JEAN-LUC BLANC Sans titre ; 2005
Notice sur les œuvres du FDAC Essonne, réalisée par
Michèle COMPAIN, Catherine DONNEFORT, Armelle SAMZUN,
avec le soutien de la Délégation Académique
à l'Action Culturelle (DAAC) - Rectorat de l'Académie de Versailles.
Présentation omnibus taille standard pour impression - 27-01-2014
Cath blanc-new
1. Notice sur les œuvres du FDAC Essonne, réalisée par
Michèle COMPAIN, Catherine DONNEFORT, Armelle SAMZUN,
avec le soutien de la Délégation Académique
à l'Action Culturelle (DAAC) - Rectorat de l'Académie de Versailles.
UN ROCKER ANONYME… OEUVRE
JEAN-LUC BLANC Sans titre ; 2005
Date d’acquisition : Décembre 2005
Huile sur toile
200 x 200 cm
L’artiste :
Jean-Luc Blanc est né en 1965 à Nice. Il sort de la Villa Arson à la fin des années 80, participe aux
expositions françaises du début des années 90 comme "French kiss 2" et "Il faut construire
l'hacienda", squatte un atelier en ruines à l'Hôpital Ephémère, vend ses dessins facilement.
Artiste dandy, il apparaît la nuit en cuir noir accompagné d'un loup aux yeux injectés d'or, voit
plusieurs films par jour, et passe à la télévision à l'heure des insomniaques. Il vit et travaille à Paris.
Une rétrospective importante lui a été consacrée au CAPC de Bordeaux en 2009, « Opera rock »
lors de laquelle il confrontait et faisait dialoguer ses œuvres avec celles d’autres artistes.
Depuis une quinzaine d'années, il sélectionne des images imprimées issues de films, de cartes
postales, de photos de presse, de revues, etc., qu'il compile et organise de façon très disparate. Il
se les réapproprie selon un protocole immuable en isolant des motifs, ainsi extraits de leur
contexte, qu'il recadre et travaille sur papier ou toile, au crayon ou à l'huile, en leur faisant subir
plusieurs traitements qui vont du texturage façon croûte au lissage cosméto-publicitaire. Cette
modification des images leur confère un caractère ambigu et énigmatique, une charge nouvelle et
active leur potentiel. (CAPC, musée d'art contemporain de Bordeaux)
Que voit-on ?
Cette peinture de grande taille est-elle un portrait ? Rien n’est moins sûr, puisque l’absence de titre
interdit toute référence à un modèle. Cette image est pourtant familière : un chanteur un peu
ringard pose, cadré à mi-corps, chemise ouverte, lunettes de soleil, mains sur les hanches. Le
costume et les accessoires évoquent une certaine forme de kitsch de la fin des années 70 ou du
début des années 80. Cette image pourrait provenir d’une revue pour adolescents, ou d’une
pochette de disque vinyle.
La dimension proprement picturale est néanmoins présente : la matière se voit, et le fond dégradé,
brossé, fait « peinture ». Il s’agit donc bien d’une réappropriation d’une image préexistante, sur
laquelle l’artiste a inscrit son geste.
2. Notice sur les œuvres du FDAC Essonne, réalisée par
Michèle COMPAIN, Catherine DONNEFORT, Armelle SAMZUN,
avec le soutien de la Délégation Académique
à l'Action Culturelle (DAAC) - Rectorat de l'Académie de Versailles.
Quelques clefs pour comprendre l’œuvre :
Cette œuvre repose sur le principe de la réappropriation : dans un premier temps, l’artiste collecte
un corpus d’images trouvées, issues de différentes sources visuelles (cinéma, revues, articles de
presse, cartes postales, publicités). Il en repeint ensuite les figures sur une toile de grand format en
les isolant, sans jamais les intituler.
L’usage d’une source photographique est relativement courant chez les artistes : modèle de copie,
matériau de collage, source de photomontages, citations diverses sont des pratiques largement
exploitées au XXème siècle. Les relations photo-peinture sont riches et complexes depuis que
l’image photographique s’est répandue.
« Ma passion me porte vers ces images déjà constituées que j’organise d’une manière très
disparate pour leur trouver une autre respiration, une autre voix. » affirme l’artiste. Il ne se contente
pas d’utiliser l’image comme un modèle : il recadre son sujet, il retravaille l’image pour lui conférer
une atmosphère autre que celle de l’image d’origine. Ceci confère un caractère très énigmatique
au résultat, même si l’image reste évocatrice…Le spectateur reconnait une image déjà vue, mais il
n’arrive pas clairement à l’identifier. L’absence de titre ne permet pas de recourir à un quelconque
indice.
L’importance du format de cette peinture donne un caractère imposant, presque sacré à cette
« icône rock ». Cet aspect religieux de l’image, renforcé par le halo lumineux autour du
personnage, vient en opposition avec la dimension un peu dérisoire de ce personnage à l’allure
désuète, ringarde, passée de mode.
Deux temps se superposent donc : celui rapide et éphémère des lois du « show business », qui
voit passer des idoles vite oubliées, et celui, intemporel, de l’image épiphanique.
Il y aurait ainsi chez J.-L. Blanc un « secret à révéler derrière chaque image ». Et c’est au
spectateur de se laisser prendre au jeu.
Quelques pistes de réflexion en relation avec les programmes d’arts plastiques et d’histoire
des arts au collège:
Comment exploiter les sources photographiques ? L’image et son référent, déformations, citations,
distorsions, exagérations (5ème
)
Comment interroger les relations entre la nature d’une image et ses moyens de production ?
Support, geste, matérialité (4ème
)
L’œuvre d’art et ses formes populaires et savantes (Thématique « Arts, créations, cultures »,
Histoire des arts au collège)
La réécriture de thèmes ou de motifs : citations, plagiats, parodies (Thématique « Arts, ruptures,
continuités » Histoire des arts au collège)
Echos avec d’autres œuvres du champ artistique:
Francis PICABIA, Deux nus, 1941
Andy WARHOL, Elvis, 1964
Roy LICHTENSTEIN, The melody haunts my reverie, 1965
Eduardo ARROYO, Cavalier espagnol, 1970
Jacques MONORY, Irena n°2, 1970
Alex KATZ, Green Jacket, 1990
Bernard RANCILLAC, Billie Holiday, 2008
Eric FISCHL, Ron, 2009