Conférence par Florence Jabet
Créée en plein cœur du Paris historique, en 1670, à quelques centaines de mètres de la cathédrale Notre-Dame, la maison Jacques Herbin était à l'origine spécialisée dans la fabrication de la cire à cacheter et dans le négoce des encres. Son fondateur, Jacques Herbin, navigateur de son état, fit ainsi connaître rapi· dement la qualité de ses produits à la cour du roi Louis XIV à Versailles.
Son descendant, à la quatrième génération, lui aussi appelé Jacques HERBIN, décida de lancer, en 1798, sa propre production d'encres. L'encre Jacques HER· BIN atteignit rapidement une grande renommée, notamment pour la luminosi té de ses teintes aux noms poétiques. Au cours du XIX' siècle, la maison Jacques HERBIN participa aux grandes expositions internationales à Paris mais aussi, à Londres en 1823, où elle fut médaillée pour la qualité exceptionnelle de ses encres. Le panel des produits se développa, la société se lança ainsi dans la pro duction de l'encre de Chine en 1824 ou encore de l'encre Violette qui marqua des générations d'écoliers.
La maison Jacques Herbin se transmit de père en fils jusqu'au cours du XX' siècle. Sous l'entité de Clairefontaine Rhodia depuis janvier 2021, les encres Jacques Herbin continuent de séduire le monde entier.
Du papier porcelaine au papier couché, une histoire oubliée du papier au 19e ...
De 1670 à nos jours, l'histoire de la marque d'encres, Jacques Herbin
1. DE1670 A NOS JOURS, L’HISTOIRE DE
LA MARQUE JACQUES HERBIN
9 octobre 2023 – Florence JABET
2. LES SOURCES HISTORIQUES
• Papeterie et papetiers de l’ancien temps de John Grand-Carteret en 1900 (en vue de
l’exposition universelle de Paris) puis de 1913.
• Des factures dont les premières remontent avant 1770 !
• L’Almanach des Merciers en 1770
• Le Didot-Bottin (Annuaire-Almanach du commerce, de l’industrie, de la magistrature et de
l’administration)
• Les dépôts de brevets et de marques
• Les actes de mariage et de succession avec les inventaires
• Cliomédia, Généalogie entrepreneuriale de J. Herbin, 2015
5. LES ORIGINES DE L’ENTREPRISE JACQUES HERBIN
• 1670 : création de la maison HERBIN en plein cœur de Paris.
Les membres masculins de la famille Herbin s’appellent Jacques ou Joseph, ce qui
permet de transformer plus rapidement le nom de la marque en J.HERBIN pour
lui donner plus de légitimité.
Il semble que le fondateur de la marque, Jacques Herbin, ait été marin avant de
créer son entreprise comme marchand mercier et fabricant de cire. Il semblerait
qu’il aurait fourni la cour de Louis XIV.
• 1760 : premières factures retrouvées de la maison HERBIN.
Marc-Antoine COULON
6. L’ENTREPRISE JACQUES HERBIN AU XVIIIème SIÈCLE
• 1770 : Jacques HERBIN apparait dans l’almanach des Marchands comme marchand mercier à l’enseigne
« A l’Empereur » et un dépôt de mousselines. "Fabrique de toutes qualités et couleurs, de Cires d’Espagne
et tient Magasin de Papiers d’Hollande et Crayons en Gros ».
• La famille Herbin est alliée à la famille Cosseron (acte de mariage). Etienne Cosseron en 1770 tient fabrique
de cire à Paris « Au Grand Empereur » rue Thibododé.
7. L’ESSOR DE L’ENTREPRISE DANS LA CIRE
• 1776 : rachat par Jacques Joseph Herbin associé à son fils Joseph du fond de commerce Cosseron afin de
«faire commerce de mercerie, consistant principalement dans la fabrication de cire d’Espagne» pour un
capital de 29 235 livres.
• La demande de cire à cacheter étant très forte à l’époque, Jacques Joseph Herbin rachète tout le matériel de
Cosseron. Cela lui permet d’accroître son savoir-faire dans ce domaine d’activité.
• => La maison Herbin prend davantage à ce moment-là véritablement sa place dans le domaine de la cire.
8. QUELQUES ARCHIVES DE 1776 …
Constitution société les Sieurs Herbin (37pages)
03-10-1776
9. Rachat fonds de commerce Cosseron Herbin (6 pages)
03-10-1776
QUELQUES ARCHIVES DE 1776 …
10. L’INSTALLATION « A LA TÊTE NOIRE »
• Il semble qu’en 1776, Jacques-Joseph et Joseph ait déménagé pour
s’installer rue Thibododé (paroisse de Saint Germain l’Auxerrois,
aujourd’hui 39 rue des Bourdonnais dans le 1° arrondissement) dans les
locaux de Cosseron qui reste détenteur des murs.
Un bail locatif est mis en place pour une durée de 9 ans
• On peut noter, à l’époque, une sculpture au-dessus du porche de
l’immeuble pouvant rappeler le nom de l’enseigne utilisée par François
Cosseron. Il s’agit de la tête d’un personnage étrange, peut-être celle d’un
empereur romain.
=> D’où le nom « Au grand Empereur » puis plus tard, la tête s’encrassant,
« A la tête noire »
11. • 1780 : résiliation de la société de la société Herbin père et fils créée en 1776.
En effet, Joseph Herbin se marie avec Agathe Marie Lagrenée, fille d’un peintre assez célèbre à l’époque
(Louis Jean François Lagrenée), Jacques Joseph se retire de la société. Cet résiliation donne lieu à un
inventaire qui correspond entièrement à celui d’un cirier et d’un marchand mercier.
UN MARIAGE PRESTIGIEUX DANS LA FAMILLE HERBIN
Wikipédia
12. • 1811 : création d’une nouvelle société associant Joseph Herbin à son
fils Jacques. Société Herbin père et fils.
Acte passé le 12 décembre 1811 pour un démarrage effectif le 1° janvier
1812. La société est créée pour une durée de 9 années dont l’activité
continuera à se développer désormais au n°52 rue de la Verrerie.
L’acte stipule qu’il s’agit de "faire le commerce d’achats et de ventes de
marchandises de papeterie, la fabrication des encres et des cires à
cacheter et tous autres articles de commission de telle nature que le
comporte alors le dit commerce". C’est la première fois que l’on parle
de fabrication d’encres. En effet, les encres commencent à être
fabriquées à partir de 1798.
LES DÉBUTS DE LA FABRICATION DE L’ENCRE
Rue de la Verrerie
histoires-de-paris.fr
13. • 4 juin 1812 : nouvel acte suite au mariage de la fille de Joseph Herbin, Marie-Pauline avec Louis-Auguste
Mareschal.
=> Dissolution donc de la société créée en 1811 et création de la maison Herbin père et fils et Mareschal.
Jacques Herbin et son beau-frère Mareschal sont en part égale dans l’entreprise.
• 1820 : Joseph Herbin se retire de la société (il décède en 1834). La société est donc dissoute pour renaître
sous la raison sociale Herbin fils et Mareschal.
• 1827 : il semble que Jacques Herbin ait décidé de continuer seul la direction de la maison Herbin, il quitte la
rue de la Verrerie pour s’installer dans les locaux de la rue Michel le Comte où il se spécialise surtout dans
le domaine de l’encre.
HERBIN, LE SPÉCIALISTE DE L’ENCRE DÈS 1827
14. • 1851 : décès de Jacques Herbin. Il semble que les affaires aient un peu périclité.
Jacques Herbin étant veuf et sans enfant, il lègue entre autre la société à son neveu
Tisserant qui s’associe à Vincent pour former la société Vincent et Tisserant.
C’est Jacques Herbin qui modifie le nom de la société Herbin en J.Herbin.
• 1851-1860 : la maison est dirigée par Vincent et Tisserant, fabrique de cire à cacheter et
d’encres localisée rue Michel le Comte pour une durée de 10 ans.
• A partir de 1860 : la direction est assurée par Vincent et Forest. Le nom de Tisserant
disparait. Le nom d’Herbin apparait de nouveau. Cette direction perdure jusqu’en
1886.
UNE SUCCESSION DE PROPRIÉTAIRES
Inventaire après décès de
Jacques Herbin
15. L’ORIGINE DE « LA PERLE DES ENCRES »
• 1876 : Rachat de l’entreprise Louis Richoux fabricant d’encres et reprise
des droits sur certaines marques dont celle de l’encre « La Perle des
encres » toujours vendue de nos jours par Jacques Herbin.
• 1892 : la société arrive à son terme et C’est Charles Forest qui reprend
seul la direction de l’entreprise jusqu’à son décès en 1901.
Ses héritiers vendent l’entreprise à Dondaine. Ce dernier la dirige
jusqu’en 1920.
Didot-Bottin
1882
16. L’ENTREPRISE JACQUES HERBIN AU XXème SIÈCLE
• Après la Première Guerre Mondiale, l’entreprise doit être formée en Etablissements J.Herbin.
Dondaine vend l’entreprise à Duret.
• 1941 : Duret s’associe à Lescure. En 1943, Lescure reprend l’entreprise seul.
• 1987 : reprise de l’entreprise par Pierre Hagaman de l’entreprise Sueur (spécialisée dans la
Plastiline). L’entreprise devient J.Herbin-Sueur SA.
• 2003 : Rachat de l’entreprise par le groupe Exacompta Clairefontaine.
17. LES CHANGEMENTS DE CES DERNIÈRES ANNÉES…
• 2017 : création de la collection Premium Jacques Herbin. Cette collection haut-de-gamme reprend
les encres et y ajoute des environnements proches (papeterie, stylos, maroquinerie).
• 2021 : Reprise par la société Clairefontaine Rhodia.
• 2022 : la marque devient Jacques Herbin.
Marc-Antoine COULON
19. • La caravelle du logo Herbin fait-elle référence au fondateur de la marque ou à la famille Cosseron anoblie sous
Louis XVI devenant les Cosseron de Villenoisy. Le blason de cette famille est proche du vaisseau utilisé par
Jacques Herbin pendant un temps comme logo. Y-a-t-il un lien entre les 2 ?
LE LOGO DE L’ENTREPRISE
Blason Cosseron
de Villenoisy
23. L’ENCRE : LES PREMIERS BREVETS ET DÉPÔTS
• 1823 : participation à la grande exposition internationale de Londres où les encres et
la cire J.Herbin sont médaillées pour leurs qualités exceptionnelles.
Début de la fabrication de l’encre de Chine.
• 1850 : début des dépôts de marques sous l’impulsion de Monsieur Forest et de
Monsieur Vincent. Sur les étiquettes, on retrouve la marque J.Herbin et le dessin
d’une goélette ou d’un trois-mâts.
• De nouveaux noms apparaissent : « Fluide bleu noir », « Blue back », « L’encre des
vaisseaux » ou encore « La Tête noire » qui regroupe plusieurs teintes dont l’encre
Violette qui deviendra par la suite l’encre Violette pensée.
24. L’ENCRE : BREVETS ET DÉPÔTS
• D’autres types d’encre voient le jour comme l’encre inaltérable pour le linge, la colle et la gomme liquide,
l’encre pour la broderie, les pastilles d’encre soluble, aussi appelées « l’encre des voyageurs » car
principalement destinées aux pays chauds.
25. L’ENCRE : BREVETS ET DÉPÔTS
• 1855 : l’encre noire supérieure obtient une médaille à Londres en 1855. On raconte que
Victor Hugo aurait écrit Les Misérables avec cette encre-là.
C’est aussi le début des encres parfumées avec l’encre Carmin parfumé extra.
• 1876 : dépôt du nom « La Perle des encres » qui existe toujours et est aujourd’hui le nom
de la gamme des encres à écrire.
Collection Pichon
26. L’ENCRE : BREVETS ET DÉPÔTS
• 1877 : dépôt de l’encre bleue myosotis encore vendue de nos jours. L’année suivante, lors de
l’exposition universelle de Paris, l’entreprise occupe 2000m2 et emploie 40 salariés rue Michel le
Comte.
27. L’ENCRE : BREVETS ET DÉPÔTS
• 1899 : dépôt de l’« Encre securitas » puis « L’infalsifiable » puis des tampons encreurs de timbres
en caoutchouc. Dépôt de l’encre Vert Réséda qui existe toujours. Toute référence à « la Tête
Noire » disparait.
Collection Pichon
29. QUELQUES VISUELS DE PACKAGING AU XIXème SIÈCLE
Les visuels des packagings ci-dessous correspondent à ceux montrés dans les tarifs Herbin de 1875 et
1880.
30. L’ÉVOLUTION DES PACKAGINGS, L’EXEMPLE
DE L’ENCRE VIOLETTE PENSÉE
1880 1950 2023
1995
Collection Pichon
Collection Pichon
31. LA CIRE JACQUES HERBIN DE NOS JOURS
• La cire continue d’être fabriquée et commercialisée pour certaines professions (notaires, pompes
funèbres, artisans) ou pour des amateurs. J.Herbin fut longtemps fournisseur de cire pour la maison
Chanel.
• La cire Banque suit aujourd’hui la composition de la cire d’origine à base de gomme laque. On trouve à côté
de la cire à mèche, la plus simple à utiliser mais aussi de la cire souple. Ces deux derniers types de cire
suivent aussi des recettes originales.
32. LES ENCRES JACQUES HERBIN DE NOS JOURS,
UN SAVOIR-FAIRE TYPIQUEMENT FRANCAIS
La Perle des encres
35 couleurs en flacons aux noms poétiques
(Poussière de Lune, Eclat de saphir, Larme de
cassis, …)
23 couleurs en cartouches
Les encres parfumées
6 couleurs/senteurs
Les encres aquarelles (gamme Eclats),
70 couleurs
L’encre de Chine
LES ENCRES D’ÉCRITURE LES ENCRES BEAUX-ARTS