Résumé du webinaire organisé par SIGMA sur les défis des ressources humaines dans le contexte du coronavirus (COVID-19), qui s'est tenu le 24 juin 2020.
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Ce webinaire avec les administrations de la PEV Sud a abordé les défis des Ressources Humaines dans le contexte
du coronavirus (COVID-19). Il faisait suite au succès de la réunion sur la réouverture des bureaux qui s'est tenue
le 10 Juin 2020.
Plus de 60 participants d'Algérie, d'Égypte, de Jordanie, du Liban, du Maroc, de l'Autorité Palestinienne1
et de
Tunisie, ainsi que des Délégations de l'Union Européenne dans la région, de l'OCDE MENA et de SIGMA, ont pris
part à la discussion en ligne.
Les remarques introductives du Chef du Programme SIGMA ont été suivies d'une présentation visant à introduire
les trois sujets liés au retour au travail sur site que les administrations de la PEV Sud ont connu depuis la levée du
confinement : l'augmentation de la charge de travail, les risques sanitaires sur le lieu de travail et le bien-être des
employés.
La présentation de SIGMA, axée sur les solutions possibles à ces défis, était basée sur un projet de document de
discussion préparé pour le séminaire et partagé avec les participants à l'avance.
Le retour au travail sur site dans la région se fait de différentes manières. Dans certaines administrations, tous les
employés (Liban, Tunisie) ou la plupart d'entre eux (Algérie, Maroc) ont déjà repris le travail sur site. Néanmoins,
la plupart des organismes publics (et 70 % des répondants au sondage organisé pendant le webinaire) continueront
à utiliser le télétravail dans une certaine mesure.
Si le retour progressif au travail est une réalité dans la plupart des cas (76 % des répondants au sondage SIGMA),
les personnes vulnérables (par exemple, en Algérie, les travailleuses enceintes et les femmes ayant des enfants de
moins de 14 ans) sont généralement autorisées à rester à la maison et à continuer à travailler à distance. Les
administrations appliquent une série de mesures pour protéger les fonctionnaires et les usagers, notamment : le
travail en équipe, les rendez-vous pour les services sur site, l'éloignement physique, le port de masques, etc.
Toutefois, les réponses au sondage ont montré que seulement 28 % des participants ont déclaré avoir réorganisé
leur lieu de travail en réponse au risque de coronavirus (COVID-19).
Bien que le télétravail ait déjà été abordé lors du webinaire précédent, le sujet attire toujours beaucoup
d'attention. Le contexte lié au coronavirus durera plus longtemps que prévu initialement et nécessite des solutions
plus durables et une réflexion au niveau stratégique. Il ne s'agit pas seulement de permettre aux employés de
"travailler à domicile", mais de mettre en place une politique de télétravail et des dispositions organisationnelles,
de fournir aux employés les équipements nécessaires au télétravail, de trouver de nouvelles façons de gérer les
performances et de former les responsables afin qu'ils puissent motiver efficacement leur personnel tout en
travaillant à distance. Un certain nombre de participants ont souligné que la situation actuelle peut être l'occasion
de changer ce que l'on attend des employés : il ne sera plus important de savoir combien d'heures ils passent au
bureau, mais s'ils parviennent à atteindre les objectifs fixés.
Une fois qu'il a été réalisé que la menace du virus ne sera pas terminée avant un certain temps, les participants
ont signalé la nécessité d'entreprendre un travail législatif pour modifier les dispositions de la loi sur la fonction
publique afin de s'adapter à la nouvelle situation (par exemple, la Jordanie, le Maroc, l'Autorité Palestinienne, la
Tunisie). Cela comprend non seulement le télétravail, mais aussi les heures supplémentaires, les horaires flexibles,
etc. Une discussion a suivi sur la question de savoir si la période de gestion de la crise est un bon moment pour se
concentrer sur le processus législatif et si plus de temps est nécessaire pour comprendre pleinement les
conséquences de la nouvelle situation et les besoins réels.
1 Note de bas de page du Service européen pour l'action extérieure et de la Commission Européenne: Cette désignation ne doit pas
être interprétée comme la reconnaissance d'un État de Palestine et est sans préjudice des positions individuelles des États
membres de l'Union européenne sur cette question.
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Un autre sujet abordé lors du webinaire était la motivation des fonctionnaires. Certaines mesures appliquées
pendant la pandémie, telles que la mobilité forcée, l'utilisation obligatoire des congés annuels ou leur report, les
réductions de salaire, le travail en équipe, etc. peuvent susciter la frustration et l'opposition des fonctionnaires.
C'est pourquoi, par exemple, l'Égypte - pour protéger le bien-être des fonctionnaires - a décidé de ne pas recourir
dans une large mesure aux heures supplémentaires et n'a pas forcé les fonctionnaires à reporter leur congé annuel.
Au contraire, à un moment donné, l'Algérie a demandé à au moins 50 % des effectifs de chaque institution et
administration publique de partir en congé exceptionnel rémunéré tout en gardant donc intact et de plein droit le
bénéfice de leur congé annuel (conformément au décret exécutif n° 20-69 du 21 mars 2020 relatif aux mesures de
prévention et de lutte contre la propagation du Coronavirus). Certains pays ont utilisé des incitations financières
supplémentaires comme la "prime d'infection" (Algérie – exemple 1, exemple 2), ou ont maintenu les promotions
des fonctionnaires (Égypte) même pendant la pandémie et le confinement chez eux. Quelles que soient les
solutions appliquées, de nombreux participants ont souligné le haut niveau de motivation et d'engagement de
leurs fonctionnaires qui ont contribué à relever les défis résultant de l'épidémie (par exemple, la Jordanie,
l'Autorité Palestinienne).
La pandémie a mis en lumière les problèmes que les administrations rencontrent dans la répartition du travail.
Beaucoup ont découvert des manques dans l’effectif dans certains domaines alors que d'autres secteurs sont en
sureffectif. De même, l'inégalité de la charge de travail du personnel au sein des institutions publiques constitue
un défi. Une attention particulière a été accordée aux fonctionnaires occupant des postes "critiques" ou "vitaux" -
quelles mesures peuvent être prises si ces employés ne sont pas sur place ou sont absents pour cause de maladie
? Comment trouver rapidement la bonne personne pour les remplacer ?
La pandémie a également été l'occasion d'innover. L'Égypte a organisé une initiative de "gouvernement créatif"
pour ses fonctionnaires, qui a apporté environ 240 idées en deux mois. Toutes les propositions seront examinées
et les participants seront récompensés. La Tunisie a introduit un logiciel qui permet de travailler sans papier et a
réussi à discuter des réformes proposées depuis longtemps (sur les performances des employés).
Conclusions:
1) La crise n'est pas encore terminée. Le contexte prolongé de la pandémie appelle des solutions plus
durables pour s'adapter aux nouveaux défis. Toutes les mesures discutées au cours du webinaire resteront
pertinentes pour l’avenir proche, peut-être même sur le long terme.
2) Le télétravail sera maintenu à court et à moyen terme, mais dans une bien moindre mesure que pendant
le confinement. L'application du télétravail sur le long terme nécessite des réponses législatives et
managériales à de nombreux défis. Une utilisation accrue du télétravail pourrait contribuer à l'instauration
d'une culture axée sur les performances.
3) La mobilité accrue semble être l'une des solutions possibles pour relever les défis liés aux coronavirus ;
cependant, elle ne semble pas être utilisée dans la région. Il est possible d'explorer plus profondément les
avantages résultant des programmes de mobilité.
4) Un autre défi est la répartition inégale du travail et la question de savoir comment augmenter la
productivité de ceux qui ne travaillent pas sur place. Une délégation accrue des pouvoirs à des niveaux
inférieurs pourrait être une réponse possible.
5) L'application de certaines mesures en matière de ressources humaines en réaction à l'épidémie peut
influencer le moral, la motivation et le bien-être des fonctionnaires. L'impact des nouveaux modes de
travail sur le bien-être et la motivation des fonctionnaires mérite un examen plus approfondi.
6) La crise du coronavirus (COVID-19) a également offert des possibilités extraordinaires de réformes dans
l'environnement de la fonction publique, y compris la nécessité de réfléchir :
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a. Aux solutions informatiques complètes dans l'administration publique,
b. Aux nouvelles approches en matière de flexibilité de l'aménagement du temps de travail,
c. A la question de savoir si la présence est plus importante que la performance et comment mesurer
et évaluer la performance lorsque les employés ne sont pas au bureau,
d. Aux défis managériaux liés à la gestion des équipes et des personnes qui ne sont pas sur place,
e. A la planification de la charge de travail et à la situation critique de certains postes clés, où un petit
nombre de fonctionnaires ont une charge de travail considérable et des responsabilités
importantes, alors que l'institution n'a pas de plan de succession ni d'alternatives.
7) Certains de ces défis nécessitent des changements législatifs (la question du moment opportun pour ces
changements a été soulevée) ; beaucoup exigent de nouvelles compétences en matière de gestion.
8) Les webinaires SIGMA se sont avérés être un outil efficace pour le partage d'expériences entre les
administrations des pays de la PEV - Sud. Le prochain webinaire consacré aux défis liés aux ressources
humaines est prévu pour le 8 Juillet 2020. Les sujets qui seront abordés à l'avenir comprennent les défis
actuels en matière de gestion (y compris la supervision, l'absence de personnel aux postes vitaux et le bien-
être), les bases juridiques, organisationnelles et techniques d'un télétravail efficace, et les leçons tirées de
la crise sur les changements législatifs apportés aux lois sur la fonction publique, entre autres.