur fitness (2 %),
lunettes intelligentes (1 %).
Source : étude sur les Usages mobiles 2014 – Deloitte
32 Paroles d’élus Paroles d’élus 33
À l’échelle d’un bassin
de vie, l’accès au numérique
est stratégique, tant pour
les habitants que pour
les entreprises. Une plus
grande combinaison doit
être recherchée entre
les investissements privés
et l’action publique pour
la couverture en très haut
débit. Les efforts doivent
se conjuguer…
Charles-Éric Lemaignen
Président de la Communauté
d’agglomération Orléans-Val de Loire
Conseiller régional de la Région Centre-Val de Loire
Président de l’Assemblée
des Communautés de France (AdCF)
Paroles d’élus 33
MOURADMOKRANI
34 Paroles d’élus Paroles d’élus 35
uniforme sur l’ensemble de la France, tant les
investissements requis sont lourds. Dans un contexte
où l’investissement numérique des collectivités
sera entamé par les baisses de dotation de l’État
en cours et programmées sur les trois prochaines
années, il nous faudra veiller à ce que cela n’accentue
pas une fracture territoriale.
L’enjeu de l’accès est de taille car, comme je
l’évoquais, le développement économique est une
compétence importante des intercommunalités.
Des infrastructures de qualité sont indispensables
pour accueillir ou pour conserver des entreprises
dans une communauté. Des entreprises, ce sont
aussi des emplois et, à l’échelle d’un bassin de vie,
l’accès au numérique est stratégique, tant pour les
habitants que pour les entreprises et, dans certains
cas, les touristes. Une plus grande combinaison
doit être recherchée entre les investissements privés
et l’action publique pour couvrir les territoires
en très haut débit. Les efforts doivent se conjuguer.
À cette fin, les stratégies des uns et des autres
doivent être lisibles et la progression des équipements
doit être transparente.
Le partage et la mise en commun
sont-ils affaire d’association ?
Depuis une dizaine d’années, l’AdCF participe à
la dynamique de partage des pratiques numériques
des territoires. Les efforts sur les infrastructures
doivent en effet s’accompagner d’une pédagogie
des usages. Le passage au numérique d’un
service d’une collectivité peut modifier le pilotage
d’un équipement, la relation aux usagers, à des
administrations tierces, etc. Il implique un management
spécifique pour intégrer tous ces changements.
La dématérialisation des relations entre une collectivité
et son comptable public par exemple “n’est pas
qu’affaire de tuyaux”. De nouvelles procédures
doivent se mettre en place, induisant d’adapter
les pratiques des agents. Ces évolutions impliquent
des “porter à connaissance” ainsi que de l’acquisition
de savoir-faire et de savoir-être.
En 2015, les intercommunalités
sont-elles smart ?
Au cours de ces quinze dernières
années, le numérique s’est
formidablement diffusé au sein
des intercommunalités pour servir
un meilleur accès à l’information
publique, la dématérialisation
des procédures, le développement
de projets innovants dans de
nombreux domaines au service
de la collectivité et donc des
administrés. Être smart, que
l’on gère une commune ou une
intercommunalité, c’est avant
tout utiliser les technologies
numériques pour enrichir les
politiques publiques. Parmi
les pratiques avancées en
la matière, nul besoin d’être
une “grande” commune ou
intercommunalité. La Communauté
de communes de Parthenay-
Gâtine (Deux-Sèvres) ou la
Communauté d’agglomération
du Grand Cahors (Lot) ont
toutes deux développé des outils
dits de smart city. Elles ont œuvré,
avec pour ambition la simplification
administrative et l’amélioration
des services de la vie quotidienne.
Les habitants de ces communautés
disposent ainsi d’une carte “Grand
Pass” pour le Grand Cahors ou
d’une “carte de vie quotidienne”
pour Parthenay Gâtine, leur
simplifiant l’accès aux transports,
aux bibliothèques, aux piscines,
aux déchetteries, etc.
Dans ma communauté, Orléans-
Val de Loire, nous avons mis
en place il y a cinq ans la carte
sans contact “Moda Pass” pour
faciliter l’utilisation de “TAO”,
le réseau de transports collectifs
de l’agglomération. La mise en
place de ce système sans contact
renforce l’accessibilité au réseau
et offre une utilisation facilitée
aux personnes en situation de
handicap visuel (un bip confirme
la validation) et contribue à
l’adaptation des différents handicaps
visuels et cognitifs (même couleur
de valideur au sein des bus et
tram, par exemple). Être smart,
c’est avant tout penser la technologie
au service de ses concitoyens.
Pensez-vous que le numérique
profite à tous les territoires ?
Il est certain que les territoires urbains disposent
de réseaux numériques haut débit ou très haut
débit et d’offres d’opérateurs plus étoffées que les
territoires ruraux ou périurbains. Les territoires
à forte densité de population et d’entreprises
concentrent l’intérêt des opérateurs. Pour autant,
les Communautés, quelle que soit leur taille,
ont pour mission de développer économiquement
leur territoire. Aussi, il est primordial de se
mobiliser autour d’écosystèmes qui favorisent
l’économie numérique. À l’image de la French
Tech, qui mise sur la croissance et le rayonnement
d’entreprises numériques innovantes françaises dans
13 métropoles, nous avons mis en place la “French
Tech Loire Valley” à Orléans et Tours autour d’un
vivier numérique de 3 400 entreprises dans sept
domaines d’excellence – objets connectés, sur-
mesure industriel, agriculture 3.0, écotechnologie,
biomédicaments, e-tourisme, innovation sociale.
Notre objectif est ainsi de devenir le territoire
test d’innovations grandeur nature, d’offrir un
accompagnement complet, de la recherche au
prototype, de l’industrialisation au développement
à l’international. Fin 2015, le Lab’O d’Orléans,
incubateur de jeunes pousses de l’économie
numérique, accueille ses premières entreprises.
De nombreuses initiatives en France alimentent
une même démarche. Accompagner l’innovation,
favoriser la mise en place du numérique pour qu’il
profite à tous, c’est le principe des fab’labs français.
En plein essor, l’innovation n’est pas l’apanage des
seuls territoires urbains : dans le Jura, par exemple,
le premier fab’lab dit “rural” a ouvert ses portes
en 2012. En juillet dernier, la Communauté du Grand
Dole en a inauguré un. Rien qu’en Franche-Comté,
ce sont pas moins de 12 laboratoires d’expérimentation
numérique qui sont ouverts depuis septembre 2015.
Cette démarche de partage des technologies
et des ressources fait écho au déploiement de
l’intercommunalité. Nous promouvons des logiques
similaires de mutualisation des compétences
et des moyens pour créer une dynamique collective
autour de projets structurants pour l’avenir.
Que représente, pour vous,
l’accès au numérique ?
Le numérique est un enjeu majeur d’aménagement
du territoire. Chacun d’entre nous ne veut pas être
“déconnecté” voire “non connecté” chez lui ou lors
de déplacements. Les espaces ruraux et périurbains,
les plus fragiles sur ce plan, ne restent pas l’arme
au pied. Les collectivités s’associent pour tenter
de combler une couverture défaillante, faire jouer
une forme de péréquation et favoriser une diffusion
des usages. Il est peu probable que nous atteignons
en 2020 une qualité de couverture numérique
La diffusion d’expériences pratiques
et la mutualisation des savoirs
permettent à tous d’avancer, c’est
pourquoi nous y contribuons
via l’association “Les Interconnectés”,
dont nous sommes l’un des
membres fondateurs. Cette
association organise en région
toute l’année des rencontres
d’élus et d’acteurs publics et
privés sur le numérique. Elle est
également l’instigatrice d’un forum
annuel qui réunit à Lyon des élus
et des agents d’intercommunalités,
des opérateurs de réseau, des SSII.
Cette manifestation met en lumière
des expériences et de nouveaux
process, et prend du champ
pour apprécier les impacts des
évolutions numériques.
À l’AdCF, nous favorisons aussi
la connaissance des usages
avec la diffusion depuis 2003
d’un baromètre annuel AdCF/
Ocalia qui relève la progression
des usages numériques dans
les intercommunalités et, bien
sûr, avec l’ouvrage Paroles d’élus
depuis onze ans.
Nos Communautés doivent aussi
relever un défi de maîtrise et
d’exploitation des data générées
par l’ensemble des services
qu’elles pilotent ou délèguent.
Les stratégies à déployer,
les ententes à établir avec
les opérateurs supposent pour
les territoires de présenter
une stratégie coordonnée. L’action
conjuguée des associations
de collectivités et d’élus réunis
rue Joubert, à Paris, (AdCF,
AMGVF, ACUF, GART, FNAU,
Ville et Banlieue) est un point
d’appui pour la définition
de cette stratégie et une entrée
en négociation.
Charles-Éric
Lemaignen
63 ans
2001
Président de
la Communauté
d’agglomération
Orléans-
Val de Loire
2004
conseiller
régional
du Centre-
Val de Loire
2014
président
de l’Assemblée
des Communautés
de France (AdCF)
Êtresmart,
c’estavanttout
penserlatechnologie
auservicede
sesconcitoyens
LE
LIEU“Totem” de la French
Tech Orléans-
Val de Loire, le Lab’O
donne une seconde vie
à la friche industrielle
Famar. Cet incubateur
accueille ses premières
jeunes pousses de
l’économie numérique.
Au terme des travaux,
start-up, associations
et porteurs de projet
bénéficieront de
18 000 m2
pour faire
émerger leurs projets
innovants.
AGGLO
MOURADMOKRANI
36 Paroles d’élus Paroles d’élus 37
ÉCONOMIES La solution
par le numérique ?
38 Paroles d’élus
Quelles opportunités le numérique
offre-t-il aux petites villes ?
Les potentialités du numérique
pour les petites villes sont d’abord
à penser en termes de croissance.
Nous vivons la quatrième révolution
industrielle. Ensuite, il y a les usages
et les applications qui peuvent servir
la relation entre la collectivité et les
usagers, que ce soient les habitants,
les familles, les associations,
les entreprises, etc. Là aussi, c’est
une révolution des pratiques qui
va bouleverser les habitudes des
citoyens. Dans ma commune,
à Marnaz, nous mettons en place
un portail Famille qui se décline
très simplement. Au lieu d’apporter
ou de renouveler des documents
dans le cadre de l’accueil de leurs
enfants, les familles vont pouvoir
effectuer toutes ces démarches
en ligne. Cela n’empêche pas le
contact humain, mais cela permet
de soulager les services de tâches
chronophages et donc de dégager
du temps pour la relation humaine.
Tout le temps gagné permet de
s’occuper des familles qui en ont
le plus besoin.
Quels sont les gains
d’efficacité à en attendre ?
Le numérique joue certainement
sur l’efficacité. Il permet de faire
plus vite, moins cher, mais surtout
de faire mieux. L’enjeu qui est
le nôtre est de faire adhérer la
population à ce type de système.
Notamment en voulant toujours
dépasser la fracture numérique.
Nous devons sans cesse proposer
un accueil personnalisé. Et il faut
que l’on développe progressivement
une capacité de formation afin
que les citoyens aient la possibilité
d’entrer dans cette nouvelle ère. Sur
un plan plus concret, le numérique
améliore la gestion financière grâce
à une comptabilité analytique plus
fine. C’est très important pour la
collectivité de disposer de ce type
d’outils.
Le numérique peut-il faire vivre
le slogan “Small is beautiful” ?
Les villes de 4 000, 5 000 ou
10 000 habitants sont des
collectivités à taille humaine qui,
grâce à leur proximité de terrain,
parviennent à mettre sur pied des
systèmes tout à fait opérationnels
et qui ne coûtent pas tant que ça.
D’une commune à l’autre, le
benchmark est incroyable et efficace.
Pour mettre en place le portail
Famille, mes services ne vont pas
chercher une solution à l’autre bout
de la France. À trente kilomètres,
la commune de Ville-la-Grand a fait
la même chose il y a quatre ou cinq
ans. Cette solidarité de commune
à commune fonctionne extrêmement
bien.
Quels conseils donneriez-vous
à des élus d’une petite ville
qui voudraient améliorer ses
services grâce au numérique ?
Il faut d’abord définir ses besoins
très précisément. À partir de cet
état des lieux, il ne faut jamais
hésiter à aller constater ce que font
les communes de même taille. Et ne
pas hésiter non plus à avoir recours
aux entreprises du secteur qui sont
capables de proposer des solutions
adaptées à chaque collectivité,
à sa culture, à sa taille, à ses besoins.
La collectivité définit le besoin et les
entreprises apportent les solutions.
ifficile d’affirmer le contraire,
les temps sont durs pour
les collectivités locales.
Une nouvelle donne s’im-
pose à elles, en particulier
les communes et, parmi ces
dernières, celles de taille
modeste. Elles doivent tout
d’abord faire face à une baisse
jamais vue des concours finan-
ciers de l’État aux collectivités.
Quelques éléments d’appréciation
de cette chute sans précédent dans les budgets
locaux : elle se concentre sur la dotation globale
de fonctionnement (DGF), qui passe de 40,1 mil-
liards d’euros en 2014 à 36,6 milliards d’euros en
2015 – soit une baisse de 8,9 %. La DGF se verra
encore amputée de 3,67 milliards d’euros en 2016
puis de 3,66 milliards d’euros en 2017. La potion
n’a pas fini d’être amère. En volume annuel, cette
législature se sera traduite par une baisse des
dotations de fonctionnement de 12,7 milliards
d’euros entre 2013 et 2017 (pour un niveau ini-
tial de 51,8 milliards d’euros), soit une diminution
de près de 25 % ! Au total, ce sont donc plus de
28 milliards d’euros qui auront été économisés
par l’État sur les dotations aux collectivités locales
en quatre ans. Les communes, premières bénéfi-
ciaires de la DGF, sont les plus touchées.
À côté de cette problématique financière cruciale,
le positionnement même des communes subit des
évolutions. Sous l’influence de la triple réforme
territoriale, leurs responsabilités se diluent
dans une décentralisation désormais envisagée
depuis la perspective tracée par le couple Région-­
Intercommunalité, qui s’est substitué au fil des
quinze dernières années à celui formé historique-
ment par la commune et le Département. Après
la fusion des Régions, les groupements de com-
munes sont aussi appelés à grandir en surface
et en population. Parallèlement, les compétences
essentielles de l’eau et de l’assainissement rejoin-
dront à terme le giron des intercommunalités.
Un mouvement qui ignore l’impératif besoin de
proximité des citoyens. Pour l’illustrer, les Villes
doivent s’emparer des opportunités laissées par le
numérique. En délivrant efficacement leurs ser-
vices à leurs populations, elles démontrent leur
utilité. Sans compter que cette efficacité s’accom-
pagne de réduction de coûts. De quoi, là aussi,
satisfaire le citoyen. Et relever le défi posé par la
baisse des dotations.
DÉMATÉRIALISATION
Trois vastes chantiers déjà mis en œuvre dans
nombre de communes produisent des services
publics mieux rendus, à moindre coût.
La dématérialisation des actes de l’administration,
engagée maintenant depuis une dizaine d’années,
a été le premier pilier de l’utilisation du numé-
rique dans le secteur public à des fins d’efficience.
Parapheurs électroniques qui ­accélèrent la mise
Loïc Hervé, maire de Marnaz, sénateur de la Haute-Savoie,
président du groupe d’études Société numérique,
Nouveaux Usages, Nouveaux Médias au Sénat, président
de la Communauté de communes Cluses-Arve et Montagnes
Les villes gagnent
en efficacité grâce
au numérique
“FAIRE MIEUX,
PLUS VITE ET
MOINS CHER”
Rigueur budgétaire et bouleversements institutionnels :
les défis ne sont pas minces pour les petites villes.
Pour y répondre, les solutions apportées par le numérique
se caractérisent par leur inventivité et leur efficacité au
service des citoyens.
…
Dossier réalisé en partenariat avec l’APVF - Illustrations : Aurélie Guillerey
Paroles d’élus 39
Retrouvez l’intégralité
du dossier sur
parolesdelus.com
ANTOINEROZES/SÉNAT
40 Paroles d’élus Paroles d’élus 41
en œuvre de la décision publique, commande
publique dématérialisée, comme l’est l’émission
des bulletins de salaire des agents : autant de
pratiques moins gourmandes en temps passés
et en coûts de fonctionnement, soit de véritables
économies budgétaires. Exemple avec la gestion
et la transmission dématérialisées, qui réduisent
les délais de paiement et de traitement adminis-
tratif en sécurisant et fiabilisant toute la chaîne
de l’achat. L’étude d’impact de l’ordonnance du
26 juin 2014 relative au développement de la fac-
ture électronique estime que celle-ci permet de
réduire les coûts de traitement de près de 50 %,
engendrant pour les collectivités une écono-
mie estimée à plus de 16 millions d’euros, pour
1,9 million d’euros de charges nouvelles.
Les échanges entre l’administration et ses admi-
nistrés passent aussi désormais par le web ainsi
que les technologies sans contact, permettant
le paiement d’une série de services municipaux
via les smartphones. Le paiement en ligne se
généralise aussi, occasionnant un gain certain
de temps, pour les familles, par exemple quand
le règlement de la cantine ou de la garderie est
proposé sur le site de la mairie. Les bénéfices se
font là peut-être moins sentir sur le budget que
sur la satisfaction des usagers, il n’en reste pas
moins que les frais de gestion de ces services
sont tout de même réduits.
En revanche, de vrais gisements d’économies
sont à trouver dans l’application des technolo-
gies numériques aux services urbains et envi-
ronnementaux (eau, électricité, traitement des
ordures ménagères), dépense substantielle des
communes. À commencer par le réseau ­Internet
lui-même. La croissance des contenus vidéos et
des services mis en ligne pour les citoyens sur
les sites web des collectivités ainsi que les chan-
tiers de dématérialisation de l’e-administration
imposent des serveurs informatiques de plus en
plus puissants, sécurisés et disponibles vingt-
quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur
sept. En outre, l’accès aux données ne se fait plus
uniquement par ordinateur, mais aussi par smart-
phone et tablette, ce qui augmente les risques
d’intrusions malveillantes via les connexions WiFi.
Ces contraintes sont de plus en plus pesantes
pour les plus petites villes, d’un point de vue tant
financier que technique. Ce contexte explique la
progression du modèle de cloud computing dans
la pratique des collectivités.
Mais avec le développement des capteurs et objets
connectés et la baisse des coûts de télécommu-
nication, le numérique est surtout désormais
pertinent pour tous ces métiers urbains et envi-
ronnementaux des collectivités : éclairage public,
efficacité énergétique des bâtiments municipaux,
distribution d’eau potable, surveillance du risque
d’inondation, etc. Les exemples de services qui
gagnent en efficacité grâce aux solutions numé-
riques se multiplient. Paradoxalement, à peine
50 % des élus les connaissent, selon une étude
commandée par l’Association des Petites Villes
de France (APVF). C’est pourtant là que résident,
dans un contexte budgétaire plus que tendu, de
véritables marges de manœuvre.
Annonay (Ardèche)
La cantine,
c’est en ligne !
Limoux (Aude)
La mairie
dans le nuage
C’est un accident, un sinistre informatique
qui a décidé la Ville de Limoux d’opter
pour le cloud. En 2009, pendant quatre
mois, le système de la mairie n’a pas
fonctionné. Résultat : la perte de la
Vif (Isère)
Une promenade
qui s’éclaire
intelligemment
À Vif, depuis 2012, les promeneurs
du soir ont l’impression que les
lumières dansent sur leur passage.
Sur un kilomètre et demi d’une
allée piétonne doublée d’une piste
cyclable, 67 lampadaires à LED
basse consommation ont été équipés
d’un système basé sur l’utilisation
I
l y a un an, Igny vivait
encore dans un passé
où des centaines de
pages étaient imprimées
et adressées par coursier
aux élus municipaux. Des
dizaines de parapheurs
circulaient au quotidien
de bureau en bureau. Une
simple décision de bon
sens et nous sommes
passés aux documents
Éviter les déplacements en mairie pour
l’inscription des enfants à la cantine ou
aux activités périscolaires. Les familles
d’Annonay en rêvaient, la mairie l’a fait !
Poursuivant une politique ambitieuse
d’accès au web pour le plus grand
nombre et de facilitation des démarches
administratives, la Ville propose sur son
site Internet une plateforme permettant
de réaliser en ligne toutes les démarches
liées à la vie périscolaire.
Dans les faits, chaque famille comptant
un enfant scolarisé dans les écoles
maternelles ou élémentaires publiques
peut disposer d’un espace personnel
sur cette plateforme. Les parents
alimentent un compte en ligne par carte
bancaire sur cet espace. Au fur et
à mesure des inscriptions à telle ou telle
activité, les montants correspondants
sont déduits.
de détecteurs de mouvements. Cet
outil permet à la Ville d’économiser
plus de 75 % d’énergie sur cette
voie, soit 21 000 kWh par an, tout
en préservant le confort et la sécurité de
ses habitants. En effet, les lampadaires
s’illuminent progressivement lors
de la traversée des piétons ou des
cyclistes, passant de 10 % à 100 %
de leur capacité d’éclairage du mode
veille au mode actif. Cette solution
d’éclairage public intelligent épargne
également l’environnement naturel
nocturne et la biodiversité, en limitant
la pollution lumineuse, sans pour
autant nuire au confort des usagers.
quasi-totalité des données de la mairie.
Le besoin de sécuriser ces dernières
a donc été la première motivation
de ce choix. Mais aussi le manque
de ressources : deux agents dédiés
au service informatique, décidément
trop peu pour faire face à l’ampleur
de la tâche. En avril 2013, le dernier
serveur encore présent quittait
définitivement la mairie. Désormais,
l’accès aux logiciels métier et à
la bureautique ainsi que le stockage
des données se font par Internet,
à travers un espace virtuel réservé
à la Ville dans un centre de données
de l’opérateur Orange situé en région
parisienne.
…
PDF envoyés par e-mail.
Aujourd’hui, Igny fait
partie des “Villes Internet”
et développe des projets
innovants autour d’un
site Internet responsive
et innovant appelé à se
transformer en profondeur
dans les mois qui viennent.
Nos communes vivent
aujourd’hui une véritable
révolution numérique de
leurs pratiques et de leurs
modes de fonctionnement.
L’accès des citoyens
aux services publics
de proximité s’en trouve
facilité : inscriptions en
ligne, portail Famille, applis
smartphone. Parapheurs
et signatures électroniques
accélèrent la mise en œuvre
des décisions politiques.
Les écoles doivent, elles
aussi, bénéficier de ce
bouleversement. Tableaux
numériques interactifs
et classes informatiques
mobiles mettent à portée
de nos enfants les outils
de demain.
Plus que jamais, le secteur
public doit profiter de la
révolution des usages et
des nouveaux outils pour
repenser son fonctionnement
interne et la relation entre
administration et citoyens.
C’est aussi l’occasion,
à terme, de dégager
des économies d’échelle
indispensables dans
le contexte financier actuel.
Francisque
Vigouroux,
maire d’Igny
Trois applications smart cities
“ACCÉLÉRER LA
MISE EN ŒUVRE DE LA
DÉCISION POLITIQUE”
DR
DR
DR
DR
42 Paroles d’élus Paroles d’élus 43
Les collectivités se sont
emparées des nouveaux
outils numériques à leur
rythme. Elles s’adaptent
en permanence, et
ce quelle que soit leur
taille, aux innovations
technologiques, passant
de l’informatisation des
services aux applications
mobiles sur smartphone.
François Baroin
Maire de Troyes
Sénateur de l’Aube
Président de l’Association
des maires de France
et des présidents d’intercommunalité
Ancien ministre
Paroles d’élus 43
ARNAUDFÉVRIER/AMF
44 Paroles d’élus Paroles d’élus 45
François
Baroin
50 ans
Ancien ministre
1993
Député de l’Aube
(entre au Sénat
en 2014)
1995
Maire de Troyes
2014
Président
de l’Association
des maires
de France
La“maisoncommune”nepeut
passerésumeràunguichet
automatiqueouàuneborned’appel !
ARNAUDFÉVRIER/AMF
LE NUMÉRIQUE
AU SERVICE DE
L’OPTIMISATION
BUDGÉTAIRE
À ce jour, 84,5 %
des communes
et 67,2 % des EPCI
utilisent le PES V2
(protocole d’échange
standard d’Helios
version 2) pour
échanger leurs flux
comptables et
financiers. Le PES
V2 a permis à 76,6 %
des communes et
70,9 % des EPCI de
transmettre au moins
une pièce justificative
dématérialisée
(la dématérialisation
ne sera pas
obligatoire avant
2019 pour les
collectivités de plus
de 10 000 habitants).
Chiffres DGFiP (arrondis),
juin 2015
comptables (titres de recettes,
mandats de dépenses) ainsi
que, de manière optionnelle, les
pièces justificatives et la signature
électronique. Entre le 1er
 janvier
2017 et le 1er
 janvier 2020 va
se mettre en place également
la facturation électronique entre
les collectivités locales et leurs
fournisseurs. En matière de coûts
de traitement, le gain qui en
résulte pour la sphère publique
est estimé en moyenne à 3 euros
par facture. Parmi les bénéfices
attendus, tant pour l’ordonnateur
que le comptable, figurent la
facilitation du travail des agents
en charge du traitement
comptable et la baisse significative
de l’utilisation du support papier,
occasionnant une diminution
des coûts mais aussi une réduction
des délais de paiement.
Si le développement accru de la
dématérialisation des opérations
comptables et des factures devrait
générer à terme des effets positifs
sur les budgets locaux, elle
n’en constitue pas pour autant la
solution unique. Parallèlement,
avec l’harmonisation européenne
des moyens de paiement (SEPA),
le bloc communal a développé
de nouvelles options concernant
ses moyens de paiement, à savoir
le recours à la carte bancaire,
la mise en place de prélèvements
automatiques ou du paiement en
ligne TIPI.
Les outils numériques sont-ils
les meilleurs relais de la
mutualisation des moyens
entre collectivités ?
La dématérialisation n’a pas été
à ce jour présentée comme outil
au service de la mutualisation
entre collectivités. Ainsi, les moyens
existants à l’heure actuelle
(PES V2, facturation électronique
à venir) ne nous apparaissent pas
comme des leviers d’économies.
Qu’il s’agisse de santé, de
dépendance, des relations avec
les administrés, de l’école ou
de l’enseignement, le numérique
offre des solutions innovantes.
Comment concevez-vous le rôle
des pouvoirs publics dans leur
déploiement ?
Depuis dix ans, le numérique,
que l’on appelait auparavant
technologies de l’information et de
la communication, a envahi la vie
des citoyens et a forcément impacté
le fonctionnement des communes
et des intercommunalités.
Les collectivités se sont emparées
de ces nouveaux outils à
leur rythme. Elles s’adaptent
en permanence, et ce quelle
que soit leur taille, aux innovations
technologiques, passant de
l’informatisation des services
aux applications mobiles
sur smartphone. Les promesses
du numérique ne manquent
pas : rendre la commune plus
durable, la gestion municipale
plus efficiente, les relations avec
les citoyens plus démocratiques
et plus innovantes. Toutefois,
ces innovations appellent à la
vigilance. Elles doivent, d’une part,
bénéficier à tous les territoires,
ce qui suppose en particulier
l’accès de tous à des réseaux
de communication électroniques
fixes et mobiles performants. Elles
ne doivent pas, d’autre part, exclure
les citoyens les plus fragiles et
les moins à l’aise avec des outils
de plus en plus sophistiqués. Elles
doivent être accessibles à tous,
toutes générations confondues.
Une attention particulière
doit être apportée à la garantie
des libertés individuelles…
Aujourd’hui, nous assistons à une
véritable explosion de la collecte,
de la production et de la diffusion
de la donnée au niveau des
territoires. C’est un sujet sensible
sur lequel nous devons tous
nous mobiliser pour en garder
la maîtrise et s’assurer de leur
protection. La CNIL nous y incite
fortement, à raison, et nous
devrions promouvoir, plus que
cela n’est fait, une “éducation au
numérique” des élus, des agents,
et, plus largement, de la population
(en particulier les enfants) pour
saisir toutes les opportunités de cette mutation
mais aussi les écueils et les dangers.
Allons-nous vers une mairie automatisée ?
Éviter des tâches répétitives pour nos agents,
simplifier les démarches des citoyens, permettre
une réponse plus rapide aux attentes des usagers
en termes d’information ou d’action sont des
enjeux essentiels pour le fonctionnement de nos
mairies. Mais le contact humain, l’adaptation
aux demandes et, plus généralement, l’écoute sont
aussi des exigences que nous ne sommes pas
près d’abandonner. La “maison commune” ne peut
pas se résumer à un guichet automatique ou à une
borne d’appel !
Du point de vue du citoyen, qui rechigne souvent
devant “ces machineries”, des précautions
sont-elles souhaitables pour préserver une vision
humaniste de la gestion des territoires ?
Avec l’apparition du concept des smart cities, certains
commentateurs ont décrit la ville intelligente comme
un tableau de bord piloté via des infrastructures
centralisées qui analyseront des milliers de données
issues des capteurs branchés sur les objets du
quotidien, le tout relié à Internet.
C’est une vision techniciste de la ville. Ce qui fait
les qualités uniques d’une commune, c’est la cohésion
sociale, les rapports entre les communautés, la mixité
dans les quartiers, la vie culturelle et associative, le
maintien des commerces de proximité, etc.
La technologie ne pourra pas tout résoudre. Si le
numérique peut participer, et il le fait déjà largement,
à l’amélioration de la vie quotidienne des populations,
le contact humain restera toujours primordial.
Au contraire, vous attendez-vous à de nouvelles
opportunités ? Contribueront-elles demain,
d’après vous, au mieux vivre des citoyens, dans
des territoires mieux gérés, plus équilibrés ?
Dans le cadre budgétaire contraint que nous
connaissons, où il faut faire mieux avec moins, les
outils numériques peuvent contribuer à améliorer
la vie quotidienne des citoyens. Par exemple, ils
apportent des solutions à la question de la mobilité.
Pour réduire les embouteillages, la pollution,
diminuer les déplacements, les communes et les
intercommunalités mettent en place des lieux,
espaces de coworking ou télécentres pour permettre
à des travailleurs indépendants ou à des salariés
de (télé)travailler dans un espace proche de leur
domicile.
Le recours aux outils numériques est-il la meilleure
réponse pour optimiser les budgets locaux ?
Depuis le 1er
 janvier 2015, le PES V2 (protocole
d’échange standard d’Helios version 2) est l’unique
logiciel d’échange avec le comptable public, en
remplacement des protocoles existants (lire l’encadré
ci-contre). Il marque une nouvelle étape dans la
dématérialisation des échanges avec le comptable,
en permettant l’envoi numérique des pièces
En effet, il conviendrait de faire évoluer
préalablement le cadre organisationnel
des collectivités qui souhaitent recourir à la
mutualisation (mise en commun de leurs services),
tant pour leurs recettes que pour leurs dépenses.
Et le numérique à l’école ?
Les maires et présidents d’intercommunalité
se mobilisent fortement pour équiper les écoles
primaires en outils numériques, dans un contexte
de mutation de la société et de lutte contre
l’échec scolaire, malgré des moyens financiers
disparates. L’AMF suit de près cette thématique
depuis plusieurs années et, dernièrement,
lors de la concertation nationale qui a débouché
sur le nouveau plan numérique. À cet égard,
elle a regretté notamment que la priorité ne soit
finalement plus accordée aux écoles primaires,
comme cela avait pourtant été annoncé en 2012
par l’ancien ministre Vincent Peillon, alors que
les besoins restent forts. Dans un contexte budgétaire
très dégradé, l’AMF tient à rappeler que l’effort
qui est demandé aux collectivités implique que
l’Éducation nationale précise d’abord quelle pédagogie
numérique elle souhaite promouvoir par le biais
de ses enseignants à destination des élèves, ce qui
relève de sa propre compétence. C’est en effet
à partir de ces éléments qu’il sera possible de
mieux identifier les mesures nécessaires en termes
d’infrastructures, d’équipements et d’usages, et
de permettre ainsi à la filière du numérique éducatif
de mieux se structurer et de répondre aux besoins
de l’Éducation nationale en tenant compte des
contraintes des collectivités.
L’Éducation nationale doit porter,
à ce titre, un message fort et lisible
à l’égard des acteurs éducatifs, dont
les collectivités.
Afin d’assurer aux élus la visibilité
dont ils ont besoin sur la stratégie
nationale, l’AMF a signé, le
1er
 octobre, la convention créant
officiellement le Comité des
partenaires pour le numérique
éducatif. Les maires ont besoin
d’être éclairés et concertés sur
les perspectives de développement
du numérique à l’école et d’être
rassurés sur la pleine utilisation
des outils numériques par les
enseignants et de leurs effets sur
la réussite scolaire des élèves.
46 Paroles d’élus Paroles d’élus 47
FRENCH TECH
ACCÉLÉRATEUR DE CROISSANCE
POUR LES TERRITOIRES
MOOK Paroles d'élus 2015
MOOK Paroles d'élus 2015
MOOK Paroles d'élus 2015
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MOOK Paroles d'élus 2015

  • 1. Optimisation des budgets : la solution par le numérique AU CŒUR DES TERRITOIRES CONNECTÉS Data : la France numérique 2015 Le senior est-il l’avenir du digital ? Les réseaux sociaux au service de l’e-réputation FrenchTech, l’enjeudes écosystèmes ? parolesd’élus Emmanuel MACRON, François BAROIN, Caroline CAYEUX, Charles-Éric LEMAIGNEN, Olivier DUSSOPT, Laurent WAUQUIEZ, Vanik BERBERIAN, Dominique BUSSEREAU, Frédéric CUVILLIER, Jean-Luc MOUDENC, Karine BERGER, Ibrahim DUFRICHE-SOILIHI, Valérie LÉTARD, Stéphane RICHARD…#1
  • 2. 2 Paroles d’élus Paroles d’élus 1 parolesd’élus#1
  • 3. 2 Paroles d’élus Paroles d’élus 3 Paroles d’élus fait peau neuve ! Dix ans après son lancement, il était temps pour notre partenariat innovant – et pour son dispositif éditorial – de trouver un nouveau souffle. C’est chose faite avec la mise en ligne d’un site Internet de dernière génération complètement repensé – parolesdelus.com – et la publication de Paroles d’élus #1 que vous tenez entre vos mains. Bienvenue dans l’ère du mook, cet objet hybride entre le livre et le magazine, qui se donne le temps de la réflexion, qui privilégie le format long, la narration et l’esthétisme. C’est d’abord dans son contenu que Paroles d’élus fait sa mue. Finie la seule pédagogie, place au décryptage ! À la diversité des témoignages d’élus, d’acteurs de terrain, au foisonnement des initiatives autour des enjeux du numérique dont on ne dira jamais assez la richesse, vient donc se greffer une nouvelle approche. Nous avons fait appel à l’expertise de chercheurs, de sociologues, de géographes, de philosophes, d’ethnographes qui, tout en décryptant les ressorts du numérique, dégagent les tendances des usages à venir. Riche d’expériences fortes et de réalisations concrètes, Paroles d’élus #1 donne également les moyens de se projeter vers le futur. Cyril Luneau Directeur des Relations avec les Collectivités locales Groupe - Orange Mook MOOK
  • 4. 4 Paroles d’élus La révolution numérique n’est pas en train d’advenir : elle est déjà réalité. Elle concerne tous nos concitoyens, sans exception, qui voient leurs manières d’apprendre, de communiquer, de se déplacer… de vivre se transformer en profondeur. Elle touche également notre économie tout entière : tous les secteurs doivent innover, toutes les entreprises doivent s’adapter, toutes les administrations doivent se moderniser et l’ensemble des territoires doit s’équiper. Dans cette “Grande transformation”, la mission des responsables politiques est immense. Elle se fonde, selon moi, sur un triple combat : politique, économique et démocratique. Le combat politique, c’est le combat pour l’égalité. La révolution numérique doit être synonyme d’opportunités pour tous. L’égalité d’accès, qui est l’ADN de notre modèle économique, de notre modèle social et de notre modèle culturel, doit être maintenue à son plus haut degré. Notre ambition, c’est que chacun puisse accéder aux moyens de communication, où qu’il vive sur le territoire, qu’il soit urbain ou rural. Ainsi, grâce à l’impulsion des élus et des collectivités, grâce aussi à l’engagement du secteur privé, la France tout entière se numérise. Le Gouvernement prend sa part de ce mouvement, en investissant plus de 3 milliards d’euros pour équiper les territoires en très haut débit, et en particulier les territoires ruraux. Cette mobilisation sans précédent, dont nous suivons pas à pas les avancées, nous permettra d’atteindre l’objectif fixé par le président de la République : couvrir, en dix ans, l’ensemble du pays en très haut débit. Dans cette “Grande transformation”, il faut également nous mettre en ordre de bataille pour saisir les opportunités économiques. Car Internet, ce n’est plus seulement le moyen de travailler plus rapidement, d’améliorer ses performances, d’accroître son efficience. Désormais, Internet, c’est le point de départ de tout : pour chercher un emploi, pour correspondre, pour être joignable, pour s’informer, il faut être connecté. Les élus de tous les territoires sont donc en première ligne Préface Emmanuel MacronMinistre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique 8 Contributeurs Ils sont l’ADN du mook Paroles d’élus #1. 10 Intervention des présidents Croiser les témoignages, les réflexions et les éclairages pour décrypter la France numérique qui émerge. C’est l’ambition que nous partageons. 12 Regards Alain Juillet, le cyberexpert Daniel Kaplan, le prospectiviste Stéphane Richard, le chef d’entreprise Serge Guérin, le sociologue Bernard Stiegler, le philosophe 28 La France numérique 2015 32 L’entretien Charles-Éric Lemaignen : mise en commun des savoirs autour du numérique et de son évolution 36 Dossier Économies : la solution par le numérique ? 42 L’entretien François Baroin : le numérique en tant que facteur d’optimisation budgétaire 46 Dossier French Tech : accélérateur de croissance pour les territoires 52 Grand angle Plongez dans la ville numérique ! 54 L’entretien Laurent Wauquiez : le numérique en territoires montagneux 58 Ils font le numérique dans les territoires Antonaves, Reims, Montreuil/Simplon, Lascaux 4, Valenciennes 68 L’entretien Vanik Berberian : le numérique, créateur d’emploi pour repeupler les zones rurales 72 Voyages visuels au pays du numérique Musées : les transformations numériques Objets connectés : voyage dans les labos 82 Dossier Silver économie : les gisements de l’or gris 88 Points de vue Les réseaux sociaux au service de l’e-réputation 90 L’entretien Dominique Bussereau : la couverture THD et le numérique comme lien de proximité et vecteur de changement dans les métiers de l’éducation 98 Mutations Ces métiers qui changent avec le numérique 102 11 ans, 11 partenaires 104 Contacts 64 98 52 Sommaire 12 pour diffuser les usages et l’innovation, pour développer des écosystèmes qui favorisent le développement et la montée en puissance des start-up. L’État joue déjà un rôle moteur avec la French Tech et la Nouvelle France industrielle, mais ce sont les collectivités qui, sur le terrain, transformeront cette démarche en succès. Enfin, nous devons réformer notre système tout entier : les nouvelles opportunités économiques ne concernent pas que le numérique. Il faut revoir notre système de formation pour accélérer la montée en compétences des travailleurs, notamment pour les préparer aux nouveaux métiers. Il faut aussi forger de nouvelles sécurités individuelles, en phase avec le développement du travail indépendant, avec la polyactivité et le développement de carrières moins linéaires. Ces défis, nous devons les relever tous et nous devons les relever ensemble. Car la révolution numérique nous impose de définir des choix collectifs innovants et de forger un nouveau consensus social. Voilà quels doivent être, selon moi, les trois piliers de notre action collective. Ils trouveront une traduction concrète dans la stratégie pour les nouvelles opportunités économiques que m’ont confiées le président de la République et le Premier ministre. La révolution numérique est, par essence, une révolution démocratique. Elle est portée par la multitude, par tous les usagers, par tous les acteurs de notre économie. Pour la porter et l’accompagner, l’engagement des élus est donc la clé. MINISTÈREDEL’ÉCONOMIE,DESFINANCESETDEL’INDUSTRIE Paroles d’élus 5
  • 5. 6 Paroles d’élus Paroles d’élus 7 “Notre société est entrée dans l’ère du numérique et nos populations en sont de grandes consommatrices. Avec la croissance démographique des territoires ruraux depuis plus de dix ans, les habitants de nos communes sont demandeurs de haut débit, de téléphonie mobile et de services numériques.” Vanik Berberian, président de l’AMRF “Si le numérique peut participer à l’amélioration de la vie quotidienne des populations, le contact humain restera toujours nécessaire et indispensable.” François Baroin, maire de Troyes, député de l’Aube, président de l’AMF, ancien ministre “Le numérique peut faciliter le quotidien des personnes qui avancent dans l’âge mais aussi favoriser l’accès à la culture ou à la connaissance.” Frédéric Cuvillier, président du Cner, maire de Boulogne-sur-Mer, député du Pas-de-Calais, ancien ministre “Offrir Internet et le tripleplay modifie complètement la donne et peut enrayer la migration de population. L’arrivée de ce nouveau service public équilibre la disparition des autres et favorise une parfaite égalité.” Karine Berger, députée des Hautes-Alpes “Plus que jamais, le secteur public doit profiter de la révolution des usages et des nouveaux outils pour repenser son fonctionnement interne et la relation entre administration et citoyens.”Francisque Vigouroux, maire d’Igny “La réalité de l’automatisation, donc du numérique, c’est la destruction de l’emploi. Cela se présente comme une très mauvaise nouvelle, mais vu sous un autre angle, c’est au contraire une très bonne nouvelle – car la fin de l’emploi, c’est le début du travail.” Bernard Stiegler, philosophe “De nombreuses initiatives en France alimentent une même démarche. Accompagner l’innovation, favoriser la mise en place du numérique pour qu’il profite à tous, c’est le principe des fab’labs français.” Charles-Éric Lemaignen, président de l’AdCF “Les potentialités du numérique pour les petites villes sont d’abord à penser en termes de croissance. Nous vivons la quatrième révolution industrielle.” Loïc Hervé, maire de Marnaz, sénateur de la Haute-Savoie “Le numérique est un vecteur de communication extrêmement puissant pour les musées. Il y a une véritable passion française pour les musées. On voit des foules extraordinaires se déplacer, pas seulement pour les très grandes expositions mais pour toutes les expositions.” Christine Albanel, directrice exécutive RSE, Diversité, Partenariats et Solidarité d’Orange, ancienne ministre “L’objectif smart city est non seulement bénéfique sur le plan du service rendu mais il l’est également sur un plan financier, avec l’optimisation du travail des agents grâce à l’analyse fine des données collectées.” Christophe Béchu, maire d’Angers, sénateur du Maine-et-Loire P. 68 “À l’aise avec les chiffres, le numérique l’est aussi pour mettre en relation, coordonner, agréger des individus, des groupes, des informations et des données, des actions et des projets.” Daniel Kaplan, prospectiviste P. 85 P. 59 P. 40 P. 26 P. 32 P. 39 P. 16 P. 77 P. 80 P. 42 Édité par Orange sur une idée de Scripto Sensu Directeur de la publication : Cyril Luneau Rédacteur en chef : Pascal Giordano Assistants : Mathieu Djourabtchi, Florian Tollet Conception et réalisation : Scripto Sensu Direction éditoriale : Bertrand Vorimore Coordination : Guilhem Cadoret Design et direction artistique : Claude Gentiletti Édition : Delphine Tardiveau Avec la participation de : Michel Léon, Cécile Perrin, Dominique Fidel, Marc Feuillade, Cédric Buades, Pierre Abruzzini, Isegoria, Taïga Média, Studio-V2 Crédit photo de couverture : Corbis Fabrication : Gutenberg Networks Impression : France Ouest Imprim (Livarot) Avertissement. Ce mook est destiné à être diffusé aux élus des collectivités territoriales ainsi qu’à des responsables d’administrations d’État et de services publics locaux, à l’exception du grand public. Il est édité par Orange et ses partenaires, qui ont pris soin de veiller au caractère purement informatif de son contenu. Toute reproduction du présent ouvrage, totale ou partielle, quel que soit le support, est strictement interdite.
  • 6. 8 Paroles d’élus Paroles d’élus 9 Onze partenaires Paroles d’élus #1 est édité par Orange, en partenariat avec : Association des maires de France et des présidents d’intercommunalité (AMF) ; Assemblée des Communautés de France (AdCF) ; Assemblée des Départements de France (ADF) ; Association des maires ruraux de France (AMRF) ; Association nationale des élus de la montagne (Anem) ; Association des Petites Villes de France (APVF) ; Fédération des agences de développement et des comités d’expansion économique (Cner) ; Fédération des Entreprises publiques locales (FedEpl), Association des maires de Grandes Villes de France (AMGVF) ; Villes de France Comité de pilotage Nathalie Dotres et Delphine Breure (AMF), Sandrine Guirado (AdCF), Jean-Pierre Quignaux (ADF), Julien Thibert (AMRF), Olivier Lamoureux et Olivier Riffard (Anem), François Panouillé (APVF), Audrey Duquenne (FedEpl), Élisabeth Coquaz- Garoudet, Florence de Marignan (Villes de France), Raphaëlle Frija (Cner), Pascal Giordano, Émilie Richer, Muriel Faucher, Patrice Carré, Mathieu Djourabtchi, Florian Tollet (Orange) Dispositif digital Paroles d’élus est présent sur Internet – avec son site parolesdelus.com – et sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter…). Digital social Media : Muriel Faucher Production des contenus textes et vidéos : Isegoria Conception et gestion du site web : Humancom Direction de production : Pierre Abruzzini Community management : Isabelle Hache Remerciements Les partenaires de Paroles d’élus remercient les élus des collectivités territoriales, les experts, les institutions et les organismes qui ont participé à ce projet original. Nous adressons nos remerciements à Sandrine André pour sa collaboration fructueuse sur le grand angle dédié à Strasbourg Eurométropole. Enfin, nous remercions tout particulièrement Bruno Janet, qui a porté et a fait évoluer pendant plus de dix ans avec enthousiasme le projet Paroles d’élus. Aurélie Guillerey Illustration “Économies, la solution numérique” P. 36 Aurélie Guillerey est née en 1975 à Besançon. Elle étudie à l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg et obtient son diplôme d’illustration en 1999. Depuis, elle travaille dans son atelier, à Rennes, pour la presse et l’édition, et réalise des affiches de théâtre. Depuis quelques années, elle a un peu abandonné ses pinceaux pour exécuter ses illustrations en numérique à la palette graphique. Elle aime s’approprier des sujets d’actualité et d’évolution de la société en y mettant une touche de poésie. Et quand elle n’est pas connectée derrière son ordinateur, elle part dans sa cabane sans électricité, sur une dune en Normandie. Émilie Biens Illustration “Strasbourg Eurométropole” P. 52 Émilie Biens est une illustratrice et une artiste peintre membre de la Fondation Taylor. Elle collabore avec des musées nationaux tels que le Muséum national d’histoire naturelle et le musée de la Grande Guerre. Son style graphique original lui permet d’être sélectionnée pour le prestigieux Salon national des beaux-arts qui se déroulera au Carrousel du Louvre fin 2015. L’illustration de Strasbourg présentée ici a été réalisée sur le modèle des gravures du XIXe  siècle, de manière artisanale entièrement à main levée. Hélène Builly Illustration “French Tech” P. 46 Illustratrice française, Hélène Builly remporte à 23 ans le 1er prix de l’Institut du design pour son projet de fin d’études “Extra d’Ordinaire” sous- titré “La véritable histoire de l’actualité”. Elle dessine en 2003 l’affiche du Printemps de Bourges, travaille pour Fooding et sur l’album de Laurent Garnier The Cloud Making Machine. Elle entre ensuite chez l’agent Costume 3 pièces et réalise ses premières campagnes de pub (Absolut, Renault, les grands magasins du Printemps…). Par ailleurs, Hélène dirige la section art dans la revue du CNRS Les Cahiers européens de l’imaginaire. Elle illustre pour nous le dossier French Tech. Brian W. Stevens Illustrations “Regards” P. 14 Designer print et web américain installé en France depuis une vingtaine d’années, Brian a conçu des formules de presse magazine kiosque comme Cargo ou Optimum. Illustrateur et compositeur de musique électronique, il prête son talent de graphiste à de nombreux supports de presse et d’édition. Icinori Illustration “Silver économie” P. 82 Raphael Urwiller et Mayumi Otero sont deux jeunes dessinateurs diplômés de l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg. Fondateurs des Éditions expérimentales Icinori, ils y développent leurs univers, travaillant en duo ou de façon indépendante. Passionnés d’estampes, nourris d’imagerie populaire et de dessin contemporain, ils créent notamment des illustrations pour la revue XXI, le New York Times, Le Nouvel Observateur, Le Monde, et réalisent indépendamment des albums jeunesse. Ils se retrouvent aussi pour éditer leurs pop-ups en sérigraphie… Contributeurs parolesdelus.com Une émission mensuelle, le JT, vous permet de suivre et d’intervenir sur les sujets liés aux territoires numériques. Des contenus enrichis, instantanés et propices aux partages sur les réseaux sociaux, et de nouvelles rubriques “Le Fil Actu” et le “Trombinoscope”. Personnalisez, éditez, téléchargez “Mon Paroles d’élus” en sélectionnant les contenus pour les intégrer à un magazine PDF, vous imprimez votre propre Paroles d’élus ! DRDRICINORI DRDR Mourad Mokrani Photographies des présidents P. 10 Né en 1968 à Alger, Mourad découvre la photographie en 1995, à travers le sourire des gens. Son objectif est alors d’immortaliser ces moments de bonheur. Très vite, il perçoit les potentialités expressives de la photographie et surtout la liberté de partir à la découverte des autres, du monde et de soi- même. Depuis vingt ans, il accompagne des grandes, moyennes et petites entreprises dans le monde. Aujourd’hui, il s’offre un regard 100 % numérique avec Paroles d’élus. MOURADMOKRANI
  • 7. 10 Paroles d’élus Paroles d’élus 11 partenaires Croiser les témoignages, les réflexions et les éclairages pour décrypter la France numérique qui émerge. C’est l’ambition que nous partageons. Nul n’en doute désormais. Un nouvel écosystème se met en place. Nous ne devons pas simplement le constater, nous devons le penser pour mieux le façonner. La réflexion sur le rôle du numérique dans les transitions auxquelles nous sommes confrontés est incontournable. Quel peut être le rôle du numérique dans les transformations du monde ? Sur quoi agit-il ? Que remet-il en cause ? Le monde dans lequel nous vivons connaît de profondes mutations, comme il en a rarement connu : changement climatique, épuisement des ressources naturelles, vieillissement de l’Occident, explosion des inégalités, courants migratoires, etc. Sur bien des points le numérique n’apporte pas de réponse ; en revanche – et c’est ce que nous montrent bien les intervenants réunis ici –, il suscite l’innovation et l’émergence de pratiques qui, en se diffusant et s’agrégeant, finissent par substituer leurs mécanismes aux anciens : effets de réseaux, économie collaborative, nouvelles conceptions du travail, etc. En bref, une mutation radicale de nos cadres de référence. Nous sommes tous, associations d’élus comme opérateur, à l’orée de transformations fondamentales. La France doit profiter de la puissance du numérique, à l’instar de la French Tech, qui sera un outil des changements nécessaires. Un numérique porteur d’espoir pour des innovations sur tous les territoires, un numérique capable d’ouvrir la culture au plus grand nombre, de renouveler la démocratie, porteur de nouvelles pratiques de solidarité ; un numérique moteur d’une véritable transition énergétique et écologique. Un numérique ouvrant le champ des possibles pour les collectivités territoriales malgré des moyens en baisse. Un numérique porteur de progrès pour notre “vivre ensemble”, par exemple en luttant contre l’isolement des personnes âgées. C’est une nouvelle configuration de l’espace public qui se profile. Gageons que ces “Paroles d’élus” renouvelées nous aideront à mieux le comprendre et le faire vivre. Laurent Wauquiez Président de l’Association nationale des élus de la montagne (Anem) Olivier Dussopt Président de l’Association des Petites Villes de France (APVF) Charles-Éric Lemaignen Président de l’Assemblée des Communautés de France (AdCF) Jean-Luc Moudenc Président de l’Association des maires de Grandes Villes de France (AMGVF) Caroline Cayeux Présidente de Villes de France Jacques Chiron Président de la Fédération des Entreprises publiques locales (FedEpl) FRENCH TECH P. 46 MUSÉES P. 72 LASCAUX 4 P. 64 ENTRETIEN P. 32E-RÉPUTATION P. 88 Vanik Berberian Président de l’Association des maires ruraux de France (AMRF) ENTRETIEN P. 68 François Baroin Président de l’Association des maires de France et des présidents d’intercommunalité (AMF) ENTRETIEN P. 42 Dominique Bussereau Président de l’Assemblée des Départements de France (ADF) ENTRETIEN P. 94 Stéphane Richard Président-directeur général d’Orange REGARDS P. 20ENTRETIEN P. 54 Frédéric Cuvillier Président de la Fédération des agences de développement économique (Cner) SILVER ÉCONOMIE P. 82 MOURADMOKRANI,IANLANGSDON/EPA/CORBIS,STÉPHANEDESAKUTIN/AFP,XAVIERROSSI/GETTYIMAGES
  • 8. 12 Paroles d’élus Paroles d’élus 13 ujourd’hui, nous ne sommes pas dans une crise mondiale, mais dans une véritable mutation du monde. C’est une mutation profonde, dans la mesure où elle va aboutir à un changement des comportements et des approches. C’est une forme de révolution, car nous sommes face à une rupture entre nos pratiques anciennes et celles à venir en entrant dans le cyberespace. Alain Juillet préside le Club des directeurs de sécurité des entreprises (CDSE) et l’Académie de l’intelligence économique. Conseiller senior au cabinet d’avocats international Orrick Rambaud Martel, il a été directeur du renseignement au sein de la DGSE, puis haut responsable pour l’intelligence économique auprès du Premier ministre. Le cyberexpert A Alain Juillet Regards DR
  • 9. 14 Paroles d’élus Paroles d’élus 15 Nous sommes bel et bien entrés dans une mutation profonde. Les nouveaux modes de vie font que les gens sont isolés. Ils vivent seuls, tra- vaillent de plus en plus seuls, et la plupart du temps devant leur ordi- nateur. Or, l’être humain a besoin d’échanger. À travers le numérique a émergé une nouvelle formule d’échanges : les réseaux sociaux. Le problème derrière ces réseaux, c’est l’utilisation de nos données personnelles à des fins com- merciales. Cela rapporte de l’argent. On vous analyse, on stocke vos don- nées, on utilise votre réseau pour faire passer des idées… ou provoquer des achats. Au-delà des déclarations, c’est une opération commerciale. Il ne faut pas oublier que Google et leurs homologues sont des commer- çants, ni plus ni moins. Nous vivons dans un système où ces grands acteurs (Amazon, Apple, Google…) ont parfaitement compris comment gagner de l’argent et n’ont vraiment aucun scrupule. Il faut donc arrêter de croire que ce sont les bienfaiteurs de l’humanité. Ils exploitent nos failles personnelles en disposant d’infor- mations que nous n’aurions jamais fournies nous-mêmes directement et qu’on leur laisse diffuser. Dans ce but, ils ont progressivement amélioré leur système. L’une de leurs plus belles inventions, c’est le fameux cloud. Parce que le cloud, c’est quoi ? Théoriquement, cela concerne toutes les informations hébergées sur votre ordi- nateur, votre mobile ou vos autres supports informatiques. Si vous n’y faites pas attention ou que vous donnez votre accord, ces données migreront vers un lieu “virtuel” où elles seront stockées sans que vous ayez aucun moyen de contrôle et sans que vous puissiez savoir qui accédera à vos données. Et c’est bien le but de l’opération. Pour les collectivités, comme pour les individus et les entre- prises, il faut être réaliste : le cloud indéfini permet à tous ceux qui en ont la clé d’exploiter des informations à leur profit. Donc, attention de ne pas mettre dans ce cloud des données sensibles. En fait, il existe trois niveaux de cloud. D’abord, le cloud indéfini, où l’on peut mettre ce qui n’a aucune importance, mais en sachant que tout pourra être exploité. Ensuite, le cloud ­national – ou européen – qui garantit au moins que les données ne sortiront pas du territoire. Cela peut paraître difficile car, par essence, le monde digital n’a pas de frontières. Et pourtant, c’est possible. On peut tout de même arriver à sécuriser. Pourquoi un cloud national ? Car il se doit de respecter les lois de la République. Alors que le cloud stocké en Irlande, aux États-Unis ou au “Balouchistan”, tout le monde s’en moque. Sur ces clouds interna- tionaux, on ne peut rien contrôler et nos lois ne s’appliquent pas. Si, en revanche, il s’agit d’un cloud national, la loi française peut interdire tel ou tel agissement. En cas d’informations à protéger, il est donc préférable d’opter pour ce niveau-là. Et puis, il y a la troisième option, celle qui concerne ce qui est vrai- ment le cœur de l’entreprise : les recettes, le fichier client, la structure financière, un brevet, etc. Des don- nées dont dépend l’avenir de l’entre- prise. Il est évident qu’il faut éviter le cloud national ou pire, le cloud international, et le garder chez soi, dans un serveur fermé, verrouillé, qui n’est pas connecté à l’extérieur. Toutes les entreprises devraient appli- quer cette règle impérative. J’ai tendance penser que tout État ou collectivité devrait la pratiquer aussi. Parce qu’il faut se poser les vraies questions : par exemple, est-ce que les données concernant mes concitoyens doivent circuler n’importe où ? Est-ce que, par exemple, mes déclarations de revenus doivent être stockées en France et y rester quoi qu’il arrive ? Qui doit y avoir accès en dehors du personnel des impôts ? En imaginant même qu’en France nous ayons résolu notre problème, si la Belgique, l’Allemagne ou l’Angleterre ne l’ont pas fait, nous allons, d’une part, vers un problème politique (pourquoi un pays est-il “libre” et pas l’autre ?) et, d’autre part, vers un risque de fuites. Il faut un consensus européen pour des clouds nationaux, mais rien n’empêche de concevoir un cloud européen s’appuyant sur un pool de pays qui fasse respecter un minimum de règles. Cybersécurité et collectivités. On parle toujours des attaques contre les entreprises, et c’est vrai qu’elles sont fré- quentes ces temps-ci. On parle également des attaques contre les États, les services publics, mais personne ne parle des attaques contre les collectivités. Or leurs fichiers ont de la valeur, quand ils précisent par exemple le niveau de vie ou les centres d’intérêt des habitants. Aujourd’hui, dans les entre- prises il existe des services qui fournissent une protection importante. Au sein des ministères, avec l’ANSI notamment, les services de l’État ont pris les choses en main. Les collectivités, elles, ne sont pas armées et, faute de moyens, sont victimes sans même le savoir. Rappelons-nous l’affaire du film sur la Corée du Nord en rapport avec Sony. Il est dit qu’ils ont bloqué le film… Ce qui m’interpelle le plus, c’est qu’une grande ville de Corée du Nord ait été plongée dans le noir durant environ une douzaine d’heures. Cela veut dire que des gens ayant une certaine capacité technique ont carrément neutralisé une ville entière durant une journée. On parle de piratage, de vols, mais il est aussi des attaques qui peuvent tout paralyser. J’aime prendre l’exemple du GPS. Il suffirait de déca- ler sa précision de quelques mètres pour que, en quelques minutes, Paris et sa banlieue se transforment en un gigantesque chaos. C’est aussi simple que cela. Des milliers de conducteurs voudront tourner là et ne le pourront pas. Quelques hackers sont capables de ce type de cyberattaque, tout comme certains États. Le citoyen lambda est exposé à titre personnel, car il constate bien les attaques qu’il subit sur son propre ordi- nateur, chez lui. Qu’il s’agisse d’usurpation d’identité, de demande de paiement, les techniques sont connues. Nous évoluons au cœur d’un système formidable qui va per- mettre de gagner en efficacité, mais aussi de plus en plus risqué. D’un côté, c’est un énorme progrès qui va nous faire gagner du temps, de l’efficacité, de la précision, donc c’est formidable et on évite des erreurs. Bravo ! Mais de l’autre, la même amélioration peut nous amener à la catastrophe, car nous ne sommes pas prêts. Prenons l’exemple de l’automobile : les constructeurs ont aujourd’hui accès en moyenne à une cinquantaine d’infor- mations (usure des pneus, état du moteur…) via les objets connectés. L’étape suivante, dans la voiture, risque d’être : “Vous conduisez trop vite” ; “Pour réduire votre consom- mation d’essence, il faut baisser votre vitesse…” ; “Pourquoi avez-vous fait cela ? Vous ne devriez pas...”. Bref, un passage au conducteur complètement conditionné avant de basculer vers le sans pilote. Cela pose de vrais problèmes, parce que d’autres acteurs – votre assureur par exemple – vont avoir accès à l’­information. Les compagnies vont pouvoir augmenter votre police selon que vous condui- sez plus ou moins bien. Où est la liberté là-dedans ? Le fond du problème, c’est que nous sommes en train de vivre volontai- rement une aliénation de plus en plus importante de nos libertés. Les politiques commencent à en prendre conscience et à se poser les bonnes questions. Le sujet n’est pas de dire “c’est bien” ou “c’est mal”. La question c’est de se dire : “On est pris dans une lame de fond, on ne peut pas s’y opposer, alors essayons de voir ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas. Battons-nous pour empêcher l’inacceptable.” C’est le rôle du poli- tique et s’il ne comprend pas cette évolution, il va être dépassé. Le web et les réseaux sociaux sont devenus un espace public d’échanges. Les gens se surex- posent de plus en plus. Or rien ne leur garantit que les informations qu’ils livrent aujourd’hui ne ressor- tiront pas opportunément dans dix ans. On nous rétorque le “droit à l’ou- bli”. Mais c’est de la foutaise, le droit à l’oubli ! En supposant qu’on parvienne à instaurer le droit à l’oubli en France, il ne s’appliquera pas hors de nos frontières. Et le web ne connaît pas de frontières. Il suffira de stocker tous les échanges dans un autre pays pour qu’il n’y ait pas de réel droit à l’oubli. Le droit à l’oubli, c’est un leurre, un écran de fumée. En réalité, les organisations criminelles stockent déjà des informations dont elles pourront se servir pour faire pression, exercer un chantage, etc. Certains pays stockent les informations qui leur permettent de surveiller ce que vous faites, et il n’existe pas de droit à l’oubli chez eux. Quand les internautes se mettent à nu sur Facebook, ils ne se rendent pas compte que c’est pour la vie entière ou qu’ils facilitent la vie des criminels. Récem- ment, des cambriolages ont pu être réussis par des voyous qui, circulant sur les réseaux sociaux, ont été informés du bon moment pour commettre leur acte et des objets intéressants à voler. Il est temps de sensibiliser les citoyens par un vrai apprentissage pour leur faire comprendre qu’il y a un certain nombre de choses qu’on ne peut ou ne doit pas faire quand on utilise ces nouveaux outils. La fracture numérique, enjeu mondial… Il y a quelques années, le président Chirac parlait de la “fracture sociale”. Ça n’avait pourtant rien à voir avec ce que va être la “fracture numérique”. Ce sera un problème essentiel dans les cinquante prochaines années au niveau des pays, des villes, des individus. Fracture entre ceux qui ont accès à la connaissance et ceux qui ne l’ont pas. C’est Dr Jekyll et Mr Hyde ! La mutation que nous sommes en train de vivre a des avantages considérables, mais aussi un inconvénient majeur : nous sommes en train de vivre volontairement une aliénation de plus en plus importante de nos libertés. Serons-nous capables de dire “stop”, de discerner ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas ? BRIANW.STEVENS
  • 10. 16 Paroles d’élus Paroles d’élus 17 Daniel Kaplan Le prospectiviste DANIEL KAPLAN est cofondateur et délégué général de la Fondation pour l’Internet nouvelle génération (FING), il est aussi membre du Conseil national du numérique. En 1986, il a fondé JKLM, l’une des premières agences de communication numérique au monde. Il a également écrit ou dirigé plus de 25 ouvrages et rapports sur le thème de l’Internet. Q u’est-ce que le numérique transforme ? On pourrait être tenté de répondre “Demandons-nous d’abord ce qu’il ne transforme pas, ça ira plus vite !” Mais on ne s’en tirera pas à si bon compte. Parce que le constat change du tout au tout selon l’échelle à laquelle on se situe, ou l’acteur que l’on considère. Regards DR
  • 11. 18 Paroles d’élus Paroles d’élus 19 de notre système productif au sens large : réduire les intrants à production constante ; réduire les déchets ; réduire la demande (en contrôlant en particu- lier les “effets rebond”, l’augmentation de consommation que génèrent très souvent les gains de productivité). Cette perspective dessine un agenda quelque peu différent du développe- ment du numérique, en particulier dans les territoires. La transformation écologique de notre économie passera d’abord par la mesure : mesure des pollu- tions, d’autant plus précise et mobi- lisatrice que les citoyens pourront y participer, par exemple à l’aide de leurs objets connectés ; traçabilité des intrants, des matières, des déchets, des objets tout au long de leur cycle, le tout d’une manière aussi partagée que possible pour obtenir la connec- tivité sans laquelle les différentes facettes de “l’économie circulaire” se montrent moins efficaces ; et mesure de la valeur, qui doit se déprendre de la seule valeur marchande, internali- ser les fameuses “externalités” sociales et environnementales, s’intéresser aux “communs” et à leur gestion. À l’aise avec les chiffres, le numé- rique l’est aussi pour mettre en relation, coordonner, agréger des individus, des groupes, des informa- tions et des données, des actions et des projets. Si la démocratie participative, numérique ou non, déçoit souvent (pas toujours), le potentiel d’une démocra- tie “contributive” paraît immense : les citoyens n’y concourent pas seulement à former une décision commune, mais directement à concevoir un dispositif, à gérer une ressource commune, à produire un “service” d’intérêt col- lectif. La multiplication des espaces partagés dans les territoires (du coworking aux maisons de services), les nouveaux réseaux d’aidants, les pratiques collaboratives de déplacement (covoitu- rage) mais aussi de partage d’équipements, d’échange de ser- vices… en sont de parfaits exemples. Le numérique les aide à émerger, à fonctionner dans la durée avec des individus mobi- lisés de manière intermittente. Il joue également un rôle majeur pour interconnecter les réseaux, horizon- talement (réseaux de covoiturage, par exemple) ou verticalement (le covoiturage local avec les grandes infrastructures urbaines, parkings et transports publics). Autre exemple fameux (quoiqu’il soit encore un peu théorique), “l’Internet de l’énergie” de Jeremy Rifkin, qui retourne le fonctionnement des infrastructures électriques. À grande échelle, “l’éco- nomie contributive” sera numérique ou ne sera pas. D’autres pistes pourront égale- ment être explorées. Après avoir trop cru aux effets écologiques de la “dématérialisation”, avons-nous trop facilement abandonné cette piste ? Jusqu’où pourrait-on aller dans la substitution de services aux produits, d’actions locales à des déplacements, dans le partage d’infrastructures qui pourraient inclure jusqu’à nos pièces de récep- tion ou chambres d’amis ? Comment faudra-t-il alors reconcevoir des objets, espaces, véhicules ou équi- pements prévus dès l’origine pour être partagés ? Les territoires sont au cœur de ces reconfigurations. À l’inverse de l’image parfois justifiée que l’on a du numérique, celles-ci visent à créer plus de liens entre les gens et non moins, plus de diversité et non d’homogénéité sous l’égide de grandes enseignes mondiales. Et aussi plus de résilience face aux difficultés qui s’annoncent : or la connectivité, la diversité et la confiance (en soi et en l’autre) sont les clés de la résilience. En reconnectant les transitions numérique et écologique, nous ne faisons pas que dessiner un chemin possible pour la trans- formation écologique : nous redonnons également un sens à la révolution numérique. … et le numérique ne change rien aux embouteillages en périphérie des villes, au rythme du réchauffement climatique, à l’expérience vécue par 90 % des élèves dans leurs classes, à la culture de nos élites, à la concentration des richesses, à la concentration des grands médias, au mal-être urbain, au mal-être paysan, etc. Notre monde très numérique n’est à l’évidence ni plus sûr, ni plus juste, ni plus vert que le monde “prénumérique”. Dans l’édition 2013 de “Ques- tions numériques”, le cycle de prospective de la FING dont l’angle était celui des promesses, nous constations cette “disjonction entre, d’un côté, le développement rapide et massif d’outils, de services et de pra- tiques numériques et, de l’autre, des effets systémiques faibles, voire nuls, voire carrément paradoxaux. Le numé- rique a libéré notre temps de multiples contraintes ; or nous nous sentons tou- jours plus pris par le temps. La dématé- rialisation a considérablement progressé dans nos vies quotidiennes comme dans les organisations, sans vraiment simpli- fier nos vies ni la gestion des entreprises, sans réduire non plus la consommation de papier. (…) En ligne, nous devenons tous auteurs, innovateurs, producteurs, nous savons y produire de l’intelligence collective à des échelles sans précé- dent ; pourtant nous nous montrons toujours aussi incapables de répondre aux grands défis collectifs, toujours plus inquiets face à l’avenir…” À elle seule, la technologie, même superbe, même massivement appropriée, ne suffit pas à résoudre des problèmes dont les racines puisent loin dans l’histoire ainsi que dans l’organisation politique et économique de nos sociétés – orga- nisation dont découlent d’ailleurs nos technologies. Si nous visons un changement systémique, alors il faut décrire ce changement et y appliquer une volonté forte, tenace, largement partagée, tout en accep- tant la confrontation. Nous devons décrire une transition, c’est-à-dire, pour un système complexe (une planète, une ville, un secteur écono- mique…), le passage d’un état de départ devenu instable à un état futur soutenable, raisonnablement stable et adapté aux conditions du moment. Cela est d’autant plus crucial que nous voyons s’approcher la nécessité d’une transition écologique et que, plus nous atten- dons, plus l’espace de nos choix se restreint. Nous devons concilier deux ensembles de contraintes à la fois fortes et contradictoires : rester ou revenir en deçà des neuf “barrières planétaires” au-delà desquelles le comportement de notre écosystème planétaire devient imprévisible et vraisembla- blement dangereux, tout en attei- gnant ou dépassant les “objectifs du millénaire” de l’ONU, à commencer par le premier : “éliminer l’extrême pauvreté et la faim”. Aucune de ces deux séries d’objec- tifs n’est optionnelle et chacune conditionne l’autre. Ça tombe bien, avons-nous longtemps voulu croire : en dématérialisant tout ce qui peut l’être, en déplaçant des informations plutôt que des atomes, en ratio- nalisant nos grands systèmes, le numérique obtiendra l’un et l’autre et produira une économie naturel- lement prospère et “verte” à la fois, parce qu’immatérielle. Nous savons aujourd’hui que ça ne fonctionne pas ou, du moins, pas tout seul, sans intention. Et pourtant, il demeure quelque chose de fort dans cette idée. En effet, la transi- tion écologique est notre horizon, notre objectif, mais trente ans de déceptions nous obligent à admettre qu’elle sait mieux décrire son but que son chemin. À l’inverse, la tran- sition numérique est notre quotidien, notre levier, mais c’est une force sans objectif qui transforme tout ce qu’elle touche, sans trop savoir en quoi. L’une a le but, l’autre le chemin : chacune des deux transitions a besoin de l’autre ! Et pourtant leurs acteurs communiquent trop peu et trop mal. Il est aujourd’hui temps de mettre explicitement la force des transformations numériques au service de la transi- tion écologique. C’est la tâche à laquelle s’attelle le programme Transitions2 , qui regroupe un nombre croissant d’associations, de réseaux, de territoires(1) , etc. Un modèle (exagérément) simple illustre le lien entre ce que nous pouvons appeler “les sept leviers numériques des transitions” (optimal, smart, soft, open, agile, disruptif, distri- bué)(2) et les trois grands leviers d’une transition écologique Le numérique change tout… nos journées de travail, nos mobilités, nos pratiques médiatiques et culturelles, nos relations sociales ; l’organisation de nos entreprises, les marchés et les chaînes de valeur, les cycles économiques et d’innovation ; des secteurs entiers tels que les “industries culturelles”, les médias, le voyage et le tourisme, la finance ; les rythmes sociaux, les formes de décision, les barrières entre privé et public, entre consommateur et professionnel, etc. (1) transitions2.net (2) Questions Numériques, édition 2015 : fing.org/?-Questions-Numeriques- Une approche socioéconomique de la transition écologique Source : Oxfam/Kate Raworth Couche environnementale Changement Transf orm ations del’occu pation du sol Pertede biodiversité Diminutionde lacouched’ozone Pollutionauxaérosols atmosphériques Pollution chimique Acidification desocéans Cycled’azote etdephosphore Utilisatio n de l’eau do uce climatique Alimentation Eau Énergie Emploi Expression Résilience Revenus ÉducationSanté Égalité des sexes Égalité sociale Plafonds environnementaux Fondations sociales BRIANW.STEVENS
  • 12. 20 Paroles d’élus Paroles d’élus 21 ux côtés des élus et des citoyens, notre Groupe s’investit, en partenariat avec les acteurs du secteur, pour un espace public plus simple, plus convivial et plus agréable à vivre. Stéphane Richard préside depuis 2011 le groupe Orange, l’un des principaux opérateurs mondiaux de télécommunications (157 000 salariés). Présent dans 28 pays, Orange sert 263 millions de clients dans le monde. Stéphane Richard Regards FRANÇOISMARÉCHALPOURORANGE Le chef d’entreprise A
  • 13. 22 Paroles d’élus Paroles d’élus 23 Parce qu’elle a changé nos com- portements, désorganisé les hié- rarchies, enrichi nos imaginaires, la révolution numérique bouleverse notre rapport et notre ouverture au monde. Bien sûr, elle a aussi fait naître de nouvelles attentes, comme un besoin prégnant de connectivité dans les différents domaines de la vie quotidienne. Cette révolution transforme aussi les territoires en gommant les distances, en soutenant leur développement économique ou encore en favorisant de nouvelles solidarités citoyennes. Comme nous la vivons chacun à notre manière, nous atten- dons que les offres et services soient aussi flexibles et adaptés à nos besoins que possible. L’enjeu n’est alors plus seulement de proposer un réseau performant, mais bien d’offrir des ser- vices prenant en compte la réalité de la vie numérique de chacun. Le numérique est appelé à jouer un rôle essentiel pour les collectivités locales et leurs administrés. Nous y développons des solutions susceptibles d’apporter une réelle contribution à l’amélioration des services publics : valorisation du patri- moine culturel et géographique d’une commune ou d’un site remarquable, optimisation de la gestion des ressources de la collectivité, amélioration du service rendu et de l’information aux administrés, etc. Les exemples ne manquent pas et Paroles d’élus en a été, depuis dix ans, le témoin et le promoteur engagé. Notre mission est forte, claire et assumée : le rôle d’Orange est d’être “toujours là” pour connecter chacun à ce qui lui est essentiel. C’est la pre- mière attente de nos clients comme celle des collectivités. Cela passe d’abord par un accès à des infrastructures de premier plan. Nous sommes déjà leader dans le déploiement du Fiber to the Home (FttH). Nous comptons poursuivre cette démarche volontariste. C’est pourquoi nous investirons en France plus de 3 milliards d’euros dans le déploiement du FttH entre 2015 et 2018. Ces investissements sont créateurs de valeur et d’em- plois pour les années à venir. En France, la multiplication par trois de nos investissements dans la fibre d’ici à 2020 doit nous permettre d’atteindre 12 millions de logements raccor- dables en 2018 et 20 millions en 2022. Orange déploie aussi d’autres solutions technologiques pour apporter le très haut débit à l’ensemble du territoire, avec la montée en débit du réseau cuivre (fibre jusqu’au vil- lage, le satellite ou encore la 4G). Nous modernisons notre réseau afin d’assurer la montée en débit pour nos clients DSL , en complément du programme de déploiement du FttH. Cela est possible grâce à une modernisation du réseau cuivre pour les territoires qui ne pourront pas bénéficier du FttH à court ou moyen terme. Nous continuerons dans les années à venir à ouvrir plusieurs milliers de nouveaux NRA à cette technologie, permettant ainsi, en complémentarité de la fibre optique, un maillage effi- cace du territoire pour offrir au plus grand nombre de foyers français un accès au très haut débit. Nous sommes également très pré- sents dans les territoires ruraux où nous ne négligeons pas le réseau cuivre ! L’investissement par ligne fixe y est deux fois plus important qu’en zone urbaine. Le réseau cuivre d’Orange représente 1 million de kilomètres d’artères, 15 millions de poteaux, 16 000 nœuds de raccordement, répartis sur l’ensemble du territoire français, dont 60 % en zone rurale. Orange investit 500 millions d’euros chaque année pour entretenir le réseau cuivre. Depuis 2003, nous avons procédé à l’équipement de plus de 10 000 NRA en VDSL2, permettant d’augmenter très signifi- cativement les débits de près de 30 % des lignes. En parallèle, nos investissements dans le réseau mobile nous permettent d’accompagner l’ensemble de nos clients dans leur vie quotidienne, y compris pendant les trajets et dans les transports, mais aussi à l’intérieur des bâtiments. Dans les grandes agglomérations, nous lançons ainsi le projet “Ma ville sans coupure”, visant à la disparition des coupures d’appels. Afin d’augmenter encore la couverture mobile sur l’ensemble du territoire national, Orange a été le moteur dans la conception du plan de couverture des zones blanches mobile, en partenariat avec le Gou- vernement et les collectivités. En plus de cette connectivité enrichie que nous offrons à nos clients, Orange démocratise les nou- velles technologies auprès du plus grand nombre. Comme avec le “Big Data”, pour lequel nous développons déjà des plateformes sécurisées qui utilisent ces données ouvertes pour proposer de nombreux services inno- vants (comme Flux Vision utilisé par des collectivités pour modéliser les flux de visiteurs et adapter leurs capacités d’accueil de ces visiteurs et touristes). Orange a l’ambition de faire vivre à chacun une expérience incomparable au quotidien en concevant les services numé- riques qui lui permettent de profiter, en toute confiance, de ce qui lui est essentiel. Aux côtés des élus et des citoyens, notre Groupe s’investit, en partenariat avec les acteurs du secteur, pour un espace public plus simple, plus convivial et plus agréable à vivre. Nous avons la volonté d’être leur partenaire de confiance sur le numérique et ainsi leur permettre d’anticiper les attentes de nos concitoyens et y apporter une réponse simple et personnalisée. Notre mission est forte, claire et assumée : le rôle d’Orange est d’être “toujours là” pour connecter chacun à ce qui lui est essentiel. C’est la première attente de nos clients comme celle des collectivités. Cette révolution transforme les territoires en gommant les distances, en soutenant leur développement économique ou encore en favorisant de nouvelles solidarités citoyennes. BRIANW.STEVENS
  • 14. 24 Paroles d’élus Paroles d’élus 25 Retrouvez l’intégralité de l’entretien en vidéo sur Culture Mobile : culturemobile.net Le numérique suscite de vrais échanges entre générations. La question numérique a été la source de quelque chose d’ex- traordinaire, que l’on n’avait jamais connu auparavant à ce niveau-là : la réciprocité de l’enseignement. Auparavant, l’an- cien détenait la connaissance : au meilleur des cas, par exemple en tant que compagnon du devoir, il transmettait son savoir aux plus jeunes, et l’échange s’arrêtait là. Mais aujourd’hui (…), on commence à comprendre tous les bénéfices de la réci- procité des savoirs. Au sein des entreprises, les plus âgés ont conscience de tout ce que les plus jeunes peuvent leur apporter en termes d’usages des technologies numériques, de l’Internet, de la data mobile ou des réseaux sociaux. Accepter cette réalité, et permettre aux jeunes de transmettre ce savoir opérationnel à leurs aînés, apporte beaucoup. Ces jeunes se sentent valorisés. Ils gagnent en légitimité au sein de l’orga- nisation. Et, du même coup, ils acceptent d’autant mieux et sont d’autant plus demandeurs d’un accompagnement des plus anciens. Ils admettent plus facilement leurs manques en termes de compétences, et ils les acquièrent également plus aisément. Bien plus forte qu’il y a quarante ou même vingt ans, cette réciprocité des enseignements installe de la fluidité dans les relations. Chacun ayant gagné en légitimité aux yeux de ses pairs, elle permet à tous de mieux respecter l’autre, qu’ils soient d’un âge ou même d’une culture, d’un milieu social dif- férents. PAR SERGE GUÉRIN Sociologue GÉNÉRATIONS Serge Guérin (53 ans) est un sociologue spécialiste des questions liées au vieillissement. Titulaire d’un doctorat et d’une habilitation à diriger des recherches en communication, il est professeur à l’Inseec Paris, où il dirige la chaire “Entrepreneurship  Social Business” et enseigne dans le cadre du master Politiques gérontologiques de Sciences Po. Personnalité éclectique, il s’attelle avant tout à améliorer l’image des personnes âgées dans la société. Il cherche en outre à revaloriser les métiers de l’accompagnement et du lien social, notamment auprès des seniors. Il s’intéresse également à l’éducation aux médias et réfléchit à des techniques d’initiation des jeunes aux journaux papier. Spécialiste des nouvelles techniques de marketing, il étudie le comportement des consommateurs. Serge Guérin a notamment publié Silver Génération - 10 idées reçues à combattre à propos des seniors (Michalon, 2015) et a participé à l’écriture de Regards sur un XXIe  siècle en mouvement (Ellipses Marketing, 2012). Regards BRIANW.STEVENS
  • 15. 26 Paroles d’élus Paroles d’élus 27 La réalité de l’automatisation, donc du numérique, c’est la des- truction de l’emploi. Cela se présente comme une très mau- vaise nouvelle, mais vu sous un autre angle, c’est au contraire une très bonne nouvelle – car la fin de l’emploi, c’est le début du travail. Le numérique entre littéralement partout, des cages thoraciques, via des organes artificiels, aux supermarchés ou aux pièces détachées dans les usines, avec des puces RFID pour que les robots les trouvent plus facilement et produisent encore plus vite, encore mieux, sans avoir besoin de personne. Le numérique envahit tout, car il a une vertu, si j’ose dire, qui peut se transformer en gros défaut si l’on n’en comprend pas le sens : le numérique a une capacité extraordinaire de restitution, de connexion, et donc d’intégration de tous les automatismes. Je parle là des automatismes industriels, tech- nologiques, mais aussi comportementaux, biologiques, psy- chologiques et sociologiques. (…) Or l’emploi, à l’instar du taylorisme et du travail à la chaîne, a ceci de spécifique qu’il ne suppose la reproduction par les femmes et les hommes que d’automatismes sans la moindre “désautomatisation”. C’est en ce sens qu’il s’avère être le contraire du travail. Savoir faire un travail, c’est essentiellement avoir acquis des automatismes que l’on a tellement intériorisés, dont on est maître au point de pouvoir les “désautomatiser”. PAR BERNARD STIEGLER Philosophe EMPLOI Retrouvez l’intégralité de l’entretien en vidéo sur Culture Mobile : culturemobile.net Regards Bernard Stiegler, docteur de l’École des hautes études en sciences sociales, est président de l’association Ars Industrialis, directeur de l’Institut de recherche et d’innovation du Centre Georges-Pompidou, professeur à l’université de Londres (Goldsmiths College), professeur associé à l’université de technologie de Compiègne, et enseigne à l’École polytechnique de Zurich. Il a été directeur de programme au Collège international de philosophie, directeur général adjoint de l’Institut national de l’audiovisuel en 1996, directeur de l’Ircam en 2001 et directeur du département du Développement culturel du Centre Georges- Pompidou en 2006. Ses dernières publications : La Société automatique. 1. L’Avenir du travail (Fayard, 2015) et L’Emploi est mort, vive le travail ! avec Ariel Kyrou (Fayard/Mille et Une Nuits, 2015). BRIANW.STEVENS
  • 16. 28 Paroles d’élus Paroles d’élus 29 Dès le réveilPIBE-commerce 4G Les Français ont dépensé 57 milliards d’euros sur Internet en 2014 Équipement Réseaux sociaux Génération Y Source: Fevad – Observatoire du numérique Les foyers français sont équipés de 6,4 écrans en moyenne Source: Médiamétrie / lecollectif.orange.fr (janvier 2015) 4 Français sur 10 consultent leur mobile dans la demi-heure qui suit leur réveil Source: étude sur les usages mobiles 2014 – Deloitte 1 Français sur 2 a une page Facebook 1 milliard de personnes connectés à Facebook en une seule journée: le 27 août 2015 50 % nos façons de nous déplacer Source : données Facebook (01/09/2015) et Twitter (septembre 2015) 5,5 %, c’est le poids que représente le numérique dans le produit intérieur brut de la France Sources: étude McKinsey (septembre 2014) + “9 chiffres qui vont vous étonner sur la France et le #numérique” sur gouvernement.fr Source: Orange Source: Orange au 30/06/15 Source: Orange au 30/06/15 Source: Orange Parmi les étudiants, 61 % pensent que le numérique va bouleverser nos manières de travailler 44,3 % des logements, entreprises et services publics sur le territoire français sont couverts en très haut débit au 30 juin 2015 (objectif 100 % en 2022, plan France Très Haut Débit) Source: France Très Haut Débit au 30/06/15, en croissance de 10 points depuis décembre 2013 4,6 millions de logements déjà raccordables au 22 octobre 2015 (objectif: 20 millions en 2022)Orange investira, entre 2015 et 2018, 3 milliards d’euros pour le déploiement de la fibre optique sur le territoire national La 4G est présente dans plus de 200 stations balnéaires et 55 stations de ski Numéro 1 pour la qualité de ses services mobiles*. En France, Orange couvre 99 % de la population en 3G et 76,5 % en 4G. La 4G+ est disponible dans 17 grandes villes. * Pour la 5e année de suite: enquête Arcep sur la qualité des réseaux mobiles du 30/07/2015 48 % nos modes de consommation Source: enquête “Ville Numérique” réalisée en ligne auprès de 1000 étudiants français par la chaire Immobilier et Développement durable de l’Essec. 10/09/2015 L’âge moyen du Twitto est de 22 ans 33 % habitent en région parisienne 2,3 millions d’utilisateurs actifs mensuels sur Twitter en France Très haut débit Dès le réveilPIBE-commerce 4G Les Français ont dépensé 57 milliards d’euros sur Internet en 2014 Équipement Réseaux sociaux Génération Y Source: Fevad – Observatoire du numérique Les foyers français sont équipés de 6,4 écrans en moyenne Source: Médiamétrie / lecollectif.orange.fr (janvier 2015) 4 Français sur 10 consultent leur mobile dans la demi-heure qui suit leur réveil Source: étude sur les usages mobiles 2014 – Deloitte 1 Français sur 2 a une page Facebook 1 milliard de personnes connectés à Facebook en une seule journée: le 27 août 2015 50 % nos façons de nous déplacer Source : données Facebook (01/09/2015) et Twitter (septembre 2015) 5,5 %, c’est le poids que représente le numérique dans le produit intérieur brut de la France Sources: étude McKinsey (septembre 2014) + “9 chiffres qui vont vous étonner sur la France et le #numérique” sur gouvernement.fr Source: Orange Source: Orange au 30/06/15 Source: Orange au 30/06/15 Source: Orange Parmi les étudiants, 61 % pensent que le numérique va bouleverser nos manières de travailler 44,3 % des logements, entreprises et services publics sur le territoire français sont couverts en très haut débit au 30 juin 2015 (objectif 100 % en 2022, plan France Très Haut Débit) Source: France Très Haut Débit au 30/06/15, en croissance de 10 points depuis décembre 2013 4,6 millions de logements déjà raccordables au 22 octobre 2015 (objectif: 20 millions en 2022)Orange investira, entre 2015 et 2018, 3 milliards d’euros pour le déploiement de la fibre optique sur le territoire national La 4G est présente dans plus de 200 stations balnéaires et 55 stations de ski Numéro 1 pour la qualité de ses services mobiles*. En France, Orange couvre 99 % de la population en 3G et 76,5 % en 4G. La 4G+ est disponible dans 17 grandes villes. * Pour la 5e année de suite: enquête Arcep sur la qualité des réseaux mobiles du 30/07/2015 48 % nos modes de consommation Source: enquête “Ville Numérique” réalisée en ligne auprès de 1000 étudiants français par la chaire Immobilier et Développement durable de l’Essec. 10/09/2015 L’âge moyen du Twitto est de 22 ans 33 % habitent en région parisienne 2,3 millions d’utilisateurs actifs mensuels sur Twitter en France Très haut débit La France numérique2015 STUDIOV2
  • 17. 30 Paroles d’élus Paroles d’élus 31 Les emplois directs du numérique constituent 3,3 % du total de l’emploi salarié en France, ce qui en fait un secteur une fois et demie plus pourvoyeur d’emplois que l’agroalimentaire, par exemple. Source : étude McKinsey “Accélérer la mutation numérique des entreprises” Le poids du numérique à l’échelle macroéconomique est substantiel : calculé par une approche “demande”, la valeur ajoutée générée par le numérique représente 5,5 % du PIB français, soit davantage que le secteur des services financiers (4,8 % du PIB), et en phase de rattrapage avec celui de la construction (6,3 % du PIB). Source : étude McKinsey “Accélérer la mutation numérique des entreprises” On assiste à une nouvelle lame de fond : l’émergence des objets connectés, qui sont sur le point d’investir massivement nos vies dans de plus en plus de domaines. C’est une nouvelle ère qui s’ouvre, celle de “l’Internet des objets”, notamment dans les domaine de la santé et du bien-être, ou encore dans celui de la maison connectée. On estime qu’il y aura 50 milliards d’objets connectés dans le monde en 2020. Lire l’intervention de Luc Bretones en page 81 Dans le cadre de l’instruction des 74 dossiers de demande de subvention des collectivités territoriales, l’État a attribué un engagement financier à 43 dossiers. 1,49 milliard d’euros d’engagement financier de l’État en 2014. Source : plan France Très Haut Débit Les internautes français ont déjà largement adopté les nouveaux usages numériques. Près de 60 % des consommateurs français réalisent des achats en ligne et environ 60 % des citoyens sont usagers de l’administration en ligne. Ainsi, parmi les 28 États de l’Union européenne, la France se classe au 5e  rang pour l’usage des smartphones et tablettes. Source : étude McKinsey “Accélérer la mutation numérique des entreprises” Pour la seule année 2015, plus de 25 millions de smartphones et tablettes ont été vendus en France : un record de ventes absolu pour le mobile. Source : baromètre trimestriel de la Mobile Marketing Association France Le numérique rend poreuses les frontières entre vie privée et vie professionnelle. Un tiers des actifs possédant un ordinateur utilise les technologies numériques pour travailler à leur domicile. Source : étude Credoc/Arcep 2014 291 240Les commerçants sont de plus en plus équipés en terminaux de paiement sans contact. Source : Observatoire du NFC et du sans contact La France numérique2015 L’hyperconnexion des jeunes s’intensifie. Les adolescents passent en moyenne 13 h 30 par semaine sur Internet en 2015, contre 12 h 20 en 2012. Source : étude Ipsos “Junior Connect” Près de la moitié des entreprises interrogées estiment que le déploiement du numérique dans l’entreprise a un impact positif sur leur chiffre d’affaires. Les entreprises les plus matures sur le numérique ont une croissance du CA six fois plus élevée que celle des entreprises les moins matures. Source : étude Roland Berger Strategy Consultants, en collaboration avec cap.Digital (septembre 2014). “Du rattrapage à la transformation l’aventure numérique, une chance pour la France” En 2014, l’équipement des Français en smartphones dépasse pour la première fois celui en téléphones mobiles standards. De nouveaux matériels apparaissent, mais leur utilisation reste confidentielle : montre intelligente (2 %), traqueur fitness (2 %), lunettes intelligentes (1 %). Source : étude sur les Usages mobiles 2014 – Deloitte
  • 18. 32 Paroles d’élus Paroles d’élus 33 À l’échelle d’un bassin de vie, l’accès au numérique est stratégique, tant pour les habitants que pour les entreprises. Une plus grande combinaison doit être recherchée entre les investissements privés et l’action publique pour la couverture en très haut débit. Les efforts doivent se conjuguer… Charles-Éric Lemaignen Président de la Communauté d’agglomération Orléans-Val de Loire Conseiller régional de la Région Centre-Val de Loire Président de l’Assemblée des Communautés de France (AdCF) Paroles d’élus 33 MOURADMOKRANI
  • 19. 34 Paroles d’élus Paroles d’élus 35 uniforme sur l’ensemble de la France, tant les investissements requis sont lourds. Dans un contexte où l’investissement numérique des collectivités sera entamé par les baisses de dotation de l’État en cours et programmées sur les trois prochaines années, il nous faudra veiller à ce que cela n’accentue pas une fracture territoriale. L’enjeu de l’accès est de taille car, comme je l’évoquais, le développement économique est une compétence importante des intercommunalités. Des infrastructures de qualité sont indispensables pour accueillir ou pour conserver des entreprises dans une communauté. Des entreprises, ce sont aussi des emplois et, à l’échelle d’un bassin de vie, l’accès au numérique est stratégique, tant pour les habitants que pour les entreprises et, dans certains cas, les touristes. Une plus grande combinaison doit être recherchée entre les investissements privés et l’action publique pour couvrir les territoires en très haut débit. Les efforts doivent se conjuguer. À cette fin, les stratégies des uns et des autres doivent être lisibles et la progression des équipements doit être transparente. Le partage et la mise en commun sont-ils affaire d’association ? Depuis une dizaine d’années, l’AdCF participe à la dynamique de partage des pratiques numériques des territoires. Les efforts sur les infrastructures doivent en effet s’accompagner d’une pédagogie des usages. Le passage au numérique d’un service d’une collectivité peut modifier le pilotage d’un équipement, la relation aux usagers, à des administrations tierces, etc. Il implique un management spécifique pour intégrer tous ces changements. La dématérialisation des relations entre une collectivité et son comptable public par exemple “n’est pas qu’affaire de tuyaux”. De nouvelles procédures doivent se mettre en place, induisant d’adapter les pratiques des agents. Ces évolutions impliquent des “porter à connaissance” ainsi que de l’acquisition de savoir-faire et de savoir-être. En 2015, les intercommunalités sont-elles smart ? Au cours de ces quinze dernières années, le numérique s’est formidablement diffusé au sein des intercommunalités pour servir un meilleur accès à l’information publique, la dématérialisation des procédures, le développement de projets innovants dans de nombreux domaines au service de la collectivité et donc des administrés. Être smart, que l’on gère une commune ou une intercommunalité, c’est avant tout utiliser les technologies numériques pour enrichir les politiques publiques. Parmi les pratiques avancées en la matière, nul besoin d’être une “grande” commune ou intercommunalité. La Communauté de communes de Parthenay- Gâtine (Deux-Sèvres) ou la Communauté d’agglomération du Grand Cahors (Lot) ont toutes deux développé des outils dits de smart city. Elles ont œuvré, avec pour ambition la simplification administrative et l’amélioration des services de la vie quotidienne. Les habitants de ces communautés disposent ainsi d’une carte “Grand Pass” pour le Grand Cahors ou d’une “carte de vie quotidienne” pour Parthenay Gâtine, leur simplifiant l’accès aux transports, aux bibliothèques, aux piscines, aux déchetteries, etc. Dans ma communauté, Orléans- Val de Loire, nous avons mis en place il y a cinq ans la carte sans contact “Moda Pass” pour faciliter l’utilisation de “TAO”, le réseau de transports collectifs de l’agglomération. La mise en place de ce système sans contact renforce l’accessibilité au réseau et offre une utilisation facilitée aux personnes en situation de handicap visuel (un bip confirme la validation) et contribue à l’adaptation des différents handicaps visuels et cognitifs (même couleur de valideur au sein des bus et tram, par exemple). Être smart, c’est avant tout penser la technologie au service de ses concitoyens. Pensez-vous que le numérique profite à tous les territoires ? Il est certain que les territoires urbains disposent de réseaux numériques haut débit ou très haut débit et d’offres d’opérateurs plus étoffées que les territoires ruraux ou périurbains. Les territoires à forte densité de population et d’entreprises concentrent l’intérêt des opérateurs. Pour autant, les Communautés, quelle que soit leur taille, ont pour mission de développer économiquement leur territoire. Aussi, il est primordial de se mobiliser autour d’écosystèmes qui favorisent l’économie numérique. À l’image de la French Tech, qui mise sur la croissance et le rayonnement d’entreprises numériques innovantes françaises dans 13 métropoles, nous avons mis en place la “French Tech Loire Valley” à Orléans et Tours autour d’un vivier numérique de 3 400 entreprises dans sept domaines d’excellence – objets connectés, sur- mesure industriel, agriculture 3.0, écotechnologie, biomédicaments, e-tourisme, innovation sociale. Notre objectif est ainsi de devenir le territoire test d’innovations grandeur nature, d’offrir un accompagnement complet, de la recherche au prototype, de l’industrialisation au développement à l’international. Fin 2015, le Lab’O d’Orléans, incubateur de jeunes pousses de l’économie numérique, accueille ses premières entreprises. De nombreuses initiatives en France alimentent une même démarche. Accompagner l’innovation, favoriser la mise en place du numérique pour qu’il profite à tous, c’est le principe des fab’labs français. En plein essor, l’innovation n’est pas l’apanage des seuls territoires urbains : dans le Jura, par exemple, le premier fab’lab dit “rural” a ouvert ses portes en 2012. En juillet dernier, la Communauté du Grand Dole en a inauguré un. Rien qu’en Franche-Comté, ce sont pas moins de 12 laboratoires d’expérimentation numérique qui sont ouverts depuis septembre 2015. Cette démarche de partage des technologies et des ressources fait écho au déploiement de l’intercommunalité. Nous promouvons des logiques similaires de mutualisation des compétences et des moyens pour créer une dynamique collective autour de projets structurants pour l’avenir. Que représente, pour vous, l’accès au numérique ? Le numérique est un enjeu majeur d’aménagement du territoire. Chacun d’entre nous ne veut pas être “déconnecté” voire “non connecté” chez lui ou lors de déplacements. Les espaces ruraux et périurbains, les plus fragiles sur ce plan, ne restent pas l’arme au pied. Les collectivités s’associent pour tenter de combler une couverture défaillante, faire jouer une forme de péréquation et favoriser une diffusion des usages. Il est peu probable que nous atteignons en 2020 une qualité de couverture numérique La diffusion d’expériences pratiques et la mutualisation des savoirs permettent à tous d’avancer, c’est pourquoi nous y contribuons via l’association “Les Interconnectés”, dont nous sommes l’un des membres fondateurs. Cette association organise en région toute l’année des rencontres d’élus et d’acteurs publics et privés sur le numérique. Elle est également l’instigatrice d’un forum annuel qui réunit à Lyon des élus et des agents d’intercommunalités, des opérateurs de réseau, des SSII. Cette manifestation met en lumière des expériences et de nouveaux process, et prend du champ pour apprécier les impacts des évolutions numériques. À l’AdCF, nous favorisons aussi la connaissance des usages avec la diffusion depuis 2003 d’un baromètre annuel AdCF/ Ocalia qui relève la progression des usages numériques dans les intercommunalités et, bien sûr, avec l’ouvrage Paroles d’élus depuis onze ans. Nos Communautés doivent aussi relever un défi de maîtrise et d’exploitation des data générées par l’ensemble des services qu’elles pilotent ou délèguent. Les stratégies à déployer, les ententes à établir avec les opérateurs supposent pour les territoires de présenter une stratégie coordonnée. L’action conjuguée des associations de collectivités et d’élus réunis rue Joubert, à Paris, (AdCF, AMGVF, ACUF, GART, FNAU, Ville et Banlieue) est un point d’appui pour la définition de cette stratégie et une entrée en négociation. Charles-Éric Lemaignen 63 ans 2001 Président de la Communauté d’agglomération Orléans- Val de Loire 2004 conseiller régional du Centre- Val de Loire 2014 président de l’Assemblée des Communautés de France (AdCF) Êtresmart, c’estavanttout penserlatechnologie auservicede sesconcitoyens LE LIEU“Totem” de la French Tech Orléans- Val de Loire, le Lab’O donne une seconde vie à la friche industrielle Famar. Cet incubateur accueille ses premières jeunes pousses de l’économie numérique. Au terme des travaux, start-up, associations et porteurs de projet bénéficieront de 18 000 m2 pour faire émerger leurs projets innovants. AGGLO MOURADMOKRANI
  • 20. 36 Paroles d’élus Paroles d’élus 37 ÉCONOMIES La solution par le numérique ?
  • 21. 38 Paroles d’élus Quelles opportunités le numérique offre-t-il aux petites villes ? Les potentialités du numérique pour les petites villes sont d’abord à penser en termes de croissance. Nous vivons la quatrième révolution industrielle. Ensuite, il y a les usages et les applications qui peuvent servir la relation entre la collectivité et les usagers, que ce soient les habitants, les familles, les associations, les entreprises, etc. Là aussi, c’est une révolution des pratiques qui va bouleverser les habitudes des citoyens. Dans ma commune, à Marnaz, nous mettons en place un portail Famille qui se décline très simplement. Au lieu d’apporter ou de renouveler des documents dans le cadre de l’accueil de leurs enfants, les familles vont pouvoir effectuer toutes ces démarches en ligne. Cela n’empêche pas le contact humain, mais cela permet de soulager les services de tâches chronophages et donc de dégager du temps pour la relation humaine. Tout le temps gagné permet de s’occuper des familles qui en ont le plus besoin. Quels sont les gains d’efficacité à en attendre ? Le numérique joue certainement sur l’efficacité. Il permet de faire plus vite, moins cher, mais surtout de faire mieux. L’enjeu qui est le nôtre est de faire adhérer la population à ce type de système. Notamment en voulant toujours dépasser la fracture numérique. Nous devons sans cesse proposer un accueil personnalisé. Et il faut que l’on développe progressivement une capacité de formation afin que les citoyens aient la possibilité d’entrer dans cette nouvelle ère. Sur un plan plus concret, le numérique améliore la gestion financière grâce à une comptabilité analytique plus fine. C’est très important pour la collectivité de disposer de ce type d’outils. Le numérique peut-il faire vivre le slogan “Small is beautiful” ? Les villes de 4 000, 5 000 ou 10 000 habitants sont des collectivités à taille humaine qui, grâce à leur proximité de terrain, parviennent à mettre sur pied des systèmes tout à fait opérationnels et qui ne coûtent pas tant que ça. D’une commune à l’autre, le benchmark est incroyable et efficace. Pour mettre en place le portail Famille, mes services ne vont pas chercher une solution à l’autre bout de la France. À trente kilomètres, la commune de Ville-la-Grand a fait la même chose il y a quatre ou cinq ans. Cette solidarité de commune à commune fonctionne extrêmement bien. Quels conseils donneriez-vous à des élus d’une petite ville qui voudraient améliorer ses services grâce au numérique ? Il faut d’abord définir ses besoins très précisément. À partir de cet état des lieux, il ne faut jamais hésiter à aller constater ce que font les communes de même taille. Et ne pas hésiter non plus à avoir recours aux entreprises du secteur qui sont capables de proposer des solutions adaptées à chaque collectivité, à sa culture, à sa taille, à ses besoins. La collectivité définit le besoin et les entreprises apportent les solutions. ifficile d’affirmer le contraire, les temps sont durs pour les collectivités locales. Une nouvelle donne s’im- pose à elles, en particulier les communes et, parmi ces dernières, celles de taille modeste. Elles doivent tout d’abord faire face à une baisse jamais vue des concours finan- ciers de l’État aux collectivités. Quelques éléments d’appréciation de cette chute sans précédent dans les budgets locaux : elle se concentre sur la dotation globale de fonctionnement (DGF), qui passe de 40,1 mil- liards d’euros en 2014 à 36,6 milliards d’euros en 2015 – soit une baisse de 8,9 %. La DGF se verra encore amputée de 3,67 milliards d’euros en 2016 puis de 3,66 milliards d’euros en 2017. La potion n’a pas fini d’être amère. En volume annuel, cette législature se sera traduite par une baisse des dotations de fonctionnement de 12,7 milliards d’euros entre 2013 et 2017 (pour un niveau ini- tial de 51,8 milliards d’euros), soit une diminution de près de 25 % ! Au total, ce sont donc plus de 28 milliards d’euros qui auront été économisés par l’État sur les dotations aux collectivités locales en quatre ans. Les communes, premières bénéfi- ciaires de la DGF, sont les plus touchées. À côté de cette problématique financière cruciale, le positionnement même des communes subit des évolutions. Sous l’influence de la triple réforme territoriale, leurs responsabilités se diluent dans une décentralisation désormais envisagée depuis la perspective tracée par le couple Région-­ Intercommunalité, qui s’est substitué au fil des quinze dernières années à celui formé historique- ment par la commune et le Département. Après la fusion des Régions, les groupements de com- munes sont aussi appelés à grandir en surface et en population. Parallèlement, les compétences essentielles de l’eau et de l’assainissement rejoin- dront à terme le giron des intercommunalités. Un mouvement qui ignore l’impératif besoin de proximité des citoyens. Pour l’illustrer, les Villes doivent s’emparer des opportunités laissées par le numérique. En délivrant efficacement leurs ser- vices à leurs populations, elles démontrent leur utilité. Sans compter que cette efficacité s’accom- pagne de réduction de coûts. De quoi, là aussi, satisfaire le citoyen. Et relever le défi posé par la baisse des dotations. DÉMATÉRIALISATION Trois vastes chantiers déjà mis en œuvre dans nombre de communes produisent des services publics mieux rendus, à moindre coût. La dématérialisation des actes de l’administration, engagée maintenant depuis une dizaine d’années, a été le premier pilier de l’utilisation du numé- rique dans le secteur public à des fins d’efficience. Parapheurs électroniques qui ­accélèrent la mise Loïc Hervé, maire de Marnaz, sénateur de la Haute-Savoie, président du groupe d’études Société numérique, Nouveaux Usages, Nouveaux Médias au Sénat, président de la Communauté de communes Cluses-Arve et Montagnes Les villes gagnent en efficacité grâce au numérique “FAIRE MIEUX, PLUS VITE ET MOINS CHER” Rigueur budgétaire et bouleversements institutionnels : les défis ne sont pas minces pour les petites villes. Pour y répondre, les solutions apportées par le numérique se caractérisent par leur inventivité et leur efficacité au service des citoyens. … Dossier réalisé en partenariat avec l’APVF - Illustrations : Aurélie Guillerey Paroles d’élus 39 Retrouvez l’intégralité du dossier sur parolesdelus.com ANTOINEROZES/SÉNAT
  • 22. 40 Paroles d’élus Paroles d’élus 41 en œuvre de la décision publique, commande publique dématérialisée, comme l’est l’émission des bulletins de salaire des agents : autant de pratiques moins gourmandes en temps passés et en coûts de fonctionnement, soit de véritables économies budgétaires. Exemple avec la gestion et la transmission dématérialisées, qui réduisent les délais de paiement et de traitement adminis- tratif en sécurisant et fiabilisant toute la chaîne de l’achat. L’étude d’impact de l’ordonnance du 26 juin 2014 relative au développement de la fac- ture électronique estime que celle-ci permet de réduire les coûts de traitement de près de 50 %, engendrant pour les collectivités une écono- mie estimée à plus de 16 millions d’euros, pour 1,9 million d’euros de charges nouvelles. Les échanges entre l’administration et ses admi- nistrés passent aussi désormais par le web ainsi que les technologies sans contact, permettant le paiement d’une série de services municipaux via les smartphones. Le paiement en ligne se généralise aussi, occasionnant un gain certain de temps, pour les familles, par exemple quand le règlement de la cantine ou de la garderie est proposé sur le site de la mairie. Les bénéfices se font là peut-être moins sentir sur le budget que sur la satisfaction des usagers, il n’en reste pas moins que les frais de gestion de ces services sont tout de même réduits. En revanche, de vrais gisements d’économies sont à trouver dans l’application des technolo- gies numériques aux services urbains et envi- ronnementaux (eau, électricité, traitement des ordures ménagères), dépense substantielle des communes. À commencer par le réseau ­Internet lui-même. La croissance des contenus vidéos et des services mis en ligne pour les citoyens sur les sites web des collectivités ainsi que les chan- tiers de dématérialisation de l’e-administration imposent des serveurs informatiques de plus en plus puissants, sécurisés et disponibles vingt- quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept. En outre, l’accès aux données ne se fait plus uniquement par ordinateur, mais aussi par smart- phone et tablette, ce qui augmente les risques d’intrusions malveillantes via les connexions WiFi. Ces contraintes sont de plus en plus pesantes pour les plus petites villes, d’un point de vue tant financier que technique. Ce contexte explique la progression du modèle de cloud computing dans la pratique des collectivités. Mais avec le développement des capteurs et objets connectés et la baisse des coûts de télécommu- nication, le numérique est surtout désormais pertinent pour tous ces métiers urbains et envi- ronnementaux des collectivités : éclairage public, efficacité énergétique des bâtiments municipaux, distribution d’eau potable, surveillance du risque d’inondation, etc. Les exemples de services qui gagnent en efficacité grâce aux solutions numé- riques se multiplient. Paradoxalement, à peine 50 % des élus les connaissent, selon une étude commandée par l’Association des Petites Villes de France (APVF). C’est pourtant là que résident, dans un contexte budgétaire plus que tendu, de véritables marges de manœuvre. Annonay (Ardèche) La cantine, c’est en ligne ! Limoux (Aude) La mairie dans le nuage C’est un accident, un sinistre informatique qui a décidé la Ville de Limoux d’opter pour le cloud. En 2009, pendant quatre mois, le système de la mairie n’a pas fonctionné. Résultat : la perte de la Vif (Isère) Une promenade qui s’éclaire intelligemment À Vif, depuis 2012, les promeneurs du soir ont l’impression que les lumières dansent sur leur passage. Sur un kilomètre et demi d’une allée piétonne doublée d’une piste cyclable, 67 lampadaires à LED basse consommation ont été équipés d’un système basé sur l’utilisation I l y a un an, Igny vivait encore dans un passé où des centaines de pages étaient imprimées et adressées par coursier aux élus municipaux. Des dizaines de parapheurs circulaient au quotidien de bureau en bureau. Une simple décision de bon sens et nous sommes passés aux documents Éviter les déplacements en mairie pour l’inscription des enfants à la cantine ou aux activités périscolaires. Les familles d’Annonay en rêvaient, la mairie l’a fait ! Poursuivant une politique ambitieuse d’accès au web pour le plus grand nombre et de facilitation des démarches administratives, la Ville propose sur son site Internet une plateforme permettant de réaliser en ligne toutes les démarches liées à la vie périscolaire. Dans les faits, chaque famille comptant un enfant scolarisé dans les écoles maternelles ou élémentaires publiques peut disposer d’un espace personnel sur cette plateforme. Les parents alimentent un compte en ligne par carte bancaire sur cet espace. Au fur et à mesure des inscriptions à telle ou telle activité, les montants correspondants sont déduits. de détecteurs de mouvements. Cet outil permet à la Ville d’économiser plus de 75 % d’énergie sur cette voie, soit 21 000 kWh par an, tout en préservant le confort et la sécurité de ses habitants. En effet, les lampadaires s’illuminent progressivement lors de la traversée des piétons ou des cyclistes, passant de 10 % à 100 % de leur capacité d’éclairage du mode veille au mode actif. Cette solution d’éclairage public intelligent épargne également l’environnement naturel nocturne et la biodiversité, en limitant la pollution lumineuse, sans pour autant nuire au confort des usagers. quasi-totalité des données de la mairie. Le besoin de sécuriser ces dernières a donc été la première motivation de ce choix. Mais aussi le manque de ressources : deux agents dédiés au service informatique, décidément trop peu pour faire face à l’ampleur de la tâche. En avril 2013, le dernier serveur encore présent quittait définitivement la mairie. Désormais, l’accès aux logiciels métier et à la bureautique ainsi que le stockage des données se font par Internet, à travers un espace virtuel réservé à la Ville dans un centre de données de l’opérateur Orange situé en région parisienne. … PDF envoyés par e-mail. Aujourd’hui, Igny fait partie des “Villes Internet” et développe des projets innovants autour d’un site Internet responsive et innovant appelé à se transformer en profondeur dans les mois qui viennent. Nos communes vivent aujourd’hui une véritable révolution numérique de leurs pratiques et de leurs modes de fonctionnement. L’accès des citoyens aux services publics de proximité s’en trouve facilité : inscriptions en ligne, portail Famille, applis smartphone. Parapheurs et signatures électroniques accélèrent la mise en œuvre des décisions politiques. Les écoles doivent, elles aussi, bénéficier de ce bouleversement. Tableaux numériques interactifs et classes informatiques mobiles mettent à portée de nos enfants les outils de demain. Plus que jamais, le secteur public doit profiter de la révolution des usages et des nouveaux outils pour repenser son fonctionnement interne et la relation entre administration et citoyens. C’est aussi l’occasion, à terme, de dégager des économies d’échelle indispensables dans le contexte financier actuel. Francisque Vigouroux, maire d’Igny Trois applications smart cities “ACCÉLÉRER LA MISE EN ŒUVRE DE LA DÉCISION POLITIQUE” DR DR DR DR
  • 23. 42 Paroles d’élus Paroles d’élus 43 Les collectivités se sont emparées des nouveaux outils numériques à leur rythme. Elles s’adaptent en permanence, et ce quelle que soit leur taille, aux innovations technologiques, passant de l’informatisation des services aux applications mobiles sur smartphone. François Baroin Maire de Troyes Sénateur de l’Aube Président de l’Association des maires de France et des présidents d’intercommunalité Ancien ministre Paroles d’élus 43 ARNAUDFÉVRIER/AMF
  • 24. 44 Paroles d’élus Paroles d’élus 45 François Baroin 50 ans Ancien ministre 1993 Député de l’Aube (entre au Sénat en 2014) 1995 Maire de Troyes 2014 Président de l’Association des maires de France La“maisoncommune”nepeut passerésumeràunguichet automatiqueouàuneborned’appel ! ARNAUDFÉVRIER/AMF LE NUMÉRIQUE AU SERVICE DE L’OPTIMISATION BUDGÉTAIRE À ce jour, 84,5 % des communes et 67,2 % des EPCI utilisent le PES V2 (protocole d’échange standard d’Helios version 2) pour échanger leurs flux comptables et financiers. Le PES V2 a permis à 76,6 % des communes et 70,9 % des EPCI de transmettre au moins une pièce justificative dématérialisée (la dématérialisation ne sera pas obligatoire avant 2019 pour les collectivités de plus de 10 000 habitants). Chiffres DGFiP (arrondis), juin 2015 comptables (titres de recettes, mandats de dépenses) ainsi que, de manière optionnelle, les pièces justificatives et la signature électronique. Entre le 1er  janvier 2017 et le 1er  janvier 2020 va se mettre en place également la facturation électronique entre les collectivités locales et leurs fournisseurs. En matière de coûts de traitement, le gain qui en résulte pour la sphère publique est estimé en moyenne à 3 euros par facture. Parmi les bénéfices attendus, tant pour l’ordonnateur que le comptable, figurent la facilitation du travail des agents en charge du traitement comptable et la baisse significative de l’utilisation du support papier, occasionnant une diminution des coûts mais aussi une réduction des délais de paiement. Si le développement accru de la dématérialisation des opérations comptables et des factures devrait générer à terme des effets positifs sur les budgets locaux, elle n’en constitue pas pour autant la solution unique. Parallèlement, avec l’harmonisation européenne des moyens de paiement (SEPA), le bloc communal a développé de nouvelles options concernant ses moyens de paiement, à savoir le recours à la carte bancaire, la mise en place de prélèvements automatiques ou du paiement en ligne TIPI. Les outils numériques sont-ils les meilleurs relais de la mutualisation des moyens entre collectivités ? La dématérialisation n’a pas été à ce jour présentée comme outil au service de la mutualisation entre collectivités. Ainsi, les moyens existants à l’heure actuelle (PES V2, facturation électronique à venir) ne nous apparaissent pas comme des leviers d’économies. Qu’il s’agisse de santé, de dépendance, des relations avec les administrés, de l’école ou de l’enseignement, le numérique offre des solutions innovantes. Comment concevez-vous le rôle des pouvoirs publics dans leur déploiement ? Depuis dix ans, le numérique, que l’on appelait auparavant technologies de l’information et de la communication, a envahi la vie des citoyens et a forcément impacté le fonctionnement des communes et des intercommunalités. Les collectivités se sont emparées de ces nouveaux outils à leur rythme. Elles s’adaptent en permanence, et ce quelle que soit leur taille, aux innovations technologiques, passant de l’informatisation des services aux applications mobiles sur smartphone. Les promesses du numérique ne manquent pas : rendre la commune plus durable, la gestion municipale plus efficiente, les relations avec les citoyens plus démocratiques et plus innovantes. Toutefois, ces innovations appellent à la vigilance. Elles doivent, d’une part, bénéficier à tous les territoires, ce qui suppose en particulier l’accès de tous à des réseaux de communication électroniques fixes et mobiles performants. Elles ne doivent pas, d’autre part, exclure les citoyens les plus fragiles et les moins à l’aise avec des outils de plus en plus sophistiqués. Elles doivent être accessibles à tous, toutes générations confondues. Une attention particulière doit être apportée à la garantie des libertés individuelles… Aujourd’hui, nous assistons à une véritable explosion de la collecte, de la production et de la diffusion de la donnée au niveau des territoires. C’est un sujet sensible sur lequel nous devons tous nous mobiliser pour en garder la maîtrise et s’assurer de leur protection. La CNIL nous y incite fortement, à raison, et nous devrions promouvoir, plus que cela n’est fait, une “éducation au numérique” des élus, des agents, et, plus largement, de la population (en particulier les enfants) pour saisir toutes les opportunités de cette mutation mais aussi les écueils et les dangers. Allons-nous vers une mairie automatisée ? Éviter des tâches répétitives pour nos agents, simplifier les démarches des citoyens, permettre une réponse plus rapide aux attentes des usagers en termes d’information ou d’action sont des enjeux essentiels pour le fonctionnement de nos mairies. Mais le contact humain, l’adaptation aux demandes et, plus généralement, l’écoute sont aussi des exigences que nous ne sommes pas près d’abandonner. La “maison commune” ne peut pas se résumer à un guichet automatique ou à une borne d’appel ! Du point de vue du citoyen, qui rechigne souvent devant “ces machineries”, des précautions sont-elles souhaitables pour préserver une vision humaniste de la gestion des territoires ? Avec l’apparition du concept des smart cities, certains commentateurs ont décrit la ville intelligente comme un tableau de bord piloté via des infrastructures centralisées qui analyseront des milliers de données issues des capteurs branchés sur les objets du quotidien, le tout relié à Internet. C’est une vision techniciste de la ville. Ce qui fait les qualités uniques d’une commune, c’est la cohésion sociale, les rapports entre les communautés, la mixité dans les quartiers, la vie culturelle et associative, le maintien des commerces de proximité, etc. La technologie ne pourra pas tout résoudre. Si le numérique peut participer, et il le fait déjà largement, à l’amélioration de la vie quotidienne des populations, le contact humain restera toujours primordial. Au contraire, vous attendez-vous à de nouvelles opportunités ? Contribueront-elles demain, d’après vous, au mieux vivre des citoyens, dans des territoires mieux gérés, plus équilibrés ? Dans le cadre budgétaire contraint que nous connaissons, où il faut faire mieux avec moins, les outils numériques peuvent contribuer à améliorer la vie quotidienne des citoyens. Par exemple, ils apportent des solutions à la question de la mobilité. Pour réduire les embouteillages, la pollution, diminuer les déplacements, les communes et les intercommunalités mettent en place des lieux, espaces de coworking ou télécentres pour permettre à des travailleurs indépendants ou à des salariés de (télé)travailler dans un espace proche de leur domicile. Le recours aux outils numériques est-il la meilleure réponse pour optimiser les budgets locaux ? Depuis le 1er  janvier 2015, le PES V2 (protocole d’échange standard d’Helios version 2) est l’unique logiciel d’échange avec le comptable public, en remplacement des protocoles existants (lire l’encadré ci-contre). Il marque une nouvelle étape dans la dématérialisation des échanges avec le comptable, en permettant l’envoi numérique des pièces En effet, il conviendrait de faire évoluer préalablement le cadre organisationnel des collectivités qui souhaitent recourir à la mutualisation (mise en commun de leurs services), tant pour leurs recettes que pour leurs dépenses. Et le numérique à l’école ? Les maires et présidents d’intercommunalité se mobilisent fortement pour équiper les écoles primaires en outils numériques, dans un contexte de mutation de la société et de lutte contre l’échec scolaire, malgré des moyens financiers disparates. L’AMF suit de près cette thématique depuis plusieurs années et, dernièrement, lors de la concertation nationale qui a débouché sur le nouveau plan numérique. À cet égard, elle a regretté notamment que la priorité ne soit finalement plus accordée aux écoles primaires, comme cela avait pourtant été annoncé en 2012 par l’ancien ministre Vincent Peillon, alors que les besoins restent forts. Dans un contexte budgétaire très dégradé, l’AMF tient à rappeler que l’effort qui est demandé aux collectivités implique que l’Éducation nationale précise d’abord quelle pédagogie numérique elle souhaite promouvoir par le biais de ses enseignants à destination des élèves, ce qui relève de sa propre compétence. C’est en effet à partir de ces éléments qu’il sera possible de mieux identifier les mesures nécessaires en termes d’infrastructures, d’équipements et d’usages, et de permettre ainsi à la filière du numérique éducatif de mieux se structurer et de répondre aux besoins de l’Éducation nationale en tenant compte des contraintes des collectivités. L’Éducation nationale doit porter, à ce titre, un message fort et lisible à l’égard des acteurs éducatifs, dont les collectivités. Afin d’assurer aux élus la visibilité dont ils ont besoin sur la stratégie nationale, l’AMF a signé, le 1er  octobre, la convention créant officiellement le Comité des partenaires pour le numérique éducatif. Les maires ont besoin d’être éclairés et concertés sur les perspectives de développement du numérique à l’école et d’être rassurés sur la pleine utilisation des outils numériques par les enseignants et de leurs effets sur la réussite scolaire des élèves.
  • 25. 46 Paroles d’élus Paroles d’élus 47 FRENCH TECH ACCÉLÉRATEUR DE CROISSANCE POUR LES TERRITOIRES