2. Séance 7
« Expliquer » le développement:
théories du développement (conclusion)
Le « développement » à partir de la fin du 20e siècle:
la période néolibérale
3. Recap - dernière séance
• Le structuralisme latino-américain et la théorie de la dépendance partagent la
critique à la « méthodologie nationaliste » utilisée pour analyser le développement
• Au contraire, le capitalisme est un système global, avec un centre qui domine une
périphérie
• Néanmoins, ces théories n’ont pas la même vision du (sous)développement… et
donc de ses solutions
4. Recap - dernière séance
• Le focus de la théorie structuraliste est dans le commerce international
• Selon la théorie de la dépendance, le problème du sous-développement n’est pas
(juste) une question économique
• La dépendance a commencé avec l’impérialisme et la colonisation, et elle est
perpétuée par le néolibéralisme et le néocolonialisme
• Commerce (ressources matériels), investissements (profits), dette (intérêts)…
5. Questions
Comment ce processus de domination parvient-il à se perpétuer en
permanence ? Quelle solution ?
Que s’est-il passé en réalité après les années 1970 ?
6. Séance d’aujourd’hui
1. Théorie de la dépendance
(conclusion)
2. Le tournant des stratégies de
développement à partir des années
1980 : la période néolibérale
• Introduction : changements sur le plan
historique
Ronald Reagan, président États-Unis
1981-89
8. Le « système capitaliste
international »
• Il n’y a pas « d’économies »
capitalistes ; le capitalisme est un
système international
• Le succès du « capitalisme » dans
le centre n’aurait pas eu lieu sans
le « retard » de la périphérie
9. Exemples
• Le succès de l’industrialisation
dans le centre n’aurait pas eu lieu
sans la colonisation de la
périphérie
• Le succès des multinationales au
centre n'aurait pas été possible
sans leurs filiales à la périphérie
10. Le « système capitaliste
international »
• Extraction continue de ressources à
travers…
‒ Le commerce international (matières
premières et main-d’œuvre à bas prix)
‒ Les investissements (multinationaux,
qui récoltent des bénéfices)
‒ Les flux financiers (dette - qui récoltent
des intérêts)...
11. Le « système capitaliste
international »
• Conclusion 1 : il y a quelque
chose permettant de maintenir
les structures de domination à
travers le temps…
• Conclusion 2 : pour réussir, il faut
sortir
12. Comment ce système
peut-il se maintenir dans
le temps ?
• Surtout à partir de la seconde
moitié du 20e siècle, les pays
centraux ont réussi à maintenir
cette configuration grâce à cinq
monopoles
13. des techniques et
technologie
des flux financiers
des ressources naturelles
de la planète
des moyens de
communications
des armes de destruction
massive
« Les 5 monopoles »
(S. Amin)
14. La domination change de
forme, sans changer de nature
• Les pôles de domination changent à travers le
temps, ce qui ne signifie pas que la domination
de quelques-uns sur beaucoup d’autres a cessé
• La périphérie ne peut pas « gagner » au sein du
capitalisme (différence structuralistes)
17. Pas de solution sans quitter le
système
• La solution n’est pas économique, mais politique
• Les pays devraient « se déconnecter » du système
capitaliste international pour se développer
18. Proposition (S. Amin)
• Ne croyaient pas à la démocratie représentative
d’aujourd’hui
• Révolution « dès le bas »
• Système politique appelé « démocratie
populaire »
19. Proposition (S. Amin)
• Système politique appelé « démocratie
populaire »
‒ Décentralisation du pouvoir, afin que la
prise de décision soit plus localisée et que
les gens aient plus de poids dans les
décisions
‒ Institutions participatives : assemblées
populaires, conseils de citoyens, processus
de budgétisation participative
20. Proposition (S. Amin)
• Différente de la pensée structuraliste
(révolution par le biais d’un État fort,
sans changement de régime politique)
22. • Différentes approches (orthodoxes,
hétérodoxes – structuraliste, dépendance)
• Visions différentes sur comment
développer un pays
• Points de désaccord sur les vertus du libre-
échange, de l’intervention de l’Etat, du
maintien d’un système capitaliste...
Conclusion : théories du développement
jusqu’à les années 1970
23. • Surtout pendant 1950s-70s, les théories
hétérodoxes ont influencé les politiques de
développement des pays moins développés
• Cette situation a brusquement changé dans les
années 1980
• Nouvelle phase dans l’histoire de l’économie
du développement : la période néolibérale
• Approche néolibérale pour le développement
(à la fois théorie et pratique)
Conclusion : théories du développement
jusqu’à les années 1970
24. Les années 80: le tournant des
théories et stratégies du
développement
25. Théories du développement
Théories de la modernisation : les pays devraient
suivre le modèle européen pour se développer
Théorie structuraliste : les pays devraient
s’industrialiser pour se développer
Théories de la dépendance : les
pays devraient rompre avec les
relations « d’exploitation » pour se
développer
Néolibéralisme : les
gouvernements doivent
se retirer de toute
participation directe
dans l’économie
1950s
1960s
1980s
27. Stratégies de développement
Industrialisation
via intervention de l’État
1950s
1980s
« Bon fonctionnement
des marchés privés », moins d’intervention
via mise en œuvre des
politiques « néolibérales »
28. Quel contexte
explique ce tournant ?
1. Contexte historique : crise de la dette dans la
périphérie
2. Contexte théorique : émergence d’une
nouvelle théorie pour « guider » les pays en
voie de développement (« néolibéral »)
• Dans les deux cas, elle est liée à la puissance
croissante des États-Unis dans le monde.
La Maison-Blanche (Washington DC)
29. Changements sur le plan historique
• Stratégies des PED jusqu’à les années 70: industrialisation, quelques
progrès économiques et sociaux... mais à un prix élevé
• Quel prix ?
31. L’importance de la dette
• Dette : la « porte d’entrée » du
néolibéralisme dans les PED à partir
des années 1980-90s
• Nouvelle approche développement
33. Les problèmes de la périphérie ne sont pas uniquement
(ou principalement) dus à une « mauvaise gestion » de
la part de ses gouvernements
Argument
34. 1970s: entrée d’argent
facile et « bon marché »
• Les pays périphériques recevaient beaucoup d’argent
de l’étranger.
35. Deux fortes hausses du prix du pétrole dans
les années 1970
Guerre
Yom
Kippur
Révolution
Iranienne
36. 1970s: entrée d’argent
facile et « bon marché »
1. Excédent d’argent dans les pays exportateurs de
pétrole (« petrodollars »)
• Les exportateurs de pétrole investissaient de
l'argent dans la périphérie. Les banques étrangères
(américaines, par exemple) assuraient
l'intermédiation.
37. 1970s: entrée d’argent
facile et « bon marché »
2. Fin accord Bretton Woods 1971
3. « Stagflation » dans le centre
4. Économies à « haute potentiel » dans
la périphérie
38. 1970s: entrée d’argent
facile et « bon marché »
• Plus d’argent en circulation, PED
attirants
• Nombreux agents disposés à prêter
aux PED, à des conditions
avantageuses
39. Qui ?
• Gouvernements des pays riches
• Institutions internationales (FMI, BM -
financées par les pays riches)
• Banques privées étrangères (US, UK, JP...)
40. Qui profitait des prêts ?
• Les gouvernements et les banques du
centre étaient prêts à prêter de l’argent
aux pays périphériques pour faire du
profit
• Les gouvernements des pays
périphériques étaient heureux
d’emprunter cet argent
41. 13
Pourquoi l’Amérique latine a-t-elle emprunté
en permanence au cours des années 1970 ?
Conditions de prêt favorables
Sans garantie et avec des taux d’intérêt faibles
Mega projets
Faire face à la hausse des prix du pétrole
Après les deux hausses de prix
Financer leurs projets de développement
42. 13
Coups d'État & dictatures militaires en
Amérique latine de 1964 à 1990
• Équateur, 1963-1966 et 1972-1978
• Guatemala, 1963-1985 (sauf 1966-1969)
• Brésil, 1964-1985
• Bolivie, 1964-1970 et 1971-1982
• Argentine, 1966-1973 et 1976-1983
• Panama, 1968-1989
• Honduras, 1963-1966 et 1972-1982
• Chili, 1973-1990
• Uruguay, 1973-1984
• Salvador, 1948-1984 (dernier 1979-1984)
• Pérou, 1968-1980
*exclut les dictatures personnalistes et de parti
43. 13
Pourquoi les banques étrangères prêtaient
en permanence au cours des années 1970 ?
Afflux de fonds provenant des
exportateurs de pétrole
L’expansion internationale
des services bancaires
Croissance du marché
des eurodollars
44. 13
Pourquoi les banques étrangères prêtaient
en permanence au cours des années 1970 ?
Profits
47. Fin 1970s : changement brutal des
conditions pour le PED
48. Changement brutal des
conditions pour le PED
• Crises pétrolières 73-79
• Augmentation des revenus des
exportateurs (Moyen-orient)… mais
aussi augmentation des dépenses des
importateurs (périphérie)… en dollars
51. Changement brutal des
conditions pour le PED
• Augmentation des taux d’intérêt américains
en 1979 (« Volcker shock »)
• Le choc généré par la hausse des taux
d’intérêt a conduit à la crise de la dette
• … qui a débouché sur de nouvelles
« solutions » pour le développement
53. Toutes les conditions pour une crise sont réunies
Baisse des revenus
d’exportations, augmentation
des couts d’importation :
moins de dollars pour payer la
dette
Banques moins inclinées aux
emprunts latino-américains
Investissements au centre plus
profitables (taux d’intérêts US),
moins de confiance dans les PED)
Fuite massive de capitaux
Des particuliers et des
entités ont transféré de
l’argent hors des PED
Moins d’extensions avec
des périodes de paiement
plus courtes
55. Quelques mots sur les fuites de capitaux
• Mouvements de capitaux d’un pays à l’autre, généralement pour
rechercher des rendements plus élevés ailleurs ou pour éviter les risques
politiques et économiques dans le pays d’origine
• Dans le contexte de la crise de la dette des pays en développement dans
les années 1980, la fuite des capitaux a joué un rôle important dans
l’aggravation de la crise
• En général, la fuite des capitaux 1/ provoque des crises dans les pays en
développement, ou 2/ aggrave considérablement les crises existantes
56.
57.
58. • Fuite massive de capitaux dans la
perspective de la victoire de Lula
• En 2002, alors que les investisseurs
craignaient les politiques du premier
gouvernement de Lula, près de 13
milliards de dollars* ont quitté le
pays.
• taux de change >> inflation,
croissance, emploi, pouvoir d’achat,
équilibre balance payements…
59. • Promesse de maintenir les
engagements pris à l’égard des
créanciers internationaux.
« N’allez pas trop à gauche. »
• « Nous préserverons l’excédent
primaire aussi longtemps que
nécessaire pour éviter que la
dette n’augmente. »
60. • Promesse de maintenir les
engagements pris à l’égard des
créanciers internationaux. « N’allez
pas trop à gauche. »
• Exemple de la façon dont les
marchés financiers « apprivoisent »
la politique.
61. Moment « boule de
neige »
• Absence de financement extérieur
• Taux d’intérêt plus élevés (« coût de la dette »)
• Recettes insuffisantes
• Argent qui sort
• Une grande partie de la dette des PED
contractée non pas pour financer des projets,
mais pour financer la dette elle-même
63. À retenir
• Au cours des années 1970, de nombreux pays en développement ont emprunté
massivement auprès des pays centraux pour financer leurs projets de
développement.
• Cependant, au début des années 1980, les conditions économiques et politiques
mondiales ont changé, entraînant une forte hausse des taux d'intérêt et une
baisse des prix des matières premières.
• La fuite des capitaux a intensifié la crise, car les investisseurs et les déposants ont
commencé à retirer leurs fonds des pays touchés.
• Cette conjoncture a déclenché la crise de la dette et les politiques néolibérales de
« développement » (prochaine séance)
64. Prochaine séance
• Treillet, S. (ch. 5)
• Willis, K. (ch. 2)
• Pas obligatoire, mais intéressant : Berr et al., 2021. La dette publique:
précis d’économie citoyenne (ch. 1).