Les constructeurs automobiles et motos confirment leur intérêt pour le segment des mobilités douces. Trottinettes, vélos en libre-service, vélos urbains ou VTT électriques sportifs, les fabricants ont compris la réalité économique de ces nouveaux marchés et la possibilité de générer des revenus supplémentaires, avec ce positionnement complémentaire à leurs gammes hybrides ou 100 % électriques. Regard sur ce marché au travers de ces nouveaux acteurs, leurs produits et les modes de distribution.

1. Industrie
Ford
Fin novembre, la filiale
de Ford spécialisée dans
les nouvelles solutions de
mobilité, a racheté Spin, une
société spécialisée dans
les trottinettes électrique en
libre-service. “Ce rachat ne
concerne pour l'instant que les
Etats-Unis où Spin est présent
dans 32 villes, 7 campus
étudiants et a déjà
offert plus d'1 million de
déplacements”, explique
Olivier Gallic, responsable
de la communication. Ford
confirme ainsi sa volonté
de se développer dans les
domaines des déplacements
et de l'accessibilité urbaine.
Durant l'été 2017, Ford avait
déjà mis en place GoBike, un
service de location de vélos
en libre-service dans la région
de San Francisco, avec une
flotte de 7.000 vélos déployés
fin 2018, le deuxième plus
grand dispositif de vélos en
libre-service aux Etats-Unis.
Mahle
L'équipementier allemand,
un des vingt plus gros
fournisseurs de l'industrie
automobile au monde, et
qui a racheté l'espagnol
Ebikemotion Technologies en
octobre dernier a annoncé
son intention de développer
son offre dans le domaine
des systèmes de motorisation
pour VAEs. Le moteur Mahle
ebikemotion est notamment
utilisé chez Orbea dans
la famille Gain. En avril, le
premier vélo électrique de
Colnago, le E64 Performance
a été dévoilé. Il utilise
également le moteur X35.
Les constructeurs autos et motos se positionnent sur l'électrique
L'attrait des nouvelles mobilités
L
es visiteurs présents à Eurobike
l'an passé ont vu apparaître
des vélos portant la marque
de constructeurs automobiles,
souvent prestigieux, comme
Maserati, Lamborghini ou encore
Jeep. Parfois, il s'agit de véritables
développements spécifiques
comme c'est le cas du VTT élec-
trique Lamborghini (voir encadré)
qui a conjugué le savoir-faire du
designer automobile et l'exper-
tise d'Ital-ebike pour la partie
motorisation. Dans les autres cas, il
s'agit d'une fabrication en marque
blanche, et l'apposition d'une
marque existante via une licence
pour l'utilisation de sa marque et
de l'image associée. Asia Kingston,
société basée à Hong-Kong est
spécialisée dans le développe-
ment et la distribution de marques
sous licences. Sur l'e-bike, ils ont
collaboré avec Jeep et Kawasaki
pour développer des gammes de
VAE. Le VAE Jeep utilise un moteur
pédalier et un moteur arrière de
marques Xiongda et Dapu tandis
que Kawasaki spécifie un moteur
Shimano Steps e-8000.
Pour Jeep il s'agit d'une gamme
complète de 27 vélos (muscu-
laires, électriques, enfants) qui est
proposée. “Nous sommes les pre-
miers distributeurs des vélos Jeep
©DR
©Ford
Les constructeurs automobiles et motos confirment leur intérêt pour le segment des mobilités douces. Trottinettes,
vélos en libre-service, vélos urbains ou VTT électriques sportifs, les fabricants ont compris la réalité économique
de ces nouveaux marchés et la possibilité de générer des revenus supplémentaires, avec ce positionnement
complémentaire à leurs gammes hybrides ou 100 % électriques. Regard sur ce marché au travers de ces nouveaux
acteurs, leurs produits et les modes de distribution. Par Matthieu Amielh.
B R È V E S
42 ❘ BIKEéco n°84 ❘ 22 juillet 2019
Volkswagen mise sur le cargo électrique
210 kg (incluant le pilote) et de
0,5 m3
. Baptisé Cargo e-Bike, seuls
650 exemplaires seront commer-
cialisés en Europe. “Volkswagen
Volkswagen a présenté au dernier
salon des véhicules commerciaux
d'Hanovre un triporteur élec-
trique supportant une charge de
Véhicules Utilitaires (VVU) a
engagé sa transformation en pro-
posant de nouvelles alternatives
de mobilité avec des véhicules
électriques comme l'e-Crafter
en 2019, l'ABT e-Caddy et l'ABT
e-T6.1 en 2020 puis ID Buzz en
2022. La distribution sera opérée
par le réseau de distribution auto-
mobile. Dans un autre registre,
Gazelle mettra en place, cet au-
tomne une unité pilote de distri-
bution du courrier à Amsterdam
au guidon de son nouveau cargo
électrique, le D10. Rappelons que
Gazelle appartient au groupe
Pon, un distributeur historique de
marques automobiles aux Pays-
Bas. (ma)

2. Industrie
Crosser. Aucune information n'est
disponible pour le moment sur
la distribution de ce vélo, a priori
réalisée dans les concessions auto-
mobiles. (ma) 
et avons notamment contribué
aux vérifications qualité en Chine.
Je ne sais pas s'il y a encore des
distributeurs en Europe”, explique
Carlo, distributeur des VAE Jeep
en Afrique du Sud. En 2017, la
marque néerlandaise Diavelo avait
présenté pour la première fois une
gamme de vélos de route élec-
triques portant le sigle Maserati.
Fabricants de luxe
En 2018, la collaboration avait
été reconduite avec l'intégration
d'un moteur Bafang central et
une récompense avec le German
Design Award 2019 pour le Trofeo.
Disponible depuis le printemps
2019, le vélo est proposé à 9.999
euros. Du côté de Lamborghini, le
constructeur de voiture de sport a
également développé un modèle
avec Ital-ebike. Le moteur est doté
d'une boîte de vitesse électro-
nique séquentielle. Pour la sécu-
rité, la marque a installé un double
antivol à base d'une clé mécanique
et d'un code PIN à saisir pour dé-
bloquer la boîte de vitesse. Deux
vélos seront commercialisés : le
Sporter et le Crosser en trois tailles
de roues (26”, 27.5” et 28”) sur le
22 juillet 2019 ❘ BIKEéco n°84 ❘ 43
concessionnaires Ducati ou en
ligne sur le site du fabricant.
“Nous sommes contents de ces
premiers mois de ventes du
MIG-RR en France. La collabora-
tion entre Ducati et Thok E-bike
est prévue sur le long terme et
n'en est qu'à ses débuts”, déclare
Livio Suppo (Thok). A noter que
les trois vélos “classiques” Thok
de la gamme sont vendus exclu-
sivement en ligne… (ma)
Derrière le Ducati MIG-RR, nou-
veau VTT électrique présenté,
en novembre dernier se cache
en réalité le fabricant italien
Thok Ebikes. Le MIG-RR est un
VTT d'enduro (170 mm de dé-
battement à l'avant et 160 mm
à l'arrière) équipé d'un moteur
Shimano Steps E8000 et surtout
d'une monte Mavic différenciée
(29” avant et 27.5” arrière). Le
MIG-RR est vendu uniquement
dans les réseaux européens de
Ducati, un VTT Superbike ?
©DR
En 2017, la marque néerlandaise
Diavelo a présenté pour
la première fois une gamme
de vélos de route électriques
portant le sigle Maserati.
©Ducati

3. Industrie
Piaggio et Kymco ont lancé sur le marché des VAE, qui sur le papier, n'entrent
pas en concurrence avec leur offre à moteur thermique. Dans les faits, les
volumes de ventes demeurent assez faibles. Y-a-t-il un véritable besoin
pour le client d'acheter à la fois un deux-roues thermique et électrique ?
Le concessionnaire est-il le meilleur endroit pour vendre un vélo électrique.
Les fabricants de scooters se diversifient aussi
Du thermique à l'électrique
rière spécifique avec une technolo-
gie propre brevetée. Les batteries
sont également une technologie
appartenant à Klever. Elles sont
identiques pour tous nos vélos et
sont situés au centre du châssis
pour abaisser le centre de gravité”,
explique Charlotte Baille-Barrelle,
responsable marketing chez Kym-
coLux. Malgré un look sportif et
racé, les ventes peinent pourtant
à suivre. “Le démarrage est timide
avec une trentaine de nos conces-
sionnaires qui ont joué le jeu et
K
ymco, le fabricant taïwanais
de quads, scooters et maxi-
scooters, a créé la société,
Klever Mobility pour se diversifier
dans le domaine des vélos élec-
triques urbains et sportifs. Elle
vend des VAE depuis 2014 en
Allemagne, Belgique et dans les
Pays-Bas, les marchés les plus
importants pour ce type de pro-
duit et récemment aussi (depuis un
an) en France. “La gamme Klever
est spécifique sur le marché car la
marque a développé un moteur ar-
présentent des vélos Klever, sur les
250 présents en France. Nous
sommes en retard par rapport à
nos prévisions. La clientèle n'a pas
encore le réflexe d'aller chez un
motocisteouscootéristepourache-
ter un VAE. Nous n'observons pas
non plus beaucoup de conversion
du thermique à l'électrique”, ex-
plique Stéphane Goeury, nouveau
directeur général de KymcoLux.
Le best-seller de la gamme est le
modèle B (2.599 euros), un vélo au
cadre ouvert, avec une position de
conduite droite, qui a la particula-
rité d'avoir des roues de 24” et un
centre de gravité bas. Interrogé
sur l'ouverture de la distribution
dans les vélocistes traditionnels,
Kymco a affirmé ne pas envisager
cette option et souhaite privilégier
le réseau de concessions Kymco.
©Klever
44 ❘ BIKEéco n°84 ❘ 22 juillet 2019
“Les marques souhaitent garder
le contrôle de la distribution en ne vendant
les vélos qu'en concessions.
”

4. LMX veut séduire les magasins
Moto et speedbike
Start-up née de la collaboration
entre deux ingénieurs français en
mécanique, LMX Bikes a développé un
speed bike d'enduro ainsi qu'une moto
électrique. Les avantages de la moto
électrique sont nombreux : moins chers
à l'achat ainsi que des coûts de recharge
et d'entretien bien inférieurs à celui
d'une moto thermique. Les deux ingé-
nieurs ont surtout développé un VTT
d'enduro totalement novateur. “Le LMX
64 dispose d'une transmission brevetée
a double roue libre au niveau de la roue
AR. Nous avons dissocié la transmission
“moteur” de la transmission classique
d'un VTT. Cela permet de passer beau-
coup plus de puissance et de couple
(jusqu' à 200 Nm en pointe) tout en
apportant plus de fiabilité pour un
modèle 45 km/h”, ajoute Adam Mercier.
Les deux entrepreneurs souhaitent
obtenir l'homologation L1e-B (cyclomo-
teur à deux roues) pour leur VTT. “Les
Autre fabricant historique, Piaggio qui
a fait sensation en septembre dernier
en lançant en production la variante
électrique de sa célèbre “Vespa”. Six
modèles Wi-Bike ont rejoint la gamme
du constructeur depuis fin 2017. “Notre
positionnement est haut de gamme
avec un prix en conséquence. Le moteur
a entièrement été conçu, développé
et construit par Piaggio. Nous avons
décidé de vendre ces VAE uniquement
au travers de nos concessions parce
que nous voyons le WiBike comme une
extension de notre offre de mobilité
globale. C'est un marché supplémen-
clients sont demandeurs de modèles
homologués pour être dans la légalité,
donc utilisables sur la route jusqu'à
45 km/h, pour aller au travail, pour se
balader… ce qui rend le produit très
polyvalent”, commente-t-il. Outre les
ventes en ligne, ils souhaitent dévelop-
per un réseau de revendeurs dans des
régions à forte valeur ajoutée. “Le LMX
64 homologué est un bon complément
de gamme pour de nombreux magasins
vendant actuellement du VAE. Cela évite
aux magasins de supporter la respon-
sabilité des débridages des VAE et de
garder leurs clients qui seraient partis
ailleurs pour acheter “plus gros”, comme
par exemple un scooter électrique pour
leurs déplacements urbains”, conclut
Adam Mercier. Dernier atout commer-
cial: un design et fabrication du châssis
en aluminium de qualité aéronautique
entièrement réalisé dans leur atelier de
Frontonas (Isère). (ma) 
taire car nous avons vérifié qu'il n'y a pas
de compétition entre l'offre scooter. Le
Vespa Elettrica va dans le prolongement
de notre philosophie.”
On le voit, les marques souhaitent
garder le contrôle de la distribution
en ne vendant les vélos qu'en conces-
sions. Cela permet certes de maîtriser
le discours grâce à une force de vente
dédiée mais cela prive aussi d'une visi-
bilité et de rentrées financières consé-
quentes car les magasins vendent
toujours plus de vélos électriques (plus
de 60 % pour certains points de vente).
A méditer, donc… (ma) 
©LMX
Industrie
22 juillet 2019 ❘ BIKEéco n°84 ❘ 45
La start-up LMX Bikes a mis au point un speed bike d'enduro. La société veut
se développer dans les points de vente.