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La France au 17ème siècle



L'histoire politique de la France au 17ème siècle voit l'émergence de l'Etat moderne. La rupture de
la Fronde (1648-1652) semble opposer un "âge baroque" à un "âge classique", alors qu'en même
temps la monarchie connaît en fait une évolution lente qui aboutit au gouvernement réglé dont
Versailles est le centre. La noblesse, évincée progressivement de son rôle de conseiller du prince,
est ramenée au service du roi à la cour et à l'armée.
Tout au long du siècle, les luttes religieuses cristallisent les oppositions.
Le poids de l'impôt, fortement alourdi après l'entrée de la France dans les guerres européennes,
entraîne des révoltes populaires, de 1636 à 1643.
La politique des Bourbons est marquée par la volonté de briser l'étau dans lequel les Habsbourg
enserrent la France. De ce fait, la guerre est au centre de toute la construction de l'Etat moderne.
Le rayonnement de la France tient alors à la puissance de sa démographie, qui se reconstitue après
les grandes crises, à l'impact des forces armées sur terre et sur mer, à l'organisation efficace de
son gouvernement, et à sa culture dont Versailles devient le symbole.


Henri IV (1589-1610)



    •   Le retour
        de la paix



La paix de Nantes (13 avril- 2 mai 1598):
L'édit de Nantes met un terme aux guerres de Religion qui ont ravagé le royaume pendant plus de
trente ans. Il règle l'exercice de la Religion dite réformée dans un pays catholique, fait exceptionnel
dans l'Europe du temps. Il impose à tous l'oubli des troubles et des horreurs passés et accorde une
amnistie générale. Il représente un compromis dans lequel chacune des parties accepte des
concessions. Les catholiques sont satisfaits du fait que la religion romaine est rétablie partout dans
le royaume. Les protestants quant à eux jouiront de la liberté de conscience et de culte dans
certaines limites, de la reconnaissance de leur existence civile et du maintien de leur parti, garant
de leurs libertés. Paris, où réside le roi, et quelques grandes villes tenues par de grands chefs de la
Ligue n'ont pas de culte autorisé.



La Ligue
C'est un groupe politico-religieux catholique qui s'est donné pour but de faire disparaître le
protestantisme de France.


Pour obtenir l'enregistrement de l'édit de Nantes, la tâche est longue et semée d'embûches, car les
parlements refusent ou diffèrent l'enregistrement. L'édit n'est enregistré à Paris que le 25 janvier
1599. les parlements de province manifestent longtemps leurs réticences: Grenoble enregistre le
27 septembre 1599, Toulouse le 19 janvier 1600…Quant à Rouen, longtemps ligueuse, l'édit n'est
finalement enregistré qu'en 1609.


La paix de Vervins (2 mai 1598)
Devant les succès militaires et politiques du roi de France, Philippe II est contraint d'abandonner
son rêve d'hégémonie en Europe. Philippe II reconnaît les droits de Henri IV à la couronne de
France. Les armées espagnoles quittent le territoire français.
La France en Europe
Le grand voisin Habsbourg continue d'encercler le royaume. Le roi d'Espagne est présent au nord
de la France, dans les Pays-Bas, à l'est en Franche-Comté, au sud dans le Roussillon. A cette
proximité du Habsbourg d'Espagne s'ajoute celle des Habsbourg d'Autriche. A l'est l'Alsace et la
Lorraine sont terres d'Empire. Durant tout le 17ème siècle et jusqu'en 1713,
cet encerclement de la France par les Habsbourg reste la préoccupation centrale de la politique
étrangère française.




    •   La
        restauration du royaume



Le Conseil
Progressivement, Henri IV organise le Conseil à sa convenance. Cet organe du gouvernement
comprend quatre sections:
- le Conseil d'Etat et des finances gère l'administration
et les relations avec les provinces
- le Conseil des finances, créé en 1594, chargé de
trouver les ressources et d'ordonner les dépenses
- le Conseil privé (justice)
- le Conseil des affaires, très réduit et composé
d'hommes qui ont la confiance du roi.


La théorie du pouvoir monarchique de droit divin
Jean BODIN a défini les fondements du pouvoir monarchique dans les six livres de la République,
publiés en 1576. La théorie du droit divin a été développé par plusieurs écrivains politiques: André
DUCHESNE, Antiquités
et recherches de la grandeur et majesté des rois de France (1609), Charles LOYSEAU, Traité des
ordres et simples dignités (1610), Jérôme BIGNON, De l'excellence des rois et du royaume de
France (1610), Cardin LE BRET, De la souveraineté du roi (1632).


La transmission de la couronne s'opère au moment même où celui qui la détient décède. En
France, le roi ne meurt jamais: "le roi est mort, vive le roi!". A cette règle s'ajoute une obligation
de catholicité finalement imposée au terme de trente ans de guerres civiles. Henri IV fut vraiment
le roi de France dès son sacre à Chartres, qui a lieu peu après sa conversion. Il fonde également
une monarchie plus autoritaire.


L'administration des provinces
85% des Français habitent en milieu rural.
La société rurale est encadrée par la noblesse. Le seigneur est le premier personnage de la
paroisse; il a le monopole du moulin et du pressoir; il est titulaire de la basse justice, celle qui
règle les conflits les plus fréquents. Les paysans paient au seigneur les "droits seigneuriaux", tels
que le cens. Ils paient le champart (droit en nature prélevé sur les récoltes.
La noblesse, très hiérarchisée, a d'abord une fonction militaire. Les gouverneurs et les lieutenants
généraux sont les bras armés du roi dans ses provinces, fonction essentielle dans une société où la
sécurité est loin d'être toujours assurée et où la révolte gronde chez les humbles aussi bien que
dans les rangs de la noblesse.
Au-dessus des justices seigneuriales fonctionnent les tribunaux du roi, présidé par les prévôts, et
au-dessus d'eux les baillis (nord de la France) ou sénéchaux (sud de la France).
Dans les villes, le roi souhaite constituer des oligarchies soumises et fidèles.


Le problème dynastique
Henri IV n'a pas eu d'enfant de son mariage avec Marguerite de Valois, épousée en 1572. le roi
entretient ouvertement une liaison avec Gabrielle d'Estrées, et voulut en faire sa reine, mais ce
projet de mariage fut contesté par la cour et le pape. Plusieurs prétendantes ont été mises en
avant, telle que Marie de Médicis. Mais au regard de l'Eglise, le roi était toujours marié avec la
"Reine Margot". Le "démariage" a néanmoins lieu avec le consentement de Marguerite de Valois. Il
épouse Marie de Médicis à Lyonen décembre 1600. La reine a pour premier devoir de donner un fils
au roi: le premier enfant naît le 27 septembre 1601, il est prénommé Louis, en hommage à Louis
IX, l'ancêtre commun des Valois et des Bourbons. Cette naissance fonde la dynastie des Bourbons.


La politique fiscale de Sully
L'impôt direct:
la taille est réduite afin de stimuler le travail des paysans sur lesquels
pèsent déjà les droits seigneuriaux et la dîme de l'Eglise.
Les impôts indirects: la gabelle (sur la consommation de sel), les aides (principalement sur les
boissons), les traites (taxes sur les marchandises à la sortie ou à l'entrée du royaume).
Sully, qui apure la dette et rééquilibre le budget, souhaite créer un nouvel impôt à faire peser sur
les titulaires d'offices. La vénalité des offices de justice et de finance est une pratique ancienne.
L'office a deux visages: il relève de la puissance publique et de la propriété privée. Ce nouvel impôt
est appelé la paulette. Elle a renforcé la valeur des offices.


Henri IV, bâtisseur
Henri IV met sa marque sur les édifices royaux. Après les misères des guerres civiles, il veille à la
sauvegarde, puis l'embellissement de ses demeures. Son effort porte surtout sur le Louvre, sur
Fontainebleau et sur St-Germain-en-Laye. A cela s'ajoute la construction d'hôpitaux…



    •   Les
        dernières années



La vie politique est troublée par des complots. Leurs auteurs visent plusieurs objectifs: se
constituer une principauté indépendante du roi, éliminer un favori ou un ministre, faire obstacle à
des choix politiques… les conjurateurs s'appuient sur des aides étrangères, le plus souvent
espagnole. Les grands féodaux sont facilement détournés du devoir d'obéissance et l'Espagne
toujours prête à créer des troubles intérieurs en France.
L'attentat de Ravaillac a été immédiatement mis sur le compte d'un complot ourdi par l'Espagnol
menacé par les ambitions françaises vers les Pays-Bas et la rive gauche du Rhin. Le 14 mai 1610,
alors qu'il se rend en carrosse chez Sully, le roi est assassiné dans la rue de la ferronnerie.




Le temps des révoltes (1610-1630)




    •   Marie de Médicis et Concini



A la mort de Henri IV, son fils Louis XIII n'a pas encore neuf ans (la majorité pour les rois étant à
treize ans). Marie de Médicis assume donc la régence. Elle ne change rien au Conseil de feu le roi.
Pour éviter toute reprise d'une
opposition protestante, l'édit de Nantes est à nouveau confirmé. En marge du Conseil, la régente
s'appuie sur le couple des Concini pour gouverner.



Concino Concini
Gentilhomme de Florence, il appartient à une famille de diplomates. Devenu marquis d'Ancre en
1610, il achète ensuite la charge de premier gentilhomme de la chambre du roi. Le 9 février 1611,
il devient lieutenant général de Picardie, province frontière qui garde Paris face aux possessions
espagnoles de l'Artois et de la Flandre. Une seule fonction militaire prestigieuse peut lui donner
l'autorité qui lui manque encore. En 1613, il est fait maréchal de France, bien que ses états de
service militaire soient quasiment nuls. Cette promotion est toute politique: elle place le nouveau
maréchal parmi les premiers hommes de l'Etat. L'essentiel pour la régente est d'avoir assis
définitivement le pouvoir d'un homme qui lui doit tout.


Il existe à la cour des clans, partisans d'une autre politique que celle de la régente, et qui veulent
se faire entendre. Le trésor accumulé par Sully sert désormais à assouvir les appétits des plus
vindicatifs: les princes reçoivent de très fortes gratifications.
La régence de Marie de Médicis marque en effet un tournant dans la politique étrangère de la
France. Elle contribue au retour des jésuites en France. Elle est également plus favorable à un
rapprochement avec les puissances catholiques qu'au soutien des princes protestants,
contrairement à feu Henri IV.
Le Conseil négocie en 1612 le double mariage des enfants de France et d'Espagne: Louis XIII sera
marié avec l'infante Anne d'Autriche, et l'infant Don Philippe avec la sœur aînée de Louis XIII,
Elizabeth. Cette réconciliation des deux plus grandes monarchies d'Europe donne lieu à des fêtes
somptueuses. Cette politique pro-espagnole assure la paix pour vingt ans.
Cette nouvelle orientation n'exclut pas cependant le resserrement de
l'alliance avec l'Angleterre.



    •   Les guerres civiles


Il existe à la cour un courant hostile aux mariages espagnols et aux orientations de la régente,
formé de protestants derrière le duc de Bouillon. Ils voient d'un mauvais œil une régente italienne
appuyer une politique offensive en faveur de la Contre-Réforme.
Enfin, certains sont hostiles à la régente puisque l'instauration
de la paulette a dépouillé nombre de princes de l'attribution de charges, en
faveur d'une bourgeoisie marchande qui s'est accaparée les offices. Les grands,et toute la noblesse
traditionnelle rêvent du retour à une monarchie dans laquelle le roi est conseillé par les grands. De
janvier 1614 à avril 1617 se déroulent trois guerres civiles suivies de réconciliation. Pour les deux
premières, des traités furent conclus (la paix de Sainte-Menehould le 15 mai
1614; la paix de Loudun le 3 mai 1616).
La guerre sur le terrain est relayée par une guerre de libelles (petit livre de 8 à 48 pages) où sont
débattus les problèmes de l'heure. La régence de Marie de Médicis est marquée par une véritable
liberté de dire et écrire. La révolte est donc accompagnée d'une offensive pamphlétaire de grande
ampleur. Il faut aussi compter sur une diffusion par la lecture publique et le commérage.
Le 27 septembre 1614, le roi Louis XIII atteint sa majorité. Les états généraux ne sont donc pas
élus pour soutenir la régence. La régence prend fin. Mais Marie de Médicis continue à présider le
Conseil. Le prince de Condé ne sera donc pas lieutenant général du royaume.
Les princes, Condé en tête, n'ayant pu infléchir la politique pro-espagnole du Conseil, sont amenés
à nouveau à faire pression les armes à la main. La paix de Loudun met un terme à la deuxième
guerre civile, et témoigne de la démission de la reine, de Concini et des ministres: les "indemnités"
versées aux princes ruinent le trésor royal. Le prince de Condé obtient finalement l'entrée au
Conseil et le droit de contresigner les arrêts. La reine se voit mise sur un pied de quasi- égalité
avec le prince de Condé. Elle parvient à le faire arrêter le 1er septembre 1616. Cette mesure
extrême a scandalisé les grands. Un complot est monté dans l'entourage du jeune Louis XIII, et
avec son accord contre Concini: le 24 avril 1617, le maréchal d'Ancre est assassiné au moment où
il arrive au Louvre pour assister au Conseil. Cette fin brutale provoque une révolution de palais: la
reine-mère est exilée à Blois, avec Richelieu, sa créature. Marie de Médicis et son fils Louis XIII
entrent en guerre. Un traité de paix est signé entre les deux, mais la réconciliation n'est pas totale:
Marie de Médicis ne retrouve pas sa place au Conseil. En outre, Louis XIII fait libéré le prince de
Condé contre qui la reine s'était tant battue, ce qui aigrit les relations entre la mère et son fils. Dès
lors, Marie de Médicis refuse de revenir au Louvre. Les mécontents et ceux que le favori du roi
ignore ou méprise se regroupent à nouveau autour d'elle. Une révolte se déclare à nouveau. Un
nouveau traité est signé à Angers, qui permet à la reine-mère d'approcher librement son fils. Elle
revient alors au Louvre, mais doit désormais admettre de passer derrière la reine régnante, Anne
d'Autriche.


Le prince Henri II de Bourbon-Condé (1588-1646)
Il fut éduqué par Henri IV, et élevé dans la foi catholique. Le roi le maria à sa propre maîtresse,
Charlotte de Montmorency. Le roi continuant à la courtiser, le prince Henri décida de s'enfuir à
Bruxelles avec son épouse. Il revint sous la régence de Marie de Médicis. Comme d'autres grands
aristocrates, il jalouse la présence au pouvoir de la régente et l'influence de ses favoris, dont
l'Italien Concini, au détriment de celle des princes de sang. Il fomente des coalitions princières
contre le gouvernement à partir de 1613, lorsque les largesses de la couronne se tarissent par
manque d'argent. Les premières prises d'armes des grands se concluent avec le traité négocié par
Condé avec la régente à Sainte-Menehould, le 15 mai 1614, par lequel de nouvelles pensions sont
accordées par la couronne, l'alliance matrimoniale avec l'Espagne est suspendue et la convocation
des Etats généraux est prévue. Il est embastillé quelques années pour avoir continuer à comploter.
Libéré par Louis XIII, il se conduit comme un fidèle serviteur du roi et participe aux nombreuses
campagnes menées par le roi.
Délivré des querelles intestines et de la menace de la révolte des grands, Louis XIII se trouve
confronté à l'insubordination de ses sujets protestants, entre 1619 et 1622.



    •   La France en Europe


Les crises intérieures et les guerres civiles ont réduit le rôle de la France en Europe.
Le "problème de la Valteline" est un enjeu politique majeur tout au long du
17ème siècle. La Valteline correspond à la haute vallée de l'Adda, affluent du Pô, qui ouvre à l'est
vers le Tyrol et l'Autriche. Cette vallée est peuplée
d'Italiens catholiques, mais elle est soumise aux Ligues grises protestantes. La défense des droits
des alliés grisons sur la Valteline est une pierre
de touche révélatrice des choix politiques du Conseil du roi, à savoir la
défense de la liberté de culte, même relative, des protestants, contre les
Habsbourgs, défenseurs de la foi catholique.


L'effacement de la France sur la scène internationale a permis une remontée des ambitions
espagnoles. La politique hispanophile, qui avait permis la conclusion des mariages espagnols, avait
maintenu le status quo en Valteline. Mais les Espagnols reprirent le dessus en Valteline, prétextant
des querelles religieuses.



    •   Le retour de Richelieu au pouvoir (1624-1630)


Le 29 avril 1624, Richelieu est appelé par le roi au Conseil. En août 1624, il devient le principal
ministre jusqu'à sa mort en décembre 1642.
On s'est souvent appuyé sur le Testament politique de Richelieu pour y chercher un "programme",
alors que ce texte a été écrit plus tard par Richelieu, qui avait un regard rétrospectif sur son
œuvre.
Ce qui caractérise les choix politiques de Richelieu: l'affirmation du pouvoir du roi sans partage,
dans le royaume comme en Europe.
"Rabaisser l'orgueil des grands": il démantèle des forteresses en province qui ne sont pas sur les
frontières, ni des villes capitales de province. Il légifère
contre les duels, déjà interdits par le concile de Trente en 1563.
"Ruiner le parti huguenot": Richelieu, pour avoir essayé de convertir les protestants dans son
évêché du Poitou sait que cette œuvre de reconquête missionnaire sera longue. En revanche, le
statut politique du "parti" en fait un Etat dans l'Etat, ce qui est insupportable dans la monarchie en
voie de centralisation. Le 28 juin 1629, par la grâce d'Alès, le roi impose à ses sujets protestants la
suppression de tous les privilèges politiques que leur reconnaissaient l'édit de Nantes. Mais les
stipulations de l'édit de Nantes concernant la liberté de conscience et l'exercice de la religion sont
confirmés.
"Relever son nom dans les provinces étrangères": Richelieu a fait son choix et veut revenir à la
politique d'équilibre de Henri IV et aux alliances protestantes.



Louis XIII et Richelieu (1630-1643)

    •   La France dans la guerre


L'année charnière: 1630
La journée des Dupes est un événement tournant du règne. Au Conseil, deux points de vue
s'affrontent: un parti favorable à la paix (le parti de la reine-mère qui reste favorable à une alliance
avec l'Espagne), l'autre favorable à une intervention active de la France en Europe (le parti de
Richelieu, qui veut reprendre la politique traditionnelle de l'équilibre européen). Ces contradictions
trouvent leur solution dans la journée des Dupes, les 10, 11 et 12 novembre 1630. Louis XIII est
alors confronté à un choix dramatique entre sa mère et son ministre, et surtout entre deux choix
politiques. Le roi choisit de garder son ministre; la reine mère est contrainte à l'exil à Compiègne et
les grands qui l'ont soutenu sont arrêtés, et parfois même exécutés.


La France dans la guerre de Trente ans (1630-1643)
Le choix d'une politique anti-Habsbourg, et d'une politique d'équilibre en Europe implique de
soutenir les princes protestants et leurs alliés, le Danemark puis la Suède, avant d'entrer soi-même
ouvertement dans le conflit, en 1635. La guerre commence en Allemagne entre le Saint Empire
romain germanique et les Suédois et Danois. Louis XIII et Richelieu ne pouvant plus contenir les
ambitions de
l'empereur par alliés interposés, font entrer la France dans la guerre. La guerre est officiellement
déclarée à l'Espagne aux Pays-Bas le 19 mai 1635. pour Richelieu, l'alliance essentielle est celle
noué avec les Provinces Unies et la guerre a pour objectif premier de
conquérir les Pays-Bas espagnols pour les partager avec ses alliés.
La guerre s'étend sur plusieurs théâtres d'opérations: sur la frontière des Pyrénées, en Franche-
Comté, en Artois et dans les Flandres, contre l'Espagne. L'empereur déclare quant à lui la guerre à
la France en décembre 1636. Les opérations ont lieu en Alsace, en Allemagne et en Italie.



    •   Les oppositions



Les révoltes antifiscales
On impose une fiscalité plus importante aux sujets du royaume de France. Mais on ne doit jamais
oublier dans le contexte de la guerre, omniprésente pour les gouvernants, que pour les gens des
campagnes d'autres maux sont trop souvent présents (années de mauvaise récoltes, pestes…).
Pour ceux qui y survivent, le poids de la fiscalité, qui ne cesse d'augmenter, devient alors
proprement insupportable, d'où des révoltes populaires.


La Révolte des Nu-Pieds (1639-1640) est l'une des plus graves et des plus longues. Elle éclate en
Normandie en 1639 et se prolonge pendant plus d'un an. La cause en est la volonté royale
d'imposer à cette province la gabelle, exempte jusque là comme pays producteur de sel (les "nu-
pieds" sont les travailleurs qui le ramassent au bord de la mer). Le soulèvement se concentre en
deux points: Rouen, révolte urbaine, et Basse-Normandie, révolte paysanne. La répression qui
s'abat sur eux revêt une extrême rigueur. Elle est confiée à une commission judiciaire, conduite par
le chancelier Séguier lui-même. Les pouvoirs dont il est pourvu sont absolument extraordinaires. Il
fonctionne comme un tribunal militaire en campagne, sans aucun respect des formes ordinaires de
justice. Les
accusés, privés de défense, sont jugés, condamnés et exécutés sur l'heure. Ceux qui échappent à
la peine capitale sont envoyés par centaines aux galères, et tous se voient écrasés d'amendes
énormes. Rouen est très durement éprouvée.
Cette répression d'un genre nouveau, par ses procédures expéditives et son
extrême violence, doit servir d'exemple dissuasif pour d'autres. Cependant, si l'on en juge par le
caractère récurrent des révoltes populaires, l'exemple
normand ne fut pas compris des autres provinces.


Une opposition religieuse: les jansénistes
La contestation des élites prend appui sur des choix religieux. C'est le cas des jansénistes, dont la
"secte", comme dira plus tard Louis XIV, apparaît en France dans les dernières années du règne de
Louis XIII. La doctrine apparaît en 1640 après la publication de l'Augustinus, écrit par Cornélius
Jansen, évêque d'Ypres aux Pays-Bas. C'est une forme renouvelée du calvinisme semble-t-il. La
Sorbonne réagit contre l'exagération du rôle
accordé à la grâce. Son chef de file, l'abbé de Saint-Cyran, est enfermé car il répandait cette
doctrine au sein du clergé, et Richelieu avait peur de nouveaux excès. Le mouvement que Richelieu
a tenté d'étouffer en mettant son chef de file à l'ombre prendra de l'ampleur sous son successeur.


L'opposition nobiliaire
Le cardinal est en butte à une opposition active des grands. Elle prend la forme de la révolte et du
complot, non pas contre le roi, mais contre son ministre. Les conjurateurs en général veulent
abattre le ministre pour faire pièce à sa politique anti-espagnole. Le complot le plus célèbre est
peut être celui du jeune favori du roi, Cinq-Mars, où trempent Gaston d'Orléans, le frère du roi. Ils
ont signé un traité avec le roi d'Espagne, Philippe IV, au printemps 1642. la conjuration éventée,
Richelieu exige la peine capitale pour Cinq-Mars et son ami de Thou, coupable de n'avoir pas
dénoncé le complot.
Mazarin, "créature" de Richelieu, succède à ce dernier à la demande de Louis XIII à la mort de son
ministre le 4 septembre 1642. le roi fait aussitôt entrer Mazarin au Conseil.
Le 20 avril 1643, Louis XIII, sentant sa fin venir, constitue un Conseil de régence où il fait entrer
Mazarin, à côté de la reine Anne d'Autriche et de Gaston d'Orléans. Mazarin est également le
parrain de Louis XIV, place toute particulière. Louis XIII meurt le 14 mai 1643.



Les années Mazarin (1643-1661)



    •   Mazarin (1643-1648)


Le 18 mai 1643, Anne d'Autriche exige du parlement de Paris qu'il casse le dernier testament du
défunt et se fait reconnaître comme régente à part entière. Elle nomme ensuite le cardinal Mazarin
président du Conseil de Régence et principal ministre. Gaston d'Orléans est lieutenant général du
royaume mais ne vient qu'en second au Conseil. La grande expérience des affaires de l'Europe de
Mazarin, sa position exceptionnelle de parrain du jeune roi, son appartenance au Sacré Collège qui
élit le pape lui assurent le
prestige et le respect indispensables à sa nouvelle fonction.
La guerre est aussi la dure réalité qui s'imposera encore pendant seize ans au nouveau ministre.
Dans sa lutte contre les Habsbourg, Mazarin peut s'appuyer sur de grands capitaines, tels que le
marquis de Turenne et le jeune duc d'Enghien (futur Grand Condé).
Dès janvier 1644, il devient nécessaire de faire appel à de nouveaux impôts. Comme il est difficile
d'augmenter la taille et la gabelle, Mazarin et la régente songent à faire payer la capitale où sont
concentrés beaucoup de gens bien pourvus et dispensés de la taille. Le Conseil remet alors à
l'honneur le toisé (pèse sur les maisons construites sans autorisation dans les faubourgs de Paris, à
proportion de la longueur des façades, mesurée en toises). En 1646, l'édit du tarif augmente les
droits d'entrée des marchandises dans Paris.
L'accumulation des taxes et le recours aux emprunts forcés déclenchent une protestation générale
des officiers du roi, directement concernés par ces nouvelles ponctions.

    •   La Fronde (1648-1653)


Cette période est complexe. Il faut donc en comprendre les éléments principaux.


Le parlement
Il faut prendre la mesure des fonctions de cette institution, car les treize parlements du royaume
sont des acteurs importants du mouvement contestataire. Le parlement de Paris domine tous les
autres parlements du royaume puisqu'il couvre presque un tiers du royaume. Sa situation dans la
ville du roi ajoute à son prestige. Les parlementaires sont des magistrats qui jugent les causes en
appel ou les causes très graves en première instance. Titulaires de charges qu'ils ont achetées ou
héritées, les conseillers sont répartis dans des chambres spécialisées. A Paris, deux Chambres des
requêtes traitent les dossiers les moins importants; cinq Chambres jugent de causes plus
importantes; la "Chambre de la tournelle" instruit les causes criminelles; la Grand Chambre, où
siègent les plus anciens magistrats, couronne l'ensemble.


Le parlement n'a pas seulement des attributions judiciaires. Il jouit d'une sorte de droit de regard
sur les affaires politiques car il a, notamment, un droit de remontrance (il peut modifier les édits
royaux ou en retarder l'enregistrement, ce qui fut le cas pour l'édit de Nantes par exemple).


La première Fronde: l'agitation des parlements (janvier-décembre 1648 à janvier-août 1649)
Une nouvelle fiscalité menace directement les membres du parlement de Paris. Se joignent dans
une même révolte contre le fisc les propriétaires de la capitale, les consommateurs qui subissent
l'augmentation du tarif et les officiers du roi. Le parlement prend la tête du mouvement de
résistance.
Par delà les intérêts menacés, il apparaît que le conflit oppose deux modes de gouvernement:
- le système traditionnel: l'administration des finances et de la justice est confiée à des officiers du
roi, le roi gouvernant assisté de sa noblesse au Conseil et dans les provinces
- un système nouveau, imposé par une guerre interminable et contestable puisqu'elle déchire la
chrétienté. Le roi, soumis à un ministre tout puissant, gouverne de plus en plus avec des
commissaires et des intendants nommés directement par lui.


Mazarin fait arrêté deux des meneurs de la Fronde, des parlementaires:
le conseiller Broussel, âgé de 73 ans, et le président Potier de Blancmesnil.
Des manifestations ont alors lieu en faveur des victimes de l'arbitraire. Le chancelier Séguier part
alors interdire les réunions du parlement pour mettre fin à l'agitation. Des barricades sont alors
dressées dans Paris. Broussel est relâché, et l'agitation se calme.


Après des marchandages pour mettre fin au conflit languissant avec le parlement, la reine accepte
finalement de signer, le 22 octobre 1648, une déclaration qui reprend celle proposée par le
parlement le 31 juillet: les intendants sont supprimés, le parlement sauvegarde son droit de regard
sur les édits fiscaux et les avantages de ses membres.
Mais au fond, la monarchie ne peut accepter les articles de cette déclaration en vertu de la
construction d'une monarchie administrative.
L'initiative de la reprise du conflit appartient donc à la reine et son ministre.


Dans la nuit des Rois, entre le 5 et le 6 janvier 1649, la reine et ses deux enfants, le roi qui a dix
ans et son jeune frère, leur oncle (Gaston d'Orléans), lieutenant général du royaume, et Mazarin,
quittent Paris sous bonne escorte pour Saint-Germain, décidés à reconquérir la capitale les armes à
la main.
Ce qui rend difficile le récit et la compréhension de la Fronde, c'est d'abord son extension dans les
provinces (Bourgogne, Normandie, Anjou…) qui suivent leurs parlements.


Les frondeurs
Les chefs de faction les plus en vue appartiennent à la famille du prince de Condé, mort en 1646:
son fils Louis II de Bourbon (appelé le Grand Condé) en particulier.
Les troupes des frondeurs sont constituées des clients et protégés des princes dans une pyramide
de fidélités qui peut mobiliser beaucoup de monde. Dans les villes, les frondeurs se recrutent parmi
les bourgeois et les marchands, les gens de métier soucieux de préserver leurs privilèges…Ce sont
ceux qui constituent les troupes des milices, armées, et encadrées par des responsables de
quartiers.
Les nobles sont aussi menacés par la pression fiscale: les gentilshommes se regroupent dans des
assemblées de noblesse autour de Paris et dans les provinces.


L'année 1649
En 1649, la reine s'appuie sur Condé dont l'armée tient les alentours de Paris et ferme les voies
d'accès pour affamer la grande ville. Le coup de force de la reine pousse une partie de la grande
noblesse dans la Fronde (la sœur et le frère de Condé par exemple).
Les frondeurs prennent de plus en plus pour cible Mazarin.
Cette haine s'exprime dans des pamphlets de toutes sortes. Pour éviter le pire, Mazarin fait acheter
des régiments allemands dès le 16 janvier 1649. Le 30 janvier 1649, le roi Charles Ier est exécuté,
ce qui provoque une contestation unanime. Au sein du parlement, un parti plus modéré émerge
progressivement, sous la houlette notamment de Nicolas Fouquet, alors procureur général. La paix
est finalement signée le 12 mars 1649, après d'âpres négociations sur les 27 articles de la
précédente déclaration. Mazarin obtient entre autres choses le maintien des intendants dans les
provinces frontières.
Cependant, le roi, la reine, et la cour ne rentrent à Paris que le 18 août.


La fin de la guerre de Trente ans: les traités de Westphalie (24 octobre 1648)
Tandis que la reine et Mazarin font face à la Fronde parisienne, les conférences avancent leurs
travaux, entamés à Westphalie en 1644. Cela absorbe le ministre, autant que les troubles
intérieurs.
En Allemagne, le principe "cujus regio, ejus religio" (un royaume, une religion), est maintenu, ce
qui oblige les peuples à se soumettre à la religion de leur prince ou à émigrer dans un Etat voisin
adepte de leur croyance.


"L'équilibre européen" est restauré: les princes allemands, jouissant de leur supériorité territoriale,
le pouvoir de l'empereur semble une coquille vide. Les 360 princes, maîtres de leurs territoires,
peuvent négocier avec l'étranger et conclure des alliances à condition de respecter les intérêts de
l'Empire.
La France sort grandie des traités.
Les Provinces-Unies ont signé une paix séparée avec l'Espagne qui reconnaît définitivement leur
indépendance. Dès lors, l'Espagne se retire du congrès de Westphalie et poursuit seule la guerre
contre le France. Philippe IV se refuse à traiter: il espère que les troubles intérieurs de la Fronde
obligeront la régente à baisser la garde.


La deuxième Fronde (1650-1651)
Les princes, calmés, n'ont pas retrouvés une place de premier plan au Conseil, Condé surtout. Les
clientèles nobiliaires sont prêtes à en découdre à nouveau. Pour faire taire ces oppositions, la reine
et Mazarin tentent un coup de force contre les princes, et surtout contre Monsieur le Prince (le
prince de Condé) en janvier 1650. Obligé de céder à la pression, le gouvernement de la reine les
fait libérer. Mazarin, principale cible des
frondeurs, choisit de s'effacer pour laisser passer l'orage en attendant que
ses adversaires s'enlisent dans leurs querelles internes. Il reste absent
jusqu'en décembre 1651, et continue à correspondre avec la reine. La reine
s'employa à diviser ses adversaires: elle se rapproche d'abord des Condé, puis s'en éloigne pour se
rapprocher de Gondi. Dès lors, le front uni des Frondes est brisé. Pour faciliter une réconciliation
générale autour du roi majeur, le 5 septembre 1651, la reine accepte de passer l'éponge sur les
crimes des Condé et de condamner à nouveau Mazarin.


La cérémonie de la majorité a lieu le 7 septembre 1651. Seul absent, le prince de Condé se rejette
dans la révolte. Mais la régence est terminée, le roi jouit pleinement de ses pouvoirs: les
engagements pris par Anne d'Autriche ne le lient plus et Monsieur le Prince est déclaré criminel de
lèse-majesté dès le 8 septembre. Le prince de Condé part pour sa province de Guyenne, où
Bordeaux connaît une Fronde radicale. Le 13 décembre, Louis XIV rappelle Mazarin, qui pénètre en
France avec 6000 hommes recrutés par ses soins. Le parlement met alors à prix la tête du
cardinal, et en janvier 1652, Gaston d'Orléans, hostile à Mazarin, devient frondeur et fait alliance
avec Condé.


L'année terrible: 1652
De 1648 à 1652, la France connaît une grave crise économique: mauvaises récoltes, famines et
disettes. Les "pestes" frappent durement les populations sous alimentées. La mortalité augmente
très fortement, entraînant à son tour une forte chute de la natalité, dans un contexte de guerre
contre l'Espagne et de Fronde.
1652 est le sommet de ces années noires. Des guerres internes enflamment le royaume. Pour
calmer les plus hostiles, Mazarin quitte une nouvelle fois la cour, en août 1652, pour un second
exil. La lassitude s'empare progressivement des frondeurs. Le 13 octobre, Condé, isolé, quitte Paris
pour Bruxelles et offre ses services au roi d'Espagne. Le 21 octobre, Louis XIV le jeune roi entre
dans sa capitale sous les acclamations. A Paris, c'est la fin des troubles. Louis XIV interdit
désormais au parlement de se mêler des affaires de l'Etat. Le roi rappelle de nouveau Mazarin.


Avec ce grand conflit, dans lequel Paris et tant de provinces ont été engagés, prend fin une forme
de gouvernement monarchique où dominent les clientèles nobiliaires. Désormais, la monarchie
s'appuie sur les officiers et bientôt les commissaires, le roi ayant dans sa main l'essentiel des
pouvoirs: la levée des impôts, l'exercice de la justice, la direction de la "police" (c'est-à-dire
l'administration des provinces).
Le second ordre, la noblesse, est sans doute le plus grand perdant de cette confrontation. Son rôle
dans l'Etat le cantonne progressivement au service du roi à la cour et à l'armée. Les grands ne
seront plus les chefs de ces grandes révoltes où s'exprimait la contestation politique.


Confrontée à une guerre étrangère et aux guerres civiles, la monarchie doit encore et toujours
trouver des ressources nécessaires à l'entretien des armées. L'impôt en couvre une part, mais
l'emprunt y contribue aussi de plus en plus.




    •   "Les années fécondes" (1653-1661)


Le retour à l'ordre est progressif, à Paris comme en province.
Pendant toutes ces années, la guerre civile masque les combats de la guerre étrangère qui
continue. Le front principal est au nord, mais bien proche de la capitale, puisque l'Artois est encore
espagnol. Quand la saison des quartiers d'hiver arrive, les généraux passent la main aux
diplomates: le roi d'Espagne, incapable de reconstituer ses armées, consent à traiter.


La paix entre la France et l'Espagne est signée au pied des Pyrénées en
novembre 1659. l'aspect le plus important du traité aux yeux des contemporains et pour l'avenir
est la conclusion du mariage du roi avec l'infante Marie-Thérèse, fille aînée de Philippe IV. Certes la
nouvelle reine de France renonce à ses droits à la succession d'Espagne, mais le paiement de la
dot, énorme, n'est pas payée par le roi d'Espagne qui n'a pas l'intention de s'y soumettre. La
clause du traité sur la dot va permettre au roi de France d'avancer des prétentions à la succession
espagnole, et Louis XIV en usera tout le long de son règne. La prépondérance en Europe passe des
mains de l'Espagnol dans celles du Français.


Quand Mazarin disparaît le 9 mars 1661, il laisse à son filleul, impatient de régner seul, un
royaume sensiblement agrandi. Mazarin a poursuivi et achevé l'œuvre du grand cardinal dont il a
prit la suite. Il est resté au pouvoir 18 ans, soutenu indéfectiblement par la reine d'abord, puis par
le jeune roi ensuite. Cette longévité ministérielle a permis de finir avec succès la grande guerre
espagnole, de reconstruire des provinces éprouvées par
les guerres civiles et de forger l'Etat moderne.



temps des épreuves (1685-1715)



    •   Louis XIV face à l'Europe
Le milieu des années 1680 marque un tournant dans le règne.
Colbert meurt en 1683, la reine Marie-Thérèse disparaît la même année, et Louis se console avec
Madame de Maintenon.


La révocation de l'édit de Nantes est perçue comme une provocation aux yeux de l'Europe
protestante, et au premier rang Guillaume d'Orange, devenu roi d'Angleterre en 1688. Les
protestants fuient la France pour se réfugier dans les pays protestants. Ceux qui partent sont
surtout des marchands et des artisans.
Guerre de la ligue d'Augsbourg (1688-1697): Louis XIV pose un ultimatum à l'empereur afin que
les questions restées pendantes en Europe soit réglées. Avant toute réponse, les armées françaises
envahissent Cologne, et saccagent la région. Les partenaires de la Ligue d'Augsbourg entrent
progressivement dans la guerre. La guerre générale s'ouvre au printemps 1690: la France est seule
contre l'Europe coalisée.


Crise économique de 1693-1694: le règne personnel de Louis XIV est marqué par une tendance
générale à la baisse des prix qui rend la concurrence plus agressive. Pendant l'hiver 1693 et le
printemps 1694, le malheur touche tout le royaume. Le royaume connaît des pics de mortalité,
ainsi qu'une baisse de la natalité et de la fécondité. Dans ces conditions, l'impôt, indispensable
pour soutenir la guerre contre la coalition, mais qui vient arracher le nécessaire à une population
diminuée, paraît insupportable.


La fin de la guerre de la ligue d'Augsbourg: la paix de Ryswick (1697). Elle garantit à la France les
conquêtes de Nimègue, mais marque aussi les limites à ne plus franchir vers les Pays Bas et la rive
gauche du Rhin. Cette guerre a montré les capacités de résistance de la France. La coalition est
brisée.



    •   La mise au pas des oppositions


La politique religieuse s'efforce de mettre au pas les derniers protestants, les jansénistes et les
quiétistes. A la cour, des opposants rêvent d'une monarchie tempérée. Une pensée politique
nouvelle apparaît, alors que le tournant vers la pensée des Lumières s'amorce.



    •   La prépondérance en question

La succession d'Espagne: la nouvelle donne
Des tractations européennes entre Louis XIV, Guillaume d'Orange et l'empereur ont cours en secret
pour le partage de la succession espagnole. Mais la cour d'Espagne ayant eu vent du traité, le
conseil de Castille incite Charles II à reconnaître Joseph-Ferdinand de Bavière comme son légataire
universel pour sauvegarder l'intégrité de la succession. La répartition est vécue comme
inacceptable pour les Espagnols eux-mêmes, qui refusent de voir dépecer l'héritage de Charles II.
Le parti national castillan est convaincu que l'empereur ne pourra résister à une coalition franco-
anglaise et souhaite avant tout préserver l'intégrité de la monarchie. Finalement le parti patriote
des castillans l'emporte à la cour de Madrid sur le parti de la reine, favorable à l'Autriche.
Le roi Charles II suit l'avis de ce parti, et le met dans son testament, dans le plus grand secret. Le
1er novembre 1700, Charles II meurt. La nouvelle en est donc portée à Versailles. Louis XIV
accepte le testament. Le 16 novembre, il présente son petit-fils à la cour comme le roi d'Espagne,
sous le nom de Philippe V. Le nouveau roi d'Espagne est assez vite reconnu par l'ensemble des
puissances européennes, l'empereur excepté. Léopold n'est pas disposé à voir l'héritage de Charles
Quint échapper aux Habsbourg et son fils dépossédé de la couronne espagnole.

Pour les puissances européennes et les puissances maritimes en particulier, une hégémonie des
Bourbons sur le continent n'est pas plus acceptable qu'une hégémonie des Habsbourg. Louis XIV
doit faire face à une nouvelle coalition.
Les traités d'Utrecht (1713) et de Rastadt (1714)
Ces traités remodèlent l'Europe au profit d'une alliance entre la France et l'Espagne. La succession
espagnoles est finalement partagée: Philippe V garde la péninsule et les possessions d'Amérique,
mais toutes les possessions européennes lui sont retirées.

Pour la France, les traités "effacent les Pyrénées" et lui garantissent le soutien de la monarchie
espagnole, si longtemps son ennemi sur les champs de bataille.

Quand Louis XIV meurt le 1er septembre 1715, il laisse un royaume agrandi, un Etat renforcé, une
administration plus efficace

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La france 4

  • 1. La France au 17ème siècle L'histoire politique de la France au 17ème siècle voit l'émergence de l'Etat moderne. La rupture de la Fronde (1648-1652) semble opposer un "âge baroque" à un "âge classique", alors qu'en même temps la monarchie connaît en fait une évolution lente qui aboutit au gouvernement réglé dont Versailles est le centre. La noblesse, évincée progressivement de son rôle de conseiller du prince, est ramenée au service du roi à la cour et à l'armée. Tout au long du siècle, les luttes religieuses cristallisent les oppositions. Le poids de l'impôt, fortement alourdi après l'entrée de la France dans les guerres européennes, entraîne des révoltes populaires, de 1636 à 1643. La politique des Bourbons est marquée par la volonté de briser l'étau dans lequel les Habsbourg enserrent la France. De ce fait, la guerre est au centre de toute la construction de l'Etat moderne. Le rayonnement de la France tient alors à la puissance de sa démographie, qui se reconstitue après les grandes crises, à l'impact des forces armées sur terre et sur mer, à l'organisation efficace de son gouvernement, et à sa culture dont Versailles devient le symbole. Henri IV (1589-1610) • Le retour de la paix La paix de Nantes (13 avril- 2 mai 1598): L'édit de Nantes met un terme aux guerres de Religion qui ont ravagé le royaume pendant plus de trente ans. Il règle l'exercice de la Religion dite réformée dans un pays catholique, fait exceptionnel dans l'Europe du temps. Il impose à tous l'oubli des troubles et des horreurs passés et accorde une amnistie générale. Il représente un compromis dans lequel chacune des parties accepte des concessions. Les catholiques sont satisfaits du fait que la religion romaine est rétablie partout dans le royaume. Les protestants quant à eux jouiront de la liberté de conscience et de culte dans certaines limites, de la reconnaissance de leur existence civile et du maintien de leur parti, garant de leurs libertés. Paris, où réside le roi, et quelques grandes villes tenues par de grands chefs de la Ligue n'ont pas de culte autorisé. La Ligue C'est un groupe politico-religieux catholique qui s'est donné pour but de faire disparaître le protestantisme de France. Pour obtenir l'enregistrement de l'édit de Nantes, la tâche est longue et semée d'embûches, car les parlements refusent ou diffèrent l'enregistrement. L'édit n'est enregistré à Paris que le 25 janvier 1599. les parlements de province manifestent longtemps leurs réticences: Grenoble enregistre le 27 septembre 1599, Toulouse le 19 janvier 1600…Quant à Rouen, longtemps ligueuse, l'édit n'est finalement enregistré qu'en 1609. La paix de Vervins (2 mai 1598) Devant les succès militaires et politiques du roi de France, Philippe II est contraint d'abandonner son rêve d'hégémonie en Europe. Philippe II reconnaît les droits de Henri IV à la couronne de France. Les armées espagnoles quittent le territoire français.
  • 2. La France en Europe Le grand voisin Habsbourg continue d'encercler le royaume. Le roi d'Espagne est présent au nord de la France, dans les Pays-Bas, à l'est en Franche-Comté, au sud dans le Roussillon. A cette proximité du Habsbourg d'Espagne s'ajoute celle des Habsbourg d'Autriche. A l'est l'Alsace et la Lorraine sont terres d'Empire. Durant tout le 17ème siècle et jusqu'en 1713, cet encerclement de la France par les Habsbourg reste la préoccupation centrale de la politique étrangère française. • La restauration du royaume Le Conseil Progressivement, Henri IV organise le Conseil à sa convenance. Cet organe du gouvernement comprend quatre sections: - le Conseil d'Etat et des finances gère l'administration et les relations avec les provinces - le Conseil des finances, créé en 1594, chargé de trouver les ressources et d'ordonner les dépenses - le Conseil privé (justice) - le Conseil des affaires, très réduit et composé d'hommes qui ont la confiance du roi. La théorie du pouvoir monarchique de droit divin Jean BODIN a défini les fondements du pouvoir monarchique dans les six livres de la République, publiés en 1576. La théorie du droit divin a été développé par plusieurs écrivains politiques: André DUCHESNE, Antiquités et recherches de la grandeur et majesté des rois de France (1609), Charles LOYSEAU, Traité des ordres et simples dignités (1610), Jérôme BIGNON, De l'excellence des rois et du royaume de France (1610), Cardin LE BRET, De la souveraineté du roi (1632). La transmission de la couronne s'opère au moment même où celui qui la détient décède. En France, le roi ne meurt jamais: "le roi est mort, vive le roi!". A cette règle s'ajoute une obligation de catholicité finalement imposée au terme de trente ans de guerres civiles. Henri IV fut vraiment le roi de France dès son sacre à Chartres, qui a lieu peu après sa conversion. Il fonde également une monarchie plus autoritaire. L'administration des provinces 85% des Français habitent en milieu rural. La société rurale est encadrée par la noblesse. Le seigneur est le premier personnage de la paroisse; il a le monopole du moulin et du pressoir; il est titulaire de la basse justice, celle qui règle les conflits les plus fréquents. Les paysans paient au seigneur les "droits seigneuriaux", tels que le cens. Ils paient le champart (droit en nature prélevé sur les récoltes. La noblesse, très hiérarchisée, a d'abord une fonction militaire. Les gouverneurs et les lieutenants généraux sont les bras armés du roi dans ses provinces, fonction essentielle dans une société où la sécurité est loin d'être toujours assurée et où la révolte gronde chez les humbles aussi bien que dans les rangs de la noblesse. Au-dessus des justices seigneuriales fonctionnent les tribunaux du roi, présidé par les prévôts, et au-dessus d'eux les baillis (nord de la France) ou sénéchaux (sud de la France).
  • 3. Dans les villes, le roi souhaite constituer des oligarchies soumises et fidèles. Le problème dynastique Henri IV n'a pas eu d'enfant de son mariage avec Marguerite de Valois, épousée en 1572. le roi entretient ouvertement une liaison avec Gabrielle d'Estrées, et voulut en faire sa reine, mais ce projet de mariage fut contesté par la cour et le pape. Plusieurs prétendantes ont été mises en avant, telle que Marie de Médicis. Mais au regard de l'Eglise, le roi était toujours marié avec la "Reine Margot". Le "démariage" a néanmoins lieu avec le consentement de Marguerite de Valois. Il épouse Marie de Médicis à Lyonen décembre 1600. La reine a pour premier devoir de donner un fils au roi: le premier enfant naît le 27 septembre 1601, il est prénommé Louis, en hommage à Louis IX, l'ancêtre commun des Valois et des Bourbons. Cette naissance fonde la dynastie des Bourbons. La politique fiscale de Sully L'impôt direct: la taille est réduite afin de stimuler le travail des paysans sur lesquels pèsent déjà les droits seigneuriaux et la dîme de l'Eglise. Les impôts indirects: la gabelle (sur la consommation de sel), les aides (principalement sur les boissons), les traites (taxes sur les marchandises à la sortie ou à l'entrée du royaume). Sully, qui apure la dette et rééquilibre le budget, souhaite créer un nouvel impôt à faire peser sur les titulaires d'offices. La vénalité des offices de justice et de finance est une pratique ancienne. L'office a deux visages: il relève de la puissance publique et de la propriété privée. Ce nouvel impôt est appelé la paulette. Elle a renforcé la valeur des offices. Henri IV, bâtisseur Henri IV met sa marque sur les édifices royaux. Après les misères des guerres civiles, il veille à la sauvegarde, puis l'embellissement de ses demeures. Son effort porte surtout sur le Louvre, sur Fontainebleau et sur St-Germain-en-Laye. A cela s'ajoute la construction d'hôpitaux… • Les dernières années La vie politique est troublée par des complots. Leurs auteurs visent plusieurs objectifs: se constituer une principauté indépendante du roi, éliminer un favori ou un ministre, faire obstacle à des choix politiques… les conjurateurs s'appuient sur des aides étrangères, le plus souvent espagnole. Les grands féodaux sont facilement détournés du devoir d'obéissance et l'Espagne toujours prête à créer des troubles intérieurs en France. L'attentat de Ravaillac a été immédiatement mis sur le compte d'un complot ourdi par l'Espagnol menacé par les ambitions françaises vers les Pays-Bas et la rive gauche du Rhin. Le 14 mai 1610, alors qu'il se rend en carrosse chez Sully, le roi est assassiné dans la rue de la ferronnerie. Le temps des révoltes (1610-1630) • Marie de Médicis et Concini A la mort de Henri IV, son fils Louis XIII n'a pas encore neuf ans (la majorité pour les rois étant à
  • 4. treize ans). Marie de Médicis assume donc la régence. Elle ne change rien au Conseil de feu le roi. Pour éviter toute reprise d'une opposition protestante, l'édit de Nantes est à nouveau confirmé. En marge du Conseil, la régente s'appuie sur le couple des Concini pour gouverner. Concino Concini Gentilhomme de Florence, il appartient à une famille de diplomates. Devenu marquis d'Ancre en 1610, il achète ensuite la charge de premier gentilhomme de la chambre du roi. Le 9 février 1611, il devient lieutenant général de Picardie, province frontière qui garde Paris face aux possessions espagnoles de l'Artois et de la Flandre. Une seule fonction militaire prestigieuse peut lui donner l'autorité qui lui manque encore. En 1613, il est fait maréchal de France, bien que ses états de service militaire soient quasiment nuls. Cette promotion est toute politique: elle place le nouveau maréchal parmi les premiers hommes de l'Etat. L'essentiel pour la régente est d'avoir assis définitivement le pouvoir d'un homme qui lui doit tout. Il existe à la cour des clans, partisans d'une autre politique que celle de la régente, et qui veulent se faire entendre. Le trésor accumulé par Sully sert désormais à assouvir les appétits des plus vindicatifs: les princes reçoivent de très fortes gratifications. La régence de Marie de Médicis marque en effet un tournant dans la politique étrangère de la France. Elle contribue au retour des jésuites en France. Elle est également plus favorable à un rapprochement avec les puissances catholiques qu'au soutien des princes protestants, contrairement à feu Henri IV. Le Conseil négocie en 1612 le double mariage des enfants de France et d'Espagne: Louis XIII sera marié avec l'infante Anne d'Autriche, et l'infant Don Philippe avec la sœur aînée de Louis XIII, Elizabeth. Cette réconciliation des deux plus grandes monarchies d'Europe donne lieu à des fêtes somptueuses. Cette politique pro-espagnole assure la paix pour vingt ans. Cette nouvelle orientation n'exclut pas cependant le resserrement de l'alliance avec l'Angleterre. • Les guerres civiles Il existe à la cour un courant hostile aux mariages espagnols et aux orientations de la régente, formé de protestants derrière le duc de Bouillon. Ils voient d'un mauvais œil une régente italienne appuyer une politique offensive en faveur de la Contre-Réforme. Enfin, certains sont hostiles à la régente puisque l'instauration de la paulette a dépouillé nombre de princes de l'attribution de charges, en faveur d'une bourgeoisie marchande qui s'est accaparée les offices. Les grands,et toute la noblesse traditionnelle rêvent du retour à une monarchie dans laquelle le roi est conseillé par les grands. De janvier 1614 à avril 1617 se déroulent trois guerres civiles suivies de réconciliation. Pour les deux premières, des traités furent conclus (la paix de Sainte-Menehould le 15 mai 1614; la paix de Loudun le 3 mai 1616). La guerre sur le terrain est relayée par une guerre de libelles (petit livre de 8 à 48 pages) où sont débattus les problèmes de l'heure. La régence de Marie de Médicis est marquée par une véritable liberté de dire et écrire. La révolte est donc accompagnée d'une offensive pamphlétaire de grande ampleur. Il faut aussi compter sur une diffusion par la lecture publique et le commérage. Le 27 septembre 1614, le roi Louis XIII atteint sa majorité. Les états généraux ne sont donc pas élus pour soutenir la régence. La régence prend fin. Mais Marie de Médicis continue à présider le Conseil. Le prince de Condé ne sera donc pas lieutenant général du royaume. Les princes, Condé en tête, n'ayant pu infléchir la politique pro-espagnole du Conseil, sont amenés
  • 5. à nouveau à faire pression les armes à la main. La paix de Loudun met un terme à la deuxième guerre civile, et témoigne de la démission de la reine, de Concini et des ministres: les "indemnités" versées aux princes ruinent le trésor royal. Le prince de Condé obtient finalement l'entrée au Conseil et le droit de contresigner les arrêts. La reine se voit mise sur un pied de quasi- égalité avec le prince de Condé. Elle parvient à le faire arrêter le 1er septembre 1616. Cette mesure extrême a scandalisé les grands. Un complot est monté dans l'entourage du jeune Louis XIII, et avec son accord contre Concini: le 24 avril 1617, le maréchal d'Ancre est assassiné au moment où il arrive au Louvre pour assister au Conseil. Cette fin brutale provoque une révolution de palais: la reine-mère est exilée à Blois, avec Richelieu, sa créature. Marie de Médicis et son fils Louis XIII entrent en guerre. Un traité de paix est signé entre les deux, mais la réconciliation n'est pas totale: Marie de Médicis ne retrouve pas sa place au Conseil. En outre, Louis XIII fait libéré le prince de Condé contre qui la reine s'était tant battue, ce qui aigrit les relations entre la mère et son fils. Dès lors, Marie de Médicis refuse de revenir au Louvre. Les mécontents et ceux que le favori du roi ignore ou méprise se regroupent à nouveau autour d'elle. Une révolte se déclare à nouveau. Un nouveau traité est signé à Angers, qui permet à la reine-mère d'approcher librement son fils. Elle revient alors au Louvre, mais doit désormais admettre de passer derrière la reine régnante, Anne d'Autriche. Le prince Henri II de Bourbon-Condé (1588-1646) Il fut éduqué par Henri IV, et élevé dans la foi catholique. Le roi le maria à sa propre maîtresse, Charlotte de Montmorency. Le roi continuant à la courtiser, le prince Henri décida de s'enfuir à Bruxelles avec son épouse. Il revint sous la régence de Marie de Médicis. Comme d'autres grands aristocrates, il jalouse la présence au pouvoir de la régente et l'influence de ses favoris, dont l'Italien Concini, au détriment de celle des princes de sang. Il fomente des coalitions princières contre le gouvernement à partir de 1613, lorsque les largesses de la couronne se tarissent par manque d'argent. Les premières prises d'armes des grands se concluent avec le traité négocié par Condé avec la régente à Sainte-Menehould, le 15 mai 1614, par lequel de nouvelles pensions sont accordées par la couronne, l'alliance matrimoniale avec l'Espagne est suspendue et la convocation des Etats généraux est prévue. Il est embastillé quelques années pour avoir continuer à comploter. Libéré par Louis XIII, il se conduit comme un fidèle serviteur du roi et participe aux nombreuses campagnes menées par le roi. Délivré des querelles intestines et de la menace de la révolte des grands, Louis XIII se trouve confronté à l'insubordination de ses sujets protestants, entre 1619 et 1622. • La France en Europe Les crises intérieures et les guerres civiles ont réduit le rôle de la France en Europe. Le "problème de la Valteline" est un enjeu politique majeur tout au long du 17ème siècle. La Valteline correspond à la haute vallée de l'Adda, affluent du Pô, qui ouvre à l'est vers le Tyrol et l'Autriche. Cette vallée est peuplée d'Italiens catholiques, mais elle est soumise aux Ligues grises protestantes. La défense des droits des alliés grisons sur la Valteline est une pierre de touche révélatrice des choix politiques du Conseil du roi, à savoir la défense de la liberté de culte, même relative, des protestants, contre les Habsbourgs, défenseurs de la foi catholique. L'effacement de la France sur la scène internationale a permis une remontée des ambitions espagnoles. La politique hispanophile, qui avait permis la conclusion des mariages espagnols, avait maintenu le status quo en Valteline. Mais les Espagnols reprirent le dessus en Valteline, prétextant
  • 6. des querelles religieuses. • Le retour de Richelieu au pouvoir (1624-1630) Le 29 avril 1624, Richelieu est appelé par le roi au Conseil. En août 1624, il devient le principal ministre jusqu'à sa mort en décembre 1642. On s'est souvent appuyé sur le Testament politique de Richelieu pour y chercher un "programme", alors que ce texte a été écrit plus tard par Richelieu, qui avait un regard rétrospectif sur son œuvre. Ce qui caractérise les choix politiques de Richelieu: l'affirmation du pouvoir du roi sans partage, dans le royaume comme en Europe. "Rabaisser l'orgueil des grands": il démantèle des forteresses en province qui ne sont pas sur les frontières, ni des villes capitales de province. Il légifère contre les duels, déjà interdits par le concile de Trente en 1563. "Ruiner le parti huguenot": Richelieu, pour avoir essayé de convertir les protestants dans son évêché du Poitou sait que cette œuvre de reconquête missionnaire sera longue. En revanche, le statut politique du "parti" en fait un Etat dans l'Etat, ce qui est insupportable dans la monarchie en voie de centralisation. Le 28 juin 1629, par la grâce d'Alès, le roi impose à ses sujets protestants la suppression de tous les privilèges politiques que leur reconnaissaient l'édit de Nantes. Mais les stipulations de l'édit de Nantes concernant la liberté de conscience et l'exercice de la religion sont confirmés. "Relever son nom dans les provinces étrangères": Richelieu a fait son choix et veut revenir à la politique d'équilibre de Henri IV et aux alliances protestantes. Louis XIII et Richelieu (1630-1643) • La France dans la guerre L'année charnière: 1630 La journée des Dupes est un événement tournant du règne. Au Conseil, deux points de vue s'affrontent: un parti favorable à la paix (le parti de la reine-mère qui reste favorable à une alliance avec l'Espagne), l'autre favorable à une intervention active de la France en Europe (le parti de Richelieu, qui veut reprendre la politique traditionnelle de l'équilibre européen). Ces contradictions trouvent leur solution dans la journée des Dupes, les 10, 11 et 12 novembre 1630. Louis XIII est alors confronté à un choix dramatique entre sa mère et son ministre, et surtout entre deux choix politiques. Le roi choisit de garder son ministre; la reine mère est contrainte à l'exil à Compiègne et les grands qui l'ont soutenu sont arrêtés, et parfois même exécutés. La France dans la guerre de Trente ans (1630-1643) Le choix d'une politique anti-Habsbourg, et d'une politique d'équilibre en Europe implique de soutenir les princes protestants et leurs alliés, le Danemark puis la Suède, avant d'entrer soi-même ouvertement dans le conflit, en 1635. La guerre commence en Allemagne entre le Saint Empire romain germanique et les Suédois et Danois. Louis XIII et Richelieu ne pouvant plus contenir les ambitions de l'empereur par alliés interposés, font entrer la France dans la guerre. La guerre est officiellement déclarée à l'Espagne aux Pays-Bas le 19 mai 1635. pour Richelieu, l'alliance essentielle est celle noué avec les Provinces Unies et la guerre a pour objectif premier de conquérir les Pays-Bas espagnols pour les partager avec ses alliés.
  • 7. La guerre s'étend sur plusieurs théâtres d'opérations: sur la frontière des Pyrénées, en Franche- Comté, en Artois et dans les Flandres, contre l'Espagne. L'empereur déclare quant à lui la guerre à la France en décembre 1636. Les opérations ont lieu en Alsace, en Allemagne et en Italie. • Les oppositions Les révoltes antifiscales On impose une fiscalité plus importante aux sujets du royaume de France. Mais on ne doit jamais oublier dans le contexte de la guerre, omniprésente pour les gouvernants, que pour les gens des campagnes d'autres maux sont trop souvent présents (années de mauvaise récoltes, pestes…). Pour ceux qui y survivent, le poids de la fiscalité, qui ne cesse d'augmenter, devient alors proprement insupportable, d'où des révoltes populaires. La Révolte des Nu-Pieds (1639-1640) est l'une des plus graves et des plus longues. Elle éclate en Normandie en 1639 et se prolonge pendant plus d'un an. La cause en est la volonté royale d'imposer à cette province la gabelle, exempte jusque là comme pays producteur de sel (les "nu- pieds" sont les travailleurs qui le ramassent au bord de la mer). Le soulèvement se concentre en deux points: Rouen, révolte urbaine, et Basse-Normandie, révolte paysanne. La répression qui s'abat sur eux revêt une extrême rigueur. Elle est confiée à une commission judiciaire, conduite par le chancelier Séguier lui-même. Les pouvoirs dont il est pourvu sont absolument extraordinaires. Il fonctionne comme un tribunal militaire en campagne, sans aucun respect des formes ordinaires de justice. Les accusés, privés de défense, sont jugés, condamnés et exécutés sur l'heure. Ceux qui échappent à la peine capitale sont envoyés par centaines aux galères, et tous se voient écrasés d'amendes énormes. Rouen est très durement éprouvée. Cette répression d'un genre nouveau, par ses procédures expéditives et son extrême violence, doit servir d'exemple dissuasif pour d'autres. Cependant, si l'on en juge par le caractère récurrent des révoltes populaires, l'exemple normand ne fut pas compris des autres provinces. Une opposition religieuse: les jansénistes La contestation des élites prend appui sur des choix religieux. C'est le cas des jansénistes, dont la "secte", comme dira plus tard Louis XIV, apparaît en France dans les dernières années du règne de Louis XIII. La doctrine apparaît en 1640 après la publication de l'Augustinus, écrit par Cornélius Jansen, évêque d'Ypres aux Pays-Bas. C'est une forme renouvelée du calvinisme semble-t-il. La Sorbonne réagit contre l'exagération du rôle accordé à la grâce. Son chef de file, l'abbé de Saint-Cyran, est enfermé car il répandait cette doctrine au sein du clergé, et Richelieu avait peur de nouveaux excès. Le mouvement que Richelieu a tenté d'étouffer en mettant son chef de file à l'ombre prendra de l'ampleur sous son successeur. L'opposition nobiliaire Le cardinal est en butte à une opposition active des grands. Elle prend la forme de la révolte et du complot, non pas contre le roi, mais contre son ministre. Les conjurateurs en général veulent abattre le ministre pour faire pièce à sa politique anti-espagnole. Le complot le plus célèbre est peut être celui du jeune favori du roi, Cinq-Mars, où trempent Gaston d'Orléans, le frère du roi. Ils ont signé un traité avec le roi d'Espagne, Philippe IV, au printemps 1642. la conjuration éventée, Richelieu exige la peine capitale pour Cinq-Mars et son ami de Thou, coupable de n'avoir pas dénoncé le complot. Mazarin, "créature" de Richelieu, succède à ce dernier à la demande de Louis XIII à la mort de son
  • 8. ministre le 4 septembre 1642. le roi fait aussitôt entrer Mazarin au Conseil. Le 20 avril 1643, Louis XIII, sentant sa fin venir, constitue un Conseil de régence où il fait entrer Mazarin, à côté de la reine Anne d'Autriche et de Gaston d'Orléans. Mazarin est également le parrain de Louis XIV, place toute particulière. Louis XIII meurt le 14 mai 1643. Les années Mazarin (1643-1661) • Mazarin (1643-1648) Le 18 mai 1643, Anne d'Autriche exige du parlement de Paris qu'il casse le dernier testament du défunt et se fait reconnaître comme régente à part entière. Elle nomme ensuite le cardinal Mazarin président du Conseil de Régence et principal ministre. Gaston d'Orléans est lieutenant général du royaume mais ne vient qu'en second au Conseil. La grande expérience des affaires de l'Europe de Mazarin, sa position exceptionnelle de parrain du jeune roi, son appartenance au Sacré Collège qui élit le pape lui assurent le prestige et le respect indispensables à sa nouvelle fonction. La guerre est aussi la dure réalité qui s'imposera encore pendant seize ans au nouveau ministre. Dans sa lutte contre les Habsbourg, Mazarin peut s'appuyer sur de grands capitaines, tels que le marquis de Turenne et le jeune duc d'Enghien (futur Grand Condé). Dès janvier 1644, il devient nécessaire de faire appel à de nouveaux impôts. Comme il est difficile d'augmenter la taille et la gabelle, Mazarin et la régente songent à faire payer la capitale où sont concentrés beaucoup de gens bien pourvus et dispensés de la taille. Le Conseil remet alors à l'honneur le toisé (pèse sur les maisons construites sans autorisation dans les faubourgs de Paris, à proportion de la longueur des façades, mesurée en toises). En 1646, l'édit du tarif augmente les droits d'entrée des marchandises dans Paris. L'accumulation des taxes et le recours aux emprunts forcés déclenchent une protestation générale des officiers du roi, directement concernés par ces nouvelles ponctions. • La Fronde (1648-1653) Cette période est complexe. Il faut donc en comprendre les éléments principaux. Le parlement Il faut prendre la mesure des fonctions de cette institution, car les treize parlements du royaume sont des acteurs importants du mouvement contestataire. Le parlement de Paris domine tous les autres parlements du royaume puisqu'il couvre presque un tiers du royaume. Sa situation dans la ville du roi ajoute à son prestige. Les parlementaires sont des magistrats qui jugent les causes en appel ou les causes très graves en première instance. Titulaires de charges qu'ils ont achetées ou héritées, les conseillers sont répartis dans des chambres spécialisées. A Paris, deux Chambres des requêtes traitent les dossiers les moins importants; cinq Chambres jugent de causes plus importantes; la "Chambre de la tournelle" instruit les causes criminelles; la Grand Chambre, où siègent les plus anciens magistrats, couronne l'ensemble. Le parlement n'a pas seulement des attributions judiciaires. Il jouit d'une sorte de droit de regard sur les affaires politiques car il a, notamment, un droit de remontrance (il peut modifier les édits royaux ou en retarder l'enregistrement, ce qui fut le cas pour l'édit de Nantes par exemple). La première Fronde: l'agitation des parlements (janvier-décembre 1648 à janvier-août 1649) Une nouvelle fiscalité menace directement les membres du parlement de Paris. Se joignent dans
  • 9. une même révolte contre le fisc les propriétaires de la capitale, les consommateurs qui subissent l'augmentation du tarif et les officiers du roi. Le parlement prend la tête du mouvement de résistance. Par delà les intérêts menacés, il apparaît que le conflit oppose deux modes de gouvernement: - le système traditionnel: l'administration des finances et de la justice est confiée à des officiers du roi, le roi gouvernant assisté de sa noblesse au Conseil et dans les provinces - un système nouveau, imposé par une guerre interminable et contestable puisqu'elle déchire la chrétienté. Le roi, soumis à un ministre tout puissant, gouverne de plus en plus avec des commissaires et des intendants nommés directement par lui. Mazarin fait arrêté deux des meneurs de la Fronde, des parlementaires: le conseiller Broussel, âgé de 73 ans, et le président Potier de Blancmesnil. Des manifestations ont alors lieu en faveur des victimes de l'arbitraire. Le chancelier Séguier part alors interdire les réunions du parlement pour mettre fin à l'agitation. Des barricades sont alors dressées dans Paris. Broussel est relâché, et l'agitation se calme. Après des marchandages pour mettre fin au conflit languissant avec le parlement, la reine accepte finalement de signer, le 22 octobre 1648, une déclaration qui reprend celle proposée par le parlement le 31 juillet: les intendants sont supprimés, le parlement sauvegarde son droit de regard sur les édits fiscaux et les avantages de ses membres. Mais au fond, la monarchie ne peut accepter les articles de cette déclaration en vertu de la construction d'une monarchie administrative. L'initiative de la reprise du conflit appartient donc à la reine et son ministre. Dans la nuit des Rois, entre le 5 et le 6 janvier 1649, la reine et ses deux enfants, le roi qui a dix ans et son jeune frère, leur oncle (Gaston d'Orléans), lieutenant général du royaume, et Mazarin, quittent Paris sous bonne escorte pour Saint-Germain, décidés à reconquérir la capitale les armes à la main. Ce qui rend difficile le récit et la compréhension de la Fronde, c'est d'abord son extension dans les provinces (Bourgogne, Normandie, Anjou…) qui suivent leurs parlements. Les frondeurs Les chefs de faction les plus en vue appartiennent à la famille du prince de Condé, mort en 1646: son fils Louis II de Bourbon (appelé le Grand Condé) en particulier. Les troupes des frondeurs sont constituées des clients et protégés des princes dans une pyramide de fidélités qui peut mobiliser beaucoup de monde. Dans les villes, les frondeurs se recrutent parmi les bourgeois et les marchands, les gens de métier soucieux de préserver leurs privilèges…Ce sont ceux qui constituent les troupes des milices, armées, et encadrées par des responsables de quartiers. Les nobles sont aussi menacés par la pression fiscale: les gentilshommes se regroupent dans des assemblées de noblesse autour de Paris et dans les provinces. L'année 1649 En 1649, la reine s'appuie sur Condé dont l'armée tient les alentours de Paris et ferme les voies d'accès pour affamer la grande ville. Le coup de force de la reine pousse une partie de la grande noblesse dans la Fronde (la sœur et le frère de Condé par exemple). Les frondeurs prennent de plus en plus pour cible Mazarin. Cette haine s'exprime dans des pamphlets de toutes sortes. Pour éviter le pire, Mazarin fait acheter des régiments allemands dès le 16 janvier 1649. Le 30 janvier 1649, le roi Charles Ier est exécuté, ce qui provoque une contestation unanime. Au sein du parlement, un parti plus modéré émerge progressivement, sous la houlette notamment de Nicolas Fouquet, alors procureur général. La paix
  • 10. est finalement signée le 12 mars 1649, après d'âpres négociations sur les 27 articles de la précédente déclaration. Mazarin obtient entre autres choses le maintien des intendants dans les provinces frontières. Cependant, le roi, la reine, et la cour ne rentrent à Paris que le 18 août. La fin de la guerre de Trente ans: les traités de Westphalie (24 octobre 1648) Tandis que la reine et Mazarin font face à la Fronde parisienne, les conférences avancent leurs travaux, entamés à Westphalie en 1644. Cela absorbe le ministre, autant que les troubles intérieurs. En Allemagne, le principe "cujus regio, ejus religio" (un royaume, une religion), est maintenu, ce qui oblige les peuples à se soumettre à la religion de leur prince ou à émigrer dans un Etat voisin adepte de leur croyance. "L'équilibre européen" est restauré: les princes allemands, jouissant de leur supériorité territoriale, le pouvoir de l'empereur semble une coquille vide. Les 360 princes, maîtres de leurs territoires, peuvent négocier avec l'étranger et conclure des alliances à condition de respecter les intérêts de l'Empire. La France sort grandie des traités. Les Provinces-Unies ont signé une paix séparée avec l'Espagne qui reconnaît définitivement leur indépendance. Dès lors, l'Espagne se retire du congrès de Westphalie et poursuit seule la guerre contre le France. Philippe IV se refuse à traiter: il espère que les troubles intérieurs de la Fronde obligeront la régente à baisser la garde. La deuxième Fronde (1650-1651) Les princes, calmés, n'ont pas retrouvés une place de premier plan au Conseil, Condé surtout. Les clientèles nobiliaires sont prêtes à en découdre à nouveau. Pour faire taire ces oppositions, la reine et Mazarin tentent un coup de force contre les princes, et surtout contre Monsieur le Prince (le prince de Condé) en janvier 1650. Obligé de céder à la pression, le gouvernement de la reine les fait libérer. Mazarin, principale cible des frondeurs, choisit de s'effacer pour laisser passer l'orage en attendant que ses adversaires s'enlisent dans leurs querelles internes. Il reste absent jusqu'en décembre 1651, et continue à correspondre avec la reine. La reine s'employa à diviser ses adversaires: elle se rapproche d'abord des Condé, puis s'en éloigne pour se rapprocher de Gondi. Dès lors, le front uni des Frondes est brisé. Pour faciliter une réconciliation générale autour du roi majeur, le 5 septembre 1651, la reine accepte de passer l'éponge sur les crimes des Condé et de condamner à nouveau Mazarin. La cérémonie de la majorité a lieu le 7 septembre 1651. Seul absent, le prince de Condé se rejette dans la révolte. Mais la régence est terminée, le roi jouit pleinement de ses pouvoirs: les engagements pris par Anne d'Autriche ne le lient plus et Monsieur le Prince est déclaré criminel de lèse-majesté dès le 8 septembre. Le prince de Condé part pour sa province de Guyenne, où Bordeaux connaît une Fronde radicale. Le 13 décembre, Louis XIV rappelle Mazarin, qui pénètre en France avec 6000 hommes recrutés par ses soins. Le parlement met alors à prix la tête du cardinal, et en janvier 1652, Gaston d'Orléans, hostile à Mazarin, devient frondeur et fait alliance avec Condé. L'année terrible: 1652 De 1648 à 1652, la France connaît une grave crise économique: mauvaises récoltes, famines et disettes. Les "pestes" frappent durement les populations sous alimentées. La mortalité augmente très fortement, entraînant à son tour une forte chute de la natalité, dans un contexte de guerre contre l'Espagne et de Fronde.
  • 11. 1652 est le sommet de ces années noires. Des guerres internes enflamment le royaume. Pour calmer les plus hostiles, Mazarin quitte une nouvelle fois la cour, en août 1652, pour un second exil. La lassitude s'empare progressivement des frondeurs. Le 13 octobre, Condé, isolé, quitte Paris pour Bruxelles et offre ses services au roi d'Espagne. Le 21 octobre, Louis XIV le jeune roi entre dans sa capitale sous les acclamations. A Paris, c'est la fin des troubles. Louis XIV interdit désormais au parlement de se mêler des affaires de l'Etat. Le roi rappelle de nouveau Mazarin. Avec ce grand conflit, dans lequel Paris et tant de provinces ont été engagés, prend fin une forme de gouvernement monarchique où dominent les clientèles nobiliaires. Désormais, la monarchie s'appuie sur les officiers et bientôt les commissaires, le roi ayant dans sa main l'essentiel des pouvoirs: la levée des impôts, l'exercice de la justice, la direction de la "police" (c'est-à-dire l'administration des provinces). Le second ordre, la noblesse, est sans doute le plus grand perdant de cette confrontation. Son rôle dans l'Etat le cantonne progressivement au service du roi à la cour et à l'armée. Les grands ne seront plus les chefs de ces grandes révoltes où s'exprimait la contestation politique. Confrontée à une guerre étrangère et aux guerres civiles, la monarchie doit encore et toujours trouver des ressources nécessaires à l'entretien des armées. L'impôt en couvre une part, mais l'emprunt y contribue aussi de plus en plus. • "Les années fécondes" (1653-1661) Le retour à l'ordre est progressif, à Paris comme en province. Pendant toutes ces années, la guerre civile masque les combats de la guerre étrangère qui continue. Le front principal est au nord, mais bien proche de la capitale, puisque l'Artois est encore espagnol. Quand la saison des quartiers d'hiver arrive, les généraux passent la main aux diplomates: le roi d'Espagne, incapable de reconstituer ses armées, consent à traiter. La paix entre la France et l'Espagne est signée au pied des Pyrénées en novembre 1659. l'aspect le plus important du traité aux yeux des contemporains et pour l'avenir est la conclusion du mariage du roi avec l'infante Marie-Thérèse, fille aînée de Philippe IV. Certes la nouvelle reine de France renonce à ses droits à la succession d'Espagne, mais le paiement de la dot, énorme, n'est pas payée par le roi d'Espagne qui n'a pas l'intention de s'y soumettre. La clause du traité sur la dot va permettre au roi de France d'avancer des prétentions à la succession espagnole, et Louis XIV en usera tout le long de son règne. La prépondérance en Europe passe des mains de l'Espagnol dans celles du Français. Quand Mazarin disparaît le 9 mars 1661, il laisse à son filleul, impatient de régner seul, un royaume sensiblement agrandi. Mazarin a poursuivi et achevé l'œuvre du grand cardinal dont il a prit la suite. Il est resté au pouvoir 18 ans, soutenu indéfectiblement par la reine d'abord, puis par le jeune roi ensuite. Cette longévité ministérielle a permis de finir avec succès la grande guerre espagnole, de reconstruire des provinces éprouvées par les guerres civiles et de forger l'Etat moderne. temps des épreuves (1685-1715) • Louis XIV face à l'Europe
  • 12. Le milieu des années 1680 marque un tournant dans le règne. Colbert meurt en 1683, la reine Marie-Thérèse disparaît la même année, et Louis se console avec Madame de Maintenon. La révocation de l'édit de Nantes est perçue comme une provocation aux yeux de l'Europe protestante, et au premier rang Guillaume d'Orange, devenu roi d'Angleterre en 1688. Les protestants fuient la France pour se réfugier dans les pays protestants. Ceux qui partent sont surtout des marchands et des artisans. Guerre de la ligue d'Augsbourg (1688-1697): Louis XIV pose un ultimatum à l'empereur afin que les questions restées pendantes en Europe soit réglées. Avant toute réponse, les armées françaises envahissent Cologne, et saccagent la région. Les partenaires de la Ligue d'Augsbourg entrent progressivement dans la guerre. La guerre générale s'ouvre au printemps 1690: la France est seule contre l'Europe coalisée. Crise économique de 1693-1694: le règne personnel de Louis XIV est marqué par une tendance générale à la baisse des prix qui rend la concurrence plus agressive. Pendant l'hiver 1693 et le printemps 1694, le malheur touche tout le royaume. Le royaume connaît des pics de mortalité, ainsi qu'une baisse de la natalité et de la fécondité. Dans ces conditions, l'impôt, indispensable pour soutenir la guerre contre la coalition, mais qui vient arracher le nécessaire à une population diminuée, paraît insupportable. La fin de la guerre de la ligue d'Augsbourg: la paix de Ryswick (1697). Elle garantit à la France les conquêtes de Nimègue, mais marque aussi les limites à ne plus franchir vers les Pays Bas et la rive gauche du Rhin. Cette guerre a montré les capacités de résistance de la France. La coalition est brisée. • La mise au pas des oppositions La politique religieuse s'efforce de mettre au pas les derniers protestants, les jansénistes et les quiétistes. A la cour, des opposants rêvent d'une monarchie tempérée. Une pensée politique nouvelle apparaît, alors que le tournant vers la pensée des Lumières s'amorce. • La prépondérance en question La succession d'Espagne: la nouvelle donne Des tractations européennes entre Louis XIV, Guillaume d'Orange et l'empereur ont cours en secret pour le partage de la succession espagnole. Mais la cour d'Espagne ayant eu vent du traité, le conseil de Castille incite Charles II à reconnaître Joseph-Ferdinand de Bavière comme son légataire universel pour sauvegarder l'intégrité de la succession. La répartition est vécue comme inacceptable pour les Espagnols eux-mêmes, qui refusent de voir dépecer l'héritage de Charles II. Le parti national castillan est convaincu que l'empereur ne pourra résister à une coalition franco- anglaise et souhaite avant tout préserver l'intégrité de la monarchie. Finalement le parti patriote des castillans l'emporte à la cour de Madrid sur le parti de la reine, favorable à l'Autriche. Le roi Charles II suit l'avis de ce parti, et le met dans son testament, dans le plus grand secret. Le 1er novembre 1700, Charles II meurt. La nouvelle en est donc portée à Versailles. Louis XIV accepte le testament. Le 16 novembre, il présente son petit-fils à la cour comme le roi d'Espagne, sous le nom de Philippe V. Le nouveau roi d'Espagne est assez vite reconnu par l'ensemble des puissances européennes, l'empereur excepté. Léopold n'est pas disposé à voir l'héritage de Charles Quint échapper aux Habsbourg et son fils dépossédé de la couronne espagnole. Pour les puissances européennes et les puissances maritimes en particulier, une hégémonie des Bourbons sur le continent n'est pas plus acceptable qu'une hégémonie des Habsbourg. Louis XIV doit faire face à une nouvelle coalition.
  • 13. Les traités d'Utrecht (1713) et de Rastadt (1714) Ces traités remodèlent l'Europe au profit d'une alliance entre la France et l'Espagne. La succession espagnoles est finalement partagée: Philippe V garde la péninsule et les possessions d'Amérique, mais toutes les possessions européennes lui sont retirées. Pour la France, les traités "effacent les Pyrénées" et lui garantissent le soutien de la monarchie espagnole, si longtemps son ennemi sur les champs de bataille. Quand Louis XIV meurt le 1er septembre 1715, il laisse un royaume agrandi, un Etat renforcé, une administration plus efficace