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Un faible taux d’EBE au Luxembourg,
et donc ?
3
—
2018
BULLETIN
DU ST TEC
–
IMPRESSUM
Responsable de la publication
Dr Serge Allegrezza
Coordination et rédaction
Georges Zangerlé
Juillet 2018
Volume LXV · N° 03/2018
ISSN 0076-1583
Prix de ce numéro
3,70 €
La reproduction totale ou
partielle du présent bulletin
est autorisée à condition
d’en citer la source.
Conception
MEFA Medienfabrik
STATEC
Institut national de la statistique et des études économiques
Centre Administratif Pierre Werner
13, rue Erasme
L - 1468 Luxembourg-Kirchberg
T +352 247 - 84219
F +352 46 42 89
E info@statec.etat.lu statec.lu
–
03
UN FAIBLE TAUX D’EBE AU LUXEMBOURG, ET DONC ?
UN FAIBLE TAUX D’EBE AU
LUXEMBOURG, ET DONC ?
TABLE DES MATIÈRES
PRÉFACE 04
_
1 ÉCONOMIE MARCHANDE NON FINANCIÈRE 05
_
2 PAR BRANCHE D’ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE 15
_
3 PAR ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE
PLUS DÉTAILLÉE 21
_
4 PAR ENTREPRISE 29
_
5 TAUX D’EBE ET RENTABILITÉ 33
Bulletin du STATEC
04
Le taux d’excédent brut d’exploitation (EBE) est-il un bon indicateur de la
rentabilité des entreprises non financières ?
Le Luxembourg figure depuis longtemps en dernière place dans le classement
européen du taux d’excédent brut d’exploitation de l’économie marchande
non financière. Cette dernière place permet-elle d’affirmer que les entreprises
luxembourgeoises sont moins rentables que les entreprises dans les autres
pays de l’Union européenne ? Ou est-elle le reflet d’un tissu économique parti-
culier ? En fait, le taux d’EBE que signifie-t-il concrètement ?
En partant d’une vue plus générale de la structure des marges, la présente
publication aborde l’analyse du taux d’EBE à différents niveaux de granularité:
l’économie marchande non financière, les branches d’activité, les activités
économiques plus détaillées et les entreprises. Au fur et à mesure que l’étude
décortique le détail, le taux d’EBE révèle sa vraie face.
PRÉFACE
–
1
–
Économie
marchande non
financière
05-13
Bulletin du STATEC
06
–
1.1 EN 2015, LE LUXEMBOURG CONNAÎT LE TAUX D’EBE LE PLUS FAIBLE DANS L’UNION EUROPÉENNE
Selon le Bilan compétitivité 20171
, publié par l’Observatoire
de la compétitivité, le Luxembourg occupe une position défa-
vorable par rapport à la moyenne de l’Union européenne pour
l’indicateur dénommé « rentabilité des sociétés non finan-
cières ». Avec un taux d’excédent brut d’exploitation (EBE) de
6.5% en 2015, le Luxembourg occupe en effet le dernier rang
dans l’Union européenne, dont la moyenne s’élève à 10.7%. La
France (6.7%) connaît un positionnement similaire tandis que
le trio de tête est composé de l’Irlande (19.8%), la Grande-Bre-
tagne (16.5%) et Malte (16%).
1 Taux d’excédent brut
d’exploitation (en %)
Source: Eurostat, Statistiques structurelles sur les entreprises 2015
Le calcul du taux d’EBE pour ce graphique
repose sur la définition communautaire
du chiffre d’affaires, qui exclut les rede-
vances reçues.
1
https://odc.gouvernement.lu/fr/publications/rapport-etude-analyse/perspectives-politique-economique/perspectives-politique-economique-33.html
19.8
16.5
16.0
12.4
12.0
11.9
10.9
10.5
10.5
10.4
10.1
10.1
10.0
10.0
10.0
9.8
9.6
9.6
9.6
9.5
9.5
9.5
9.2
9.1
8.9
8.6
6.7
6.5
IRLANDE
ROYAUME-UNI
MALTE
CROATIE
CHYPRE
DANEMARK
POLOGNE
RÉP. TCHÈQUE
PAYS-BAS
ITALIE
HONGRIE
AUTRICHE
BULGARIE
LETTONIE
ESPAGNE
ROUMANIE
LETTONIE
PORTUGAL
GRÈCE
SLOVÉNIE
SLOVAQUIE
SUÈDE
ALLEMAGNE
BELGIQUE
ESTONIE
FINLANDE
FRANCE
LUXEMBOURG
UE 10.7
07
UN FAIBLE TAUX D’EBE AU LUXEMBOURG, ET DONC ?
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
65
76
85
107
91
119
137
141
150
160
154
5.4 6.0 7.0 7.7 6.0 7.1 8.0 7.9 8.0 9.3 9.8
Chiffre d’affaires
Excédent brut d’exploitation
0
20
40
60
80
100
120
140
160
milliards EUR
8.3
7.8
8.2
7.2
6.6
5.9 5.9
5.6
5.3
5.8
6.3
Taux d’EBE
0
2
4
6
8
% du chiffre d’affaires
–
1.2 LE TAUX D’EBE EST LE RAPPORT ENTRE L’EXCÉDENT BRUT D’EXPLOITATION ET LE CHIFFRE D’AFFAIRES
Sur un chiffre d’affaires de 154 milliards EUR en 2015, l’écono-
mie marchande non financière génère un excédent brut d’ex-
ploitation de 9.8 milliards EUR, soit un taux d’EBE de 6.3%. En
2005, ce taux était de 8.3% avec un chiffre d’affaires de 64.5
milliards EUR et un EBE de 5.4 milliards EUR.
On note au passage une différence de -0.2 points par rapport
au taux d’EBE dans le comparatif européen (6.5%). La diffé-
rence trouve son origine dans la prise en compte des rede-
vances reçues dans la définition nationale du chiffre d’affaires,
alors que la définition communautaire du chiffre d’affaires les
exclut. Or, comme l’EBE inclut les redevances reçues, il est plus
juste de le comparer au chiffre d’affaires y compris les rede-
vances. C’est pourquoi dans la présente publication, la défini-
tion communautaire du chiffre d’affaires est seulement utilisée
dans les analyses comparatives avec les autres pays de l’Union
européenne.
Source: STATEC, Statistiques structurelles sur les entreprises 2005 à 2015
Aux arrondis près.
2
Bulletin du STATEC
08
53
100
47
2005
% du chiffre d’affaires
CHIFFRE D'AFFAIRES
COÛT NET DES PRODUITS
REVENDUS EN L'ÉTAT (*)
PRODUCTION
57
100
43
2015
% du chiffre d’affaires
Aux arrondis près. Les soldes intermédiaires sont représentés en
couleur foncée et les coûts en couleur claire.
ad (*) En absence d’indicateurs plus détaillés, le « coût net des
produits revendus en l’état » est calculé par la différence entre
le chiffre d’affaires et la production. Ce mode de calcul revient à
appliquer la formule suivante:
Coût net des produits revendus en l’état
= achats de biens et services revendus
– variation de stocks des biens et services revendus
- production immobilisée
- variation de stocks des produits finis et des en-cours
Les indicateurs qui composent cette formule ne sont pas direc-
tement disponibles dans les statistiques structurelles sur les
entreprises.
–
1.3 LA PRODUCTION REPRÉSENTE MOINS DE LA MOITIÉ DU CHIFFRE D’AFFAIRES
L’analyse de la structure des marges2
, encore désignée « ana-
lyse des soldes intermédiaires de gestion », permet de placer le
taux d’EBE dans un contexte plus large et d’en faciliter l’inter-
prétation. L’idée est de mesurer la marge à différents points de
la chaîne de création de valeur et d’en expliquer l’évolution tout
au long du processus. Le taux de marge est calculé en divisant
la marge par le chiffre d’affaires en vue de permettre une inter-
prétation par rapport au prix par unité vendue.
Une façon de visualiser l’analyse précitée est l’entonnoir des
marges. Celui-ci représente en cascade chaque indicateur de
marge et de coût rapporté au chiffre d’affaires.
En tant qu’indicateur-phare des produits d’exploitation, le
chiffre d’affaires constitue le point de départ de l’analyse avec
un niveau de 100%. Le chiffre d’affaires « comprend les mon-
tants facturés par l’entreprise au cours de la période de réfé-
rence, à savoir les ventes sur le marché de biens ou de services
fournis à des tiers. »3
La définition nationale inclut les rede-
vances reçues.
La production représente 43% du chiffre d’affaires en 2015. La
production « mesure le montant de ce qui a été effectivement
produit par l’entreprise considérée. »4
Elle intègre la variation
de stocks des produits finis et en-cours, la production immo-
bilisée ainsi que la marge sur les biens et services revendus en
l’état. La marge est calculée par la différence entre le chiffre
d’affaires et le coût d’achat des biens et services revendus.
Source: STATEC, Statistiques structurelles sur les entreprises 2005 et 2015
2
voir aussi le chapitre 2.5 du bulletin du STATEC n° 1/2014, Les statistiques structu-
relles de l’économie marchande non financière de 2005 à 2011, http://www.statis-
tiques.public.lu/fr/publications/series/bulletin-statec/2014/01-14-structure-en-
treprises/index.html
3
cf. annexe I, sous code 12 11 0, du règlement (CE) no 250/2009 de la Commission
du 11 mars 2009 […] qui concerne la définition des caractéristiques […] pour les
statistiques structurelles sur les entreprises
4
cf. annexe I, sous code 12 12 0, du règlement (CE) no 250/2009 de la Commission
du 11 mars 2009 […] qui concerne la définition des caractéristiques […] pour les
statistiques structurelles sur les entreprises
Si la production n’est pas à considérer comme une marge, elle
constitue tout de même un jalon d’analyse intéressant dans la
mesure où elle permet de distinguer d’une part le coût net des
produits revendus en l’état et d’autre part la consommation
intermédiaire.
3
09
UN FAIBLE TAUX D’EBE AU LUXEMBOURG, ET DONC ?
12
20
8
2005
% du chiffre d’affaires
VALEUR AJOUTÉE AU
COÛT DES FACTEURS
DÉPENSES DE PERSONNEL
EXCÉDENT BRUT
D’EXPLOITATION
8
15
6
2015
% du chiffre d’affaires
27
47
20
2005
% du chiffre d’affaires
PRODUCTION
CONSOMMATION
INTERMÉDIAIRE (*)
VALEUR AJOUTÉE AU
COÛT DES FACTEURS
28
43
15
2015
% du chiffre d’affaires
Aux arrondis près. Les soldes intermédiaires sont représentés en
couleur foncée et les coûts en couleur claire.
ad (*) La consommation intermédiaire n’est pas une caractéris-
tique directement disponible dans les statistiques structurelles.
Elle a été approximée par la différence entre production et valeur
ajoutée au coût des facteurs. Par conséquent, elle comprend
les impôts indirects payés nets des subventions d’exploitation
reçues. Ce montant est négligeable à l’échelle de l’économie
marchande non financière, mais il est significatif dans certaines
activités économiques.
Aux arrondis près. Les soldes intermédiaires sont représentés en couleur foncée et les coûts en couleur claire.
Source: STATEC, Statistiques structurelles sur les entreprises 2005 et 2015
Source: STATEC, Statistiques structurelles sur les entreprises 2005 et 2015
–
1.4 LE TAUX DE VALEUR AJOUTÉE DÉPEND DU TAUX DE PRODUCTION ET DE LA PART DE LA CONSOMMATION INTERMÉDIAIRE DANS
LE CHIFFRE D’AFFAIRES
La consommation intermédiaire reflète le coût des biens et
services consommés dans le processus de production interne
à l’entreprise. Elle tient compte du coût d’achat des matières
premières et consommables ainsi que des autres charges d’ex-
ploitation permettant à l’entreprise d’exercer son activité. Elle
s’élève à 28% du chiffre d’affaires en 2015. Pour rappel, le coût
net des produits revendus en l’état est deux fois plus impor-
tant (57%).
Le taux de valeur ajoutée se calcule par la différence entre le
taux de production et la part de la consommation intermédiaire
dans le chiffre d’affaires. Après avoir pris en compte les coûts
des biens et services consommés lors du processus de produc-
tion, il reste 15% du chiffre d’affaires en 2015 à titre de valeur
ajoutée.
–
1.5 LE TAUX D’EBE CONSTITUE LE SOLDE DU TAUX DE VALEUR AJOUTÉE ET DE LA PART DES DÉPENSES DE PERSONNEL DANS LE
CHIFFRE D’AFFAIRES.
En retirant les dépenses de personnel de la valeur ajoutée, on
obtient l’excédent brut d’exploitation. En 2015, les dépenses
de personnel représentent un peu plus de 8% du chiffre d’af-
faires, permettant donc à l’économie marchande non finan-
cière de réaliser un taux d’EBE d’environ 6%.
4
5
Bulletin du STATEC
10
53
27
12
100
47
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2005
% du chiffre d’affaires
CHIFFRE D’AFFAIRES
COÛT NET DES PRODUITS
REVENDUS EN L’ÉTAT (*)
PRODUCTION
CONSOMMATION
INTERMÉDIAIRE (*)
VALEUR AJOUTÉE AU
COÛT DES FACTEURS
DÉPENSES DE PERSONNEL
EXCÉDENT BRUT
D’EXPLOITATION
57
28
8
100
43
15
6
2015
% du chiffre d’affaires
L’entonnoir des marges permet d’un coup d’œil d’obtenir une
vue d’ensemble de la relation entre les différents taux de
marge et leurs composantes. Cependant, le fait de les repré-
senter par rapport au chiffre d’affaires masque l’évolution de
leur niveau. Par exemple, la baisse de la part des dépenses de
personnel dans le chiffre d’affaires est probablement la consé-
quence d’une hausse plus importante du chiffre d’affaires que
des dépenses de personnel.
Aux arrondis près. Les soldes intermédiaires sont représentés en
couleur foncée et les coûts en couleur claire.
ad (*) Le « coût net des produits revendus en l’état » comprend
la variation de stocks des produits finis et en cours ainsi que de
la production immobilisée. La « consommation intermédiaire»
comprend les impôts indirects payés net des subventions d’ex-
ploitation reçues.
–
1.6 L’ENTONNOIR DES MARGES RETRACE LA RELATION COMPLEXE ENTRE LE CHIFFRE D’AFFAIRES ET L’EBE
Entre 2005 et 2015, la part du coût net des produits reven-
dus en l’état dans le chiffre d’affaires a augmenté de 4 points.
Par conséquent, le taux de production a baissé de 4 points.
Cela suggère soit une hausse de l’activité de revente soit une
baisse de la marge de revente. Suite à la stabilité de la part de la
consommation intermédiaire dans les ventes, la baisse du taux
de valeur ajoutée est essentiellement imputable à la baisse du
taux de production. Néanmoins, la baisse de 4 points de la part
des dépenses de personnel dans le chiffre d’affaires atténue la
baisse du taux d’EBE.
Source: STATEC, Statistiques structurelles sur les entreprises 2005 et 2015
Le chiffre d’affaires est composé
de plus de la moitié du coût net
des produits revendus en l’état.
6
11
UN FAIBLE TAUX D’EBE AU LUXEMBOURG, ET DONC ?
239 CHIFFRE
D’AFFAIRES (+139%)
218 PRODUCTION (+118%)
91 TAUX DE PRODUCTION
(-9%)
174 VALEUR AJOUTÉE (+74%)
182 EXCÉDENT BRUT
D’EXPLOITATION (+82%)
76 TAUX D’EBE (-24%)
73 TAUX DE VALEUR
AJOUTÉE (-27%)
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
0
20
40
60
80
100
120
140
160
180
200
220
240
260
indice = 100
–
1.7 SUR 10 ANS, LE TAUX D’EBE CÈDE PRÈS D’UN QUART DE SON NIVEAU ALORS QUE L’EXCÉDENT BRUT D’EXPLOITATION A
PRESQUE DOUBLÉ
Même si les taux de marge et de production diminuent, les indi-
cateurs qui les composent augmentent entre 2005 et 2015. Le
chiffre d’affaires de l’économie marchande non financière est
presque multiplié par 2.5 (+139%) tandis que l’EBE représente
en 2015 près du double de sa valeur en 2005 (+82%). C’est ainsi
que le taux d’EBE cède près d’un quart de sa valeur en 2015 par
rapport à son niveau en 2005.
Le chiffre d’affaires et l’excédent brut d’exploitation ont tous
les deux connu une baisse prononcée en 2009. Entre 2009 et
2011, l’évolution de la production se déconnecte de celle du
chiffre d’affaires, laissant suggérer un changement structurel
dans la production. La valeur ajoutée évolue moins brusque-
ment que l’excédent brut d’exploitation, tant à la hausse qu’à
la baisse.
Source: STATEC, Statistiques structurelles sur les entreprises 2005 et 2015
L’EBE de l’économie marchande non
financière a presque doublé entre
2005 et 2015.
7
Bulletin du STATEC
12
2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
UNION EUROPÉENNE
IRLANDE
ROYAUME-UNI
MALTE
CHYPRE
1ER
RANG ENTRE
2008 ET 2015
LITUANIE
FRANCE
LUXEMBOURG
DERNIER RANG ENTRE
2008 ET 2015
0
2
4
6
8
10
12
14
16
18
20
Taux d’excédent brut
d’exploitation (en %)
–
1.8 LE RANG DU LUXEMBOURG RESTE STABLE ENTRE 2008 ET 2015
Vu l’évolution à la hausse de ces indicateurs, il est intéressant
de se pencher sur l’évolution du rang du Luxembourg dans le
classement européen concernant le taux d’EBE. D’après ce
dernier, le Luxembourg figure à la dernière place et ce depuis
2010. Cette stabilité dans le classement est certes étonnante,
mais le Luxembourg n’est pas le seul dans ce cas. Parmi les six
autres pays qui ont au moins une fois occupé un rang extrême
pour cet indicateur sur la même période, quatre pays ont connu
une stabilité de leur rang, à savoir l’Irlande, le Royaume-Uni,
Malte et la France.
Les pays ayant occupé au moins une fois un rang extrême (pre-
mier ou dernier) entre 2008 et 2015 sont mis en évidence par
couleur.
∫
∫ Données non disponibles: Grèce (2009), Irlande (2008 et
2013), Union européenne (2008);
∫
∫ Agrégat de l’Union européenne des 27 pays recalculé pour
2011 et 2012;
∫
∫ Croatie représentée à partir de 2013, année de son adhésion
à l’Union européenne.
Le calcul du taux d’EBE pour ce graphique repose sur la définition
communautaire du chiffre d’affaires, qui exclut les redevances
reçues.
Source: Eurostat, Statistiques structurelles sur les entreprises 2008 à 2015
8
13
UN FAIBLE TAUX D’EBE AU LUXEMBOURG, ET DONC ?
–
1.9 LE TAUX D’EBE DE L’ÉCONOMIE MARCHANDE NON FINANCIÈRE COMPARE PRINCIPALEMENT L’EBE DES SERVICES
NON FINANCIERS AU CHIFFRE D’AFFAIRES DU COMMERCE
La conclusion d’une faible rentabilité pour les entreprises
luxembourgeoises par rapport aux autres pays de l’Union euro-
péenne semble surprenante étant donné que l’EBE a quasiment
doublé entre 2005 et 2015. Lorsqu’on analyse la contribution
de chaque branche d’activité séparément dans le numérateur
(« excédent brut d’exploitation ») et dans le dénominateur («
chiffre d’affaires ») du taux d’EBE, on observe une incohérence
apparente dans le calcul du taux d’EBE à l’échelle de l’économie
marchande non financière.
En effet, d’un côté, l’EBE est largement dominé par les services
non financiers avec une part de 59% en 2015. De l’autre côté,
l’analyse de la composition du chiffre d’affaires met en lumière
la dominance du commerce, qui contribue pour plus de la moitié
(54%). Le taux d’EBE de l’économie marchande non financière
cache donc des phénomènes structurels.
Serait-il donc concevable d’attribuer le niveau et l’évolution du
taux d’EBE à la spécialisation du Luxembourg en termes d’ac-
tivités économiques plutôt qu’à une faible rentabilité? Afin d’y
voir plus clair, il faut descendre dans le détail de la branche
d’activité économique.
Source: STATEC, Statistiques structurelles sur les entreprises 2015
9 Excédent brut d’exploitation
% de l'économie marchande non financière
Chiffre d’affaires
% de l'économie marchande non financière
Le faible taux d’EBE de l’économie
marchande non financière est le reflet
d’un tissu économique particulier.
CONSTRUCTION
CONSTRUCTION
INDUSTRIE
INDUSTRIE
COMMERCE
SERVICES NON FINANCIERS
SERVICES NON FINANCIERS
COMMERCE
59
54
24
29
12
13
6
4
2
–
Par branche
d’activité
économique
15-20
Bulletin du STATEC
16
LU UE
LU UE
LU UE
LU UE
6.1 10.4
8.3 11.8
2.9 5.1
13.1 19.6
0 5 10 15 20 25 30 35
Taux d’excédent brut d’exploitation (en %)
SERVICES NON FINANCIERS
CONSTRUCTION
INDUSTRIE
COMMERCE
–
2.1 QUELLE QUE SOIT LA BRANCHE D’ACTIVITÉ EN 2015, LE LUXEMBOURG RESTE EN-DESSOUS DU TAUX D’EBE
DE L’UNION EUROPÉENNE
Le niveau du taux d’EBE varie en fonction de la branche d’acti-
vité. Les services non financiers connaissent les taux d’EBE les
plus élevés dans l’Union européenne, à savoir des niveaux entre
12% et 21% pour la vaste majorité des pays, abstraction faite
de l’exception irlandaise qu’on peut observer dans l’industrie
en 2015. C’est dans le commerce que les taux d’EBE sont les
plus faibles comparativement aux autres branches, avec des
taux d’EBE généralement inférieurs à 6%.
Si l’on compare le Luxembourg à ses voisins européens, il se
classe en dernière position dans l’industrie et le commerce,
et parmi les derniers dans les services non financiers. Il gagne
quelques places dans la construction, mais son taux d’EBE
(8.3%) reste toutefois bien en deçà du taux de l’Union euro-
péenne (11.8%). Dans ce contexte, il convient de noter que le
taux d’EBE de l’UE n’est pas une simple moyenne arithmétique
des pays de l’UE. Il s’obtient par le rapport entre la somme des
EBE de ces pays et la somme de leurs chiffres d’affaires. Par
conséquent, le taux de l’UE tend plus vers les taux d’EBE obser-
vés dans les grands pays.
Le calcul du taux d’EBE pour ce graphique repose sur la définition communautaire du chiffre d’affaires, qui exclut les redevances reçues.
Source: Eurostat, Statistiques structurelles sur les entreprises 2015
10
17
UN FAIBLE TAUX D’EBE AU LUXEMBOURG, ET DONC ?
2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
Rang du Luxembourg dans l'UE pour le taux d'EBE
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
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24
25
26
27
28
19
27
11
25
25
6
26
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25
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27
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25
25
6
26
22
25
14
27
27
28
19
24
17
28
26
COMMERCE
SERVICES NON FINANCIERS CONSTRUCTION
INDUSTRIE
–
2.2 LE LUXEMBOURG N’A PAS TOUJOURS OCCUPÉ LE DERNIER RANG DANS CHAQUE BRANCHE D’ACTIVITÉ
Dans le commerce et, dans une moindre mesure, dans la
construction, le rang du Luxembourg reste relativement stable
sur toute la période de 2008 à 2015. Le classement est par
contre sujet à des variations considérables dans l’industrie et
les services non financiers. Dans la première, le Luxembourg a
chuté du 19e
au 25e
rang en 2009 et occupe depuis lors les der-
nières positions. Dans les seconds, le Luxembourg, qui se clas-
sait 6e
en 2009, a alors reculé sensiblement pour se retrouver
en 26e
position en 2015.
Les libellés des rangs non occupés par le Luxembourg sur toute
la période sont grisés.
Dans la construction, les données de la plupart des autres pays
sont disponibles seulement à partir de 2010. Avant l’adhésion
de la Croatie à l’Union européenne en 2013, celle-ci comptait 27
pays.
Source: Eurostat, Statistiques structurelles sur les entreprises 2008 à 2015
11
Bulletin du STATEC
18
10.2
8.4
2.7
19.4
5.8 INDUSTRIE
8.3 CONSTRUCTION
2.8 COMMERCE
12.6 SERVICES NON
FINANCIERS
2005 2015
Taux d’excédent brut
d’exploitation (en %)
–
2.3 ENTRE 2005 ET 2015, LE TAUX D’EBE A DURABLEMENT BAISSÉ DANS L’INDUSTRIE ET LES SERVICES NON FINANCIERS
Les instabilités du rang de l’industrie et des services non finan-
ciers méritent d’être mises en relation avec l’évolution du taux
d’EBE par branche au Luxembourg. Entre 2005 et 2015, une
baisse structurelle du taux d’EBE est visible dans les services
non financiers (-6.8 points) et dans l’industrie (-4.4 points).
Dans la construction, le taux d’EBE retrouve en 2015 son
niveau de 2005. Le taux d’EBE du commerce reste, quant à lui,
stable sur toute la période.
Source: STATEC, Statistiques structurelles sur les entreprises 2005 et 2015
Les statistiques miroitent le phénomène de la globalisation,
qui se manifeste depuis la dernière décennie par une
forte présence du négoce international, des services
manufacturiers ainsi que des services aux entreprises (B2B).
12
19
UN FAIBLE TAUX D’EBE AU LUXEMBOURG, ET DONC ?
299 CHIFFRE D’AFFAIRES
(+199%)
278 PRODUCTION (+178%)
195 EXCÉDENT BRUT
D’EXPLOITATION (+95%)
65 TAUX D’EBE (-35%)
SERVICES NON FINANCIERS
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
0
20
40
60
80
100
120
140
160
180
200
220
240
260
280
300
indice = 100
–
2.4 L’ESSOR D’ACTIVITÉS À FAIBLE TAUX DE MARGE A RÉDUIT LE TAUX D’EBE DANS LES SERVICES NON FINANCIERS DEPUIS 2010
La situation extraordinaire dans les services non financiers
en 2015 cache le fait que déjà en 2010 l’évolution de l’EBE se
déconnecte par rapport au chiffre d’affaires et à la produc-
tion. L’évolution depuis 2010 s’explique notamment par deux
phénomènes:
∫
∫ entre 2010 et 2015, l’essor d’activités de services à faible
taux de marge dans les services d’information et de com-
munication, les services spécialisés, scientifiques et tech-
niques ainsi que les services administratifs et de soutien;
∫
∫ en 2012 et en 2013, une rupture de série suite à des reclas-
sements d’entreprises par rapport à la nomenclature des
activités (NACE) et à celle des secteurs institutionnels. Les
activités principalement concernées sont les services de
transports et les services d’information et de communica-
tion. Dans les services des TIC, un certain nombre de presta-
taires de services informatiques en ligne5
ont été reclassés
du commerce vers les services informatiques. Ces presta-
taires réalisent des chiffres d’affaires importants avec des
taux de marge relativement plus faibles.
Il en résulte une baisse graduelle du taux d’EBE entre 2009
et 2014 et avec cela une baisse du rang du Luxembourg dans
l’Union européenne. Malgré cette baisse au fil des années, l’EBE
a quasiment doublé en valeur entre 2005 et 2015 (+95%).
Source: STATEC, Statistiques structurelles sur les entreprises 2005 à 2015
5
par exemple : diffusion en continu vidéo et audio, la vente de souscriptions de logiciels par internet
13
Bulletin du STATEC
20
172 CHIFFRE
D’AFFAIRES (+72%)
130 PRODUCTION (+30%)
111 VALEUR AJOUTÉE
(+11%)
98 EXCÉDENT BRUT
D’EXPLOITATION (-2%)
57 TAUX D’EBE (-43%)
INDUSTRIE
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
0
20
40
60
80
100
120
140
160
180
indice = 100
–
2.5 DES CHANGEMENTS DANS LA STRUCTURE DE PRODUCTION ONT DURABLEMENT RÉDUIT LE TAUX D’EBE
DE L’INDUSTRIE DEPUIS 2010
Dans l’industrie, la crise économique a fait chuter le chiffre
d’affaires en 2009. L’activité reprend en 2010 ; toutefois jusque
2013, l’évolution de la production a été moins dynamique
que celle du chiffre d’affaires. Parallèlement, l’évolution des
marges est plus en phase avec celle de la production qu’avec
celle du chiffre d’affaires.
Compte tenu de l’entonnoir des marges décrit précédemment,
la hausse du niveau du chiffre d’affaires s’explique notamment
par l’essor du négoce international6
, en tant qu’activité secon-
daire, ainsi que de la sous-traitance7
et du travail à façon au
cours de la dernière décennie. Ces deux phénomènes ont fait
exploser le chiffre d’affaires tout en ayant baissé le taux de
production.
Combinée à l’observation du changement durable du taux
d’EBE, la divergence entre production et chiffre d’affaires
depuis 2010 suggère un changement structurel de la produc-
tion dans l’industrie.
L’exemple de l’industrie montre qu’un changement de la struc-
ture de la production et des coûts a un impact important sur
l’évolution du taux d’EBE. Ainsi, on peut s’intéresser de manière
générale aux spécificités des branches d’activités en ce qui
concerne leur structure de marges. Ces spécificités ressortent
mieux lorsqu’on calcule les taux de marge à un niveau plus
détaillé des activités économiques.
Source: STATEC, Statistiques structurelles sur les entreprises 2005 à 2015
6
Par négoce international (en anglais : « merchanting trade »), on entend l’achat de
biens par une entreprise à un fournisseur non résident et leur revente ultérieure en
l’état à un client non résident sans que lesdits biens ne franchissent la frontière
luxembourgeoise.
7
Dans le cadre de sous-traitance ou de travail à façon (en anglais: « toll manufac-
turing »), une entreprise est chargée de l’organisation de la production et de la
distribution d’un bien produit entièrement ou en partie par une autre entreprise
industrielle, soit au Luxembourg soit à l’étranger. Tout au long du processus de pro-
duction, l’entreprise organisatrice reste le propriétaire du bien produit.
14
3
–
Par activité
économique
plus détaillée
21-27
Bulletin du STATEC
22
–
3.1 DEUX CAS DE TAUX D’EBE EXTRÊMES: LES ACTIVITÉS IMMOBILIÈRES ET LE COMMERCE DE GROS
En 2015, le taux d’EBE est le plus élevé dans les activités
immobilières (51.1%) et le plus faible dans le commerce de gros
(2.5%). Ces deux cas extrêmes méritent des explications plus
détaillées.
Des taux d’EBE élevés sont le plus souvent observés pour les
activités à forte intensité de capital, dont par exemple les acti-
vités immobilières, en raison de la plus grande importance des
frais financiers et d’amortissement, qui ne sont pas encore
déduits à ce stade. En effet, tant la valeur ajoutée que l’excé-
dent brut d’exploitation sont exprimés « bruts » des correc-
tions de valeur, telles que l’amortissement d’actifs immobilisés
corporels.
Les activités de négoce connaissent les taux d’EBE les plus
faibles. Le commerce se situe au bout de la chaîne de produc-
tion, le chiffre d’affaires étant composé pour la majeure partie
de coûts de biens destinés à la revente. Ceux-ci sont issus des
activités productrices de biens et gonflent artificiellement le
niveau du chiffre d’affaires dans le commerce. Cela engendre
des marges relativement plus faibles par rapport au chiffre
d’affaires.
Si la branche du commerce connaît systématiquement des
taux d’EBE faibles, il est étonnant d’observer que les activités
manufacturières de moyenne-basse technologie et de haute
technologie8
figurent juste devant le commerce de gros avec
un taux d’EBE de 2.6%. La autres activités manufacturières
affichent quant à elles des taux d’EBE entre 7.5% et 17.4%.
8
La « manufacture de moyenne-basse technologie » regroupe la reproduction d’en-
registrements, la cokéfaction et raffinage, la métallurgie, la fabrication de produits
en caoutchouc et en plastique, d’autres produits minéraux non métalliques et de
produits métalliques (à l’exception d’armes et de munitions).
La « manufacture de haute technologie » regroupe l’industrie pharmaceutique, la
fabrication de produits informatiques, électroniques et optiques, et la construction
aéronautique et spatiale.
Même à l’intérieur des branches,
l’étendue du taux d’EBE est très grande.
Celle-ci s’explique notamment par une
structure des coûts qui varie en fonction de
l’activité exercée ainsi que par un EBE qui ne
tient pas compte de tous les coûts.
23
UN FAIBLE TAUX D’EBE AU LUXEMBOURG, ET DONC ?
51.1
26.0
17.4
17.2
16.2
11.1
9.6
9.6
9.5
9.3
9.2
7.6
7.5
6.7
4.9
4.8
2.8
2.6
2.5
ACTIVITÉS IMMOBILIÈRES
SERVICES ADMINISTRATIFS
ET DE SOUTIEN
INDUSTRIES EXTRACTIVES
EAU, DÉCHETS
INFORMATION ET
COMMUNICATION
MANUFACTURE MOY.-
HAUTE TECHNOLOGIE
MANUFACTURE BASSE
TECHNOLOGIE
BÂTIMENTS
TRANSPORTS ET
ENTREPOSAGE
HÉBERGEMENT ET
RESTAURATION
GÉNIE CIVIL
SERV.SPÉCIALISÉS,
SCIENTIF., TECHNIQUES
ELECTRICITÉ,
GAZ, VAPEUR, AIR
TRAVAUX SPÉCIALISÉS
COMMERCE DE DÉTAIL
RÉPAR. ORDINATEURS ET
BIENS DOMESTIQUES
VÉHICULES MOTORISÉS,
Y C. RÉPARATION
MANUFACTURE MOY.-
BASSE ET HAUTE TECH…
COMMERCE DE GROS
Taux d’excédent brut d’exploitation (en %)
COMMERCE
CONSTRUCTION
INDUSTRIE
SERVICES NON FINANCIERS
CONSTRUCTION COMMERCE
SERVICES NON FINANCIERS INDUSTRIE
Le graphique du bas reproduit les taux d’EBE du graphique
au-dessus afin de présenter la distribution des taux d’EBE à l’in-
térieur de chaque branche d’activité. Dans ce même graphique, le
cercle noir représente le taux d’EBE de la branche, tel que calculé
dans les sections précédentes.
En descendant davantage dans le détail des branches, on
s’aperçoit également que l’étendue du taux d’EBE est plus forte
dans les services non financiers, alors qu’elle est la plus faible
dans le commerce. Les taux d’EBE de l’industrie et des services
non financiers sont tirés vers le bas par des activités à plus
faible taux de marge à cause de leur prédominance dans leur
branche respective.
Les fourchettes des taux d’EBE par branche d’activité se
recoupent. Dès lors, on peut s’intéresser à la ressemblance
d’activités appartenant à différentes branches en termes de
leur structure de marges.
Source: STATEC, Statistiques structurelles sur les entreprises 2015
15
Bulletin du STATEC
24
D
F41
M
MLT_HIT
INDUSTRIE
CONSTRUCTION
COMMERCE
SERVICES NON FINANCIERS
10
20
30
40
50
TAUX D’EBE (EN %)
0 20 40 60 80 100
10 30 50 70 90
Taux de production (en %)
0
10
20
30
40
50
60
Taux de valeur
ajoutée (en %)
–
3.2 LA STRUCTURE DES MARGES DE CERTAINES ACTIVITÉS RESSEMBLE À CELLE DU COMMERCE
En analysant de plus près la relation entre la production, la
valeur ajoutée et l’EBE, tous exprimés en pourcentage du chiffre
d’affaires, on observe qu’une activité industrielle semble être
associée aux activités du commerce: il s’agit de l’activité de
production et de distribution d’électricité, de gaz, de vapeur
et d’air conditionné (D), qui, d’après son positionnement dans
le graphique, est plus orientée vers la distribution que vers la
production de produits énergétiques.
Depuis 2009, la manufacture de moyenne-basse et haute
technologie (MLT_HIT) affiche un taux de valeur ajoutée relati-
vement plus faible (près de 15% en 2015) combiné à un taux de
production supérieur à 70%. Depuis 2015, les services spécia-
lisés, scientifiques et techniques (M) se trouvent à proximité.
Leur profil de marges est similaire. Les deux activités se dif-
férencient néanmoins par leur niveau du taux d’EBE, soit 2.6%
pour l’activité industrielle et 7.6% pour l’activité de services.
La construction de bâtiments (F41) se trouve isolée au milieu
du graphique. Elle comprend la promotion immobilière ainsi que
la construction proprement dite. L’activité se démarque des
autres par la combinaison d’un taux de production relativement
plus faible (57%) et d’un écart relativement plus important
entre le taux de valeur ajoutée (27%) et le taux d’EBE (10%). Le
faible taux de production est imputable à la promotion immobi-
lière, qui en tant que gestionnaire de projets immobiliers sous-
traite l’activité de construction et en réalise la vente finale.
L’écart entre le taux de valeur ajoutée et le taux d’EBE (17
points) reflète l’importance des dépenses de personnel dans le
chiffre d’affaires de la construction proprement dite.
La branche d’activité est mise en évidence pour une sélection d’activités uniquement.
Avec un taux de production de 43%, un taux de valeur ajoutée
de 15% et un taux d’EBE de 6.3%, l’économie marchande non
financière luxembourgeoise dans son ensemble (donnée non
illustrée dans le graphique) ressemble au profil de marges du
commerce.
Source: STATEC, Statistiques structurelles sur les entreprises 2015
16
25
UN FAIBLE TAUX D’EBE AU LUXEMBOURG, ET DONC ?
F42
F43
I
L
N
INDUSTRIE
CONSTRUCTION
COMMERCE
SERVICES NON FINANCIERS
10
20
30
40
50
TAUX D’EBE (EN %)
0 20 40 60 80 100
10 30 50 70 90
Taux de production (en %)
0
10
20
30
40
50
60
Taux de valeur
ajoutée (en %)
–
3.3 LA STRUCTURE DES COÛTS CONDITIONNE LE NIVEAU DU TAUX D’EBE
D’une manière générale, on aurait pu s’attendre à ce que les
activités à taux élevés de production et de valeur ajoutée
connaissent les taux d’EBE les plus élevés. Or, il s’avère que la
relation entre les différents indicateurs n’est pas aussi simple.
Précédemment, les activités à forte intensité de capital, telles
que les activités immobilières (L), ont été identifiées comme
activité à taux d’EBE élevé (51%). Les services administratifs
et de soutien (N) présentent des similitudes avec les activités
immobilières. En 2015, ils présentent un taux de production de
83%, un taux de valeur ajoutée de 50% et un taux d’EBE de 26%.
Dans ces services, les activités de location et de location-bail
de biens mobiliers et de produits de propriété intellectuelle
dominent l’EBE. Au niveau de l’EBE, la correction de valeur des
actifs donnés en location n’est pas encore prise en compte.
A côté des activités à plus forte intensité de capital, on trouve
un petit ensemble d’activités fort similaires en termes de struc-
ture des marges alors qu’elles appartiennent à des branches
différentes: l’hébergement et la restauration (I) avec un taux
de valeur ajoutée de 48%, les travaux de construction spécia-
lisés (F43) (43%) et le génie civil (F42) (39%). Le taux d’EBE
dans ces activités est compris entre 7% et 9%. Les achats de
biens et de services, qui peuvent être approximés par la dif-
férence entre le chiffre d’affaires (100%) et le taux de valeur
ajoutée, constituent l’élément de coût prédominant, avec une
part entre 52% et 61% dans le chiffre d’affaires. La part des
dépenses de personnel dans le chiffre d’affaires, qui est équi-
valente à la différence entre le taux de valeur ajoutée et le taux
d’EBE, se situe entre 30% et 39%.
L’importance des dépenses de personnel fait souvent l’objet
de discussions dans le cadre d’analyses de la rentabilité des
entreprises. L’entonnoir des marges présenté dans le pre-
mier chapitre montre que la différence entre la valeur ajou-
tée et l’excédent brut d’exploitation est égale aux dépenses de
personnel. La part salariale, qui se définit comme la part des
dépenses de personnel dans la valeur ajoutée, est un indicateur
populaire dans le débat de la rentabilité.
Source: STATEC, Statistiques structurelles sur les entreprises 2015
17
Bulletin du STATEC
26
G45
G46
G47
I
LOT
INDUSTRIE
CONSTRUCTION
COMMERCE
SERVICES NON FINANCIERS
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
Part des salaires dans la valeur ajoutée (en %)
0
10
20
30
40
50
5
15
25
35
45
55
Taux d’excédent brut
d’exploitation (en %)
–
3.4 LA PART SALARIALE REFLÈTE D’ABORD L’INTENSITÉ DU TRAVAIL DANS L’ACTIVITÉ, LE TAUX D’EBE ÉTANT
SIMILAIRE POUR DIFFÉRENTS NIVEAUX DE PARTS SALARIALES
Les trois activités de commerce présentent toutes une part
différente des dépenses de personnel par rapport à la valeur
ajoutée, soit 40% en 2015 dans le commerce de gros (G46),
61% dans le commerce de détail (G47) et 76% dans le com-
merce et réparation d’automobiles et de motocycles (G45).
Pourtant, leur taux d’EBE est compris dans une fourchette
entre 2.5% et 4.9%. Le taux d’EBE est le plus faible pour la
branche du commerce de gros, où la part salariale est la moins
importante (40%).
L’hébergement et la restauration (I) affichent une part sala-
riale d’un peu plus de 80% en 2015. Leur taux d’EBE (9.3%) est
quasiment identique à celui de l’industrie manufacturière de
basse technologie (LOT) (9.6%), où les dépenses de personnel
représentent près de 60% de la valeur ajoutée.
L’observation d’une relation plus faible entre part salariale et
taux d’EBE semble paradoxale dans la mesure où les dépenses
de personnel sont égales à la différence entre valeur ajoutée
et excédent brut d’exploitation. Toutefois, l’explication réside
dans le fait que les taux de marge sont obtenus en divisant la
marge par le chiffre d’affaires. Ainsi, il convient de tenir compte
de l’importance des dépenses de personnel dans le chiffre d’af-
faires et non pas uniquement dans la valeur ajoutée. Dans le
premier chapitre, l’évolution de l’entonnoir des marges de
l’économie marchande non financière a montré que la baisse
de la part des dépenses de personnel dans le chiffre d’affaires
entre 2005 et 2015 semble avoir atténué la baisse du taux
d’EBE. La relation entre la part salariale et le taux d’EBE est
donc plus complexe qu’une simple relation inverse.
Dans les chapitres précédents, il a été observé à plusieurs
reprises que le taux d’EBE baisse sur la dernière décennie alors
que l’EBE augmente. De la même manière, on peut s’intéresser
à la relation entre EBE, chiffre d’affaires et taux d’EBE par acti-
vité plus détaillée.
18
Source: STATEC, Statistiques structurelles sur les entreprises 2015
27
UN FAIBLE TAUX D’EBE AU LUXEMBOURG, ET DONC ?
0.01 0.02 0.1 0.2 1 2 10 20 100
Chiffre d’affaires (milliards EUR), échelle log10
0.001
0.002
0.01
0.02
0.1
0.2
1
2
10
EBE (milliards EUR),
échelle log10
B
G46
L
M
MLT_HIT
S95
INDUSTRIE
CONSTRUCTION
COMMERCE
SERVICES NON FINANCIERS
10
20
30
40
50
TAUX D'EBE (EN %)
–
3.5 LE COMMERCE DE GROS AFFICHE LE PLUS FAIBLE TAUX D’EBE AVEC L’UN DES PLUS IMPORTANTS NIVEAUX D’EBE EN 2015
En 2015, le commerce de gros (G46) connaît en effet le taux
d’EBE le plus faible par rapport aux autres activités. Il n’em-
pêche cependant que cette activité a réalisé l’un des excé-
dents bruts d’exploitation les plus importants de l’économie
luxembourgeoise, avec 1.7 milliards EUR. Le négoce interna-
tional explique l’ordre de grandeur hors du commun du chiffre
d’affaires dans le commerce de gros (68 milliards). Ces chiffres
sont notamment portés par des grandes entreprises multi-
nationales. Ce sont les services spécialisés, scientifiques et
techniques (M) qui ont réalisé l’EBE le plus important, avec
1.8 milliards EUR. Le chiffre d’affaires n’y représente qu’un tiers
de celui du commerce de gros. Par conséquent, le taux d’EBE
y est trois fois plus élevé que dans le commerce de gros. L’in-
dustrie manufacturière de moyenne-basse et haute techno-
logie (MLT_HIT) a été précédemment mise en évidence avec un
taux d’EBE de seulement 2.6% en 2015. Derrière ce taux, il y a
un chiffre d’affaires de près de 10 milliards EUR et un EBE de
251 millions EUR.
Ensemble, ces trois activités représentent plus d’un tiers de
l’EBE et deux tiers du chiffre d’affaires de l’économie mar-
chande non financière. Le poids important de ces activités à
faible taux d’EBE explique pourquoi le taux d’EBE de l’économie
marchande non financière est tiré vers le bas.
Les activités immobilières (L), dont le taux d’EBE est le plus
élevé, ont réalisé un EBE de 0.7 milliards avec un chiffre d’af-
faires de 1.3 milliards. Les industries extractives (B) et les
services de réparation d’ordinateurs et de biens domestiques
(S95) ont une empreinte plus faible, avec un EBE inférieur à 20
millions EUR et un chiffre d’affaires inférieur à 100 millions EUR.
A un niveau plus détaillé de la branche d’activité, on observe
une forte hétérogénéité des taux d’EBE dans l’industrie et
les services non financiers. Elle résulte notamment de la plus
grande diversité d’activités économiques qui composent ces
branches. Cette situation corrobore le fait que le taux d’EBE par
branche d’activité n’est pas toujours représentatif du taux de
ses composantes. Dès lors, il est utile d’analyser la structure
des marges à l’échelle des entreprises en vue d’observer dans
quelle mesure le taux d’EBE des branches soit représentatif du
taux d’EBE des entreprises.
Source: STATEC, Statistiques structurelles sur les entreprises 2015
19
4
–
Par entreprise
29-32
Bulletin du STATEC
30
-40 -35 -30 -25 -20 -15 -10 -5 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80 85 90 95 100 105 110 115 120 125 130 135 140 145 150 155 160
Taux de production (en %)
INDUSTRIE
SERVICES NON FINANCIERS
CONSTRUCTION
COMMERCE
Le graphique ci-dessus représente les indicateurs d’une boîte de
Tukey:
quartile 1 		 quartile 3
		médiane
		(point noir)
Le point en couleur orange représente le taux de la branche, cal-
culé à l’aide des indicateurs agrégés de la branche et non pas par
entreprise. Les entreprises dont le taux se situe en-dehors des
moustaches ne sont pas représentées.
–
4.1 UN FAIBLE NOMBRE DE GRANDES ENTREPRISES TIRE VERS LE BAS LE TAUX DE PRODUCTION DE LA BRANCHE
La moitié des entreprises de l’industrie, de la construction
et des services non financiers ont un taux de production de
près de 100%. Cette valeur est supérieure au taux de produc-
tion calculé au niveau de la branche. Dans l’industrie, le taux
de la branche constitue même une valeur extraordinaire, car la
vaste majorité des entreprises ont un taux de production qui
dépasse le seuil de 85% en 2015. Ce phénomène s’explique par
un faible nombre de grandes entreprises, souvent multinatio-
nales, dont les chiffres tirent fortement vers le bas l’indicateur
de la branche.
Dans le commerce, un quart des entreprises affichent un
taux de production inférieur à 25%. Ce faible taux s’explique
par le fait que la production y est notamment constituée de
la marge commerciale. C’est d’ailleurs la seule branche où un
nombre significatif d’entreprises affiche des taux de produc-
tion négatifs.
A l’exception du commerce, un quart des entreprises ont une
production supérieure au chiffre d’affaires (cf. quartile 3 supé-
rieur à 100%), ce qui est dû à la variation de stocks de produits
finis et en cours et à la production immobilisé. Dans le com-
merce, ce phénomène est marginal.
Source: STATEC, micro-données des statistiques structurelles sur les entreprises 2015
L’image dessinée au niveau de la branche
atteste de la présence d’un faible nombre de
grandes entreprises qui masquent la réalité de
nombreuses autres entreprises.
20
BRANCHE D’ACTIVITÉ Taux de la
branche
Quartile 1 Médiane Quartile 3 Ecart
interquartile
Rapport entre
écart interquartile
et médiane (%)
INDUSTRIE 63 87 98 100 13 13
SERVICES NON FINANCIERS 78 86 98 100 14 15
CONSTRUCTION 75 72 95 100 28 29
COMMERCE 16 26 41 61 34 83
31
UN FAIBLE TAUX D’EBE AU LUXEMBOURG, ET DONC ?
-40 -35 -30 -25 -20 -15 -10 -5 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80 85 90 95 100 105 110 115 120
Taux de valeur ajoutée (en %)
SERVICES NON FINANCIERS
INDUSTRIE
CONSTRUCTION
COMMERCE
–
4.2 LE TAUX DE VALEUR AJOUTÉE DE LA BRANCHE EST GÉNÉRALEMENT BEAUCOUP PLUS FAIBLE QUE LE TAUX DE
VALEUR AJOUTÉE MÉDIAN
Les entreprises des services non financiers présentent les taux
de valeur ajoutée les plus élevés, à savoir au moins 52% pour la
moitié d’entre-elles en 2015. Elles sont suivies des entreprises
de l’industrie (46%) et de la construction (41%). Dans le com-
merce, le taux médian est de 20%.
Le taux de valeur ajoutée de la branche est généralement beau-
coup plus faible que le taux de valeur ajoutée médian. Dans la
construction, la différence est moins prononcée. Cela atteste
d’une plus forte concentration de grandes entreprises dans les
trois autres branches.
Une valeur ajoutée négative n’est certainement pas une bonne
circonstance pour assurer la continuité de l’activité d’une
entreprise. Pourtant, elle constitue la réalité pour un nombre
significatif d’entreprises dans toutes les branches. Les taux
de valeur ajoutée supérieurs à 100% sont moins fréquents. Cet
extrême est dû à la définition de la valeur ajoutée au coût des
facteurs, qui tient compte de produits non inclus dans le chiffre
d’affaires, tels que par exemple la production immobilisée et les
subventions d’exploitation.
Le graphique ci-dessus représente les indicateurs d’une boîte de
Tukey:
quartile 1 		 quartile 3
médiane
		(point noir)
Le point en couleur orange représente le taux de la branche, cal-
culé à l’aide des indicateurs agrégés de la branche et non pas par
entreprise. Les entreprises dont le taux se situe en-dehors des
moustaches ne sont pas représentées.
Source: STATEC, micro-données des statistiques structurelles sur les entreprises 2015
21
BRANCHE D’ACTIVITÉ Taux de la
branche
Quartile 1 Médiane Quartile 3 Ecart
interquartile
Rapport entre
écart interquartile
et médiane (%)
SERVICES NON FINANCIERS 27 37 52 68 31 61
INDUSTRIE 17 29 46 57 28 62
CONSTRUCTION 36 19 41 54 36 86
COMMERCE 6 10 20 31 21 106
Bulletin du STATEC
32
-80-75 -70 -65-60-55 -50-45-40-35 -30-25-20-15 -10 -5 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80 85 90 95 100105110115120125130135140
Taux d’excédent brut d’exploitation (en %)
SERVICES NON FINANCIERS
INDUSTRIE
CONSTRUCTION
COMMERCE
–
4.3 L’EBE NÉGATIF CONCERNE PRÈS D’UN QUART DES ENTREPRISES EN 2015
Le taux d’EBE de la branche et le taux d'EBE médian sont assez
proches, quelle que soit la branche. L’écart le plus grand est
observé dans les services non financiers, avec un taux d’EBE
médian de 23% contre un taux d’EBE de la branche de 13% en
2015. Malgré ce constat, le taux d’EBE de la branche ne sau-
rait refléter la grande dispersion des taux d’EBE par entreprise.
Plus d’un quart des entreprises du commerce et de la construc-
tion sont concernées par des taux d’EBE négatifs. Dans l’in-
dustrie et les services non financiers, le phénomène est légère-
ment moins fréquent. Pourtant, les taux d’EBE par entreprises
les plus fortement négatifs sont observés dans les services
non financiers. S’y ajoute le phénomène rare que le taux d’EBE
y dépasse le seuil de 100%.
Source: STATEC, micro-données des statistiques structurelles sur les entreprises 2015
22
Le graphique ci-dessus représente les indicateurs d’une boîte de
Tukey:
quartile 1 		 quartile 3
		médiane
		(point noir)
Le point en couleur orange représente le taux de la branche, cal-
culé à l’aide des indicateurs agrégés de la branche et non pas par
entreprise. Les entreprises dont le taux se situe en-dehors des
moustaches ne sont pas représentées.
BRANCHE D’ACTIVITÉ Taux de la
branche
Quartile 1 Médiane Quartile 3 Ecart
interquartile
Rapport entre
écart interquartile
et médiane (%)
SERVICES NON FINANCIERS 13 3 23 53 50 216
INDUSTRIE 6 3 10 27 24 234
CONSTRUCTION 8 -3 7 17 20 300
COMMERCE 3 -2 6 14 16 284
Un taux d’EBE négatif ne devrait-il pas
quand-même nous interpeller ?
5
–
Taux d’EBE
et rentabilité
33-35
Bulletin du STATEC
34
Le taux d’EBE calculé à l’échelle de l’économie marchande
non financière ou au sein de la branche d’activité n’est pas
une mesure adéquate de la rentabilité des entreprises non
financières.
De prime abord, le Luxembourg figure durablement parmi les
derniers rangs dans l’Union européenne malgré son économie
performante. Ce paradoxe s’explique essentiellement par sa
structure économique particulière. L’essor du négoce interna-
tional en général ainsi que de la sous-traitance dans l’industrie
sont à la source de l’explosion du chiffre d’affaires, accompa-
gné de taux de marge plus faibles. Si un jour le taux d’EBE de
l’économie marchande non financière luxembourgeoise évo-
luait « favorablement », c’est-à-dire dans le sens d’une per-
formance supérieure à la moyenne de l’Union européenne,
ce serait probablement la manifestation d’un changement
structurel de grande envergure, dont les conséquences pour-
raient tant améliorer que dégrader la situation économique du
Luxembourg.
De plus, un faible taux d’EBE ne va pas forcément de pair avec un
faible excédent brut d’exploitation. Sur 10 ans, l’EBE de l’éco-
nomie marchande non financière au Luxembourg a presque
doublé, alors même que son taux d’EBE a chuté de 24%. Le
commerce de gros ainsi que les services spécialisés, scienti-
fiques et techniques génèrent le plus d’EBE en dehors du sec-
teur financier au Luxembourg, leur taux d’EBE se situant parmi
les plus faibles. Le taux d’EBE calculé à l’échelle de la branche
masque la réalité de nombreuses entreprises. En effet, l’image
dessinée au niveau de la branche reflète assez souvent le com-
portement d’une minorité de grandes entreprises.
Plus important encore, l’analyse du taux d’EBE par activité
plus détaillée a permis de mettre en évidence le fait que le
taux d’EBE dépend avant tout de la nature de l’activité et de
sa structure des coûts. Les activités à forte intensité de capi-
tal présentent une structure de marges différente de celle
des activités commerciales ou des activités à forte intensité
de travail. L’EBE lui-même n’est qu’une marge intermédiaire,
un bon nombre de charges importantes restant à déduire. Par
conséquent, il n’est pas utile de comparer le taux d’EBE entre
activités pour en déduire la plus rentable. Idéalement, le taux
d’EBE s’analyse pour des entreprises appartenant à une même
activité économique détaillée.
D’autres indicateurs que le taux d’EBE
devraient permettre d’approcher de manière
plus holistique le sujet de la rentabilité.
35
UN FAIBLE TAUX D’EBE AU LUXEMBOURG, ET DONC ?
–
5.1 LES STATISTIQUES STRUCTURELLES SUR LES ENTREPRISES S’ARRÊTENT À L’EBE, TOUTEFOIS, UNE NOUVELLE SOURCE
PROMETTEUSE EST À L’HORIZON
D’un point de vue conceptuel, une analyse fondée purement
sur la réalisation de marge ignore la capacité des entreprises
à être rentable suite à l’utilisation efficiente de leurs actifs.
La mesure de la rentabilité ne saurait simplement s’arrêter à
l’EBE. Malheureusement, les statistiques structurelles sur les
entreprises n’apportent pas de réponse au-delà de l’EBE pour
le moment.
Le working paper « La rentabilité des entreprises non finan-
cières »9
du STATEC présente des indicateurs de rentabilité
plus pertinents, tels que par exemple le retour sur actifs (en
anglais : « Return on assets », ROA), qui rapporte le « Résultat
avant charges d’intérêts » au total des actifs. L’avantage théo-
rique de cet indicateur est d’une part qu’il tient compte à la fois
de la création de marge et de l’utilisation des actifs et, d’autre
part, qu’il est beaucoup moins sensible à la nature de l’activité
économique que le taux d’EBE. L’étude porte sur un panel d’en-
viron 900 entreprises au Luxembourg. Lors de sa publication en
2011, les sources de données nécessaires pour mener une ana-
lyse de plus grande envergure n’étaient pas encore disponibles.
Le STATEC alimente la base de données BACH10
à l’aide des don-
nées déposées par les entreprises dans la Centrale des bilans
depuis 2011. Désormais, il devrait être possible de mener des
analyses plus approfondies de la rentabilité.
Finalement, la base de données BACH renseigne les quartiles
des indicateurs calculés par entreprise. Comme l’a montré
l’analyse de la structure des marges à l’échelle de l’entreprise,
les taux de marge calculés à échelle de la seule branche sont
influencés par les grandes entreprises de sorte à masquer la
situation des petites et moyennes entreprises. Derrière les
taux de marge de la branche se cache une réalité moins rose,
à savoir celle des taux d’EBE négatifs, qui mérite d’être appro-
fondie. Tôt ou tard, un EBE négatif pointe une perte de trésore-
rie, qui en absence de flux de trésorerie compensatoires peut
entraîner l’état de cessation de paiements (faillite).
9
Zangerlé G., « La rentabilité des entreprises non financières », Economie et statis-
tiques No 51/2011, Luxembourg, STATEC, 2011, http://www.statistiques.public.lu/
fr/actualites/entreprises/entreprises/2011/01/20110113/index.html
10
Banks for the accounts of companies harmonized : https://www.bach.banque-
france.fr/
Institut national de la statistique
et des études économiques
www.statec.lu

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Bulletin du Statec

  • 1. Un faible taux d’EBE au Luxembourg, et donc ? 3 — 2018 BULLETIN DU ST TEC –
  • 2. IMPRESSUM Responsable de la publication Dr Serge Allegrezza Coordination et rédaction Georges Zangerlé Juillet 2018 Volume LXV · N° 03/2018 ISSN 0076-1583 Prix de ce numéro 3,70 € La reproduction totale ou partielle du présent bulletin est autorisée à condition d’en citer la source. Conception MEFA Medienfabrik STATEC Institut national de la statistique et des études économiques Centre Administratif Pierre Werner 13, rue Erasme L - 1468 Luxembourg-Kirchberg T +352 247 - 84219 F +352 46 42 89 E info@statec.etat.lu statec.lu –
  • 3. 03 UN FAIBLE TAUX D’EBE AU LUXEMBOURG, ET DONC ? UN FAIBLE TAUX D’EBE AU LUXEMBOURG, ET DONC ? TABLE DES MATIÈRES PRÉFACE 04 _ 1 ÉCONOMIE MARCHANDE NON FINANCIÈRE 05 _ 2 PAR BRANCHE D’ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE 15 _ 3 PAR ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE PLUS DÉTAILLÉE 21 _ 4 PAR ENTREPRISE 29 _ 5 TAUX D’EBE ET RENTABILITÉ 33
  • 4. Bulletin du STATEC 04 Le taux d’excédent brut d’exploitation (EBE) est-il un bon indicateur de la rentabilité des entreprises non financières ? Le Luxembourg figure depuis longtemps en dernière place dans le classement européen du taux d’excédent brut d’exploitation de l’économie marchande non financière. Cette dernière place permet-elle d’affirmer que les entreprises luxembourgeoises sont moins rentables que les entreprises dans les autres pays de l’Union européenne ? Ou est-elle le reflet d’un tissu économique parti- culier ? En fait, le taux d’EBE que signifie-t-il concrètement ? En partant d’une vue plus générale de la structure des marges, la présente publication aborde l’analyse du taux d’EBE à différents niveaux de granularité: l’économie marchande non financière, les branches d’activité, les activités économiques plus détaillées et les entreprises. Au fur et à mesure que l’étude décortique le détail, le taux d’EBE révèle sa vraie face. PRÉFACE –
  • 6. Bulletin du STATEC 06 – 1.1 EN 2015, LE LUXEMBOURG CONNAÎT LE TAUX D’EBE LE PLUS FAIBLE DANS L’UNION EUROPÉENNE Selon le Bilan compétitivité 20171 , publié par l’Observatoire de la compétitivité, le Luxembourg occupe une position défa- vorable par rapport à la moyenne de l’Union européenne pour l’indicateur dénommé « rentabilité des sociétés non finan- cières ». Avec un taux d’excédent brut d’exploitation (EBE) de 6.5% en 2015, le Luxembourg occupe en effet le dernier rang dans l’Union européenne, dont la moyenne s’élève à 10.7%. La France (6.7%) connaît un positionnement similaire tandis que le trio de tête est composé de l’Irlande (19.8%), la Grande-Bre- tagne (16.5%) et Malte (16%). 1 Taux d’excédent brut d’exploitation (en %) Source: Eurostat, Statistiques structurelles sur les entreprises 2015 Le calcul du taux d’EBE pour ce graphique repose sur la définition communautaire du chiffre d’affaires, qui exclut les rede- vances reçues. 1 https://odc.gouvernement.lu/fr/publications/rapport-etude-analyse/perspectives-politique-economique/perspectives-politique-economique-33.html 19.8 16.5 16.0 12.4 12.0 11.9 10.9 10.5 10.5 10.4 10.1 10.1 10.0 10.0 10.0 9.8 9.6 9.6 9.6 9.5 9.5 9.5 9.2 9.1 8.9 8.6 6.7 6.5 IRLANDE ROYAUME-UNI MALTE CROATIE CHYPRE DANEMARK POLOGNE RÉP. TCHÈQUE PAYS-BAS ITALIE HONGRIE AUTRICHE BULGARIE LETTONIE ESPAGNE ROUMANIE LETTONIE PORTUGAL GRÈCE SLOVÉNIE SLOVAQUIE SUÈDE ALLEMAGNE BELGIQUE ESTONIE FINLANDE FRANCE LUXEMBOURG UE 10.7
  • 7. 07 UN FAIBLE TAUX D’EBE AU LUXEMBOURG, ET DONC ? 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 65 76 85 107 91 119 137 141 150 160 154 5.4 6.0 7.0 7.7 6.0 7.1 8.0 7.9 8.0 9.3 9.8 Chiffre d’affaires Excédent brut d’exploitation 0 20 40 60 80 100 120 140 160 milliards EUR 8.3 7.8 8.2 7.2 6.6 5.9 5.9 5.6 5.3 5.8 6.3 Taux d’EBE 0 2 4 6 8 % du chiffre d’affaires – 1.2 LE TAUX D’EBE EST LE RAPPORT ENTRE L’EXCÉDENT BRUT D’EXPLOITATION ET LE CHIFFRE D’AFFAIRES Sur un chiffre d’affaires de 154 milliards EUR en 2015, l’écono- mie marchande non financière génère un excédent brut d’ex- ploitation de 9.8 milliards EUR, soit un taux d’EBE de 6.3%. En 2005, ce taux était de 8.3% avec un chiffre d’affaires de 64.5 milliards EUR et un EBE de 5.4 milliards EUR. On note au passage une différence de -0.2 points par rapport au taux d’EBE dans le comparatif européen (6.5%). La diffé- rence trouve son origine dans la prise en compte des rede- vances reçues dans la définition nationale du chiffre d’affaires, alors que la définition communautaire du chiffre d’affaires les exclut. Or, comme l’EBE inclut les redevances reçues, il est plus juste de le comparer au chiffre d’affaires y compris les rede- vances. C’est pourquoi dans la présente publication, la défini- tion communautaire du chiffre d’affaires est seulement utilisée dans les analyses comparatives avec les autres pays de l’Union européenne. Source: STATEC, Statistiques structurelles sur les entreprises 2005 à 2015 Aux arrondis près. 2
  • 8. Bulletin du STATEC 08 53 100 47 2005 % du chiffre d’affaires CHIFFRE D'AFFAIRES COÛT NET DES PRODUITS REVENDUS EN L'ÉTAT (*) PRODUCTION 57 100 43 2015 % du chiffre d’affaires Aux arrondis près. Les soldes intermédiaires sont représentés en couleur foncée et les coûts en couleur claire. ad (*) En absence d’indicateurs plus détaillés, le « coût net des produits revendus en l’état » est calculé par la différence entre le chiffre d’affaires et la production. Ce mode de calcul revient à appliquer la formule suivante: Coût net des produits revendus en l’état = achats de biens et services revendus – variation de stocks des biens et services revendus - production immobilisée - variation de stocks des produits finis et des en-cours Les indicateurs qui composent cette formule ne sont pas direc- tement disponibles dans les statistiques structurelles sur les entreprises. – 1.3 LA PRODUCTION REPRÉSENTE MOINS DE LA MOITIÉ DU CHIFFRE D’AFFAIRES L’analyse de la structure des marges2 , encore désignée « ana- lyse des soldes intermédiaires de gestion », permet de placer le taux d’EBE dans un contexte plus large et d’en faciliter l’inter- prétation. L’idée est de mesurer la marge à différents points de la chaîne de création de valeur et d’en expliquer l’évolution tout au long du processus. Le taux de marge est calculé en divisant la marge par le chiffre d’affaires en vue de permettre une inter- prétation par rapport au prix par unité vendue. Une façon de visualiser l’analyse précitée est l’entonnoir des marges. Celui-ci représente en cascade chaque indicateur de marge et de coût rapporté au chiffre d’affaires. En tant qu’indicateur-phare des produits d’exploitation, le chiffre d’affaires constitue le point de départ de l’analyse avec un niveau de 100%. Le chiffre d’affaires « comprend les mon- tants facturés par l’entreprise au cours de la période de réfé- rence, à savoir les ventes sur le marché de biens ou de services fournis à des tiers. »3 La définition nationale inclut les rede- vances reçues. La production représente 43% du chiffre d’affaires en 2015. La production « mesure le montant de ce qui a été effectivement produit par l’entreprise considérée. »4 Elle intègre la variation de stocks des produits finis et en-cours, la production immo- bilisée ainsi que la marge sur les biens et services revendus en l’état. La marge est calculée par la différence entre le chiffre d’affaires et le coût d’achat des biens et services revendus. Source: STATEC, Statistiques structurelles sur les entreprises 2005 et 2015 2 voir aussi le chapitre 2.5 du bulletin du STATEC n° 1/2014, Les statistiques structu- relles de l’économie marchande non financière de 2005 à 2011, http://www.statis- tiques.public.lu/fr/publications/series/bulletin-statec/2014/01-14-structure-en- treprises/index.html 3 cf. annexe I, sous code 12 11 0, du règlement (CE) no 250/2009 de la Commission du 11 mars 2009 […] qui concerne la définition des caractéristiques […] pour les statistiques structurelles sur les entreprises 4 cf. annexe I, sous code 12 12 0, du règlement (CE) no 250/2009 de la Commission du 11 mars 2009 […] qui concerne la définition des caractéristiques […] pour les statistiques structurelles sur les entreprises Si la production n’est pas à considérer comme une marge, elle constitue tout de même un jalon d’analyse intéressant dans la mesure où elle permet de distinguer d’une part le coût net des produits revendus en l’état et d’autre part la consommation intermédiaire. 3
  • 9. 09 UN FAIBLE TAUX D’EBE AU LUXEMBOURG, ET DONC ? 12 20 8 2005 % du chiffre d’affaires VALEUR AJOUTÉE AU COÛT DES FACTEURS DÉPENSES DE PERSONNEL EXCÉDENT BRUT D’EXPLOITATION 8 15 6 2015 % du chiffre d’affaires 27 47 20 2005 % du chiffre d’affaires PRODUCTION CONSOMMATION INTERMÉDIAIRE (*) VALEUR AJOUTÉE AU COÛT DES FACTEURS 28 43 15 2015 % du chiffre d’affaires Aux arrondis près. Les soldes intermédiaires sont représentés en couleur foncée et les coûts en couleur claire. ad (*) La consommation intermédiaire n’est pas une caractéris- tique directement disponible dans les statistiques structurelles. Elle a été approximée par la différence entre production et valeur ajoutée au coût des facteurs. Par conséquent, elle comprend les impôts indirects payés nets des subventions d’exploitation reçues. Ce montant est négligeable à l’échelle de l’économie marchande non financière, mais il est significatif dans certaines activités économiques. Aux arrondis près. Les soldes intermédiaires sont représentés en couleur foncée et les coûts en couleur claire. Source: STATEC, Statistiques structurelles sur les entreprises 2005 et 2015 Source: STATEC, Statistiques structurelles sur les entreprises 2005 et 2015 – 1.4 LE TAUX DE VALEUR AJOUTÉE DÉPEND DU TAUX DE PRODUCTION ET DE LA PART DE LA CONSOMMATION INTERMÉDIAIRE DANS LE CHIFFRE D’AFFAIRES La consommation intermédiaire reflète le coût des biens et services consommés dans le processus de production interne à l’entreprise. Elle tient compte du coût d’achat des matières premières et consommables ainsi que des autres charges d’ex- ploitation permettant à l’entreprise d’exercer son activité. Elle s’élève à 28% du chiffre d’affaires en 2015. Pour rappel, le coût net des produits revendus en l’état est deux fois plus impor- tant (57%). Le taux de valeur ajoutée se calcule par la différence entre le taux de production et la part de la consommation intermédiaire dans le chiffre d’affaires. Après avoir pris en compte les coûts des biens et services consommés lors du processus de produc- tion, il reste 15% du chiffre d’affaires en 2015 à titre de valeur ajoutée. – 1.5 LE TAUX D’EBE CONSTITUE LE SOLDE DU TAUX DE VALEUR AJOUTÉE ET DE LA PART DES DÉPENSES DE PERSONNEL DANS LE CHIFFRE D’AFFAIRES. En retirant les dépenses de personnel de la valeur ajoutée, on obtient l’excédent brut d’exploitation. En 2015, les dépenses de personnel représentent un peu plus de 8% du chiffre d’af- faires, permettant donc à l’économie marchande non finan- cière de réaliser un taux d’EBE d’environ 6%. 4 5
  • 10. Bulletin du STATEC 10 53 27 12 100 47 20 8 2005 % du chiffre d’affaires CHIFFRE D’AFFAIRES COÛT NET DES PRODUITS REVENDUS EN L’ÉTAT (*) PRODUCTION CONSOMMATION INTERMÉDIAIRE (*) VALEUR AJOUTÉE AU COÛT DES FACTEURS DÉPENSES DE PERSONNEL EXCÉDENT BRUT D’EXPLOITATION 57 28 8 100 43 15 6 2015 % du chiffre d’affaires L’entonnoir des marges permet d’un coup d’œil d’obtenir une vue d’ensemble de la relation entre les différents taux de marge et leurs composantes. Cependant, le fait de les repré- senter par rapport au chiffre d’affaires masque l’évolution de leur niveau. Par exemple, la baisse de la part des dépenses de personnel dans le chiffre d’affaires est probablement la consé- quence d’une hausse plus importante du chiffre d’affaires que des dépenses de personnel. Aux arrondis près. Les soldes intermédiaires sont représentés en couleur foncée et les coûts en couleur claire. ad (*) Le « coût net des produits revendus en l’état » comprend la variation de stocks des produits finis et en cours ainsi que de la production immobilisée. La « consommation intermédiaire» comprend les impôts indirects payés net des subventions d’ex- ploitation reçues. – 1.6 L’ENTONNOIR DES MARGES RETRACE LA RELATION COMPLEXE ENTRE LE CHIFFRE D’AFFAIRES ET L’EBE Entre 2005 et 2015, la part du coût net des produits reven- dus en l’état dans le chiffre d’affaires a augmenté de 4 points. Par conséquent, le taux de production a baissé de 4 points. Cela suggère soit une hausse de l’activité de revente soit une baisse de la marge de revente. Suite à la stabilité de la part de la consommation intermédiaire dans les ventes, la baisse du taux de valeur ajoutée est essentiellement imputable à la baisse du taux de production. Néanmoins, la baisse de 4 points de la part des dépenses de personnel dans le chiffre d’affaires atténue la baisse du taux d’EBE. Source: STATEC, Statistiques structurelles sur les entreprises 2005 et 2015 Le chiffre d’affaires est composé de plus de la moitié du coût net des produits revendus en l’état. 6
  • 11. 11 UN FAIBLE TAUX D’EBE AU LUXEMBOURG, ET DONC ? 239 CHIFFRE D’AFFAIRES (+139%) 218 PRODUCTION (+118%) 91 TAUX DE PRODUCTION (-9%) 174 VALEUR AJOUTÉE (+74%) 182 EXCÉDENT BRUT D’EXPLOITATION (+82%) 76 TAUX D’EBE (-24%) 73 TAUX DE VALEUR AJOUTÉE (-27%) 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 220 240 260 indice = 100 – 1.7 SUR 10 ANS, LE TAUX D’EBE CÈDE PRÈS D’UN QUART DE SON NIVEAU ALORS QUE L’EXCÉDENT BRUT D’EXPLOITATION A PRESQUE DOUBLÉ Même si les taux de marge et de production diminuent, les indi- cateurs qui les composent augmentent entre 2005 et 2015. Le chiffre d’affaires de l’économie marchande non financière est presque multiplié par 2.5 (+139%) tandis que l’EBE représente en 2015 près du double de sa valeur en 2005 (+82%). C’est ainsi que le taux d’EBE cède près d’un quart de sa valeur en 2015 par rapport à son niveau en 2005. Le chiffre d’affaires et l’excédent brut d’exploitation ont tous les deux connu une baisse prononcée en 2009. Entre 2009 et 2011, l’évolution de la production se déconnecte de celle du chiffre d’affaires, laissant suggérer un changement structurel dans la production. La valeur ajoutée évolue moins brusque- ment que l’excédent brut d’exploitation, tant à la hausse qu’à la baisse. Source: STATEC, Statistiques structurelles sur les entreprises 2005 et 2015 L’EBE de l’économie marchande non financière a presque doublé entre 2005 et 2015. 7
  • 12. Bulletin du STATEC 12 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 UNION EUROPÉENNE IRLANDE ROYAUME-UNI MALTE CHYPRE 1ER RANG ENTRE 2008 ET 2015 LITUANIE FRANCE LUXEMBOURG DERNIER RANG ENTRE 2008 ET 2015 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 Taux d’excédent brut d’exploitation (en %) – 1.8 LE RANG DU LUXEMBOURG RESTE STABLE ENTRE 2008 ET 2015 Vu l’évolution à la hausse de ces indicateurs, il est intéressant de se pencher sur l’évolution du rang du Luxembourg dans le classement européen concernant le taux d’EBE. D’après ce dernier, le Luxembourg figure à la dernière place et ce depuis 2010. Cette stabilité dans le classement est certes étonnante, mais le Luxembourg n’est pas le seul dans ce cas. Parmi les six autres pays qui ont au moins une fois occupé un rang extrême pour cet indicateur sur la même période, quatre pays ont connu une stabilité de leur rang, à savoir l’Irlande, le Royaume-Uni, Malte et la France. Les pays ayant occupé au moins une fois un rang extrême (pre- mier ou dernier) entre 2008 et 2015 sont mis en évidence par couleur. ∫ ∫ Données non disponibles: Grèce (2009), Irlande (2008 et 2013), Union européenne (2008); ∫ ∫ Agrégat de l’Union européenne des 27 pays recalculé pour 2011 et 2012; ∫ ∫ Croatie représentée à partir de 2013, année de son adhésion à l’Union européenne. Le calcul du taux d’EBE pour ce graphique repose sur la définition communautaire du chiffre d’affaires, qui exclut les redevances reçues. Source: Eurostat, Statistiques structurelles sur les entreprises 2008 à 2015 8
  • 13. 13 UN FAIBLE TAUX D’EBE AU LUXEMBOURG, ET DONC ? – 1.9 LE TAUX D’EBE DE L’ÉCONOMIE MARCHANDE NON FINANCIÈRE COMPARE PRINCIPALEMENT L’EBE DES SERVICES NON FINANCIERS AU CHIFFRE D’AFFAIRES DU COMMERCE La conclusion d’une faible rentabilité pour les entreprises luxembourgeoises par rapport aux autres pays de l’Union euro- péenne semble surprenante étant donné que l’EBE a quasiment doublé entre 2005 et 2015. Lorsqu’on analyse la contribution de chaque branche d’activité séparément dans le numérateur (« excédent brut d’exploitation ») et dans le dénominateur (« chiffre d’affaires ») du taux d’EBE, on observe une incohérence apparente dans le calcul du taux d’EBE à l’échelle de l’économie marchande non financière. En effet, d’un côté, l’EBE est largement dominé par les services non financiers avec une part de 59% en 2015. De l’autre côté, l’analyse de la composition du chiffre d’affaires met en lumière la dominance du commerce, qui contribue pour plus de la moitié (54%). Le taux d’EBE de l’économie marchande non financière cache donc des phénomènes structurels. Serait-il donc concevable d’attribuer le niveau et l’évolution du taux d’EBE à la spécialisation du Luxembourg en termes d’ac- tivités économiques plutôt qu’à une faible rentabilité? Afin d’y voir plus clair, il faut descendre dans le détail de la branche d’activité économique. Source: STATEC, Statistiques structurelles sur les entreprises 2015 9 Excédent brut d’exploitation % de l'économie marchande non financière Chiffre d’affaires % de l'économie marchande non financière Le faible taux d’EBE de l’économie marchande non financière est le reflet d’un tissu économique particulier. CONSTRUCTION CONSTRUCTION INDUSTRIE INDUSTRIE COMMERCE SERVICES NON FINANCIERS SERVICES NON FINANCIERS COMMERCE 59 54 24 29 12 13 6 4
  • 14.
  • 16. Bulletin du STATEC 16 LU UE LU UE LU UE LU UE 6.1 10.4 8.3 11.8 2.9 5.1 13.1 19.6 0 5 10 15 20 25 30 35 Taux d’excédent brut d’exploitation (en %) SERVICES NON FINANCIERS CONSTRUCTION INDUSTRIE COMMERCE – 2.1 QUELLE QUE SOIT LA BRANCHE D’ACTIVITÉ EN 2015, LE LUXEMBOURG RESTE EN-DESSOUS DU TAUX D’EBE DE L’UNION EUROPÉENNE Le niveau du taux d’EBE varie en fonction de la branche d’acti- vité. Les services non financiers connaissent les taux d’EBE les plus élevés dans l’Union européenne, à savoir des niveaux entre 12% et 21% pour la vaste majorité des pays, abstraction faite de l’exception irlandaise qu’on peut observer dans l’industrie en 2015. C’est dans le commerce que les taux d’EBE sont les plus faibles comparativement aux autres branches, avec des taux d’EBE généralement inférieurs à 6%. Si l’on compare le Luxembourg à ses voisins européens, il se classe en dernière position dans l’industrie et le commerce, et parmi les derniers dans les services non financiers. Il gagne quelques places dans la construction, mais son taux d’EBE (8.3%) reste toutefois bien en deçà du taux de l’Union euro- péenne (11.8%). Dans ce contexte, il convient de noter que le taux d’EBE de l’UE n’est pas une simple moyenne arithmétique des pays de l’UE. Il s’obtient par le rapport entre la somme des EBE de ces pays et la somme de leurs chiffres d’affaires. Par conséquent, le taux de l’UE tend plus vers les taux d’EBE obser- vés dans les grands pays. Le calcul du taux d’EBE pour ce graphique repose sur la définition communautaire du chiffre d’affaires, qui exclut les redevances reçues. Source: Eurostat, Statistiques structurelles sur les entreprises 2015 10
  • 17. 17 UN FAIBLE TAUX D’EBE AU LUXEMBOURG, ET DONC ? 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 Rang du Luxembourg dans l'UE pour le taux d'EBE 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 19 27 11 25 25 6 26 22 25 14 27 27 28 19 24 17 28 26 19 27 11 25 25 6 26 22 25 14 27 27 28 19 24 17 28 26 COMMERCE SERVICES NON FINANCIERS CONSTRUCTION INDUSTRIE – 2.2 LE LUXEMBOURG N’A PAS TOUJOURS OCCUPÉ LE DERNIER RANG DANS CHAQUE BRANCHE D’ACTIVITÉ Dans le commerce et, dans une moindre mesure, dans la construction, le rang du Luxembourg reste relativement stable sur toute la période de 2008 à 2015. Le classement est par contre sujet à des variations considérables dans l’industrie et les services non financiers. Dans la première, le Luxembourg a chuté du 19e au 25e rang en 2009 et occupe depuis lors les der- nières positions. Dans les seconds, le Luxembourg, qui se clas- sait 6e en 2009, a alors reculé sensiblement pour se retrouver en 26e position en 2015. Les libellés des rangs non occupés par le Luxembourg sur toute la période sont grisés. Dans la construction, les données de la plupart des autres pays sont disponibles seulement à partir de 2010. Avant l’adhésion de la Croatie à l’Union européenne en 2013, celle-ci comptait 27 pays. Source: Eurostat, Statistiques structurelles sur les entreprises 2008 à 2015 11
  • 18. Bulletin du STATEC 18 10.2 8.4 2.7 19.4 5.8 INDUSTRIE 8.3 CONSTRUCTION 2.8 COMMERCE 12.6 SERVICES NON FINANCIERS 2005 2015 Taux d’excédent brut d’exploitation (en %) – 2.3 ENTRE 2005 ET 2015, LE TAUX D’EBE A DURABLEMENT BAISSÉ DANS L’INDUSTRIE ET LES SERVICES NON FINANCIERS Les instabilités du rang de l’industrie et des services non finan- ciers méritent d’être mises en relation avec l’évolution du taux d’EBE par branche au Luxembourg. Entre 2005 et 2015, une baisse structurelle du taux d’EBE est visible dans les services non financiers (-6.8 points) et dans l’industrie (-4.4 points). Dans la construction, le taux d’EBE retrouve en 2015 son niveau de 2005. Le taux d’EBE du commerce reste, quant à lui, stable sur toute la période. Source: STATEC, Statistiques structurelles sur les entreprises 2005 et 2015 Les statistiques miroitent le phénomène de la globalisation, qui se manifeste depuis la dernière décennie par une forte présence du négoce international, des services manufacturiers ainsi que des services aux entreprises (B2B). 12
  • 19. 19 UN FAIBLE TAUX D’EBE AU LUXEMBOURG, ET DONC ? 299 CHIFFRE D’AFFAIRES (+199%) 278 PRODUCTION (+178%) 195 EXCÉDENT BRUT D’EXPLOITATION (+95%) 65 TAUX D’EBE (-35%) SERVICES NON FINANCIERS 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 200 220 240 260 280 300 indice = 100 – 2.4 L’ESSOR D’ACTIVITÉS À FAIBLE TAUX DE MARGE A RÉDUIT LE TAUX D’EBE DANS LES SERVICES NON FINANCIERS DEPUIS 2010 La situation extraordinaire dans les services non financiers en 2015 cache le fait que déjà en 2010 l’évolution de l’EBE se déconnecte par rapport au chiffre d’affaires et à la produc- tion. L’évolution depuis 2010 s’explique notamment par deux phénomènes: ∫ ∫ entre 2010 et 2015, l’essor d’activités de services à faible taux de marge dans les services d’information et de com- munication, les services spécialisés, scientifiques et tech- niques ainsi que les services administratifs et de soutien; ∫ ∫ en 2012 et en 2013, une rupture de série suite à des reclas- sements d’entreprises par rapport à la nomenclature des activités (NACE) et à celle des secteurs institutionnels. Les activités principalement concernées sont les services de transports et les services d’information et de communica- tion. Dans les services des TIC, un certain nombre de presta- taires de services informatiques en ligne5 ont été reclassés du commerce vers les services informatiques. Ces presta- taires réalisent des chiffres d’affaires importants avec des taux de marge relativement plus faibles. Il en résulte une baisse graduelle du taux d’EBE entre 2009 et 2014 et avec cela une baisse du rang du Luxembourg dans l’Union européenne. Malgré cette baisse au fil des années, l’EBE a quasiment doublé en valeur entre 2005 et 2015 (+95%). Source: STATEC, Statistiques structurelles sur les entreprises 2005 à 2015 5 par exemple : diffusion en continu vidéo et audio, la vente de souscriptions de logiciels par internet 13
  • 20. Bulletin du STATEC 20 172 CHIFFRE D’AFFAIRES (+72%) 130 PRODUCTION (+30%) 111 VALEUR AJOUTÉE (+11%) 98 EXCÉDENT BRUT D’EXPLOITATION (-2%) 57 TAUX D’EBE (-43%) INDUSTRIE 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 0 20 40 60 80 100 120 140 160 180 indice = 100 – 2.5 DES CHANGEMENTS DANS LA STRUCTURE DE PRODUCTION ONT DURABLEMENT RÉDUIT LE TAUX D’EBE DE L’INDUSTRIE DEPUIS 2010 Dans l’industrie, la crise économique a fait chuter le chiffre d’affaires en 2009. L’activité reprend en 2010 ; toutefois jusque 2013, l’évolution de la production a été moins dynamique que celle du chiffre d’affaires. Parallèlement, l’évolution des marges est plus en phase avec celle de la production qu’avec celle du chiffre d’affaires. Compte tenu de l’entonnoir des marges décrit précédemment, la hausse du niveau du chiffre d’affaires s’explique notamment par l’essor du négoce international6 , en tant qu’activité secon- daire, ainsi que de la sous-traitance7 et du travail à façon au cours de la dernière décennie. Ces deux phénomènes ont fait exploser le chiffre d’affaires tout en ayant baissé le taux de production. Combinée à l’observation du changement durable du taux d’EBE, la divergence entre production et chiffre d’affaires depuis 2010 suggère un changement structurel de la produc- tion dans l’industrie. L’exemple de l’industrie montre qu’un changement de la struc- ture de la production et des coûts a un impact important sur l’évolution du taux d’EBE. Ainsi, on peut s’intéresser de manière générale aux spécificités des branches d’activités en ce qui concerne leur structure de marges. Ces spécificités ressortent mieux lorsqu’on calcule les taux de marge à un niveau plus détaillé des activités économiques. Source: STATEC, Statistiques structurelles sur les entreprises 2005 à 2015 6 Par négoce international (en anglais : « merchanting trade »), on entend l’achat de biens par une entreprise à un fournisseur non résident et leur revente ultérieure en l’état à un client non résident sans que lesdits biens ne franchissent la frontière luxembourgeoise. 7 Dans le cadre de sous-traitance ou de travail à façon (en anglais: « toll manufac- turing »), une entreprise est chargée de l’organisation de la production et de la distribution d’un bien produit entièrement ou en partie par une autre entreprise industrielle, soit au Luxembourg soit à l’étranger. Tout au long du processus de pro- duction, l’entreprise organisatrice reste le propriétaire du bien produit. 14
  • 22. Bulletin du STATEC 22 – 3.1 DEUX CAS DE TAUX D’EBE EXTRÊMES: LES ACTIVITÉS IMMOBILIÈRES ET LE COMMERCE DE GROS En 2015, le taux d’EBE est le plus élevé dans les activités immobilières (51.1%) et le plus faible dans le commerce de gros (2.5%). Ces deux cas extrêmes méritent des explications plus détaillées. Des taux d’EBE élevés sont le plus souvent observés pour les activités à forte intensité de capital, dont par exemple les acti- vités immobilières, en raison de la plus grande importance des frais financiers et d’amortissement, qui ne sont pas encore déduits à ce stade. En effet, tant la valeur ajoutée que l’excé- dent brut d’exploitation sont exprimés « bruts » des correc- tions de valeur, telles que l’amortissement d’actifs immobilisés corporels. Les activités de négoce connaissent les taux d’EBE les plus faibles. Le commerce se situe au bout de la chaîne de produc- tion, le chiffre d’affaires étant composé pour la majeure partie de coûts de biens destinés à la revente. Ceux-ci sont issus des activités productrices de biens et gonflent artificiellement le niveau du chiffre d’affaires dans le commerce. Cela engendre des marges relativement plus faibles par rapport au chiffre d’affaires. Si la branche du commerce connaît systématiquement des taux d’EBE faibles, il est étonnant d’observer que les activités manufacturières de moyenne-basse technologie et de haute technologie8 figurent juste devant le commerce de gros avec un taux d’EBE de 2.6%. La autres activités manufacturières affichent quant à elles des taux d’EBE entre 7.5% et 17.4%. 8 La « manufacture de moyenne-basse technologie » regroupe la reproduction d’en- registrements, la cokéfaction et raffinage, la métallurgie, la fabrication de produits en caoutchouc et en plastique, d’autres produits minéraux non métalliques et de produits métalliques (à l’exception d’armes et de munitions). La « manufacture de haute technologie » regroupe l’industrie pharmaceutique, la fabrication de produits informatiques, électroniques et optiques, et la construction aéronautique et spatiale. Même à l’intérieur des branches, l’étendue du taux d’EBE est très grande. Celle-ci s’explique notamment par une structure des coûts qui varie en fonction de l’activité exercée ainsi que par un EBE qui ne tient pas compte de tous les coûts.
  • 23. 23 UN FAIBLE TAUX D’EBE AU LUXEMBOURG, ET DONC ? 51.1 26.0 17.4 17.2 16.2 11.1 9.6 9.6 9.5 9.3 9.2 7.6 7.5 6.7 4.9 4.8 2.8 2.6 2.5 ACTIVITÉS IMMOBILIÈRES SERVICES ADMINISTRATIFS ET DE SOUTIEN INDUSTRIES EXTRACTIVES EAU, DÉCHETS INFORMATION ET COMMUNICATION MANUFACTURE MOY.- HAUTE TECHNOLOGIE MANUFACTURE BASSE TECHNOLOGIE BÂTIMENTS TRANSPORTS ET ENTREPOSAGE HÉBERGEMENT ET RESTAURATION GÉNIE CIVIL SERV.SPÉCIALISÉS, SCIENTIF., TECHNIQUES ELECTRICITÉ, GAZ, VAPEUR, AIR TRAVAUX SPÉCIALISÉS COMMERCE DE DÉTAIL RÉPAR. ORDINATEURS ET BIENS DOMESTIQUES VÉHICULES MOTORISÉS, Y C. RÉPARATION MANUFACTURE MOY.- BASSE ET HAUTE TECH… COMMERCE DE GROS Taux d’excédent brut d’exploitation (en %) COMMERCE CONSTRUCTION INDUSTRIE SERVICES NON FINANCIERS CONSTRUCTION COMMERCE SERVICES NON FINANCIERS INDUSTRIE Le graphique du bas reproduit les taux d’EBE du graphique au-dessus afin de présenter la distribution des taux d’EBE à l’in- térieur de chaque branche d’activité. Dans ce même graphique, le cercle noir représente le taux d’EBE de la branche, tel que calculé dans les sections précédentes. En descendant davantage dans le détail des branches, on s’aperçoit également que l’étendue du taux d’EBE est plus forte dans les services non financiers, alors qu’elle est la plus faible dans le commerce. Les taux d’EBE de l’industrie et des services non financiers sont tirés vers le bas par des activités à plus faible taux de marge à cause de leur prédominance dans leur branche respective. Les fourchettes des taux d’EBE par branche d’activité se recoupent. Dès lors, on peut s’intéresser à la ressemblance d’activités appartenant à différentes branches en termes de leur structure de marges. Source: STATEC, Statistiques structurelles sur les entreprises 2015 15
  • 24. Bulletin du STATEC 24 D F41 M MLT_HIT INDUSTRIE CONSTRUCTION COMMERCE SERVICES NON FINANCIERS 10 20 30 40 50 TAUX D’EBE (EN %) 0 20 40 60 80 100 10 30 50 70 90 Taux de production (en %) 0 10 20 30 40 50 60 Taux de valeur ajoutée (en %) – 3.2 LA STRUCTURE DES MARGES DE CERTAINES ACTIVITÉS RESSEMBLE À CELLE DU COMMERCE En analysant de plus près la relation entre la production, la valeur ajoutée et l’EBE, tous exprimés en pourcentage du chiffre d’affaires, on observe qu’une activité industrielle semble être associée aux activités du commerce: il s’agit de l’activité de production et de distribution d’électricité, de gaz, de vapeur et d’air conditionné (D), qui, d’après son positionnement dans le graphique, est plus orientée vers la distribution que vers la production de produits énergétiques. Depuis 2009, la manufacture de moyenne-basse et haute technologie (MLT_HIT) affiche un taux de valeur ajoutée relati- vement plus faible (près de 15% en 2015) combiné à un taux de production supérieur à 70%. Depuis 2015, les services spécia- lisés, scientifiques et techniques (M) se trouvent à proximité. Leur profil de marges est similaire. Les deux activités se dif- férencient néanmoins par leur niveau du taux d’EBE, soit 2.6% pour l’activité industrielle et 7.6% pour l’activité de services. La construction de bâtiments (F41) se trouve isolée au milieu du graphique. Elle comprend la promotion immobilière ainsi que la construction proprement dite. L’activité se démarque des autres par la combinaison d’un taux de production relativement plus faible (57%) et d’un écart relativement plus important entre le taux de valeur ajoutée (27%) et le taux d’EBE (10%). Le faible taux de production est imputable à la promotion immobi- lière, qui en tant que gestionnaire de projets immobiliers sous- traite l’activité de construction et en réalise la vente finale. L’écart entre le taux de valeur ajoutée et le taux d’EBE (17 points) reflète l’importance des dépenses de personnel dans le chiffre d’affaires de la construction proprement dite. La branche d’activité est mise en évidence pour une sélection d’activités uniquement. Avec un taux de production de 43%, un taux de valeur ajoutée de 15% et un taux d’EBE de 6.3%, l’économie marchande non financière luxembourgeoise dans son ensemble (donnée non illustrée dans le graphique) ressemble au profil de marges du commerce. Source: STATEC, Statistiques structurelles sur les entreprises 2015 16
  • 25. 25 UN FAIBLE TAUX D’EBE AU LUXEMBOURG, ET DONC ? F42 F43 I L N INDUSTRIE CONSTRUCTION COMMERCE SERVICES NON FINANCIERS 10 20 30 40 50 TAUX D’EBE (EN %) 0 20 40 60 80 100 10 30 50 70 90 Taux de production (en %) 0 10 20 30 40 50 60 Taux de valeur ajoutée (en %) – 3.3 LA STRUCTURE DES COÛTS CONDITIONNE LE NIVEAU DU TAUX D’EBE D’une manière générale, on aurait pu s’attendre à ce que les activités à taux élevés de production et de valeur ajoutée connaissent les taux d’EBE les plus élevés. Or, il s’avère que la relation entre les différents indicateurs n’est pas aussi simple. Précédemment, les activités à forte intensité de capital, telles que les activités immobilières (L), ont été identifiées comme activité à taux d’EBE élevé (51%). Les services administratifs et de soutien (N) présentent des similitudes avec les activités immobilières. En 2015, ils présentent un taux de production de 83%, un taux de valeur ajoutée de 50% et un taux d’EBE de 26%. Dans ces services, les activités de location et de location-bail de biens mobiliers et de produits de propriété intellectuelle dominent l’EBE. Au niveau de l’EBE, la correction de valeur des actifs donnés en location n’est pas encore prise en compte. A côté des activités à plus forte intensité de capital, on trouve un petit ensemble d’activités fort similaires en termes de struc- ture des marges alors qu’elles appartiennent à des branches différentes: l’hébergement et la restauration (I) avec un taux de valeur ajoutée de 48%, les travaux de construction spécia- lisés (F43) (43%) et le génie civil (F42) (39%). Le taux d’EBE dans ces activités est compris entre 7% et 9%. Les achats de biens et de services, qui peuvent être approximés par la dif- férence entre le chiffre d’affaires (100%) et le taux de valeur ajoutée, constituent l’élément de coût prédominant, avec une part entre 52% et 61% dans le chiffre d’affaires. La part des dépenses de personnel dans le chiffre d’affaires, qui est équi- valente à la différence entre le taux de valeur ajoutée et le taux d’EBE, se situe entre 30% et 39%. L’importance des dépenses de personnel fait souvent l’objet de discussions dans le cadre d’analyses de la rentabilité des entreprises. L’entonnoir des marges présenté dans le pre- mier chapitre montre que la différence entre la valeur ajou- tée et l’excédent brut d’exploitation est égale aux dépenses de personnel. La part salariale, qui se définit comme la part des dépenses de personnel dans la valeur ajoutée, est un indicateur populaire dans le débat de la rentabilité. Source: STATEC, Statistiques structurelles sur les entreprises 2015 17
  • 26. Bulletin du STATEC 26 G45 G46 G47 I LOT INDUSTRIE CONSTRUCTION COMMERCE SERVICES NON FINANCIERS 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 Part des salaires dans la valeur ajoutée (en %) 0 10 20 30 40 50 5 15 25 35 45 55 Taux d’excédent brut d’exploitation (en %) – 3.4 LA PART SALARIALE REFLÈTE D’ABORD L’INTENSITÉ DU TRAVAIL DANS L’ACTIVITÉ, LE TAUX D’EBE ÉTANT SIMILAIRE POUR DIFFÉRENTS NIVEAUX DE PARTS SALARIALES Les trois activités de commerce présentent toutes une part différente des dépenses de personnel par rapport à la valeur ajoutée, soit 40% en 2015 dans le commerce de gros (G46), 61% dans le commerce de détail (G47) et 76% dans le com- merce et réparation d’automobiles et de motocycles (G45). Pourtant, leur taux d’EBE est compris dans une fourchette entre 2.5% et 4.9%. Le taux d’EBE est le plus faible pour la branche du commerce de gros, où la part salariale est la moins importante (40%). L’hébergement et la restauration (I) affichent une part sala- riale d’un peu plus de 80% en 2015. Leur taux d’EBE (9.3%) est quasiment identique à celui de l’industrie manufacturière de basse technologie (LOT) (9.6%), où les dépenses de personnel représentent près de 60% de la valeur ajoutée. L’observation d’une relation plus faible entre part salariale et taux d’EBE semble paradoxale dans la mesure où les dépenses de personnel sont égales à la différence entre valeur ajoutée et excédent brut d’exploitation. Toutefois, l’explication réside dans le fait que les taux de marge sont obtenus en divisant la marge par le chiffre d’affaires. Ainsi, il convient de tenir compte de l’importance des dépenses de personnel dans le chiffre d’af- faires et non pas uniquement dans la valeur ajoutée. Dans le premier chapitre, l’évolution de l’entonnoir des marges de l’économie marchande non financière a montré que la baisse de la part des dépenses de personnel dans le chiffre d’affaires entre 2005 et 2015 semble avoir atténué la baisse du taux d’EBE. La relation entre la part salariale et le taux d’EBE est donc plus complexe qu’une simple relation inverse. Dans les chapitres précédents, il a été observé à plusieurs reprises que le taux d’EBE baisse sur la dernière décennie alors que l’EBE augmente. De la même manière, on peut s’intéresser à la relation entre EBE, chiffre d’affaires et taux d’EBE par acti- vité plus détaillée. 18 Source: STATEC, Statistiques structurelles sur les entreprises 2015
  • 27. 27 UN FAIBLE TAUX D’EBE AU LUXEMBOURG, ET DONC ? 0.01 0.02 0.1 0.2 1 2 10 20 100 Chiffre d’affaires (milliards EUR), échelle log10 0.001 0.002 0.01 0.02 0.1 0.2 1 2 10 EBE (milliards EUR), échelle log10 B G46 L M MLT_HIT S95 INDUSTRIE CONSTRUCTION COMMERCE SERVICES NON FINANCIERS 10 20 30 40 50 TAUX D'EBE (EN %) – 3.5 LE COMMERCE DE GROS AFFICHE LE PLUS FAIBLE TAUX D’EBE AVEC L’UN DES PLUS IMPORTANTS NIVEAUX D’EBE EN 2015 En 2015, le commerce de gros (G46) connaît en effet le taux d’EBE le plus faible par rapport aux autres activités. Il n’em- pêche cependant que cette activité a réalisé l’un des excé- dents bruts d’exploitation les plus importants de l’économie luxembourgeoise, avec 1.7 milliards EUR. Le négoce interna- tional explique l’ordre de grandeur hors du commun du chiffre d’affaires dans le commerce de gros (68 milliards). Ces chiffres sont notamment portés par des grandes entreprises multi- nationales. Ce sont les services spécialisés, scientifiques et techniques (M) qui ont réalisé l’EBE le plus important, avec 1.8 milliards EUR. Le chiffre d’affaires n’y représente qu’un tiers de celui du commerce de gros. Par conséquent, le taux d’EBE y est trois fois plus élevé que dans le commerce de gros. L’in- dustrie manufacturière de moyenne-basse et haute techno- logie (MLT_HIT) a été précédemment mise en évidence avec un taux d’EBE de seulement 2.6% en 2015. Derrière ce taux, il y a un chiffre d’affaires de près de 10 milliards EUR et un EBE de 251 millions EUR. Ensemble, ces trois activités représentent plus d’un tiers de l’EBE et deux tiers du chiffre d’affaires de l’économie mar- chande non financière. Le poids important de ces activités à faible taux d’EBE explique pourquoi le taux d’EBE de l’économie marchande non financière est tiré vers le bas. Les activités immobilières (L), dont le taux d’EBE est le plus élevé, ont réalisé un EBE de 0.7 milliards avec un chiffre d’af- faires de 1.3 milliards. Les industries extractives (B) et les services de réparation d’ordinateurs et de biens domestiques (S95) ont une empreinte plus faible, avec un EBE inférieur à 20 millions EUR et un chiffre d’affaires inférieur à 100 millions EUR. A un niveau plus détaillé de la branche d’activité, on observe une forte hétérogénéité des taux d’EBE dans l’industrie et les services non financiers. Elle résulte notamment de la plus grande diversité d’activités économiques qui composent ces branches. Cette situation corrobore le fait que le taux d’EBE par branche d’activité n’est pas toujours représentatif du taux de ses composantes. Dès lors, il est utile d’analyser la structure des marges à l’échelle des entreprises en vue d’observer dans quelle mesure le taux d’EBE des branches soit représentatif du taux d’EBE des entreprises. Source: STATEC, Statistiques structurelles sur les entreprises 2015 19
  • 28.
  • 30. Bulletin du STATEC 30 -40 -35 -30 -25 -20 -15 -10 -5 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80 85 90 95 100 105 110 115 120 125 130 135 140 145 150 155 160 Taux de production (en %) INDUSTRIE SERVICES NON FINANCIERS CONSTRUCTION COMMERCE Le graphique ci-dessus représente les indicateurs d’une boîte de Tukey: quartile 1 quartile 3 médiane (point noir) Le point en couleur orange représente le taux de la branche, cal- culé à l’aide des indicateurs agrégés de la branche et non pas par entreprise. Les entreprises dont le taux se situe en-dehors des moustaches ne sont pas représentées. – 4.1 UN FAIBLE NOMBRE DE GRANDES ENTREPRISES TIRE VERS LE BAS LE TAUX DE PRODUCTION DE LA BRANCHE La moitié des entreprises de l’industrie, de la construction et des services non financiers ont un taux de production de près de 100%. Cette valeur est supérieure au taux de produc- tion calculé au niveau de la branche. Dans l’industrie, le taux de la branche constitue même une valeur extraordinaire, car la vaste majorité des entreprises ont un taux de production qui dépasse le seuil de 85% en 2015. Ce phénomène s’explique par un faible nombre de grandes entreprises, souvent multinatio- nales, dont les chiffres tirent fortement vers le bas l’indicateur de la branche. Dans le commerce, un quart des entreprises affichent un taux de production inférieur à 25%. Ce faible taux s’explique par le fait que la production y est notamment constituée de la marge commerciale. C’est d’ailleurs la seule branche où un nombre significatif d’entreprises affiche des taux de produc- tion négatifs. A l’exception du commerce, un quart des entreprises ont une production supérieure au chiffre d’affaires (cf. quartile 3 supé- rieur à 100%), ce qui est dû à la variation de stocks de produits finis et en cours et à la production immobilisé. Dans le com- merce, ce phénomène est marginal. Source: STATEC, micro-données des statistiques structurelles sur les entreprises 2015 L’image dessinée au niveau de la branche atteste de la présence d’un faible nombre de grandes entreprises qui masquent la réalité de nombreuses autres entreprises. 20 BRANCHE D’ACTIVITÉ Taux de la branche Quartile 1 Médiane Quartile 3 Ecart interquartile Rapport entre écart interquartile et médiane (%) INDUSTRIE 63 87 98 100 13 13 SERVICES NON FINANCIERS 78 86 98 100 14 15 CONSTRUCTION 75 72 95 100 28 29 COMMERCE 16 26 41 61 34 83
  • 31. 31 UN FAIBLE TAUX D’EBE AU LUXEMBOURG, ET DONC ? -40 -35 -30 -25 -20 -15 -10 -5 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80 85 90 95 100 105 110 115 120 Taux de valeur ajoutée (en %) SERVICES NON FINANCIERS INDUSTRIE CONSTRUCTION COMMERCE – 4.2 LE TAUX DE VALEUR AJOUTÉE DE LA BRANCHE EST GÉNÉRALEMENT BEAUCOUP PLUS FAIBLE QUE LE TAUX DE VALEUR AJOUTÉE MÉDIAN Les entreprises des services non financiers présentent les taux de valeur ajoutée les plus élevés, à savoir au moins 52% pour la moitié d’entre-elles en 2015. Elles sont suivies des entreprises de l’industrie (46%) et de la construction (41%). Dans le com- merce, le taux médian est de 20%. Le taux de valeur ajoutée de la branche est généralement beau- coup plus faible que le taux de valeur ajoutée médian. Dans la construction, la différence est moins prononcée. Cela atteste d’une plus forte concentration de grandes entreprises dans les trois autres branches. Une valeur ajoutée négative n’est certainement pas une bonne circonstance pour assurer la continuité de l’activité d’une entreprise. Pourtant, elle constitue la réalité pour un nombre significatif d’entreprises dans toutes les branches. Les taux de valeur ajoutée supérieurs à 100% sont moins fréquents. Cet extrême est dû à la définition de la valeur ajoutée au coût des facteurs, qui tient compte de produits non inclus dans le chiffre d’affaires, tels que par exemple la production immobilisée et les subventions d’exploitation. Le graphique ci-dessus représente les indicateurs d’une boîte de Tukey: quartile 1 quartile 3 médiane (point noir) Le point en couleur orange représente le taux de la branche, cal- culé à l’aide des indicateurs agrégés de la branche et non pas par entreprise. Les entreprises dont le taux se situe en-dehors des moustaches ne sont pas représentées. Source: STATEC, micro-données des statistiques structurelles sur les entreprises 2015 21 BRANCHE D’ACTIVITÉ Taux de la branche Quartile 1 Médiane Quartile 3 Ecart interquartile Rapport entre écart interquartile et médiane (%) SERVICES NON FINANCIERS 27 37 52 68 31 61 INDUSTRIE 17 29 46 57 28 62 CONSTRUCTION 36 19 41 54 36 86 COMMERCE 6 10 20 31 21 106
  • 32. Bulletin du STATEC 32 -80-75 -70 -65-60-55 -50-45-40-35 -30-25-20-15 -10 -5 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80 85 90 95 100105110115120125130135140 Taux d’excédent brut d’exploitation (en %) SERVICES NON FINANCIERS INDUSTRIE CONSTRUCTION COMMERCE – 4.3 L’EBE NÉGATIF CONCERNE PRÈS D’UN QUART DES ENTREPRISES EN 2015 Le taux d’EBE de la branche et le taux d'EBE médian sont assez proches, quelle que soit la branche. L’écart le plus grand est observé dans les services non financiers, avec un taux d’EBE médian de 23% contre un taux d’EBE de la branche de 13% en 2015. Malgré ce constat, le taux d’EBE de la branche ne sau- rait refléter la grande dispersion des taux d’EBE par entreprise. Plus d’un quart des entreprises du commerce et de la construc- tion sont concernées par des taux d’EBE négatifs. Dans l’in- dustrie et les services non financiers, le phénomène est légère- ment moins fréquent. Pourtant, les taux d’EBE par entreprises les plus fortement négatifs sont observés dans les services non financiers. S’y ajoute le phénomène rare que le taux d’EBE y dépasse le seuil de 100%. Source: STATEC, micro-données des statistiques structurelles sur les entreprises 2015 22 Le graphique ci-dessus représente les indicateurs d’une boîte de Tukey: quartile 1 quartile 3 médiane (point noir) Le point en couleur orange représente le taux de la branche, cal- culé à l’aide des indicateurs agrégés de la branche et non pas par entreprise. Les entreprises dont le taux se situe en-dehors des moustaches ne sont pas représentées. BRANCHE D’ACTIVITÉ Taux de la branche Quartile 1 Médiane Quartile 3 Ecart interquartile Rapport entre écart interquartile et médiane (%) SERVICES NON FINANCIERS 13 3 23 53 50 216 INDUSTRIE 6 3 10 27 24 234 CONSTRUCTION 8 -3 7 17 20 300 COMMERCE 3 -2 6 14 16 284 Un taux d’EBE négatif ne devrait-il pas quand-même nous interpeller ?
  • 34. Bulletin du STATEC 34 Le taux d’EBE calculé à l’échelle de l’économie marchande non financière ou au sein de la branche d’activité n’est pas une mesure adéquate de la rentabilité des entreprises non financières. De prime abord, le Luxembourg figure durablement parmi les derniers rangs dans l’Union européenne malgré son économie performante. Ce paradoxe s’explique essentiellement par sa structure économique particulière. L’essor du négoce interna- tional en général ainsi que de la sous-traitance dans l’industrie sont à la source de l’explosion du chiffre d’affaires, accompa- gné de taux de marge plus faibles. Si un jour le taux d’EBE de l’économie marchande non financière luxembourgeoise évo- luait « favorablement », c’est-à-dire dans le sens d’une per- formance supérieure à la moyenne de l’Union européenne, ce serait probablement la manifestation d’un changement structurel de grande envergure, dont les conséquences pour- raient tant améliorer que dégrader la situation économique du Luxembourg. De plus, un faible taux d’EBE ne va pas forcément de pair avec un faible excédent brut d’exploitation. Sur 10 ans, l’EBE de l’éco- nomie marchande non financière au Luxembourg a presque doublé, alors même que son taux d’EBE a chuté de 24%. Le commerce de gros ainsi que les services spécialisés, scienti- fiques et techniques génèrent le plus d’EBE en dehors du sec- teur financier au Luxembourg, leur taux d’EBE se situant parmi les plus faibles. Le taux d’EBE calculé à l’échelle de la branche masque la réalité de nombreuses entreprises. En effet, l’image dessinée au niveau de la branche reflète assez souvent le com- portement d’une minorité de grandes entreprises. Plus important encore, l’analyse du taux d’EBE par activité plus détaillée a permis de mettre en évidence le fait que le taux d’EBE dépend avant tout de la nature de l’activité et de sa structure des coûts. Les activités à forte intensité de capi- tal présentent une structure de marges différente de celle des activités commerciales ou des activités à forte intensité de travail. L’EBE lui-même n’est qu’une marge intermédiaire, un bon nombre de charges importantes restant à déduire. Par conséquent, il n’est pas utile de comparer le taux d’EBE entre activités pour en déduire la plus rentable. Idéalement, le taux d’EBE s’analyse pour des entreprises appartenant à une même activité économique détaillée. D’autres indicateurs que le taux d’EBE devraient permettre d’approcher de manière plus holistique le sujet de la rentabilité.
  • 35. 35 UN FAIBLE TAUX D’EBE AU LUXEMBOURG, ET DONC ? – 5.1 LES STATISTIQUES STRUCTURELLES SUR LES ENTREPRISES S’ARRÊTENT À L’EBE, TOUTEFOIS, UNE NOUVELLE SOURCE PROMETTEUSE EST À L’HORIZON D’un point de vue conceptuel, une analyse fondée purement sur la réalisation de marge ignore la capacité des entreprises à être rentable suite à l’utilisation efficiente de leurs actifs. La mesure de la rentabilité ne saurait simplement s’arrêter à l’EBE. Malheureusement, les statistiques structurelles sur les entreprises n’apportent pas de réponse au-delà de l’EBE pour le moment. Le working paper « La rentabilité des entreprises non finan- cières »9 du STATEC présente des indicateurs de rentabilité plus pertinents, tels que par exemple le retour sur actifs (en anglais : « Return on assets », ROA), qui rapporte le « Résultat avant charges d’intérêts » au total des actifs. L’avantage théo- rique de cet indicateur est d’une part qu’il tient compte à la fois de la création de marge et de l’utilisation des actifs et, d’autre part, qu’il est beaucoup moins sensible à la nature de l’activité économique que le taux d’EBE. L’étude porte sur un panel d’en- viron 900 entreprises au Luxembourg. Lors de sa publication en 2011, les sources de données nécessaires pour mener une ana- lyse de plus grande envergure n’étaient pas encore disponibles. Le STATEC alimente la base de données BACH10 à l’aide des don- nées déposées par les entreprises dans la Centrale des bilans depuis 2011. Désormais, il devrait être possible de mener des analyses plus approfondies de la rentabilité. Finalement, la base de données BACH renseigne les quartiles des indicateurs calculés par entreprise. Comme l’a montré l’analyse de la structure des marges à l’échelle de l’entreprise, les taux de marge calculés à échelle de la seule branche sont influencés par les grandes entreprises de sorte à masquer la situation des petites et moyennes entreprises. Derrière les taux de marge de la branche se cache une réalité moins rose, à savoir celle des taux d’EBE négatifs, qui mérite d’être appro- fondie. Tôt ou tard, un EBE négatif pointe une perte de trésore- rie, qui en absence de flux de trésorerie compensatoires peut entraîner l’état de cessation de paiements (faillite). 9 Zangerlé G., « La rentabilité des entreprises non financières », Economie et statis- tiques No 51/2011, Luxembourg, STATEC, 2011, http://www.statistiques.public.lu/ fr/actualites/entreprises/entreprises/2011/01/20110113/index.html 10 Banks for the accounts of companies harmonized : https://www.bach.banque- france.fr/
  • 36. Institut national de la statistique et des études économiques www.statec.lu