Présentation "forums hybrides" de l'adaptation aux changements climatiques. Les savoirs vernaculaires comme ingrédient facilitateur. Colloque 601 ACFAS 2018 Chicoutimi.
Les "forums hybrides" locaux de l'ACC : vecteurs d'appropriation des connaissances ?
1. ACFAS 2018
Colloque 601: adaptation
Pascale BOSBOEUF - Jérôme ROLLIN
Lab’Urba : Université Paris-Est
LES « FORUMS HYBRIDES » LOCAUX DE L’ADAPTATION AUX EFFETS DES CHANGEMENTS
CLIMATIQUES : VECTEURS D’APPROPRIATION DES CONNAISSANCES ?
2. Introduction
• Presque 40 ans de recherche sur les changements climatiques
(CC), et pourtant…
• En matière d’adaptation, savoir ne suffit pas…
• Encore faut-il que ce savoir soit connu.
3. Introduction
• Problématique :
Quelle configuration des relations entre acteurs du processus de prise en charge des
impacts des CC permettrait un partage des connaissances propice à la construction de
territoires en adaptation ?
• Hypothèse :
En offrant des espaces de médiation et d’interpénétration entre des savoirs
complémentaires, les forums hybrides permettent aux parties prenantes de la prise en
charge des effets des CC d’identifier des convergences de vue concernant leur
devenir collectif et celui du territoire considéré, créant ainsi des conditions propices à
l’émergence de dynamiques évolutives et adaptées.
4. Introduction
PLAN
• De la justification des forums hybrides comme moyen de prise en
charge des effets des CC.
• Les forums hybrides pour lever les freins à l’adaptation… mais
qu’est-ce qui freine les forums hybrides ?
• L’intégration des savoirs vernaculaires pour « huiler le
mécanisme »
5. Qu’est-ce qu’un forum hybride ?
• Définition : espaces de mise en dialogue de savants, experts, décideurs publics (élus & agents), citoyens, etc. autour de
controverses socio-techniques.
• « le forum hybride cherche à proposer un modèle dans lequel les intérêts hétérogènes des acteurs ne sont pas des
contraintes contre lesquelles se prémunir, mais des conditions assurant le caractère pleinement démocratique d'une
décision politique cognitivement fondée. En somme, pour qu'une expertise joue un rôle dans la société, il faut qu'elle
intègre les intérêts des collectifs qui la composent ; voire qu'elle soit produite par ces collectifs et leurs intérêts. Le forum
hybride souhaite ainsi redonner une place symétrique à tous les acteurs qui participent à la production et la validation
d'une expertise, quels que soient leur statut et leurs intérêts. »
Cf Callon et al. 2001 (p. 36), mais aussi les travaux de Bruno Latour.
6. Les forums hybrides comme moyen de
prise en charge des effets des CC
COURT-CIRCUITER LES FREINS À L’ACC
• La nature des impacts des CC comme problème public et champ d’action locale
• Wicked problem : déconnection des causes et des solutions ; multifactoriels ; multi-acteurs ; pas de
solution définitive ; évolutions des effets, des connaissances, des solutions disponibles.
• Passer à un autre niveau de concertation pour rendre gérable la combinaison impacts différés +
incertitudes.
• Répondre aux exigences démocratiques renouvelées ; l’expertise en question.
• Les progrès technologiques et scientifiques en cause, mais indispensables à la résolution des
problèmes environnementaux et des changements globaux. La « technocratie » pointée du doigt.
• Ne pas laisser les élus décider seuls (rassurant pour eux, mobilisateur pour la population)
LES FORUMS PERMETTENT AUX ACTEURS DE DIALOGUER SUR UN PIED D’ÉGALITÉ ET DE FORGER UNE CULTURE CLIMAT LOCALE.
7. Puisque ce dispositif n’est pas généralisé,
quels en sont les freins ?
LA MÊME LANGUE MAIS PAS LE MÊME LANGAGE
• Méconnaissance du « contexte d’atterrissage » de leurs travaux par les scientifiques
• « Le scientifique ne comprend ce qu’ils ne comprennent pas », C. & E. Guilyardi (2015)
• Sujets de recherches : une « auto-saisine » des scientifiques en question ; Faire atterrir les travaux scientifiques : la
sociologie de la traduction à la rescousse.
• Méconnaissance des contraintes et du fonctionnement des CT (compétences, connaissances, moyens).
• L’image du « savant », un fantasme bloquant.
• Les « scientificités » des disciplines scientifiques : des principes barbares qui gagnent à être connus. (Exemple :
L’incertitude n’est pas ce que vous croyez.)
• Ce qu’on peut et ce qu’on ne peut pas demander à un chercheur.
• Un cadre législatif trop peu précis pour guider les démarches d’ACC
• Des obligations sommaires
• Un paysage touffu de documents planificateurs
DANS CE VAUDEVILLE, LES RELATIONS SOUVENT DISTENDUES ENTRE SHS ET SNP NE FACILITENT PAS (OUTIL, VOUS AVEZ DIT OUTIL ?).
8. L’INGRÉDIENT SECRET ?
• Rendre gérable un problème insoluble
• Compléter les connaissances parfois lacunaires à l’échelle très locale.
• Intégrer des paramètres hors de portée des scientifiques : le vécu et la pratique du territoire, pourtant
indispensables pour construire des stratégies en adéquation avec les spécificités locales.
• Rendre possible l’identification lisible pour les scientifiques les sujets qui posent problèmes localement
et qui appellent un éclairage par les recherches. Conduire à une co-construction des objets de
recherche pour faciliter la compréhension des problèmes locaux et la traduction en politiques
publiques.
• Répartition des responsabilités et transparence : les parties prenantes engagées pour
un futur commun.
• Définir collectivement des niveaux de risques acceptables, des enjeux à prioriser ou dispensables.
• Instaurer un droit à l’erreur et dynamique continue d’ajustement pour parer la frilosité des décideurs.
Le rôle des savoirs vernaculaires
9. • Callon, M. Lascoumes, P. Barthe, Y. (2001). Agir dans un monde incertain, essai sur la démocratie
technique. Editions du Seuil. Paris. 368 p.
• Granjou, C. (2003). L'expertise scientifique à destination politique. Cahiers internationaux de
sociologie, 114,(1), pp 175-183.
• Kalaora, B. Vlassopoulos, C. (2013). Pour une sociologie de l’environnement. Environnement,
société et politique. Seyssel, Champ Vallon, 301 p.
• Latour, B. (2004). Politiques de la nature: Comment faire entrer les sciences en démocratie.
Paris. La Découverte.
• Richard, E. (2013). L’action publique territoriale à l’épreuve de l’adaptation aux changements
climatiques un nouveau référentiel pour penser l’aménagement du territoire ? Thèse de
doctorat en aménagement et urbanisme. Université François Rabelais. Tours.
Bibliographie sélective
10. Merci pour votre attention
pascale.bosboeuf@gmail.com
jerome.rollin@ymail.com