Proposée par Véronique Servat, enseignante d’Histoire Géographie, pour les élèves de Troisième et de Première. Cette séquence sous la forme de diaporamas, permet à partir de frises chronologiques et de nombreux documents de différentes natures (coupures de presse, photographies, extraits d’ouvrages historiques ou de déclarations politiques de l’époque) d’étudier les lieux, les acteurs et les enjeux de la guerre d’indépendance algérienne.
2. Automne 1958 : la nouvelle donne.
La Constitution de la V° République est soumise au vote des français par referendum
et approuvée.
Le FLN a été dominé par l’armée française dans la bataille d’Alger en 1957. La
présence militaire française en Algérie s’intensifie : 450 000 hommes en 58
contre 50 000 combattants de l’ALN à cette même date. Devant cette
situation militaire et les évolutions politiques en France, le parti
indépendantiste décide d’ouvrir un 2nd front en France. Cette stratégie est
mise en œuvre dans la nuit du 24 au 25 août 1958 se traduisant par une série
d’actions violentes sur le territoire métropolitain.
3. L’Algérie à la croisée des chemins : ouvertures politiques, enjeux stratégiques et tensions sociales.
(septembre 59-février 60).
Le 16 septembre 59 lors dune allocution télévisée De
Gaulle prononce pour la première fois le mot
« autodétermination » en parlant de l’Algérie Le mot et
les options qu’il recouvre pour l’avenir de l’Algérie (
association ? sécession ? Francisation ?) ouvre la porte à
différentes interprétations, suscitant les espoirs des
partisans d’une évolution du statut de l’Algérie, la
déception des partisans de l’indépendance, les craintes
des français d’Algérie.
Voir l’allocution
télévisée du Général de
Gaulle.
En janvier 1960, entre de Gaulle et les Français
d’Algérie, la rupture est consommée.
Voir un reportage
d’actualité sur la semaine
des barricades.
L’explosion de la première bombe nucléaire française à Reggane dans le Sahara en février
1960 donne une importance stratégique nouvelle à l’Algérie. Avec cet espace désertique,
la France dispose d’une base idéale pour ses essais nucléaires dans un monde engagé dans
la guerre froide et la course aux armements.
4. Français et Algériens : la guerre en métropole (1)
Les intellectuels français entre engagement, insoumission et obéissance
Le réseau Jeanson : Manifeste des 121 contre Manifeste des Intellectuels Français :
Le réseau Jeanson se constitue autour de Francis Jeanson Au bas de ce texte intitulé Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la
(photographié ci-dessous) et sa femme Colette et réunit universitaires, guerre d’Algérie, 121 intellectuels ou personnalités françaises apposent
éditeurs, gens du monde du spectacle, activistes politiques. Autant de leur signature.
militants qui souhaitent, en France, apporter leur soutien à la lutte Ce « Manifeste des 121 » devait être publié dans Vérité-Liberté et les
pour l’indépendance. Au delà des traditionnelles protestations et Temps Modernes en octobre 1960, mais la censure intervient et il est
manifestations, le réseau Jeanson souhaite s’investir dans un soutien finalement publié à l’étranger.
plus concret à la cause algérienne.
Concrètement le réseau Jeanson cache des Algériens menacés, aide à
leur évasion, collecte et verse de l’argent destiné à l’achat d’armes par Consulter le
le FLN d’où leur surnom de « porteurs de valises ». texte intégral et
Le réseau est en partie démantelé par la police en février 1960, et un voir les
procès a lieu en septembre. Les 11 principaux accusés sont condamnés signataires
à 10 ans de prison ferme.
Une réplique intitulée « Manifeste des intellectuels français » lui est
donnée quelques temps plus tard et publiée à la une du Figaro et du
Monde. Elle recueille 300 signatures.
Là où les 121 écrivent « Nous respectons et jugeons justifiée la conduite
des Français qui estiment de leur devoir d'apporter aide et protection aux
Algériens opprimés au nom du peuple français.- La cause du peuple
algérien, qui contribue de façon décisive à ruiner le système colonial, est la
cause de tous les hommes libres. »
Les 300 répondent : « C’est une imposture de dire ou d’écrire que la
France combat le peuple algérien dressé pour son indépendance. La guerre
en Algérie est une lutte imposée à la France par une minorité de rebelles
fanatiques, terroristes et racistes, armés et soutenus financièrement par
l’étranger ».
5. L’OAS : nouvel acteur du conflit en Algérie et en France.
Après cet échec, les organisateurs du coup de
force passent dans la clandestinité et misent
sur l’OAS (Organisation de l’Armée Secrète)
pour arriver à leurs fins: maintenir l’Algérie
française et proclamer la déchéance de la V°
Leur coup d’éclat tourne court République.
puisqu’ils ne reçoivent pas le soutien Les moyens d’action privilégiés sont le
des militaires présents en Algérie. terrorisme aveugle visant à instaurer une peur
généralisée et déstabilisatrice.
Le 21 avril 1961, la perspective d’une
Algérie indépendante se précisant ‘
généraux tentent un putsch à Alger.
Qu’en France :
Aussi bien en Algérie :
Cette stèle a été inaugurée le 6 octobre 2011 par le
maire de Paris en souvenir des victimes du terrorisme
de l’OAS, elle se trouve au cimetière du Père Lachaise.
Attentat à Alger par l’OAS le 26 avril 1962.
La une de l’Humanité du 7 février 1962 dénonce les attentats
de l’OAS dans Paris qui ont notamment défiguré une fillette de
4 ans. Un appel à la manifestation est lancé pour le lendemain.
6. Français et Algériens : la guerre en métropole (2)
Les chemins de la mémoire
La manifestation du 17 octobre 1961 La manifestation du 8 février 1962
Une de l’Humanité le 18 octobre 1961.
Voir le clip du rappeur
Médine qui consacre
une chanson à
l’événement.
La Une de l’Humanité au lendemain de la
manifestation contre l’OAS annonce plusieurs
morts. La plupart d’entre eux décèdent dans la
bouche du métro Charonne où la foule s’entasse
dans une terrible bousculade fuyant une police
qui se déchaine violemment sur elle, comme le
représente bien cette planche de la BD « Dans
l’ombre de Charonne » de A. et D. Frappier (éd.
Du Mauconduit, 2012).
Les obsèques des 9 victimes mobilisent une
foule considérable.
Trajets des cortèges de la manifestation du 17 octobre 1961. Ci-
dessous : photographie d’une manifestation du souvenir, sur le pont
St-Michel, le 17 octobre 2011.
Voir le clip de la chanson de
la compagnie Jolie Môme
consacrée à Charonne.
9. Algériens en France en temps de guerre (2.2) : face à la police.
Dans le récit graphique de Laurent Maffre « Demain, Demain », coéd.
Actes Sud BD – Arte Éditions, 2012 ; l’auteur, s’appuyant sur les travaux
de Monique Hervo, illustre les interventions de la police dans le
bidonville de Nanterre.
10. Derniers exilés en temps de guerre.
L’exil des Français d’Algérie : ils représentent 1 million de personnes en Algérie en 1954, Les harkis : entre 1962 et 1968
675 000 arrivent en France entre 1962, certains ne l’ont jamais vue. environ 90 000 d’entre eux
franchissent la Méditerranée.
Deux images de l’été 1962, les Français quittent l’Algérie, et la liesse dans les rues
d’Alger.
Écouter l’émission
« 2000 ans d’Histoire »
de France Inter
consacrée à ce sujet.
Et les Algériens ?
« Les harkis et leurs familles qui ont fui l’Algérie pour la France en 1962 vont y être
« En 1975, le recensement général de la population décompte plus de 710 000 immigrés successivement catégorisés comme « Français musulmans rapatriés » à partir de juin 62
algériens, soit un doublement depuis 1962. Le temps de l’installation voire de puis comme « Rapatriés d’origine Nord Africaine » dans les années 1980. Ce prisme de
l’enracinement se profile avec la féminisation et la « familiarisation » de l’immigration. En l’origine, omniprésent et durable, et qui n’est pas sans rappeler un des ressorts de la
effet, en 1975 la proportion des femmes et des enfants est respectivement de 32% et 37% discrimination coloniale, marginalise doublement les harkis – ni rapatriés comme les
au sein de la communauté algérienne. Les immigrés vivent dans un mélange autres, ni français comme les autres.
d’attachement à l’Algérie, enfin indépendante, d’espoir de retour, et l’adaptation En matière de logement, une note relative à l’attribution des logements HLM aux anciens
progressive à la société française, accélérée par la naissance d’une nouvelle génération harkis, en date de 1964 émanant du ministère des rapatriés, à l’attention des préfets, rend
celle des enfants français. » clairement compte de cette logique. Elle rappelle certes, que les anciens harkis sont
P. Derder, Idem. considérés comme rapatriés et bénéficiaires à ce titre de la loi du 26 décembre 61. Mais
elle donne aux préfets la directive de ne « reloger les anciens harkis qu’après avoir relogé
tous les rapatriés demandeurs de logements et particulièrement mal logés ». Dans les faits,
les harkis et leurs familles sont majoritairement logés en camps de transit puis en « cités
d’accueil », lesquels perdurent jusqu’au milieu des années 70. »
Source : LDH Toulon.
Voir le Reportage de TF1
sur le camp de harkis de
St Maurice l’Ardoise