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- 1. CAHIER SPÉCIALEn partenariat avec Juillet 2016
C
Pourquoi les exoplanètes fascinent-elles tant ?
Les exoplanètes sont des planètes qui n’ap-
partiennentpasànotresystèmesolaire.Leur
détection même reste aujourd’hui extrê-
mement difficile car la plupart sont trop
éloignées et trop peu lumineuses pour que
nous puissions les observer directement. La
plupartdutemps,leurdécouvertetientplus
deladéductionquedel’observationàpropre-
mentparler,maisl’améliorationcontinuedes
moyens techniques permettent de réaliser
des progrès réguliers dans ce domaine, et
il y a fort à parier que nous en découvrirons
beaucoup plus dans les années à venir. Si
ellesexercentunetellefascinationsurnous,
c’est sans doute parce qu’elles portent en
elles le potentiel d’une vie extraterrestre :
« La recherche de lavie
progresse à pas de géant »
OBSERVATION.Professeuràl’universitéd’Aix-Marseille
etchercheuraulaboratoired’astrophysiquedeMarseille,
MagaliDeleuilrevientsurlesconditionsdel’apparition
delaviesurdesplanètessituéeshorsdenotresystème
solaire.Sommes-nousvraimentseulsdansl’univers?
50ansd’explorationspatiale
Silesextraterrestresneviennentpasànous,c’estnousquiironslestrouver.
Voilàplusieursdizainesd’annéesquelesscientifiquesutilisenttoutelatechnologiedisponible
pourtenterdesefaireentendredansl’espace.
si les conditions de la vie ont été réunies
sur Terre, pourquoi ne pas imaginer que les
mêmes phénomènes aient eu lieu ailleurs
dans l’univers? Il y a donc quelque chose
d’assez rassurant à imaginer que, quelque
part,d’autresformesdeviepuissentexister.
Cela nous fait nous sentir moins seuls dans
lecosmos.Maisentoutétatdecause,celava
bienaudelàduquestionnementscientifique.
Qu’allons-nous chercher sur ces planètes et
que peuvent-elles nous apprendre sur notre
bonne vieille Terre ?
D’un point de vue scientifique, l’enjeu est
d’en découvrir davantage sur les conditions
qui permettent l’apparition de la vie, pour
tenter d’en déduire comment elle a vule jour
Supplément réalisé pour Le Parisien et
Aujourd’hui en France par le service des
suppléments Rédaction en chef: Jean-
Louis Picot Fabrication: Amandine
Charbonnel © 20th Century Fox 2016 et
DR sauf mentions obligatoires.
1972
PIONEER,
VERSL’INFINI
ETAU-DELÀ
Le 3 mars 1972, la NASA lance
Pioneer 10. La sonde sera la
première à s’aventurer au-delà
du système solaire. Ce qui donne
au journaliste scientifique
Eric Burgess l’idée d’y apposer
une plaque qui indiquerait
sa provenance à un éventuel
extraterrestre qui la croiserait
au cours de son voyage. La
plaque représente notamment
un homme et une femme nus
ainsi que le système solaire.
Le dernier contact avec la sonde
a été établi en janvier 2003,
alors qu’elle se trouvait à plus
de 12 milliards de kilomètres
de la Terre.
1999
DESAPPELSVERS
LECOSMOS
Pour tenter d’établir le contact
avec d’autres civilisations,
certains préfèrent crier très
fort vers l’espace. C’est en
somme le concept du projet
Cosmic Call qui consistait a
envoyer une série de messages
vers quatre étoiles aux
caractéristiques proches du
soleil, à l’aide du radiotéléscope
d’Evpatoria, en Ukraine, dont
le diamètre atteint 70 mètres.
Les messages contenaient
des informations sur la Terre
et l’humanité. Un second envoi
a été réalisé en 2003 vers de
nouveaux astres. Les premiers
messages devraient arriver à
destination en 2036, tandis que
les plus lointains n’atteindront
leur but qu’en 2069. Pour une
éventuelle réponse, il va donc
falloir être très patient.
2012UNECURIOSITÉ
SURMARS
Ce sont des voisins très discrets.
Bien présents dans l’imaginaire
collectif, les Martiens n’ont
en revanche jamais donné signe
de vie. Des indices recueillis par
des sondes et robots laissent
pourtant à croire que de l’eau
aurait coulé sur la planète
rouge. En 2004, deux robots,
Spirit et Opportunity, se
posent sur Mars pour étudier
sa géologie. Ils ont été rejoints
le 6 août 2012 par Curiosity,
dont la principale mission est
de déterminer si la vie a pu
apparaître sur la planète dans
le passé. Les 13,23 kilomètres
parcourus jusqu’à aujourd’hui
lui ont effectivement permis de
découvrir notamment des traces
de lacs et de rivières. Ceux-ci
auraient toutefois disparu il
y a plusieurs milliards d’années.
1977
UNDISQUED’OR
PLANÉTAIRE
Toute notre civilisation résumée
sur un disque de 12 pouces.
Après Pioneer, c’est au tour
des sondes Voyager 1 et 2 de
s’adresser aux extraterrestres.
Chacune embarque donc un
disque plaqué or dans lequel est
gravée une sélection d’images
et des sons de notre planète,
ainsi que des salutations en
55 langues et une compilation
de 90 minutes de musiques
du monde entier. Aujourd’hui
encore, les Voyager Golden
Records poursuivent leur périple
sous l’œil des astronomes de
la NASA. Voyager 2 se trouve
à environ 16 milliards de
kilomètres de nous, alors que
Voyager 1 a désormais dépassé
les 20 milliards de kilomètres.
Desplanètes
vraiment
habitables?
Pour qu’une planète soit dite « habitable »
ou capable d’accueillir une forme de vie,
on considère que l’élément essentiel doit
être de l’eau, et de l’eau à l’état liquide
en surface. Il faut donc que la planète soit
située à une distance propice de son étoile,
et donc offrir une température comprise
entre 0 et 100 o
C. En fonction de la chaleur
de l’étoile, les candidates potentielles
pourront donc se trouver plus ou moins
loin de cette dernière. Dans le système
solaire, outre la Terre,Vénus et Mars
pourraient répondre à ces critères. Mais
il n’est pas suffisant : d’autres éléments,
comme la présence d’une atmosphère,
ou le niveau de rayonnement émis
par l’étoile, peuvent considérablement
modifier la donne, tout comme la masse
de la planète. Problème : les exoplanètes
susceptibles de correspondre à cette
description sont très éloignées de nous.
L’une des plus prometteuses, baptisée
Gliese 1214b, découverte en 2009, orbite
en effet à environ 40 années lumières
du Soleil, soit à 380 000 milliards de
kilomètres. Nous ne sommes donc pas
prêts d’aller plonger dans les eaux bleues
de cette lointaine voisine.
chez nous. Il faut bien comprendre que cette
étude est somme toute récente : la question
a beau fasciner depuis bien longtemps – les
philosophes grecs évoquaient déjà la pos-
sibilité de l’existence d’autres mondes – ce
n’est qu’en 1995 que l’on a découvert for-
mellement la première expolanète en orbite
autour d’une étoile semblable à notre Soleil.
Il faut bien comprendre qu’en astronomie,
on avance à mesure que les instruments de
mesure progressent.
Une forme de vie est-elle envisageable
sur l’une ou l’autre de ces planètes,
et comment la cherche-t-on ?
L’approche actuelle pour tenter de répondre
à cette question est basée sur le concept de
planète habitable. Mais pour ce qui est de
chercher d’autres formes de vie, les astro-
nomes tablent avant tout sur des marqueurs
d’activité, comme des émissions gazeuses,
ou encore la présence de saisons, qui pour-
raient indiquer une vie végétale en surface.
En l’espèce, l’erreur est souvent de cher-
cher des éléments qui nous ressemblent,
or l’histoire des sciences est remplie de
découvertes qui ont remis en cause des
certitudes établies.
On évoque souvent le chiffre de 40 milliards de
planètes dans notre galaxie. Combien d’entre
elles pourraient être habitables ?
Cechiffreestuneextrapolation.Aujourd’hui,
on connaît environ 3000 planètes hors de
notre système solaire. Parmi celles-ci, on
ne possède de mesures correctes que pour
environ quelques centaines. Pour d’autres,
soit on ne connait pas leur nature (rocheuse,
gazeuse), soit on doit encore confirmer qu’il
s’agit bien de planètes. Ce qui est impor-
tant, c’est de savoir qu’il y en a, et qu’on
est désormais capables de les détecter. En
revanche, l’accélération des performances
des instruments est impressionnante, et
laisseàpenserquenouspourrionsdécouvrir
des planètes comparables à la Terre d’ici
quelques dizaines d’années. Pour ce qui est
d’aller vérifier in situ en revanche, cela sera
probablement à jamais impossible.