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1
Volume 23, Série 2, Mars 2023
2
Editions Comerci, ‘Journal des Tendances de Management Africaines’
Directeur de Publication
Pr. Dr. Alain Ndedi
Secrétariat scientifique de rédaction :
Pr. Dr Emmanuel Innocents Edoun
Pr. Dr Paulin Mbecke
Pr. Dr. Francis Kemegue
Comité éditorial :
Dr. Nurudeen Oyekola, Global Confederation of Entrepreneurship Institutes
Dr. Bamidele Wale-Oshinowo, University of Lagos, Nigeria
Pr. Dr. Rose Ikelle, ESSEC, Université de Douala, Cameroun
Dr Jules Banaken, Banque de Développement des Etats de l'Afrique Centrale
Dr Pierre-Joubert Nguetse Tegoum, Ministère de l’économie et de la Planification,
Cameroun
Pr. Dr. Alain Ndedi, International Council for Family Business /Charisma
University
Pr. Dr. Francis Kemegue, Boston Insights and Analytics, USA
Pr. Dr Emmanuel Innocents Edoun, Université de Johannesburg /Tshwane
University of Technology, RSA
Pr. Dr Paulin Mbecke, Université du Moyen Lualaba, DRC
Dr Polycarpe Feussi, Université de Johannesburg, RSA
Pr Dr Essombe Edimo Jean Roger, Université de Yaoundé II-Soa, Cameroun
Pr Dr Tchouassi Gérard, Université de Yaoundé II-Soa, Cameroun
Pr Dr Thierry Levy Tadjine, Université Paris 8, France
Pr Dr Mantsie Rufin W., Université Marien Ngouabi, Congo Brazzaville
Dr Kok Lawrence, University of Johannesburg, RSA
Pr Dr Makosso Bethuel, Université Marien Ngouabi, Congo Brazzaville
Volume 23, Série 2, Mars 2023,
Email : manuscrit.tma@gmail.com
ISSN : 9597 9871
3
TABLES DES MATIERES
P. 5
PREFACE
P. 9-24
Analyse comparative des déterminants de la croissance économique entre les pays de
l’UEMOA et les BRICS
Dr ONGUENE ATEBA Julien Grégoire
Mr Abdoulaye BENGALY
P. 25-36
Analyse des impacts des crises sociales sur la gestion de l’école au Mali
Professeur NDEDI Alain,
Dr ONGUENE ATEBA Julien Grégoire
Mr Abdoulaye BENGALY
P. 37-58
L’analyse d’un modèle pour la transition des systèmes d’information à la performance
logistique
Professeur Jean BABEI
P. 59-89.
Analyse des flux de matières et d’énergie à l’ALUCAM et évaluation de la durabilité
environnementale et sociale dans la ville d’Edéa au Cameroun
Mr MOUTILA Beni Luc
P. 90-105
Les effets du conflit Russo-Ukrainien sur l’économie de la République Démocratique
du Congo
Professeur TCHOUASSI Gerard,
Mr GAHAMANYI NIYONZIMA Thomas,
Mr PIVA ASALAKO Prince,
4
5
PREFACE
A l’ère de la quatrième révolution industrielle et face à une effervescence de la
révolution numérique, et à l’arrivée de la génération Z dans le monde du travail, les
entreprises qu’elles soient africaines ou mondiales ne cessent de revoir et d’adapter
leurs modes de management pour attirer et répondre aux attentes de cette
nouvelle ère de conflit entre les pays de l’Otan d’un côté, et les pays qui restent du
pacte de Varsovie mené par la Russie de l’autre côté.
Plusieurs tendances de nos jours se bousculent et s’imposent aux managers des
entreprises de petites comme de grande taille. Le design thinking est l’une d’elle. Elle
offre la possibilité à l’entreprise de travailler de manière transversale en
responsabilisant les équipes et en valorisant leurs productions. Travailler ainsi permet
à tous les niveaux de l’entreprise d’impliquer tous les employés, de les inciter à
prendre des décisions et à proposer des concepts nouveaux et importants au sein de
l’entreprise. De plus, la connectivité permanente du Design Thinking permet de se
placer à la place des consommateurs afin de comprendre ses besoins et proposer de
manière intelligente, des solutions meilleures et innovantes. De manière pratique,
avec le Design Thinking, l’entreprise repense son business model en lançant un
processus d’innovation (innovation produit, innovation de rupture, innovation
incrémentale…).
A l’ère de la COVID 19, une autre tendance managériale appelée management
bienveillant a fait surface et tente à remettre le bien-être des salariés dans
l’environnement professionnel. Car, le bonheur des collaborateurs au travail
commence par une atmosphère positive et humaine. Les responsables au plus haut
niveau de l’entreprise devraient être à l’écoute des équipes inférieures pour instaurer
une réelle relation de confiance et de respect. Ils doivent comprendre leurs
collaborateurs et leur proposer des objectifs cohérents et atteignables par le biais
d’une bonne communication. De plus, il faut quand cela est nécessaire laisser le droit
à l’erreur et accorder des encouragements et félicitations aux intrapreneurs. En
instituant des solutions de management bienveillant, les équipes sont plus épanouies et
donc plus productives puisqu’elles ne sont ni stressées ni brusquées par un manager
offensif ; car l’employé est placé au cœur même de l’entreprise.
À l’origine, la méthode agile était utilisée par les développeurs et les ingénieurs pour
faciliter leur organisation en équipe. De nos jours, cette technique se déploie au
niveau des organisations et révolutionne le management. La méthode dite agile, est
une approche collaborative de la gestion de projet et se base sur des feedbacks
réguliers. Elle est appelée agile parce qu’elle permet de laisser place aux imprévus et
aux changements mais également de rendre autonome et de responsabiliser les
employés à tous les niveaux
Au niveau international, dans les tendances du management qui ont pignon sur rue,
nous retrouvons notamment la méthode Kanban qui est une résultante de
l’application de la méthode agile. La méthode Kanban qui est une résultante de
l’application de la méthode agile, a largement fait ses preuves et montrée son apport
de valeurs aux projets. Cette méthode prône un système visuel principalement connu
6
pour sa représentation en tableau de gestion de l’avancement des tâches. Elle
consiste à découper un projet en plusieurs tâches et à chaque acteur d’en suivre son
évolution. Elle peut être utilisée pour installer une nouvelle organisation ou bien pour
un projet spécifique au travail.
Cependant, il ne faut pas confondre faire de l’agile (appliquer les méthodes comme
celle de Kanban par exemple) et être agile (valeurs, état d’esprit…). En effet, faire de
l’agile est relativement simple, il suffit de choisir une méthode et de l’appliquer tout
bêtement. Quant au terme être agile, lui signifie que tous les acteurs sont engagés et
comprennent l’intention derrière chaque rôle. Être agile est essentiellement
un changement de comportement individuel et collectif encore mindset change. Un
changement d’habitude et de culture ne se fait qu’en ancrant de nouvelles méthodes
et s’avère donc bien plus long que de faire de l’agile.
En général, faire évoluer ses habitudes managériales n’est pas une démarche
évidente. Néanmoins, il est conseillé d’apporter de nouvelles pratiques visant à
mettre un terme à la routine professionnelle. Ces innovations managériales sont de
véritables enjeux stratégiques et apportent un regain d’énergie et du renouveau dans
l’engagement et la productivité des équipes. Le manager pourra proposer à ses
collaborateurs de toutes les échelles que ce soit aux nouvelles formes de management
pour recréer du lien entre les différentes couches de l’entreprise. Les explications
relatives à la quête de la modernité entrepreneuriale interne seront nécessaire. À
travers cette démarche, les managers montrent leur capacité d’empathie et de
proximité avec leurs collaborateurs.
Les tendances du management en cet ère de la COVID 19 ne se limitent pas à des
postures mentionnées plus haut. Il existe également de nombreuses autres méthodes
pour apporter motivation et bien-être aux employés. Le télétravail, les horaires
aménagés ou encore un espace de travail chaleureux booste la performance des
équipes. Les managers feront attention à ne pas changer le management interne sans
une analyse profonde de l’entreprise ; mais il faudra envisager un changement
progressif pour laisser le temps aux employés de comprendre et de s’impliquer aux
projets.
En cette année 2023, le volume 23, la série 2 aborde des sujets variés qui affectent
les organisations africaines dans leur ensemble.
L’article du Dr ONGUENE ATEBA Julien Grégoire et de Mr
Abdoulaye BENGALY s’intéressent à l’analyse comparative de quelques
déterminants de la croissance économique dans les pays de l’UEMOA et dans les
pays à forte croissance appelés ici BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du
Sud) afin de proposer des mesures de politiques économiques pour la relance de la
croissance dans les Etats de l’UEMOA. Pour y arriver, les auteurs utilisent les
données de la Banque Mondiale sur cinq pays à forte croissance du BRICS et sept
pays de l’UEMOA couvrant la période 1980-2013. A partir de l’estimateur DOLS
(Dynamic Ordinary Least Squares), ils montrent que l’investissement, les flux nets
d’IDE et le capital humain influencent positivement la croissance économique des
7
pays à forte croissance. La recommandation retenue est que des mesures de
politiques économiques des pays de l’UEMOA doivent être axées sur une bonne
gouvernance afin d’attirer, aussi bien, les investisseurs nationaux qu’étrangers dans
les pays de la sous-région.
Le second article conjointement écrit par Professeur Alain NDEDI, Dr
ONGUENE ATEBA Julien Grégoire et Mr Abdoulaye BENGALY fait état des
variations des crises scolaires au Mali allant de l’époque coloniale à la dernière
république (démocratique). L’article basé sur une étude a été réalisée suite à un travail
de recherche documentaire complété par un questionnaire et des interviews auprès
des acteurs soit respectivement 10 et 420 personnes pour des besoins d’analyses
qualitatives et quantitatives. Ils sont 42 % et 31 % à être respectivement non satisfaits
et pas du tout satisfaits de la gestion de ces crises. Néanmoins, les personnes
interviewées prônent à l’unanimité le dialogue et sont 83% et 81 % à suggérer
respectivement l’écoute attentive des inquiétudes d’acteurs et leur responsabilisation
dans la gestion des crises scolaires.
L’article du professeur Jean BABEI aborde l’analyse d’un modèle indiqué pour la
transition des systèmes d’information à la performance logistique. En effet, le
contexte de la distribution des produits tangibles est aujourd’hui marqué par de fortes
exigences, de plus en plus accrues des clients, pour des solutions logistiques. Les
logisticiens se trouvent alors dans l’obligation de réviser leurs modes et outils de
gestion, afin de passer de la logique de flux poussés à celle de flux tirés par la demande
des clients. Cette préoccupation est accentuée par le contexte de la pandémie au
Corona virus. Dès lors, ce changement de vision peut être accompagné par l’adoption
des systèmes d’information capables d’influencer positivement la performance
logistique globale. Cet article construit un modèle qui décrit des caractéristiques d’un
SI doté d’un potentiel de performance pour un système logistique. Au plan
méthodologique une exploration documentaire est conduite. Elle débouche d’une
part sur la construction du modèle annoncé. Et d’autre part, sur une discussion dudit
modèle et des perspectives qu’il offre dans l’évaluation de la performance.
L’article de Mr Moutila Beni Luc aborde le problème de l’industrie d’aluminium
avec des implications néfastes sur les composantes biophysiques du territoire, mais
aussi sur des espaces anthropisés et en particulier la santé des populations. L’industrie
d’aluminium est tributaire de fortes quantités d’énergie mais aussi d’un flux important
de matières. Le travail de recherche proposé par l’auteur utilise une approche
transdisciplinaire et une méthodologie intégrée à l’effet d’évaluer les risques
écologiques et sanitaires liés à l’industrie d’aluminium dans la ville d’Edéa au
Cameroun. L’objectif de cet article consiste à qualifier et à quantifier les flux de
matières et d’énergie au sein de la compagnie camerounaise d’aluminium (ALUCAM)
et d’évaluer les performances environnementales et sociales de cette aluminerie située
au cœur d’une zone humide fluviale. Les auteurs ont cherché en effet à comprendre
8
si les flux entrants et sortants dans le système productif d’ALUCAM répondent à
l’impératif de rationalité écologique et sociale dans la ville d’Edéa. Pour ce faire, les
auteurs ont mobilisé une démarche transdisciplinaire ainsi que des modèles de pensée
hétérogènes mettant en scène entre autres approches, l’écologie industrielle et
territoriale, le management environnemental, et l’économie. Des indicateurs et des
outils méthodologiques tels que l’analyse des données en l’occurrence le Système
d’Information Géographique (SIG) et l’Analyse en Composantes Principales (ACP)
ont été mis à contribution afin de rendre compte de la complexité des phénomènes
étudiés. Il résulte des études qualitatives et des analyses de laboratoire qu’en optant
pour l’adoption des normes ISO et l’intégration des préoccupations
environnementales et sociales dans ses activités et ses relations avec les parties
prenantes sur une base volontaire. Les résultats montrent que la société ALUCAM a
réussi à réduire de manière substantielle ses rejets atmosphériques, notamment ses
émissions fluorées en direction des composantes biophysiques (air, eaux de surface,
eaux souterraines), maitrisant de fait les risques écologiques et sanitaires à un niveau
acceptable dans la ville d’Edéa.
L'article des contributeurs qui sont Professeur Tchouassi Gerard, Mr Gahamanyi
Niyonzima Thomas, et Mr Piva Asalako Prince a pour objectif d’analyser les
impacts socio-économiques de la guerre Russo-Ukrainienne pour le cas de la RDC
(République démocratique du Congo) et de repérer les canaux de transmission de ces
chocs. La contribution s’intéresse à étudier et expliciter les impacts de cette guerre
dans les différents secteurs de l’économie congolaise. Il en ressort que la variation du
prix des matières premières est le principal canal de transmission du choc résultant
de cette tension notamment le pétrole à travers une dégradation de la balance de
paiement et une inflation dans le secteur de l’énergie et du transport des
marchandises qui reste dépendant du pétrole. L’article montre en réponse à la
pandémie, la diversification des sources d’importation des biens et produits de base
essentiels tels que l’énergie et les denrées alimentaires a semblé intéressante à court
terme tout en renforçant le commerce intra-africain. En plus de ce qui précède, les
changements des habitudes alimentaires en adoptant les goûts des consommateurs
et ou ménages aux produits locaux substituts parfait aux importations russes ou
ukrainiennes sont envisagées. L’article révèle que à plus long terme, la transition
énergétique n’est plus une option mais une nécessité car le pays dispose du potentiel
nécessaire dans ce domaine. Néanmoins, l’article relève une limite, la nécessité des
capitaux assez importants.
Au nom du comité éditorial, mes sincères remerciements à tous les contributeurs et à leurs
institutions respectives, et une bonne lecture à tous.
Nous vous remercions de bien vouloir envoyer vos contributions au plus tard le 28 Avril
2023 et commentaires par courriel aux adresses suivantes: ndediaa@gmail.com et
manuscrit.tma@gmail.com (secrétariat)
Prof. Dr. Alain Ndedi
9
Analyse comparative des déterminants de la croissance économique entre les
pays de l’UEMOA et les BRICS
Dr ONGUENE ATEBA Julien Grégoire
Economiste, Logisticien des transports / Expert en Douane et Transit
Enseignant vacataire à l’Université de Bertoua et de Douala
Tel : (237) 699 260 367 / (237) 676 531 537
E-mail: alandesstyles2016@gmail.com
Mr Abdoulaye BENGALY
Doctorant à l’Institut de Pédagogie, Universitaire (IPU)
Faculté des Sciences Economiques et de Gestion (FSEG)
Centre Universitaire de Recherche Economique et Sociale (CURES), Bamako-Mali
Email : bembus130@yahoo.fr
Cite l’article : Onguene Ateba, J. G. et Bengaly, A. (2023), Analyse comparative des
déterminants de la croissance économique entre les pays de l’UEMOA et les BRICS.
Journal des Tendances de Management Africaines, Volume 23, Série 2, Mars 2023. Pp 9-24.
RESUME
Le présent papier s’intéresse à l’analyse comparative de quelques déterminants de la
croissance économique dans les pays de l’UEMOA et dans les pays à forte croissance.
L’objectif de cette étude vise à proposer des mesures de politiques économiques pour
la relance de la croissance dans les Etats de l’UEMOA. Pour ce fait, l’étude utilise
des données secondaires de la Banque Mondiale de cinq pays à forte croissance sous
l’acronyme BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et sept pays de
l’UEMOA couvrant la période 1980-2013. A partir de l’estimateur DOLS (Dynamic
Ordinary Least Squares), l’étude montre que l’investissement, les flux nets d’IDE et
le capital humain influencent positivement la croissance économique des pays à forte
croissance. Ainsi, des mesures de politiques économiques devront être axées sur une
bonne gouvernance afin d’attirer, aussi bien, les investisseurs nationaux qu’étrangers
dans les pays de l’UEMOA.
Mots Clés : Croissance économique, UEMOA, BRICS, DOLS.
ABSTRACT
This paper focuses on the comparative analysis of some determinants of economic
growth in WAEMU countries and in high-growth countries. The overall objective is
to propose economic policy measures for the revival of growth in the 7 WAEMU
states. In order to achieve the above, the study uses secondary from the World Bank
of the five high-growth countries known as BRICS (Brazil, Russia, India, China and
South Africa) and seven WAEMU countries covering the period 1980-2013. Using
the DOLS (Dynamic Ordinary Least Squares) estimator, the research show that
10
investment, net FDI flows and human capital positively influence economic growth
in high-growth countries. Thus, economic policy measures within WAEMU should
focus on good governance in order to attract both domestic and foreign investors to
WAEMU countries.
Keywords : economic growth, WAEMU, BRICS, DOLS.
INTRODUCTION
Depuis 1980, les pays de l’Est asiatique se sont lancés dans l’industrialisation au
moyen d’une base agricole hautement productive (Peter et Somsak, 1992). Ainsi les
pays tels que le Japon, la Corée du Sud et la Taïwan se sont tous lancés dans une
réforme agraire et ont investi dans l’infrastructure rurale ainsi que dans les aspects
organisationnels et institutionnels du développement rural afin de financer
l’industrialisation (Peter et Somsak, 1992). Aujourd’hui ces pays, anciennement
pauvres, suscitent l’attention de tous et se démarquent de la masse des nations sous-
développées de par leurs performances tant économiques que sociales. Au niveau
économique, le développement des BRICS (Brésil-Russie-Inde-Chine-Afrique du
Sud) est indéniable, et la vitesse à laquelle ils progressent, spectaculaire. En effet,
entre 2000 et 2010, ces pays ont connu des taux de croissance nettement supérieurs
à ceux des pays développés : le Brésil (3,7%), l’Inde (8%), la Chine (10,8%) et
l’Afrique du Sud (3,9%) contre 1,6% pour les pays développés (CNUCED, 2012).
Les BRICS occupent désormais une place très importante dans l’économie mondiale.
Ils représentent 26% du PIB (en $ Parité du Pouvoir d’Achat (PPA)) mondial en
2012 contre 10% en 1990 (FMI, 2013). Les performances économiques réalisées par
les BRICS ont contribué à l’amélioration du niveau et de la qualité de vie de leur
population1
.
Par contre, les pays africains, en particulier ceux de l’UEMOA sont restés à la traine.
Ils éprouvent encore des difficultés à réaliser des taux de croissance élevés et de façon
durable malgré les efforts pour améliorer le cadre macroéconomique. Les taux de
croissance dans ces pays demeurent volatiles et largement en deçà des niveaux requis
pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (6%). La pauvreté,
le chômage et l’insécurité alimentaire sévissent encore dans ces pays. Les pays de
l’UEMOA font partie des cinquante (50) derniers pays selon le classement de l’Indice
de Développement Humain (IDH) de 2013 réalisé par le PNUD. L’agriculture
faiblement mécanisée, constitue le seul secteur clé de leurs économies, lesquelles
demeurent très vulnérables aux chocs exogènes et aux aléas climatiques. Les
exportations de ces pays sont peu diversifiées et sont essentiellement composées de
produits agricoles (cacao, café, coton, noix de cajou, les fruits etc.). Soucieux de cet
état de chose, les organisations sous régionales telles la Communauté Economique
et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) et l’UEMOA ont demandé aux
différents Etats-membres de s’engager dans la voie pour l’atteinte d’une forte
croissance. Ainsi, l’année 2025 a été retenue comme une date limite.
1 En effet, en Chine, quatre personnes sur cinq vivaient en-dessous du seuil de pauvreté en 1990 contre
une personne sur cinq en 2010 (Banque Mondiale).
11
Au-delà des différences de cultures et de dotations de ressources initiales qui peuvent
rendre les comparaisons moins pertinentes, existent des facteurs économiques clés
dont l’évolution caractérise l’émergence. Il est donc opportun d’analyser les facteurs
explicatifs de la croissance des pays à forte croissance (les BRICS) afin d’aider ceux
de l’UEMOA dans la mise en œuvre de leurs politiques de marche vers une
croissance équilibrée et soutenue. Ceci nous amène à nous poser les questions
suivantes: Comment expliquer le dynamisme économique des BRICS ? En d’autres
termes, qu’est-ce qui explique cette croissance rapide et soutenue de ces pays ?
Comment expliquer l’écart de croissance entre les BRICS et les pays de l’UEMOA ?
Cette étude se propose donc de ressortir les facteurs explicatifs de la croissance dans
les pays tels que les BRICS afin de proposer des mesures de relance dans les pays de
l’UEMOA dans une perspective de marche vers l’émergence. Plus spécifiquement, il
s’agit d’une part, d’identifier les sources de croissance dans les BRICS et dans
l’UEMOA et d’autre part, de faire une analyse comparative des facteurs explicatifs
de la croissance afin d’expliquer le différentiel de trajectoire entre les deux groupes.
1. REVUE DE LITTERATURE
La présente rubrique fait la synthèse des études empiriques ayant montré que
l’ouverture commerciale et les IDE (Investissements Directs Etrangers) constituent
des déterminants de la croissance. Plusieurs raisons motivent le choix de ces deux
déterminants. En effet, les développements théoriques récents soutiennent que le
modèle standard de la croissance économique nécessite d’être enrichi par
l’introduction d’autres facteurs susceptibles d’expliquer les variations de l’output
agrégé.
La littérature existante s’est souvent focalisée sur l’impact isolé du commerce
extérieur et de l’investissement direct étranger sur la croissance économique. Les
études récentes utilisent la théorie de croissance endogène en vue d’explorer les
relations entre le commerce extérieur, les IDE et la croissance. Elles suggèrent qu’un
environnement commercial orienté vers l’exportation pourrait être un catalyseur de
l’attraction des IDE pendant que le commerce extérieur et les IDE contribuent tous
les deux à la croissance (Nath, 2004). Les effets expansifs des IDE sur la croissance
pourraient être plus substantiels dans les pays à régime commercial plus libéralisé
(Mansouri, 2009). Un régime commercial libéral pourrait, vraisemblablement, créer
un environnement propice à l’apprentissage ; accompagnant ainsi le capital humain
et les nouvelles technologies dues aux IDE. En outre, l’ouverture commerciale assure
l’accès à de vastes marchés, permettant ainsi d’attirer plus d’IDE. Dès lors, ces études
semblent suggérer que les IDE et le commerce extérieur interagissent dans la
direction d’une croissance économique forte. Cependant, la nature d’une telle
interaction et son effet sur la croissance dans divers pays sont largement des
questions d’ordre empirique (Nath, 2004; Gabor, 2004; Cernat et Vranceanu, 2002).
Les IDE permettent aux pays d’accueil de réaliser des niveaux d’investissement
supérieurs aux niveaux de l’épargne domestique. Mieux, l’IDE est un canal majeur
du transfert de la technologie moderne et de l’innovation. L’impact positif des IDE
12
sur la croissance dépend néanmoins de la nature du régime de politique commerciale
mis en place (Kohpaiboon, 2004). Le point de départ de l’analyse dans ce cadre est
la fameuse ‘hypothèse de Bhagwati’ (Bhagwati, 1973, 1994), hypothèse selon laquelle
les gains issus des IDE seraient probablement faibles et même négatifs dans le
contexte d’un régime commercial de substitution aux importations en comparaison
avec un régime de politique commerciale orientée vers la promotion des exportations
(Kohpaiboon, 2004). Les IDE peuvent même avoir des effets adverses sur la
croissance dans un environnement de restriction commerciale (De Melo, 1999;
Lipsey, 2000).
Des études récentes sur l’impact interactif du commerce extérieur et des IDE ont
souvent utilisé des analyses trans-pays (cross-country analysis) avec toutes leurs
limites comme techniques quantitatives. Le besoin se fait donc plus pressant pour
des analyses systématiques de séries temporelles axées sur les expériences spécifiques
des pays en vue d’enrichir notre connaissance2
En étudiant l’impact interactif du commerce extérieur et des IDE (Investissements
Directs Etrangers) sur la croissance économique à travers des analyses de séries
chronologiques, il importe de chercher à savoir comment un régime commercial
régional fonctionne et comment une zone de libre-échange affecte les flux des IDE
(Worth, 2004). Un régime de libre-échange régional qui vise à réaliser la neutralité en
termes d’incitations, pourrait être supérieure à un régime entaché de restriction des
échanges, notamment en permettant de glaner des gains à partir des IDE. Dans un
tel système commercial libéralisé, les IDE peuvent opérer dans un environnement
relativement libéré des distorsions. Ceci génère également une expansion de l’output
dans les lignes de produits internationalement compétitives et orientées vers
l’exportation. En plus, la production des firmes dans un régime de promotion des
exportations ne serait pas limitée par la taille du marché intérieur et il serait possible
de réaliser des économies d’échelle à travers le renforcement de la pénétration des
marchés internationaux (Kohpaiboon, 2004; Nath, 2004). Les IDE constituent
également un important canal de propagation de la recherche et développement
(R&D), y compris le développement du capital, des pays développés vers ceux en
voie de développement (Grossman et Helpman, 1991). Les IDE pourraient
probablement générer des propagations technologiques vers les pays d’accueil de
plusieurs façons, notamment à travers la formation du staff local, l’amélioration des
standards de production des firmes situées en amont et en aval du tissu industriel et
le renforcement des capacités concurrentielles des entrepreneurs locaux. En outre,
l’association des investisseurs étrangers à l’effort de production peut générer des
effets de démonstration au profit des firmes locales, en particulier sur le plan des
choix technologiques, des pratiques managériales, etc. (Kohpaiboon, 2004; Worth,
2004; Nath, 2004). Or, les propagations technologiques favorables exigent un climat
d’investissement propice qui est lui-même associé à la libéralisation commerciale.
Dans une zone commerciale plus libéralisée, les IDE peuvent générer des effets de
propagation favorables parce que, dans une telle situation, les IDE sont
2
(Kohpaiboon, 2004:3).
13
majoritairement attirés vers des industries où le pays d’accueil dispose d’un avantage
comparatif. Les firmes locales peuvent profiter d’un grand potentiel pour se mesurer
aux firmes étrangères et réaliser ainsi des améliorations de productivité.
Les études empiriques analysant l’impact de l’ouverture commerciale et des IDE sur
la croissance économique estiment l’effet isolé des deux variables. La présente étude
se propose de prendre en considération leur impact interactif, en plus de l’estimation
de l’effet isolé. L’impact des IDE sur la croissance économique dépendrait
probablement du régime commercial adopté. Les pays où le régime commercial est
libéral pourraient réaliser de meilleures performances en matière d’attraction des IDE
et de leur utilisation comme catalyseur de la croissance économique3
. De plus,
l’ouverture commerciale pourrait renforcer l’accès à des marchés plus vastes et
pourrait vraisemblablement, dès lors, aider à attirer plus d’IDE. Dans un contexte de
libéralisation commerciale, les IDE pourraient contribuer fortement au transfert de
la technologie moderne et de l’innovation des pays développés vers ceux en voie de
développement et, par conséquent, pourraient booster les transactions commerciales
et renforcer la croissance économique.
2. METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
Nous partons du modèle de croissance néoclassique standard afin d’étudier
empiriquement les déterminants de la croissance :
Y = f (A, L, K) (1)
Où Y désigne le PIB réel, A la productivité totale des facteurs de production, L et K
désignent respectivement le volume du travail et le stock de capital.
Le facteur A capte la productivité totale des facteurs lorsqu’on ne prend pas en
considération la croissance des deux inputs de production (L et K). Suivant la
nouvelle théorie de croissance endogène, A est déterminé de façon endogène par les
facteurs économiques. Etant donné que les données disponibles sur les IDE ne
captent pas pleinement l’investissement additionnel dû aux firmes étrangères (Lipsey,
2001; Kahpaiboon, 2004), il ne sera pas possible de séparer les composantes locales
et étrangères de l’investissement domestique global. Néanmoins, en suivant
Mansouri (2009), nous supposons que l’impact des IDE sur la croissance
économique peut se matérialiser à travers la productivité totale des facteurs (A). Sur
la base de l’hypothèse de Bhagwati, il semble aussi raisonnable de supposer que
l’impact des IDE sur A dépendrait du régime de politique commerciale mis en place.
Dès lors, une variable proxy pour l’ouverture commerciale (OC) peut être introduit
dans l’équation :
3 Un régime commercial libéral pourrait créer un climat d’investissement générateur d’apprentissage et
allant en symbiose avec le capital humain et les nouvelles technologies insufflées par les IDE.
14
A = g (IDE, IDE * OC) (2)
En substituant (2) dans (1) nous obtenons :
Y = g (IDE, IDE * OC, L, K) (3)
Pour tenir compte de l’impact isolé de l’ouverture commerciale sur la croissance
économique, nous introduisons OC comme variable explicative. Nous obtenons
alors le modèle suivant :
Y = g (IDE, OC, IDE * OC, L,
K)
(4)
Dans le modèle (4), les variables sont mesurées de la façon suivante :
Y est mesuré par le PIB par tête à prix constant ; c’est-à-dire le PIB nominal divisé
par le déflateur du PIB, le tout rapporté à l’effectif total de la population,
IDE est la valeur brute des flux des investissements directs étrangers. Il est mesuré,
dans cette étude, par les entrées nettes (en % du PIB),
OC est la somme des exportations et des importations des marchandises en
proportion du PIB.
L’interaction entre les IDE et le commerce extérieur est estimée par le produit des
variables IDE (en proportion du PIB) et OC (c’est-à-dire l’interaction à partir du
produit (IDE / PIB) * OC)
L est mesuré, dans cette étude, par l’effectif de la population de 15-64 ans en
pourcentage de la population totale Compte tenu du fait que le stock de capital n’est
pas directement disponible pour les différents pays concernés par la présente étude,
le facteur K a été approximé par la valeur de la formation brute du capital fixe en
pourcentage du PIB (soit FBCF). Ce proxy du stock de capital a été utilisé dans
plusieurs études (voir par exemple, Barro, 1999; Balasubramanyam et al, 1996;
Kahpaiboon, 2004).
Le modèle final se présente alors comme suit :
(5)
Où i désigne la dimension individuelle (pays) et t la dimension temporelle.
Afin de prendre en compte l’influence des caractéristiques non observables et de
pouvoir contrôler l’hétérogénéité individuelle et/ou temporelle, nous régressons
l’équation (5) en données de panel. Le modèle (5) peut alors s’écrire :
15
(6)
Avec
Où λi est l’effet fixe ou le facteur d’hétérogénéité des pays (il prend en compte tous
les facteurs non observés, constants dans le temps et qui ont un impact sur le PIB).
νt est l’effet spécifique temporel, et ℮i,t le terme d’erreur qui prend en compte les
facteurs non observés qui varient dans le temps.
2.1. Procédure d’estimation
La procédure d’estimation se fera en trois étapes. D’abord, nous vérifions la
stationnarité des séries, ensuite nous faisons un test de cointégration pour approuver
l’existence d’une relation de long terme et enfin, nous procédons à l’estimation de
cette relation.
2.2. Etude de la stationnarité
Nous suivons Banerjee et Zanghieri (2003), Araujo et alii (2004) et Hurlin et Mignon
(2005) pour présenter de manière brève les tests de racine unitaire. Dans notre étude,
nous proposons des tests de 1ère génération4
.
L’hypothèse nulle des tests de 1ère génération repose sur la notion d’indépendance
entre les individus du panel. Nous présentons les tests de Levin, Lin et Chu (2002),
d’Im, Pesaran et Shin (2003) et Maddala et Wu (1999) dont la spécificité repose sur
l’hypothèse nulle de stationnarité.
Considérons une série x composée de N individus sur T périodes. Supposons que la
série.
Xi,t, avec i = 1,...,N= et t=1,…, T, repose sur une représentation générale du type
ADF : Δxit = αi + βit + Pixit-1 + µi,t
Les termes d’erreur µi,t sont indépendants dans la dimension individuelle. αi
représente la spécificité individuelle constante dans le temps qui est ici captée par un
effet fixe et βi représente les tendances déterministes propres à chaque individu. Cette
représentation équivaut au modèle 3 des tests ADF. L’hypothèse nulle de non
stationnarité (Ho) s’exprime comme suit :
H0 : Pi = 0, ∀i (7)
Mais c’est l’hypothèse alternative (Ha) qui va différer selon le test utilisé.
Levin, Lin et Chu (2002) considèrent que les termes iρ sont homogènes entre les
individus. Ainsi :
H0 : Pi = P < 0, ∀i (8)
4
Les tests de racine unitaire en panel sont inspirés des tests ADF en séries temporelles.
16
Ils supposent ainsi que toute hétérogénéité interindividuelle est captée par les effets
fixes. Im, Pesaran et Shin (2003) remettent en cause cette hypothèse d’homogénéité
de la racine autorégressive qui semble peu pertinente, notamment pour les études sur
données macroéconomiques.
Il existe dans la littérature plusieurs tests de racine unitaire sur données de panel.
Dans cette étude, nous présenterons les plus utilisés à savoir les tests d’Im, Pesaran
et Shin (2003), Levin, Lin et Chu (2002) et Maddala et Wu (1999), qui sont des
extensions des tests ADF au panel.
Le test de Levin, Lin et Chu est construit à partir du modèle de type Dickey-Fuller
Augmenté (ADF) suivant :
Δyi,t = Pyi,t-1 + ∑ Ƴ
𝑝𝑖
𝑠=1 i,sΔyi,t-s + X‘i,t δ + µi,t (9)
Où µi,t est i.i.d. (0, σ2
µ,i), Xi,t représente les variables exogènes du modèle et inclu tout
effet individuel ou temporel et ρ un coefficient autorégressif. Etant donné que l’ordre
des retards pi permettant de purger l’autocorrélation des résidus est a priori inconnu,
Levin, Lin et Chu proposent une procédure de test en trois étapes applicable dans
chacun des modèles 1, 2 et 3.
L’hypothèse nulle testée par Levin, Lin et Chu (2002) est une hypothèse jointe de
racine unitaire et d’absence d’effets fixes, c’est-à-dire la présence de racine unitaire
commune à tous les individus, contre la stationnarité de toutes les séries. Sous
l’hypothèse nulle la t-stat suit une distribution limite normale. Mais, l’hypothèse
alternative présente un caractère homogène de la racine autorégressive en postulant
l’hypothèse alternative suivante :
Ha : Pi < 0, i = 1,…, N1 et Pi = 0,i = N1 + 1,…, N (10)
Dans ce test, cohabitent deux types d’individus : les individus i = 1,…,N1 pour
lesquels la variable xi,t est stationnaire et les individus i = N1 + 1,…,N pour lesquels
la variable xi,t est non stationnaire.
Dès lors, le test de Im, Pesaran et Shin (2003) se présente comme une combinaison
de tests indépendants de racine unitaire (Araujo et alii, 2004). La statistique du test
IPS (Im, Pesaran et Shin) est une moyenne de statistique ADF de chaque individu i
du panel. Elle se définit comme suit :
𝑡
̅ =
1
𝑁
∑ 𝑡
𝑁
1 i (11)
Où ti est la statistique de Student associée à l’individu i.
17
Si le test IPS est une avancée par rapport à celui de LLC, il a cependant deux
principales limites : le panel doit être cylindré et le nombre de retards pour
administrer chaque test ADF ne doit pas être différent entre les séries.
2.3. Test de cointégration
La littérature sur les tests de cointégration en panel est récente. Elle s’est développée
autour de deux tests fondamentaux : le test de Pedroni (1999) et celui de Kao (1999).
Aussi, ces deux tests sont les plus utilisés dans les recherches empiriques. Leur
hypothèse nulle est identique. Il s’agit de l’absence de cointégration entre les variables
considérées. L’hypothèse alternative quant à elle diffère. Notons que ces tests
supposent tous l’absence de dynamiques interindividuelles, et testent donc l’existence
de relations de cointégration intra-individuelles. Ils reposent sur une relation de long
terme du type :
Yi,t = αi + ∑ 𝛽
𝑀
𝐾=1
k
i,t Xk
i,t + εi,t (12)
Avec i = 1,…, N ; t = 1,…., T et m = 1,…, M et
Pour i = j et 0 sinon.
Pedroni (1999) et Kao (1999) testent la stationnarité des résidus de la relation de long
terme de façon analogue aux tests d’Engle et Granger.
(13)
L’hypothèse nulle testée correspond alors à l’absence de relation de cointégration,
Soit :
(14)
Pedroni présente sept tests statistiques pour tester l’hypothèse nulle. Dans ces sept
tests, quatre sont basés sur la dimension within (intra) et trois sur la dimension
between (inter). La distinction entre ces deux catégories de tests se fait au niveau de
l’hypothèse alternative :
Les tests de Kao (1999) sont des tests du type ADF de stationnarité des résidus de la
relation de cointégration; mais qui supposent des vecteurs de cointégration
homogènes selon les individus. L’hypothèse nulle testée dans ce test est l’absence de
cointégration.
Au cas où les variables du modèle seraient intégrées du même ordre, et qu’on
passerait au stade des tests de cointégration, si ces tests concluent que le PIB par
habitant et les variables explicatives du modèle entretiennent une relation de long
terme, il sera alors pertinent d’envisager de recourir au moindre carré dynamique
18
(DOLS) pour mettre en évidence les relations de court terme et de long terme entre
le PIB par habitant et les variables explicatives. Dans le cas contraire, la méthode
d’estimation la plus robuste pour estimer notre modèle tel que spécifié est la méthode
des moments généralisés (GMM).
2.4. Source de données
Les données utilisées dans cette étude proviennent principalement de la base des
indicateurs de développement (World Development Indicators) de la Banque
Mondiale (2013). Elles ont une dimension annuelle et couvrent la période 1980-2013.
Notre analyse sera menée sur deux groupes de pays, le premier est composé des pays
émergents (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) et le second des pays de
l’UEMOA (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Niger, Sénégal, Togo). Le
manque de séries longues pour la Guinée-Bissau est la principale raison de son
exclusion de notre échantillon.
3. PRESENTATION ET DISCUSSION DES RESULTATS
Cette rubrique analyse la relation entre le PIB par habitant, les entrées nettes de
l’investissement direct étranger, la formation brute de capital fixe, la population âgée
de 15-64 ans, l’ouverture commerciale et l’interaction entre les flux nets d’IDE et
l’ouverture commerciale. Nous testons l’existence d’une relation de long terme entre
les différentes variables. Ensuite, nous estimons cette relation de long terme.
3.1. Résultats du test de cointégration de Pedroni
Comme le montrent les résultats du tableau 2, le test de cointégration de Pedroni
révèle que les cinq variables non stationnaires en niveaux (c’est-à-dire lpib, ide, fbcf,
ideouv, poptravail) entretiennent une relation de long terme dans les pays de l’UEMOA
et dans les BRICS. Ainsi, nous utilisons l’estimateur des moindres carrés dynamiques
(DOLS) pour l’estimation de ces relations de long terme.
Tableau 1 : Résultats du test de cointégration de Pedroni dans l’UEMOA et dans le
BRICS
UEMOA
V-statistic Rho-statistic PP-statistic ADF-statistic
Stat P-value Stat P-value Stat P-value Stat P-value
Panel statistics -1,128 0,870 -2,557 0,005 -8,103 0,000 -4,899 0,000
Group statistics - - -1,901 0,029 -8,986 0,000 -4,633 0,000
BRICS
V-statistic Rho-statistic PP-statistic ADF-statistic
Stat P-value Stat P-value Stat P-value Stat P-value
19
Panel statistics 2,074 0,981 1,172 0,879 -1,658 0,049 -3,757 0,000
Group statistics - - 1,862 0,969 0,413 0,660 0,541 0,706
Source : WDI 2013, estimation de l’auteur
3.2. Résultats sur panel dynamique
La méthodologie d’estimation est celle des moindres carrés dynamiques (DOLS). Les
résultats de cette estimation sont présentés dans le tableau 2.
Tableau 2 : Estimation de la relation de long terme dans les BRICS et dans
l’UEMOA
BRICS
Variables Coefficient Probabilité
Ideouv -0,009 0,747
Ide 0,024 0,059
Fbcf 0,012 0,000
Ouv -0,133 0,023
Poptravail 0,056 0,000
UEMOA
Variables Coefficient Probabilité
Ideouv -0,0002 0,507
Ide 0,023 0,289
fbcf 0,181 0,000
ouv -0,001 0,402
poptravail 2,176 0,034
Source : WDI 2013, estimation de l’auteur
Les résultats obtenus sont conformes à l’enseignement de notre analyse théorique.
En effet, l’estimation de la relation de long terme montre que le signe du coefficient
20
relatif à l’investissement est positif et significatif au seuil de 1% dans les deux groupes
de pays. Par conséquent, nos résultats empiriques valident l’effet positif de
l’investissement sur la croissance à long terme dans les pays émergents et dans les
pays de l’UEMOA. Une augmentation d’un point de pourcentage de l’investissement
entraine une augmentation de 0,012 point de pourcentage du PIB par habitant des
pays émergents. En effet, la croissance des pays émergents serait imputable aux
politiques publiques interventionnistes (investissements dans l’éducation, la
formation, les infrastructures, etc.), notamment en Chine. Ces politiques se sont
matérialisées par une transformation structurelle de l’économie, c’est-à-dire une
réallocation des facteurs de production vers les secteurs les plus productifs, et
notamment l’industrie manufacturière; se traduisant par un accroissement de la
productivité du capital et du travail dans ces secteurs. Tout comme les BRICS, une
augmentation d’un point de pourcentage de la formation brute de capital fixe, dans
les pays de l’UEMOA, induit à long terme une augmentation du PIB par tête de 0,18
point de pourcentage.
Dans les BRICS, l’investissement direct étranger impacte positivement, au seuil de
10%, le PIB par tête, alors que l’interaction entre les IDE et l’ouverture commerciale
(ideouv) reste sans effet sur la croissance économique par tête. Ce résultat révèle en
effet que les flux d’IDE n’exercent pas un effet d’entrainement sur la croissance
économique par tête lorsqu’ils sont accompagnés de la libéralisation commerciale.
Par ailleurs, l’impact positif des IDE sur la croissance des pays émergents serait lié à
l’insertion de ces pays5
dans une division internationale des processus de production.
La Chine par exemple, a mis en place une stratégie de délocalisation des firmes
étrangères, ceci par l’abaissement des barrières institutionnelles grâce à la relance des
réformes économiques6
, à l’ouverture de nouveaux secteurs, aux investissements
directs et aux possibilités accrues de commercialisation sur le marché intérieur.
Contrairement aux pays à forte croissance, les flux nets d’IDE ne contribuent pas à
la croissance des pays de l’UEMOA. Ce résultat peut être dû à l’existence des
contraintes liées à l’insuffisance des ressources humaines de qualité, au coût et à la
qualité de l’accès à l’énergie, à la flexibilité de la politique fiscale. La stabilité socio-
économique et l’attractivité du marché de consommation sont également
importantes pour attirer les IDE.
Un autre résultat empirique réside dans le fait que, dans les pays de l’UEMOA, le
coefficient associé à l’ouverture commerciale n’est pas significatif. L’ouverture
commerciale n’impacte donc pas la croissance de ces pays. Cette conclusion est
semblable à celle de Kwasi (2012) qui indique que les pays en voie de développement
dont les exportations sont essentiellement concentrées sur les produits de base
n’enregistrent pas de répercussions bénéfiques de leurs exportations sur leur taux de
croissance. Les prédictions des théories néoclassiques et de la croissance endogène
selon lesquelles la libéralisation commerciale a un effet favorable sur la croissance
5 (Surtout la Chine)
6 Voir Thèse de Doctorat ONGUENE ATEBA Julien, Essai de développement d’un modèle d’émergence économique
pour le Cameroun, 2019, AUCA.
21
économique ne semblent pas être vérifiées dans le cas des pays de l’UEMOA. Ce
résultat peut s’expliquer par le fait que les politiques complémentaires (institution de
bonne qualité, développement financier) n’accompagnent pas la politique
d’ouverture commerciale. De plus, dans les pays de l’UEMOA, les exportations sont
concentrées sur les produits primaires (café, cacao, coton, etc.) ; ce qui ne favorise
pas l’effet positif de l’ouverture commerciale sur la croissance économique. Ces pays
sont aussi confrontés au problème de détérioration des termes de l’échange (baisse
des prix relatifs des produits locaux) qui entraine souvent d’énormes pertes.
Le capital humain, approché dans la présente étude par la population active de 15-64
ans, affecte positivement la croissance économique par tête des pays de l’UEMOA
et celle des BRICS. Selon nos estimations, une augmentation de la population active
d’un point de pourcentage entrainerait une hausse de la croissance économique par
tête de l’ordre de 2,18 points de pourcentage dans l’UEMOA, alors que dans les
BRICS, cet effet n’est que de 0,06. Ce résultat pourrait être expliqué par le grand
effectif de la population des BRICS (les BRICS représentent plus de 40% de la
population mondiale), surtout la Chine. Les BRICS auraient atteint un niveau de
population active tel que les retombées positives sur la croissance ne soient plus
visibles.
CONCLUSION
Le présent article s’est appuyé principalement sur la base des indicateurs de
développement (Word Development Indicators) de la Banque Mondiale (2013). Ces
données ont une dimension annuelle et couvrent la période 1980-2013. Les BRICS
(Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) occupent aujourd’hui une place
importante dans l’économie mondiale. Ils représentent plus de 40% de la population
mondiale et, en 2011, leur PIB représentait plus d’un cinquième du total mondial. Ils
ont réalisé des taux de croissance élevés et soutenus ces dernières années. La présente
étude se charge de faire une analyse comparative de quelques facteurs explicatifs de
la croissance dans les BRICS et dans les pays de l’UEMOA. Pour ce faire, nous
estimons un panel cylindré dynamique à partir des données de la Banque Mondiale
pour les deux groupes de pays sur la période 1980-2013.
La Guinée-Bissau a été retirée de l’échantillon pour la non disponibilité de données
relative à certaines variables. Après une analyse descriptive de l’évolution des
variables de l’étude, les tests de stationnarité (LLC et IPS) et de cointégration
(Pedroni, 1999) ont permis d’identifier l’existence d’une relation de long terme entre
les variables dans les pays de l’UEMOA et dans les pays à forte croissance (les
BRICS). Cinq (05) facteurs explicatifs ont été retenus : la population active de 15-64
ans comme proxy du capital humain, la Formation Brute de Capital Fixe comme
proxy du capital physique, le degré d’ouverture mesuré par le total des importations
et des exportations en pourcentage du PIB, les IDE et l’interaction entre l’ouverture
commerciale et les flux nets d’IDE. Les estimations confirment l’effet positif du
capital physique sur la croissance dans l’UEMOA et dans les pays émergents.
22
Pour avoir une croissance durable à l’image des pays à forte croissance (BRICS), les
pays de l’UEMOA doivent donc intensifier les efforts déjà déployés pour renforcer
et libéraliser le cadre réglementaire de l’investissement. Pour ce faire, les
gouvernements de ces pays doivent rassurer les opérateurs économiques en
assainissant l’environnement des affaires et en améliorant la qualité des institutions.
Ils devront également mettre en place des infrastructures adéquates afin de réduire
les coûts de l’investissement et donc d’attirer les investisseurs aussi bien nationaux
qu’étrangers. Les IDE ne contribuent pas encore à la croissance des pays de
l’UEMOA.
Il faudrait alors une politique de réorientation des IDE afin qu’ils ne se limitent pas
aux ressources naturelles. Pour tirer profit des IDE, il faut une main-d’œuvre de
qualité; ceci nous amène à recommander aux autorités de ces pays de relever la qualité
de la main-d’œuvre en augmentant les dépenses publiques d’éducation et de santé
afin de renforcer les capacités des ressources humaines. Les résultats ont également
indiqué que l’ouverture commerciale est sans effet sur la croissance des pays de
l’UEMOA. Nous suggérons à cet effet aux autorités des pays de l’UEMOA de revoir
leur structure d’exportation et d’adopter une politique de promotion et de
diversification des exportations.
Pour ce faire, elles devront créer un environnement propice aux exportations en
facilitant les procédures administratives et en luttant contre la corruption. Pour ce
qui est de la diversification, les économies de l’UEMOA doivent investir les bénéfices
tirés des exportations de produits de base dans des industries en aval à plus grande
valeur ajoutée ; ce qui permettrait aux exportateurs de ressources naturelles de
développer et de diversifier leur base d’exportation et de ne plus dépendre que de
l’exportation de ressources naturelles. Un accent doit être également mis sur le
secteur de transport, car il constitue un élément clé pour les activités
d’import/export.
L’analyse des déterminants de la croissance a suscité beaucoup d’intérêt dans la
littérature économique, tant au niveau des pays en développement qu’au niveau des
pays émergents. Cette étude se démarque des études citées par l’utilisation d’un panel
dynamique permettant d’estimer la relation de long terme et son caractère
comparatif. Toutefois elle nécessite d’être approfondie. La non-prise en compte du
développement financier et des facteurs institutionnels constitue une limite pour ce
travail.
Cette étude ne dissocie pas l’investissement privé de l’investissement public ; ce qui
pouvait enrichir l’analyse. De plus, elle ne tient pas compte de l’aspect qualitatif du
capital humain. Il serait plus intéressant de construire un indicateur composite de
capital humain prenant en compte à la fois l’aspect quantitatif et l’aspect qualitatif de
l’éducation afin de pouvoir mieux cerner l’impact du capital humain sur la croissance.
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25
Analyse de l’impact des crises sociales sur la gestion de l’école au Mali
Professeur NDEDI Alain,
Professeur en organisation, stratégie et en entrepreneuriat
President: College of Entrepreneurship and Small Business Management
(www.cesbm.education)
Tel (WhatsApp): +237 690 757 969 / +237 679 6266 39
Email: ndediaa@gmail.com / ndedi.alain@gmail.com
Dr ONGUENE ATEBA Julien Grégoire
Economiste, Logisticien des transports / Expert en Douane et Transit
Enseignant vacataire à l’Université de Bertoua et de Douala
Tel : (237) 699 260 367 / (237) 676 531 537
E-mail: alandesstyles2016@gmail.com
Mr Abdoulaye BENGALY
Doctorant à l’Institut de Pédagogie Universitaire (IPU)
Faculté des Sciences Economiques et de Gestion (FSEG)
Centre Universitaire de Recherche Economique et Sociale (CURES), Bamako-Mali
E-mail: bembus130@yahoo.fr
Cite cet article : Ndedi, A, A; Onguene Ateba, J. G. et Bengaly A. (2023), Analyse
de l’impact des crises sociales sur la gestion de l’école au Mali. Journal des Tendances
de Management Africaines, Volume 23, Série 2, Mars 2023. Pp 25-36.
RESUME:
Cet article fait état des variations des crises scolaires au Mali allant de l’époque
coloniale à la dernière république (démocratique). Cette étude a été réalisée suite à un
travail de recherche documentaire complété par un questionnaire et des interviews
auprès des acteurs soit respectivement 10 et 420 personnes pour des besoins
d’analyses qualitatives et quantitatives. Ils sont 42 % et 31 % à être respectivement
non satisfaits et pas du tout satisfaits de la gestion de ces crises. Néanmoins, ils
prônent à l’unanimité le dialogue et sont 83% et 81 % à suggérer respectivement
l’écoute attentive des inquiétudes d’acteurs et leur responsabilisation dans la gestion
des crises scolaires.
Mots clés : crise scolaire, mécanisme de gestion, école, mali.
Abstract
This article reports on the variations of school crises in Mali ranging from the colonial era to the last
(democratic) republic. This study was carried out following a documentary research work
supplemented by a questionnaire and interviews with the actors, respectively 10 and 420 people for
the purposes of qualitative and quantitative analysis. They are 42 % and 31 % to be respectively
unsatisfied and not at all satisfied with the management of these crises. Nevertheless, they
26
unanimously advocate dialogue and 83 % and 81 % respectively suggest listenning carefully to the
concerns of stakeholders and making them accountable in the management of school crises.
Key words: school crises, management mechanism, school, Mali.
INTRODUCTION
Les crises ont étouffé à des moments différents l’histoire du système éducatif malien.
Leurs répercussions ont parfois constitué des ‘goulots d’étranglement’ à ce système
scolaire singulièrement depuis 1985. Il aura été question des tensions, des
confrontations d’idéologies ou encore des situations de désaccords entre acteurs qui
ont miné l’école malienne. Ces situations conflictuelles se manifestent sous de types
variés. Nous pouvons en citer: les conflits de valeurs, d’intérêts qui feront objets
d’analyses plus détaillées ultérieurement. Nous constatons une variation de ces crises
scolaires dans leurs manifestations en fonction des spécificités qui caractérisaient les
systèmes de gouvernance au Mali: l’avènement de l’école sous l’ère coloniale, la
première république (régime socialiste), la deuxième république (régime militaire), la
troisième république (la démocratie). Cette étude contribue à répertorier les
différentes crises qui minent le système scolaire malien et analyser les modes de
gestion adoptés face à ces crises. Différents régimes politiques se sont succédés avec
chacun ses spécificités de crises sur l’espace scolaire malien. Ces crises connaissent
des variations qui sont entre autres: des années blanches, des licenciements abusifs,
des arrestations arbitraires, des exclusions d’élèves et d’étudiants, des assassinats,
l’instabilité des réformes et des innovations pédagogiques. La diversité des acteurs
scolaires entraine une confusion dans les rôles et responsabilités. Carra, (2006) trouve
que le refus d’un partage de responsabilité dans les défaillances éducatives peut
instaurer une relation nébuleuse entre les acteurs de l’école. La démocratisation de
l’enseignement complétée par la décentralisation de l’école a fait accroître la demande
sur l’offre. Aussitôt, des difficultés se sont manifestées en termes d’infrastructures,
de ressources humaines et d’équipements scolaires. L’évolution sociale a aussi
entrainé un changement au niveau de la législation scolaire et des perceptions
d’acteurs sur les faits scolaires. En effet, les sanctions font objets aujourd’hui de
beaucoup de tensions entre les acteurs de l’école. Casalfiore, (2003) expose les
divergences d’opinion entre les parents d’élèves et le personnel de l’école sur les
sanctions scolaires. Les premiers trouvent les sanctions disproportionnées et les
seconds comme nécessaires pour la bonne marche du système.
La perspicacité a généralement manqué dans les stratégies de résolution de ces crises.
Les modes de gestion ont varié de l’extrême violence à de l’indifférence. Les libertés
individuelles sont parfois menacées tout comme la promotion professionnelle.
1. METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
La méthodologie de la présente étude a consisté à la collecte d’une masse
documentaire relative aux différentes crises connues par l’école malienne depuis
l’ouverture de la première institution scolaire en 1886. La fouille documentaire a
27
permis de faire non seulement la chronologie des évènements mais aussi leurs
variations en fonction des réalités sociopolitiques et économiques du pays. En marge
de cela, nous avons élaboré un guide d’entretien à l’intention des personnes
ressources qui ont d’une manière ou d’une autre contribué à la gestion des crises
scolaires au Mali. Ces personnes y sont intervenues en qualité de parent d’élève,
d’administrateur scolaire ou de syndicaliste. La technique de l’échantillonnage par
boule de neige a été sollicitée pour le choix des enquêtés. Les interviews effectuées
ont permis la production des discours d’enquêtés qui ont été soumis à une analyse
qualitative. Nous avons administré un questionnaire auprès de 420 personnes
(enseignants, directeurs d’école, parents d’élèves et élèves). Les données collectées
suite à l’administration du questionnaire ont servi à l’établissement des tableaux
statistiques. Nous avons aussi fait recours à l’observation participante notamment
lors des rencontres scolaires. Comme technique d’enquête, elle a aidé à appréhender
des attitudes d’acteurs lors des réunions de crises ou encore celles des enseignants
dans leur relation avec les élèves pendant leurs pratiques pédagogiques. Les variations
des crises scolaires au Mali sont multiples et évoluent selon les différentes périodes
qui sont :
1.1 L’école sous l’ère coloniale
Le système éducatif malien est un legs du colonisateur (français). Ainsi conviendrait-
il mieux de faire un aperçu sur l’école coloniale dans le Soudan (l’appellation du Mali
avant son indépendance en 1960). L’école dans son implantation au Mali a semé un
malaise social, (Sidibé 2019). Non seulement importée mais aussi imposée avec une
idéologie contraire à celle de la population d’accueil, elle n’a alors pas bénéficié de
l’assentiment commun. L’école dans ses débuts au Mali n’avait pas pour finalité
d’assurer le bien-être des bénéficiaires ou de la communauté mais plutôt d’inculquer
une philosophie de rejet des cultures du terroir tout en favorisant la formation des
jeunes au service du colonisateur. Le personnel de formation loin d’être de
professionnels en la matière était constitué de soldats et sous-officiers militaires.
Ainsi naquirent les premiers conflits qui avilirent son image. A cela s’ajoute le fait
que les enfants de la grande chefferie étaient les cibles principales concernées par la
scolarisation. Une telle pratique rendit difficile l’acceptation de la culture scolaire par
les populations autochtones du fait surtout de sa forme développée pour envelopper
les enfants de la chefferie.
1.2 L’école malienne sous la première république
Après l’ascension du Mali à la souveraineté nationale en 1960, des crises continuèrent
toujours à émailler son système éducatif. Suite à l’évaluation du legs colonial dans le
domaine de l’éducation, le bilan s’avérait très critique. A l’indépendance en 1960, 7%
de la population malienne étaient passés par l’école française et 93% étaient qualifiés
d’analphabètes. Pour ce faire, le Mali à l’instar d’autres pays africains après la
conférence d’Addis -Abeba sur l’éducation en 1961, entreprit en 1962 une réforme
au niveau de son système éducatif en vue de dénouer avec l’héritage colonial. Cette
28
option avait pour but de lier l’école aux réalités socioculturelles du pays. Ce défi lancé
avait également pour vocation de pouvoir réunir les différents acteurs de l’école
malienne autour d’un objectif commun. Cette réforme tant souhaitée mais
malheureusement trop hâtive et ambitieuse ne pût pallier les crises de
dysfonctionnement de l’école malienne bien que le taux de scolarisation s’éleva à 24%
en 1964, (Bleck, 2011) cité par (Abdourahmane Idrissa et al 2012). Cet échec, nous
le situons encore aux poids culturels de l’éducation coloniale car il faut le signaler, les
initiateurs de ladite réforme n’étaient autres que les produits de ce système légué..
Au-delà des quelques handicaps causés par des structures favorables à la promotion
des valeurs arabo-musulmanes dans le champ de l’éducation scolaire au Mali, force
est de constater le poids du français (langue étrangère) comme médium
d’enseignement. Malgré la manifeste volonté des autorités de la première république
pour le redressement de l’école malienne, la langue du colonisateur toujours en usage
semait une distanciation des populations de l’école.
1.3 L’école malienne sous la deuxième république
Cette période qui s’étend de 1968 à 1991, marque la page sombre de l’histoire de
l’école malienne. Le climat scolaire fut le plus pollué; des agitations sur les questions
scolaires devinrent multiples. Bref, des tensions montèrent entre les acteurs. Des
situations conflictuelles devinrent de plus en plus fréquentes entre différents
partenaires de l’école qu’ils soient techniques, financiers ou sociaux à savoir la
Banque Mondiale, le Fond Monétaire International (FMI), l’Union Nationale des
Elèves et Etudiants du Mali (UNEEM), les syndicats d’enseignants et les autorités
politiques nationales. Les crises connues par l’école se répercutèrent plus avant tout
sur son taux de scolarisation suite aux restrictions budgétaires. Cela se corrobore par
les travaux de recherche de (Abdourahmane Idrissa et al 2012)7
. Nous observons là
une violation ou restriction de la liberté de certains acteurs de l’école malienne. Un
tel phénomène se montra très dégradateur du climat scolaire d’autant plus que les
parents d’élèves ont fini par s’y mêler auprès de leurs fils. La mauvaise posture
économique du pays impacta négativement sur ses secteurs sociaux singulièrement
l’éducation. Le Mali dût avoir recours à des partenaires comme la Banque Mondiale
et le Fond Monétaire International. L’octroi des crédits pour sortir de l’impasse
économique se conditionna dans le secteur de l’éducation à la mise en place de
mesures nationales de restructuration et d’ajustement. Ainsi, le Programme
d’Ajustement Structurel s’implanta et consista entre autres dans ce secteur à:
 une réduction drastique des investissements publics en éducation ;
 des départs à la retraite anticipée du personnel expérimenté;
 des compressions de personnel ;
 un gel du recrutement d’enseignants dans la fonction publique;
 la fermeture des écoles de formation de maîtres.
7 «Les taux de recrutement annuel restèrent stables au lieu de progresser, tandis que la part du budget de
l’Etat consacrée à l’éducation stagna ou décrut. En 1990, le taux de scolarisation était de 26%, à peu près le
chiffre qu’il avait atteint sous le gouvernement Keïta».
29
De telles mesures ne peuvent rester sans conséquences négatives. Incapable de
répondre à la demande sociale, l’école au Mali s’éclipsa de plus. Les effets nocifs du
PAS sur l’éducation scolaire sont repris par Diallo Labass L. (2010) dans sa thèse:
«Les conséquences sociales ont été douloureuses pour l’école et ses acteurs. Le FMI
lui-même a reconnu quelques erreurs dans sa politique et entamé des réformes. Pour
revenir sur les mesures du PAS en éducation, notons que la contractualisation de la
fonction enseignante avec son implication salariale et le niveau de formation ont
fortement joué sur le fonctionnement des écoles et la qualité des enseignements »
Les structures de formation des maîtres diminuèrent en nombre pendant que la
demande sociale de l’éducation s’augmenta.
Dans le souci de faire de l’école l’outil de promotion sociale, les autorités sous la
deuxième république entreprirent des concertations, des innovations, des séminaires
qui sont entre autres:
 les Centres à Orientation Pratique (COP) en 1970;
 la ruralisation en 1976;
 l’introduction des langues nationales en 1979;
 les états généraux de l’éducation en 1989.
Toutes ces tentatives ne purent pas nouer l’école à son environnement d’accueil. Un
cumul d’échec s’enregistra. Ces ambitieux projets, parfois élaborés de façon hâtive,
ignoraient le contexte socioculturel de la société malienne. Les acteurs de l’école
avaient tous du mal à se faire entendre sur de mêmes conclusions dans leur
opérationnalisation. Lesquelles conclusions toujours présentées comme assorties
d’une concertation populaire se faisaient soit appliquées contrairement à son esprit
de conception soit vues comme étant imposées par une des catégories d’acteurs.
Comme nous apprend la linguistique, l’enfant est plus actif dans sa langue maternelle
que dans une langue étrangère. L’introduction des langues nationales comme
souhaitée ne put favoriser une intégration entre l’école et son milieu. Elle connût une
réticence non seulement du côté du personnel d’établissement mais aussi du côté des
parents d’élèves. Un conflit de valeurs ou de compétences s’imposa. Face à l’échec
criard de l’école en termes de garantie sociale pour ses produits, les populations
n’approuvèrent pas dans leur majorité l’enseignement dans les langues nationales à
leurs progénitures. Une autre réalité ayant été source de tensions entre les acteurs de
l’école malienne via l’introduction des langues nationales est le caractère pluri-
linguiste de la société malienne. Des localités polyglottes comme la région de Mopti
en est un exemple. Chaque parent, dans un souci de conservation des valeurs de son
ethnie, voit d’un mauvais œil son enfant apprendre dans une autre langue locale
différente de celle maternelle.
A partir des années 1990, les crises de l’école malienne atteignirent leur paroxysme.
Toutes les catégories d’acteurs se mobilisèrent. Les revendications estudiantines
deviennent plus radicales; à cela s’ajoute l’approfondissement de la crise économique
qui affectait le pays dans son fonctionnement. Les associations militantes et les
30
syndicats d’enseignants s’activèrent davantage dans leurs revendications. A propos
(Diallo Labass L. 2010) atteste: «En mars 1991, l’affrontement entre les scolaires, les
syndicats, les associations et le régime militaire atteint son paroxysme. On dénombre
plus de 200 victimes dans le camp des militants. La crise de l’école convoque une
insurrection populaire». Ces mouvements appuyés par l’armée conduisirent à la fin
de la deuxième république au Mali. Donc, loin de connaitre ses jours de gloire sous
la deuxième république qui dura 23 ans l’école malienne écrivit les réelles pages
sombres de son histoire de vie.
1.4 L’école malienne sous la troisième république
Cette période marque l’avènement de la démocratie au Mali. Une nouvelle ère sonna
avec un nouveau système de gouvernance. Les nouvelles autorités du pays pensèrent
à la construction d’une nouvelle société malienne par une école citoyenne répondant
aux attentes surtout sociales. Des perspectives se dégagèrent sollicitant l’implication
de tous les acteurs de l’école malienne sans exception aucune. Mais faut-il encore dire
que cette ouverture donnée ne permit pas une satisfaction de tous. Les uns et les
autres se montrèrent très exigeants dans leurs requêtes. Mais précédemment, le même
gouvernement de transition conclut un accord avec le concours du Syndicat National
de l’Education et de la Culture (SNEC), des Associations de Parents d’Elèves (APE)
et l’AEEM qui renaissait de ses cendres, à travers le mémorandum du 11 avril 1991
qui s’articulait entre autres sur les points suivants:
 L’augmentation des bourses (de l’ordre de 75 %) ;
 La réintégration des bourses dans les établissements d’enseignement
secondaire général, technique et professionnel dès octobre 1991 ;
 La suppression du système de la double vacation et de la double division dans
l’enseignement ;
 La reprise des étudiants renvoyés pour insuffisance de travail.
Nous voyons là que satisfaire ces points cités ci-dessus dans leur totalité n’était pas
non seulement chose facile mais également contribuerait à la dégradation du climat
scolaire8
. Les restrictions budgétaires héritées de l’ancienne république ajoutées à
l’insuffisance numérique de structures de formation de maîtres, la reprise des
étudiants renvoyés ne pût laisser les enseignants indifférents. Ils le vécurent comme
un manque de considération au regard de leurs mauvaises conditions de vie et de
travail ou encore comme une atteinte à leur autorité. Alors resurgirent de nouvelles
tensions. Des confrontations entre acteurs vinrent teinter négativement le climat
scolaire de nouveau. Cette situation impacta sur le déroulement normal des cours.
Nous assistions à des programmes annuels inachevés voire même des reports
d’année. Cela se corrobore par les recherches de (Diakité, 2000): «Le Mali n’est
évidemment pas en reste, lui qui, depuis 1990, n’a quasiment pas connu une année
scolaire normale, c’est-à-dire calme, studieuse, académiquement validée sans qu’il y
ait besoin d’un quelconque réaménagement de programmes en cours d’année. Ce fut
8
(voir le dernier point).
31
le plus souvent des années tronquées, laborieusement validées, et même des années
facultatives (1993) ou blanches (1994)». D’autres tentatives de solutions furent optées
en vue d’endiguer les crises de l’école malienne; une école qui devrait non seulement
contribuer à la construction citoyenne, à faire face à la demande sociale croissante
mais aussi au déséquilibre lié à des disparités d’ordre sexiste et régional. Nous en
citons parmi ces tentatives de solutions:
 La nouvelle école fondamentale (Loi 94-010 du 24 mars 1994) ;
 Le séminaire national sur la scolarisation des filles (1994) ;
 Le décret n° 94-448/PRM portant réglementation des écoles communautaires
au Mali.
Ces options ou encore ces assises ne permirent d’effets satisfaisants bien que des
améliorations furent senties. Les mobilisations des enseignants et de l’AEEM
continuèrent. Les grèves perdurent de plus en plus. L’école manqua toujours à
trouver un terrain d’entente entre ses différents acteurs. Dans le souci d’impliquer les
communautés dans la gestion scolaire, d’éviter une centralisation des décisions liées
à la vie de l’école; le Mali opta pour une décentralisation du secteur de l’éducation
suite à celle territoriale adoptée lors de la conférence nationale de 1992. Au même
moment, ces derniers les voient comme des intrus, des insoucieux à qui il ne faut pas
seuls laisser l’avenir de leur progéniture. L’auteur Traoré Idrissa S. continue loin pour
montrer combien ce nouveau système de pilotage s’implante avec son corollaire de
crises Chaque école est devenue une arène où se joue et s’éclate des conflits».
D’autres types de crises connues par l’école malienne sont également à évoquer.
Celles-ci, bien qu’existantes depuis les premières heures de l’école malienne,
s’implantent de plus en plus avec force. Une AEEM de plus en plus ouverte au
champ politique se taille une place «d’intouchable». Elle devient un véritable ressort
de promotion académique9
mais également professionnelle10
. Cette pratique
détourne non seulement cette institution de sa raison d’être11
, mais sème également
la terreur sur l’espace scolaire surtout pendant les élections des différents bureaux.
Les évaluations perdent au jour le jour leur crédibilité du fait de leurs conditions
d’attribution.
2. PRESENTATION DES RESULTS
Au compte de cette rubrique, nous récapitulons les crises scolaires de l’avis des
acteurs et évaluons leur niveau d’adhésion aux mécanismes de gestion desdites crises.
A ceux-ci s’ajoutent une analyse critique des modes de gestion actuels des crises et
des propositions d’acteurs pour leur gestion efficace. Nous faisons la mention des
crises auxquelles l’école malienne est confrontée dans son fonctionnement et
organisation. Elles englobent des aspects pédagogiques et législatifs.
9
(Facilité d’admission lors des évaluations scolaires et universitaires)
10
(Une fonction offerte à des leaders au terme de leur cursus)
11
(Défense du droit des scolaires et universitaires)
32
Tableau 1 : récapitulatif des crises vécues, de l’avis des acteurs scolaires
Réponses Instabilité des
innovations
Précarité des
conditions de
vie et de travail
Taux élevé
d’exclusion et
de redoublement
Violation des
libertés
individuelles
Effectifs 180 412 360 288
Fréquences 43 98 85 68
Source : Auteur (enquête de terrain, mai 2020)
Au regard de ce tableau récapitulatif des situations de crises scolaires, l’instabilité des
innovations et la précarité des conditions de vie et de travail sont respectivement
évoquées par 43 % et 98 % des acteurs scolaires. Aussi, 85 % des acteurs citent le
taux élevé d’exclusion et de redoublement comme une des crises vécues dans les
écoles maliennes ; 68 % d’entre eux évoquent la violation des libertés individuelles.
Il s’avère que les changements brusques d’une innovation pédagogique à une autre
fragilisent les acteurs pour une possible adaptation, tout comme les difficiles
conditions entravent la réussite des pratiques d’enseignement et d’apprentissage et
influent sur la motivation des acteurs. Cela se manifeste par : des sanctions
disproportionnées, des mutations arbitraires, de révocation d’ordre professionnel.
Tableau 2 : relatif au degré de satisfaction des acteurs face aux modes de gestion
des crises scolaires
Réponses Très satisfait Satisfait Non satisfait Pas du tout
satisfait
Total
Effectifs 34 75 181 130 420
Pourcentages 08 18 43 31 100
Source : Auteur (enquête de terrain, mai 2020)
Au regard de ce tableau, 08% des acteurs scolaires interrogés sont très satisfaits de la
gestion des crises scolaires ; 18% d’entre eux disent être satisfaits. Cependant, ils sont
43% et 31% à être respectivement non satisfaits et pas du tout satisfaits de la gestion
de ces crises. Ainsi, il s’avère que les acteurs scolaires sont majoritaires à
désapprouver les modes de gestion des conflits scolaires. Les approches
33
développées12
semblent moins adhérées aux attentes de nombreux acteurs. Ainsi y a-
t-il lieu de dire qu’un conflit mal géré pourrait tourner à de grandes difficultés voire
la violence. La diversité des catégories, facteur de richesse de perceptions, semble
moins exploitée. Les constats lors des séances d’observations manifestent un
sentiment d’autosuffisance du personnel scolaire notamment les directeurs d’école
dans la gestion des crises scolaires. Les élèves et leurs parents sont moins écoutés et
sont généralement invités à se soumettre aux décisions prises généralement à leur
absence.
Tableau 3 : récapitulatif des modes de gestion des crises scolaires
Réponses Conseil de
discipline
Intimidations Réunion inter-
acteurs
Violences
physique et
verbale
Effectifs 38 401 180 280
Fréquences 09 95 19 66
Source : Auteur (enquête de terrain, mai 2020)
A la lecture de ce tableau, la tenue du conseil de discipline et la réunion inter-acteurs
de l’école sont respectivement évoquées par 09 % et 19 % des acteurs interrogés. Ils
sont 95 % à affirmer l’intimidation comme mode de gestion des conflits et 66 % à
évoquer le recours aux violences physique et verbale. Une analyse de ces pratiques
de gestion des crises scolaires entend que les acteurs font moins recours aux principes
de la législation scolaire (conseil de discipline) en la matière. Cela compromet
l’efficacité des mécanismes de gestion déployés et développe un risque de
personnalisation des approches qui peuvent être disproportionnées.
Tableau 4 : propositions d’acteurs sur les bonnes approches de gestion des crises
scolaires
Réponses Ecoute active Dialogue
inter-acteurs
Responsabilisation
d’acteurs
Effectifs 348 420 340
Fréquences 83 100 81
Source : Auteur (enquête de terrain, mai 2020)
A la lecture de ce tableau, 83% des acteurs scolaires enquêtés prônent l’écoute active
des protagonistes pour une gestion efficace des crises scolaires. Ils sont unanimes
(100%) à avancer que le dialogue entre les acteurs concernés contribue positivement
12
(Généralement par les directeurs ou les enseignants)
34
à gérer lesdites crises ; 81% des acteurs scolaires soulignent qu’une responsabilisation
des acteurs sans exception est efficace pour la bonne gestion des crises scolaires. Ces
résultats renseignent que les crises se résolvent bien si toutefois l’occasion est donnée
aux acteurs à faire de débats francs et sincères dans la plus grande responsabilité.
Chaque catégorie d’acteurs (Administrateur, enseignant, élève ou parent d’élève) doit
être impliquée sans négligence aucune. Chacun doit pouvoir émettre ses opinions.
3. DISCUSSION DES RESULTATS
Les crises de l’école malienne ont dans leur quasi-totalité manqué d’une réelle «
volonté » de résolution dans leur gestion. D’un côté, il faut noter le caractère barbare
ou violent, de l’autre côté un laxisme inédit consistant à faire déplacer la situation-
problème. Les autorités ont généralement manqué au rendez-vous quand il s’agit
d’adopter une attitude jugulatrice des crises scolaires. Toujours entendons-nous des
discours politiques prometteurs mais vides dans leur concrétisation ne dégageant
aucune perspective à long terme. La violence s’est peu à peu installée dans le champ
scolaire. Elle est devenue l’arme la plus redoutable pour se faire entendre. Les
autorités politiques et scolaires dans une démarche d’observation de la loi d’omerta
« le silence » responsabilisèrent beaucoup plus l’AEEM. L’impunité gagna le terrain
dans la gestion des crises scolaires. Le recours à la violence s’installa peu à peu. Les
frustrations des acteurs parfois se traduisent à des scènes barbares conduisant des
fois à une atteinte à la liberté des particuliers. Les témoignages d’un directeur d’école
corroborent cela :
« Il est de plus en plus difficile de se sentir en sécurité sur l’espace scolaire. Les tables
bancs et fenêtres de deux de nos salles de classe ont été saccagés l’an passé suite au
passage des élèves grévistes (lycéens). De la même occasion, un enseignant a été
lynché et insulté. Nous avons saisi les autorités scolaires et sécuritaires mais il n’a eu
aucune sanction ».
Nous voyons là l’indifférence des autorités à vouloir bouter hors de l’école les
pratiques vectrices d’une dégradation du climat scolaire. Une telle attitude sans une
sanction valable donne du poids aux auteurs de troubles et développe chez les
victimes des sentiments de résignation.
Les autorités politiques dans leur élan de gestion des crises scolaires ont parfois utilisé
la force sur les autorités scolaires. Les premières traitent des fois les administrateurs
scolaires non seulement de complices et mais également de catalyseurs des
mouvements des élèves ou étudiants.
Ainsi, au lieu d’être impliqués dans un processus de dialogue les administrateurs
scolaires se voient déchus de leur fonction. Une des mesures de résolution des crises
scolaires est l’exclusion du dialogue des acteurs jugés « individus à problèmes ». Une
telle pratique viole la liberté syndicale et les libertés individuelles. Nous citons à ce
niveau « le silence obligé » des militants de commissions enseignantes. Des
syndicalistes ou des enseignants sont dans des cas victimes d’intimidation de la part
des autorités politiques et même scolaires.
35
Loin de s’engager dans une dynamique de résolution des crises via des législations
fortes, on ne manque pas d’occasion pour faire recours à des chefs coutumiers,
leaders religieux en vue de constituer une équipe de médiation pour faire entendre
les uns et les autres. Et des crises ainsi gérées ne sauraient être enterrées pour
longtemps. Elles renaîtraient de ses cendres aussitôt qu’un éventuel
dysfonctionnement se présenterait. De telles conduites restent relayées par (Diakité,,
2000)13
Cette forme d’individualisation de la question agit sur les comportements des leaders,
qui au risque de déshonorer leurs familles mettent un bémol à leur ardeur combative.
Au nom de la tradition et des valeurs qui la sous-tendent, les chefs traditionnels
arrivent à maintenir le calme dans leurs localités.
Toutes ces formes de gestion de crises, loin d’être porteuses de sanctions législatives
adéquates, restent inefficaces. Une autre stratégie de gestion de crises adoptée par
les autorités politiques et scolaires est l’usage de l’argent dans le financement des
assemblées générales, des mouvements syndicaux ou encore auprès de simples
particuliers jugés perturbateurs du climat scolaire. Ainsi, l’argent plus que désireux
dans une société mal portante économiquement devient l’objet de lutte et facteur de
multiplication de batailles à chaque fois que les besoins se feront sentir par des leaders
« mercantilistes ». Il est également à décrier l’éloignement des leaders estudiantins de
l’espace scolaire national par l’octroi des bourses sur l’étranger ou encore une
proposition de « quoi à faire » c'est-à-dire du travail. Une nouvelle forme de gestion
de crises scolaires s’installe de nos jours dans le champ scolaire au Mali. Elle sévit
dans les relations conflictuelles entre les acteurs scolaires (enseignants) et leurs
employeurs notamment l’Etat. Cette forme-là plus répressive consiste non pas à faire
une retenue sur les salaires des enseignants mais à développer un système de blocage
net avec la prétention de conduire les employés à une asphyxie financière. Elle nuit
davantage à la résolution des crises.
CONCLUSION
Le système scolaire malien est la victime d’un ensemble de crises. Celles-ci l’ont
nettement freiné dans son élan de permettre à tous les enfants d’âge scolarisable de
bénéficier d’une éducation scolaire de qualité. Lesdites crises ont évolué
différemment d’un régime à un autre sous les trois républiques que le Mali a connues.
En premier lieu, les toutes premières crises ont résulté de la recherche d’adaptabilité
du système scolaire aux réalités nationales avec une insuffisance numérique en
ressources humaines et matérielles. Ensuite suivirent les grognes pour dénoncer les
précarités des conditions de vie et de travail des acteurs. L’école malienne paraît très
sélective face à une demande sociale de plus en plus forte. Cette pratique contribue
davantage à créer des crises. Les libertés individuelles sont aussi menacées du fait des
13
« Les autorités se sont appuyées sur les notabilités traditionnelles et religieuses et sur les APE pour
endiguer des situations de contestation. Composés en général de personnes âgées jouissant d’une
certaine considération dans leurs localités, ces groupes sont devenus des acteurs incontournables dans
la résolution de la crise ».
36
approches de gestion des crises en cours : l’intimidation, révocation. Cependant, les
meilleures stratégies ont quasiment manqué pour mieux juguler les crises. Rarement
la recherche de solutions durables a primé. Alors faut-il profiter de la pluralité des
catégories d’acteurs au bénéfice de la gestion des crises. Les principes de la législation
scolaire doivent primer pour gérer les crises internes et celles inter-acteurs. L’écoute
et le dialogue contribuent de façon efficace à juguler les crises. Encore faut-il que les
acteurs se fassent confiance pour permettre une responsabilisation des uns et des
autres dans la gestion des crises.
REFERENCES
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réformes éducatives au Mali », Research report 7.
BLECK, J. (2011). « Schooling Citizens: Education, Citizenship, and Democracy in
Mali ».Ph.D dissertation, Department of Government, Cornell University.
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des élèves ». Questions pénales, vol. XIV, n°4.
DELORS, J. (1996). L'éducation, Un trésor est caché dedans. Editions Odile Jacob.
DIAKITE, D. (2000) « La crise scolaire au Mali » Nordic Journal of African Studies9(3):p.
6-28.
MAIGA, A.I. et al. (1999). Expérience malienne en gestion des conflits : le conflit
armé du Nord et la crise scolaire. FGA III, Bamako.
République du Mali, Arrêté N° 442 MEN du 20 mai 1963 portant création de
médersas non confessionnelles.
SAMAKE, B. (Juin 2008). « La formation des enseignants contractuels, SARPE ».
Communication au séminaire international.
TRAORÉ, S. (2000). « La formation des maîtres du 1er cycle de l’enseignement
fondamental au Mali : Problèmes et perspectives ».Nordic Journal of African Studies9(3):
29-48.
37
L’analyse d’un modèle pour la transition des systèmes d’information à la
performance logistique
Professeur Jean BABEI
Maître de Conférences Agrégé, Sciences de gestion: Logistique & Systèmes
d’information, Université de Douala
Email : jbabei@yahoo.fr
Cite cet article : Babei, J. (2023), L’analyse d’un modèle pour la transition des
systèmes d’information à la performance logistique. Journal des Tendances de Management
Africaines, Volume 23, Série 2. Pp : 37-
RESUME:
Le contexte de la distribution des produits tangibles est aujourd’hui marqué par de
fortes exigences, de plus en plus accrues des clients, pour des solutions logistiques.
Les logisticiens se trouvent dans l’obligation de réviser leurs modes et outils de
gestion, afin de passer de la logique de flux poussés à celle de flux tirés par la demande
des clients. Cette préoccupation est accentuée par le contexte de la pandémie au
Corona virus. Dès lors, ce changement de vision peut être accompagné par l’adoption
des systèmes d’information capables d’influencer positivement la performance
logistique globale. Cet article construit un modèle qui décrit des caractéristiques d’un
SI doté d’un potentiel de performance pour un système logistique. Au plan
méthodologique une exploration documentaire est conduite. Elle débouche d’une
part sur la construction du modèle annoncé. Et d’autre part, sur une discussion dudit
modèle et des perspectives qu’il offre dans l’évaluation de la performance.
Mots clés : Logistique, Système d’information, Performance, Performance
logistique.
INTRODUCTION
Face aux exigences accrues des clients, les entreprises ont recours aux systèmes
d’information (SI), afin de passer de la logique de flux poussés à celle de flux tirés
par la demande des clients (Lievre et Coutarel, 2013). Ces systèmes sont réputés d’une
part d’améliorer la communication partenariale et d’autre part d’améliorer la
performance globale comme l’indiquent bien les travaux de Jorgenson et al. (2011),
ceux de Delmonteil et Rancourt (2018) ; ceux de Cousserand-Blin et Pinède (2018)
ou encore ceux de Galinon-Mélénee et Monseigne (2011). Un alignement d’acteurs
indépendants qui amènent des produits ou des services vers les clients et client finaux
est appelé une chaîne logistique. En général, ces acteurs participent au
conditionnement du produit et à son transport jusqu’aux utilisateurs. Producteurs de
matières premières et de composants, assembleurs, grossistes, semi-grossistes,
distributeurs, manutentionnaires et transporteurs sont tous membres de la chaîne
logistique (Mentzer et al., 2001). Notons que la chaîne logistique est aussi
38
appréhendée comme un réseau d’organisations qui d’amont en aval sont engagées
dans des processus créateurs de valeur, prenant la forme de biens matériels et des
services livrés au consommateur final. Cet échange de matières et de services entre
l’amont et l’aval est accompagné de plusieurs flux d’informations véhiculés en
particulier par des outils technologiques.
La performance fait partie de ces termes polysémiques rencontrés dans la littérature.
Le sens que cette notion prend dépend de l’emploi et du contexte. Il existe par
conséquent plusieurs approches. La performance d’une chaîne d’acteurs dépend de
plus en plus de leur flexibilité et de leur capacité d’innover. Notons que l’innovation
est de nos jours essentiellement tirée par la perspective d’une numérisation des flux
informationnels. Si la flexibilité renvoie essentiellement à l’intelligence et à la qualité
du matériel de transport, l’innovation quant à elle fait référence à l’usage des
technologies numériques, au recours à l’automatisation également. D’où la mise au
point et le développement d’une série d’outils et de solutions technologiques dédiées
à la gestion et aux échanges d’informations tout au long de la chaîne en permettant
de partager des données. Dans ce contexte, les membres de la chaîne sont capables
d’accéder aux informations partagées et cette accessibilité peut être utilisée pour
améliorer la conduite des opérations et au final améliorer la performance logistique.
Ceci révèle d’ailleurs l’importance de l’intégration logistique qui prend ses sources
sur l’intégration des systèmes d’information. Ajoutons que, face aux mesures
barrières à la COVID-19 ; mesures éditées par les politiques en l’occurrence la
distanciation sociale, le recours aux systèmes d’informations logistiques (SIL) évolués
est incontournable.
L’intégration des SI au sein des opérations logistiques repose sur le développement
des systèmes d’informations inter organisationnels pour la plupart numérisés,
destinés à relier les processus d’affaires. Elle repose également sur l’usage de matériels
automatisés destinés à suppléer les efforts parfois excessifs des logisticiens,
notamment lors des manutentions. La performance logistique est ainsi liée à celle du
SI. Dès lors, il pourrait y exister des conditions structurelles et fonctionnelles relatives
au SI, susceptibles de garantir la performance logistique. L’objet de cet article est de
construire un modèle décrivant ces conditions de performance de la chaîne par le SI.
En effet, la performance logistique constitue un rapport entre le service fourni au
client et les moyens utilisés. Elle consiste à assurer la satisfaction du client en lui
livrant des produits de bonne qualité, au bon moment, en bonne quantité, au bon
endroit, en consommant moins de ressources. Notre recherche s’inscrit dès lors, dans
le cadre de la continuité des travaux de recherches, qui ont tenté de mettre en lumière
la relation entre les systèmes d’information et la performance. Parmi ces travaux nous
pouvons citer : les travaux de Elidrissi et Elidrissi (2010), ceux de Melville et al. (2004)
ou encore ceux de Delone et Mclean (1992, 2002, 2003).
En l’occurrence Delone et Mclean (2003) en traitant du succès des systèmes
d’information, ont finalement abouti à un modèle de leur succès. S’il est vrai que
quelques études se sont déjà consacrées à la performance logistique sous l’impulsion
des SI, cependant à notre connaissance aucun travail n’a jusqu'à présent était orienté
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JTMA VOL 23 SERIE 2 MARS 2023.pdf

  • 1. 1 Volume 23, Série 2, Mars 2023
  • 2. 2 Editions Comerci, ‘Journal des Tendances de Management Africaines’ Directeur de Publication Pr. Dr. Alain Ndedi Secrétariat scientifique de rédaction : Pr. Dr Emmanuel Innocents Edoun Pr. Dr Paulin Mbecke Pr. Dr. Francis Kemegue Comité éditorial : Dr. Nurudeen Oyekola, Global Confederation of Entrepreneurship Institutes Dr. Bamidele Wale-Oshinowo, University of Lagos, Nigeria Pr. Dr. Rose Ikelle, ESSEC, Université de Douala, Cameroun Dr Jules Banaken, Banque de Développement des Etats de l'Afrique Centrale Dr Pierre-Joubert Nguetse Tegoum, Ministère de l’économie et de la Planification, Cameroun Pr. Dr. Alain Ndedi, International Council for Family Business /Charisma University Pr. Dr. Francis Kemegue, Boston Insights and Analytics, USA Pr. Dr Emmanuel Innocents Edoun, Université de Johannesburg /Tshwane University of Technology, RSA Pr. Dr Paulin Mbecke, Université du Moyen Lualaba, DRC Dr Polycarpe Feussi, Université de Johannesburg, RSA Pr Dr Essombe Edimo Jean Roger, Université de Yaoundé II-Soa, Cameroun Pr Dr Tchouassi Gérard, Université de Yaoundé II-Soa, Cameroun Pr Dr Thierry Levy Tadjine, Université Paris 8, France Pr Dr Mantsie Rufin W., Université Marien Ngouabi, Congo Brazzaville Dr Kok Lawrence, University of Johannesburg, RSA Pr Dr Makosso Bethuel, Université Marien Ngouabi, Congo Brazzaville Volume 23, Série 2, Mars 2023, Email : manuscrit.tma@gmail.com ISSN : 9597 9871
  • 3. 3 TABLES DES MATIERES P. 5 PREFACE P. 9-24 Analyse comparative des déterminants de la croissance économique entre les pays de l’UEMOA et les BRICS Dr ONGUENE ATEBA Julien Grégoire Mr Abdoulaye BENGALY P. 25-36 Analyse des impacts des crises sociales sur la gestion de l’école au Mali Professeur NDEDI Alain, Dr ONGUENE ATEBA Julien Grégoire Mr Abdoulaye BENGALY P. 37-58 L’analyse d’un modèle pour la transition des systèmes d’information à la performance logistique Professeur Jean BABEI P. 59-89. Analyse des flux de matières et d’énergie à l’ALUCAM et évaluation de la durabilité environnementale et sociale dans la ville d’Edéa au Cameroun Mr MOUTILA Beni Luc P. 90-105 Les effets du conflit Russo-Ukrainien sur l’économie de la République Démocratique du Congo Professeur TCHOUASSI Gerard, Mr GAHAMANYI NIYONZIMA Thomas, Mr PIVA ASALAKO Prince,
  • 4. 4
  • 5. 5 PREFACE A l’ère de la quatrième révolution industrielle et face à une effervescence de la révolution numérique, et à l’arrivée de la génération Z dans le monde du travail, les entreprises qu’elles soient africaines ou mondiales ne cessent de revoir et d’adapter leurs modes de management pour attirer et répondre aux attentes de cette nouvelle ère de conflit entre les pays de l’Otan d’un côté, et les pays qui restent du pacte de Varsovie mené par la Russie de l’autre côté. Plusieurs tendances de nos jours se bousculent et s’imposent aux managers des entreprises de petites comme de grande taille. Le design thinking est l’une d’elle. Elle offre la possibilité à l’entreprise de travailler de manière transversale en responsabilisant les équipes et en valorisant leurs productions. Travailler ainsi permet à tous les niveaux de l’entreprise d’impliquer tous les employés, de les inciter à prendre des décisions et à proposer des concepts nouveaux et importants au sein de l’entreprise. De plus, la connectivité permanente du Design Thinking permet de se placer à la place des consommateurs afin de comprendre ses besoins et proposer de manière intelligente, des solutions meilleures et innovantes. De manière pratique, avec le Design Thinking, l’entreprise repense son business model en lançant un processus d’innovation (innovation produit, innovation de rupture, innovation incrémentale…). A l’ère de la COVID 19, une autre tendance managériale appelée management bienveillant a fait surface et tente à remettre le bien-être des salariés dans l’environnement professionnel. Car, le bonheur des collaborateurs au travail commence par une atmosphère positive et humaine. Les responsables au plus haut niveau de l’entreprise devraient être à l’écoute des équipes inférieures pour instaurer une réelle relation de confiance et de respect. Ils doivent comprendre leurs collaborateurs et leur proposer des objectifs cohérents et atteignables par le biais d’une bonne communication. De plus, il faut quand cela est nécessaire laisser le droit à l’erreur et accorder des encouragements et félicitations aux intrapreneurs. En instituant des solutions de management bienveillant, les équipes sont plus épanouies et donc plus productives puisqu’elles ne sont ni stressées ni brusquées par un manager offensif ; car l’employé est placé au cœur même de l’entreprise. À l’origine, la méthode agile était utilisée par les développeurs et les ingénieurs pour faciliter leur organisation en équipe. De nos jours, cette technique se déploie au niveau des organisations et révolutionne le management. La méthode dite agile, est une approche collaborative de la gestion de projet et se base sur des feedbacks réguliers. Elle est appelée agile parce qu’elle permet de laisser place aux imprévus et aux changements mais également de rendre autonome et de responsabiliser les employés à tous les niveaux Au niveau international, dans les tendances du management qui ont pignon sur rue, nous retrouvons notamment la méthode Kanban qui est une résultante de l’application de la méthode agile. La méthode Kanban qui est une résultante de l’application de la méthode agile, a largement fait ses preuves et montrée son apport de valeurs aux projets. Cette méthode prône un système visuel principalement connu
  • 6. 6 pour sa représentation en tableau de gestion de l’avancement des tâches. Elle consiste à découper un projet en plusieurs tâches et à chaque acteur d’en suivre son évolution. Elle peut être utilisée pour installer une nouvelle organisation ou bien pour un projet spécifique au travail. Cependant, il ne faut pas confondre faire de l’agile (appliquer les méthodes comme celle de Kanban par exemple) et être agile (valeurs, état d’esprit…). En effet, faire de l’agile est relativement simple, il suffit de choisir une méthode et de l’appliquer tout bêtement. Quant au terme être agile, lui signifie que tous les acteurs sont engagés et comprennent l’intention derrière chaque rôle. Être agile est essentiellement un changement de comportement individuel et collectif encore mindset change. Un changement d’habitude et de culture ne se fait qu’en ancrant de nouvelles méthodes et s’avère donc bien plus long que de faire de l’agile. En général, faire évoluer ses habitudes managériales n’est pas une démarche évidente. Néanmoins, il est conseillé d’apporter de nouvelles pratiques visant à mettre un terme à la routine professionnelle. Ces innovations managériales sont de véritables enjeux stratégiques et apportent un regain d’énergie et du renouveau dans l’engagement et la productivité des équipes. Le manager pourra proposer à ses collaborateurs de toutes les échelles que ce soit aux nouvelles formes de management pour recréer du lien entre les différentes couches de l’entreprise. Les explications relatives à la quête de la modernité entrepreneuriale interne seront nécessaire. À travers cette démarche, les managers montrent leur capacité d’empathie et de proximité avec leurs collaborateurs. Les tendances du management en cet ère de la COVID 19 ne se limitent pas à des postures mentionnées plus haut. Il existe également de nombreuses autres méthodes pour apporter motivation et bien-être aux employés. Le télétravail, les horaires aménagés ou encore un espace de travail chaleureux booste la performance des équipes. Les managers feront attention à ne pas changer le management interne sans une analyse profonde de l’entreprise ; mais il faudra envisager un changement progressif pour laisser le temps aux employés de comprendre et de s’impliquer aux projets. En cette année 2023, le volume 23, la série 2 aborde des sujets variés qui affectent les organisations africaines dans leur ensemble. L’article du Dr ONGUENE ATEBA Julien Grégoire et de Mr Abdoulaye BENGALY s’intéressent à l’analyse comparative de quelques déterminants de la croissance économique dans les pays de l’UEMOA et dans les pays à forte croissance appelés ici BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) afin de proposer des mesures de politiques économiques pour la relance de la croissance dans les Etats de l’UEMOA. Pour y arriver, les auteurs utilisent les données de la Banque Mondiale sur cinq pays à forte croissance du BRICS et sept pays de l’UEMOA couvrant la période 1980-2013. A partir de l’estimateur DOLS (Dynamic Ordinary Least Squares), ils montrent que l’investissement, les flux nets d’IDE et le capital humain influencent positivement la croissance économique des
  • 7. 7 pays à forte croissance. La recommandation retenue est que des mesures de politiques économiques des pays de l’UEMOA doivent être axées sur une bonne gouvernance afin d’attirer, aussi bien, les investisseurs nationaux qu’étrangers dans les pays de la sous-région. Le second article conjointement écrit par Professeur Alain NDEDI, Dr ONGUENE ATEBA Julien Grégoire et Mr Abdoulaye BENGALY fait état des variations des crises scolaires au Mali allant de l’époque coloniale à la dernière république (démocratique). L’article basé sur une étude a été réalisée suite à un travail de recherche documentaire complété par un questionnaire et des interviews auprès des acteurs soit respectivement 10 et 420 personnes pour des besoins d’analyses qualitatives et quantitatives. Ils sont 42 % et 31 % à être respectivement non satisfaits et pas du tout satisfaits de la gestion de ces crises. Néanmoins, les personnes interviewées prônent à l’unanimité le dialogue et sont 83% et 81 % à suggérer respectivement l’écoute attentive des inquiétudes d’acteurs et leur responsabilisation dans la gestion des crises scolaires. L’article du professeur Jean BABEI aborde l’analyse d’un modèle indiqué pour la transition des systèmes d’information à la performance logistique. En effet, le contexte de la distribution des produits tangibles est aujourd’hui marqué par de fortes exigences, de plus en plus accrues des clients, pour des solutions logistiques. Les logisticiens se trouvent alors dans l’obligation de réviser leurs modes et outils de gestion, afin de passer de la logique de flux poussés à celle de flux tirés par la demande des clients. Cette préoccupation est accentuée par le contexte de la pandémie au Corona virus. Dès lors, ce changement de vision peut être accompagné par l’adoption des systèmes d’information capables d’influencer positivement la performance logistique globale. Cet article construit un modèle qui décrit des caractéristiques d’un SI doté d’un potentiel de performance pour un système logistique. Au plan méthodologique une exploration documentaire est conduite. Elle débouche d’une part sur la construction du modèle annoncé. Et d’autre part, sur une discussion dudit modèle et des perspectives qu’il offre dans l’évaluation de la performance. L’article de Mr Moutila Beni Luc aborde le problème de l’industrie d’aluminium avec des implications néfastes sur les composantes biophysiques du territoire, mais aussi sur des espaces anthropisés et en particulier la santé des populations. L’industrie d’aluminium est tributaire de fortes quantités d’énergie mais aussi d’un flux important de matières. Le travail de recherche proposé par l’auteur utilise une approche transdisciplinaire et une méthodologie intégrée à l’effet d’évaluer les risques écologiques et sanitaires liés à l’industrie d’aluminium dans la ville d’Edéa au Cameroun. L’objectif de cet article consiste à qualifier et à quantifier les flux de matières et d’énergie au sein de la compagnie camerounaise d’aluminium (ALUCAM) et d’évaluer les performances environnementales et sociales de cette aluminerie située au cœur d’une zone humide fluviale. Les auteurs ont cherché en effet à comprendre
  • 8. 8 si les flux entrants et sortants dans le système productif d’ALUCAM répondent à l’impératif de rationalité écologique et sociale dans la ville d’Edéa. Pour ce faire, les auteurs ont mobilisé une démarche transdisciplinaire ainsi que des modèles de pensée hétérogènes mettant en scène entre autres approches, l’écologie industrielle et territoriale, le management environnemental, et l’économie. Des indicateurs et des outils méthodologiques tels que l’analyse des données en l’occurrence le Système d’Information Géographique (SIG) et l’Analyse en Composantes Principales (ACP) ont été mis à contribution afin de rendre compte de la complexité des phénomènes étudiés. Il résulte des études qualitatives et des analyses de laboratoire qu’en optant pour l’adoption des normes ISO et l’intégration des préoccupations environnementales et sociales dans ses activités et ses relations avec les parties prenantes sur une base volontaire. Les résultats montrent que la société ALUCAM a réussi à réduire de manière substantielle ses rejets atmosphériques, notamment ses émissions fluorées en direction des composantes biophysiques (air, eaux de surface, eaux souterraines), maitrisant de fait les risques écologiques et sanitaires à un niveau acceptable dans la ville d’Edéa. L'article des contributeurs qui sont Professeur Tchouassi Gerard, Mr Gahamanyi Niyonzima Thomas, et Mr Piva Asalako Prince a pour objectif d’analyser les impacts socio-économiques de la guerre Russo-Ukrainienne pour le cas de la RDC (République démocratique du Congo) et de repérer les canaux de transmission de ces chocs. La contribution s’intéresse à étudier et expliciter les impacts de cette guerre dans les différents secteurs de l’économie congolaise. Il en ressort que la variation du prix des matières premières est le principal canal de transmission du choc résultant de cette tension notamment le pétrole à travers une dégradation de la balance de paiement et une inflation dans le secteur de l’énergie et du transport des marchandises qui reste dépendant du pétrole. L’article montre en réponse à la pandémie, la diversification des sources d’importation des biens et produits de base essentiels tels que l’énergie et les denrées alimentaires a semblé intéressante à court terme tout en renforçant le commerce intra-africain. En plus de ce qui précède, les changements des habitudes alimentaires en adoptant les goûts des consommateurs et ou ménages aux produits locaux substituts parfait aux importations russes ou ukrainiennes sont envisagées. L’article révèle que à plus long terme, la transition énergétique n’est plus une option mais une nécessité car le pays dispose du potentiel nécessaire dans ce domaine. Néanmoins, l’article relève une limite, la nécessité des capitaux assez importants. Au nom du comité éditorial, mes sincères remerciements à tous les contributeurs et à leurs institutions respectives, et une bonne lecture à tous. Nous vous remercions de bien vouloir envoyer vos contributions au plus tard le 28 Avril 2023 et commentaires par courriel aux adresses suivantes: ndediaa@gmail.com et manuscrit.tma@gmail.com (secrétariat) Prof. Dr. Alain Ndedi
  • 9. 9 Analyse comparative des déterminants de la croissance économique entre les pays de l’UEMOA et les BRICS Dr ONGUENE ATEBA Julien Grégoire Economiste, Logisticien des transports / Expert en Douane et Transit Enseignant vacataire à l’Université de Bertoua et de Douala Tel : (237) 699 260 367 / (237) 676 531 537 E-mail: alandesstyles2016@gmail.com Mr Abdoulaye BENGALY Doctorant à l’Institut de Pédagogie, Universitaire (IPU) Faculté des Sciences Economiques et de Gestion (FSEG) Centre Universitaire de Recherche Economique et Sociale (CURES), Bamako-Mali Email : bembus130@yahoo.fr Cite l’article : Onguene Ateba, J. G. et Bengaly, A. (2023), Analyse comparative des déterminants de la croissance économique entre les pays de l’UEMOA et les BRICS. Journal des Tendances de Management Africaines, Volume 23, Série 2, Mars 2023. Pp 9-24. RESUME Le présent papier s’intéresse à l’analyse comparative de quelques déterminants de la croissance économique dans les pays de l’UEMOA et dans les pays à forte croissance. L’objectif de cette étude vise à proposer des mesures de politiques économiques pour la relance de la croissance dans les Etats de l’UEMOA. Pour ce fait, l’étude utilise des données secondaires de la Banque Mondiale de cinq pays à forte croissance sous l’acronyme BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et sept pays de l’UEMOA couvrant la période 1980-2013. A partir de l’estimateur DOLS (Dynamic Ordinary Least Squares), l’étude montre que l’investissement, les flux nets d’IDE et le capital humain influencent positivement la croissance économique des pays à forte croissance. Ainsi, des mesures de politiques économiques devront être axées sur une bonne gouvernance afin d’attirer, aussi bien, les investisseurs nationaux qu’étrangers dans les pays de l’UEMOA. Mots Clés : Croissance économique, UEMOA, BRICS, DOLS. ABSTRACT This paper focuses on the comparative analysis of some determinants of economic growth in WAEMU countries and in high-growth countries. The overall objective is to propose economic policy measures for the revival of growth in the 7 WAEMU states. In order to achieve the above, the study uses secondary from the World Bank of the five high-growth countries known as BRICS (Brazil, Russia, India, China and South Africa) and seven WAEMU countries covering the period 1980-2013. Using the DOLS (Dynamic Ordinary Least Squares) estimator, the research show that
  • 10. 10 investment, net FDI flows and human capital positively influence economic growth in high-growth countries. Thus, economic policy measures within WAEMU should focus on good governance in order to attract both domestic and foreign investors to WAEMU countries. Keywords : economic growth, WAEMU, BRICS, DOLS. INTRODUCTION Depuis 1980, les pays de l’Est asiatique se sont lancés dans l’industrialisation au moyen d’une base agricole hautement productive (Peter et Somsak, 1992). Ainsi les pays tels que le Japon, la Corée du Sud et la Taïwan se sont tous lancés dans une réforme agraire et ont investi dans l’infrastructure rurale ainsi que dans les aspects organisationnels et institutionnels du développement rural afin de financer l’industrialisation (Peter et Somsak, 1992). Aujourd’hui ces pays, anciennement pauvres, suscitent l’attention de tous et se démarquent de la masse des nations sous- développées de par leurs performances tant économiques que sociales. Au niveau économique, le développement des BRICS (Brésil-Russie-Inde-Chine-Afrique du Sud) est indéniable, et la vitesse à laquelle ils progressent, spectaculaire. En effet, entre 2000 et 2010, ces pays ont connu des taux de croissance nettement supérieurs à ceux des pays développés : le Brésil (3,7%), l’Inde (8%), la Chine (10,8%) et l’Afrique du Sud (3,9%) contre 1,6% pour les pays développés (CNUCED, 2012). Les BRICS occupent désormais une place très importante dans l’économie mondiale. Ils représentent 26% du PIB (en $ Parité du Pouvoir d’Achat (PPA)) mondial en 2012 contre 10% en 1990 (FMI, 2013). Les performances économiques réalisées par les BRICS ont contribué à l’amélioration du niveau et de la qualité de vie de leur population1 . Par contre, les pays africains, en particulier ceux de l’UEMOA sont restés à la traine. Ils éprouvent encore des difficultés à réaliser des taux de croissance élevés et de façon durable malgré les efforts pour améliorer le cadre macroéconomique. Les taux de croissance dans ces pays demeurent volatiles et largement en deçà des niveaux requis pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (6%). La pauvreté, le chômage et l’insécurité alimentaire sévissent encore dans ces pays. Les pays de l’UEMOA font partie des cinquante (50) derniers pays selon le classement de l’Indice de Développement Humain (IDH) de 2013 réalisé par le PNUD. L’agriculture faiblement mécanisée, constitue le seul secteur clé de leurs économies, lesquelles demeurent très vulnérables aux chocs exogènes et aux aléas climatiques. Les exportations de ces pays sont peu diversifiées et sont essentiellement composées de produits agricoles (cacao, café, coton, noix de cajou, les fruits etc.). Soucieux de cet état de chose, les organisations sous régionales telles la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) et l’UEMOA ont demandé aux différents Etats-membres de s’engager dans la voie pour l’atteinte d’une forte croissance. Ainsi, l’année 2025 a été retenue comme une date limite. 1 En effet, en Chine, quatre personnes sur cinq vivaient en-dessous du seuil de pauvreté en 1990 contre une personne sur cinq en 2010 (Banque Mondiale).
  • 11. 11 Au-delà des différences de cultures et de dotations de ressources initiales qui peuvent rendre les comparaisons moins pertinentes, existent des facteurs économiques clés dont l’évolution caractérise l’émergence. Il est donc opportun d’analyser les facteurs explicatifs de la croissance des pays à forte croissance (les BRICS) afin d’aider ceux de l’UEMOA dans la mise en œuvre de leurs politiques de marche vers une croissance équilibrée et soutenue. Ceci nous amène à nous poser les questions suivantes: Comment expliquer le dynamisme économique des BRICS ? En d’autres termes, qu’est-ce qui explique cette croissance rapide et soutenue de ces pays ? Comment expliquer l’écart de croissance entre les BRICS et les pays de l’UEMOA ? Cette étude se propose donc de ressortir les facteurs explicatifs de la croissance dans les pays tels que les BRICS afin de proposer des mesures de relance dans les pays de l’UEMOA dans une perspective de marche vers l’émergence. Plus spécifiquement, il s’agit d’une part, d’identifier les sources de croissance dans les BRICS et dans l’UEMOA et d’autre part, de faire une analyse comparative des facteurs explicatifs de la croissance afin d’expliquer le différentiel de trajectoire entre les deux groupes. 1. REVUE DE LITTERATURE La présente rubrique fait la synthèse des études empiriques ayant montré que l’ouverture commerciale et les IDE (Investissements Directs Etrangers) constituent des déterminants de la croissance. Plusieurs raisons motivent le choix de ces deux déterminants. En effet, les développements théoriques récents soutiennent que le modèle standard de la croissance économique nécessite d’être enrichi par l’introduction d’autres facteurs susceptibles d’expliquer les variations de l’output agrégé. La littérature existante s’est souvent focalisée sur l’impact isolé du commerce extérieur et de l’investissement direct étranger sur la croissance économique. Les études récentes utilisent la théorie de croissance endogène en vue d’explorer les relations entre le commerce extérieur, les IDE et la croissance. Elles suggèrent qu’un environnement commercial orienté vers l’exportation pourrait être un catalyseur de l’attraction des IDE pendant que le commerce extérieur et les IDE contribuent tous les deux à la croissance (Nath, 2004). Les effets expansifs des IDE sur la croissance pourraient être plus substantiels dans les pays à régime commercial plus libéralisé (Mansouri, 2009). Un régime commercial libéral pourrait, vraisemblablement, créer un environnement propice à l’apprentissage ; accompagnant ainsi le capital humain et les nouvelles technologies dues aux IDE. En outre, l’ouverture commerciale assure l’accès à de vastes marchés, permettant ainsi d’attirer plus d’IDE. Dès lors, ces études semblent suggérer que les IDE et le commerce extérieur interagissent dans la direction d’une croissance économique forte. Cependant, la nature d’une telle interaction et son effet sur la croissance dans divers pays sont largement des questions d’ordre empirique (Nath, 2004; Gabor, 2004; Cernat et Vranceanu, 2002). Les IDE permettent aux pays d’accueil de réaliser des niveaux d’investissement supérieurs aux niveaux de l’épargne domestique. Mieux, l’IDE est un canal majeur du transfert de la technologie moderne et de l’innovation. L’impact positif des IDE
  • 12. 12 sur la croissance dépend néanmoins de la nature du régime de politique commerciale mis en place (Kohpaiboon, 2004). Le point de départ de l’analyse dans ce cadre est la fameuse ‘hypothèse de Bhagwati’ (Bhagwati, 1973, 1994), hypothèse selon laquelle les gains issus des IDE seraient probablement faibles et même négatifs dans le contexte d’un régime commercial de substitution aux importations en comparaison avec un régime de politique commerciale orientée vers la promotion des exportations (Kohpaiboon, 2004). Les IDE peuvent même avoir des effets adverses sur la croissance dans un environnement de restriction commerciale (De Melo, 1999; Lipsey, 2000). Des études récentes sur l’impact interactif du commerce extérieur et des IDE ont souvent utilisé des analyses trans-pays (cross-country analysis) avec toutes leurs limites comme techniques quantitatives. Le besoin se fait donc plus pressant pour des analyses systématiques de séries temporelles axées sur les expériences spécifiques des pays en vue d’enrichir notre connaissance2 En étudiant l’impact interactif du commerce extérieur et des IDE (Investissements Directs Etrangers) sur la croissance économique à travers des analyses de séries chronologiques, il importe de chercher à savoir comment un régime commercial régional fonctionne et comment une zone de libre-échange affecte les flux des IDE (Worth, 2004). Un régime de libre-échange régional qui vise à réaliser la neutralité en termes d’incitations, pourrait être supérieure à un régime entaché de restriction des échanges, notamment en permettant de glaner des gains à partir des IDE. Dans un tel système commercial libéralisé, les IDE peuvent opérer dans un environnement relativement libéré des distorsions. Ceci génère également une expansion de l’output dans les lignes de produits internationalement compétitives et orientées vers l’exportation. En plus, la production des firmes dans un régime de promotion des exportations ne serait pas limitée par la taille du marché intérieur et il serait possible de réaliser des économies d’échelle à travers le renforcement de la pénétration des marchés internationaux (Kohpaiboon, 2004; Nath, 2004). Les IDE constituent également un important canal de propagation de la recherche et développement (R&D), y compris le développement du capital, des pays développés vers ceux en voie de développement (Grossman et Helpman, 1991). Les IDE pourraient probablement générer des propagations technologiques vers les pays d’accueil de plusieurs façons, notamment à travers la formation du staff local, l’amélioration des standards de production des firmes situées en amont et en aval du tissu industriel et le renforcement des capacités concurrentielles des entrepreneurs locaux. En outre, l’association des investisseurs étrangers à l’effort de production peut générer des effets de démonstration au profit des firmes locales, en particulier sur le plan des choix technologiques, des pratiques managériales, etc. (Kohpaiboon, 2004; Worth, 2004; Nath, 2004). Or, les propagations technologiques favorables exigent un climat d’investissement propice qui est lui-même associé à la libéralisation commerciale. Dans une zone commerciale plus libéralisée, les IDE peuvent générer des effets de propagation favorables parce que, dans une telle situation, les IDE sont 2 (Kohpaiboon, 2004:3).
  • 13. 13 majoritairement attirés vers des industries où le pays d’accueil dispose d’un avantage comparatif. Les firmes locales peuvent profiter d’un grand potentiel pour se mesurer aux firmes étrangères et réaliser ainsi des améliorations de productivité. Les études empiriques analysant l’impact de l’ouverture commerciale et des IDE sur la croissance économique estiment l’effet isolé des deux variables. La présente étude se propose de prendre en considération leur impact interactif, en plus de l’estimation de l’effet isolé. L’impact des IDE sur la croissance économique dépendrait probablement du régime commercial adopté. Les pays où le régime commercial est libéral pourraient réaliser de meilleures performances en matière d’attraction des IDE et de leur utilisation comme catalyseur de la croissance économique3 . De plus, l’ouverture commerciale pourrait renforcer l’accès à des marchés plus vastes et pourrait vraisemblablement, dès lors, aider à attirer plus d’IDE. Dans un contexte de libéralisation commerciale, les IDE pourraient contribuer fortement au transfert de la technologie moderne et de l’innovation des pays développés vers ceux en voie de développement et, par conséquent, pourraient booster les transactions commerciales et renforcer la croissance économique. 2. METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE Nous partons du modèle de croissance néoclassique standard afin d’étudier empiriquement les déterminants de la croissance : Y = f (A, L, K) (1) Où Y désigne le PIB réel, A la productivité totale des facteurs de production, L et K désignent respectivement le volume du travail et le stock de capital. Le facteur A capte la productivité totale des facteurs lorsqu’on ne prend pas en considération la croissance des deux inputs de production (L et K). Suivant la nouvelle théorie de croissance endogène, A est déterminé de façon endogène par les facteurs économiques. Etant donné que les données disponibles sur les IDE ne captent pas pleinement l’investissement additionnel dû aux firmes étrangères (Lipsey, 2001; Kahpaiboon, 2004), il ne sera pas possible de séparer les composantes locales et étrangères de l’investissement domestique global. Néanmoins, en suivant Mansouri (2009), nous supposons que l’impact des IDE sur la croissance économique peut se matérialiser à travers la productivité totale des facteurs (A). Sur la base de l’hypothèse de Bhagwati, il semble aussi raisonnable de supposer que l’impact des IDE sur A dépendrait du régime de politique commerciale mis en place. Dès lors, une variable proxy pour l’ouverture commerciale (OC) peut être introduit dans l’équation : 3 Un régime commercial libéral pourrait créer un climat d’investissement générateur d’apprentissage et allant en symbiose avec le capital humain et les nouvelles technologies insufflées par les IDE.
  • 14. 14 A = g (IDE, IDE * OC) (2) En substituant (2) dans (1) nous obtenons : Y = g (IDE, IDE * OC, L, K) (3) Pour tenir compte de l’impact isolé de l’ouverture commerciale sur la croissance économique, nous introduisons OC comme variable explicative. Nous obtenons alors le modèle suivant : Y = g (IDE, OC, IDE * OC, L, K) (4) Dans le modèle (4), les variables sont mesurées de la façon suivante : Y est mesuré par le PIB par tête à prix constant ; c’est-à-dire le PIB nominal divisé par le déflateur du PIB, le tout rapporté à l’effectif total de la population, IDE est la valeur brute des flux des investissements directs étrangers. Il est mesuré, dans cette étude, par les entrées nettes (en % du PIB), OC est la somme des exportations et des importations des marchandises en proportion du PIB. L’interaction entre les IDE et le commerce extérieur est estimée par le produit des variables IDE (en proportion du PIB) et OC (c’est-à-dire l’interaction à partir du produit (IDE / PIB) * OC) L est mesuré, dans cette étude, par l’effectif de la population de 15-64 ans en pourcentage de la population totale Compte tenu du fait que le stock de capital n’est pas directement disponible pour les différents pays concernés par la présente étude, le facteur K a été approximé par la valeur de la formation brute du capital fixe en pourcentage du PIB (soit FBCF). Ce proxy du stock de capital a été utilisé dans plusieurs études (voir par exemple, Barro, 1999; Balasubramanyam et al, 1996; Kahpaiboon, 2004). Le modèle final se présente alors comme suit : (5) Où i désigne la dimension individuelle (pays) et t la dimension temporelle. Afin de prendre en compte l’influence des caractéristiques non observables et de pouvoir contrôler l’hétérogénéité individuelle et/ou temporelle, nous régressons l’équation (5) en données de panel. Le modèle (5) peut alors s’écrire :
  • 15. 15 (6) Avec Où λi est l’effet fixe ou le facteur d’hétérogénéité des pays (il prend en compte tous les facteurs non observés, constants dans le temps et qui ont un impact sur le PIB). νt est l’effet spécifique temporel, et ℮i,t le terme d’erreur qui prend en compte les facteurs non observés qui varient dans le temps. 2.1. Procédure d’estimation La procédure d’estimation se fera en trois étapes. D’abord, nous vérifions la stationnarité des séries, ensuite nous faisons un test de cointégration pour approuver l’existence d’une relation de long terme et enfin, nous procédons à l’estimation de cette relation. 2.2. Etude de la stationnarité Nous suivons Banerjee et Zanghieri (2003), Araujo et alii (2004) et Hurlin et Mignon (2005) pour présenter de manière brève les tests de racine unitaire. Dans notre étude, nous proposons des tests de 1ère génération4 . L’hypothèse nulle des tests de 1ère génération repose sur la notion d’indépendance entre les individus du panel. Nous présentons les tests de Levin, Lin et Chu (2002), d’Im, Pesaran et Shin (2003) et Maddala et Wu (1999) dont la spécificité repose sur l’hypothèse nulle de stationnarité. Considérons une série x composée de N individus sur T périodes. Supposons que la série. Xi,t, avec i = 1,...,N= et t=1,…, T, repose sur une représentation générale du type ADF : Δxit = αi + βit + Pixit-1 + µi,t Les termes d’erreur µi,t sont indépendants dans la dimension individuelle. αi représente la spécificité individuelle constante dans le temps qui est ici captée par un effet fixe et βi représente les tendances déterministes propres à chaque individu. Cette représentation équivaut au modèle 3 des tests ADF. L’hypothèse nulle de non stationnarité (Ho) s’exprime comme suit : H0 : Pi = 0, ∀i (7) Mais c’est l’hypothèse alternative (Ha) qui va différer selon le test utilisé. Levin, Lin et Chu (2002) considèrent que les termes iρ sont homogènes entre les individus. Ainsi : H0 : Pi = P < 0, ∀i (8) 4 Les tests de racine unitaire en panel sont inspirés des tests ADF en séries temporelles.
  • 16. 16 Ils supposent ainsi que toute hétérogénéité interindividuelle est captée par les effets fixes. Im, Pesaran et Shin (2003) remettent en cause cette hypothèse d’homogénéité de la racine autorégressive qui semble peu pertinente, notamment pour les études sur données macroéconomiques. Il existe dans la littérature plusieurs tests de racine unitaire sur données de panel. Dans cette étude, nous présenterons les plus utilisés à savoir les tests d’Im, Pesaran et Shin (2003), Levin, Lin et Chu (2002) et Maddala et Wu (1999), qui sont des extensions des tests ADF au panel. Le test de Levin, Lin et Chu est construit à partir du modèle de type Dickey-Fuller Augmenté (ADF) suivant : Δyi,t = Pyi,t-1 + ∑ Ƴ 𝑝𝑖 𝑠=1 i,sΔyi,t-s + X‘i,t δ + µi,t (9) Où µi,t est i.i.d. (0, σ2 µ,i), Xi,t représente les variables exogènes du modèle et inclu tout effet individuel ou temporel et ρ un coefficient autorégressif. Etant donné que l’ordre des retards pi permettant de purger l’autocorrélation des résidus est a priori inconnu, Levin, Lin et Chu proposent une procédure de test en trois étapes applicable dans chacun des modèles 1, 2 et 3. L’hypothèse nulle testée par Levin, Lin et Chu (2002) est une hypothèse jointe de racine unitaire et d’absence d’effets fixes, c’est-à-dire la présence de racine unitaire commune à tous les individus, contre la stationnarité de toutes les séries. Sous l’hypothèse nulle la t-stat suit une distribution limite normale. Mais, l’hypothèse alternative présente un caractère homogène de la racine autorégressive en postulant l’hypothèse alternative suivante : Ha : Pi < 0, i = 1,…, N1 et Pi = 0,i = N1 + 1,…, N (10) Dans ce test, cohabitent deux types d’individus : les individus i = 1,…,N1 pour lesquels la variable xi,t est stationnaire et les individus i = N1 + 1,…,N pour lesquels la variable xi,t est non stationnaire. Dès lors, le test de Im, Pesaran et Shin (2003) se présente comme une combinaison de tests indépendants de racine unitaire (Araujo et alii, 2004). La statistique du test IPS (Im, Pesaran et Shin) est une moyenne de statistique ADF de chaque individu i du panel. Elle se définit comme suit : 𝑡 ̅ = 1 𝑁 ∑ 𝑡 𝑁 1 i (11) Où ti est la statistique de Student associée à l’individu i.
  • 17. 17 Si le test IPS est une avancée par rapport à celui de LLC, il a cependant deux principales limites : le panel doit être cylindré et le nombre de retards pour administrer chaque test ADF ne doit pas être différent entre les séries. 2.3. Test de cointégration La littérature sur les tests de cointégration en panel est récente. Elle s’est développée autour de deux tests fondamentaux : le test de Pedroni (1999) et celui de Kao (1999). Aussi, ces deux tests sont les plus utilisés dans les recherches empiriques. Leur hypothèse nulle est identique. Il s’agit de l’absence de cointégration entre les variables considérées. L’hypothèse alternative quant à elle diffère. Notons que ces tests supposent tous l’absence de dynamiques interindividuelles, et testent donc l’existence de relations de cointégration intra-individuelles. Ils reposent sur une relation de long terme du type : Yi,t = αi + ∑ 𝛽 𝑀 𝐾=1 k i,t Xk i,t + εi,t (12) Avec i = 1,…, N ; t = 1,…., T et m = 1,…, M et Pour i = j et 0 sinon. Pedroni (1999) et Kao (1999) testent la stationnarité des résidus de la relation de long terme de façon analogue aux tests d’Engle et Granger. (13) L’hypothèse nulle testée correspond alors à l’absence de relation de cointégration, Soit : (14) Pedroni présente sept tests statistiques pour tester l’hypothèse nulle. Dans ces sept tests, quatre sont basés sur la dimension within (intra) et trois sur la dimension between (inter). La distinction entre ces deux catégories de tests se fait au niveau de l’hypothèse alternative : Les tests de Kao (1999) sont des tests du type ADF de stationnarité des résidus de la relation de cointégration; mais qui supposent des vecteurs de cointégration homogènes selon les individus. L’hypothèse nulle testée dans ce test est l’absence de cointégration. Au cas où les variables du modèle seraient intégrées du même ordre, et qu’on passerait au stade des tests de cointégration, si ces tests concluent que le PIB par habitant et les variables explicatives du modèle entretiennent une relation de long terme, il sera alors pertinent d’envisager de recourir au moindre carré dynamique
  • 18. 18 (DOLS) pour mettre en évidence les relations de court terme et de long terme entre le PIB par habitant et les variables explicatives. Dans le cas contraire, la méthode d’estimation la plus robuste pour estimer notre modèle tel que spécifié est la méthode des moments généralisés (GMM). 2.4. Source de données Les données utilisées dans cette étude proviennent principalement de la base des indicateurs de développement (World Development Indicators) de la Banque Mondiale (2013). Elles ont une dimension annuelle et couvrent la période 1980-2013. Notre analyse sera menée sur deux groupes de pays, le premier est composé des pays émergents (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) et le second des pays de l’UEMOA (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Niger, Sénégal, Togo). Le manque de séries longues pour la Guinée-Bissau est la principale raison de son exclusion de notre échantillon. 3. PRESENTATION ET DISCUSSION DES RESULTATS Cette rubrique analyse la relation entre le PIB par habitant, les entrées nettes de l’investissement direct étranger, la formation brute de capital fixe, la population âgée de 15-64 ans, l’ouverture commerciale et l’interaction entre les flux nets d’IDE et l’ouverture commerciale. Nous testons l’existence d’une relation de long terme entre les différentes variables. Ensuite, nous estimons cette relation de long terme. 3.1. Résultats du test de cointégration de Pedroni Comme le montrent les résultats du tableau 2, le test de cointégration de Pedroni révèle que les cinq variables non stationnaires en niveaux (c’est-à-dire lpib, ide, fbcf, ideouv, poptravail) entretiennent une relation de long terme dans les pays de l’UEMOA et dans les BRICS. Ainsi, nous utilisons l’estimateur des moindres carrés dynamiques (DOLS) pour l’estimation de ces relations de long terme. Tableau 1 : Résultats du test de cointégration de Pedroni dans l’UEMOA et dans le BRICS UEMOA V-statistic Rho-statistic PP-statistic ADF-statistic Stat P-value Stat P-value Stat P-value Stat P-value Panel statistics -1,128 0,870 -2,557 0,005 -8,103 0,000 -4,899 0,000 Group statistics - - -1,901 0,029 -8,986 0,000 -4,633 0,000 BRICS V-statistic Rho-statistic PP-statistic ADF-statistic Stat P-value Stat P-value Stat P-value Stat P-value
  • 19. 19 Panel statistics 2,074 0,981 1,172 0,879 -1,658 0,049 -3,757 0,000 Group statistics - - 1,862 0,969 0,413 0,660 0,541 0,706 Source : WDI 2013, estimation de l’auteur 3.2. Résultats sur panel dynamique La méthodologie d’estimation est celle des moindres carrés dynamiques (DOLS). Les résultats de cette estimation sont présentés dans le tableau 2. Tableau 2 : Estimation de la relation de long terme dans les BRICS et dans l’UEMOA BRICS Variables Coefficient Probabilité Ideouv -0,009 0,747 Ide 0,024 0,059 Fbcf 0,012 0,000 Ouv -0,133 0,023 Poptravail 0,056 0,000 UEMOA Variables Coefficient Probabilité Ideouv -0,0002 0,507 Ide 0,023 0,289 fbcf 0,181 0,000 ouv -0,001 0,402 poptravail 2,176 0,034 Source : WDI 2013, estimation de l’auteur Les résultats obtenus sont conformes à l’enseignement de notre analyse théorique. En effet, l’estimation de la relation de long terme montre que le signe du coefficient
  • 20. 20 relatif à l’investissement est positif et significatif au seuil de 1% dans les deux groupes de pays. Par conséquent, nos résultats empiriques valident l’effet positif de l’investissement sur la croissance à long terme dans les pays émergents et dans les pays de l’UEMOA. Une augmentation d’un point de pourcentage de l’investissement entraine une augmentation de 0,012 point de pourcentage du PIB par habitant des pays émergents. En effet, la croissance des pays émergents serait imputable aux politiques publiques interventionnistes (investissements dans l’éducation, la formation, les infrastructures, etc.), notamment en Chine. Ces politiques se sont matérialisées par une transformation structurelle de l’économie, c’est-à-dire une réallocation des facteurs de production vers les secteurs les plus productifs, et notamment l’industrie manufacturière; se traduisant par un accroissement de la productivité du capital et du travail dans ces secteurs. Tout comme les BRICS, une augmentation d’un point de pourcentage de la formation brute de capital fixe, dans les pays de l’UEMOA, induit à long terme une augmentation du PIB par tête de 0,18 point de pourcentage. Dans les BRICS, l’investissement direct étranger impacte positivement, au seuil de 10%, le PIB par tête, alors que l’interaction entre les IDE et l’ouverture commerciale (ideouv) reste sans effet sur la croissance économique par tête. Ce résultat révèle en effet que les flux d’IDE n’exercent pas un effet d’entrainement sur la croissance économique par tête lorsqu’ils sont accompagnés de la libéralisation commerciale. Par ailleurs, l’impact positif des IDE sur la croissance des pays émergents serait lié à l’insertion de ces pays5 dans une division internationale des processus de production. La Chine par exemple, a mis en place une stratégie de délocalisation des firmes étrangères, ceci par l’abaissement des barrières institutionnelles grâce à la relance des réformes économiques6 , à l’ouverture de nouveaux secteurs, aux investissements directs et aux possibilités accrues de commercialisation sur le marché intérieur. Contrairement aux pays à forte croissance, les flux nets d’IDE ne contribuent pas à la croissance des pays de l’UEMOA. Ce résultat peut être dû à l’existence des contraintes liées à l’insuffisance des ressources humaines de qualité, au coût et à la qualité de l’accès à l’énergie, à la flexibilité de la politique fiscale. La stabilité socio- économique et l’attractivité du marché de consommation sont également importantes pour attirer les IDE. Un autre résultat empirique réside dans le fait que, dans les pays de l’UEMOA, le coefficient associé à l’ouverture commerciale n’est pas significatif. L’ouverture commerciale n’impacte donc pas la croissance de ces pays. Cette conclusion est semblable à celle de Kwasi (2012) qui indique que les pays en voie de développement dont les exportations sont essentiellement concentrées sur les produits de base n’enregistrent pas de répercussions bénéfiques de leurs exportations sur leur taux de croissance. Les prédictions des théories néoclassiques et de la croissance endogène selon lesquelles la libéralisation commerciale a un effet favorable sur la croissance 5 (Surtout la Chine) 6 Voir Thèse de Doctorat ONGUENE ATEBA Julien, Essai de développement d’un modèle d’émergence économique pour le Cameroun, 2019, AUCA.
  • 21. 21 économique ne semblent pas être vérifiées dans le cas des pays de l’UEMOA. Ce résultat peut s’expliquer par le fait que les politiques complémentaires (institution de bonne qualité, développement financier) n’accompagnent pas la politique d’ouverture commerciale. De plus, dans les pays de l’UEMOA, les exportations sont concentrées sur les produits primaires (café, cacao, coton, etc.) ; ce qui ne favorise pas l’effet positif de l’ouverture commerciale sur la croissance économique. Ces pays sont aussi confrontés au problème de détérioration des termes de l’échange (baisse des prix relatifs des produits locaux) qui entraine souvent d’énormes pertes. Le capital humain, approché dans la présente étude par la population active de 15-64 ans, affecte positivement la croissance économique par tête des pays de l’UEMOA et celle des BRICS. Selon nos estimations, une augmentation de la population active d’un point de pourcentage entrainerait une hausse de la croissance économique par tête de l’ordre de 2,18 points de pourcentage dans l’UEMOA, alors que dans les BRICS, cet effet n’est que de 0,06. Ce résultat pourrait être expliqué par le grand effectif de la population des BRICS (les BRICS représentent plus de 40% de la population mondiale), surtout la Chine. Les BRICS auraient atteint un niveau de population active tel que les retombées positives sur la croissance ne soient plus visibles. CONCLUSION Le présent article s’est appuyé principalement sur la base des indicateurs de développement (Word Development Indicators) de la Banque Mondiale (2013). Ces données ont une dimension annuelle et couvrent la période 1980-2013. Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) occupent aujourd’hui une place importante dans l’économie mondiale. Ils représentent plus de 40% de la population mondiale et, en 2011, leur PIB représentait plus d’un cinquième du total mondial. Ils ont réalisé des taux de croissance élevés et soutenus ces dernières années. La présente étude se charge de faire une analyse comparative de quelques facteurs explicatifs de la croissance dans les BRICS et dans les pays de l’UEMOA. Pour ce faire, nous estimons un panel cylindré dynamique à partir des données de la Banque Mondiale pour les deux groupes de pays sur la période 1980-2013. La Guinée-Bissau a été retirée de l’échantillon pour la non disponibilité de données relative à certaines variables. Après une analyse descriptive de l’évolution des variables de l’étude, les tests de stationnarité (LLC et IPS) et de cointégration (Pedroni, 1999) ont permis d’identifier l’existence d’une relation de long terme entre les variables dans les pays de l’UEMOA et dans les pays à forte croissance (les BRICS). Cinq (05) facteurs explicatifs ont été retenus : la population active de 15-64 ans comme proxy du capital humain, la Formation Brute de Capital Fixe comme proxy du capital physique, le degré d’ouverture mesuré par le total des importations et des exportations en pourcentage du PIB, les IDE et l’interaction entre l’ouverture commerciale et les flux nets d’IDE. Les estimations confirment l’effet positif du capital physique sur la croissance dans l’UEMOA et dans les pays émergents.
  • 22. 22 Pour avoir une croissance durable à l’image des pays à forte croissance (BRICS), les pays de l’UEMOA doivent donc intensifier les efforts déjà déployés pour renforcer et libéraliser le cadre réglementaire de l’investissement. Pour ce faire, les gouvernements de ces pays doivent rassurer les opérateurs économiques en assainissant l’environnement des affaires et en améliorant la qualité des institutions. Ils devront également mettre en place des infrastructures adéquates afin de réduire les coûts de l’investissement et donc d’attirer les investisseurs aussi bien nationaux qu’étrangers. Les IDE ne contribuent pas encore à la croissance des pays de l’UEMOA. Il faudrait alors une politique de réorientation des IDE afin qu’ils ne se limitent pas aux ressources naturelles. Pour tirer profit des IDE, il faut une main-d’œuvre de qualité; ceci nous amène à recommander aux autorités de ces pays de relever la qualité de la main-d’œuvre en augmentant les dépenses publiques d’éducation et de santé afin de renforcer les capacités des ressources humaines. Les résultats ont également indiqué que l’ouverture commerciale est sans effet sur la croissance des pays de l’UEMOA. Nous suggérons à cet effet aux autorités des pays de l’UEMOA de revoir leur structure d’exportation et d’adopter une politique de promotion et de diversification des exportations. Pour ce faire, elles devront créer un environnement propice aux exportations en facilitant les procédures administratives et en luttant contre la corruption. Pour ce qui est de la diversification, les économies de l’UEMOA doivent investir les bénéfices tirés des exportations de produits de base dans des industries en aval à plus grande valeur ajoutée ; ce qui permettrait aux exportateurs de ressources naturelles de développer et de diversifier leur base d’exportation et de ne plus dépendre que de l’exportation de ressources naturelles. Un accent doit être également mis sur le secteur de transport, car il constitue un élément clé pour les activités d’import/export. L’analyse des déterminants de la croissance a suscité beaucoup d’intérêt dans la littérature économique, tant au niveau des pays en développement qu’au niveau des pays émergents. Cette étude se démarque des études citées par l’utilisation d’un panel dynamique permettant d’estimer la relation de long terme et son caractère comparatif. Toutefois elle nécessite d’être approfondie. La non-prise en compte du développement financier et des facteurs institutionnels constitue une limite pour ce travail. Cette étude ne dissocie pas l’investissement privé de l’investissement public ; ce qui pouvait enrichir l’analyse. De plus, elle ne tient pas compte de l’aspect qualitatif du capital humain. Il serait plus intéressant de construire un indicateur composite de capital humain prenant en compte à la fois l’aspect quantitatif et l’aspect qualitatif de l’éducation afin de pouvoir mieux cerner l’impact du capital humain sur la croissance. REFERENCES Araujo, C., Burn, J. F. et Combes, J. L., (2004). Econométrie, Bréal.
  • 23. 23 Bhagwati, J.N., (1994). “Free Trade: Old and New Challenges”, Economic Journal, 104 (423), 231-246. Bhagwati, J.N., (1973). “TheTheory of Immiserizing Growth: Further Applications”, in M. Connolly and A. Swoboda (eds.), International Trade and Money, University of Toronto Press, Toronto. Balasubramanyam, V.N., Salisu, M.A. et Sapsford, D., (1996). “Foreign Direct Investment and Growth in EP and IS Countries”, Economic Journal, 106 (434), 92-105. Banerjee, A. et Zanghieri, P., (2003). “A new-look at the Feldstein-Horioka puzzle using an integrated panel”, CEPII working paper, 2003/22. Barro, R.J., (1999). “Determinants of Economic Growth: A Cross-Country Empirical Study”, MIT Press, Cambridge. Cernat, L. et Vranceanu, R., (2002). “Globalization and Development: New Evidence from Central and Eastern Europe”, Comparative Economic Studies, XLIV, N° 4 (winter), 119-136. De Mello, L. R., (1999). “Foreign Direct Investment-Led Growth: Evidence from Time Series and Panel Data”, Oxford Economic Papers, N°51, 133-151. Fonds Monétaire International, (2013). Perspectives de l’économie mondiale, Etudes économiques et financières. Gabor, H., (2004). “FDI in Small Accession Countries: The Baltic States”, EIB Papers, vol. 9, N°2, 91-113. Grossman, G. et Helpman, E., (1991). “Innovation and Growth in the Global Economy”, MIT Press, Cambridge. Hurlin C. et Mignon V., “Une Synthèse des Tests de cointégration sur données de Panel”, Document de recherche, (2006). n° 2006-12, Laboratoire d’Economie d’Orléans. Kao, C., (1999). “Supurious regression and residual-based tests for cointegration in panel data”, Journal Economic, N°90, 1-44. Kao, C. et Chiang, M., (2000). “On the estimation and inference of cointegrated regression in panel data”. In: Baltagi B (ed) “Non stationary panels panel cointegration and dynamic panels”. Advances in Econometrics, vol 15. Elsevier Science, Amsterdam, 179–222. Kohpaiboon, A., (2004). “Foreign Trade Regime and FDI-Growth Nexus: A Case Study of Thailand”, Working paper, Australian National University. Kwasi, F.A., (1996). “Primary Exports and Economic Growth in Developing Countries”, The World Economy, July, 465-75. Levin, A., Lin, C.-F., Chu, C.-S.J., (2002). “Unit root tests in pane data: asymptotic and finite-sample properties”, Journal Economic, N° 108, 1–24. Lipsey, R.E. (2000). “Inward FDI and Economic Growth in Developing Countries”, Transnational Corporations, 9(1), 67-94. Mansouri, B., (2009). “Effets des IDE et de l’ouverture commerciale sur la croissance economique au Maroc”, Conférence Economique Africaine 2009.
  • 24. 24 Nath, H. K., (2004). “Trade, Foreign Direct Investment and Growth: Evidence from Transition Economie”, paper prepared for the 51st Annual North American Meeting of the Regional Science Association International. Pedroni, P., 1999, “Critical Values of Cointegration Tests in Heterogenous Panels with Multiple Regressors”, Oxford Bulletin of Economics and Statistics, S1, 61, 653-670. Pedroni, P., 2000, “Fully-modified OLS for heterogeneous cointegrated panels and the case of purchasing power parity”, Advances In Econometrics, Vol 15. Elsevier Science, Amsterdam, 93-130. Saggi, K., 2000, “Trade, Foreign Direct Investment and International Technology Transfer”, A survey, World Bank Working Paper Series in International Economics, N°2349. Saikkonen, P., 1991, “Asymptotically efficient estimation of cointegration regressions”, Econometric Theory, (58), 1-21. Worth, T., (2004). “Regional Trade Agreements and Foreign Direct Investment”, Working paper, Regional Trade Agreements and U.S. Agriculture/AER-771-77, Economic Research Service/USDA.
  • 25. 25 Analyse de l’impact des crises sociales sur la gestion de l’école au Mali Professeur NDEDI Alain, Professeur en organisation, stratégie et en entrepreneuriat President: College of Entrepreneurship and Small Business Management (www.cesbm.education) Tel (WhatsApp): +237 690 757 969 / +237 679 6266 39 Email: ndediaa@gmail.com / ndedi.alain@gmail.com Dr ONGUENE ATEBA Julien Grégoire Economiste, Logisticien des transports / Expert en Douane et Transit Enseignant vacataire à l’Université de Bertoua et de Douala Tel : (237) 699 260 367 / (237) 676 531 537 E-mail: alandesstyles2016@gmail.com Mr Abdoulaye BENGALY Doctorant à l’Institut de Pédagogie Universitaire (IPU) Faculté des Sciences Economiques et de Gestion (FSEG) Centre Universitaire de Recherche Economique et Sociale (CURES), Bamako-Mali E-mail: bembus130@yahoo.fr Cite cet article : Ndedi, A, A; Onguene Ateba, J. G. et Bengaly A. (2023), Analyse de l’impact des crises sociales sur la gestion de l’école au Mali. Journal des Tendances de Management Africaines, Volume 23, Série 2, Mars 2023. Pp 25-36. RESUME: Cet article fait état des variations des crises scolaires au Mali allant de l’époque coloniale à la dernière république (démocratique). Cette étude a été réalisée suite à un travail de recherche documentaire complété par un questionnaire et des interviews auprès des acteurs soit respectivement 10 et 420 personnes pour des besoins d’analyses qualitatives et quantitatives. Ils sont 42 % et 31 % à être respectivement non satisfaits et pas du tout satisfaits de la gestion de ces crises. Néanmoins, ils prônent à l’unanimité le dialogue et sont 83% et 81 % à suggérer respectivement l’écoute attentive des inquiétudes d’acteurs et leur responsabilisation dans la gestion des crises scolaires. Mots clés : crise scolaire, mécanisme de gestion, école, mali. Abstract This article reports on the variations of school crises in Mali ranging from the colonial era to the last (democratic) republic. This study was carried out following a documentary research work supplemented by a questionnaire and interviews with the actors, respectively 10 and 420 people for the purposes of qualitative and quantitative analysis. They are 42 % and 31 % to be respectively unsatisfied and not at all satisfied with the management of these crises. Nevertheless, they
  • 26. 26 unanimously advocate dialogue and 83 % and 81 % respectively suggest listenning carefully to the concerns of stakeholders and making them accountable in the management of school crises. Key words: school crises, management mechanism, school, Mali. INTRODUCTION Les crises ont étouffé à des moments différents l’histoire du système éducatif malien. Leurs répercussions ont parfois constitué des ‘goulots d’étranglement’ à ce système scolaire singulièrement depuis 1985. Il aura été question des tensions, des confrontations d’idéologies ou encore des situations de désaccords entre acteurs qui ont miné l’école malienne. Ces situations conflictuelles se manifestent sous de types variés. Nous pouvons en citer: les conflits de valeurs, d’intérêts qui feront objets d’analyses plus détaillées ultérieurement. Nous constatons une variation de ces crises scolaires dans leurs manifestations en fonction des spécificités qui caractérisaient les systèmes de gouvernance au Mali: l’avènement de l’école sous l’ère coloniale, la première république (régime socialiste), la deuxième république (régime militaire), la troisième république (la démocratie). Cette étude contribue à répertorier les différentes crises qui minent le système scolaire malien et analyser les modes de gestion adoptés face à ces crises. Différents régimes politiques se sont succédés avec chacun ses spécificités de crises sur l’espace scolaire malien. Ces crises connaissent des variations qui sont entre autres: des années blanches, des licenciements abusifs, des arrestations arbitraires, des exclusions d’élèves et d’étudiants, des assassinats, l’instabilité des réformes et des innovations pédagogiques. La diversité des acteurs scolaires entraine une confusion dans les rôles et responsabilités. Carra, (2006) trouve que le refus d’un partage de responsabilité dans les défaillances éducatives peut instaurer une relation nébuleuse entre les acteurs de l’école. La démocratisation de l’enseignement complétée par la décentralisation de l’école a fait accroître la demande sur l’offre. Aussitôt, des difficultés se sont manifestées en termes d’infrastructures, de ressources humaines et d’équipements scolaires. L’évolution sociale a aussi entrainé un changement au niveau de la législation scolaire et des perceptions d’acteurs sur les faits scolaires. En effet, les sanctions font objets aujourd’hui de beaucoup de tensions entre les acteurs de l’école. Casalfiore, (2003) expose les divergences d’opinion entre les parents d’élèves et le personnel de l’école sur les sanctions scolaires. Les premiers trouvent les sanctions disproportionnées et les seconds comme nécessaires pour la bonne marche du système. La perspicacité a généralement manqué dans les stratégies de résolution de ces crises. Les modes de gestion ont varié de l’extrême violence à de l’indifférence. Les libertés individuelles sont parfois menacées tout comme la promotion professionnelle. 1. METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE La méthodologie de la présente étude a consisté à la collecte d’une masse documentaire relative aux différentes crises connues par l’école malienne depuis l’ouverture de la première institution scolaire en 1886. La fouille documentaire a
  • 27. 27 permis de faire non seulement la chronologie des évènements mais aussi leurs variations en fonction des réalités sociopolitiques et économiques du pays. En marge de cela, nous avons élaboré un guide d’entretien à l’intention des personnes ressources qui ont d’une manière ou d’une autre contribué à la gestion des crises scolaires au Mali. Ces personnes y sont intervenues en qualité de parent d’élève, d’administrateur scolaire ou de syndicaliste. La technique de l’échantillonnage par boule de neige a été sollicitée pour le choix des enquêtés. Les interviews effectuées ont permis la production des discours d’enquêtés qui ont été soumis à une analyse qualitative. Nous avons administré un questionnaire auprès de 420 personnes (enseignants, directeurs d’école, parents d’élèves et élèves). Les données collectées suite à l’administration du questionnaire ont servi à l’établissement des tableaux statistiques. Nous avons aussi fait recours à l’observation participante notamment lors des rencontres scolaires. Comme technique d’enquête, elle a aidé à appréhender des attitudes d’acteurs lors des réunions de crises ou encore celles des enseignants dans leur relation avec les élèves pendant leurs pratiques pédagogiques. Les variations des crises scolaires au Mali sont multiples et évoluent selon les différentes périodes qui sont : 1.1 L’école sous l’ère coloniale Le système éducatif malien est un legs du colonisateur (français). Ainsi conviendrait- il mieux de faire un aperçu sur l’école coloniale dans le Soudan (l’appellation du Mali avant son indépendance en 1960). L’école dans son implantation au Mali a semé un malaise social, (Sidibé 2019). Non seulement importée mais aussi imposée avec une idéologie contraire à celle de la population d’accueil, elle n’a alors pas bénéficié de l’assentiment commun. L’école dans ses débuts au Mali n’avait pas pour finalité d’assurer le bien-être des bénéficiaires ou de la communauté mais plutôt d’inculquer une philosophie de rejet des cultures du terroir tout en favorisant la formation des jeunes au service du colonisateur. Le personnel de formation loin d’être de professionnels en la matière était constitué de soldats et sous-officiers militaires. Ainsi naquirent les premiers conflits qui avilirent son image. A cela s’ajoute le fait que les enfants de la grande chefferie étaient les cibles principales concernées par la scolarisation. Une telle pratique rendit difficile l’acceptation de la culture scolaire par les populations autochtones du fait surtout de sa forme développée pour envelopper les enfants de la chefferie. 1.2 L’école malienne sous la première république Après l’ascension du Mali à la souveraineté nationale en 1960, des crises continuèrent toujours à émailler son système éducatif. Suite à l’évaluation du legs colonial dans le domaine de l’éducation, le bilan s’avérait très critique. A l’indépendance en 1960, 7% de la population malienne étaient passés par l’école française et 93% étaient qualifiés d’analphabètes. Pour ce faire, le Mali à l’instar d’autres pays africains après la conférence d’Addis -Abeba sur l’éducation en 1961, entreprit en 1962 une réforme au niveau de son système éducatif en vue de dénouer avec l’héritage colonial. Cette
  • 28. 28 option avait pour but de lier l’école aux réalités socioculturelles du pays. Ce défi lancé avait également pour vocation de pouvoir réunir les différents acteurs de l’école malienne autour d’un objectif commun. Cette réforme tant souhaitée mais malheureusement trop hâtive et ambitieuse ne pût pallier les crises de dysfonctionnement de l’école malienne bien que le taux de scolarisation s’éleva à 24% en 1964, (Bleck, 2011) cité par (Abdourahmane Idrissa et al 2012). Cet échec, nous le situons encore aux poids culturels de l’éducation coloniale car il faut le signaler, les initiateurs de ladite réforme n’étaient autres que les produits de ce système légué.. Au-delà des quelques handicaps causés par des structures favorables à la promotion des valeurs arabo-musulmanes dans le champ de l’éducation scolaire au Mali, force est de constater le poids du français (langue étrangère) comme médium d’enseignement. Malgré la manifeste volonté des autorités de la première république pour le redressement de l’école malienne, la langue du colonisateur toujours en usage semait une distanciation des populations de l’école. 1.3 L’école malienne sous la deuxième république Cette période qui s’étend de 1968 à 1991, marque la page sombre de l’histoire de l’école malienne. Le climat scolaire fut le plus pollué; des agitations sur les questions scolaires devinrent multiples. Bref, des tensions montèrent entre les acteurs. Des situations conflictuelles devinrent de plus en plus fréquentes entre différents partenaires de l’école qu’ils soient techniques, financiers ou sociaux à savoir la Banque Mondiale, le Fond Monétaire International (FMI), l’Union Nationale des Elèves et Etudiants du Mali (UNEEM), les syndicats d’enseignants et les autorités politiques nationales. Les crises connues par l’école se répercutèrent plus avant tout sur son taux de scolarisation suite aux restrictions budgétaires. Cela se corrobore par les travaux de recherche de (Abdourahmane Idrissa et al 2012)7 . Nous observons là une violation ou restriction de la liberté de certains acteurs de l’école malienne. Un tel phénomène se montra très dégradateur du climat scolaire d’autant plus que les parents d’élèves ont fini par s’y mêler auprès de leurs fils. La mauvaise posture économique du pays impacta négativement sur ses secteurs sociaux singulièrement l’éducation. Le Mali dût avoir recours à des partenaires comme la Banque Mondiale et le Fond Monétaire International. L’octroi des crédits pour sortir de l’impasse économique se conditionna dans le secteur de l’éducation à la mise en place de mesures nationales de restructuration et d’ajustement. Ainsi, le Programme d’Ajustement Structurel s’implanta et consista entre autres dans ce secteur à:  une réduction drastique des investissements publics en éducation ;  des départs à la retraite anticipée du personnel expérimenté;  des compressions de personnel ;  un gel du recrutement d’enseignants dans la fonction publique;  la fermeture des écoles de formation de maîtres. 7 «Les taux de recrutement annuel restèrent stables au lieu de progresser, tandis que la part du budget de l’Etat consacrée à l’éducation stagna ou décrut. En 1990, le taux de scolarisation était de 26%, à peu près le chiffre qu’il avait atteint sous le gouvernement Keïta».
  • 29. 29 De telles mesures ne peuvent rester sans conséquences négatives. Incapable de répondre à la demande sociale, l’école au Mali s’éclipsa de plus. Les effets nocifs du PAS sur l’éducation scolaire sont repris par Diallo Labass L. (2010) dans sa thèse: «Les conséquences sociales ont été douloureuses pour l’école et ses acteurs. Le FMI lui-même a reconnu quelques erreurs dans sa politique et entamé des réformes. Pour revenir sur les mesures du PAS en éducation, notons que la contractualisation de la fonction enseignante avec son implication salariale et le niveau de formation ont fortement joué sur le fonctionnement des écoles et la qualité des enseignements » Les structures de formation des maîtres diminuèrent en nombre pendant que la demande sociale de l’éducation s’augmenta. Dans le souci de faire de l’école l’outil de promotion sociale, les autorités sous la deuxième république entreprirent des concertations, des innovations, des séminaires qui sont entre autres:  les Centres à Orientation Pratique (COP) en 1970;  la ruralisation en 1976;  l’introduction des langues nationales en 1979;  les états généraux de l’éducation en 1989. Toutes ces tentatives ne purent pas nouer l’école à son environnement d’accueil. Un cumul d’échec s’enregistra. Ces ambitieux projets, parfois élaborés de façon hâtive, ignoraient le contexte socioculturel de la société malienne. Les acteurs de l’école avaient tous du mal à se faire entendre sur de mêmes conclusions dans leur opérationnalisation. Lesquelles conclusions toujours présentées comme assorties d’une concertation populaire se faisaient soit appliquées contrairement à son esprit de conception soit vues comme étant imposées par une des catégories d’acteurs. Comme nous apprend la linguistique, l’enfant est plus actif dans sa langue maternelle que dans une langue étrangère. L’introduction des langues nationales comme souhaitée ne put favoriser une intégration entre l’école et son milieu. Elle connût une réticence non seulement du côté du personnel d’établissement mais aussi du côté des parents d’élèves. Un conflit de valeurs ou de compétences s’imposa. Face à l’échec criard de l’école en termes de garantie sociale pour ses produits, les populations n’approuvèrent pas dans leur majorité l’enseignement dans les langues nationales à leurs progénitures. Une autre réalité ayant été source de tensions entre les acteurs de l’école malienne via l’introduction des langues nationales est le caractère pluri- linguiste de la société malienne. Des localités polyglottes comme la région de Mopti en est un exemple. Chaque parent, dans un souci de conservation des valeurs de son ethnie, voit d’un mauvais œil son enfant apprendre dans une autre langue locale différente de celle maternelle. A partir des années 1990, les crises de l’école malienne atteignirent leur paroxysme. Toutes les catégories d’acteurs se mobilisèrent. Les revendications estudiantines deviennent plus radicales; à cela s’ajoute l’approfondissement de la crise économique qui affectait le pays dans son fonctionnement. Les associations militantes et les
  • 30. 30 syndicats d’enseignants s’activèrent davantage dans leurs revendications. A propos (Diallo Labass L. 2010) atteste: «En mars 1991, l’affrontement entre les scolaires, les syndicats, les associations et le régime militaire atteint son paroxysme. On dénombre plus de 200 victimes dans le camp des militants. La crise de l’école convoque une insurrection populaire». Ces mouvements appuyés par l’armée conduisirent à la fin de la deuxième république au Mali. Donc, loin de connaitre ses jours de gloire sous la deuxième république qui dura 23 ans l’école malienne écrivit les réelles pages sombres de son histoire de vie. 1.4 L’école malienne sous la troisième république Cette période marque l’avènement de la démocratie au Mali. Une nouvelle ère sonna avec un nouveau système de gouvernance. Les nouvelles autorités du pays pensèrent à la construction d’une nouvelle société malienne par une école citoyenne répondant aux attentes surtout sociales. Des perspectives se dégagèrent sollicitant l’implication de tous les acteurs de l’école malienne sans exception aucune. Mais faut-il encore dire que cette ouverture donnée ne permit pas une satisfaction de tous. Les uns et les autres se montrèrent très exigeants dans leurs requêtes. Mais précédemment, le même gouvernement de transition conclut un accord avec le concours du Syndicat National de l’Education et de la Culture (SNEC), des Associations de Parents d’Elèves (APE) et l’AEEM qui renaissait de ses cendres, à travers le mémorandum du 11 avril 1991 qui s’articulait entre autres sur les points suivants:  L’augmentation des bourses (de l’ordre de 75 %) ;  La réintégration des bourses dans les établissements d’enseignement secondaire général, technique et professionnel dès octobre 1991 ;  La suppression du système de la double vacation et de la double division dans l’enseignement ;  La reprise des étudiants renvoyés pour insuffisance de travail. Nous voyons là que satisfaire ces points cités ci-dessus dans leur totalité n’était pas non seulement chose facile mais également contribuerait à la dégradation du climat scolaire8 . Les restrictions budgétaires héritées de l’ancienne république ajoutées à l’insuffisance numérique de structures de formation de maîtres, la reprise des étudiants renvoyés ne pût laisser les enseignants indifférents. Ils le vécurent comme un manque de considération au regard de leurs mauvaises conditions de vie et de travail ou encore comme une atteinte à leur autorité. Alors resurgirent de nouvelles tensions. Des confrontations entre acteurs vinrent teinter négativement le climat scolaire de nouveau. Cette situation impacta sur le déroulement normal des cours. Nous assistions à des programmes annuels inachevés voire même des reports d’année. Cela se corrobore par les recherches de (Diakité, 2000): «Le Mali n’est évidemment pas en reste, lui qui, depuis 1990, n’a quasiment pas connu une année scolaire normale, c’est-à-dire calme, studieuse, académiquement validée sans qu’il y ait besoin d’un quelconque réaménagement de programmes en cours d’année. Ce fut 8 (voir le dernier point).
  • 31. 31 le plus souvent des années tronquées, laborieusement validées, et même des années facultatives (1993) ou blanches (1994)». D’autres tentatives de solutions furent optées en vue d’endiguer les crises de l’école malienne; une école qui devrait non seulement contribuer à la construction citoyenne, à faire face à la demande sociale croissante mais aussi au déséquilibre lié à des disparités d’ordre sexiste et régional. Nous en citons parmi ces tentatives de solutions:  La nouvelle école fondamentale (Loi 94-010 du 24 mars 1994) ;  Le séminaire national sur la scolarisation des filles (1994) ;  Le décret n° 94-448/PRM portant réglementation des écoles communautaires au Mali. Ces options ou encore ces assises ne permirent d’effets satisfaisants bien que des améliorations furent senties. Les mobilisations des enseignants et de l’AEEM continuèrent. Les grèves perdurent de plus en plus. L’école manqua toujours à trouver un terrain d’entente entre ses différents acteurs. Dans le souci d’impliquer les communautés dans la gestion scolaire, d’éviter une centralisation des décisions liées à la vie de l’école; le Mali opta pour une décentralisation du secteur de l’éducation suite à celle territoriale adoptée lors de la conférence nationale de 1992. Au même moment, ces derniers les voient comme des intrus, des insoucieux à qui il ne faut pas seuls laisser l’avenir de leur progéniture. L’auteur Traoré Idrissa S. continue loin pour montrer combien ce nouveau système de pilotage s’implante avec son corollaire de crises Chaque école est devenue une arène où se joue et s’éclate des conflits». D’autres types de crises connues par l’école malienne sont également à évoquer. Celles-ci, bien qu’existantes depuis les premières heures de l’école malienne, s’implantent de plus en plus avec force. Une AEEM de plus en plus ouverte au champ politique se taille une place «d’intouchable». Elle devient un véritable ressort de promotion académique9 mais également professionnelle10 . Cette pratique détourne non seulement cette institution de sa raison d’être11 , mais sème également la terreur sur l’espace scolaire surtout pendant les élections des différents bureaux. Les évaluations perdent au jour le jour leur crédibilité du fait de leurs conditions d’attribution. 2. PRESENTATION DES RESULTS Au compte de cette rubrique, nous récapitulons les crises scolaires de l’avis des acteurs et évaluons leur niveau d’adhésion aux mécanismes de gestion desdites crises. A ceux-ci s’ajoutent une analyse critique des modes de gestion actuels des crises et des propositions d’acteurs pour leur gestion efficace. Nous faisons la mention des crises auxquelles l’école malienne est confrontée dans son fonctionnement et organisation. Elles englobent des aspects pédagogiques et législatifs. 9 (Facilité d’admission lors des évaluations scolaires et universitaires) 10 (Une fonction offerte à des leaders au terme de leur cursus) 11 (Défense du droit des scolaires et universitaires)
  • 32. 32 Tableau 1 : récapitulatif des crises vécues, de l’avis des acteurs scolaires Réponses Instabilité des innovations Précarité des conditions de vie et de travail Taux élevé d’exclusion et de redoublement Violation des libertés individuelles Effectifs 180 412 360 288 Fréquences 43 98 85 68 Source : Auteur (enquête de terrain, mai 2020) Au regard de ce tableau récapitulatif des situations de crises scolaires, l’instabilité des innovations et la précarité des conditions de vie et de travail sont respectivement évoquées par 43 % et 98 % des acteurs scolaires. Aussi, 85 % des acteurs citent le taux élevé d’exclusion et de redoublement comme une des crises vécues dans les écoles maliennes ; 68 % d’entre eux évoquent la violation des libertés individuelles. Il s’avère que les changements brusques d’une innovation pédagogique à une autre fragilisent les acteurs pour une possible adaptation, tout comme les difficiles conditions entravent la réussite des pratiques d’enseignement et d’apprentissage et influent sur la motivation des acteurs. Cela se manifeste par : des sanctions disproportionnées, des mutations arbitraires, de révocation d’ordre professionnel. Tableau 2 : relatif au degré de satisfaction des acteurs face aux modes de gestion des crises scolaires Réponses Très satisfait Satisfait Non satisfait Pas du tout satisfait Total Effectifs 34 75 181 130 420 Pourcentages 08 18 43 31 100 Source : Auteur (enquête de terrain, mai 2020) Au regard de ce tableau, 08% des acteurs scolaires interrogés sont très satisfaits de la gestion des crises scolaires ; 18% d’entre eux disent être satisfaits. Cependant, ils sont 43% et 31% à être respectivement non satisfaits et pas du tout satisfaits de la gestion de ces crises. Ainsi, il s’avère que les acteurs scolaires sont majoritaires à désapprouver les modes de gestion des conflits scolaires. Les approches
  • 33. 33 développées12 semblent moins adhérées aux attentes de nombreux acteurs. Ainsi y a- t-il lieu de dire qu’un conflit mal géré pourrait tourner à de grandes difficultés voire la violence. La diversité des catégories, facteur de richesse de perceptions, semble moins exploitée. Les constats lors des séances d’observations manifestent un sentiment d’autosuffisance du personnel scolaire notamment les directeurs d’école dans la gestion des crises scolaires. Les élèves et leurs parents sont moins écoutés et sont généralement invités à se soumettre aux décisions prises généralement à leur absence. Tableau 3 : récapitulatif des modes de gestion des crises scolaires Réponses Conseil de discipline Intimidations Réunion inter- acteurs Violences physique et verbale Effectifs 38 401 180 280 Fréquences 09 95 19 66 Source : Auteur (enquête de terrain, mai 2020) A la lecture de ce tableau, la tenue du conseil de discipline et la réunion inter-acteurs de l’école sont respectivement évoquées par 09 % et 19 % des acteurs interrogés. Ils sont 95 % à affirmer l’intimidation comme mode de gestion des conflits et 66 % à évoquer le recours aux violences physique et verbale. Une analyse de ces pratiques de gestion des crises scolaires entend que les acteurs font moins recours aux principes de la législation scolaire (conseil de discipline) en la matière. Cela compromet l’efficacité des mécanismes de gestion déployés et développe un risque de personnalisation des approches qui peuvent être disproportionnées. Tableau 4 : propositions d’acteurs sur les bonnes approches de gestion des crises scolaires Réponses Ecoute active Dialogue inter-acteurs Responsabilisation d’acteurs Effectifs 348 420 340 Fréquences 83 100 81 Source : Auteur (enquête de terrain, mai 2020) A la lecture de ce tableau, 83% des acteurs scolaires enquêtés prônent l’écoute active des protagonistes pour une gestion efficace des crises scolaires. Ils sont unanimes (100%) à avancer que le dialogue entre les acteurs concernés contribue positivement 12 (Généralement par les directeurs ou les enseignants)
  • 34. 34 à gérer lesdites crises ; 81% des acteurs scolaires soulignent qu’une responsabilisation des acteurs sans exception est efficace pour la bonne gestion des crises scolaires. Ces résultats renseignent que les crises se résolvent bien si toutefois l’occasion est donnée aux acteurs à faire de débats francs et sincères dans la plus grande responsabilité. Chaque catégorie d’acteurs (Administrateur, enseignant, élève ou parent d’élève) doit être impliquée sans négligence aucune. Chacun doit pouvoir émettre ses opinions. 3. DISCUSSION DES RESULTATS Les crises de l’école malienne ont dans leur quasi-totalité manqué d’une réelle « volonté » de résolution dans leur gestion. D’un côté, il faut noter le caractère barbare ou violent, de l’autre côté un laxisme inédit consistant à faire déplacer la situation- problème. Les autorités ont généralement manqué au rendez-vous quand il s’agit d’adopter une attitude jugulatrice des crises scolaires. Toujours entendons-nous des discours politiques prometteurs mais vides dans leur concrétisation ne dégageant aucune perspective à long terme. La violence s’est peu à peu installée dans le champ scolaire. Elle est devenue l’arme la plus redoutable pour se faire entendre. Les autorités politiques et scolaires dans une démarche d’observation de la loi d’omerta « le silence » responsabilisèrent beaucoup plus l’AEEM. L’impunité gagna le terrain dans la gestion des crises scolaires. Le recours à la violence s’installa peu à peu. Les frustrations des acteurs parfois se traduisent à des scènes barbares conduisant des fois à une atteinte à la liberté des particuliers. Les témoignages d’un directeur d’école corroborent cela : « Il est de plus en plus difficile de se sentir en sécurité sur l’espace scolaire. Les tables bancs et fenêtres de deux de nos salles de classe ont été saccagés l’an passé suite au passage des élèves grévistes (lycéens). De la même occasion, un enseignant a été lynché et insulté. Nous avons saisi les autorités scolaires et sécuritaires mais il n’a eu aucune sanction ». Nous voyons là l’indifférence des autorités à vouloir bouter hors de l’école les pratiques vectrices d’une dégradation du climat scolaire. Une telle attitude sans une sanction valable donne du poids aux auteurs de troubles et développe chez les victimes des sentiments de résignation. Les autorités politiques dans leur élan de gestion des crises scolaires ont parfois utilisé la force sur les autorités scolaires. Les premières traitent des fois les administrateurs scolaires non seulement de complices et mais également de catalyseurs des mouvements des élèves ou étudiants. Ainsi, au lieu d’être impliqués dans un processus de dialogue les administrateurs scolaires se voient déchus de leur fonction. Une des mesures de résolution des crises scolaires est l’exclusion du dialogue des acteurs jugés « individus à problèmes ». Une telle pratique viole la liberté syndicale et les libertés individuelles. Nous citons à ce niveau « le silence obligé » des militants de commissions enseignantes. Des syndicalistes ou des enseignants sont dans des cas victimes d’intimidation de la part des autorités politiques et même scolaires.
  • 35. 35 Loin de s’engager dans une dynamique de résolution des crises via des législations fortes, on ne manque pas d’occasion pour faire recours à des chefs coutumiers, leaders religieux en vue de constituer une équipe de médiation pour faire entendre les uns et les autres. Et des crises ainsi gérées ne sauraient être enterrées pour longtemps. Elles renaîtraient de ses cendres aussitôt qu’un éventuel dysfonctionnement se présenterait. De telles conduites restent relayées par (Diakité,, 2000)13 Cette forme d’individualisation de la question agit sur les comportements des leaders, qui au risque de déshonorer leurs familles mettent un bémol à leur ardeur combative. Au nom de la tradition et des valeurs qui la sous-tendent, les chefs traditionnels arrivent à maintenir le calme dans leurs localités. Toutes ces formes de gestion de crises, loin d’être porteuses de sanctions législatives adéquates, restent inefficaces. Une autre stratégie de gestion de crises adoptée par les autorités politiques et scolaires est l’usage de l’argent dans le financement des assemblées générales, des mouvements syndicaux ou encore auprès de simples particuliers jugés perturbateurs du climat scolaire. Ainsi, l’argent plus que désireux dans une société mal portante économiquement devient l’objet de lutte et facteur de multiplication de batailles à chaque fois que les besoins se feront sentir par des leaders « mercantilistes ». Il est également à décrier l’éloignement des leaders estudiantins de l’espace scolaire national par l’octroi des bourses sur l’étranger ou encore une proposition de « quoi à faire » c'est-à-dire du travail. Une nouvelle forme de gestion de crises scolaires s’installe de nos jours dans le champ scolaire au Mali. Elle sévit dans les relations conflictuelles entre les acteurs scolaires (enseignants) et leurs employeurs notamment l’Etat. Cette forme-là plus répressive consiste non pas à faire une retenue sur les salaires des enseignants mais à développer un système de blocage net avec la prétention de conduire les employés à une asphyxie financière. Elle nuit davantage à la résolution des crises. CONCLUSION Le système scolaire malien est la victime d’un ensemble de crises. Celles-ci l’ont nettement freiné dans son élan de permettre à tous les enfants d’âge scolarisable de bénéficier d’une éducation scolaire de qualité. Lesdites crises ont évolué différemment d’un régime à un autre sous les trois républiques que le Mali a connues. En premier lieu, les toutes premières crises ont résulté de la recherche d’adaptabilité du système scolaire aux réalités nationales avec une insuffisance numérique en ressources humaines et matérielles. Ensuite suivirent les grognes pour dénoncer les précarités des conditions de vie et de travail des acteurs. L’école malienne paraît très sélective face à une demande sociale de plus en plus forte. Cette pratique contribue davantage à créer des crises. Les libertés individuelles sont aussi menacées du fait des 13 « Les autorités se sont appuyées sur les notabilités traditionnelles et religieuses et sur les APE pour endiguer des situations de contestation. Composés en général de personnes âgées jouissant d’une certaine considération dans leurs localités, ces groupes sont devenus des acteurs incontournables dans la résolution de la crise ».
  • 36. 36 approches de gestion des crises en cours : l’intimidation, révocation. Cependant, les meilleures stratégies ont quasiment manqué pour mieux juguler les crises. Rarement la recherche de solutions durables a primé. Alors faut-il profiter de la pluralité des catégories d’acteurs au bénéfice de la gestion des crises. Les principes de la législation scolaire doivent primer pour gérer les crises internes et celles inter-acteurs. L’écoute et le dialogue contribuent de façon efficace à juguler les crises. Encore faut-il que les acteurs se fassent confiance pour permettre une responsabilisation des uns et des autres dans la gestion des crises. REFERENCES ABDOURAHMANE Idrissa et al (2012 :56), « Religion, demande sociale et réformes éducatives au Mali », Research report 7. BLECK, J. (2011). « Schooling Citizens: Education, Citizenship, and Democracy in Mali ».Ph.D dissertation, Department of Government, Cornell University. CARRA, C. (2006). « Violences à l’école primaire : les expériences des enseignants et des élèves ». Questions pénales, vol. XIV, n°4. DELORS, J. (1996). L'éducation, Un trésor est caché dedans. Editions Odile Jacob. DIAKITE, D. (2000) « La crise scolaire au Mali » Nordic Journal of African Studies9(3):p. 6-28. MAIGA, A.I. et al. (1999). Expérience malienne en gestion des conflits : le conflit armé du Nord et la crise scolaire. FGA III, Bamako. République du Mali, Arrêté N° 442 MEN du 20 mai 1963 portant création de médersas non confessionnelles. SAMAKE, B. (Juin 2008). « La formation des enseignants contractuels, SARPE ». Communication au séminaire international. TRAORÉ, S. (2000). « La formation des maîtres du 1er cycle de l’enseignement fondamental au Mali : Problèmes et perspectives ».Nordic Journal of African Studies9(3): 29-48.
  • 37. 37 L’analyse d’un modèle pour la transition des systèmes d’information à la performance logistique Professeur Jean BABEI Maître de Conférences Agrégé, Sciences de gestion: Logistique & Systèmes d’information, Université de Douala Email : jbabei@yahoo.fr Cite cet article : Babei, J. (2023), L’analyse d’un modèle pour la transition des systèmes d’information à la performance logistique. Journal des Tendances de Management Africaines, Volume 23, Série 2. Pp : 37- RESUME: Le contexte de la distribution des produits tangibles est aujourd’hui marqué par de fortes exigences, de plus en plus accrues des clients, pour des solutions logistiques. Les logisticiens se trouvent dans l’obligation de réviser leurs modes et outils de gestion, afin de passer de la logique de flux poussés à celle de flux tirés par la demande des clients. Cette préoccupation est accentuée par le contexte de la pandémie au Corona virus. Dès lors, ce changement de vision peut être accompagné par l’adoption des systèmes d’information capables d’influencer positivement la performance logistique globale. Cet article construit un modèle qui décrit des caractéristiques d’un SI doté d’un potentiel de performance pour un système logistique. Au plan méthodologique une exploration documentaire est conduite. Elle débouche d’une part sur la construction du modèle annoncé. Et d’autre part, sur une discussion dudit modèle et des perspectives qu’il offre dans l’évaluation de la performance. Mots clés : Logistique, Système d’information, Performance, Performance logistique. INTRODUCTION Face aux exigences accrues des clients, les entreprises ont recours aux systèmes d’information (SI), afin de passer de la logique de flux poussés à celle de flux tirés par la demande des clients (Lievre et Coutarel, 2013). Ces systèmes sont réputés d’une part d’améliorer la communication partenariale et d’autre part d’améliorer la performance globale comme l’indiquent bien les travaux de Jorgenson et al. (2011), ceux de Delmonteil et Rancourt (2018) ; ceux de Cousserand-Blin et Pinède (2018) ou encore ceux de Galinon-Mélénee et Monseigne (2011). Un alignement d’acteurs indépendants qui amènent des produits ou des services vers les clients et client finaux est appelé une chaîne logistique. En général, ces acteurs participent au conditionnement du produit et à son transport jusqu’aux utilisateurs. Producteurs de matières premières et de composants, assembleurs, grossistes, semi-grossistes, distributeurs, manutentionnaires et transporteurs sont tous membres de la chaîne logistique (Mentzer et al., 2001). Notons que la chaîne logistique est aussi
  • 38. 38 appréhendée comme un réseau d’organisations qui d’amont en aval sont engagées dans des processus créateurs de valeur, prenant la forme de biens matériels et des services livrés au consommateur final. Cet échange de matières et de services entre l’amont et l’aval est accompagné de plusieurs flux d’informations véhiculés en particulier par des outils technologiques. La performance fait partie de ces termes polysémiques rencontrés dans la littérature. Le sens que cette notion prend dépend de l’emploi et du contexte. Il existe par conséquent plusieurs approches. La performance d’une chaîne d’acteurs dépend de plus en plus de leur flexibilité et de leur capacité d’innover. Notons que l’innovation est de nos jours essentiellement tirée par la perspective d’une numérisation des flux informationnels. Si la flexibilité renvoie essentiellement à l’intelligence et à la qualité du matériel de transport, l’innovation quant à elle fait référence à l’usage des technologies numériques, au recours à l’automatisation également. D’où la mise au point et le développement d’une série d’outils et de solutions technologiques dédiées à la gestion et aux échanges d’informations tout au long de la chaîne en permettant de partager des données. Dans ce contexte, les membres de la chaîne sont capables d’accéder aux informations partagées et cette accessibilité peut être utilisée pour améliorer la conduite des opérations et au final améliorer la performance logistique. Ceci révèle d’ailleurs l’importance de l’intégration logistique qui prend ses sources sur l’intégration des systèmes d’information. Ajoutons que, face aux mesures barrières à la COVID-19 ; mesures éditées par les politiques en l’occurrence la distanciation sociale, le recours aux systèmes d’informations logistiques (SIL) évolués est incontournable. L’intégration des SI au sein des opérations logistiques repose sur le développement des systèmes d’informations inter organisationnels pour la plupart numérisés, destinés à relier les processus d’affaires. Elle repose également sur l’usage de matériels automatisés destinés à suppléer les efforts parfois excessifs des logisticiens, notamment lors des manutentions. La performance logistique est ainsi liée à celle du SI. Dès lors, il pourrait y exister des conditions structurelles et fonctionnelles relatives au SI, susceptibles de garantir la performance logistique. L’objet de cet article est de construire un modèle décrivant ces conditions de performance de la chaîne par le SI. En effet, la performance logistique constitue un rapport entre le service fourni au client et les moyens utilisés. Elle consiste à assurer la satisfaction du client en lui livrant des produits de bonne qualité, au bon moment, en bonne quantité, au bon endroit, en consommant moins de ressources. Notre recherche s’inscrit dès lors, dans le cadre de la continuité des travaux de recherches, qui ont tenté de mettre en lumière la relation entre les systèmes d’information et la performance. Parmi ces travaux nous pouvons citer : les travaux de Elidrissi et Elidrissi (2010), ceux de Melville et al. (2004) ou encore ceux de Delone et Mclean (1992, 2002, 2003). En l’occurrence Delone et Mclean (2003) en traitant du succès des systèmes d’information, ont finalement abouti à un modèle de leur succès. S’il est vrai que quelques études se sont déjà consacrées à la performance logistique sous l’impulsion des SI, cependant à notre connaissance aucun travail n’a jusqu'à présent était orienté