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Imprimer les Œuvres complètes
de Voltaire dans les années 1780,
une aventure sur la frontière
Linda Gil
Université Paul-Valéry
Institut de recherche sur la Renaissance, l’âge Classique et les
Lumières, UMR 51 86 CNRS, Montpellier
Vous le savez, Messieurs, semblable à ces fleuves rapides qui, roulant avec
eux les matières étrangères et impures qui s’y sont mêlées, les déposent çà et
là sur le rivage, et ne portent à la mer que le tribut de leurs eaux, cet art
admirable, inventé pour éterniser les productions de l’esprit humain, après
s’être chargé, comme en passant, d’ouvrages inutiles, frivoles, les abandonne
ordinairement dans sa course, ne pense plus à les reproduire, et ne transmet
constamment à la postérité que les ouvrages utiles aux progrès des sciences et
des arts. Mais comme si les entrepreneurs de la collection que nous
dénonçons craignaient cette marche naturelle de l’imprimerie, ils se hâtent de
réunir tout ce qui peut assurer la perpétuité de tous les ouvrages infects qu’ils
ont rassemblés ; ils accumulent toutes les précautions, qui, leur donnant une
valeur sans bornes, les rendront précieux, et ménageront leur conservation.
Jean-Jacques Duval d’Eprémesnil, Dénonciation au parlement de la
souscription pour les œuvres de Voltaire, 10 mars 1781.
Plan de la ville de
Genève en 1777 par
C.G. Glot.
Bastion de Cornavin, par R. Gardelle. Paysage habité, armoiries et devise de Genève. 1780.
Pourquoi un nouveau
projet d’édition en 1778 ?
Nicolas de Largillière,
portrait de Voltaire
(1718-24 ?), Paris,
Musée Carnavalet.
Charles-Joseph Panckoucke
1736-1798
Il y avait à Lille un homme instruit et modeste, qui avait
passé sa vie à recueillir ce qu’il pouvait se procurer de
Voltaire.
Adrien Beuchot, préface à l’édition des Œuvres de
Voltaire, 1834.
L’empressement du public pour les ouvrages de M. de
Voltaire a fait recueillir avidement tout ce qui est sorti de sa
plume intarissable. On s’est hâté de faire cent collections où
des morceaux des genres les plus opposés se trouvent
accolés dans les mêmes volumes sans le moindre
discernement. Celle en 40 volumes in 8°, la moins imparfaite
de toutes, n’est pas exempte de ces défauts. Elle prouve
qu’aucun auteur n’eut plus besoin que M. de Voltaire d’un
editeur éclairé et intelligent. Nous allons à ce sujet proposer
quelques idées qui pourront en faire naître de plus heureuses
aux nouveaux editeurs. Nous sommes loin de les donner pour
des règles, et nous ne les croirons bonnes que lorsque
l’auteur les aura approuvées.
Nous croyons qu’il n’y aura jamais de bonne edition de ses
ouvrages, que lorsqu’ils seront distinctement classés sous
différens titres généraux et subdivisés en plusieurs branches
particulières. Nous considérons d’abord ce grand ecrivain
sous deux aspects principaux, comme Poëte et comme
prosateur. Telle est la grande division qui nous semble devoir
être adoptée pour éviter toute confusion.
J’attends les volumes avec des feuilles blanches.
J’aurai le plaisir d’ôter toutes les impertinences
étrangères qu’on y a ajoutées, et de mettre à la
place des choses inconnues qui ne sont pas de
plus mauvais alloi. Il est digne de vous de réparer
les sottises des barbares.
Voltaire à Panckoucke, 19 octobre 1777, D20844.
Non seulement je travaillerai pour vous, mais j’y travaille dans
l’instant même. J’y passerai les jours et les nuits tant que la
nature m’accordera des nuits et des jours. Vous aurez avant trois
mois huit ou dix volumes conformes à vôtre plan, remplis de
pièces nouvelles, et de pièces corrigées. Je vous fournirai, à
moins que je ne meure, de quoi faire une édition assez curieuse
qui fera amande honorable pour toutes ces éditions suisses,
genevoises, hollandaises, dans lesquelles on m’a défiguré. Ne
soiez point surpris si je vous promets tant de volumes dans trois
mois. Quand on travaille dans la solitude douze heures par jour,
on ne laisse pas de faire de la besogne quelque faible et quelque
malade que l’on soit. On oublie ses quatre vingt quatre ans, on
rajeunit avec vous. Enfin la mort seule peut s’opposer au désir
extrême que j’ai de mériter ce que vous faittes pour moi.
Voltaire à Panckoucke, 20 novembre 1777, D20910.
Ce travail très pénible pour un homme de mon âge accablé de
maladies continuelles, ne m’a rebuté pourtant que par
l’énormité des fautes absurdes de l’ancien éditeur, et par
l’extrême impertinence qu’il a eue d’ajouter à ce fatras
intolérable un nombre prodigieux de sottises qui ne sont
nullement de l’auteur. Mais quand il s’agira de travailler pour
vous faire plaisir, rien ne me rebutera que la mort. [...] Si je
suis en vie dans un an je vous aiderai autant que je pourai à
faire une édition digne de vous.
Voltaire à Panckoucke, 12 janvier 1778, D20980.
Panckoucke à Duplain,
26 décembre 1778,
Bibliothèque de Genève,
Ms Suppl. 148, f. 152-153.
M. Jos. Duplain
Paris 26 X.bre 1778.
Lobligée dans le voltaire 4°.
[…] M.r de Barjac (beau frere de Cramer) m’a parlé du Voltaire et du desir qu’il
avait que vous y fussiez interéssé. Je vous ai dit mon dernier mot sur le prix de la
vente, je ne donnerai point mon manuscrit à moins de trois cent mille livres. Il me
coûte en espece, en argent comptant cent mille livres. Voici mes doutes, on m’a
donné, mais soyez sur que j’ai encore beaucoup plus acquis. J’ai acheté tous les
materiaux qu’on m’a offerts, quand j’ai vû la redaction seule est un objet de 18000
L. les hommes les plus celebres s’en occupent et les principaux gens de lettres
pour honorer la mémoire de m.r Devoltaire ont voulu y prendre part. il y a cette
correspondance qui m’a couté dix mille livres et j’en eusse donné vingt, si on les
eut exigés, parce qu’il m’importait de rassenbler le plus qu’il était possible. Il me
manque aussi peu de choses et j’ai toutes les grandes correspondances. Je ne
donnerai point mes manuscrits à moins de trois cent mille livres. Il me coûte en
espèces, en argent comptant, cent mille livres. Comme vous n’êtes pas accoutumé
à payer de copies, ce prix vous paraît excessif ; mais mais n’ai je pas moi acheté le
droit de faire l’Encyclopédie 312 mille Livres, après qu’on en eut placé 4000 à
paris, et ce droit ne l’ai je pas revendu à peu près ce même prix et les Liegeois en
3e lieu ne nous ont ils pas encore vendus.
Il y a plus a esperer du Voltaire que de l’encyclopédie. Je sais que
toute l’europe attend une nouvelle edition. Vous parlez d’un tirage
de 4000, vous n’etes pas de bonne foy, mon ami, vous tirerez 12.
15. 20. Mille livres et vous n’en doutez pas et je suis bien sur que
quand le prospectus aura paru et il est tout prêt, vous n’en douterez
pas, en serez convaincu, j’y ai fait l’hist.re du manuscrit. Vous
même me parlez dans vos précédentes que nous aurions chacun 4 à
5 cent mille livres de bénéfice, mais moi je vous en assure qu’il y
en a le double et le triple à gagner <espérer> et que je ne me fais
point illusion. je suis bien sur d’en placer par moi meme 5 à 6 mil.
comme est cette entreprise est la seule grande affaire qui reste en
librairie et que je l’envisage comme un moien de me tirer du
commerce, avec une fortune proportionnée aux grands efforts eff
moiens que j’ai employés dans cet état, je suis bien décidé à ne
m’en désaisir que lorsqu’on m’en fera un très grand avantage,
mais comme je fais cas de votre activité, je consentirai volontiers à
vous y donner un intérêt de moitié, aux conditions suivantes ;
1° vous / il serait passé un acte de vente ostensible, car comme je vous l’ai
dit, je puis vendre, mais … ? . Vous me donneriez actuellement une ..
valeur ? je viens de vendre des parties considérables de mon fonds et j’ai
dans mon portefeuille actuellement en bonnes valeurs plus de 350 mille
livres : savoir … ? je vous donnerai ces 350 mille livres qui ne sont
payables que dans 5 années et vous me fourniriez des valeurs usuelles
payables dans les 6 derniers mois de 1779 et toute l’année 1780 jusqu’à la
concurrence de 300 mille Livres.
2°. L’escompte des dits billets se ferait sur le pied de 4 pour cent.
3°. Comme la souscription du Voltaire se ferait en juin prochain et qu’on
serait en état de publier 30 vol. en X.bre dans le cas où les rentrées autres,
ainsi qu’on a heur de l’espérer donneraient des bénéfices, vous vous
préleveriez ma part de ces bénéfices, pour vous remplir plus promptement
de l’avance que vous me faites, de sorte qu’il serait possible que
4°. Je ferai a paris l’impression des volumes qui pourraient s’y imprimer,
comme La henriade, le théatre.
5°. Vous vous obligeriez de r d’imprimer conformement au prospectus et de tenir
rigourt les engagemens qu’on y prend relativement au papier au caracteres, à la
correction.
5°. Vous ne pourrez sous aucun prétexte rien changer à la copie que je vous fournirai ;
faites attention qu’elle est entre les mains des gens de lettres les plus distingués et qui se
sont obligés par acte de me fournir un tiers de la copie en juin, un tiers en Xbre, et le
reste en juin 1780
6°. Le recueil de lettres etant de 15 vol. et ce qu’il y a de plus delicat, L’im
L’impression ne s’en ferait pas en France.
7°. Toutes les dépenses <et avances> se feraient en commun <et aux prix des debourses
qui seraient ? … ? … ? pour les quittances> et il ne pourrait etre vous ne pourriez
compter aucun (faux) frais de commis, magasin, assembl. ecritures et ports de lettres, ni
faux frais sous quelque pretexte que ce soit
8. comme cette affaire est bien plus délicate que celle nous ne ferions rien que de
concert et
a ces conditions je traiterai avec vous, c’est un demi million <et probablement
davantage> dont je vous fais present en reconnaissance (récompense) de ce que vous
me donnez une valeur actuelle <a 4 p%> en echange de valeurs plus éloignées. Tous les
effets que je vous remettrai <seront> sont non seulement endossés, mais ils sont tous
d’excellents libraires, il y a mille louis de , autant de, de , fils, jeune, celui cy offre
d’escompter les ………à 6% 50. mille louis de… 20 mille de Samson &&.
Possesseur enfin de manuscrits qui pouvaient
former 20 volumes nouveaux, ne sachant trop
qu’en faire, j’écrivis à Genève puis à Lyon ; mes
propositions ne furent point acceptées […].
Lettre de M. Panckoucke à Messieurs les
résidents et électeurs de 1791.
Illustration pour
Le Pauvre Diable,
Moreau le Jeune
Illustration pour Candide,
ou l’Optimisme, tome 45
PROSPECTUS.
Pour cent Estampes in-4to, & in-8vo. gravées d'après les dessins & sous la
direction de M. Moreau, dessinateur & graveur du cabinet du Roi & de son
académie de Peinture, pour décorer la nouvelle édition de Voltaire, imprimée
avec les caracteres de Baskerville, par les soins de M. de Beaumarchais. Chaque
estampe in-4to. est de 2 l.t. & celles in-8vo. de 1 l.t. On dépose 24 l. en souscrivant,
à Paris, chez l'auteur, rue du Coq St. Honoré. On tiendra compte des 24 liv. sur
les dernieres livraisons; ainsi ceux qui souscrivent pour l'in-4to. ne payeront que 8
l. Ies deux dernieres, au lieu de 20 l. prix des précédentes, & pour l'in-8vo. 2 l.
chacune des trois dernieres au lieu de 10 liv. chaque livraison est composée de 10
estampes.
La premiere livraison sous les deux formats paroît actuellement, elle consiste
en dix estampes, pour être mises à la tête des chants de la Henriade.
C'est un des plus beaux ouvrages en ce genre & qui fait le plus d'honneur au
génie fécond de cet artiste.
A la fin de l'année, on donnera la seconde livraison; les sujets seront tirés des
pieces du Théâtre.
Courier de l'Europe, 29 octobre 1782.
Une archive dispersée
Taylorian Library, Oxford
Bodleian Library, Oxford
British Library, Londres
Institut et Musée Voltaire, Genève
Bibliothèque Publique, Genève
Bibliothèque Publique, Neuchâtel
Bibliothèque nationale de France, Paris
Bibliothèque historique de la Ville de Paris
Bibliothèque de l’Arsenal, Paris
Generallandesarchiv, Karlsruhe
Bibliothèque nationale de Russie, Saint-Pétersbourg
Hotel de Thou, siège
de la librairie
Panckoucke, rue des
Poitevins, Paris
Rue
Princesse,
domicile de
Decroix,
Lille
Hotel des Ambassadeurs de Hollande,
domicile de Beaumarchais et de Ruault, siège de la Société Littéraire
Typographique, rue Vieille du Temple, Paris
Hotel de la Monnaie, domicile de Condorcet, Paris
Château de La Roche Guyon, villégiature de Mme d’Enville, hôtesse de Condorcet
Pierre-Augustin
Caron de
Beaumarchais
1732-1799
Marie-Jean Antoine Nicolas de
Condorcet
1743-1794
Jacques Joseph Marie Decroix
1746-1826
Nicolas Ruault
1742-1828
Charles-Joseph Panckoucke
1736-1798
Jean le Rond D’Alembert
1717-1783
Jean-Baptiste Antoine Suard
1732-1817
Friedrich Melchior
Grimm
1723-1807
Malesherbes
Le margrave de
Bade
Louis de Rohan,
cardinal de
Strasbourg
Catherine II de
Russie
Louis Charles de
Machault, évêque
d’Amiens
Jacques Mallet du Pan
1749-1800
Friedrich Dominicus Ring (1726-1809)
Wilhelm von Edelsheim
(1737 -1793)
Jean-Louis Wagnière
1739-1802
Le travail sur les textes :
collecter, authentifier, établir, classer, annoter
Rassembler la poésie de
Voltaire : une tâche sans fin
Je recois à l’instant votre lettre, Mon cher ami, Et je me hate de
vous envoier ce que vous me demandez. Mais je suis surpris
que vous vous borniez à ces trois poëmes, tandis que j’en ai
beaucoup d’autres qui sont à peu près de même genre et faits
pour aller ensemble. Ils devaient composer le 1er volume des
poesies diverses qu’on peut placer indiferemment avant ou
après le théatre. Il me paraît indispensable de s’entendre si l’on
veut eviter la confusion des autres editions. Ayez donc la bonté
de prier M. le mis de Condorcet de me mander s’il adopte
l’arrangement indiqué par ma table des matieres qui lui a été
remise avec les volumes que je vous ai fait passer.
Decroix à Panckoucke, 2 octobre 1779, Bodleian Library.
Vous trouverez ci-joint, mon cher ami, une reponse a la
notte de M. de Condorcet que vous pourrez lui faire
passer. Vous avez du recevoir le paquet que je vous ai
adressé sous le couvert de M. de Vergennes. J’attendrai la
reponse de M. de Condorcet pour vous envoyer d’autres
poëmes si vous le desirez : mais je vous avoue que je vois
mutiler a regret mon recueil de poesies, qui forment un
corps dont toutes les parties sont adhérentes les unes
aux autres. Si l’on en détache quelques unes pour
completter des volumes, on retombe dans la confusion
des editions précédentes.
Decroix à Panckoucke, 19 octobre 1779, Bodleian Library.
Les editeurs de M. de voltaire, Monsieur, ont pris le parti
d’imprimer de suite. Je vous prie en consequence de
vouloir bien envoier à Monsieur Pankouke par le carosse
le plutot qu’il sera possible ce que vous avez fait sur les
petits poëmes discours philosophiques epitres satyres
Contes en vers, odes et stances. Il est très possible de
retrouver d’autres pieces de ce genre par la suitemais
come ce ne peut être des pieces bien importantes on les
placerait dans les mélanges de poësies.
Vous connaissez, Monsieur, mon inviolable attachement.
Le Mis de Condorcet.
Condorcet à Decroix, [circa 10 février 1781], collection
particulière.
J’ai recu une lettre de M. le Mis de Condorcet qui me
demande les petits poemes. J’avais ecrit à M. de
Beaumarchais pour savoir si son intention est en effet
d’imprimer dès a présent cette partie des œuvres. Je n’ai
point encore recu de reponse. Vous me feriez plaisir de le
voir ou de lui écrire pour l’engager a me marquer ce qu’il
pense des raisons que j’alleguais pour faire différer
l’inpression de cette partie, qui peut considerablement se
completter ou s’accroitre d’ici à 15 ou 18 mois. Quand il
m’aura répondu je ferai quoi qu’à regret, l’envoi qu’on
demande, si la chose est ainsi arrêtée.
Decroix à Panckoucke, 14 février 1781, Bodleian Library.
Découverte d’un inédit :
Traité de métaphysique
Doutes sur l’homme.
Introduction.
Chap. I. Des différentes espèces d’hommes.
II. S’il y a un Dieu.
III. Que toutes les idées viennent par les sens.
IV. Qu’il y a en effet des objets extérieurs.
V. Si l’homme a une ame, et ce que ce peut être.
VI. Si ce qu’on appelle ame, est un être immortel.
VII. Si l’homme est libre.
VIII. De l’homme considéré comme un être sociable.
IX. De la vertu et du vice.
Je n’ai point eu le tems de vérifier tous ces titres et ces
chapitres dans ce que nous avons de métaphysique
imprimé, mais il me semble qu’ils ne sont pas neufs à
mon oreille. Il se pourrait, en supposant que ce traité fût
de notre auteur, qu’il s’en fût servi, depuis la
composition, dans les différens ouvrages qu’il a publiés
sur ces matières. Au reste Longchamps n’a point voulu se
dessaisir de ces originaux, vrais ou faux, bons ou inutiles ;
M. De Servières doit revenir ici sous très-peu de jours
pour cela même. Je vous informerai du succès de cette
petite négociation.
Ruault à Decroix, 15 mai 1781, collection particulière.
La découverte que M. de Servières a faite de Longchamps me
paraît intéressante. Je voudrais que vous vissiez vous même
cet homme. Vous apprécieriez bien tout ce qu’il possède. Je
ne connais point ce traité de métaphysique. L’auteur a traité
souvent les mêmes sujets, mais vous savez qu’il prenait des
formes nouvelles et toujours intéressantes.
Decroix à Ruault, 20 mai 1781, BnF, NAF 13139, f. 216-217.
Il n’y a rien ou très peu de chose dans le traité de
métaphysique, qui ne se trouve ailleurs, et peut-être deux
ou trois fois. Cependant il y a quelques questions sur
lesquelles l’auteur prononce son avis plus fortement
d’autres qu’il n’a pas traité ailleurs avec autant d’étendue,
D’ailleurs cet ouvrage peut servir a l’histoire des opinions
de M. de Voltaire. Histoire qui sera une partie de sa vie et
dont les pièces justificatives souvent se trouvent dans les
œuvres. Je pense donc que cet ouvrage ne sera point
deplacé dans la collection, mais qu’il n’y est pas
nécessaire pour la compléter, qu’ainsi on peut l’acheter,
mais très bon marché.
Condorcet à Ruault, [circa 21 mai 1781], BnF, NAF 24338,
f. 380.
J’ai vu le Sr Longchamps. Il est venu ici avec tous les
portefeuilles. Je l’ai mené chez M. de Condorcet qui a
examiné les papiers que cet homme avait de M. de Voltaire,
dès l’année 1749, à la mort de Mad.e Duchâtelet, et surtout le
manuscrit du traité de métaphysique. M. de Condorcet m’a
écrit le lendemain que la matiere se trouve, en général, dans
les divers morceaux que l’auteur a publiés dans les questions
sur l’Encyclopédie, dans les Mélanges, les lettres de
Memmius, &a. Mais que cependant il y a des questions sur
lesquelles M. de Voltaire a prononcé son avis plus fortement
qu’ailleurs. Cet ouvrage est bien de lui. M. de Condorcet
pense qu’il peut servir à l’histoire des opinions de M. de
Voltaire, histoire qui fera une partie de sa vie. Il conseille donc
de l’acheter à bon marché. Longchamps l’a laissé avec tous les
autres papiers, pour six louis.
Mr Panckoucke qui est chargé, par le contrat de cession
des ms. de Voltaire, des acquisitions subséquentes, a
envoyé promener Longchamps. Comme on est obligé de
communiquer à ce libraire les pièces à acquérir, l’ancien
secrétaire a été le trouver ; il est revenu très-mécontent
de cette démarche. Ainsi l’acquisition sera pour le
compte de M. de Beaumarchais, qui n’est pas si près
regardant. Il est souvent désagréable et fâcheux d’avoir à
faire à une tête comme celle de M. Panckoucke.
Ruault à Decroix, 23 mai 1781, collection particulière.
Histoire de l’établissement de
christianisme :
une œuvre inachevée
Demander à Vagniere si le chapitre 26 de l’histoire du
Christianisme intitulé du théisme est une continuation de
cette histoire, ou si elle doit finir par le chapitre 24 intitulé
conclusion.
[…] On remarque que ce chapitre 26 n’est pas fini et qu’il y
manque probablement quelques feuillets. Ne pourrait-on
pas retrouver cela chez Grasset.
BnF, NAF 24 342, f. 133-140.
Le dernier des écrits contenus dans cette collection est
intitulé, Histoire véritable de l’établissement du
christianisme : il n’a jamais été publié ; une partie
seulement était imprimée à la mort de l’auteur. Le reste
s’est trouvé dans ses papiers écrits de sa main ; l’on
peut regarder cette histoire comme son dernier
ouvrage, & les maximes qui le terminent comme ses
derniers sentimens & ses derniers vœux pour le
bonheur de l’humanité.
Du Dictionnaire philosophique
portatif au nouveau Dictionnaire
philosophique de Kehl : un
« monstre éditorial »
L’annotation
de Condorcet
Voici la note dont je vous ai parlé pour le Theatre. C’est sur le vers de tancrede. Le
grand leon dans Rome armé d’un saint courage.
Note. Par le grand leon M. de Voltaire entend Leon IV. <rature> come il a soin d’en
avertir et non Leon I connu dans les cloitres sous le nom de Saint leon, De Leon le
grand. Ce saint leon est le premier pape qui se soit adressé à la puissance séculière
pour faire punir de mort les héretiques, il se joignit à l’éveque ithace pour obtenir du
tyran maxime le sang de Priscillière. Les legendaires racontent qu’un jour une femme
lui ayant bandé la main, il sentit un mouvement de concupiscence, qu’en
consequence il se coupa la main, la vierge la lui rendit quelques jours après afin qu’il
put celebrer la messe. C’est depuis ce tems qu’on baise les pieds du pape, attendu
que le pied etant enveloppé dans une pantoufle le saint pere court moins le risque
d’être obligé de se le couper. <rature>. On sent bien que ce n’est pas à ce pape que
M. de voltaire a pu donner le nom de grand. D’ailleurs St leon vivait plusieurs siecles
avant l’époque ou la tragedie de tancrede est placée.
----------------------
Cette note <rature> n’est pas bien necessaire cependant j’ai cru devoir la faire parce
que j’ai vu des gens qui croient que ce grand leon de tancrede etait le grand leon de
la legende.
Theatre T. IV p. 349 Corrections
de la main de M. de Condorcet
Note.
L’abbé Mongaut etait tres vaporeux. L’abbé Mongaut était
Employé à très vaporeux. Emploié dans
l’education du duc d’Orléans l’éducation du duc d’orléans, fils
regent, avec l’abbé dubois, &a. du régent. Comme
l’abbé du bois l’avait été
dans celle du régent &a.
cardinal et premier Ministre mettez, Cardinal, premier
ministre
Il n’aurait pas voulu sans mettez, et il n’aurait pas voulu
doute sans doute
Ibid. p. 360 Par le grand Leon par le grand leon &
m. de Volt. entend Leon IV &a Ce saint leon est le premier pape
qui ait approuvé le
supplice des hérétiques. Il dit dans
ses lettres que le tiran maxime
en punissant de mort Priscillien a
rendu un grand service à l’Eglise,
et il poursuivit avec violence ce
qui restait de Priscillianites en
Espagne, les Légendaires
CHAPITRE XI.
De l’arc-en-ciel ; que ce météore est une suite nécessaire des lois de la réfrangibilité.
— Mécanisme de l’arc-en-ciel inconnu à toute l’antiquité. Ignorance d’Albert le Grand.
L’archevêque Antonio de Dominis est le premier qui ait expliqué l’arc-en-ciel. Son
expérience imitée par Descartes. La réfrangibilité unique raison de l’arc-en-ciel.
Explication de ce phénomène. Les deux arcs-en-ciel. Ce phénomène vu toujours en
demi-cercle.
L’arc-en-ciel, ou l’iris, est une suite nécessaire des propriétés de la lumière que nous
venons d’observer. Nous n’avons rien dans les écrits des Grecs, ni des Romains, ni des
Arabes, qui puisse faire penser qu’ils connussent les raisons de ce phénomène.
Lucrèce n’en dit rien ; et par toutes les absurdités qu’il débite, au nom d’Épicure, sur la
lumière et sur la vision, il paraît que son siècle, si poli d’ailleurs, était plongé dans une
profonde ignorance en fait de physique. On savait qu’il faut qu’une nuée épaisse se
résolvant en pluie soit exposée aux rayons du soleil, et que nos yeux se trouvent entre
l’astre et la nuée, pour voir ce qu’on appelait l’iris. Mille trahit varias adverse sole
colores ; mais voilà tout ce qu’on savait : personne n’imaginait ni pourquoi une nuée
donne des couleurs, ni comment la nature et l’ordre des couleurs sont déterminés, ni
pourquoi il y a deux arcs-en-ciel l’un sur l’autre, ni pourquoi on voit toujours ces
phénomènes sous la figure d’un demi-cercle. […]
Enfin le célèbre Antonio de Dominis, archevêque de
Spalatro en Dalmatie, chassé de son évêché par
l’Inquisition, écrivit, vers l’an 1590, son petit traité De
Radiis lucis et de iride, qui ne fut imprimé à Venise
que vingt ans après[1]. Il fut le premier qui fit voir
que les rayons du soleil, réfléchis de l’intérieur même
des gouttes de pluie, formaient cette peinture qui
paraît en arc, et qui semblait un miracle inexplicable ;
il rendit le miracle naturel, ou plutôt il l’expliqua par
de nouveaux prodiges de la nature.
Voltaire, Éléments de la philosophie de Newton
Date ? Condorcet
Note 17/ Antonio de Dominis fut une des plus illustres victimes de l’inquisition Romaine.
Réfugié en Vers 1603 il renonça à son archeveché et se retira en Angleterre ou il publia
l’histoire du Concile de Trente de fra paolo son ami. Il s’occupa du projet de reconcilier les
communions chrétiennes projet projet qui fut celui d’un grand nombre d’esprits sages et amis
de la paix dans un siecle où les principes de la tolérance etaient inconnus. On lui l’enq trouva
moien de l’engager en 1612 à <ajout : entrer> retourner en Italie en lui promettant qu’on se
contenterait de la retractation de quelques propositions soi disant hérétiques qu’on l’accusait
d’avoir soutenues. Mais peu de tems après cette retractation, on lui supposa d’autres crimes
et il fut mis dans les prisons de l’inquisition au château St Ange où il mourut cy en 1624 age
de 64 ans. Les inquisiteurs eurent la barbarie de le faire deterrer et <de> bruler ay son
cadavre. Les livre Ou<tre> son ouvrage sur l’optique, il avait fait un livre intitulé de républica
Christiana qui fut brule avec son cadavre lui. Ce livre fut condamné par la sorbone par ce qu’il
contenait des principes de tolerance et des Maximes favorables à l’autorite l’indépendance
des princes seculiers sur les prêtres de leurs états. fra paolo plus sage que l’archeveque de
Spalatro resta toute sa vie dans a venise où il n’avait du moins a craindre que les assassins.
Peu de tems après l’illustre galilée l’honneur de l’Italie fut forcé de demander pardon d’avoir
decouvert de nouvelles preuves du mouvement <de la terre et trainé> fut mis en prison a
l’age de plus de 70 ans par ordre des mêmes inquisiteurs.
Il n’est pas difficile dans de d’après cela de deviner pour qu’elle raison <Ne soions donc pas
etonnés si > on ne trouve pas un seul Romain parmi les hommes illustres en tout genre qui
dans ces derniers siecles ont fait honeur à l’Italie.
Ruault et Condorcet, État d’une partie des
œuvres en prose de M. de Voltaire,
remises à M. Le M.is de Condorcet le 19 mai
1782, BI, Ms 869-870, f. 117-118.
28 juillet
Mort du tyran Maxime
S'il eût vaincu Théodose, on en aurait fait [mot manquant] C'est
lui a donné le premier exemple d'un hérétique condamné
juridiquement à mort pour ses opinions.
Priscellien était un Espagnol éloquent et savant, qui menait une
vie austère ; il prêchait un christianisme épuré et paraissait
regarder le monde comme indifférent, mais il insistait sur la
morale. Ithare, évêque ignorant et voluptueux, poursuivit
Priscillien et avec lui tous ceux osaient condamner ses mœurs.
Priscillien, déféré à Maxime, fut condamné à mort et plusieurs
de ses disciples impies avec lui. Quelques autres furent
assommés par le peuple. Cette condamnation de Maxime fait
dire à Fleury que, malgré sa révolte et l'assassinat son maître, le
tyran avait de la probité ; il trouve juste mais un peu austère le
préfet du prétoire qui fit mourir Priscillien.
21 juin [1633]
Décret de l'Inquisition en 1633 qui ordonne à Galilée de
se rétracter.
Son hérésie consistait à avoir démontré que la terre
tournait autour du soleil. Il fut longtemps en prison et
n'en sortit que par cette rétractation humiliante.
L'archevêque de Spalato, Antonio de Dominis, mourut
avant, dans un cachot, en 1625 pour un semblable crime ;
il avait expliqué l'arc-en-ciel que tous les moines croient
avec la Genèse être un miracle perpétuel. Mais Antonio
avait d'autres torts. Il ne s'était pas borné à des
découvertes de physique, il en avait fait aussi sur les abus
de la juridiction ecclésiastique. Aussi son corps fut-il
brûlé.
Condorcet, Almanach anti-superstitieux
Censurer la correspondance
La Correspondance
• 1° Correspondance générale, tomes 52 à 63
• 2° Correspondance du roi de Prusse, contenant
les lettres du prince, et appendice pour les lettres
de Voltaire aux princes de Prusse, et des princes à
Voltaire, tomes 64 à 66
• 3° Correspondance de Catherine, contenant les
lettres de l’impératrice, et appendice pour la
correspondance avec divers souverains, tome 67
• 4° Correspondance de d’Alembert, où sont aussi
les lettres de d’Alembert, tomes 68 et 69
Copie [par Decroix] de la derniere lettre ecrite par M. de Voltaire
a M. Vassellier, à Lyon [Voltaire à M. Vassellier, 3 février 1778].
A Ferney… [suit copie de la lettres]
J’ai donné l’original de cette lettre, ecrite de la main de Wagniere,
à M. L’abbé de Tersan a Paris avec quelques autres billets a
Vassellier en 1800.
Attestation par Decroix, BHVP, Ms Rés. 59, f. 493.
à Ferney Mardy au soir 3e fév: 1778
Mon cher ami, Made Denis est partie ce matin avec Mr et Made De Villette. Ils vont à Paris
par Bourg en Bresse. Moi je pars Jeudy ou vendredy, au plus tard, pour Dijon. Nous nous
retrouverons probablement à Lyon devers Pâques, si je ne meurs pas en chemin de mes
quatre vingt quatre ans, de mes fatigues, et de mes procès.
Je vous embrasse tendrement, et je présente mes sincères obéissances à Monsieur
Tabareau.
Si l'effroiable nouvelle de Malte se confirme aiez, je vous en prie, la bonté de me le mander,
et mettez sur l'adresse de la Lettre, que si je ne suis pas à Ferney on renvoie la Lettre à
Dijon, poste restante.
Le vieux malade ambulant V.
à Monsieur
Monsieur Vasselier, controlleur
des postes, etc
à Lyon
estampillée FERNEY
La correspondance de Cideville est entre mes mains,
conférée et paraphée. Elle est bien singuliere. Elle est
pleine d’un cynisme épouvantable dans le commencement.
Le co… le cu… le v…. le bordel, le v..t du héros qui f….tait
Cléopâtre et cent autres expressions telles, brillent à
chaque page. On voit que ces premieres lettres ont été
écrites au sortir de la fameuse Régence où tout le monde
était libertin effronté. Nous rayerons tout cela ensemble,
mon cher monsieur, car il faut respecter les yeux du lecteur,
autant que les oreilles dans la conversation.
Ruault à Decroix, 25 septembre 1784, collection
particulière.
Il est bon que vous sachiez encore que M. de Condorcet à promis à M.
Baculard Darnaud qu’on retrancherait de la Correspondance toute
l’humeur que M. de Voltaire a fait paraître contre ce pauvre homme dans
les lettres à M. d’Argental. C’est aussi le sentiment de ce vénérable vieillard
qui vous aime ; il conseille de supprimer (il m’en a prié aussi) tout ce qui
pourrait déplaire à des hommes de lettres vivans, et qui dans notre
République littéraire française, n’ont point paru ennemis déclarés de notre
grand-homme. C’est une justice qui leur est due, et l’on évitera ainsi les
plaintes, les criailleries, les tracasseries, les pamphlets, les libelles que
l’amour-propre blessé pourrait produire. (…) Ainsi donc, mon cher
monsieur, vous vous souviendrez de passer sous silence, dans la copie que
vous préparez des lettres à M. le C.te d’Argental, tous les coups de pattes
donnés par Bertrand, à des gens qui ne les ont reçues qu’en particulier et
en secret, c’est un petit sacrifice qu’exige l’honnêteté littéraire et le repos
des Lettres. D’ailleurs il n’est pas dit que tout ce qu’on écrit à son ami, dans
le secret de son cœur, doit être imprimé. Si Voltaire était vivant, peut-être
ne consentirait-il pas à la publication du quart des nombreuses lettres
qu’on va mettre au jour.
Ruault à Decroix, 12 mai 1784, collection particulière.
Le recueil des Lettres d’Alembert tourmente l’esprit de M. de Beaumarchais qui n’est
pas à notre niveau en philosophie. Il craint les robes-noires si maltraitées dans les
lettres de Bertrand et de Raton. Il m’a dit qu’il effacerait, de son autorité privée, toutes
les phrases colériques de Voltaire et de son ami, contre Messieurs. M. de
Beaum[archais] connaît son parlement ; on sait assez qu’il a passé par là, il y a 15 ans ;
il s’en souvient, quoi que ce fût dans un tout autre parlement que celui dont il est
question dans les Lettres-d’Alembert ; mais on sait aussi que tous les parlemens se
ressemblent, quels qu’ils soient d’ailleurs. Considérez, mon cher maître, que nous
sommes dans une crise éffroyable ; que les parlemens sont à jamais perdus, ou qu’ils
vont rentrer plus puissans que jamais. (…) Politiquement je pense comme notre
Editeur, qu’il faut passer l’éponge sur tous les gros mots, sur toutes les expressions, les
phrases qui pourraient irriter des gens, peut-être enclins aujourd’hui à devenir doux et
tolérans parce qu’ils sont persécutés, mais qui reprendraient leur premier
intolérantisme s’ils revenaient victorieux demain, ou après-demain. (…) Ne soyez donc
point étonné de voir dans ces épreuves, des paragraphes entiers supprimés.
Ressouvenez-vous de ce que je vous ai déjà dit ; que les auteurs de ces lettres, et de
beaucoup d’autres, n’imaginaient pas qu’on les publierait toutes après leur mort. S’ils
étaient vivans, ils n’auraient peut-être pas consenti qu’on en imprimât une seule. Je
préviendrai M. de Condorcet de ces suppressions à son retour de la Campagne. Il y
consentira aussi, car il est fort doux, dans ces cas-là.
Ruault à Decroix, 11 septembre 1788, collection particulière.
Ce n’est qu’en tremblant que le lieutenant de police nous ouvre
les portes de Paris : ceux qui nous favorisent ne savent pas un
mot du contenu de ces lettres. Si elles paraissaient avec toute
leur insolence, ils diraient que nous les avons trompés, et nous
abandonneraient au bras séculier ; et nous serions perdus ou
pendus avec nos éditions.
Ruault à Decroix, 19 septembre 1788, ibid.
Je crois, comme vous, que nous avons tout ce qu’il y a de
plus beau et de meilleur en lettres 1200 à Damilaville,
autant et plus […] à M. d’Argental, toutes curieuses et
intéressantes. Il y aura à retrancher, dans celles à
Damilaville, des sorties d’une violence excessive contre le
fils du bon Dieu : trainez l’infâme dans la boue, prenez-le
par les cheveux & en conscience, mon cher maître, et
quelque dégoût que nous ayons pour la dévotion
catholique, on ne peut imprimer ces édifiantes paroles. Ce
serait un autre fanatisme. On peut exhorter son ami à la
propagation de la lumière, mais ce ne doit pas être de cette
façon là.
Ruault à Decroix, 19 septembre 1788
Nous serons obligés d’avoir, pour l’infâme, si ce n’est du respect, au
moins de la circonspection. Ce nom charmant, si bien trouvé, qui eût
volé de bouche en bouche pour la plus grande édification des fidelles,
sera effacé partout où vous l’avez vu dans les Lettres à Damilaville et
à d’Alembert. M. de Beaumarch. s’en est expliqué très-clairement
avec moi ces jours derniers, non qu’il aime l’infâme plus que nous ne
l’aimons, vous et moi, et tous les autres, mais il prévoit, il craint la
persécution que ce mot imprimé si souvent, en toutes lettres,
éleverait contre les rédacteurs, éditeurs, et tous ceux qui ont mis la
main à ces œuvres divines. On viendrait, me disait-il, mettre le feu à
nos éditions ; nous perdrions tout, fortune et repos, pour un bon
mot. Il m’a donc invité à effacer ce mot formidable, toutes les fois que
je le rencontrerais dans les manuscrits. (…) On pourra, sans faire
semblant de rien et comme par inadvertance, laisser de tems en
temps l’abbréviation ecr-l’inf. qui sera une petite énigme facile à
[deviner] par ceux qui y entendent malice. Voilà, mon cher Monsieur,
tout ce que j’ai pu faire de mieux pour la bonne cause.
Le grand jour de la lumiere n’est pas encore arrivé. Nous ne le
verrons probablement pas ; nos petits-neveux en jouiront, nous le
leur préparons. Contentons-nous du crépuscule matinal où nous
sommes à la fin du 18e siècle. On ne voyait goute sur cela dans le
17e. Nous sommes donc plus heureux que ceux qui ont vécu et
trépassé sous le règne de Louis XIV, d’ailleurs si grand et si beau.
Dans cent ans on verra clair partout comme en plein midi. Il n’y
aura plus d’infâme, ou je serais bien trompé si je pouvais y être.
Adieu, mon aimable philosophe, puissiez-vous être témoin de
cette brillante clarté.
Ruault à Decroix, 18 avril 1786, ibid.
L’imprimerie
du fort de Kehl :
un atelier du livre
sur la frontière
Philippe-Jacques Franck,
Source Gallica, BNF
à M. Letellier, Metz
15 juillet 1779
En relisant votre lettre du 28 juin dernier j ai vû que je n'avais pas répondu à
l'article où vous demandés une lettre de crédit sur M. Franque de Strasbourg,
je me hâte de vous écrire à cet égard ce que M. de Beaumarchais vient de me
dire sur l'observation que je lui en ai fait ; c'est que n'ayant fait aucun usage de
celle que vous avés sur M.M. Jardot, Dorquet & vous pouvés vous en servir à
Strasbourg auprès de M. Franque qui ne faira aucune difficulté de remplir vos
vues sur la même lettre quoiqu'elle ne lui soit pas adressée directement.
Ruault pour Beaumarchais à Le Tellier, 15 juillet 1779, copie sur le Registre
de la correspondance litteraire et tipographique sur la nouvelle édition des
œuvres complettes de Mons. de Voltaire, N°A, BHVP, ms 1312.
Lille en Flandres Mrs Jacques Le Griel et fils, Nég[ocian]ts pour la Flandre
Amiens Alexandre Cannet nég[ocian]t pour la Picardie et l’Artois.
Boulogne sur mer Samuel Swinton nég[ocian]t Pour le Boulonnais.
Rouen Midy freres nég[ocian]ts pour la Normandie.
Havre de Grace Eyrier Le Couvreur et C.e pour la Haute Normandie.
Troyes Fromageot et Ce pour la Champagne.
Nancy Fabert et Jardot nég[ocian]ts pour la Lorraine.
Metz Dosquet L’ainé nég[ocian]t pour le Pays Messin.
Strasbourg Franck freres nég[ocian]ts pour l’Alsace.
Beaumarchais à Le Tellier, 25 août 1780, ibid., f. 231-232.
Vue du pont du Rhin, gravure de Jacob van der Heyden, 1613.
© Musées de Strasbourg.
Mr Franck est enfin parvenu à parler à M. le Baron
d’Edelsheim de Carlsruhe au sujet de l’etablissement de Kehl ;
suit copie de la lettre.
Beaumarchais à Le Tellier, 14 décembre 1779, BHVP, Ms 1312,
f. 100-102.
C’est a vous de voir si ces craintes peuvent balancer les avantages de Niewied ; ou si ceux de
Kell sont tels qu’ils doivent faire passer par dessus les craintes. Je vois bien ce que vous
demandez ; mais non ce qu’on vous accorde. Après avoir réfléchi faites le mieux selon vous ;
mais finissez : car le tems s’use. […] Entre Niewit et Kell, choisissez Cela vous regarde.
Beaumarchais à Le Tellier, 27 février et 10 mars 1780.
Plan de
Strasbourg
et de Kehl,
1814.
© Musées de
Strasbourg.
A Son Altesse Sérénissime Monseigneur le Margrave de Baden-Dourlac et Bochberg
&&
Suplie humblement Jean-Francois Le Tellier négocians, qu’il plaise à S.A.S. lui
conceder à titre de Bail, pour vingt années à compter du 1er janvier 1780 pour le
cours du Bail, et du 1er 7bre prochain pour l’entrée en jouissance ; Moyennant le prix
de …………………. payables à la fin de Chacque année ; Savoir les Batimens et
constructions, terres, près, bois, eaux, chasse, pêche et autres droits dépendants des
fort et forteresse de Kehl, circonstances et dépendances. A la Charge d’entretennir les
Baux actuellement faits, tant que les locataires en rempliront les Charges. Pourra
cepandant le Sr Le Tellier, user du droit des proprietaires, pour occuper les lieux par
lui même ou par ses etablissemens, user et jouir des droits déjà concédés, en payant
aux locataires ou cessionnaires une demie année du prix de leur location annuelle, à
titre d’indemnité, ou en les replaçeant ailleurs, et les avertissant un mois d’avance.
(…)
à Son Altesse Serenissime Monseigneur Le Margrave de Bade, Dourlach et holberg &&
Suplie humblement Jean François Le Tellier, chargé de la direction générale des
Etablissemens et des affaires de la Société littéraire & typographique pour les Editions
des œuvres complettes des grands auteurs de toutes les nations ; Disant ;
Que les vues de cette société sont trop utiles et trop honnorables, pour n’etre point
acceuillies de S.A.S. Monseigneur le Marggrave.
Qu’il ne s’agit point de l’Etablissement d’une de ces imprimeries si justement
suspectes, où l’ignorance et la cupidité s’empressent de mettre au jour des livres
indignes du siecle et de la posterité ; ni de tromper le public par des contrefactions et
par des impressions furtives d’ouvrages dont les auteurs sont inconnus et faits pour
l’etre.
Que la ditte societe vient d’acquérir en Angleterre le fond de l’imprimerie et de la
fonderie du célèbre Baskerville ; et que la permission qu’elle sollicite est celle
d’apporter dans les Etats de Son Altesse Serenissime, les types, les presses, les arts, les
secrets et les procédés de ce fameux artiste anglais.
Que loin de prostituer des objets aussi précieux à toutes sortes
d’impressions, la Société littéraire et typographique les consacre
exclusivement à éterniser les chef-d’œuvres de l’esprit humain dans toutes
les langues et qu’elle s’oblige ;
Primo. A ne rien faire imprimer qu’avec les caractères dudit Baskerville.
Secundo. A ne publier aucun ouvrage d’aucun auteur vivant.
Tertio. A ne souffrir qu’il soit imprimé dans les œuvres des auteurs morts,
rien qui soit blasphême ou qui puisse offenser les têtes couronnées.
Quarto. A ne donner aucune édition en langue allemande sans une
permission particuliere de Son Altesse Serenissime.
Ce considéré, il plaise à Son Altesse Serenissime, Monseigneur le
Marggrave, accorder au dit Sieur Le Tellier pour la ditte société littéraire et
typographique les privilèges des dites imprimerie et fonderie de caracteres,
sous les conditions qui seront réglées par tels commissaires qu’il plaira à Son
Altesse Sérénissime nommer à cet effet ; et attribuer aux dits sieurs
Commissaires exclusivement la connaissance de toutes les affaires et de
tous les objets relatifs aux dits Etablissements, aux dits privileges et aux
dites concessions.
Carlsruhe : Le 16 fevrier 1780.
Le Tellier
5223 présenté le 11 décembre 1780
Extrait du procès-verbal de la Chambre princière des rentes du 11 décembre 1780.
C:N: 12365. Selon un extrait du procès-verbal du conseil secret du prince, son Altesse
Sérénissime a très grâcieusement résolu qu‘on transmette à Le Tellier pour une durée de 20 ans
sous forme de bail
1. le (bâtiment du) gouverneur (Gouvernement)
2. la -Fusilier-Caserne (caserne des fusiliers)
3. le hole Thor (la porte creuse/vide)
4. la Reuter Caserne (caserne de Reuth[er]), à l‘exception du magasin des matériaux/outils de
constructions qui se trouve là-dedans et de l‘appartement du maître-ouvrier.
5. les deux pièces du troisième étage de la caserne impériale et le grenier qui se trouve dans
cette caserne jusqu‘au réduit du pasteur protestant
6. les trois pièces du troisième étage de la caserne des officiers, que Le Tellier a demandé dans
le mémoire du 9 avril de cette année et le grenier de cette caserne.
7. les autres pièces des deuxième et troisième étages de l‘Officiers-Caserne, donné à bail au
fabricant de soie Fantet jusqu‘au 8 may de l‘année prochaine, auxquelles Le Tellier a étendu sa
demande
8. la casematte, donné à bail au commerçant Schneider jusqu‘en 1792, que ledit Schneider veut
céder à son tour contre une reprise.
9. les deux tours à poudre jusqu‘à maintenant par Wettich et Reuter
10. la partie de la casematte, située près de la Reuter Caserne, qui est utilisé par le brasseur
Greiner de Strasbourg,
L’imprimerie de Kehl : histoire
humaine, matérielle, technique
Strasbourg Mrs Franck frères Paris 6 juillet 1780
Dès le 3 courant M Le Tellier est parti de cette ville [Paris] pour continuer
les opérations de la Société littéraire et typographique etablie en Lorraine
et chez vous Messieurs, je lui ai remis sous cette même date une lettre
circulaire et de crédit pour la somme de vingt mille livres sur laquelle j’ai
pris la liberté de mettre votre nom. Je vous confirme en conséquence tout
son contenu afin que M Le Tellier trouve auprès de vous MM, les fonds
qui lui seront necessaires pour l’exécution des affaires dont il est chargé :
tout honneur est préparé aux traites qu’il vous remettra jusqu’à la
concurrence de cette somme et je vous aurai une obligation infinie des
politesses dont vous voudrez bien le faire jouïr durant son séjour auprès de
vous. En toute occasion vous connaissez mon empressement à vous être
utile, et à vous convaincre des sentimens sinceres…
Beaumarchais à Franck frères, 6 juillet 1780, BHVP, MS 1313, f. 27.
Strasbourg M. Le Tellier Paris le 18 X.br 1780.
Nous avons reçu votre Lettre datée de Carlshrue et nous nous empressons de
dissiper vos craintes sur votre passage du Rhin. Nous n'avons rien apris qui puisse
vous empecher de vous rendre à Strasbourg.
P.S. […] La paix perpétuelle aux habitans de Khell. Je vous salue.
Beaumarchais à Le Tellier, 18 décembre 1780, BHVP, MS 1312, f. 245.
Mlle Le Tellier. / à Khel Paris le 23 X.br 1784.
Nous allons demander des passeports pour MM. Colas, Mercier et
sa femme. Nous tâcherons même d’obtenir un passeport général
pour les employés et ouvriers de l’établissement. […] Nous allons
demander que nos ouvriers et les employés puissent être reçus
dans les hopitaux militaires de Strasbourg, car pour l’hôpital
bourgeois, comme il dépend du magistrat, vous sentez que c’est
chose impossible.
Le Tellier à sa sœur, Mlle Le Tellier, 23 décembre 1784, BHVP, Ms
1312, f. 295.
Les marchandises entrantes et sortantes par le pont du Rhin, consommées ou
employées dans les lieux concédés, seront exemptes de tous droits, ainsi que toutes
les marchandises entrantes et sortantes par eau. A l’Egard des marchandises
entrantes et sortantes par voitures, des lieux concédés pour les routes
d’Allemagne, provenantes des terres et fabriques cy dessus désignées, Et
accompagnées des Certificats des fabriquants visés et enregistrés aux Burreaux du
Sr Le Tellier qui sera garrant des Contraventions, sauf son recours contre les
locataires ou fabriquants ; elles ne payeront que le demi droit. Touttes
marchandises quelqu’onques consommées ou débitées, entrantes ou sortantes en
détail, ne seront assujeties à aucun droit. Le Sr Le Tellier, ses ayant-causes et
locataires ne seront quant à leurs propriétés et biens meubles et immeubles
assujetis à aucunes taxes en entrant dans le pays, en y habitant ni en le quittant.
Contrat de location en forme de requête de Le Tellier au margrave, [mi-août]
1779, doc. cit.
Que le diable emporte ces têtes mitrées et
non mitrées. Elles ont trouvé le secret,
avec quelques paroles, de nous fermer les
portes et les barrieres.
Ruault à Decroix, 31 juillet 1785,
collection particulière.
J’ai l’honneur de vous adresser, Monsieur, au soutien de la sollicitation
d’une audience, que vous voulez bien faire pour moi, auprès de M.
Votre frere, une nouvelle lettre que nous recevons de Kehl, avec la
copie d’une lettre de M. le G[arde] des S[ceaux] aux fermiers
généraux, et celle d’une lettre des fermiers a leur directeur de
Strasbourg, lequel etant en ce moment a Paris, peut prendre les ordres,
ou arrangemens nécessaires a l’introduction du Voltaire. Sitot que vous
aurez quelque chose a m’apprendre a cet egard, ne me le laissez pas
ignorer. J’ai la preuve en main que c’est d’accord avec les ministres du
Roi, que j’ai commencé cette grande et ruineuse entreprise qui me tient
plus de 2 millions dehors, avec le risque affreux de les perdre. Il
s’agissait alors de l’honneur de la nation et de l’émulation de plusieurs
arts qui nous tenaient dans la dépendance de l’etranger. Aujourd’hui
c’est une persécution qui n’a pas d’exemple, quoi qu’on m’ait bien
promis qu’il n’y en aurait jamais.
Beaumarchais à M. l’abbé de Calonne, 25 septembre 1786, IMV, AB III, f. 19.
Je vais travailler d’arrache pied ou à lever l’embargo de Strasbourg
que je n’ai jamais cru sérieux, ou à obtenir le passage par fort Louis.
Vous saurez aussitôt que les succès auront mes sollicitations. L’abbé
Boyer est à Paris ; mais je ne l’ai vu qu’un moment. J’ai reçu de Mr
le baron d’Edelsen le rescrit du margrave sur la levée de la servitude
dans ses etats avec la lettre la plus obligeante. Je vais y répondre
comme il convient.
Beaumarchais à La Hogue, 22 septembre 1786, BHVP, Ms 1312, f.
339-340.
M. de Beaumarchais [...] a conféré avec les ministres du Roi de l’entrée en
France du reste des éditions. Il a eu occasion de voir M. de Malesherbes qui lui
a parlé longtems de Voltaire, et des anciennes éditions de ses oeuv[res] qu’il a
presque toutes.
Ruault à Decroix, février 1787, collection particulière.
A peine sommes-nous sortis d’un embargo, que nous retombons dans un autre.
On nous a rendu nos gros prisonniers à Paris, la semaine derniere, et voilà
qu’on arrête aujourd’hui à la frontiere, les ballots qu’on nous dépêchait
librement de la Germanie ! Il faut de nouveaux ordres pour passer le pont du
Rhin et entrer dans Strasbourg. Quand ce serait de l’arsenic, ou quelque bulle
ultramontaine que nous ferions venir de l’étranger, on ne prendrait pas plus de
précaution contre nous. O tempora stultorum quand cesserez-vous donc !
Ruault à Decroix, 23 mai 1787, collection particulière.
J’espère que vous m’apprendrez dans votre premiere que l’embargo du pont de
Kell est levé aussi bien que celui de la douane de Paris.
Decroix à Ruault, 7 juin 1787, BnF, NAF 13139, f. 386-387.
Le rôle de Lyon
dans la diffusion de l’édition
Jean-Baptiste Lallemand, Vue du pont de la Guillotiere et du nouvel hopital de
Lyon, vers 1776-1785, dessin à la plume et encre brune, aquarelle, Paris, BnF.
Mrs. Le 19- Swinton. 150- do Cannet. 150 - Dastier - 100.
Peschier à Mars[eille]. Devigneux - 1. fév. Dosquet. - Virchaux. -
Fabert et Jardot. - Peschier à Lyon. Franck. - Pope de Chap. Rouge. -
La Roche à Lyon. Dosquet ainé. - Oudeoud. - Beaumont - Lamande.
Fenzi . 8 fév. Gerard Michelet- P. Blanc. - Robert et J. Hay. -
Gjoerwet. - Benedetti- Pellet Fils - Beuzelin - 12 fév. Roman de trib.
- Le Clerc et Ce - Peschier Bouillon. - D'Aubry. - David Alexandre.
Delaville. - Lauverteix. - Pavant Fils. - Melchin et de Rich. - De
Cernuschi - Gérard Plisson - Eyrler le Couvreur. - Midy Freres. -
Empery p. et f. - j Le Friel et fils. - Osterval. - Horgnies - Muilman. -
Buchet - Michel - La Bottiere - Mailly. - Le Roy. - Blouet - Jacques -
Lehouq- Dumortier - Guitrac - Reyunus - Gosse, à la Haye -
Melleville - Robignet - Faure, à Parme - Rigaud Pons; - Pitra à
Berlin.
Circulaire aux Correspondants, 19 janvier 1781, BHVP, Ms
1312, f. 249-250.
Beaumarchais à M. Letellier, 9 février 1781, BHVP, Ms 1312, f. 253.
Les circulaires sont envoyées à ceux de nos
correspondans que vous avez fournis de prospectus :
nous vous transcrivons les noms des villes afin que
vous voyez s'il n'y en a point d'omis :
Lyon MM. Peschier et Bonafous 9 août 1780.
[…] Vous recevrez incessamment le prospectus des
Œuvres de Voltaire, des raisons particulières ont empêché
jusqu’à présent sa distribution, le travail des œuvres va
bon train et le public certainement n’aura rien à désirer
sur ce bel ouvrage. Je compte que dans ce mois au plus
tard le prospectus se distribuera.
Beaumarchais à MM. Peschier et Bonafous, 9 août
1780, BHVP, Ms 1313, f. 40-41.
Kehl. M. Le Tellier. Paris le 22 Janvr. 1784
Nous avons recu hier avec votre lettre d'avis du 15 de ce
mois les 200 avis, catalogues, et lettre circulaire (20) sur nos
éditions communes ; et aujourd'hui nous les avons fait partir
sous le contreseing ordinaire aux meilleures maisons de
librairie de Flandre, Bretagne, Guyenne, Normandie, Lyonais,
Provence et Languedoc. Si vous nous en adressez encor un cent
ou 150 nous les ferons passer à quelques autres maisons de
petites villes où il ne laisse pas de se faire des consommations
de livres.
Beaumarchais à Le Tellier, 22 janvier 1784, BHVP, Ms 1312, f. 282.
Rép. le 7 mars 1781
Je recus hier deux paquets du prospectus pour l'Edition des œuvres de
Voltaire, que vous faites executer si magnifiquement. Je croyais pouvoir les
annoncer publiquement, mais M. De la Tourette, Inspecteur de la Librairie
au Département de Lyon nous a prévenus qu'il avoit des ordres de M. le
Garde des Sceaux pour ne pas permettre l'entrée en France de cette Edition ;
en sorte que j'ai pris le parti de faire distribuer ces prospectus sous des
enveloppes séparées, et les annoncer par un billet détaché qu'on peut
souscrire chez moi, mais il est à craindre que mon zèle soit entierement sans
intérêt pour moi.
1° Vous annoncez pour vos correspondants à Lyon Mrs Peschier &
Bonafous, la pluspart des souscripteurs veulent aller ché eux ce qui me
frustrera du modique benefice de 10 pour cent que vous accordez au
Libraire.
2° N'ayant pas l'autorisation de la Police (le nombre) des souscripteurs
sera toujours moindre que si on pouvoit l'annoncer publiquement.
3° Les Libraires ont pour l'ordinaire 25 pour cent sur les souscriptions et
un 13eme exemplaire gratis, ou tout au moins un 25eme.
Ne croyez pas que les remarques que je prends la liberté de
vous faire soient fondées sur des motifs interessés. Je serois très
flatté de pouvoir contribuer à la propagation de cette magnifique
et superbe entreprise, et les trois obstacles que je viens de vous
détailler n'arrêtent point mon zèle; si vous pouvez les applanir, les
faciliter ou les détruire, je serai charmé de contribuer davantage à
cette Entreprise.
Je suis &.
De la Roche de Millanois
à l'imprimerie du Roi à Lyon
Lyon le 3 mars 1781.
Millanois de la Roche à Beaumarchais, 3 mars 1781, BnF NAF 18247, f.82-83.
[Lyon 7 mars 1781]
M. Perre[...], grand chanoine de l'Eglise de S. Paul S. syndic du clergé vient
de souscrire pour un exemplaire ; il demande d'être sur le champ inscrit
afin d'avoir des premieres epreuves des gravures ; il demande que
conformement à l'annonce du Journal de Paris n° 57, que [sic] son
exemplaire soit imprimé avec une encre plus noire que celle des cartons
qui sont dans le prospectus ; il demande que chaque volume lui soit
envoyé dans le temps des livraisons, relié en veau ecaillé, doré sur tranche.
Il demande enfin d'avoir part à la Loterie.
Il me charge d'écrire à M de Beaumarchais sur sa promesse de donner
bientôt au public les modèles de son edition in 4° avec des essais des
différentes nuances d'impression, de lui envoyer un des modèles dès qu'ils
paraîtront, & de l'engager de donner ses ordres pour que toutes ses
intentions soient remplies.
Millanois de la Roche à Beaumarchais, 7 mars 1781, BnF, NAF 18247, f. 83.
Monsieur,
Envoyé le 19
Pour satisfaire à ce que vous me demandez par la lettre que vous m’avez fait l’honneur
de m’écrire le 7 de ce mois, je commence par vous envoyer un Duplicata des noms et
des adresses de ceux qui ont souscrit chez moi pour la nouvelle Edition des Œuvres de
Voltaire.
L’encouragement que vous donnez aux libraires qui s’intéressent à cet ouvrage doit
exciter leur zèle ; le mien n’est point augmenté par cette perspective ; ce tribut qu’on
doit au mérite de M. de Voltaire est encore augmenté par l’idée flatteuse de seconder en
quelque sorte les zélés éditeurs.
M. de la Tourette, notre inspecteur, met dans ses fonctions la plus scrupuleuse
exactitude, ce qu’on permet dans toute autre ville ne le détermine pas à s’écarter des
recommandations de M. de Neville : si vous pouviez obtenir de ce magistrat, qu’il lui fît
part des tolérances qu’on accorde pour cette entreprise, je m’annoncerais plus
publiquement, chargé de vos pouvoirs à cet égard.
Ne doutez pas de mon zèle et des sentiments avec lesquels j’ai l’honneur d’être,
Monsieur Votre tres humble & très obeissant serviteur
Millanois De la Roche / Lyon le 13 mars 1781
Un exemplaire in 8° imprimé avec les caracteres de Baskerville, et comme il
est dit que les epreuves des gravures seront tirées dans l’ordre des N°s de
recommandation, on souhaite que cet exemplaire soit décoré des premieres,
et imprimé d’une encre plus noire que celle du prospectus ; qu’il lui soit
envoyé dans le temps, relié en veau écaillé, doré sur tranche,
Un autre exemplaire, avec les mêmes observations que ci-dessus, relié en
veau sans être doré sur tranche et aussi d’une encre plus noire que celle des
cartons. Ils seront l’un et l’autre adressés à Mr Millanois de la Roche, aux
halles de la Grenette à Lyon.
Comme on annonce que l’on doit bientôt donner au public les cartons des
modèles de l’edition in 4° avec des essais des différentes nuances
d’impression, on desirerait avoir un ou deux modèles dès qu’ils paraitront.
Les souscripteurs de ces deux exemplaires desirent d’avoir part à la loterie.
Lyon / 13 mars 1783 Millannois de la Roche
Millanois de la Roche à Beaumarchais, 13 mars 1781, BnF, NAF 18247, f.84-85.
essources
umaines
État des personnes employées à l’imprimerie de la Société L.T. établie à Kehl, 1er septembre 1784,
Archives de Karlsruhe.
Nous nous occupons de vous trouver des hommes à
Paris; mais ne comptez pas sur un régiment: il est
plus que difficile de déraciner le petit nombre de bons
ouvriers qui sont attachés de vieille date, aux
imprimeries: les uns sont mariés, les autres ont un
certain âge; et plus que tout cela l'habitude et
l'acoquinement de Paris. il faut en prendre partout, à
Liège, en Suisse, à Lyon, dans tous les endroits où
l'imprimerie fleurit un peu.
30 janvier 1781, Beaumarchais à M. Le Tellier,
BHVP, Ms 1312, f. 251-252.
Mathias Veibor De Schétestat Ecrivain à Strasbourg Employé au magasin
J.n Jacques Eucler Ecrivain à Strasbourg Idem
George Bastand De Strasbourg Papetier
Veuve Coq Bourgeoise de Strasbourg Limeuse
Therese Coq Idem Idem
Vincent De Toul Relieur de livres
Degerman Maître relieur à Strasbourg Relieur
Carle heiser De Lausanne Relieur
West De Zurich Idem
Frederic De Putzviller Idem
Charles Velté De Kehl Apprentis
Charles Pieret Idem Idem
Gaspard Lodier Idem Idem
La vie n’est qu’un tissu de tribulations ; je l’éprouve tous les jours, mon cher
ami. Voici encore un chagrin qui m’arrive dans l’âme, par la poste de Kehl. M.
de My[ron] est mort, trois jours après son amie mad[am]e Le Tellier. Trois
accès de fièvre précipités l’ont fait descendre là-bas, en six heures. Il s’est
rasé lui-même à midi, et à minuit il n’était plus. Je regrette M. de Miron dans
le fond de mon cœur. C’était un homme de mœurs fort douces, bon ami, bon
père et bon grammairien. Il avait été autrefois intendant de St Cyr ; et je ne
me rappelle plus comment il perdit cette place très-avantageuse. M. de
Beaumarchais, son beau-frère, l’avait envoyé à Kehl, un peu tard, pour
présider à la correction des épreuves du Voltaire ; il y a trouvé son tombeau.
Une grande partie des parisiens que l’on a envoyés là, y sont restés pour
jamais. C’est un lieu bas, infecté des eaux croupissantes du Rhin quand il se
déborde : les vrais marais-pontins de l’Alsace.
Ruault à son frère, 17 septembre 1784, collection particulière.
Il vous faut p[ou]r correcteur principal un homme de lettres, ou
lettré qui soit au fait de la typographie, qui ait vu imprimer, qui ait
fait imprimer lui même, et surtout qui ait l’habitude de la
correction ; car il y a des gens de beaucoup d’esprit qui n’ayant pas
cette routine, laisseraient cent fautes dans une épreuve. Nous
allons travailler à vous le découvrir à Paris, si vous ne le trouvez
pas à Strasbourg ou à Neufchâtel.
Beaumarchais à LeTellier,22 mars 1781,BHVP,Ms 1312,f.257.
f.257.
Monsieur, j’ai l’honneur de vous adresser ci-joint une
épreuve faite avec la pomme de la main, dont la forme a
été présentée a Monsieur Franklin, puis à Monsieur de
Beaumarchais, pour démontrer qu’on peut avec des
nouveau cadrats que j’ai imaginés & fabriqués à la lime,
diriger dans tous les sens, le fillet caracteres & vignettes ;
en conséquence, Monsieur de Beaumarchais me fait partir
pour Strasbourg lundi prochain avec son neveu, où il va
établir sa fonderie & son imprimerie, pour exécuter en
grand cette nouvelle façon de travailler, & tirer tout le
parti qu’on pourra d’un pareil moyen.
Besse à Anisson-Duperon, 30 juin 1781, BnF, Fr. 22188,
f. 295-296.
Quatre imprimeurs-pressiers nommés Klein,
Cottard, Wilhelm et Laguesse sont partis hier et
avant hier p[ou]r se rendre à Strasbourg le 10, ou
le 12 de ce mois, ce qui fait avec les 4 autres
partis le 28, le nombre de huit imprimeurs
demandés par vos lettres du 24 et 26 9bre. On n’en
fera point partir d’autres que vous ne les
demandiés spécialement.
Ruault à d’Épigné, 3 décembre 1781, BHVP, Ms
1312, f. 268-269.
Nous avons trouvé un successeur au Sr Belix pere. il
se nomme Collas, prote de M. Cellos imprimr à Paris.
C'est un homme de 45 ans qui a longtems dirigé les
imprimeries de Lyon et de Geneve. Il partira le lundi 27
de ce mois accompagné de 4 bons pressiers, non pas ceux
de M Simon qui voulaient être à l'apointement de 100#
par mois, mais de 4 autres que le Sr Collas a choisis lui-
même à 3 ou 3#.10 par jour de travail. Vous avez dans le
paquet le dessin de la monture des cylindres envoyé par
M de Farq[harson].
Nous avons lhonnr &a S. C. de B.
Beaumarchais à Letellier, 21 août 1781, BHVP, Ms 1312, f. 263-264.
Le 30 de mai d[ernie]r j’expediai d’icy pour Strasbourg deux ouvriers fondeurs
p[ou]r travailler à la fonderie que j’ai etabli a Khell. Ces deux hommes nommés
Andre Lejeune et Léonard Lariviere ont été arretés en route je ne sais pour
quelle raison et on me marque qu’ils furent conduits dans les prisons de Metz ;
s’ils ont commis quelque délit qui exige une autre punition que celle de les
enfermer comme ceux sans aveu, alors je ne veux ni ne dois m’opposer à ce
que justice se fasse, mais au contraire si en les retenant comme ceux attachés à
la fonderie de Khell ou je les envoyais et qu’ils n’ayent eté emprisonnés que
p[ou]r une legere faute je vous prie M. de vouloir bien faire faire les demarches
necessaires afin que ces deux hommes puissent continuer leur route et je vous
prie de payer ce qui sera raisonnablement convenable p[ou]r leur
elargissement. A la suite de leur voyage j’ai payé a ces deux ouvriers 84# p[ou]r
les frais de leur voyage &.
M Fraissinet partira lundi ou mardi prochain avec
6 bons pressiers et 2 fondeurs. C’est une bonne
recrue qu’il a faite et dont vous avez grand
besoin, suivant ce que le prote vous a mandé.
Beaumarchais à La Hogue, 14 janvier 1785,
BHVP, Ms 1312, f. 298.
Il est étonnant qu’on ne puisse pas trouver à Strasbourg,
à Nanci, ou ailleurs aux environs, un ou deux bons
assembleurs ; on en trouve d’exacts et d’entendus
partout où il y a des imprimeurs et des libraires. S’il faut
absolument vous en envoyer de Paris, on le fera ; mais
en verité, cela est honteux. [...] Les assembleurs
intelligens sont payés à Paris 5 ou 6 s la rame, ou 2# et
quelquefois 2#.10 par jour. Ils mettent en paquet au
même prix, c[’est]-à-d[ire] 6 s[ols] du paquet, pour la
façon seulement ; on leur fournit les cordes et les
maculatures. Voilà les prix de Paris ; ils sont obligés de
collationner leur ouvrage.
Beaumarchais à La Hogue, 14 janvier 1785, BHVP, Ms
1312, f. 298.
Madm.e Baskerville Vv.e du feu Jean Baskerville Imprimeur est
en possession des poinçons matrices &a de l’imprimerie de
feu son mary dont elle demande la somme de Quatre Mille
Guinés comptant. L’écrivain qui connoit bien ladt.e dame a vu
le tout en très bon état & compose l’imprimerie la plus
complette qu’il y aye en Europe consistant en 6100 poinçons
& plus, matrices à proportion & les moules qui en dependt . Le
sr Baskerville peu de tems avant sa mort en refusa £ 6000. L’on
en a fait demander le prix derniérement de Londres quelle
fixa à la personne qui vint exprès à £4500. Si vous êtes dans le
dessein d’en faire spéculation il n’y a pas du tems à perdre.
(…) Cy inclus un echantillon de la dt.e imprimerie.
24 février 1779, D’Oatridge et Marindin à Beaumarchais.
M. Caslon de Londres fait solliciter la conclusion
du marché pour l’acquisition de ses caractheres,
il les prétend complets et les meilleurs
possibles ; il observe que l’apparence de ceux de
Baskerville n’est dûe qu’au papier glacé dont ce
savant artiste s’est servi pour ses echantillons, et
pour nous mettre en meme d’en juger, il travaille
pour nous en envoyer sur de pareil papier.
1 août 1779, Beaumarchais à Letellier.
La compagnie donnera 60 000# argent de
France, des poinçons, contrepoinçons, matrices
outils et instrumens de la fonderie de feu M.
Baskerville, les presses à lisser comprises, ainsi
que tous les autres objetcs qui pourraient rester,
relatifs à l’imprimerie et à la papeterie, sans
aucunes reserves.
10 juin 1779, Beaumarchais à Farquhasson.
Nous apprenons qu'une Société de Gens de Lettres & de riches amateurs des
beaux arts vient d'acquérir au plus haut prix à Birmingham, les poinçons,
matrices, &c. en [un ] mot, les types du célébre Imprimeur Baskerville, le
secret de son encre & ses autres principes & procédés relatifs à la trempe de
l'acier, à la gravure des poinçons, & aux arts de la fonderie des caracteres de
l'Imprimerie & de la Papeterie. (…) Le premier Auteur célébre à qui la Société
veut offrir l'hommage de la plus superbe édition, est M. de Voltaire, dont elle
vient d'acquérir tous les porte-feuilles, au prix de cent mille écus; si l'on
ajoute à cette somme celle de cent mille francs que lui coûte l'ambition de
succéder dignement à Baskerville, une autre somme bien plus forte avancée
pour former l'établissement de ses papeteries & le local immense où ses
presses doivent achever l'Ouvrage, on concevra jusqu'où la plus noble
émulation se propose d'élever l'ensemble de tous les arts qui vont propager
entre les mains de cette Société les chefs d'œuvres littéraires de toutes les
Nations.
28 janvier 1780, Beaumarchais au Courier de l’Europe.
Nous vous serons obligés de nous envoyer le
plus promptement possible la recette de la
fabrication de l'encre de Baskerville: doses,
ingrédients, préparations, degré de cuisson
enfin toute la description du secret par le menu
et plus grand détail.
27 décembre 1780, Beaumarchais à Farquharson.
Et si les défauts des poinçons et les imperfections des
matrices se rencontraint dans l’un des caractheres
adoptés pour l’edition, ou que les signes et accens
français manquassent absolument, vous voyés, Monsr, où
cela nous rejette ; cette information est la première à
prendre, et l’objet sur lequel nous vous prions de nous
faire passer le plus prompt avis, car s’il fallait un trop long
tems pour faire ces complettemens, ou que l’ouvrier ne
fut point en état de les bien faire, il faudrait peut être
renoncer à cette acquisition.
10 juin 1779, Beaumarchais à Farquhasson.
Si le graveur n'a pas gravé les lettres accentuées de l'alphabet italiqe du
brévière n° 2 (…), il prenne bien garde 1° à bien placer les accents. 2° à ne
rien ôter de la hauteur de la lettre pr placer l'accent. Il est indispensable que
les lettres accentuées soient de la même hauteur que les autres lettres sans
aucun égard l’accent qui n'est qu'un hors d'œuvre. (…) Ce défaut de hauteur
qui subsiste dans toutes les lettres accentuées romaines et italiqes de nos
fontes, est insuportable et détestable. Nous ne pouvons l'éviter dans l'édition
in-8°, mais il ne sera point dans l'in 4°. En différant de quelques mois la
livraison de ce dernier format notre projet est de faire graver de nouveaux
poinçons pour toutes ces lettres défectueuses: de nous contenter de l'envoy
des matrices qui vient d'être fait et de garder les poinçons en Angleter. pour
en faire une nouvelle frape dans un tems plus éloigné; laissant même à finir
une autre fois le complément de l'alphabet italiqe du breviere n°2.
19 septembre 1781, Beaumarchais à M. Farquharson.
M farq. nous mande aussi qu'il a pris note de
nos ordres pr les espaces minces et qu'il va s'y
conformer; mais qu'il n'entend pas si bien ceux
pr les quadrats; parce que, dit-il, on ignore à
Birmingham ce que c'est que l'assortiment
d'une police française.
15 décembre 1780, Beaumarchais à M. Letellier.
Nous avons fait part à M. Letellier de ce que vous
nous mandez sur le complément des différentes
polices de nos caractères qui enfin sont arrivés à
leur destination. (…) Nous allons lui donner avis du
départ du redoublement des polices, des
echantillons du royal, des cylindres et de tout ce
que vous venez de mettre en route par la voïe
d'Ostende à l'adresse de Mrs Herries, ainsi que vous
nous en prevenez dans votre lettre du 11 de ce
mois.
21 mai 1781, Beaumarchais à M. Farquharson.
L'&. de Baskerville est insuportable à tout le
monde, ou il faut s'en tenir à l'et ou bien il faut
faire un autre & .
Tout ce qui passe à Khell vient me dire qu’on y bâtit, qu’on y fait des jardins à
l’anglaise : les critiques, les rires, les reproches et les avis s’accumulent autour
de moi. Je suppose que tout cela est sans fondement, et j’attends à connaître
par moi même avant de porter mon opinion sur ce qui s’est fait à Khell. Je
compte pouvoir partir d’ici à 8 jours.
Ruault et Beaumarchais à d’Epigné, 3 décembre 1781.
M. de Beaumarchais a fait enfin le voyage de Kehl. Il en est revenu ces jours
derniers avec ce M. Letellier que vous connaissez et qui a fait dans ce Kehl
force sottises de toutes les façons. Je vous les déduirai un autre jour les
unes après les autres, et vous prouverai qu’il coûte à son ami plus de 200
mil[le] ecus de perte sur le travail exécutif des œuvres de Voltaire. Ce
Letellier est un fou d’un sang-froid bien extraordinaire.
Ruault à son frère, 1er décembre 1784.
Rivalités & oppositions
Je ne puis voir sans peine et sans un vif regret
l’impression des œuvres que l’on attribue à feu
M. de Voltaire ; c’est une masse de venin et de
corruption que sous ce prétexte on se prépare à
répandre et cette dangereuse et cruelle collection
s’imprime à Kehl et Kehl est dans mon Diocèze et
votre souveraineté.
J'arrive de Bordeaux où j'ai ranimé la souscription éteinte
par la division entre M. de la Ville, notre distributeur […].
Je suppose qu'à Lyon et dans plusieurs autres villes
quelque raison pareille arrête la distribution. Je vais tâcher
d'y mettre ordre. Mais de nouveaux prospectus ; des
modeles sans faute et tirés plus noirs sont très essentiels.
L'&. de Baskerville est insuportable à tout le monde, ou il
faut s'en tenir à l'et ou bien il faut faire un autre &.
Beaumarchais à Le Tellier, 14 août 1781, BHVP, Ms
1312, f. 262-263.
On m’assure que Palissot est à Paris, vous pouriez le voir et
vous arranger peut être avec lui, comme vous vous
proposiez de le faire avec Lyon, si vous avez renoncé à tout
accomodement avec M. Reynault. Quand on ne peut
detruire les corsaires, la bonne politique veut qu’on
compose avec eux. C’est la loi de la necessité !
Panckoucke à Beaumarchais, 10 mars 1781, Bodleian
Oxford, Ms french d.31, f. 46-47.
On a arrêté à notre chambre syndicale un ballot de l’ouvrage de l’abbé Raynal,
adressé de Lyon à M. Jacques, pour le faire passer a M. Flon de Bruxelles ; il etait
de la valeur de 2500 à 3000 £. L’inspecteur savait avant l’arrivée, l’adresse de ce
ballot, et il prévint M. Jacques de le laisser aller à la chambre syndicale, quoi que
tout ce qui vient de l’intérieur du royaume ne soit pas assujetti à cette formalité. Il
lui épargna par cet avis le désagrément de voir ces livres saisis chez lui, et peut
être une amende considérable. Il faut conclure de ceci qu’il y a des espions ou à
Lyon, ou sur la route qui ont donné ces connaissances à la police. M. Jacques
pense aussi que les mêmes ennemis qui l’ont calomnié auprès du ministre pour
l’empêcher d’obtenir l’imprimerie qu’il sollicitait à Paris, employant encore toutes
sortes de moyens pour le perdre. Ce qui le confirme dans cette idée, c’est qu’on
vient de faire il y a 15 jours chez lui une visite juridique et très rigoureuse, ce qui
n’etait jamais arrivé ni de son tems ni de celui de son pere. On n’a rien trouvé de
suspect et cela même pourrait tourner à son avantage, et à la honte de ses ennemis.
Si vous êtes à portée de lui rendre quelque service auprès de M. de Neville, je
vous le recommande comme un parfait honnête homme, qu’on a cherché à noircir
par cent faussetés, que le témoignage de tous les honnêtes gens détruiraient
aisément.
Decroix à Panckoucke, 5 juillet 1781, Bodleian Oxford, Ms French d. 31, f. 32-33.
Lyon. M. Bernuset. Paris le 21 fév.r 1788.
Nous ne doutons point que quelques maisons de librairie soit étrangères
soit nationales n’ayant le désir de s’occuper bientôt du Voltaire, de spéculer
d’après les editions que nous allons terminer incessament ; mais nous avons
quelques raisons de douter qu’elles puissent les établir à meilleur compte
que les nôtres et les exécuter avec de plus beaux caractères. Vous n’êtes
point, vous, Mr, de ces spéculateurs injustes, et nous reconnaissons votre
bonne et franche loyauté dans votre proposition du 12 de ce mois et dans
l’aveu de notre propriété quoiqu’elle ne soit revetue ni d’approbation, ni
d’un privilège émané de la chancellerie. Nous désirons faire tout ce que
vous souhaitez pour votre bien et pour le nôtre, dans l’acquisition que vous
projettez de faire de ces différentes editions par 100000# plus ou moins.
Voici en deux mots les conditions de traitement et de vente : 1/3 de rabais
sur le prix particulier.
Le 11e grâtis.
12,15 et 18 mois de terme. […]
Beaumarchais à M. Bernuset, 21 février 1788, BHVP, Ms 1312, f. 351-352.
Il en est de même d’une édition en cent volumes in-
12, commencée à Lyon, en 1791, par le libraire La
Mollière, et dont des exemplaires portent l’adresse
de Bâle; d’autres, celle de Deux-Ponts; d’autres
enfin, celle de Hambourg.
10 juin 1834, préface Beuchot à son édition
Imprimer les oeuvres complètes de Voltaire dans les années 1780, une aventure sur la frontière

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Imprimer les oeuvres complètes de Voltaire dans les années 1780, une aventure sur la frontière

  • 1. Imprimer les Œuvres complètes de Voltaire dans les années 1780, une aventure sur la frontière Linda Gil Université Paul-Valéry Institut de recherche sur la Renaissance, l’âge Classique et les Lumières, UMR 51 86 CNRS, Montpellier
  • 2. Vous le savez, Messieurs, semblable à ces fleuves rapides qui, roulant avec eux les matières étrangères et impures qui s’y sont mêlées, les déposent çà et là sur le rivage, et ne portent à la mer que le tribut de leurs eaux, cet art admirable, inventé pour éterniser les productions de l’esprit humain, après s’être chargé, comme en passant, d’ouvrages inutiles, frivoles, les abandonne ordinairement dans sa course, ne pense plus à les reproduire, et ne transmet constamment à la postérité que les ouvrages utiles aux progrès des sciences et des arts. Mais comme si les entrepreneurs de la collection que nous dénonçons craignaient cette marche naturelle de l’imprimerie, ils se hâtent de réunir tout ce qui peut assurer la perpétuité de tous les ouvrages infects qu’ils ont rassemblés ; ils accumulent toutes les précautions, qui, leur donnant une valeur sans bornes, les rendront précieux, et ménageront leur conservation. Jean-Jacques Duval d’Eprémesnil, Dénonciation au parlement de la souscription pour les œuvres de Voltaire, 10 mars 1781.
  • 3.
  • 4. Plan de la ville de Genève en 1777 par C.G. Glot. Bastion de Cornavin, par R. Gardelle. Paysage habité, armoiries et devise de Genève. 1780.
  • 5. Pourquoi un nouveau projet d’édition en 1778 ?
  • 6. Nicolas de Largillière, portrait de Voltaire (1718-24 ?), Paris, Musée Carnavalet.
  • 8. Il y avait à Lille un homme instruit et modeste, qui avait passé sa vie à recueillir ce qu’il pouvait se procurer de Voltaire. Adrien Beuchot, préface à l’édition des Œuvres de Voltaire, 1834.
  • 9.
  • 10.
  • 11. L’empressement du public pour les ouvrages de M. de Voltaire a fait recueillir avidement tout ce qui est sorti de sa plume intarissable. On s’est hâté de faire cent collections où des morceaux des genres les plus opposés se trouvent accolés dans les mêmes volumes sans le moindre discernement. Celle en 40 volumes in 8°, la moins imparfaite de toutes, n’est pas exempte de ces défauts. Elle prouve qu’aucun auteur n’eut plus besoin que M. de Voltaire d’un editeur éclairé et intelligent. Nous allons à ce sujet proposer quelques idées qui pourront en faire naître de plus heureuses aux nouveaux editeurs. Nous sommes loin de les donner pour des règles, et nous ne les croirons bonnes que lorsque l’auteur les aura approuvées.
  • 12. Nous croyons qu’il n’y aura jamais de bonne edition de ses ouvrages, que lorsqu’ils seront distinctement classés sous différens titres généraux et subdivisés en plusieurs branches particulières. Nous considérons d’abord ce grand ecrivain sous deux aspects principaux, comme Poëte et comme prosateur. Telle est la grande division qui nous semble devoir être adoptée pour éviter toute confusion.
  • 13.
  • 14.
  • 15. J’attends les volumes avec des feuilles blanches. J’aurai le plaisir d’ôter toutes les impertinences étrangères qu’on y a ajoutées, et de mettre à la place des choses inconnues qui ne sont pas de plus mauvais alloi. Il est digne de vous de réparer les sottises des barbares. Voltaire à Panckoucke, 19 octobre 1777, D20844.
  • 16. Non seulement je travaillerai pour vous, mais j’y travaille dans l’instant même. J’y passerai les jours et les nuits tant que la nature m’accordera des nuits et des jours. Vous aurez avant trois mois huit ou dix volumes conformes à vôtre plan, remplis de pièces nouvelles, et de pièces corrigées. Je vous fournirai, à moins que je ne meure, de quoi faire une édition assez curieuse qui fera amande honorable pour toutes ces éditions suisses, genevoises, hollandaises, dans lesquelles on m’a défiguré. Ne soiez point surpris si je vous promets tant de volumes dans trois mois. Quand on travaille dans la solitude douze heures par jour, on ne laisse pas de faire de la besogne quelque faible et quelque malade que l’on soit. On oublie ses quatre vingt quatre ans, on rajeunit avec vous. Enfin la mort seule peut s’opposer au désir extrême que j’ai de mériter ce que vous faittes pour moi. Voltaire à Panckoucke, 20 novembre 1777, D20910.
  • 17. Ce travail très pénible pour un homme de mon âge accablé de maladies continuelles, ne m’a rebuté pourtant que par l’énormité des fautes absurdes de l’ancien éditeur, et par l’extrême impertinence qu’il a eue d’ajouter à ce fatras intolérable un nombre prodigieux de sottises qui ne sont nullement de l’auteur. Mais quand il s’agira de travailler pour vous faire plaisir, rien ne me rebutera que la mort. [...] Si je suis en vie dans un an je vous aiderai autant que je pourai à faire une édition digne de vous. Voltaire à Panckoucke, 12 janvier 1778, D20980.
  • 18. Panckoucke à Duplain, 26 décembre 1778, Bibliothèque de Genève, Ms Suppl. 148, f. 152-153.
  • 19.
  • 20. M. Jos. Duplain Paris 26 X.bre 1778. Lobligée dans le voltaire 4°. […] M.r de Barjac (beau frere de Cramer) m’a parlé du Voltaire et du desir qu’il avait que vous y fussiez interéssé. Je vous ai dit mon dernier mot sur le prix de la vente, je ne donnerai point mon manuscrit à moins de trois cent mille livres. Il me coûte en espece, en argent comptant cent mille livres. Voici mes doutes, on m’a donné, mais soyez sur que j’ai encore beaucoup plus acquis. J’ai acheté tous les materiaux qu’on m’a offerts, quand j’ai vû la redaction seule est un objet de 18000 L. les hommes les plus celebres s’en occupent et les principaux gens de lettres pour honorer la mémoire de m.r Devoltaire ont voulu y prendre part. il y a cette correspondance qui m’a couté dix mille livres et j’en eusse donné vingt, si on les eut exigés, parce qu’il m’importait de rassenbler le plus qu’il était possible. Il me manque aussi peu de choses et j’ai toutes les grandes correspondances. Je ne donnerai point mes manuscrits à moins de trois cent mille livres. Il me coûte en espèces, en argent comptant, cent mille livres. Comme vous n’êtes pas accoutumé à payer de copies, ce prix vous paraît excessif ; mais mais n’ai je pas moi acheté le droit de faire l’Encyclopédie 312 mille Livres, après qu’on en eut placé 4000 à paris, et ce droit ne l’ai je pas revendu à peu près ce même prix et les Liegeois en 3e lieu ne nous ont ils pas encore vendus.
  • 21. Il y a plus a esperer du Voltaire que de l’encyclopédie. Je sais que toute l’europe attend une nouvelle edition. Vous parlez d’un tirage de 4000, vous n’etes pas de bonne foy, mon ami, vous tirerez 12. 15. 20. Mille livres et vous n’en doutez pas et je suis bien sur que quand le prospectus aura paru et il est tout prêt, vous n’en douterez pas, en serez convaincu, j’y ai fait l’hist.re du manuscrit. Vous même me parlez dans vos précédentes que nous aurions chacun 4 à 5 cent mille livres de bénéfice, mais moi je vous en assure qu’il y en a le double et le triple à gagner <espérer> et que je ne me fais point illusion. je suis bien sur d’en placer par moi meme 5 à 6 mil. comme est cette entreprise est la seule grande affaire qui reste en librairie et que je l’envisage comme un moien de me tirer du commerce, avec une fortune proportionnée aux grands efforts eff moiens que j’ai employés dans cet état, je suis bien décidé à ne m’en désaisir que lorsqu’on m’en fera un très grand avantage, mais comme je fais cas de votre activité, je consentirai volontiers à vous y donner un intérêt de moitié, aux conditions suivantes ;
  • 22. 1° vous / il serait passé un acte de vente ostensible, car comme je vous l’ai dit, je puis vendre, mais … ? . Vous me donneriez actuellement une .. valeur ? je viens de vendre des parties considérables de mon fonds et j’ai dans mon portefeuille actuellement en bonnes valeurs plus de 350 mille livres : savoir … ? je vous donnerai ces 350 mille livres qui ne sont payables que dans 5 années et vous me fourniriez des valeurs usuelles payables dans les 6 derniers mois de 1779 et toute l’année 1780 jusqu’à la concurrence de 300 mille Livres. 2°. L’escompte des dits billets se ferait sur le pied de 4 pour cent. 3°. Comme la souscription du Voltaire se ferait en juin prochain et qu’on serait en état de publier 30 vol. en X.bre dans le cas où les rentrées autres, ainsi qu’on a heur de l’espérer donneraient des bénéfices, vous vous préleveriez ma part de ces bénéfices, pour vous remplir plus promptement de l’avance que vous me faites, de sorte qu’il serait possible que 4°. Je ferai a paris l’impression des volumes qui pourraient s’y imprimer, comme La henriade, le théatre.
  • 23. 5°. Vous vous obligeriez de r d’imprimer conformement au prospectus et de tenir rigourt les engagemens qu’on y prend relativement au papier au caracteres, à la correction. 5°. Vous ne pourrez sous aucun prétexte rien changer à la copie que je vous fournirai ; faites attention qu’elle est entre les mains des gens de lettres les plus distingués et qui se sont obligés par acte de me fournir un tiers de la copie en juin, un tiers en Xbre, et le reste en juin 1780 6°. Le recueil de lettres etant de 15 vol. et ce qu’il y a de plus delicat, L’im L’impression ne s’en ferait pas en France. 7°. Toutes les dépenses <et avances> se feraient en commun <et aux prix des debourses qui seraient ? … ? … ? pour les quittances> et il ne pourrait etre vous ne pourriez compter aucun (faux) frais de commis, magasin, assembl. ecritures et ports de lettres, ni faux frais sous quelque pretexte que ce soit 8. comme cette affaire est bien plus délicate que celle nous ne ferions rien que de concert et a ces conditions je traiterai avec vous, c’est un demi million <et probablement davantage> dont je vous fais present en reconnaissance (récompense) de ce que vous me donnez une valeur actuelle <a 4 p%> en echange de valeurs plus éloignées. Tous les effets que je vous remettrai <seront> sont non seulement endossés, mais ils sont tous d’excellents libraires, il y a mille louis de , autant de, de , fils, jeune, celui cy offre d’escompter les ………à 6% 50. mille louis de… 20 mille de Samson &&.
  • 24. Possesseur enfin de manuscrits qui pouvaient former 20 volumes nouveaux, ne sachant trop qu’en faire, j’écrivis à Genève puis à Lyon ; mes propositions ne furent point acceptées […]. Lettre de M. Panckoucke à Messieurs les résidents et électeurs de 1791.
  • 25.
  • 26.
  • 27.
  • 28.
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  • 47.
  • 48.
  • 49.
  • 50.
  • 51.
  • 52. Illustration pour Le Pauvre Diable, Moreau le Jeune
  • 53. Illustration pour Candide, ou l’Optimisme, tome 45
  • 54.
  • 55. PROSPECTUS. Pour cent Estampes in-4to, & in-8vo. gravées d'après les dessins & sous la direction de M. Moreau, dessinateur & graveur du cabinet du Roi & de son académie de Peinture, pour décorer la nouvelle édition de Voltaire, imprimée avec les caracteres de Baskerville, par les soins de M. de Beaumarchais. Chaque estampe in-4to. est de 2 l.t. & celles in-8vo. de 1 l.t. On dépose 24 l. en souscrivant, à Paris, chez l'auteur, rue du Coq St. Honoré. On tiendra compte des 24 liv. sur les dernieres livraisons; ainsi ceux qui souscrivent pour l'in-4to. ne payeront que 8 l. Ies deux dernieres, au lieu de 20 l. prix des précédentes, & pour l'in-8vo. 2 l. chacune des trois dernieres au lieu de 10 liv. chaque livraison est composée de 10 estampes. La premiere livraison sous les deux formats paroît actuellement, elle consiste en dix estampes, pour être mises à la tête des chants de la Henriade. C'est un des plus beaux ouvrages en ce genre & qui fait le plus d'honneur au génie fécond de cet artiste. A la fin de l'année, on donnera la seconde livraison; les sujets seront tirés des pieces du Théâtre. Courier de l'Europe, 29 octobre 1782.
  • 60. Institut et Musée Voltaire, Genève
  • 63. Bibliothèque nationale de France, Paris
  • 64. Bibliothèque historique de la Ville de Paris
  • 67. Bibliothèque nationale de Russie, Saint-Pétersbourg
  • 68.
  • 69. Hotel de Thou, siège de la librairie Panckoucke, rue des Poitevins, Paris
  • 71.
  • 72. Hotel des Ambassadeurs de Hollande, domicile de Beaumarchais et de Ruault, siège de la Société Littéraire Typographique, rue Vieille du Temple, Paris
  • 73. Hotel de la Monnaie, domicile de Condorcet, Paris
  • 74. Château de La Roche Guyon, villégiature de Mme d’Enville, hôtesse de Condorcet
  • 75.
  • 76.
  • 77.
  • 79. Marie-Jean Antoine Nicolas de Condorcet 1743-1794
  • 80. Jacques Joseph Marie Decroix 1746-1826 Nicolas Ruault 1742-1828
  • 82.
  • 83.
  • 84.
  • 85. Jean le Rond D’Alembert 1717-1783
  • 90. Louis de Rohan, cardinal de Strasbourg
  • 92. Louis Charles de Machault, évêque d’Amiens
  • 93. Jacques Mallet du Pan 1749-1800
  • 97.
  • 98.
  • 99.
  • 100. Le travail sur les textes : collecter, authentifier, établir, classer, annoter
  • 101. Rassembler la poésie de Voltaire : une tâche sans fin
  • 102. Je recois à l’instant votre lettre, Mon cher ami, Et je me hate de vous envoier ce que vous me demandez. Mais je suis surpris que vous vous borniez à ces trois poëmes, tandis que j’en ai beaucoup d’autres qui sont à peu près de même genre et faits pour aller ensemble. Ils devaient composer le 1er volume des poesies diverses qu’on peut placer indiferemment avant ou après le théatre. Il me paraît indispensable de s’entendre si l’on veut eviter la confusion des autres editions. Ayez donc la bonté de prier M. le mis de Condorcet de me mander s’il adopte l’arrangement indiqué par ma table des matieres qui lui a été remise avec les volumes que je vous ai fait passer. Decroix à Panckoucke, 2 octobre 1779, Bodleian Library.
  • 103. Vous trouverez ci-joint, mon cher ami, une reponse a la notte de M. de Condorcet que vous pourrez lui faire passer. Vous avez du recevoir le paquet que je vous ai adressé sous le couvert de M. de Vergennes. J’attendrai la reponse de M. de Condorcet pour vous envoyer d’autres poëmes si vous le desirez : mais je vous avoue que je vois mutiler a regret mon recueil de poesies, qui forment un corps dont toutes les parties sont adhérentes les unes aux autres. Si l’on en détache quelques unes pour completter des volumes, on retombe dans la confusion des editions précédentes. Decroix à Panckoucke, 19 octobre 1779, Bodleian Library.
  • 104. Les editeurs de M. de voltaire, Monsieur, ont pris le parti d’imprimer de suite. Je vous prie en consequence de vouloir bien envoier à Monsieur Pankouke par le carosse le plutot qu’il sera possible ce que vous avez fait sur les petits poëmes discours philosophiques epitres satyres Contes en vers, odes et stances. Il est très possible de retrouver d’autres pieces de ce genre par la suitemais come ce ne peut être des pieces bien importantes on les placerait dans les mélanges de poësies. Vous connaissez, Monsieur, mon inviolable attachement. Le Mis de Condorcet. Condorcet à Decroix, [circa 10 février 1781], collection particulière.
  • 105. J’ai recu une lettre de M. le Mis de Condorcet qui me demande les petits poemes. J’avais ecrit à M. de Beaumarchais pour savoir si son intention est en effet d’imprimer dès a présent cette partie des œuvres. Je n’ai point encore recu de reponse. Vous me feriez plaisir de le voir ou de lui écrire pour l’engager a me marquer ce qu’il pense des raisons que j’alleguais pour faire différer l’inpression de cette partie, qui peut considerablement se completter ou s’accroitre d’ici à 15 ou 18 mois. Quand il m’aura répondu je ferai quoi qu’à regret, l’envoi qu’on demande, si la chose est ainsi arrêtée. Decroix à Panckoucke, 14 février 1781, Bodleian Library.
  • 106. Découverte d’un inédit : Traité de métaphysique
  • 107. Doutes sur l’homme. Introduction. Chap. I. Des différentes espèces d’hommes. II. S’il y a un Dieu. III. Que toutes les idées viennent par les sens. IV. Qu’il y a en effet des objets extérieurs. V. Si l’homme a une ame, et ce que ce peut être. VI. Si ce qu’on appelle ame, est un être immortel. VII. Si l’homme est libre. VIII. De l’homme considéré comme un être sociable. IX. De la vertu et du vice.
  • 108. Je n’ai point eu le tems de vérifier tous ces titres et ces chapitres dans ce que nous avons de métaphysique imprimé, mais il me semble qu’ils ne sont pas neufs à mon oreille. Il se pourrait, en supposant que ce traité fût de notre auteur, qu’il s’en fût servi, depuis la composition, dans les différens ouvrages qu’il a publiés sur ces matières. Au reste Longchamps n’a point voulu se dessaisir de ces originaux, vrais ou faux, bons ou inutiles ; M. De Servières doit revenir ici sous très-peu de jours pour cela même. Je vous informerai du succès de cette petite négociation. Ruault à Decroix, 15 mai 1781, collection particulière.
  • 109. La découverte que M. de Servières a faite de Longchamps me paraît intéressante. Je voudrais que vous vissiez vous même cet homme. Vous apprécieriez bien tout ce qu’il possède. Je ne connais point ce traité de métaphysique. L’auteur a traité souvent les mêmes sujets, mais vous savez qu’il prenait des formes nouvelles et toujours intéressantes. Decroix à Ruault, 20 mai 1781, BnF, NAF 13139, f. 216-217.
  • 110. Il n’y a rien ou très peu de chose dans le traité de métaphysique, qui ne se trouve ailleurs, et peut-être deux ou trois fois. Cependant il y a quelques questions sur lesquelles l’auteur prononce son avis plus fortement d’autres qu’il n’a pas traité ailleurs avec autant d’étendue, D’ailleurs cet ouvrage peut servir a l’histoire des opinions de M. de Voltaire. Histoire qui sera une partie de sa vie et dont les pièces justificatives souvent se trouvent dans les œuvres. Je pense donc que cet ouvrage ne sera point deplacé dans la collection, mais qu’il n’y est pas nécessaire pour la compléter, qu’ainsi on peut l’acheter, mais très bon marché. Condorcet à Ruault, [circa 21 mai 1781], BnF, NAF 24338, f. 380.
  • 111. J’ai vu le Sr Longchamps. Il est venu ici avec tous les portefeuilles. Je l’ai mené chez M. de Condorcet qui a examiné les papiers que cet homme avait de M. de Voltaire, dès l’année 1749, à la mort de Mad.e Duchâtelet, et surtout le manuscrit du traité de métaphysique. M. de Condorcet m’a écrit le lendemain que la matiere se trouve, en général, dans les divers morceaux que l’auteur a publiés dans les questions sur l’Encyclopédie, dans les Mélanges, les lettres de Memmius, &a. Mais que cependant il y a des questions sur lesquelles M. de Voltaire a prononcé son avis plus fortement qu’ailleurs. Cet ouvrage est bien de lui. M. de Condorcet pense qu’il peut servir à l’histoire des opinions de M. de Voltaire, histoire qui fera une partie de sa vie. Il conseille donc de l’acheter à bon marché. Longchamps l’a laissé avec tous les autres papiers, pour six louis.
  • 112. Mr Panckoucke qui est chargé, par le contrat de cession des ms. de Voltaire, des acquisitions subséquentes, a envoyé promener Longchamps. Comme on est obligé de communiquer à ce libraire les pièces à acquérir, l’ancien secrétaire a été le trouver ; il est revenu très-mécontent de cette démarche. Ainsi l’acquisition sera pour le compte de M. de Beaumarchais, qui n’est pas si près regardant. Il est souvent désagréable et fâcheux d’avoir à faire à une tête comme celle de M. Panckoucke. Ruault à Decroix, 23 mai 1781, collection particulière.
  • 113. Histoire de l’établissement de christianisme : une œuvre inachevée
  • 114. Demander à Vagniere si le chapitre 26 de l’histoire du Christianisme intitulé du théisme est une continuation de cette histoire, ou si elle doit finir par le chapitre 24 intitulé conclusion. […] On remarque que ce chapitre 26 n’est pas fini et qu’il y manque probablement quelques feuillets. Ne pourrait-on pas retrouver cela chez Grasset. BnF, NAF 24 342, f. 133-140.
  • 115.
  • 116.
  • 117.
  • 118. Le dernier des écrits contenus dans cette collection est intitulé, Histoire véritable de l’établissement du christianisme : il n’a jamais été publié ; une partie seulement était imprimée à la mort de l’auteur. Le reste s’est trouvé dans ses papiers écrits de sa main ; l’on peut regarder cette histoire comme son dernier ouvrage, & les maximes qui le terminent comme ses derniers sentimens & ses derniers vœux pour le bonheur de l’humanité.
  • 119. Du Dictionnaire philosophique portatif au nouveau Dictionnaire philosophique de Kehl : un « monstre éditorial »
  • 120.
  • 121.
  • 122.
  • 124.
  • 125.
  • 126. Voici la note dont je vous ai parlé pour le Theatre. C’est sur le vers de tancrede. Le grand leon dans Rome armé d’un saint courage. Note. Par le grand leon M. de Voltaire entend Leon IV. <rature> come il a soin d’en avertir et non Leon I connu dans les cloitres sous le nom de Saint leon, De Leon le grand. Ce saint leon est le premier pape qui se soit adressé à la puissance séculière pour faire punir de mort les héretiques, il se joignit à l’éveque ithace pour obtenir du tyran maxime le sang de Priscillière. Les legendaires racontent qu’un jour une femme lui ayant bandé la main, il sentit un mouvement de concupiscence, qu’en consequence il se coupa la main, la vierge la lui rendit quelques jours après afin qu’il put celebrer la messe. C’est depuis ce tems qu’on baise les pieds du pape, attendu que le pied etant enveloppé dans une pantoufle le saint pere court moins le risque d’être obligé de se le couper. <rature>. On sent bien que ce n’est pas à ce pape que M. de voltaire a pu donner le nom de grand. D’ailleurs St leon vivait plusieurs siecles avant l’époque ou la tragedie de tancrede est placée. ---------------------- Cette note <rature> n’est pas bien necessaire cependant j’ai cru devoir la faire parce que j’ai vu des gens qui croient que ce grand leon de tancrede etait le grand leon de la legende.
  • 127.
  • 128. Theatre T. IV p. 349 Corrections de la main de M. de Condorcet Note. L’abbé Mongaut etait tres vaporeux. L’abbé Mongaut était Employé à très vaporeux. Emploié dans l’education du duc d’Orléans l’éducation du duc d’orléans, fils regent, avec l’abbé dubois, &a. du régent. Comme l’abbé du bois l’avait été dans celle du régent &a. cardinal et premier Ministre mettez, Cardinal, premier ministre Il n’aurait pas voulu sans mettez, et il n’aurait pas voulu doute sans doute Ibid. p. 360 Par le grand Leon par le grand leon & m. de Volt. entend Leon IV &a Ce saint leon est le premier pape qui ait approuvé le supplice des hérétiques. Il dit dans ses lettres que le tiran maxime en punissant de mort Priscillien a rendu un grand service à l’Eglise, et il poursuivit avec violence ce qui restait de Priscillianites en Espagne, les Légendaires
  • 129.
  • 130.
  • 131.
  • 132. CHAPITRE XI. De l’arc-en-ciel ; que ce météore est une suite nécessaire des lois de la réfrangibilité. — Mécanisme de l’arc-en-ciel inconnu à toute l’antiquité. Ignorance d’Albert le Grand. L’archevêque Antonio de Dominis est le premier qui ait expliqué l’arc-en-ciel. Son expérience imitée par Descartes. La réfrangibilité unique raison de l’arc-en-ciel. Explication de ce phénomène. Les deux arcs-en-ciel. Ce phénomène vu toujours en demi-cercle. L’arc-en-ciel, ou l’iris, est une suite nécessaire des propriétés de la lumière que nous venons d’observer. Nous n’avons rien dans les écrits des Grecs, ni des Romains, ni des Arabes, qui puisse faire penser qu’ils connussent les raisons de ce phénomène. Lucrèce n’en dit rien ; et par toutes les absurdités qu’il débite, au nom d’Épicure, sur la lumière et sur la vision, il paraît que son siècle, si poli d’ailleurs, était plongé dans une profonde ignorance en fait de physique. On savait qu’il faut qu’une nuée épaisse se résolvant en pluie soit exposée aux rayons du soleil, et que nos yeux se trouvent entre l’astre et la nuée, pour voir ce qu’on appelait l’iris. Mille trahit varias adverse sole colores ; mais voilà tout ce qu’on savait : personne n’imaginait ni pourquoi une nuée donne des couleurs, ni comment la nature et l’ordre des couleurs sont déterminés, ni pourquoi il y a deux arcs-en-ciel l’un sur l’autre, ni pourquoi on voit toujours ces phénomènes sous la figure d’un demi-cercle. […]
  • 133. Enfin le célèbre Antonio de Dominis, archevêque de Spalatro en Dalmatie, chassé de son évêché par l’Inquisition, écrivit, vers l’an 1590, son petit traité De Radiis lucis et de iride, qui ne fut imprimé à Venise que vingt ans après[1]. Il fut le premier qui fit voir que les rayons du soleil, réfléchis de l’intérieur même des gouttes de pluie, formaient cette peinture qui paraît en arc, et qui semblait un miracle inexplicable ; il rendit le miracle naturel, ou plutôt il l’expliqua par de nouveaux prodiges de la nature. Voltaire, Éléments de la philosophie de Newton
  • 134.
  • 135.
  • 136. Date ? Condorcet Note 17/ Antonio de Dominis fut une des plus illustres victimes de l’inquisition Romaine. Réfugié en Vers 1603 il renonça à son archeveché et se retira en Angleterre ou il publia l’histoire du Concile de Trente de fra paolo son ami. Il s’occupa du projet de reconcilier les communions chrétiennes projet projet qui fut celui d’un grand nombre d’esprits sages et amis de la paix dans un siecle où les principes de la tolérance etaient inconnus. On lui l’enq trouva moien de l’engager en 1612 à <ajout : entrer> retourner en Italie en lui promettant qu’on se contenterait de la retractation de quelques propositions soi disant hérétiques qu’on l’accusait d’avoir soutenues. Mais peu de tems après cette retractation, on lui supposa d’autres crimes et il fut mis dans les prisons de l’inquisition au château St Ange où il mourut cy en 1624 age de 64 ans. Les inquisiteurs eurent la barbarie de le faire deterrer et <de> bruler ay son cadavre. Les livre Ou<tre> son ouvrage sur l’optique, il avait fait un livre intitulé de républica Christiana qui fut brule avec son cadavre lui. Ce livre fut condamné par la sorbone par ce qu’il contenait des principes de tolerance et des Maximes favorables à l’autorite l’indépendance des princes seculiers sur les prêtres de leurs états. fra paolo plus sage que l’archeveque de Spalatro resta toute sa vie dans a venise où il n’avait du moins a craindre que les assassins. Peu de tems après l’illustre galilée l’honneur de l’Italie fut forcé de demander pardon d’avoir decouvert de nouvelles preuves du mouvement <de la terre et trainé> fut mis en prison a l’age de plus de 70 ans par ordre des mêmes inquisiteurs. Il n’est pas difficile dans de d’après cela de deviner pour qu’elle raison <Ne soions donc pas etonnés si > on ne trouve pas un seul Romain parmi les hommes illustres en tout genre qui dans ces derniers siecles ont fait honeur à l’Italie.
  • 137. Ruault et Condorcet, État d’une partie des œuvres en prose de M. de Voltaire, remises à M. Le M.is de Condorcet le 19 mai 1782, BI, Ms 869-870, f. 117-118.
  • 138. 28 juillet Mort du tyran Maxime S'il eût vaincu Théodose, on en aurait fait [mot manquant] C'est lui a donné le premier exemple d'un hérétique condamné juridiquement à mort pour ses opinions. Priscellien était un Espagnol éloquent et savant, qui menait une vie austère ; il prêchait un christianisme épuré et paraissait regarder le monde comme indifférent, mais il insistait sur la morale. Ithare, évêque ignorant et voluptueux, poursuivit Priscillien et avec lui tous ceux osaient condamner ses mœurs. Priscillien, déféré à Maxime, fut condamné à mort et plusieurs de ses disciples impies avec lui. Quelques autres furent assommés par le peuple. Cette condamnation de Maxime fait dire à Fleury que, malgré sa révolte et l'assassinat son maître, le tyran avait de la probité ; il trouve juste mais un peu austère le préfet du prétoire qui fit mourir Priscillien.
  • 139. 21 juin [1633] Décret de l'Inquisition en 1633 qui ordonne à Galilée de se rétracter. Son hérésie consistait à avoir démontré que la terre tournait autour du soleil. Il fut longtemps en prison et n'en sortit que par cette rétractation humiliante. L'archevêque de Spalato, Antonio de Dominis, mourut avant, dans un cachot, en 1625 pour un semblable crime ; il avait expliqué l'arc-en-ciel que tous les moines croient avec la Genèse être un miracle perpétuel. Mais Antonio avait d'autres torts. Il ne s'était pas borné à des découvertes de physique, il en avait fait aussi sur les abus de la juridiction ecclésiastique. Aussi son corps fut-il brûlé. Condorcet, Almanach anti-superstitieux
  • 141.
  • 142. La Correspondance • 1° Correspondance générale, tomes 52 à 63 • 2° Correspondance du roi de Prusse, contenant les lettres du prince, et appendice pour les lettres de Voltaire aux princes de Prusse, et des princes à Voltaire, tomes 64 à 66 • 3° Correspondance de Catherine, contenant les lettres de l’impératrice, et appendice pour la correspondance avec divers souverains, tome 67 • 4° Correspondance de d’Alembert, où sont aussi les lettres de d’Alembert, tomes 68 et 69
  • 143. Copie [par Decroix] de la derniere lettre ecrite par M. de Voltaire a M. Vassellier, à Lyon [Voltaire à M. Vassellier, 3 février 1778]. A Ferney… [suit copie de la lettres] J’ai donné l’original de cette lettre, ecrite de la main de Wagniere, à M. L’abbé de Tersan a Paris avec quelques autres billets a Vassellier en 1800. Attestation par Decroix, BHVP, Ms Rés. 59, f. 493.
  • 144. à Ferney Mardy au soir 3e fév: 1778 Mon cher ami, Made Denis est partie ce matin avec Mr et Made De Villette. Ils vont à Paris par Bourg en Bresse. Moi je pars Jeudy ou vendredy, au plus tard, pour Dijon. Nous nous retrouverons probablement à Lyon devers Pâques, si je ne meurs pas en chemin de mes quatre vingt quatre ans, de mes fatigues, et de mes procès. Je vous embrasse tendrement, et je présente mes sincères obéissances à Monsieur Tabareau. Si l'effroiable nouvelle de Malte se confirme aiez, je vous en prie, la bonté de me le mander, et mettez sur l'adresse de la Lettre, que si je ne suis pas à Ferney on renvoie la Lettre à Dijon, poste restante. Le vieux malade ambulant V. à Monsieur Monsieur Vasselier, controlleur des postes, etc à Lyon estampillée FERNEY
  • 145. La correspondance de Cideville est entre mes mains, conférée et paraphée. Elle est bien singuliere. Elle est pleine d’un cynisme épouvantable dans le commencement. Le co… le cu… le v…. le bordel, le v..t du héros qui f….tait Cléopâtre et cent autres expressions telles, brillent à chaque page. On voit que ces premieres lettres ont été écrites au sortir de la fameuse Régence où tout le monde était libertin effronté. Nous rayerons tout cela ensemble, mon cher monsieur, car il faut respecter les yeux du lecteur, autant que les oreilles dans la conversation. Ruault à Decroix, 25 septembre 1784, collection particulière.
  • 146. Il est bon que vous sachiez encore que M. de Condorcet à promis à M. Baculard Darnaud qu’on retrancherait de la Correspondance toute l’humeur que M. de Voltaire a fait paraître contre ce pauvre homme dans les lettres à M. d’Argental. C’est aussi le sentiment de ce vénérable vieillard qui vous aime ; il conseille de supprimer (il m’en a prié aussi) tout ce qui pourrait déplaire à des hommes de lettres vivans, et qui dans notre République littéraire française, n’ont point paru ennemis déclarés de notre grand-homme. C’est une justice qui leur est due, et l’on évitera ainsi les plaintes, les criailleries, les tracasseries, les pamphlets, les libelles que l’amour-propre blessé pourrait produire. (…) Ainsi donc, mon cher monsieur, vous vous souviendrez de passer sous silence, dans la copie que vous préparez des lettres à M. le C.te d’Argental, tous les coups de pattes donnés par Bertrand, à des gens qui ne les ont reçues qu’en particulier et en secret, c’est un petit sacrifice qu’exige l’honnêteté littéraire et le repos des Lettres. D’ailleurs il n’est pas dit que tout ce qu’on écrit à son ami, dans le secret de son cœur, doit être imprimé. Si Voltaire était vivant, peut-être ne consentirait-il pas à la publication du quart des nombreuses lettres qu’on va mettre au jour. Ruault à Decroix, 12 mai 1784, collection particulière.
  • 147. Le recueil des Lettres d’Alembert tourmente l’esprit de M. de Beaumarchais qui n’est pas à notre niveau en philosophie. Il craint les robes-noires si maltraitées dans les lettres de Bertrand et de Raton. Il m’a dit qu’il effacerait, de son autorité privée, toutes les phrases colériques de Voltaire et de son ami, contre Messieurs. M. de Beaum[archais] connaît son parlement ; on sait assez qu’il a passé par là, il y a 15 ans ; il s’en souvient, quoi que ce fût dans un tout autre parlement que celui dont il est question dans les Lettres-d’Alembert ; mais on sait aussi que tous les parlemens se ressemblent, quels qu’ils soient d’ailleurs. Considérez, mon cher maître, que nous sommes dans une crise éffroyable ; que les parlemens sont à jamais perdus, ou qu’ils vont rentrer plus puissans que jamais. (…) Politiquement je pense comme notre Editeur, qu’il faut passer l’éponge sur tous les gros mots, sur toutes les expressions, les phrases qui pourraient irriter des gens, peut-être enclins aujourd’hui à devenir doux et tolérans parce qu’ils sont persécutés, mais qui reprendraient leur premier intolérantisme s’ils revenaient victorieux demain, ou après-demain. (…) Ne soyez donc point étonné de voir dans ces épreuves, des paragraphes entiers supprimés. Ressouvenez-vous de ce que je vous ai déjà dit ; que les auteurs de ces lettres, et de beaucoup d’autres, n’imaginaient pas qu’on les publierait toutes après leur mort. S’ils étaient vivans, ils n’auraient peut-être pas consenti qu’on en imprimât une seule. Je préviendrai M. de Condorcet de ces suppressions à son retour de la Campagne. Il y consentira aussi, car il est fort doux, dans ces cas-là. Ruault à Decroix, 11 septembre 1788, collection particulière.
  • 148. Ce n’est qu’en tremblant que le lieutenant de police nous ouvre les portes de Paris : ceux qui nous favorisent ne savent pas un mot du contenu de ces lettres. Si elles paraissaient avec toute leur insolence, ils diraient que nous les avons trompés, et nous abandonneraient au bras séculier ; et nous serions perdus ou pendus avec nos éditions. Ruault à Decroix, 19 septembre 1788, ibid.
  • 149. Je crois, comme vous, que nous avons tout ce qu’il y a de plus beau et de meilleur en lettres 1200 à Damilaville, autant et plus […] à M. d’Argental, toutes curieuses et intéressantes. Il y aura à retrancher, dans celles à Damilaville, des sorties d’une violence excessive contre le fils du bon Dieu : trainez l’infâme dans la boue, prenez-le par les cheveux & en conscience, mon cher maître, et quelque dégoût que nous ayons pour la dévotion catholique, on ne peut imprimer ces édifiantes paroles. Ce serait un autre fanatisme. On peut exhorter son ami à la propagation de la lumière, mais ce ne doit pas être de cette façon là. Ruault à Decroix, 19 septembre 1788
  • 150. Nous serons obligés d’avoir, pour l’infâme, si ce n’est du respect, au moins de la circonspection. Ce nom charmant, si bien trouvé, qui eût volé de bouche en bouche pour la plus grande édification des fidelles, sera effacé partout où vous l’avez vu dans les Lettres à Damilaville et à d’Alembert. M. de Beaumarch. s’en est expliqué très-clairement avec moi ces jours derniers, non qu’il aime l’infâme plus que nous ne l’aimons, vous et moi, et tous les autres, mais il prévoit, il craint la persécution que ce mot imprimé si souvent, en toutes lettres, éleverait contre les rédacteurs, éditeurs, et tous ceux qui ont mis la main à ces œuvres divines. On viendrait, me disait-il, mettre le feu à nos éditions ; nous perdrions tout, fortune et repos, pour un bon mot. Il m’a donc invité à effacer ce mot formidable, toutes les fois que je le rencontrerais dans les manuscrits. (…) On pourra, sans faire semblant de rien et comme par inadvertance, laisser de tems en temps l’abbréviation ecr-l’inf. qui sera une petite énigme facile à [deviner] par ceux qui y entendent malice. Voilà, mon cher Monsieur, tout ce que j’ai pu faire de mieux pour la bonne cause.
  • 151. Le grand jour de la lumiere n’est pas encore arrivé. Nous ne le verrons probablement pas ; nos petits-neveux en jouiront, nous le leur préparons. Contentons-nous du crépuscule matinal où nous sommes à la fin du 18e siècle. On ne voyait goute sur cela dans le 17e. Nous sommes donc plus heureux que ceux qui ont vécu et trépassé sous le règne de Louis XIV, d’ailleurs si grand et si beau. Dans cent ans on verra clair partout comme en plein midi. Il n’y aura plus d’infâme, ou je serais bien trompé si je pouvais y être. Adieu, mon aimable philosophe, puissiez-vous être témoin de cette brillante clarté. Ruault à Decroix, 18 avril 1786, ibid.
  • 152. L’imprimerie du fort de Kehl : un atelier du livre sur la frontière
  • 154.
  • 155. à M. Letellier, Metz 15 juillet 1779 En relisant votre lettre du 28 juin dernier j ai vû que je n'avais pas répondu à l'article où vous demandés une lettre de crédit sur M. Franque de Strasbourg, je me hâte de vous écrire à cet égard ce que M. de Beaumarchais vient de me dire sur l'observation que je lui en ai fait ; c'est que n'ayant fait aucun usage de celle que vous avés sur M.M. Jardot, Dorquet & vous pouvés vous en servir à Strasbourg auprès de M. Franque qui ne faira aucune difficulté de remplir vos vues sur la même lettre quoiqu'elle ne lui soit pas adressée directement. Ruault pour Beaumarchais à Le Tellier, 15 juillet 1779, copie sur le Registre de la correspondance litteraire et tipographique sur la nouvelle édition des œuvres complettes de Mons. de Voltaire, N°A, BHVP, ms 1312.
  • 156. Lille en Flandres Mrs Jacques Le Griel et fils, Nég[ocian]ts pour la Flandre Amiens Alexandre Cannet nég[ocian]t pour la Picardie et l’Artois. Boulogne sur mer Samuel Swinton nég[ocian]t Pour le Boulonnais. Rouen Midy freres nég[ocian]ts pour la Normandie. Havre de Grace Eyrier Le Couvreur et C.e pour la Haute Normandie. Troyes Fromageot et Ce pour la Champagne. Nancy Fabert et Jardot nég[ocian]ts pour la Lorraine. Metz Dosquet L’ainé nég[ocian]t pour le Pays Messin. Strasbourg Franck freres nég[ocian]ts pour l’Alsace. Beaumarchais à Le Tellier, 25 août 1780, ibid., f. 231-232.
  • 157. Vue du pont du Rhin, gravure de Jacob van der Heyden, 1613. © Musées de Strasbourg.
  • 158. Mr Franck est enfin parvenu à parler à M. le Baron d’Edelsheim de Carlsruhe au sujet de l’etablissement de Kehl ; suit copie de la lettre. Beaumarchais à Le Tellier, 14 décembre 1779, BHVP, Ms 1312, f. 100-102.
  • 159. C’est a vous de voir si ces craintes peuvent balancer les avantages de Niewied ; ou si ceux de Kell sont tels qu’ils doivent faire passer par dessus les craintes. Je vois bien ce que vous demandez ; mais non ce qu’on vous accorde. Après avoir réfléchi faites le mieux selon vous ; mais finissez : car le tems s’use. […] Entre Niewit et Kell, choisissez Cela vous regarde. Beaumarchais à Le Tellier, 27 février et 10 mars 1780. Plan de Strasbourg et de Kehl, 1814. © Musées de Strasbourg.
  • 160.
  • 161. A Son Altesse Sérénissime Monseigneur le Margrave de Baden-Dourlac et Bochberg && Suplie humblement Jean-Francois Le Tellier négocians, qu’il plaise à S.A.S. lui conceder à titre de Bail, pour vingt années à compter du 1er janvier 1780 pour le cours du Bail, et du 1er 7bre prochain pour l’entrée en jouissance ; Moyennant le prix de …………………. payables à la fin de Chacque année ; Savoir les Batimens et constructions, terres, près, bois, eaux, chasse, pêche et autres droits dépendants des fort et forteresse de Kehl, circonstances et dépendances. A la Charge d’entretennir les Baux actuellement faits, tant que les locataires en rempliront les Charges. Pourra cepandant le Sr Le Tellier, user du droit des proprietaires, pour occuper les lieux par lui même ou par ses etablissemens, user et jouir des droits déjà concédés, en payant aux locataires ou cessionnaires une demie année du prix de leur location annuelle, à titre d’indemnité, ou en les replaçeant ailleurs, et les avertissant un mois d’avance. (…)
  • 162.
  • 163. à Son Altesse Serenissime Monseigneur Le Margrave de Bade, Dourlach et holberg && Suplie humblement Jean François Le Tellier, chargé de la direction générale des Etablissemens et des affaires de la Société littéraire & typographique pour les Editions des œuvres complettes des grands auteurs de toutes les nations ; Disant ; Que les vues de cette société sont trop utiles et trop honnorables, pour n’etre point acceuillies de S.A.S. Monseigneur le Marggrave. Qu’il ne s’agit point de l’Etablissement d’une de ces imprimeries si justement suspectes, où l’ignorance et la cupidité s’empressent de mettre au jour des livres indignes du siecle et de la posterité ; ni de tromper le public par des contrefactions et par des impressions furtives d’ouvrages dont les auteurs sont inconnus et faits pour l’etre. Que la ditte societe vient d’acquérir en Angleterre le fond de l’imprimerie et de la fonderie du célèbre Baskerville ; et que la permission qu’elle sollicite est celle d’apporter dans les Etats de Son Altesse Serenissime, les types, les presses, les arts, les secrets et les procédés de ce fameux artiste anglais.
  • 164. Que loin de prostituer des objets aussi précieux à toutes sortes d’impressions, la Société littéraire et typographique les consacre exclusivement à éterniser les chef-d’œuvres de l’esprit humain dans toutes les langues et qu’elle s’oblige ; Primo. A ne rien faire imprimer qu’avec les caractères dudit Baskerville. Secundo. A ne publier aucun ouvrage d’aucun auteur vivant. Tertio. A ne souffrir qu’il soit imprimé dans les œuvres des auteurs morts, rien qui soit blasphême ou qui puisse offenser les têtes couronnées. Quarto. A ne donner aucune édition en langue allemande sans une permission particuliere de Son Altesse Serenissime. Ce considéré, il plaise à Son Altesse Serenissime, Monseigneur le Marggrave, accorder au dit Sieur Le Tellier pour la ditte société littéraire et typographique les privilèges des dites imprimerie et fonderie de caracteres, sous les conditions qui seront réglées par tels commissaires qu’il plaira à Son Altesse Sérénissime nommer à cet effet ; et attribuer aux dits sieurs Commissaires exclusivement la connaissance de toutes les affaires et de tous les objets relatifs aux dits Etablissements, aux dits privileges et aux dites concessions. Carlsruhe : Le 16 fevrier 1780. Le Tellier
  • 165.
  • 166. 5223 présenté le 11 décembre 1780 Extrait du procès-verbal de la Chambre princière des rentes du 11 décembre 1780. C:N: 12365. Selon un extrait du procès-verbal du conseil secret du prince, son Altesse Sérénissime a très grâcieusement résolu qu‘on transmette à Le Tellier pour une durée de 20 ans sous forme de bail 1. le (bâtiment du) gouverneur (Gouvernement) 2. la -Fusilier-Caserne (caserne des fusiliers) 3. le hole Thor (la porte creuse/vide) 4. la Reuter Caserne (caserne de Reuth[er]), à l‘exception du magasin des matériaux/outils de constructions qui se trouve là-dedans et de l‘appartement du maître-ouvrier. 5. les deux pièces du troisième étage de la caserne impériale et le grenier qui se trouve dans cette caserne jusqu‘au réduit du pasteur protestant 6. les trois pièces du troisième étage de la caserne des officiers, que Le Tellier a demandé dans le mémoire du 9 avril de cette année et le grenier de cette caserne. 7. les autres pièces des deuxième et troisième étages de l‘Officiers-Caserne, donné à bail au fabricant de soie Fantet jusqu‘au 8 may de l‘année prochaine, auxquelles Le Tellier a étendu sa demande 8. la casematte, donné à bail au commerçant Schneider jusqu‘en 1792, que ledit Schneider veut céder à son tour contre une reprise. 9. les deux tours à poudre jusqu‘à maintenant par Wettich et Reuter 10. la partie de la casematte, située près de la Reuter Caserne, qui est utilisé par le brasseur Greiner de Strasbourg,
  • 167.
  • 168. L’imprimerie de Kehl : histoire humaine, matérielle, technique
  • 169. Strasbourg Mrs Franck frères Paris 6 juillet 1780 Dès le 3 courant M Le Tellier est parti de cette ville [Paris] pour continuer les opérations de la Société littéraire et typographique etablie en Lorraine et chez vous Messieurs, je lui ai remis sous cette même date une lettre circulaire et de crédit pour la somme de vingt mille livres sur laquelle j’ai pris la liberté de mettre votre nom. Je vous confirme en conséquence tout son contenu afin que M Le Tellier trouve auprès de vous MM, les fonds qui lui seront necessaires pour l’exécution des affaires dont il est chargé : tout honneur est préparé aux traites qu’il vous remettra jusqu’à la concurrence de cette somme et je vous aurai une obligation infinie des politesses dont vous voudrez bien le faire jouïr durant son séjour auprès de vous. En toute occasion vous connaissez mon empressement à vous être utile, et à vous convaincre des sentimens sinceres… Beaumarchais à Franck frères, 6 juillet 1780, BHVP, MS 1313, f. 27.
  • 170. Strasbourg M. Le Tellier Paris le 18 X.br 1780. Nous avons reçu votre Lettre datée de Carlshrue et nous nous empressons de dissiper vos craintes sur votre passage du Rhin. Nous n'avons rien apris qui puisse vous empecher de vous rendre à Strasbourg. P.S. […] La paix perpétuelle aux habitans de Khell. Je vous salue. Beaumarchais à Le Tellier, 18 décembre 1780, BHVP, MS 1312, f. 245.
  • 171. Mlle Le Tellier. / à Khel Paris le 23 X.br 1784. Nous allons demander des passeports pour MM. Colas, Mercier et sa femme. Nous tâcherons même d’obtenir un passeport général pour les employés et ouvriers de l’établissement. […] Nous allons demander que nos ouvriers et les employés puissent être reçus dans les hopitaux militaires de Strasbourg, car pour l’hôpital bourgeois, comme il dépend du magistrat, vous sentez que c’est chose impossible. Le Tellier à sa sœur, Mlle Le Tellier, 23 décembre 1784, BHVP, Ms 1312, f. 295.
  • 172. Les marchandises entrantes et sortantes par le pont du Rhin, consommées ou employées dans les lieux concédés, seront exemptes de tous droits, ainsi que toutes les marchandises entrantes et sortantes par eau. A l’Egard des marchandises entrantes et sortantes par voitures, des lieux concédés pour les routes d’Allemagne, provenantes des terres et fabriques cy dessus désignées, Et accompagnées des Certificats des fabriquants visés et enregistrés aux Burreaux du Sr Le Tellier qui sera garrant des Contraventions, sauf son recours contre les locataires ou fabriquants ; elles ne payeront que le demi droit. Touttes marchandises quelqu’onques consommées ou débitées, entrantes ou sortantes en détail, ne seront assujeties à aucun droit. Le Sr Le Tellier, ses ayant-causes et locataires ne seront quant à leurs propriétés et biens meubles et immeubles assujetis à aucunes taxes en entrant dans le pays, en y habitant ni en le quittant. Contrat de location en forme de requête de Le Tellier au margrave, [mi-août] 1779, doc. cit.
  • 173.
  • 174.
  • 175.
  • 176.
  • 177. Que le diable emporte ces têtes mitrées et non mitrées. Elles ont trouvé le secret, avec quelques paroles, de nous fermer les portes et les barrieres. Ruault à Decroix, 31 juillet 1785, collection particulière.
  • 178. J’ai l’honneur de vous adresser, Monsieur, au soutien de la sollicitation d’une audience, que vous voulez bien faire pour moi, auprès de M. Votre frere, une nouvelle lettre que nous recevons de Kehl, avec la copie d’une lettre de M. le G[arde] des S[ceaux] aux fermiers généraux, et celle d’une lettre des fermiers a leur directeur de Strasbourg, lequel etant en ce moment a Paris, peut prendre les ordres, ou arrangemens nécessaires a l’introduction du Voltaire. Sitot que vous aurez quelque chose a m’apprendre a cet egard, ne me le laissez pas ignorer. J’ai la preuve en main que c’est d’accord avec les ministres du Roi, que j’ai commencé cette grande et ruineuse entreprise qui me tient plus de 2 millions dehors, avec le risque affreux de les perdre. Il s’agissait alors de l’honneur de la nation et de l’émulation de plusieurs arts qui nous tenaient dans la dépendance de l’etranger. Aujourd’hui c’est une persécution qui n’a pas d’exemple, quoi qu’on m’ait bien promis qu’il n’y en aurait jamais. Beaumarchais à M. l’abbé de Calonne, 25 septembre 1786, IMV, AB III, f. 19.
  • 179. Je vais travailler d’arrache pied ou à lever l’embargo de Strasbourg que je n’ai jamais cru sérieux, ou à obtenir le passage par fort Louis. Vous saurez aussitôt que les succès auront mes sollicitations. L’abbé Boyer est à Paris ; mais je ne l’ai vu qu’un moment. J’ai reçu de Mr le baron d’Edelsen le rescrit du margrave sur la levée de la servitude dans ses etats avec la lettre la plus obligeante. Je vais y répondre comme il convient. Beaumarchais à La Hogue, 22 septembre 1786, BHVP, Ms 1312, f. 339-340.
  • 180. M. de Beaumarchais [...] a conféré avec les ministres du Roi de l’entrée en France du reste des éditions. Il a eu occasion de voir M. de Malesherbes qui lui a parlé longtems de Voltaire, et des anciennes éditions de ses oeuv[res] qu’il a presque toutes. Ruault à Decroix, février 1787, collection particulière. A peine sommes-nous sortis d’un embargo, que nous retombons dans un autre. On nous a rendu nos gros prisonniers à Paris, la semaine derniere, et voilà qu’on arrête aujourd’hui à la frontiere, les ballots qu’on nous dépêchait librement de la Germanie ! Il faut de nouveaux ordres pour passer le pont du Rhin et entrer dans Strasbourg. Quand ce serait de l’arsenic, ou quelque bulle ultramontaine que nous ferions venir de l’étranger, on ne prendrait pas plus de précaution contre nous. O tempora stultorum quand cesserez-vous donc ! Ruault à Decroix, 23 mai 1787, collection particulière. J’espère que vous m’apprendrez dans votre premiere que l’embargo du pont de Kell est levé aussi bien que celui de la douane de Paris. Decroix à Ruault, 7 juin 1787, BnF, NAF 13139, f. 386-387.
  • 181. Le rôle de Lyon dans la diffusion de l’édition Jean-Baptiste Lallemand, Vue du pont de la Guillotiere et du nouvel hopital de Lyon, vers 1776-1785, dessin à la plume et encre brune, aquarelle, Paris, BnF.
  • 182. Mrs. Le 19- Swinton. 150- do Cannet. 150 - Dastier - 100. Peschier à Mars[eille]. Devigneux - 1. fév. Dosquet. - Virchaux. - Fabert et Jardot. - Peschier à Lyon. Franck. - Pope de Chap. Rouge. - La Roche à Lyon. Dosquet ainé. - Oudeoud. - Beaumont - Lamande. Fenzi . 8 fév. Gerard Michelet- P. Blanc. - Robert et J. Hay. - Gjoerwet. - Benedetti- Pellet Fils - Beuzelin - 12 fév. Roman de trib. - Le Clerc et Ce - Peschier Bouillon. - D'Aubry. - David Alexandre. Delaville. - Lauverteix. - Pavant Fils. - Melchin et de Rich. - De Cernuschi - Gérard Plisson - Eyrler le Couvreur. - Midy Freres. - Empery p. et f. - j Le Friel et fils. - Osterval. - Horgnies - Muilman. - Buchet - Michel - La Bottiere - Mailly. - Le Roy. - Blouet - Jacques - Lehouq- Dumortier - Guitrac - Reyunus - Gosse, à la Haye - Melleville - Robignet - Faure, à Parme - Rigaud Pons; - Pitra à Berlin. Circulaire aux Correspondants, 19 janvier 1781, BHVP, Ms 1312, f. 249-250.
  • 183. Beaumarchais à M. Letellier, 9 février 1781, BHVP, Ms 1312, f. 253. Les circulaires sont envoyées à ceux de nos correspondans que vous avez fournis de prospectus : nous vous transcrivons les noms des villes afin que vous voyez s'il n'y en a point d'omis :
  • 184. Lyon MM. Peschier et Bonafous 9 août 1780. […] Vous recevrez incessamment le prospectus des Œuvres de Voltaire, des raisons particulières ont empêché jusqu’à présent sa distribution, le travail des œuvres va bon train et le public certainement n’aura rien à désirer sur ce bel ouvrage. Je compte que dans ce mois au plus tard le prospectus se distribuera. Beaumarchais à MM. Peschier et Bonafous, 9 août 1780, BHVP, Ms 1313, f. 40-41.
  • 185. Kehl. M. Le Tellier. Paris le 22 Janvr. 1784 Nous avons recu hier avec votre lettre d'avis du 15 de ce mois les 200 avis, catalogues, et lettre circulaire (20) sur nos éditions communes ; et aujourd'hui nous les avons fait partir sous le contreseing ordinaire aux meilleures maisons de librairie de Flandre, Bretagne, Guyenne, Normandie, Lyonais, Provence et Languedoc. Si vous nous en adressez encor un cent ou 150 nous les ferons passer à quelques autres maisons de petites villes où il ne laisse pas de se faire des consommations de livres. Beaumarchais à Le Tellier, 22 janvier 1784, BHVP, Ms 1312, f. 282.
  • 186. Rép. le 7 mars 1781 Je recus hier deux paquets du prospectus pour l'Edition des œuvres de Voltaire, que vous faites executer si magnifiquement. Je croyais pouvoir les annoncer publiquement, mais M. De la Tourette, Inspecteur de la Librairie au Département de Lyon nous a prévenus qu'il avoit des ordres de M. le Garde des Sceaux pour ne pas permettre l'entrée en France de cette Edition ; en sorte que j'ai pris le parti de faire distribuer ces prospectus sous des enveloppes séparées, et les annoncer par un billet détaché qu'on peut souscrire chez moi, mais il est à craindre que mon zèle soit entierement sans intérêt pour moi. 1° Vous annoncez pour vos correspondants à Lyon Mrs Peschier & Bonafous, la pluspart des souscripteurs veulent aller ché eux ce qui me frustrera du modique benefice de 10 pour cent que vous accordez au Libraire. 2° N'ayant pas l'autorisation de la Police (le nombre) des souscripteurs sera toujours moindre que si on pouvoit l'annoncer publiquement. 3° Les Libraires ont pour l'ordinaire 25 pour cent sur les souscriptions et un 13eme exemplaire gratis, ou tout au moins un 25eme.
  • 187. Ne croyez pas que les remarques que je prends la liberté de vous faire soient fondées sur des motifs interessés. Je serois très flatté de pouvoir contribuer à la propagation de cette magnifique et superbe entreprise, et les trois obstacles que je viens de vous détailler n'arrêtent point mon zèle; si vous pouvez les applanir, les faciliter ou les détruire, je serai charmé de contribuer davantage à cette Entreprise. Je suis &. De la Roche de Millanois à l'imprimerie du Roi à Lyon Lyon le 3 mars 1781. Millanois de la Roche à Beaumarchais, 3 mars 1781, BnF NAF 18247, f.82-83.
  • 188. [Lyon 7 mars 1781] M. Perre[...], grand chanoine de l'Eglise de S. Paul S. syndic du clergé vient de souscrire pour un exemplaire ; il demande d'être sur le champ inscrit afin d'avoir des premieres epreuves des gravures ; il demande que conformement à l'annonce du Journal de Paris n° 57, que [sic] son exemplaire soit imprimé avec une encre plus noire que celle des cartons qui sont dans le prospectus ; il demande que chaque volume lui soit envoyé dans le temps des livraisons, relié en veau ecaillé, doré sur tranche. Il demande enfin d'avoir part à la Loterie. Il me charge d'écrire à M de Beaumarchais sur sa promesse de donner bientôt au public les modèles de son edition in 4° avec des essais des différentes nuances d'impression, de lui envoyer un des modèles dès qu'ils paraîtront, & de l'engager de donner ses ordres pour que toutes ses intentions soient remplies. Millanois de la Roche à Beaumarchais, 7 mars 1781, BnF, NAF 18247, f. 83.
  • 189. Monsieur, Envoyé le 19 Pour satisfaire à ce que vous me demandez par la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire le 7 de ce mois, je commence par vous envoyer un Duplicata des noms et des adresses de ceux qui ont souscrit chez moi pour la nouvelle Edition des Œuvres de Voltaire. L’encouragement que vous donnez aux libraires qui s’intéressent à cet ouvrage doit exciter leur zèle ; le mien n’est point augmenté par cette perspective ; ce tribut qu’on doit au mérite de M. de Voltaire est encore augmenté par l’idée flatteuse de seconder en quelque sorte les zélés éditeurs. M. de la Tourette, notre inspecteur, met dans ses fonctions la plus scrupuleuse exactitude, ce qu’on permet dans toute autre ville ne le détermine pas à s’écarter des recommandations de M. de Neville : si vous pouviez obtenir de ce magistrat, qu’il lui fît part des tolérances qu’on accorde pour cette entreprise, je m’annoncerais plus publiquement, chargé de vos pouvoirs à cet égard. Ne doutez pas de mon zèle et des sentiments avec lesquels j’ai l’honneur d’être, Monsieur Votre tres humble & très obeissant serviteur Millanois De la Roche / Lyon le 13 mars 1781
  • 190. Un exemplaire in 8° imprimé avec les caracteres de Baskerville, et comme il est dit que les epreuves des gravures seront tirées dans l’ordre des N°s de recommandation, on souhaite que cet exemplaire soit décoré des premieres, et imprimé d’une encre plus noire que celle du prospectus ; qu’il lui soit envoyé dans le temps, relié en veau écaillé, doré sur tranche, Un autre exemplaire, avec les mêmes observations que ci-dessus, relié en veau sans être doré sur tranche et aussi d’une encre plus noire que celle des cartons. Ils seront l’un et l’autre adressés à Mr Millanois de la Roche, aux halles de la Grenette à Lyon. Comme on annonce que l’on doit bientôt donner au public les cartons des modèles de l’edition in 4° avec des essais des différentes nuances d’impression, on desirerait avoir un ou deux modèles dès qu’ils paraitront. Les souscripteurs de ces deux exemplaires desirent d’avoir part à la loterie. Lyon / 13 mars 1783 Millannois de la Roche Millanois de la Roche à Beaumarchais, 13 mars 1781, BnF, NAF 18247, f.84-85.
  • 192. État des personnes employées à l’imprimerie de la Société L.T. établie à Kehl, 1er septembre 1784, Archives de Karlsruhe.
  • 193.
  • 194. Nous nous occupons de vous trouver des hommes à Paris; mais ne comptez pas sur un régiment: il est plus que difficile de déraciner le petit nombre de bons ouvriers qui sont attachés de vieille date, aux imprimeries: les uns sont mariés, les autres ont un certain âge; et plus que tout cela l'habitude et l'acoquinement de Paris. il faut en prendre partout, à Liège, en Suisse, à Lyon, dans tous les endroits où l'imprimerie fleurit un peu. 30 janvier 1781, Beaumarchais à M. Le Tellier, BHVP, Ms 1312, f. 251-252.
  • 195. Mathias Veibor De Schétestat Ecrivain à Strasbourg Employé au magasin J.n Jacques Eucler Ecrivain à Strasbourg Idem George Bastand De Strasbourg Papetier Veuve Coq Bourgeoise de Strasbourg Limeuse Therese Coq Idem Idem Vincent De Toul Relieur de livres Degerman Maître relieur à Strasbourg Relieur Carle heiser De Lausanne Relieur West De Zurich Idem Frederic De Putzviller Idem Charles Velté De Kehl Apprentis Charles Pieret Idem Idem Gaspard Lodier Idem Idem
  • 196. La vie n’est qu’un tissu de tribulations ; je l’éprouve tous les jours, mon cher ami. Voici encore un chagrin qui m’arrive dans l’âme, par la poste de Kehl. M. de My[ron] est mort, trois jours après son amie mad[am]e Le Tellier. Trois accès de fièvre précipités l’ont fait descendre là-bas, en six heures. Il s’est rasé lui-même à midi, et à minuit il n’était plus. Je regrette M. de Miron dans le fond de mon cœur. C’était un homme de mœurs fort douces, bon ami, bon père et bon grammairien. Il avait été autrefois intendant de St Cyr ; et je ne me rappelle plus comment il perdit cette place très-avantageuse. M. de Beaumarchais, son beau-frère, l’avait envoyé à Kehl, un peu tard, pour présider à la correction des épreuves du Voltaire ; il y a trouvé son tombeau. Une grande partie des parisiens que l’on a envoyés là, y sont restés pour jamais. C’est un lieu bas, infecté des eaux croupissantes du Rhin quand il se déborde : les vrais marais-pontins de l’Alsace. Ruault à son frère, 17 septembre 1784, collection particulière.
  • 197. Il vous faut p[ou]r correcteur principal un homme de lettres, ou lettré qui soit au fait de la typographie, qui ait vu imprimer, qui ait fait imprimer lui même, et surtout qui ait l’habitude de la correction ; car il y a des gens de beaucoup d’esprit qui n’ayant pas cette routine, laisseraient cent fautes dans une épreuve. Nous allons travailler à vous le découvrir à Paris, si vous ne le trouvez pas à Strasbourg ou à Neufchâtel. Beaumarchais à LeTellier,22 mars 1781,BHVP,Ms 1312,f.257. f.257.
  • 198. Monsieur, j’ai l’honneur de vous adresser ci-joint une épreuve faite avec la pomme de la main, dont la forme a été présentée a Monsieur Franklin, puis à Monsieur de Beaumarchais, pour démontrer qu’on peut avec des nouveau cadrats que j’ai imaginés & fabriqués à la lime, diriger dans tous les sens, le fillet caracteres & vignettes ; en conséquence, Monsieur de Beaumarchais me fait partir pour Strasbourg lundi prochain avec son neveu, où il va établir sa fonderie & son imprimerie, pour exécuter en grand cette nouvelle façon de travailler, & tirer tout le parti qu’on pourra d’un pareil moyen. Besse à Anisson-Duperon, 30 juin 1781, BnF, Fr. 22188, f. 295-296.
  • 199. Quatre imprimeurs-pressiers nommés Klein, Cottard, Wilhelm et Laguesse sont partis hier et avant hier p[ou]r se rendre à Strasbourg le 10, ou le 12 de ce mois, ce qui fait avec les 4 autres partis le 28, le nombre de huit imprimeurs demandés par vos lettres du 24 et 26 9bre. On n’en fera point partir d’autres que vous ne les demandiés spécialement. Ruault à d’Épigné, 3 décembre 1781, BHVP, Ms 1312, f. 268-269.
  • 200. Nous avons trouvé un successeur au Sr Belix pere. il se nomme Collas, prote de M. Cellos imprimr à Paris. C'est un homme de 45 ans qui a longtems dirigé les imprimeries de Lyon et de Geneve. Il partira le lundi 27 de ce mois accompagné de 4 bons pressiers, non pas ceux de M Simon qui voulaient être à l'apointement de 100# par mois, mais de 4 autres que le Sr Collas a choisis lui- même à 3 ou 3#.10 par jour de travail. Vous avez dans le paquet le dessin de la monture des cylindres envoyé par M de Farq[harson]. Nous avons lhonnr &a S. C. de B. Beaumarchais à Letellier, 21 août 1781, BHVP, Ms 1312, f. 263-264.
  • 201. Le 30 de mai d[ernie]r j’expediai d’icy pour Strasbourg deux ouvriers fondeurs p[ou]r travailler à la fonderie que j’ai etabli a Khell. Ces deux hommes nommés Andre Lejeune et Léonard Lariviere ont été arretés en route je ne sais pour quelle raison et on me marque qu’ils furent conduits dans les prisons de Metz ; s’ils ont commis quelque délit qui exige une autre punition que celle de les enfermer comme ceux sans aveu, alors je ne veux ni ne dois m’opposer à ce que justice se fasse, mais au contraire si en les retenant comme ceux attachés à la fonderie de Khell ou je les envoyais et qu’ils n’ayent eté emprisonnés que p[ou]r une legere faute je vous prie M. de vouloir bien faire faire les demarches necessaires afin que ces deux hommes puissent continuer leur route et je vous prie de payer ce qui sera raisonnablement convenable p[ou]r leur elargissement. A la suite de leur voyage j’ai payé a ces deux ouvriers 84# p[ou]r les frais de leur voyage &.
  • 202. M Fraissinet partira lundi ou mardi prochain avec 6 bons pressiers et 2 fondeurs. C’est une bonne recrue qu’il a faite et dont vous avez grand besoin, suivant ce que le prote vous a mandé. Beaumarchais à La Hogue, 14 janvier 1785, BHVP, Ms 1312, f. 298.
  • 203. Il est étonnant qu’on ne puisse pas trouver à Strasbourg, à Nanci, ou ailleurs aux environs, un ou deux bons assembleurs ; on en trouve d’exacts et d’entendus partout où il y a des imprimeurs et des libraires. S’il faut absolument vous en envoyer de Paris, on le fera ; mais en verité, cela est honteux. [...] Les assembleurs intelligens sont payés à Paris 5 ou 6 s la rame, ou 2# et quelquefois 2#.10 par jour. Ils mettent en paquet au même prix, c[’est]-à-d[ire] 6 s[ols] du paquet, pour la façon seulement ; on leur fournit les cordes et les maculatures. Voilà les prix de Paris ; ils sont obligés de collationner leur ouvrage. Beaumarchais à La Hogue, 14 janvier 1785, BHVP, Ms 1312, f. 298.
  • 204.
  • 205.
  • 206.
  • 207. Madm.e Baskerville Vv.e du feu Jean Baskerville Imprimeur est en possession des poinçons matrices &a de l’imprimerie de feu son mary dont elle demande la somme de Quatre Mille Guinés comptant. L’écrivain qui connoit bien ladt.e dame a vu le tout en très bon état & compose l’imprimerie la plus complette qu’il y aye en Europe consistant en 6100 poinçons & plus, matrices à proportion & les moules qui en dependt . Le sr Baskerville peu de tems avant sa mort en refusa £ 6000. L’on en a fait demander le prix derniérement de Londres quelle fixa à la personne qui vint exprès à £4500. Si vous êtes dans le dessein d’en faire spéculation il n’y a pas du tems à perdre. (…) Cy inclus un echantillon de la dt.e imprimerie. 24 février 1779, D’Oatridge et Marindin à Beaumarchais.
  • 208. M. Caslon de Londres fait solliciter la conclusion du marché pour l’acquisition de ses caractheres, il les prétend complets et les meilleurs possibles ; il observe que l’apparence de ceux de Baskerville n’est dûe qu’au papier glacé dont ce savant artiste s’est servi pour ses echantillons, et pour nous mettre en meme d’en juger, il travaille pour nous en envoyer sur de pareil papier. 1 août 1779, Beaumarchais à Letellier.
  • 209. La compagnie donnera 60 000# argent de France, des poinçons, contrepoinçons, matrices outils et instrumens de la fonderie de feu M. Baskerville, les presses à lisser comprises, ainsi que tous les autres objetcs qui pourraient rester, relatifs à l’imprimerie et à la papeterie, sans aucunes reserves. 10 juin 1779, Beaumarchais à Farquhasson.
  • 210. Nous apprenons qu'une Société de Gens de Lettres & de riches amateurs des beaux arts vient d'acquérir au plus haut prix à Birmingham, les poinçons, matrices, &c. en [un ] mot, les types du célébre Imprimeur Baskerville, le secret de son encre & ses autres principes & procédés relatifs à la trempe de l'acier, à la gravure des poinçons, & aux arts de la fonderie des caracteres de l'Imprimerie & de la Papeterie. (…) Le premier Auteur célébre à qui la Société veut offrir l'hommage de la plus superbe édition, est M. de Voltaire, dont elle vient d'acquérir tous les porte-feuilles, au prix de cent mille écus; si l'on ajoute à cette somme celle de cent mille francs que lui coûte l'ambition de succéder dignement à Baskerville, une autre somme bien plus forte avancée pour former l'établissement de ses papeteries & le local immense où ses presses doivent achever l'Ouvrage, on concevra jusqu'où la plus noble émulation se propose d'élever l'ensemble de tous les arts qui vont propager entre les mains de cette Société les chefs d'œuvres littéraires de toutes les Nations. 28 janvier 1780, Beaumarchais au Courier de l’Europe.
  • 211. Nous vous serons obligés de nous envoyer le plus promptement possible la recette de la fabrication de l'encre de Baskerville: doses, ingrédients, préparations, degré de cuisson enfin toute la description du secret par le menu et plus grand détail. 27 décembre 1780, Beaumarchais à Farquharson.
  • 212. Et si les défauts des poinçons et les imperfections des matrices se rencontraint dans l’un des caractheres adoptés pour l’edition, ou que les signes et accens français manquassent absolument, vous voyés, Monsr, où cela nous rejette ; cette information est la première à prendre, et l’objet sur lequel nous vous prions de nous faire passer le plus prompt avis, car s’il fallait un trop long tems pour faire ces complettemens, ou que l’ouvrier ne fut point en état de les bien faire, il faudrait peut être renoncer à cette acquisition. 10 juin 1779, Beaumarchais à Farquhasson.
  • 213. Si le graveur n'a pas gravé les lettres accentuées de l'alphabet italiqe du brévière n° 2 (…), il prenne bien garde 1° à bien placer les accents. 2° à ne rien ôter de la hauteur de la lettre pr placer l'accent. Il est indispensable que les lettres accentuées soient de la même hauteur que les autres lettres sans aucun égard l’accent qui n'est qu'un hors d'œuvre. (…) Ce défaut de hauteur qui subsiste dans toutes les lettres accentuées romaines et italiqes de nos fontes, est insuportable et détestable. Nous ne pouvons l'éviter dans l'édition in-8°, mais il ne sera point dans l'in 4°. En différant de quelques mois la livraison de ce dernier format notre projet est de faire graver de nouveaux poinçons pour toutes ces lettres défectueuses: de nous contenter de l'envoy des matrices qui vient d'être fait et de garder les poinçons en Angleter. pour en faire une nouvelle frape dans un tems plus éloigné; laissant même à finir une autre fois le complément de l'alphabet italiqe du breviere n°2. 19 septembre 1781, Beaumarchais à M. Farquharson.
  • 214. M farq. nous mande aussi qu'il a pris note de nos ordres pr les espaces minces et qu'il va s'y conformer; mais qu'il n'entend pas si bien ceux pr les quadrats; parce que, dit-il, on ignore à Birmingham ce que c'est que l'assortiment d'une police française. 15 décembre 1780, Beaumarchais à M. Letellier.
  • 215. Nous avons fait part à M. Letellier de ce que vous nous mandez sur le complément des différentes polices de nos caractères qui enfin sont arrivés à leur destination. (…) Nous allons lui donner avis du départ du redoublement des polices, des echantillons du royal, des cylindres et de tout ce que vous venez de mettre en route par la voïe d'Ostende à l'adresse de Mrs Herries, ainsi que vous nous en prevenez dans votre lettre du 11 de ce mois. 21 mai 1781, Beaumarchais à M. Farquharson.
  • 216. L'&. de Baskerville est insuportable à tout le monde, ou il faut s'en tenir à l'et ou bien il faut faire un autre & .
  • 217. Tout ce qui passe à Khell vient me dire qu’on y bâtit, qu’on y fait des jardins à l’anglaise : les critiques, les rires, les reproches et les avis s’accumulent autour de moi. Je suppose que tout cela est sans fondement, et j’attends à connaître par moi même avant de porter mon opinion sur ce qui s’est fait à Khell. Je compte pouvoir partir d’ici à 8 jours. Ruault et Beaumarchais à d’Epigné, 3 décembre 1781. M. de Beaumarchais a fait enfin le voyage de Kehl. Il en est revenu ces jours derniers avec ce M. Letellier que vous connaissez et qui a fait dans ce Kehl force sottises de toutes les façons. Je vous les déduirai un autre jour les unes après les autres, et vous prouverai qu’il coûte à son ami plus de 200 mil[le] ecus de perte sur le travail exécutif des œuvres de Voltaire. Ce Letellier est un fou d’un sang-froid bien extraordinaire. Ruault à son frère, 1er décembre 1784.
  • 218.
  • 219.
  • 221. Je ne puis voir sans peine et sans un vif regret l’impression des œuvres que l’on attribue à feu M. de Voltaire ; c’est une masse de venin et de corruption que sous ce prétexte on se prépare à répandre et cette dangereuse et cruelle collection s’imprime à Kehl et Kehl est dans mon Diocèze et votre souveraineté.
  • 222. J'arrive de Bordeaux où j'ai ranimé la souscription éteinte par la division entre M. de la Ville, notre distributeur […]. Je suppose qu'à Lyon et dans plusieurs autres villes quelque raison pareille arrête la distribution. Je vais tâcher d'y mettre ordre. Mais de nouveaux prospectus ; des modeles sans faute et tirés plus noirs sont très essentiels. L'&. de Baskerville est insuportable à tout le monde, ou il faut s'en tenir à l'et ou bien il faut faire un autre &. Beaumarchais à Le Tellier, 14 août 1781, BHVP, Ms 1312, f. 262-263.
  • 223. On m’assure que Palissot est à Paris, vous pouriez le voir et vous arranger peut être avec lui, comme vous vous proposiez de le faire avec Lyon, si vous avez renoncé à tout accomodement avec M. Reynault. Quand on ne peut detruire les corsaires, la bonne politique veut qu’on compose avec eux. C’est la loi de la necessité ! Panckoucke à Beaumarchais, 10 mars 1781, Bodleian Oxford, Ms french d.31, f. 46-47.
  • 224. On a arrêté à notre chambre syndicale un ballot de l’ouvrage de l’abbé Raynal, adressé de Lyon à M. Jacques, pour le faire passer a M. Flon de Bruxelles ; il etait de la valeur de 2500 à 3000 £. L’inspecteur savait avant l’arrivée, l’adresse de ce ballot, et il prévint M. Jacques de le laisser aller à la chambre syndicale, quoi que tout ce qui vient de l’intérieur du royaume ne soit pas assujetti à cette formalité. Il lui épargna par cet avis le désagrément de voir ces livres saisis chez lui, et peut être une amende considérable. Il faut conclure de ceci qu’il y a des espions ou à Lyon, ou sur la route qui ont donné ces connaissances à la police. M. Jacques pense aussi que les mêmes ennemis qui l’ont calomnié auprès du ministre pour l’empêcher d’obtenir l’imprimerie qu’il sollicitait à Paris, employant encore toutes sortes de moyens pour le perdre. Ce qui le confirme dans cette idée, c’est qu’on vient de faire il y a 15 jours chez lui une visite juridique et très rigoureuse, ce qui n’etait jamais arrivé ni de son tems ni de celui de son pere. On n’a rien trouvé de suspect et cela même pourrait tourner à son avantage, et à la honte de ses ennemis. Si vous êtes à portée de lui rendre quelque service auprès de M. de Neville, je vous le recommande comme un parfait honnête homme, qu’on a cherché à noircir par cent faussetés, que le témoignage de tous les honnêtes gens détruiraient aisément. Decroix à Panckoucke, 5 juillet 1781, Bodleian Oxford, Ms French d. 31, f. 32-33.
  • 225. Lyon. M. Bernuset. Paris le 21 fév.r 1788. Nous ne doutons point que quelques maisons de librairie soit étrangères soit nationales n’ayant le désir de s’occuper bientôt du Voltaire, de spéculer d’après les editions que nous allons terminer incessament ; mais nous avons quelques raisons de douter qu’elles puissent les établir à meilleur compte que les nôtres et les exécuter avec de plus beaux caractères. Vous n’êtes point, vous, Mr, de ces spéculateurs injustes, et nous reconnaissons votre bonne et franche loyauté dans votre proposition du 12 de ce mois et dans l’aveu de notre propriété quoiqu’elle ne soit revetue ni d’approbation, ni d’un privilège émané de la chancellerie. Nous désirons faire tout ce que vous souhaitez pour votre bien et pour le nôtre, dans l’acquisition que vous projettez de faire de ces différentes editions par 100000# plus ou moins. Voici en deux mots les conditions de traitement et de vente : 1/3 de rabais sur le prix particulier. Le 11e grâtis. 12,15 et 18 mois de terme. […] Beaumarchais à M. Bernuset, 21 février 1788, BHVP, Ms 1312, f. 351-352.
  • 226. Il en est de même d’une édition en cent volumes in- 12, commencée à Lyon, en 1791, par le libraire La Mollière, et dont des exemplaires portent l’adresse de Bâle; d’autres, celle de Deux-Ponts; d’autres enfin, celle de Hambourg. 10 juin 1834, préface Beuchot à son édition