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Volume II N° 8 A1V2N8A2020
Revue de l’Entrepreneuriat et de l’Innovation
1
L’entrepreneuriat au Maroc : les contraintes et les
conditions de développement
AFTISS AHMED
Enseignant chercheur
Université Sidi Mohamed Ben Abdellah
FSJES Fès
a.aftiss@yahoo.fr
Résumé- l’entrepreneuriat au Maroc est constitué un véritable
levier de développement économique et sociale.
La création des petites et moyennes entreprises se heurte à
certains obstacles internes et externes qui freinent leurs essors
et leurs promotions.
La mise en place de certaines mesures d’encouragement de
l’entrepreneuriat à l’échelle local et national peuvent donner
aux PME leurs places qui méritent dans l’économie
nationale.
Mots clés : entrepreneuriat, PME, développement,
contraintes, promotion.
INTRODUCTION :
Les PME, qui occupent de plus en plus une
place prépondérante dans le tissu économique,
constitue un véritable levier de développement.
Mais au Maroc. Sa situation reste mal cernée vu
que la majorité de son tissu échappe au secteur
formel.
Les principaux contraintes rencontrés par les
PME résident dans deux phases : au moment de
la création où l'environnement administratif et
réglementaire n'est pas favorable ; et au
moment de démarrage où il y a l'absence d’une
instance gouvernementale de coordination et de
suivi de la PME.
Une faible partie parviendra à passer le cap des
premières années d'existence. Cette phase
d'éveil de l'entreprise et de confrontation au
monde de la concurrence n'a fait l'objet jusqu'ici
que d'un nombre limité d'investigations. Peu de
mesures ont été prises pour faciliter le
déroulement de cette étape, alors que les écrits
sur la création d'entreprise abondent.
Les PME présentent de précieuses
caractéristiques telles que flexibilité, réactivité,
esprit d’innovation, sens du service et du
contact humain… Autant d’atouts pour se
développer.
Pourtant, l’ensemble de ses caractéristiques en
fait un type d’entreprise capable de remédier
aux difficultés que doit surmonter l’économie
nationale pour faire face aux enjeux de
l'ouverture.
On doit essayer, après avoir définir la PME,
dans un premier point d’analyser les
caractéristiques des PME et leurs importances
dans l’économie. Puis, on relèvera, dans un
deuxième point, les problèmes de création et de
démarrage des PME au Maroc. Pour terminer
notre recherche, dans un dernier point, par des
conclusions et des recommandations
susceptibles de promouvoir les PME au Maroc.
1. Spécificités des PME au Maroc
1.1. Définitions de la PME
1.1.1.Définition classique de la PME
Jusqu'en juillet 2002, il n'existait pas de
définition "officielle" de la PME au Maroc.
Jusqu'alors deux approches prévalaient :
- la première, largement répandue, consistait à
considérer comme PME toute entreprise dont le
Chiffre d'Affaires était < 75 millions DH.
Volume II N° 8 A1V2N8A2020
Revue de l’Entrepreneuriat et de l’Innovation
2
- la seconde, avait été proposée en septembre
2001 par les auteurs du document "Vision de
l'avenir du Maroc - Quelle vision pour les
PME/PMI ?" rédigé à l'occasion du projet
"Maroc - Vision 2020". Suite à une réflexion
approfondie sur la notion de PME au Maroc et à
partir de la stratification d'un échantillon
composé de près de 10 000 entreprises, ceux-ci
proposaient de définir les PME/PMI marocaines
sur la base des trois critères suivants :
- Total effectifs : < 200 personnes
- Chiffres d'affaires : < 50 millions DH
- Total bilan : < 30 millions DH
1.1.2.Définition selon la charte de la PME
Toutefois, depuis la loi53-00 formant "Charte
de la PME" du 23 juillet 2002, cette catégorie
d'entreprise a une définition "officielle".
Selon l'article premier de cette loi, la PME est
une entreprise gérée et/ou administrée
directement par les personnes physiques qui en
sont lespropriétaires, copropriétaires ou
actionnaires et qui n'est pas détenue à plus de
25% du capital ou des droits de vote par
uneentreprise, ou conjointement par plusieurs
entreprises, ne correspondant pas à la définition
de la P.M.E.
Par ailleurs, les PME doivent répondre aux
deux conditions suivantes :
- avoir un effectif permanent ne dépassant pas
200 personnes,
- avoir réalisé, au cours des deux derniers
exercices, soit un chiffre d’affaires hors taxes
inférieur à 75 millions de DH, soit un total de
bilan inférieur à 50 millions de DH.
Cette même charte propose également des
critères spécifiques aux entreprises
nouvellement créées (c'est à dire celles qui ont
moins de deux années d'existence) : sont
considérées comme PME les entreprises ayant
engagé un programme d’investissement initial
inférieur à 25 millions de DH et respectant un
ratio d’investissement par emploi inférieur à
250 000 DH.
Tableau 1 : PME selon la charte
Bie
n
ent
end
u
ce
type de définition n'est jamais définitif et peut
faire l'objet, au gré des circonstances
économiques et sociales, d'aménagements de la
part des opérateurs économiques et des
institutionnels.
1.1.3.Définition selon la commission mixte
C'est notamment le cas de la commission mixte,
composée de représentants de Bank Al-Maghrib
et du GPBM (Groupement Professionnel des
Banques Marocaines), qui est chargée
d'élaborer les nouveaux systèmes de rating
bancaire, dans le cadre de l'alignement des
banques marocaines sur les nouveaux standards
européens issus des accords de "Bâle II".
Le nouveau système propose des échelles de
notation différenciées suivant la catégorie
d'entreprise concernée (Grande entreprise,
PME, Micro entreprise), ces dernières étant
définies sur les bases suivantes :
Tableau 2 : PME selon la commission mixte
Entreprises Effectifs Chiffres
d’affaires
Grande
entreprise
>250 salariés >75 millions
DH
PME <250 salariés <75 millions
DH
Micro
entreprise
<10 salariés <10 millions
DH
Type
d’entreprise
Effectif
Chiffres
d’affaires
Petites et
moyennes
entreprises
> 200
personnes
>75 millions DH
Volume II N° 8 A1V2N8A2020
Revue de l’Entrepreneuriat et de l’Innovation
3
1.2. L’importance des PME au Maroc
D'après la Fédération de la PME (affiliée à la
CGEM), les PME marocaines constitueraient
95 % du tissu économique du pays et seraient
implantées pour 72 % dans le commerce et les
services.
En 2002, elles auraient occupé plus de 50 % des
salariés du secteur privé et auraient contribué à
hauteur de 31 % aux exportations marocaines et
de 51 % aux investissements privés nationaux.
Toutefois, alors qu'elles représenteraient
environ 40 % de la Production nationale, elles
ne participeraient qu'à hauteur de 10 % de la
Valeur Ajoutée du pays1
.
1.2.1.Poids des PME dans le tissu productif
national
En terme de nombre d’entreprises, le poids de
la PME représente 98% de l’ensemble du tissu
productif national. La part des PME est de plus
de90% dans toutes les branches d’activité sauf
celle de la production et distribution
d’électricité, gaz et eau, où cette participation
est uniquement de50%.
La participation des PME dans la création de la
valeur ajoutée globale est de 21%. Cette
participation est très variable allant de 0,2%
pour la branche de la production et distribution
d’électricité, gaz et eau, à 73% pour la branche
de l’immobilier et services aux entreprises. Elle
s’élève à 20% dans le cas des industries
manufacturières.
1.2.2.Répartition des PME par branche
d’activité économique
En terme de nombre d’entreprises, le tissu des
PME est composé d’abord par les activités de
commerce et réparations (30%), suivies des
activités de l’immobilier et services aux
entreprises (22%), et des industries
manufacturières (15%)
1
Données quantitatives à prendre avec précaution, du fait
de l'absence de statistiques fiables et de l'importance de
l'économie informelle au Maroc
Malgré leur part de 15% dans la population des
PME, Les industries manufacturières génèrent
la plus grande valeur ajoutée avec une
contribution de 37%. Elles sont suivies des
activités de commerce et réparations (19%) et
de l’immobilier et services aux entreprises
(13%).
1.2.3.Répartition des PMI par branche
d’activité industrielle
En termes de nombre d’unités, les PMI sont
concentrées dans trois branches principales : les
industries chimiques et para chimiques (32 %),
lesindustries agro- alimentaires (26 %), et les
industries textiles et cuir (24 %).Industries
mécaniques et métallurgiques 15%. Industries
électriques et électroniques 3%
En termes de valeur ajoutée, on retrouve
quasiment la même concentration: les industries
chimiques et para chimiques (33 %), les
industries agro-alimentaires (28 %), et les
industries textiles et cuir (20 %), Industries
mécaniques et métallurgiques 15% Industries
électriques et électroniques 4%.
Par contre, en terme d’emplois, les industries
textiles et cuir viennent en premier (35 %),
suivies des industries chimiques et para
chimiques (26 %), et des industries
agroalimentaires (24 %).
En terme d’exportations, les industries textiles
et cuir viennent également en tête (45 %),
suivies, cette fois-ci, des industries agro-
alimentaires (39 %), et des industries chimiques
et para chimiques (10 %)
1.3. Les caractéristiques des PME au Maroc
La visibilité sur le comportement de la PME au
Maroc est, aujourd’hui, très limitée en raison de
la faiblesse du dispositif statistique actuel et
poids important de l’économie informelle.
L’étude de la P.M.E au Maroc dégage deux
grandes caractéristiques : une prépondérance
des activités tertiaires et une forte concentration
géographique.
1.3.1. La domination des activités de service
Volume II N° 8 A1V2N8A2020
Revue de l’Entrepreneuriat et de l’Innovation
4
Le secteur du commerce qui compte 888.000
emplois (hors informel) est constitué dans
presque son intégralité de PME. Dans le secteur
des services, et tout d'abord dans le tourisme
qui compte près de 600.000 emplois, la PME
constitue un outil privilégié dans la promotion
de l'hôtellerie, de la restauration et des agences
de voyages.
En termes de nombre d'entreprises, le tissu des
PME est composé notamment par les activités
de commerce (30%) et des activités de services
(40%).2
Le secteur du commerce est l’un des piliers de
l’économie marocaine. Ses principaux
indicateurs3
sont :
- Valeur ajoutée du commerce 63,2milliards
DH;
- 11% du PIB national ;
- 1.233.000 emplois, soit 12,4% de la
population active ;
- Croissance du secteur à 6% annuellement.
1.3.2. La répartition géographique inégale
Dominé, désarticulé et appauvri à l’extrême, le
Maroc a hérité d’une économie et d’une société
duales marquée par la désarticulation complète
des structures, la déconnexion parfaite entre le
moderne et le traditionnel, l’utile et
l’inutile,…etc.
Ce legs historique est si lourd qu’aucune
politique régionale et d’aménagement du
territoire n’a pu éradiquer ou au moins
minimiser les disparités socio-économiques et
spatiales flagrantes. L’examen de la répartition
des PME par région reflète cette situation en
dégageant une très forte concentration des PME
dans les régions du Centre.
De même la répartition régionale des créations
des personnes morales immatriculées au
registre du commerce confirme la concentration
des sociétés commerciales dans la région du
Grand Casablanca qui représente 33% de
l’ensemble des immatriculations
2
Office Marocain de la Propriété Industrielle et
Commerciale, Rapport annuel 2007
3
Ministère de l’Industrie, du Commerce et des Nouvelles
Technologies, avril 2008
2. Les contraintes de création et de
démarrage
Acteurs majeurs de l'économie marocaine, les
PME souffrent de nombreuses difficultés qui
handicapent leur mise à niveau.
Ainsi, en avril 2004, d'après le président de la
Fédération PME, sur les 70 000 PME affiliées
à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale
(CNSS), seulement 40 000 déposent un bilan
auprès de l'administration fiscale et 1 500
remplissent les conditions nécessaires à un
financement par les circuits bancaires
classiques.
Les problèmes de création et de démarrage sont
liés soit à l’environnement soit de
l’entrepreneur lui-même
2.1.Les contraintes liées à l’environnement
Dans les faits, tous les entrepreneurs nouveaux
éprouvent des difficultés à se retrouver dans
toutes les démarches officielles et pour trouver
des renseignements fiables.
Ainsi, les problèmes de la phase de
création subsistent pendant le démarrage, voire
s’accroissent. Ces problèmes sont d’ordre
financier, technique, administratif, commercial,
humain et juridique.
2.1.1.Lescontraintes administratives
Ces problèmes se traduisent par les défis et les
complications coûteuses entraînées par la
lenteur administrative.
Ces problèmes affectent particulièrement les
jeunes prometteurs dans leur décision de
création d’un projet. Aux Etats Unis, affirme un
jeune prometteur, il faut seulement huit jours
pour créer une entreprise.
Au Maroc, la lenteur administrative, les
formalités d’enregistrement et les procédures
des autorisations sont les gros problèmes à ce
propos.
Beaucoup d’entrepreneurs portent des idées de
création des entreprises, mais une fois qu’ils
Volume II N° 8 A1V2N8A2020
Revue de l’Entrepreneuriat et de l’Innovation
5
entament les premières procédures
administratives, la lourdeur de celles-ci les
décourage et certains s’expatrient à nouveau.
A travers les entretiens, on remarque que: Plus
de 60% de ces entrepreneurs attribuent un rôle
négatif aux administrations publiques
concernées pendant la phase de création.
Ces administrations sont plutôt : les services
administratives de formalités de création
d’entreprises, les banques, la douane, les
chambres de commerce et d’industrie, les
municipalités…etc.
Les entreprises créées rencontrent
apparemment, de graves difficultés à confirmer
leur démarrage. Ces difficultés subsistent voire
s’aggravent tout le long de la période de
démarrage. Les centres régionaux
d’investissement vont pouvoir aider les
entrepreneurs, à condition, selon les termes
d’un d’entre eux, qu’ils mènent leur mission
dans les bons sens4
:
2.1.2. Les contraintes financières
Les prêts bancaires et les garanties exigées pour
leur consentement constituent l’essentiel de ces
problèmes. La majorité des dirigeants
interviewés mettent ces problèmes en tête
pendant la phase de création.
En réalité, les montants insuffisants des prêts,
ainsi que les garanties exigées par les banques
découragent beaucoup d’entrepreneurs
potentiels.
La plupart se plaignent de l’attitude peu
entrepreneuriale des banques qui n’accordent
des prêts qu’assortis de garanties énormes.
Tous les chefs d’entreprises se heurtent à la
difficulté d’obtenir un capital suffisant à des
conditions avantageuses pour démarrer une
entreprise. Le manque de capitaux et surtout
l’incapacité à financer des besoins accrus de
trésorerie au cours de chaque phase
d’expansion, fait aussi obstacle au
développement de l’entrepreneuriat au Maroc.
4
Je pense dit-il, qu’il faut la création et le
fonctionnement réel d’un centre dans lequel ils nous
poursuivent dans nos projets dès la conception jusqu’à la
réalisation ».
2.1.3. Les contraintescommerciales
Outre les problèmes causés par l’étroitesse du
marché interne et par les aléas de la conjoncture
économique nationale liés aux années
successives de sécheresse, les entrepreneurs
trouvent d’autres problèmes commerciaux lors
de la création de leur entreprise.
Certains jeunes prometteurs ne font pas d’étude
de marché avant la création. La prospection des
clients et l’estimation du marché se font par
l’observation et le flair du dirigeant. Leurs
entreprises ne fabriquent souvent qu’un seul
produit qui n’est pas nécessairement nouveau
sur le marché intérieur.
Quant aux problèmes relatifs aux aléas de la
conjoncture, les problèmes de marché et de
commercialisation, constituent l’essentiel des
problèmes commerciaux.
Selon P.Druker, le marché et les canaux de
distribution sont plus importants que le produit :
« un produit n’existe économiquement parlant
qu’à l’intérieur d’un marché pour être acheté
par les clients. Par contre, le marché et les
canaux de distribution existent
indépendamment de tout produit; ils sont
primordiaux, le produit est secondaire »5
.
Il faut noter que la qualité du produit a, elle
aussi, une grande importance dans la réussite
d’une entreprise sur un marché donné : le bon
produit crée son propre marché et assure le
démarrage de l’entreprise naissante.
Au Maroc le faible pouvoir d’achat, l’étude de
marché incomplète et l’absence des actions
commerciales constituent, selon les personnes
interrogées, l’origine de problèmes
commerciaux pour une entreprise,
L’entreprise naissante affronte des risques qui
découlent d’une méconnaissance du marché par
son dirigeant. C’est la négligence de cet aspect
cité pendant la phase de création qui oblige son
5
Peter Drucker: bien connaitre votre affaire et réussir, les
éditions d’organisation, Paris 1970, pp:39-40
Volume II N° 8 A1V2N8A2020
Revue de l’Entrepreneuriat et de l’Innovation
6
dirigeant à entreprendre des efforts intensifs
dans ce domaine pendant la phase de
démarrage.
Les études de marketing sont rarement
effectuées par ces entrepreneurs, leur intuition
et leurs relations personnelles sont les moyens
les plus sûrs de prospecter les clients.
2.1.4. Les contrainteshumaines et sociales
Ceux-ci sont relatifs à l’absentéisme, à la
qualification, à l’insuffisance de rendement, et à
l’adhésion du personnel.
Ces problèmes proviennent du retard des
conditions de travail dans beaucoup
d’entreprises, notamment les salaires et les
avantages sociaux.
Les salaires donnés par une grande entreprise
peuvent être deux fois supérieurs par rapport à
ceux donnés par certaines entreprises de taille
petite ou moyenne, et pour le même poste. Il
est constaté aussi que certains entrepreneurs
créent leur entreprise au Maroc grâce à
l’existence d’une main d’œuvre bon marché. Ce
qui est vulnérable.
Les entrepreneurs accordent une place aussi
importante à la non disponibilité de main
d’œuvre qualifiée, d’autres accordent à
l’insuffisance de rendement une place assez
importante
Par ailleurs, à côté des problèmes sociaux, les
infrastructures et les services collectifs sont
chers pour certains. Ce problème n’était pas
souvent évoqué par les dirigeants.
Pourtant, certains voient cher le prix de
l’électricité consommée dans les entreprises. Il
propose de réduire les taux de charges sur
l’entreprise (eau, électricité, téléphone…),
certains d’autres se plaignent de prix cher de
loyer des terrains ou bâtiments industriels.
2.2. Les contraintesémanant de
l’entrepreneur
Ces problèmes de création et de démarrage liés
à la personnalité des entrepreneurs peuvent
essentiellement être :
- le profil et la formation de l’entrepreneur
- le comportement de l’entrepreneur
2.2.1.Le profil et la formation de
l’entrepreneur
Certains entrepreneurs se décident de créer des
entreprises parce qu’ils ont des capitaux à
investir, d’autres deviennent créateurs par
succession à leurs pères. Dans ces deux cas, il
est difficile de dire qu’ils ont un esprit
d’entreprise ou le goût de risque.
Concernant la formation reçue par les
entrepreneurs, nous avons déjà précisé qu’elle
n’était que rarement dans le domaine de la
gestion de PME.
De côte de leur expérience avant la création,
elle n’était pas industrielle pour la grande
majorité des créateurs.
Il n’est pas alors étonnant qu’ils créent des
entreprises non innovatrices ou non
industrielles. Or les solides fondations sur les
quelles un entrepreneur peut créer une
entreprise viable sont le savoir-faire, la
compétence personnelle et les connaissances
que le créateur a su acquérir au cours de sa vie
scolaire professionnelle et personnelle.
2.2.2.Le comportement de l’entrepreneur
Nous avons dit dans le précédent point que la
plupart des entrepreneurs interviewés ont créé
des entreprises dont la forme juridique s’insère
dans la société de personnes. Cela veut dire
qu’une seule personne se charge souvent de tout
le travail préparatoire avant le démarrage de
l’entreprise.
Volume II N° 8 A1V2N8A2020
Revue de l’Entrepreneuriat et de l’Innovation
7
Si le créateur est un gestionnaire, il ne
s’intéresse à se faire aider par un technicien
qu’à partir le démarrage de l’entreprise.
Ce comportement des créateurs ne va pas sans
effets négatifs sur l’activité de l’entreprise. En
effet, les erreurs liées à l’imprévoyance des
créateurs leur causent plusieurs inconvénients
ultérieurement. Selon un interviewé6
.
3. Conclusions et recommandations pour la
promotion de l’entrepreneuriat au Maroc
Ce survol de la problématique de la PME au
Maroc, accompagné de l’étude de quelques
entrepreneurs/promoteurs, permet dans un
premier temps, de soumettre au débat les
propositions suivantes :
3.1. Au niveau central
3.1.1. La mise en place d’un dispositif
informationnel
L’importance du dispositif informationnel pour
la visibilité et le suivi du comportement
économique la PME et son caractère fédérateur
entre les différents intervenants.
Il s’agit d’un réseau informationnel développé
autour de l’Internet pour informer et orienter la
PME vers les solutions aux problèmes qu’elle
confronte quotidiennement. Ce projet constitue,
avec la simplification des procédures, un axe
majeur de la modernisation du Ministère de
l’Economie et des Finances.
3.1.2. La création d’une instance de
coordination entre les organismes
gouvernementaux concernés par la PME
Le regroupement des Département de
l'Industrie, du commerce, de service et de
l'Artisanat au sein du Ministère de l'Economie
6
« Moi je travaille seul, j’aimerai avoir quelqu’un qui
m’aidera mais je n’ai confiance en personne, c’est
pourquoi je navigue seul car c’est mieux d’être seul que
d’être mal accompagné».
et des Finances pour assure la synergie
politique et la garantie la coordination pour
l’élaboration et la mise en œuvre d’une
politique cohérente de la PME
A cet égard, un Secrétariat d’Etat à la PME
devra être institué au sein du Ministère de
l’Economie et des Finances. Cette instance peut
agir de concert aussi bien avec les Directions
opérationnelles des Finances (impôts, douanes,
comptabilité publique) qu’avec des Directions
de conception (Direction de la Prévision, de
statistique), ou autres Directions du Ministère
(concurrence et consommation, répression des
fraudes, relations économiques extérieures).
3.1.3. L’aide de l’Etat en matière de
formation, d’assistance et de financement
L’intervention de l’Etat sous forme d’aide
budgétaire en matière de formation,
d’assistance technique, de recherche-
développement et d’innovation technologique,
d’introduction des technologies de
l’information, plutôt que par l’octroi d’aides
fiscales contraires aux accords Européens. Il
s’agit principalement de :
 Aides au développement dans le cadre de
contrat plan Etat- Régions. Actions mises en
œuvre par les Directions Régionales de
l'Industrie et financées par:
- Fonds de développement des PMI.
- Fonds régionaux d'aides et de conseil
 Mise en place et généralisation de la
procédure ATOUT qui vise à l'accélération
de l'acquisition des technologies nouvelles
(informatique et microélectronique) par les
PMI à travers la prise en charge par l’Etat
de 60% des frais de l’étude de faisabilité, et
de l’octroi d’une avance remboursable
allant jusqu’à 50% du coût des réalisations.
 Favoriser la modernisation des PME, en
s'appuyant sur les réseaux locaux d'aide à la
création, en facilitant les créations
innovantes qui permettent la production et
la commercialisation de nouveaux produits
en faisant appel aux nouvelles technologies
Volume II N° 8 A1V2N8A2020
Revue de l’Entrepreneuriat et de l’Innovation
8
 Simplifier les démarches administratives
des régimes fiscaux et sociaux
 L'aide au recrutement pour l'innovation
(prise en charge de 50% des charges de
salaires, d’amortissement d’équipements, et
de formation de cadres affectés à la
recherche),
 L'aide au transfert de technologie entre
Grandes Ecoles et PME (subvention ou
avance remboursable sans intérêt en cas de
succès).
 l'accord de subvention pour la partie
"recherche" à l’amont et les avances
remboursables pour la partie
"développement" permettant aux PME de
participer aux programmes et aux projets
stratégiques nationaux et européens et de
favoriser le partenariat entre PME et
grandes entreprises.
 Mise en place d'une politique de
bonification d'intérêt et de prêts à taux
préférentiels.
 Création d'un fonds de garantie doté par
l'Etat et géré par une société de financement
des PME pour encourager les banques à
prendre plus de risque grâce au système de
partage de risque offert par ce fonds.
3.1.4. Le système d’accompagnement sur le
terrain
L’accompagnement sur le terrain de la PME à
travers l’ensemble des réseaux locaux
(industrie, activités artisanales, chambres de
métiers, comptabilité publique, impôts,
douanes, concurrence et consommation,
relations économiques extérieures, recherche
scientifique, protection de l’environnement).
Ces réseaux locaux étant fédérés au niveau
central par une même instance
gouvernementale.
3.1.5. Le renforcement de rôle de l’ANPME
Renforcement du rôle de l'Agence Nationale
pour la promotion des PME (ANPME) dont
l'attribution est de soutenir financièrement les
PME dans leurs recours aux consultants
spécialisés et des prestations de services en
phase de création (étude de marché, de
faisabilité, design, conseils financiers,
juridiques, fiscaux)
3.1.6. Les mesures de simplifications
administratives
 Réductiondu délai d'immatriculation des
entreprises au registre du commerce et des
sociétés
 Renforcement du rôle d'échange
d'information confié aux centres de
formalités des entreprises
3.2. Au niveau local
 Rôle essentiel des Préfets en matière
d'action économique, assurant la
coordination entre les services de l'Etat, les
collectivités locales, les établissements
publics, les organismes privés et des
services déconcentrés du MEF
 Rôle important des Institutions régionales
(la chambre de commerce, d’industrie et de
service ; la délégation de ministère de
commerce et d’industrie, le centre régional
d’investissement, l’ANAPEC)
 Création d'une entité d'études statistiques et
économiques au niveau local
 Instauration de fichier industriel, du
répertoire des chambres de métiers, du
fichier fiscal, des fichiers de la Banque AL
MAGHREB.
 Réalisation d'enquêtes annuelles sur
l'ensemble du tissu productif et d'enquêtes
spécifiques PME.
 Harmonisation des délais des obligations
déclaratives liées à la création ou la
cessation d'activité
 Fixation d'une date unique pour plusieurs
déclarations fiscales
 Assouplissement du choix du régime
d'imposition
 Facilitation du choix du régime de
déclaration de la TVA
Volume II N° 8 A1V2N8A2020
Revue de l’Entrepreneuriat et de l’Innovation
9
 Suppression de l'obligation de déclaration
de régularisation de la TVA en cas de
transfert du lieu d'imposition
 Possibilité de dépôt des déclarations de
contrat de prêt avec déclaration de revenus
ou de résultats, en l'absence d'intermédiaire
 Allégement de la procédure d'accès aux
marchés public
 Relèvement du seuil de recouvrement des
créances dont la perception incombe aux
comptables publics
 Relèvement du seuil d'application du
régime fiscal des micro- entreprises.
Conclusion
Les PME, qui occupent de plus en plus une
place prépondérante dans le tissu économique
présentent de précieuses caractéristiques telles
que flexibilité, réactivité, esprit d’innovation,
sens du service et du contact humain… Autant
d’atouts pour grandir.
Au Maroc, la plus grande part du défi à relever
réside dans la promotion: développer les PME
existantes et inciter l’émergence de l’esprit
d’entreprise. C’est pourquoi il importe
d’accorder une attention particulière aux
facteurs clés de succès de l’entrepreneur.
Le démantèlement tarifaire, outre son impact
direct sur la diminution les recettes de l’Etat,
fragilisera la protection de l’entreprise
marocaine dont la mise à niveau devient de ce
fait impérative.
Cependant « des sources officielles expliquent
la mise sous le code de cette charte PME par le
fait que le contenu, c’est à dire les réformes
qu’elle prévoit, est en quelque sorte prématuré
pour le rapport à la réalité sur le terrain »
L’urgence aujourd’hui consiste d’abord à
mettre à niveau les entreprises ayant de songer
à créer des structures d’accompagnement. Cette
idée, on la retrouve d’ailleurs dans le préambule
de la charte.
On peut dire en effet que, pour la réussite de
cette action, les PME sont tenues, entres autres,
de fournir un effort important en matière de
formation, d’amélioration de l’encadrement, de
développement des ressources humaines et de
la promotion de la qualité.
Références bibliographies
[1] BOUZID. A (1997), « PME et stratégie du développement au
Maroc » éditions Toubkal.
[2] DRUKER. P (1990) « bien connaitre votre affaire et réussir », les
éditions d’oganisation, Paris.
[3] ROCHDANE. H et AYEGOU. J (Mai 2009) « PME marocaines
face à la mondialisation : quelles opportunités du système de franchise
? » Colloque international « la vulnérabilité des TPE et des PME dans
un environnement mondialisé » 11es Journées scientifiques du Réseau
Entrepreneuriat, 27, 28 et 29 mai 2009, INRPME, Trois-Rivières,
Canada
[4] Ministère de l’Industrie, du Commerce et des nouvelles technologies
(2008) Revue du Commerce et d’Industrie, n° 12, 2e trimestre, p. 23.
[5] Ministère de l’Économie et des Finances − Direction de la Politique
économique générale (2000), « Les PME au Maroc : éclairage et
propositions», Document de Travail n° 50, p. 3, mars,.
[6] Ministère de l’Industrie, du Commerce et des Nouvelles
Technologies (2008), RAWAJ, Plan d’Action 2008 -2012.
[7] Office Marocain de la Propriété Industrielle et Commerciale,
Rapport annuel 2007.
[8] Ministère de l’Industrie, du Commerce et des Nouvelles
Technologies, Avril 2008.

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  • 1. Volume II N° 8 A1V2N8A2020 Revue de l’Entrepreneuriat et de l’Innovation 1 L’entrepreneuriat au Maroc : les contraintes et les conditions de développement AFTISS AHMED Enseignant chercheur Université Sidi Mohamed Ben Abdellah FSJES Fès a.aftiss@yahoo.fr Résumé- l’entrepreneuriat au Maroc est constitué un véritable levier de développement économique et sociale. La création des petites et moyennes entreprises se heurte à certains obstacles internes et externes qui freinent leurs essors et leurs promotions. La mise en place de certaines mesures d’encouragement de l’entrepreneuriat à l’échelle local et national peuvent donner aux PME leurs places qui méritent dans l’économie nationale. Mots clés : entrepreneuriat, PME, développement, contraintes, promotion. INTRODUCTION : Les PME, qui occupent de plus en plus une place prépondérante dans le tissu économique, constitue un véritable levier de développement. Mais au Maroc. Sa situation reste mal cernée vu que la majorité de son tissu échappe au secteur formel. Les principaux contraintes rencontrés par les PME résident dans deux phases : au moment de la création où l'environnement administratif et réglementaire n'est pas favorable ; et au moment de démarrage où il y a l'absence d’une instance gouvernementale de coordination et de suivi de la PME. Une faible partie parviendra à passer le cap des premières années d'existence. Cette phase d'éveil de l'entreprise et de confrontation au monde de la concurrence n'a fait l'objet jusqu'ici que d'un nombre limité d'investigations. Peu de mesures ont été prises pour faciliter le déroulement de cette étape, alors que les écrits sur la création d'entreprise abondent. Les PME présentent de précieuses caractéristiques telles que flexibilité, réactivité, esprit d’innovation, sens du service et du contact humain… Autant d’atouts pour se développer. Pourtant, l’ensemble de ses caractéristiques en fait un type d’entreprise capable de remédier aux difficultés que doit surmonter l’économie nationale pour faire face aux enjeux de l'ouverture. On doit essayer, après avoir définir la PME, dans un premier point d’analyser les caractéristiques des PME et leurs importances dans l’économie. Puis, on relèvera, dans un deuxième point, les problèmes de création et de démarrage des PME au Maroc. Pour terminer notre recherche, dans un dernier point, par des conclusions et des recommandations susceptibles de promouvoir les PME au Maroc. 1. Spécificités des PME au Maroc 1.1. Définitions de la PME 1.1.1.Définition classique de la PME Jusqu'en juillet 2002, il n'existait pas de définition "officielle" de la PME au Maroc. Jusqu'alors deux approches prévalaient : - la première, largement répandue, consistait à considérer comme PME toute entreprise dont le Chiffre d'Affaires était < 75 millions DH.
  • 2. Volume II N° 8 A1V2N8A2020 Revue de l’Entrepreneuriat et de l’Innovation 2 - la seconde, avait été proposée en septembre 2001 par les auteurs du document "Vision de l'avenir du Maroc - Quelle vision pour les PME/PMI ?" rédigé à l'occasion du projet "Maroc - Vision 2020". Suite à une réflexion approfondie sur la notion de PME au Maroc et à partir de la stratification d'un échantillon composé de près de 10 000 entreprises, ceux-ci proposaient de définir les PME/PMI marocaines sur la base des trois critères suivants : - Total effectifs : < 200 personnes - Chiffres d'affaires : < 50 millions DH - Total bilan : < 30 millions DH 1.1.2.Définition selon la charte de la PME Toutefois, depuis la loi53-00 formant "Charte de la PME" du 23 juillet 2002, cette catégorie d'entreprise a une définition "officielle". Selon l'article premier de cette loi, la PME est une entreprise gérée et/ou administrée directement par les personnes physiques qui en sont lespropriétaires, copropriétaires ou actionnaires et qui n'est pas détenue à plus de 25% du capital ou des droits de vote par uneentreprise, ou conjointement par plusieurs entreprises, ne correspondant pas à la définition de la P.M.E. Par ailleurs, les PME doivent répondre aux deux conditions suivantes : - avoir un effectif permanent ne dépassant pas 200 personnes, - avoir réalisé, au cours des deux derniers exercices, soit un chiffre d’affaires hors taxes inférieur à 75 millions de DH, soit un total de bilan inférieur à 50 millions de DH. Cette même charte propose également des critères spécifiques aux entreprises nouvellement créées (c'est à dire celles qui ont moins de deux années d'existence) : sont considérées comme PME les entreprises ayant engagé un programme d’investissement initial inférieur à 25 millions de DH et respectant un ratio d’investissement par emploi inférieur à 250 000 DH. Tableau 1 : PME selon la charte Bie n ent end u ce type de définition n'est jamais définitif et peut faire l'objet, au gré des circonstances économiques et sociales, d'aménagements de la part des opérateurs économiques et des institutionnels. 1.1.3.Définition selon la commission mixte C'est notamment le cas de la commission mixte, composée de représentants de Bank Al-Maghrib et du GPBM (Groupement Professionnel des Banques Marocaines), qui est chargée d'élaborer les nouveaux systèmes de rating bancaire, dans le cadre de l'alignement des banques marocaines sur les nouveaux standards européens issus des accords de "Bâle II". Le nouveau système propose des échelles de notation différenciées suivant la catégorie d'entreprise concernée (Grande entreprise, PME, Micro entreprise), ces dernières étant définies sur les bases suivantes : Tableau 2 : PME selon la commission mixte Entreprises Effectifs Chiffres d’affaires Grande entreprise >250 salariés >75 millions DH PME <250 salariés <75 millions DH Micro entreprise <10 salariés <10 millions DH Type d’entreprise Effectif Chiffres d’affaires Petites et moyennes entreprises > 200 personnes >75 millions DH
  • 3. Volume II N° 8 A1V2N8A2020 Revue de l’Entrepreneuriat et de l’Innovation 3 1.2. L’importance des PME au Maroc D'après la Fédération de la PME (affiliée à la CGEM), les PME marocaines constitueraient 95 % du tissu économique du pays et seraient implantées pour 72 % dans le commerce et les services. En 2002, elles auraient occupé plus de 50 % des salariés du secteur privé et auraient contribué à hauteur de 31 % aux exportations marocaines et de 51 % aux investissements privés nationaux. Toutefois, alors qu'elles représenteraient environ 40 % de la Production nationale, elles ne participeraient qu'à hauteur de 10 % de la Valeur Ajoutée du pays1 . 1.2.1.Poids des PME dans le tissu productif national En terme de nombre d’entreprises, le poids de la PME représente 98% de l’ensemble du tissu productif national. La part des PME est de plus de90% dans toutes les branches d’activité sauf celle de la production et distribution d’électricité, gaz et eau, où cette participation est uniquement de50%. La participation des PME dans la création de la valeur ajoutée globale est de 21%. Cette participation est très variable allant de 0,2% pour la branche de la production et distribution d’électricité, gaz et eau, à 73% pour la branche de l’immobilier et services aux entreprises. Elle s’élève à 20% dans le cas des industries manufacturières. 1.2.2.Répartition des PME par branche d’activité économique En terme de nombre d’entreprises, le tissu des PME est composé d’abord par les activités de commerce et réparations (30%), suivies des activités de l’immobilier et services aux entreprises (22%), et des industries manufacturières (15%) 1 Données quantitatives à prendre avec précaution, du fait de l'absence de statistiques fiables et de l'importance de l'économie informelle au Maroc Malgré leur part de 15% dans la population des PME, Les industries manufacturières génèrent la plus grande valeur ajoutée avec une contribution de 37%. Elles sont suivies des activités de commerce et réparations (19%) et de l’immobilier et services aux entreprises (13%). 1.2.3.Répartition des PMI par branche d’activité industrielle En termes de nombre d’unités, les PMI sont concentrées dans trois branches principales : les industries chimiques et para chimiques (32 %), lesindustries agro- alimentaires (26 %), et les industries textiles et cuir (24 %).Industries mécaniques et métallurgiques 15%. Industries électriques et électroniques 3% En termes de valeur ajoutée, on retrouve quasiment la même concentration: les industries chimiques et para chimiques (33 %), les industries agro-alimentaires (28 %), et les industries textiles et cuir (20 %), Industries mécaniques et métallurgiques 15% Industries électriques et électroniques 4%. Par contre, en terme d’emplois, les industries textiles et cuir viennent en premier (35 %), suivies des industries chimiques et para chimiques (26 %), et des industries agroalimentaires (24 %). En terme d’exportations, les industries textiles et cuir viennent également en tête (45 %), suivies, cette fois-ci, des industries agro- alimentaires (39 %), et des industries chimiques et para chimiques (10 %) 1.3. Les caractéristiques des PME au Maroc La visibilité sur le comportement de la PME au Maroc est, aujourd’hui, très limitée en raison de la faiblesse du dispositif statistique actuel et poids important de l’économie informelle. L’étude de la P.M.E au Maroc dégage deux grandes caractéristiques : une prépondérance des activités tertiaires et une forte concentration géographique. 1.3.1. La domination des activités de service
  • 4. Volume II N° 8 A1V2N8A2020 Revue de l’Entrepreneuriat et de l’Innovation 4 Le secteur du commerce qui compte 888.000 emplois (hors informel) est constitué dans presque son intégralité de PME. Dans le secteur des services, et tout d'abord dans le tourisme qui compte près de 600.000 emplois, la PME constitue un outil privilégié dans la promotion de l'hôtellerie, de la restauration et des agences de voyages. En termes de nombre d'entreprises, le tissu des PME est composé notamment par les activités de commerce (30%) et des activités de services (40%).2 Le secteur du commerce est l’un des piliers de l’économie marocaine. Ses principaux indicateurs3 sont : - Valeur ajoutée du commerce 63,2milliards DH; - 11% du PIB national ; - 1.233.000 emplois, soit 12,4% de la population active ; - Croissance du secteur à 6% annuellement. 1.3.2. La répartition géographique inégale Dominé, désarticulé et appauvri à l’extrême, le Maroc a hérité d’une économie et d’une société duales marquée par la désarticulation complète des structures, la déconnexion parfaite entre le moderne et le traditionnel, l’utile et l’inutile,…etc. Ce legs historique est si lourd qu’aucune politique régionale et d’aménagement du territoire n’a pu éradiquer ou au moins minimiser les disparités socio-économiques et spatiales flagrantes. L’examen de la répartition des PME par région reflète cette situation en dégageant une très forte concentration des PME dans les régions du Centre. De même la répartition régionale des créations des personnes morales immatriculées au registre du commerce confirme la concentration des sociétés commerciales dans la région du Grand Casablanca qui représente 33% de l’ensemble des immatriculations 2 Office Marocain de la Propriété Industrielle et Commerciale, Rapport annuel 2007 3 Ministère de l’Industrie, du Commerce et des Nouvelles Technologies, avril 2008 2. Les contraintes de création et de démarrage Acteurs majeurs de l'économie marocaine, les PME souffrent de nombreuses difficultés qui handicapent leur mise à niveau. Ainsi, en avril 2004, d'après le président de la Fédération PME, sur les 70 000 PME affiliées à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), seulement 40 000 déposent un bilan auprès de l'administration fiscale et 1 500 remplissent les conditions nécessaires à un financement par les circuits bancaires classiques. Les problèmes de création et de démarrage sont liés soit à l’environnement soit de l’entrepreneur lui-même 2.1.Les contraintes liées à l’environnement Dans les faits, tous les entrepreneurs nouveaux éprouvent des difficultés à se retrouver dans toutes les démarches officielles et pour trouver des renseignements fiables. Ainsi, les problèmes de la phase de création subsistent pendant le démarrage, voire s’accroissent. Ces problèmes sont d’ordre financier, technique, administratif, commercial, humain et juridique. 2.1.1.Lescontraintes administratives Ces problèmes se traduisent par les défis et les complications coûteuses entraînées par la lenteur administrative. Ces problèmes affectent particulièrement les jeunes prometteurs dans leur décision de création d’un projet. Aux Etats Unis, affirme un jeune prometteur, il faut seulement huit jours pour créer une entreprise. Au Maroc, la lenteur administrative, les formalités d’enregistrement et les procédures des autorisations sont les gros problèmes à ce propos. Beaucoup d’entrepreneurs portent des idées de création des entreprises, mais une fois qu’ils
  • 5. Volume II N° 8 A1V2N8A2020 Revue de l’Entrepreneuriat et de l’Innovation 5 entament les premières procédures administratives, la lourdeur de celles-ci les décourage et certains s’expatrient à nouveau. A travers les entretiens, on remarque que: Plus de 60% de ces entrepreneurs attribuent un rôle négatif aux administrations publiques concernées pendant la phase de création. Ces administrations sont plutôt : les services administratives de formalités de création d’entreprises, les banques, la douane, les chambres de commerce et d’industrie, les municipalités…etc. Les entreprises créées rencontrent apparemment, de graves difficultés à confirmer leur démarrage. Ces difficultés subsistent voire s’aggravent tout le long de la période de démarrage. Les centres régionaux d’investissement vont pouvoir aider les entrepreneurs, à condition, selon les termes d’un d’entre eux, qu’ils mènent leur mission dans les bons sens4 : 2.1.2. Les contraintes financières Les prêts bancaires et les garanties exigées pour leur consentement constituent l’essentiel de ces problèmes. La majorité des dirigeants interviewés mettent ces problèmes en tête pendant la phase de création. En réalité, les montants insuffisants des prêts, ainsi que les garanties exigées par les banques découragent beaucoup d’entrepreneurs potentiels. La plupart se plaignent de l’attitude peu entrepreneuriale des banques qui n’accordent des prêts qu’assortis de garanties énormes. Tous les chefs d’entreprises se heurtent à la difficulté d’obtenir un capital suffisant à des conditions avantageuses pour démarrer une entreprise. Le manque de capitaux et surtout l’incapacité à financer des besoins accrus de trésorerie au cours de chaque phase d’expansion, fait aussi obstacle au développement de l’entrepreneuriat au Maroc. 4 Je pense dit-il, qu’il faut la création et le fonctionnement réel d’un centre dans lequel ils nous poursuivent dans nos projets dès la conception jusqu’à la réalisation ». 2.1.3. Les contraintescommerciales Outre les problèmes causés par l’étroitesse du marché interne et par les aléas de la conjoncture économique nationale liés aux années successives de sécheresse, les entrepreneurs trouvent d’autres problèmes commerciaux lors de la création de leur entreprise. Certains jeunes prometteurs ne font pas d’étude de marché avant la création. La prospection des clients et l’estimation du marché se font par l’observation et le flair du dirigeant. Leurs entreprises ne fabriquent souvent qu’un seul produit qui n’est pas nécessairement nouveau sur le marché intérieur. Quant aux problèmes relatifs aux aléas de la conjoncture, les problèmes de marché et de commercialisation, constituent l’essentiel des problèmes commerciaux. Selon P.Druker, le marché et les canaux de distribution sont plus importants que le produit : « un produit n’existe économiquement parlant qu’à l’intérieur d’un marché pour être acheté par les clients. Par contre, le marché et les canaux de distribution existent indépendamment de tout produit; ils sont primordiaux, le produit est secondaire »5 . Il faut noter que la qualité du produit a, elle aussi, une grande importance dans la réussite d’une entreprise sur un marché donné : le bon produit crée son propre marché et assure le démarrage de l’entreprise naissante. Au Maroc le faible pouvoir d’achat, l’étude de marché incomplète et l’absence des actions commerciales constituent, selon les personnes interrogées, l’origine de problèmes commerciaux pour une entreprise, L’entreprise naissante affronte des risques qui découlent d’une méconnaissance du marché par son dirigeant. C’est la négligence de cet aspect cité pendant la phase de création qui oblige son 5 Peter Drucker: bien connaitre votre affaire et réussir, les éditions d’organisation, Paris 1970, pp:39-40
  • 6. Volume II N° 8 A1V2N8A2020 Revue de l’Entrepreneuriat et de l’Innovation 6 dirigeant à entreprendre des efforts intensifs dans ce domaine pendant la phase de démarrage. Les études de marketing sont rarement effectuées par ces entrepreneurs, leur intuition et leurs relations personnelles sont les moyens les plus sûrs de prospecter les clients. 2.1.4. Les contrainteshumaines et sociales Ceux-ci sont relatifs à l’absentéisme, à la qualification, à l’insuffisance de rendement, et à l’adhésion du personnel. Ces problèmes proviennent du retard des conditions de travail dans beaucoup d’entreprises, notamment les salaires et les avantages sociaux. Les salaires donnés par une grande entreprise peuvent être deux fois supérieurs par rapport à ceux donnés par certaines entreprises de taille petite ou moyenne, et pour le même poste. Il est constaté aussi que certains entrepreneurs créent leur entreprise au Maroc grâce à l’existence d’une main d’œuvre bon marché. Ce qui est vulnérable. Les entrepreneurs accordent une place aussi importante à la non disponibilité de main d’œuvre qualifiée, d’autres accordent à l’insuffisance de rendement une place assez importante Par ailleurs, à côté des problèmes sociaux, les infrastructures et les services collectifs sont chers pour certains. Ce problème n’était pas souvent évoqué par les dirigeants. Pourtant, certains voient cher le prix de l’électricité consommée dans les entreprises. Il propose de réduire les taux de charges sur l’entreprise (eau, électricité, téléphone…), certains d’autres se plaignent de prix cher de loyer des terrains ou bâtiments industriels. 2.2. Les contraintesémanant de l’entrepreneur Ces problèmes de création et de démarrage liés à la personnalité des entrepreneurs peuvent essentiellement être : - le profil et la formation de l’entrepreneur - le comportement de l’entrepreneur 2.2.1.Le profil et la formation de l’entrepreneur Certains entrepreneurs se décident de créer des entreprises parce qu’ils ont des capitaux à investir, d’autres deviennent créateurs par succession à leurs pères. Dans ces deux cas, il est difficile de dire qu’ils ont un esprit d’entreprise ou le goût de risque. Concernant la formation reçue par les entrepreneurs, nous avons déjà précisé qu’elle n’était que rarement dans le domaine de la gestion de PME. De côte de leur expérience avant la création, elle n’était pas industrielle pour la grande majorité des créateurs. Il n’est pas alors étonnant qu’ils créent des entreprises non innovatrices ou non industrielles. Or les solides fondations sur les quelles un entrepreneur peut créer une entreprise viable sont le savoir-faire, la compétence personnelle et les connaissances que le créateur a su acquérir au cours de sa vie scolaire professionnelle et personnelle. 2.2.2.Le comportement de l’entrepreneur Nous avons dit dans le précédent point que la plupart des entrepreneurs interviewés ont créé des entreprises dont la forme juridique s’insère dans la société de personnes. Cela veut dire qu’une seule personne se charge souvent de tout le travail préparatoire avant le démarrage de l’entreprise.
  • 7. Volume II N° 8 A1V2N8A2020 Revue de l’Entrepreneuriat et de l’Innovation 7 Si le créateur est un gestionnaire, il ne s’intéresse à se faire aider par un technicien qu’à partir le démarrage de l’entreprise. Ce comportement des créateurs ne va pas sans effets négatifs sur l’activité de l’entreprise. En effet, les erreurs liées à l’imprévoyance des créateurs leur causent plusieurs inconvénients ultérieurement. Selon un interviewé6 . 3. Conclusions et recommandations pour la promotion de l’entrepreneuriat au Maroc Ce survol de la problématique de la PME au Maroc, accompagné de l’étude de quelques entrepreneurs/promoteurs, permet dans un premier temps, de soumettre au débat les propositions suivantes : 3.1. Au niveau central 3.1.1. La mise en place d’un dispositif informationnel L’importance du dispositif informationnel pour la visibilité et le suivi du comportement économique la PME et son caractère fédérateur entre les différents intervenants. Il s’agit d’un réseau informationnel développé autour de l’Internet pour informer et orienter la PME vers les solutions aux problèmes qu’elle confronte quotidiennement. Ce projet constitue, avec la simplification des procédures, un axe majeur de la modernisation du Ministère de l’Economie et des Finances. 3.1.2. La création d’une instance de coordination entre les organismes gouvernementaux concernés par la PME Le regroupement des Département de l'Industrie, du commerce, de service et de l'Artisanat au sein du Ministère de l'Economie 6 « Moi je travaille seul, j’aimerai avoir quelqu’un qui m’aidera mais je n’ai confiance en personne, c’est pourquoi je navigue seul car c’est mieux d’être seul que d’être mal accompagné». et des Finances pour assure la synergie politique et la garantie la coordination pour l’élaboration et la mise en œuvre d’une politique cohérente de la PME A cet égard, un Secrétariat d’Etat à la PME devra être institué au sein du Ministère de l’Economie et des Finances. Cette instance peut agir de concert aussi bien avec les Directions opérationnelles des Finances (impôts, douanes, comptabilité publique) qu’avec des Directions de conception (Direction de la Prévision, de statistique), ou autres Directions du Ministère (concurrence et consommation, répression des fraudes, relations économiques extérieures). 3.1.3. L’aide de l’Etat en matière de formation, d’assistance et de financement L’intervention de l’Etat sous forme d’aide budgétaire en matière de formation, d’assistance technique, de recherche- développement et d’innovation technologique, d’introduction des technologies de l’information, plutôt que par l’octroi d’aides fiscales contraires aux accords Européens. Il s’agit principalement de :  Aides au développement dans le cadre de contrat plan Etat- Régions. Actions mises en œuvre par les Directions Régionales de l'Industrie et financées par: - Fonds de développement des PMI. - Fonds régionaux d'aides et de conseil  Mise en place et généralisation de la procédure ATOUT qui vise à l'accélération de l'acquisition des technologies nouvelles (informatique et microélectronique) par les PMI à travers la prise en charge par l’Etat de 60% des frais de l’étude de faisabilité, et de l’octroi d’une avance remboursable allant jusqu’à 50% du coût des réalisations.  Favoriser la modernisation des PME, en s'appuyant sur les réseaux locaux d'aide à la création, en facilitant les créations innovantes qui permettent la production et la commercialisation de nouveaux produits en faisant appel aux nouvelles technologies
  • 8. Volume II N° 8 A1V2N8A2020 Revue de l’Entrepreneuriat et de l’Innovation 8  Simplifier les démarches administratives des régimes fiscaux et sociaux  L'aide au recrutement pour l'innovation (prise en charge de 50% des charges de salaires, d’amortissement d’équipements, et de formation de cadres affectés à la recherche),  L'aide au transfert de technologie entre Grandes Ecoles et PME (subvention ou avance remboursable sans intérêt en cas de succès).  l'accord de subvention pour la partie "recherche" à l’amont et les avances remboursables pour la partie "développement" permettant aux PME de participer aux programmes et aux projets stratégiques nationaux et européens et de favoriser le partenariat entre PME et grandes entreprises.  Mise en place d'une politique de bonification d'intérêt et de prêts à taux préférentiels.  Création d'un fonds de garantie doté par l'Etat et géré par une société de financement des PME pour encourager les banques à prendre plus de risque grâce au système de partage de risque offert par ce fonds. 3.1.4. Le système d’accompagnement sur le terrain L’accompagnement sur le terrain de la PME à travers l’ensemble des réseaux locaux (industrie, activités artisanales, chambres de métiers, comptabilité publique, impôts, douanes, concurrence et consommation, relations économiques extérieures, recherche scientifique, protection de l’environnement). Ces réseaux locaux étant fédérés au niveau central par une même instance gouvernementale. 3.1.5. Le renforcement de rôle de l’ANPME Renforcement du rôle de l'Agence Nationale pour la promotion des PME (ANPME) dont l'attribution est de soutenir financièrement les PME dans leurs recours aux consultants spécialisés et des prestations de services en phase de création (étude de marché, de faisabilité, design, conseils financiers, juridiques, fiscaux) 3.1.6. Les mesures de simplifications administratives  Réductiondu délai d'immatriculation des entreprises au registre du commerce et des sociétés  Renforcement du rôle d'échange d'information confié aux centres de formalités des entreprises 3.2. Au niveau local  Rôle essentiel des Préfets en matière d'action économique, assurant la coordination entre les services de l'Etat, les collectivités locales, les établissements publics, les organismes privés et des services déconcentrés du MEF  Rôle important des Institutions régionales (la chambre de commerce, d’industrie et de service ; la délégation de ministère de commerce et d’industrie, le centre régional d’investissement, l’ANAPEC)  Création d'une entité d'études statistiques et économiques au niveau local  Instauration de fichier industriel, du répertoire des chambres de métiers, du fichier fiscal, des fichiers de la Banque AL MAGHREB.  Réalisation d'enquêtes annuelles sur l'ensemble du tissu productif et d'enquêtes spécifiques PME.  Harmonisation des délais des obligations déclaratives liées à la création ou la cessation d'activité  Fixation d'une date unique pour plusieurs déclarations fiscales  Assouplissement du choix du régime d'imposition  Facilitation du choix du régime de déclaration de la TVA
  • 9. Volume II N° 8 A1V2N8A2020 Revue de l’Entrepreneuriat et de l’Innovation 9  Suppression de l'obligation de déclaration de régularisation de la TVA en cas de transfert du lieu d'imposition  Possibilité de dépôt des déclarations de contrat de prêt avec déclaration de revenus ou de résultats, en l'absence d'intermédiaire  Allégement de la procédure d'accès aux marchés public  Relèvement du seuil de recouvrement des créances dont la perception incombe aux comptables publics  Relèvement du seuil d'application du régime fiscal des micro- entreprises. Conclusion Les PME, qui occupent de plus en plus une place prépondérante dans le tissu économique présentent de précieuses caractéristiques telles que flexibilité, réactivité, esprit d’innovation, sens du service et du contact humain… Autant d’atouts pour grandir. Au Maroc, la plus grande part du défi à relever réside dans la promotion: développer les PME existantes et inciter l’émergence de l’esprit d’entreprise. C’est pourquoi il importe d’accorder une attention particulière aux facteurs clés de succès de l’entrepreneur. Le démantèlement tarifaire, outre son impact direct sur la diminution les recettes de l’Etat, fragilisera la protection de l’entreprise marocaine dont la mise à niveau devient de ce fait impérative. Cependant « des sources officielles expliquent la mise sous le code de cette charte PME par le fait que le contenu, c’est à dire les réformes qu’elle prévoit, est en quelque sorte prématuré pour le rapport à la réalité sur le terrain » L’urgence aujourd’hui consiste d’abord à mettre à niveau les entreprises ayant de songer à créer des structures d’accompagnement. Cette idée, on la retrouve d’ailleurs dans le préambule de la charte. On peut dire en effet que, pour la réussite de cette action, les PME sont tenues, entres autres, de fournir un effort important en matière de formation, d’amélioration de l’encadrement, de développement des ressources humaines et de la promotion de la qualité. Références bibliographies [1] BOUZID. A (1997), « PME et stratégie du développement au Maroc » éditions Toubkal. [2] DRUKER. P (1990) « bien connaitre votre affaire et réussir », les éditions d’oganisation, Paris. [3] ROCHDANE. H et AYEGOU. J (Mai 2009) « PME marocaines face à la mondialisation : quelles opportunités du système de franchise ? » Colloque international « la vulnérabilité des TPE et des PME dans un environnement mondialisé » 11es Journées scientifiques du Réseau Entrepreneuriat, 27, 28 et 29 mai 2009, INRPME, Trois-Rivières, Canada [4] Ministère de l’Industrie, du Commerce et des nouvelles technologies (2008) Revue du Commerce et d’Industrie, n° 12, 2e trimestre, p. 23. [5] Ministère de l’Économie et des Finances − Direction de la Politique économique générale (2000), « Les PME au Maroc : éclairage et propositions», Document de Travail n° 50, p. 3, mars,. [6] Ministère de l’Industrie, du Commerce et des Nouvelles Technologies (2008), RAWAJ, Plan d’Action 2008 -2012. [7] Office Marocain de la Propriété Industrielle et Commerciale, Rapport annuel 2007. [8] Ministère de l’Industrie, du Commerce et des Nouvelles Technologies, Avril 2008.