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Laissez voler les Abeilles de mer !
PHOTO:PHILIPPLISSON
Mars 1978… tempête en mer
d’Iroise… Qui pourrait oublier
en Bretagne ces images au large
d’Ouessant d’un supertanker
fracassé sur les roches de Portsall ?
Cassée en deux par la violence
inouïe des éléments, l’épave
lugubre de l’Amoco Cadiz laissait
alors s’échapper de ses soutes plus
de 220 000 tonnes de brut...
Le souvenir de la plus affreuse
des marées noires hante toujours
la mémoire de l’Armor.
Dès juillet de cette année-là, pour
prévenir une nouvelle catastrophe,
la Marine nationale décide
d’affréter à Brest un puissant
remorqueur de haute mer
auprès de la société Les Abeilles
internationales, un armement
spécialiste du sauvetage. L’Abeille
Flandre, sous l’autorité du préfet
maritime, est aussitôt affecté
à la surveillance exclusive du trafic
dans le rail de Ouessant. L’entrée
de la Manche est la voie maritime
la plus fréquentée au monde.
En alerte permanente, 24 heures
sur 24, par tous les temps – surtout
les pires – ce remorqueur, s’est
ainsi tenu prêt pendant 26 ans
à appareiller sous vingt minutes.
Ce saint-bernard de l’océan
a ainsi monté une garde fidèle
avant d’être relevé en 2005 par
l’Abeille Bourbon (image ci-contre).
Aujourd’hui, le contrat
d’affrètement avec la Marine
nationale et l’État pour
la fourniture d’un service
de remorquage de haute mer
arrive à échéance. Avec le temps,
les Abeilles ont accumulé un
extraordinaire savoir-faire dans
le domaine de la protection du
littoral et de la lutte anti-pollution.
Pour cette très belle entreprise
française épaulée par le groupe
Bourbon Off Shore, l’appel d’offre
qui se profile est vital. Pour
les Français aussi pour qui
les Abeilles des mers doivent
pouvoir poursuivre leur mission de
sauvegarde des côtes mais aussi
des navires et de leur équipage.
Jean-Stéphane BETTON
parvenir, en catastrophe, à jeter
l’ancre dans une zone située à 15
nautiques de la côte.L’Abeille Li-
berté, en alerte météo sur le coffre
de Grande Rade de Cherbourg
suit la situation grâce aux éléments
transmis par le Cross. Compte
tenu de l’aggravation prévisible
des conditions sur zone, le Com-
mandement opérationnel de la
Marine de la préfecture maritime
de la Manche décide de faire ap-
pareiller l’Abeille.Le remorqueur
fait route vers le Havre dans la
nuit du 1er
au 2 mars.
UN ENCHAÎNEMENT
D’AVARIES
Le Cross Jobourg mène les in-
terrogatoires mais le contactVHF
est laborieux. Le navire semble
vouloir gagner du temps et ne
donne pas d’informations claires.
Le commandant répond difficile-
ment aux questions.Il semble être
seul et dépassé par la situation.
Une Équipe d’évaluation (EEI) –
Centre de sécurité des navires,
Marine nationale, Pilote, Port du
Havre –,est planifiée dans l’après-
midi pour une mise à bord par hé-
litreuillage pour évaluer les possi-
bilitésderedémarrageetderetour
éventuel au Havre.Le passage du
front vers 13 h 00 s’accompagne
d’un grain très puissant à 45
nœuds3
. Le navire, sur ancre et 6
maillons (presque 180 mètres de
chaine),se met à chasser à plus de
trois nœuds et sort de sa zone de
mouillage.
Après avoir réussi à ralentir sa
dérive en filant in extremis deux
maillons supplémentaires sur sa
ligne, il se retrouve cette fois to-
talement privé d’énergie.Le com-
mandant se retrouve sans aucune
autonomie de décision ni aucune
synergie avec ses principaux offi-
ciers. Le chef mécanicien ne sem-
ble pas non plus pouvoir compter
sur l’aide de ses officiers pour faire
face à tant de dysfonctionnements.
La résignation face à l’enchaîne-
ment de ces faits graves semble
surréaliste. Compte tenu de l’ag-
gravation des conditions météo
dans la fin de l’après-midi et du-
rant la nuit,un échouement sur la
côte nord du Havre est assuré si
rien n’est tenté.
Après avoir déposé l’EEI,l’hé-
licoptère de la Marine nationale
– un EC 225 de la 32F de Lanvéoc
détaché à Maupertus, hélitreuille
le second capitaine de l’Abeille à
bord du porte-conteneurs afin de
préparer et de diriger la prise de
remorque qui s’annonce difficile.
TOUTE LA PUISSANCE
DES 22 000 CV
La préparation de ce type d’ac-
tion est primordiale. À cet effet,
un «déroulé» est fait sur le pont
avec le bosco, juste avant le
treuillage,en tenant compte de la
position prévisionnelle de l’Abeille
sous l’étrave du navire. Le pre-
mier tir 4
depuis l’Abeille permet
aussitôt le hissage à la main du
fouet5
,de la vérine6
puis du hâle7
de 70 mètres par le chaumard8
central. Les deux hâles une fois
connectés,la position devient très
difficile à tenir face au vent, à
proximité immédiate de la ligne
de mouillage du navire.Il faut uti-
liser toute la puissance des quatre
moteurs et des propulseurs, soit
près de 22 000 CV, pour manœu-
vrer si près – quelques mètres seu-
lement –, de l’étrave de ce grand
navire.
«L’EC225
se présente face
au vent pour
hélitreuiller le
second capitaine
depuis la plage
arrière.»
43
MARINE&OCÉANS N° 251 - AVRIL-MAI-JUIN 2016
Remorquage
à haut risque
L
e porte-conteneurs de 300
mètres de long,d’une capacité
de 4 400 EVP1
, quitte le port
du Havre, sans fret, en début de
soirée,le 1er
mars 2016.Armé par
un commandant roumain et 22
marins indiens,ce navire de 25 ans,
sous pavillon libérien, a été ré-
cemment vendu, faute d’affrète-
ment. Le nouvel armateur a donc
fait constituer un équipage pour
le prendre en charge à quai, au
Havre, quelques semaines avant
de partir rejoindre une zone de
mouillage en Grèce puis l’Inde,sa
dernière escale2
.
Peu de temps après avoir fran-
chi les digues,Le navire subit son
premier black-out mais il réussit
à remettre en route. Au nord du
chenal, il se retrouve de nouveau
totalement privé d’énergie.Il frôle
un grave accident en dérivant sur
un tanker au mouillage avant de
PHOTO:ABEILLELIBERTÉ
Mars 2016, un porte-conteneurs battant pavillon libérien se retrouve en avarie
au large du Havre. L’échouement est imminent. Mais l’Abeille Liberté veille. Récit.
42
MARINE&OCÉANS N° 251 - AVRIL-MAI-JUIN 2016
Par CYRILLE PILLET
Second capitaine de l’Abeille Liberté
REMORQUAGE ET SAUVETAGE RÉCITS
PHOTO:ABEILLELIBERTÉ
>>
31 décembre 2015, 9 h 30 Au mouil-
lage au Stiff, à Ouessant, l’Abeille Bour-
bonappareillepourrallierleKoningsborg,
un cargo finlandais en avarie de propul-
sion, transportant des madriers de bois.
La pontée1
a presque entièrement ripé.
Il est 11 h 30,dans la voie de navigation
côtière du Dispositif de Séparation du
Trafic (DST) :la mise en demeure émise
par le préfet maritime de l’Atlantique
expire.En vue du passage de remorque,
demande est faite au commandant du
navire d’envoyer son équipage sur la
plage avant. Celui-ci refuse à cause du
danger et de l’inaccessibilité au gaillard2
.
Le bois restant en pontée en bloque l’ac-
cès et menace de partir à la mer. Le se-
cond capitaine et le maître machine de
l’Abeille sont alors envoyés sur le cargo
par MOB-Boat pour effectuer le pas-
sage de remorque. L’embarcation est
mise à l’eau à 12 h 18 par 40 nœuds de
vent de Sud-Ouest. La montée à bord
est loin d’être aisée avec cinq mètres de
creux sous le vent du navire.Après plu-
sieurs tentatives,le binôme est à bord.Il
commence à progresser vers le gaillard
par la passavant3
tribord, le cargo pre-
nant trop de gîte (25° bord sur bord) pour
s’aventurer sur les panneaux de cale.Il est
alors obligé de ramper sous une palan-
quée de bois restée en équilibre sur la
lisse tribord puis d’escalader le panneau
de cale n°1 pour enfin traverser le plus
vite possible le bois en vrac qui menace
à tout moment de tomber à l’eau.Le bi-
nôme arrive finalement sur le gaillard.
Le MOB, resté en standby en cas de
chute à la mer, est remonté à bord de
l’Abeille. Un seul Tir PLT4
à 12 h 43 et
la pantoire5
est capelée à 12 h 50. Le
convoi fait route par un vent de sud-ouest
ayant fraichi à 45 nœuds,avec rafales à 50
nœuds6
,et par 6 à 7 mètres de creux.En
fin d’après-midi, la pantoire casse et le
cargo commence à dériver très rapide-
ment vers la chaussée des Pierres Noires.
Nouveau tir PLT à 17 h 04, pantoire ca-
pelée à 17 h 07 et l’Abeille commence à
tirer à 1,5 milles nautiques des premières
roches.20 h 00 :la pantoire est larguée.Le
Koningsborg est pris en charge en grande
rade de Brest par les remorqueurs por-
tuaires. Le binôme d’intervention une
fois récupéré,l’Abeille Bourbon fait aus-
sitôt route pour rallier le Stiff et y re-
prendre le standby météo. ■
45
MARINE&OCÉANS N° 251 - AVRIL-MAI-JUIN 2016
Par mauvais temps, les mouve-
ments de plate-forme et les creux
rendent difficiles le bon position-
nement du va et vient9
sur le na-
vire. Il faut alors profiter d’une re-
lative baisse de tension et d’un
retour de la pantoire10
vers le
chaumard central du porte- conte-
neurs pour capeler l’œil et aussitôt
le sécuriser avec une aussière.
Quarante-deux minutes sont
nécessaires pour connecter la
remorque par va et vient.
Le second capitaine présent à
bord découvre alors que le navire
n’avait pu filer deux maillons sup-
plémentaires que parce qu’il avait
retrouvé temporairement de
l’énergie. Un examen visuel du
stoppeur de chaîne révèle rapide-
ment que celui-ci est impossible à
dégager.
La tension très importante exer-
cée par le rappel de la chaîne in-
terdit en fait toute solution de lar-
gage de la ligne de mouillage
bâbord : il faut couper la chaine
de mouillage !
DÉCOUPAGE
AU CHALUMEAU
En 15 minutes, au moyen d’un
oxycoupeur et après quelques ef-
forts de traction, celle-ci est libé-
rée. Elle file par 27 mètres de fond
laissant le navire totalement dé-
pendant de l’Abeille. Le second
capitaine de l’Abeille découvre
alors que tout le système hydrau-
lique de mouillage tribord est hors
de service. Le navire n’est tout
simplementpluscapabledemouil-
ler ! Nous avons parfaitement
confiance dans la solidité du grée-
ment de remorque mais des ins-
pections régulières permettent
tout de même de s’en assurer.
Les conditions météo n’étant
pas favorables à une mise à quai
durant la soirée, l’Abeille main-
tient le navire sous remorque jus-
qu’au lendemain avant d’entrer
dans le port du Havre, accompa-
gné par des remorqueurs por-
tuaires. Ceux-ci sont nécessaires
pour faire évoluer et ralentir le
porte-conteneurs avant sa mise à
quai.«Déconnectée» dans le bas-
sin René Coty,l’Abeille fait aussi-
tôt route vers Cherbourg pour re-
prendre la station de sauvetage.
Lors de cette intervention,l’ex-
cellente coopération des acteurs
agissant pour le compte de l’État
a empêché un accident maritime
majeur.
Depuis près de quarante ans,la
société «lesAbeilles» engage ses
équipages dans des opérations
complexes et parfois dangereuses
mais l’expérience collective accu-
mulée et la totale confiance dans
nos moyens de sauvetage per-
mettent toujours de trouver les so-
lutions les plus adaptées. ■
«Après
la connexion
des deux hâles,
la position
devient difficile
à tenir face
au vent
à proximité
immédiate de la
ligne de mouillage
du navire.»
REMORQUAGE ET SAUVETAGE RÉCITS
44
MARINE&OCÉANS N° 251 - AVRIL-MAI-JUIN 2016
Les «carnets d’hiver»
de l’Abeille Bourbon
Ces trois récits, drastiquement sélectionnés faute d’espaces dans ces pages, ne
restituent qu’une petite partie des interventions et exercices réalisés, l’hiver
dernier, par l’Abeille Bourbon.
Par ADRIEN FELTZ
Second capitaine de l’Abeille Bourbon
Parcours du combattant à bord du Koningsborg
1. Marchandise transportée sur le pont d’un navire.
2.Pontsurélevéàl’avantdunavirepossédantlesdis-
positifsdemouillaged’ancresetdemanœuvrespour
l’amarrage.
3. Passerelle de tout navire permettant de rejoindre
l’avant ou l’arrière.
4.Fusillance-amarrespneumatiques(cartouchesde
CO2).
5.Câbledeplusfaiblediamètreetdechargederup-
ture moindre que le câble de remorque principal et
quisertdefusibledurantl’opérationderemorquage.
6.Force10.Ventdontlavitesseestcompriseentre80
et 90 km/h.
PHOTO:ABEILLELIBERTÉ
PHOTOS:ABEILLEBOURBON
1. Équivalent vingt pieds.
2. Pays identifié pour la déconstruction de navires.
3.Force 9.Vent dont la vitesse est comprise entre 75 et 88 km/h.
4.LaroquetteenvoyéeparuntirPLT–fusillance-amarrespneumatiques(cartouchesdeCO2)–-,estamarréeàlagar-
cette(oufouet),cettedernièreétantamarréeàlavérine,elle-mêmeamarréeauhâlequiestluiamarréàlapantoire:cela
va ainsi en ordre croissant. La pantoire est ensuite connectée sur une bitte du navire et de l’autre côté, au câble de re-
morque de l’Abeille.
5. Fouet ou garcette :fin cordage (5 à 6 mm de diamètre) servant à hisser la vérine (lire ci-dessous la note 6) qui elle-
même sert à hisser le hâle,puis la pantoire (lire ci-dessous) à bord du navire assisté.
6.Lavérine:cordagede12ou24mmdediamètreservantàhisserlehâleàborddunavireassisté.Lavérineestconnec-
tée à la garcette (ou fouet) d’un coté et au hâle de l’autre.
7.Lehâleestuncordagede40à60mmdediamètregénéralementenpolypropylène,servantàhisserlapantoireàbord
du navire assisté.
8. Le chaumard est une ouverture pratiquée dans le pavois – bord du navire –,pour y passer les amarres.Chaque na-
vireenpossèdeplusieursàl’avantetàl’arrière.Safonctionestdeguideruneamarreàsonentréesurlebateau.Lapièce
en métal peut être munie ou non de rouleaux simples ou multiples.
9.Pourcetteopération,l’AbeilleLibertéaétabliunva-et-vient:deuxhâlesontétéhissésàbord,l’unpassantparlechau-
mard central et l’autre par un des chaumards latéraux,puis connectés ensemble.C’est la technique habituelle lorsque le
navire assisté n’a pas d’énergie :le hâle principal hisse la pantoire à bord lorsque l’on tire sur le hâle retour au moyen
d’un des cabestans arrière de l’Abeille.
10.La pantoire :câble de 38 mm à 72 mm de diamètre qui sert de fusible.La pantoire est capelée sur une bitte du na-
vire, et connectée de l’autre côté au câble de remorque principal de l’Abeille au moyen d’une grosse manille.
>>
«La montée à bord
du Koningsborg a été loin
d’être aisée avec cinq mètres
de creux sous le vent du navire
dont la pontée – la cargaison –,
a entièrement ripé.»
■ Que représente aujourd’hui la so-
ciété Les Abeilles ?
LesAbeilles est une société d’as-
sistance et de sauvetage apparte-
nant au groupe Bourbon Offshore.
S’appuyant sur le savoir-faire de
plus de cent trente collaborateurs,
Les Abeilles assurent depuis près
de quarante ans la protection du lit-
toral français.Nous armons en per-
manence quatre remorqueurs d’as-
sistance et un BSAD, navire poly-
valent associé à la protection du
littoral et plus particulièrement
adapté à la lutte anti-pollution.
Cet hiver, nous sommes intervenus sur dix remorquages-
assistances et autant d’escortes, parfois musclées, sur des na-
vires en difficulté. Depuis 1978, nous pouvons estimer que
plus de quinze catastrophes de l’ampleur de celle de l’Amoco
Cadiz ont été évitées.
■ Quels types de prestations proposez-vous ?
Les Abeilles interviennent sur des opérations de remor-
quage en haute-mer, de lutte contre la pollution par hydro-
carbures, de renflouement et de déséchouement.L’assistance
et le sauvetage adaptés à la protection du littoral français né-
cessitent une organisation basée sur la rapidité d’intervention
afin de limiter au maximum tout risque de pollution. Cette
polyvalence d’activité assurée par les cinq navires de notre
flotte nous permet d’avoir des équipages hautement qualifiés
et entraînés.
■ Comment fonctionnez-vous avec la Marine nationale ?
La Marine nationale est notre client historique. Sous l’au-
torité permanente du préfet maritime,les remorqueurs d’as-
sistance des Abeilles sont en mesure d’intervenir 24 h/24 en
maintenant, en permanence, un délai maximal de quarante
minutes pour appareiller et ce, dans les pires conditions mé-
téorologiques. D’autre part,l’organisation de notre compagnie
permet jour et nuit de mobiliser en quelques heures ses équipes
opérationnelles et le matériel de sau-
vetage adapté à l’intervention en
cours. Nous recherchons sans cesse
à améliorer notre prestation afin de
répondre au plus près aux attentes
de notre client,la Marine nationale.
Ce véritable partenariat nous per-
met d’être très réactifs.Subsidiaire-
ment, nous pouvons traiter, après
accord du préfet maritime, des na-
vires en avarie qui en expriment la
demande,sans qu’ils constituent un
danger grave et éminent pour les
côtes françaises.
■ Le contrat pour la fourniture d’un service de remorquage de
haute-mer destiné à la protection du littoral français doit être
renouvelé prochainement. Quel en est l’agenda ?
Il m’est très difficile de répondre avec précision à cette ques-
tion car ce planning ne nous incombe pas et nous nous plie-
rons à celui proposé.Mais les échéances sont très courtes et le
travail entre chaque étape considérable.Le grand public voit
toujours notre prestation de remorquage suite aux nombreuses
images de nos navires dans le mauvais temps. Ce cliché nous
a poursuivi depuis l’ouvrage et le film Remorque avec Jean
Gabin.La réalité dépasse largement cette prestation.En effet,
le souci permanent d’offrir aux régions la meilleure protec-
tion du littoral nous a amenés depuis plus de vingt ans à créer
une structure d’intervention capable d’intervenir dans un dé-
lai extrêmement court.
Celle-ci comprend des salvages masters, des salvages offi-
cers et du personnel parfaitement rompu aux techniques d’as-
sistance ayant de longues années d’expériences en sauvetage
et une parfaite maîtrise de la lutte antipollution.Nos services,
technique et commercial, peuvent mobiliser rapidement des
architectes navals, des plongeurs, des spécialistes de produits
polluants,des chimistes ainsi que tous types de matériels adap-
tés aux opérations en cours :barges,bigues,barrages,pompes,
compresseurs, pétroliers-allégeurs, matériels de travaux pu-
blics pour les navires échoués… Devant la complexité de toutes
47
MARINE&OCÉANS N° 251 - AVRIL-MAI-JUIN 2016
Début mars 2016 Exercice de re-
morquage du porte-conteneurs Emma
Maersk,organisé et piloté par la préfec-
ture maritime de l’Atlantique avec la co-
opération de l’armement Danois AP
Moller-Maersk.
La législation internationale n’impo-
sant qu’aux navires citernes d’être équi-
pés de dispositifs de remorquage d’ur-
gence, la problématique est, ce jour-là,
de valider le remorquage d’un navire de
ce type disposant uniquement d’un bol-
lard principal1
supportant 80 tonnes de
charge. Le passage de remorque est ef-
fectué à 12 h 50. Deux Salvage Officers
desAbeilles se trouvent à bord du mas-
todonte de 396 mètres pour assurer la
manœuvre sur la plage avant. Par 30
nœuds de vent d’ouest et une mer agi-
tée, l’AbeilleBourbon remorquelenavire
– figurant parmi les plus grands porte-
conteneurs du monde – à 5,5 nœuds avec
800 mètres de remorque filée et 80
tonnes de tension appliquées. ■
REMORQUAGE ET SAUVETAGE RÉCITS
46
MARINE&OCÉANS N° 251 - AVRIL-MAI-JUIN 2016
«Bourbon Offshore est
prêt à investir dans de nouveaux
remorqueurs d’intervention,
d’assistance et de sauvetage»
Entretien avec PASCAL POTREL
Directeur général de la société de remorquage Les Abeilles
L’un des plus gros
porte-conteneurs du monde…
La dernière intervention de l’hiver 2016
est la récupération de la vedette Jean-
Cam de la station SNSM de Molène qui
casse son mouillage durant la nuit du 8
au 9 mars. À la dérive, et apparemment
en bon état,elle est repérée dans le nord
de l’île de Sein, à 10 h 45, par un hélico-
ptère NH 90 de la base aéronavale de
Lanvéoc envoyé en reconnaissance.Mais
les très mauvaises conditions météoro-
logiques et les forts coefficients de marée
ne permettent pas à la vedette SNSM de
Ouessant,ni à celle du Conquet d’appa-
reiller pour aller la récupérer.Le Centre
opérationnel de la Marine (COM) dé-
cide donc d’envoyer l’Abeille Bourbon,
alors à la cape en standby météo dans le
Fromveur1
. Arrivée sur zone à 11 h 50,
par un vent de 50 nœuds largement éta-
bli avec une mer grosse de 8 mètres,deux
Salvage Officers sont transférés par
MOB-Boat à bord du canot pour vérifier
son état et son intégrité.Deux membres
de la station SNSM de Molène ont été
hélitreuillés par le NH90 à bord de
l’Abeille Bourbon.Ils sont ensuite trans-
férés par MOB-Boat sur la vedette,puis
feront finalement route sans problèmes
vers Brest pour une petite inspection de
coque… ■
Récupérer le Jean Cam
1. Bitte d’amarrage.
« Deux membres de la station
SNSM de Molène
préalablement hélitreuillés
par le NH90
de la Marine nationale
à bord de l’Abeille Bourbon,
sont ensuite transférés
par MOB-Boat (photo)
sur la vedette de la SNSM
retrouvée.» 1. Passage situé entre l’archipel de Molène et l’île
d’Ouessant, au nord de la mer d’Iroise, dans le
Finistère.
PHOTOS:ABEILLEBOURBON
PHOTO:ABEILLEBOURBON
PHOTO:DR
« Deux Salvage Officers des Abeilles se trouvent à bord
du mastodonte de 396 mètres pour assurer la manœuvre sur la plage avant.»
>>
ces opérations,la Marine nationale à mis en œuvre un certain
nombre de mesures permettant d’offrir aux régions du litto-
ral français une meilleure protection.
■ De quelle manière ?
En mettant à la disposition des préfets maritimes des contrats
de prestation de service à la place des contrats d’affrètement
élémentaires, initialement mis en œuvre après la catastrophe
de l’Amoco Cadiz en 1978. Ce type de prestation a, depuis
2002, prouvé son efficacité dans de nombreux sauvetages :
Rokia Delmas,Msc Napoli,TK Bremen,Artémis,Uranus pour
ne citer que les plus médiatiques d’entre eux.Ce nouveau type
d’appel d’offres à services en assistance et sauvetage dans le
cadre de la protection du littoral comprend,entre autres,quatre
grandes prestations : l’affrètement de remorqueurs spéciali-
sés conçus pour intervenir sur les navires de nouvelles géné-
rations (porte-conteneurs et paquebots) et capables de réali-
ser les opérations dans les pires conditions météorologiques ;
un service de conseil téléphonique 24 h/24 ;la mise à disposi-
tion de salvages masters et de salvages teams ;la mise à dispo-
sition d’un conseiller auprès du préfet maritime et de sa cel-
lule de crise.
■ Comment vous positionnez-vous sur ces prochains appels
d’offres et ceux-ci conditionnent-ils l’avenir des Abeilles ?
Les prochains appels d’offres sont vitaux pour LesAbeilles.
Mais nos atouts sont nombreux.Tous nos collaborateurs sont
compétents, passionnés et motivés par leur métier très spéci-
fique et souvent dangereux.Nous avons la chance d’être épau-
lés par un groupe comme Bourbon Offshore pour continuer
à être en permanence à la pointe dans cette activité si parti-
culière. Bourbon Offshore est par ailleurs prêt à investir dans
denouveauxremorqueursd’intervention,d’assistanceetdesau-
vetage (RIAS) afin d’offrir à la Marine et à l’État français la
meilleure qualité de service pour faire face aux nouvelles pro-
blématiques des navires géants de dernières générations. ■
48
MARINE&OCÉANS N° 251 - AVRIL-MAI-JUIN 2016
REMORQUAGE ET SAUVETAGE ENTRETIEN
« Depuis 1978,plus de quinze catastrophes
de l’ampleur de celle
de l’Amoco Cadiz ont été évitées. »
L’Abeille Bourbon au large de l’île d’Ouessant.
PHOTO:PHILIPPLISSON
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Les abeilles

  • 1. Laissez voler les Abeilles de mer ! PHOTO:PHILIPPLISSON Mars 1978… tempête en mer d’Iroise… Qui pourrait oublier en Bretagne ces images au large d’Ouessant d’un supertanker fracassé sur les roches de Portsall ? Cassée en deux par la violence inouïe des éléments, l’épave lugubre de l’Amoco Cadiz laissait alors s’échapper de ses soutes plus de 220 000 tonnes de brut... Le souvenir de la plus affreuse des marées noires hante toujours la mémoire de l’Armor. Dès juillet de cette année-là, pour prévenir une nouvelle catastrophe, la Marine nationale décide d’affréter à Brest un puissant remorqueur de haute mer auprès de la société Les Abeilles internationales, un armement spécialiste du sauvetage. L’Abeille Flandre, sous l’autorité du préfet maritime, est aussitôt affecté à la surveillance exclusive du trafic dans le rail de Ouessant. L’entrée de la Manche est la voie maritime la plus fréquentée au monde. En alerte permanente, 24 heures sur 24, par tous les temps – surtout les pires – ce remorqueur, s’est ainsi tenu prêt pendant 26 ans à appareiller sous vingt minutes. Ce saint-bernard de l’océan a ainsi monté une garde fidèle avant d’être relevé en 2005 par l’Abeille Bourbon (image ci-contre). Aujourd’hui, le contrat d’affrètement avec la Marine nationale et l’État pour la fourniture d’un service de remorquage de haute mer arrive à échéance. Avec le temps, les Abeilles ont accumulé un extraordinaire savoir-faire dans le domaine de la protection du littoral et de la lutte anti-pollution. Pour cette très belle entreprise française épaulée par le groupe Bourbon Off Shore, l’appel d’offre qui se profile est vital. Pour les Français aussi pour qui les Abeilles des mers doivent pouvoir poursuivre leur mission de sauvegarde des côtes mais aussi des navires et de leur équipage. Jean-Stéphane BETTON
  • 2. parvenir, en catastrophe, à jeter l’ancre dans une zone située à 15 nautiques de la côte.L’Abeille Li- berté, en alerte météo sur le coffre de Grande Rade de Cherbourg suit la situation grâce aux éléments transmis par le Cross. Compte tenu de l’aggravation prévisible des conditions sur zone, le Com- mandement opérationnel de la Marine de la préfecture maritime de la Manche décide de faire ap- pareiller l’Abeille.Le remorqueur fait route vers le Havre dans la nuit du 1er au 2 mars. UN ENCHAÎNEMENT D’AVARIES Le Cross Jobourg mène les in- terrogatoires mais le contactVHF est laborieux. Le navire semble vouloir gagner du temps et ne donne pas d’informations claires. Le commandant répond difficile- ment aux questions.Il semble être seul et dépassé par la situation. Une Équipe d’évaluation (EEI) – Centre de sécurité des navires, Marine nationale, Pilote, Port du Havre –,est planifiée dans l’après- midi pour une mise à bord par hé- litreuillage pour évaluer les possi- bilitésderedémarrageetderetour éventuel au Havre.Le passage du front vers 13 h 00 s’accompagne d’un grain très puissant à 45 nœuds3 . Le navire, sur ancre et 6 maillons (presque 180 mètres de chaine),se met à chasser à plus de trois nœuds et sort de sa zone de mouillage. Après avoir réussi à ralentir sa dérive en filant in extremis deux maillons supplémentaires sur sa ligne, il se retrouve cette fois to- talement privé d’énergie.Le com- mandant se retrouve sans aucune autonomie de décision ni aucune synergie avec ses principaux offi- ciers. Le chef mécanicien ne sem- ble pas non plus pouvoir compter sur l’aide de ses officiers pour faire face à tant de dysfonctionnements. La résignation face à l’enchaîne- ment de ces faits graves semble surréaliste. Compte tenu de l’ag- gravation des conditions météo dans la fin de l’après-midi et du- rant la nuit,un échouement sur la côte nord du Havre est assuré si rien n’est tenté. Après avoir déposé l’EEI,l’hé- licoptère de la Marine nationale – un EC 225 de la 32F de Lanvéoc détaché à Maupertus, hélitreuille le second capitaine de l’Abeille à bord du porte-conteneurs afin de préparer et de diriger la prise de remorque qui s’annonce difficile. TOUTE LA PUISSANCE DES 22 000 CV La préparation de ce type d’ac- tion est primordiale. À cet effet, un «déroulé» est fait sur le pont avec le bosco, juste avant le treuillage,en tenant compte de la position prévisionnelle de l’Abeille sous l’étrave du navire. Le pre- mier tir 4 depuis l’Abeille permet aussitôt le hissage à la main du fouet5 ,de la vérine6 puis du hâle7 de 70 mètres par le chaumard8 central. Les deux hâles une fois connectés,la position devient très difficile à tenir face au vent, à proximité immédiate de la ligne de mouillage du navire.Il faut uti- liser toute la puissance des quatre moteurs et des propulseurs, soit près de 22 000 CV, pour manœu- vrer si près – quelques mètres seu- lement –, de l’étrave de ce grand navire. «L’EC225 se présente face au vent pour hélitreuiller le second capitaine depuis la plage arrière.» 43 MARINE&OCÉANS N° 251 - AVRIL-MAI-JUIN 2016 Remorquage à haut risque L e porte-conteneurs de 300 mètres de long,d’une capacité de 4 400 EVP1 , quitte le port du Havre, sans fret, en début de soirée,le 1er mars 2016.Armé par un commandant roumain et 22 marins indiens,ce navire de 25 ans, sous pavillon libérien, a été ré- cemment vendu, faute d’affrète- ment. Le nouvel armateur a donc fait constituer un équipage pour le prendre en charge à quai, au Havre, quelques semaines avant de partir rejoindre une zone de mouillage en Grèce puis l’Inde,sa dernière escale2 . Peu de temps après avoir fran- chi les digues,Le navire subit son premier black-out mais il réussit à remettre en route. Au nord du chenal, il se retrouve de nouveau totalement privé d’énergie.Il frôle un grave accident en dérivant sur un tanker au mouillage avant de PHOTO:ABEILLELIBERTÉ Mars 2016, un porte-conteneurs battant pavillon libérien se retrouve en avarie au large du Havre. L’échouement est imminent. Mais l’Abeille Liberté veille. Récit. 42 MARINE&OCÉANS N° 251 - AVRIL-MAI-JUIN 2016 Par CYRILLE PILLET Second capitaine de l’Abeille Liberté REMORQUAGE ET SAUVETAGE RÉCITS PHOTO:ABEILLELIBERTÉ >>
  • 3. 31 décembre 2015, 9 h 30 Au mouil- lage au Stiff, à Ouessant, l’Abeille Bour- bonappareillepourrallierleKoningsborg, un cargo finlandais en avarie de propul- sion, transportant des madriers de bois. La pontée1 a presque entièrement ripé. Il est 11 h 30,dans la voie de navigation côtière du Dispositif de Séparation du Trafic (DST) :la mise en demeure émise par le préfet maritime de l’Atlantique expire.En vue du passage de remorque, demande est faite au commandant du navire d’envoyer son équipage sur la plage avant. Celui-ci refuse à cause du danger et de l’inaccessibilité au gaillard2 . Le bois restant en pontée en bloque l’ac- cès et menace de partir à la mer. Le se- cond capitaine et le maître machine de l’Abeille sont alors envoyés sur le cargo par MOB-Boat pour effectuer le pas- sage de remorque. L’embarcation est mise à l’eau à 12 h 18 par 40 nœuds de vent de Sud-Ouest. La montée à bord est loin d’être aisée avec cinq mètres de creux sous le vent du navire.Après plu- sieurs tentatives,le binôme est à bord.Il commence à progresser vers le gaillard par la passavant3 tribord, le cargo pre- nant trop de gîte (25° bord sur bord) pour s’aventurer sur les panneaux de cale.Il est alors obligé de ramper sous une palan- quée de bois restée en équilibre sur la lisse tribord puis d’escalader le panneau de cale n°1 pour enfin traverser le plus vite possible le bois en vrac qui menace à tout moment de tomber à l’eau.Le bi- nôme arrive finalement sur le gaillard. Le MOB, resté en standby en cas de chute à la mer, est remonté à bord de l’Abeille. Un seul Tir PLT4 à 12 h 43 et la pantoire5 est capelée à 12 h 50. Le convoi fait route par un vent de sud-ouest ayant fraichi à 45 nœuds,avec rafales à 50 nœuds6 ,et par 6 à 7 mètres de creux.En fin d’après-midi, la pantoire casse et le cargo commence à dériver très rapide- ment vers la chaussée des Pierres Noires. Nouveau tir PLT à 17 h 04, pantoire ca- pelée à 17 h 07 et l’Abeille commence à tirer à 1,5 milles nautiques des premières roches.20 h 00 :la pantoire est larguée.Le Koningsborg est pris en charge en grande rade de Brest par les remorqueurs por- tuaires. Le binôme d’intervention une fois récupéré,l’Abeille Bourbon fait aus- sitôt route pour rallier le Stiff et y re- prendre le standby météo. ■ 45 MARINE&OCÉANS N° 251 - AVRIL-MAI-JUIN 2016 Par mauvais temps, les mouve- ments de plate-forme et les creux rendent difficiles le bon position- nement du va et vient9 sur le na- vire. Il faut alors profiter d’une re- lative baisse de tension et d’un retour de la pantoire10 vers le chaumard central du porte- conte- neurs pour capeler l’œil et aussitôt le sécuriser avec une aussière. Quarante-deux minutes sont nécessaires pour connecter la remorque par va et vient. Le second capitaine présent à bord découvre alors que le navire n’avait pu filer deux maillons sup- plémentaires que parce qu’il avait retrouvé temporairement de l’énergie. Un examen visuel du stoppeur de chaîne révèle rapide- ment que celui-ci est impossible à dégager. La tension très importante exer- cée par le rappel de la chaîne in- terdit en fait toute solution de lar- gage de la ligne de mouillage bâbord : il faut couper la chaine de mouillage ! DÉCOUPAGE AU CHALUMEAU En 15 minutes, au moyen d’un oxycoupeur et après quelques ef- forts de traction, celle-ci est libé- rée. Elle file par 27 mètres de fond laissant le navire totalement dé- pendant de l’Abeille. Le second capitaine de l’Abeille découvre alors que tout le système hydrau- lique de mouillage tribord est hors de service. Le navire n’est tout simplementpluscapabledemouil- ler ! Nous avons parfaitement confiance dans la solidité du grée- ment de remorque mais des ins- pections régulières permettent tout de même de s’en assurer. Les conditions météo n’étant pas favorables à une mise à quai durant la soirée, l’Abeille main- tient le navire sous remorque jus- qu’au lendemain avant d’entrer dans le port du Havre, accompa- gné par des remorqueurs por- tuaires. Ceux-ci sont nécessaires pour faire évoluer et ralentir le porte-conteneurs avant sa mise à quai.«Déconnectée» dans le bas- sin René Coty,l’Abeille fait aussi- tôt route vers Cherbourg pour re- prendre la station de sauvetage. Lors de cette intervention,l’ex- cellente coopération des acteurs agissant pour le compte de l’État a empêché un accident maritime majeur. Depuis près de quarante ans,la société «lesAbeilles» engage ses équipages dans des opérations complexes et parfois dangereuses mais l’expérience collective accu- mulée et la totale confiance dans nos moyens de sauvetage per- mettent toujours de trouver les so- lutions les plus adaptées. ■ «Après la connexion des deux hâles, la position devient difficile à tenir face au vent à proximité immédiate de la ligne de mouillage du navire.» REMORQUAGE ET SAUVETAGE RÉCITS 44 MARINE&OCÉANS N° 251 - AVRIL-MAI-JUIN 2016 Les «carnets d’hiver» de l’Abeille Bourbon Ces trois récits, drastiquement sélectionnés faute d’espaces dans ces pages, ne restituent qu’une petite partie des interventions et exercices réalisés, l’hiver dernier, par l’Abeille Bourbon. Par ADRIEN FELTZ Second capitaine de l’Abeille Bourbon Parcours du combattant à bord du Koningsborg 1. Marchandise transportée sur le pont d’un navire. 2.Pontsurélevéàl’avantdunavirepossédantlesdis- positifsdemouillaged’ancresetdemanœuvrespour l’amarrage. 3. Passerelle de tout navire permettant de rejoindre l’avant ou l’arrière. 4.Fusillance-amarrespneumatiques(cartouchesde CO2). 5.Câbledeplusfaiblediamètreetdechargederup- ture moindre que le câble de remorque principal et quisertdefusibledurantl’opérationderemorquage. 6.Force10.Ventdontlavitesseestcompriseentre80 et 90 km/h. PHOTO:ABEILLELIBERTÉ PHOTOS:ABEILLEBOURBON 1. Équivalent vingt pieds. 2. Pays identifié pour la déconstruction de navires. 3.Force 9.Vent dont la vitesse est comprise entre 75 et 88 km/h. 4.LaroquetteenvoyéeparuntirPLT–fusillance-amarrespneumatiques(cartouchesdeCO2)–-,estamarréeàlagar- cette(oufouet),cettedernièreétantamarréeàlavérine,elle-mêmeamarréeauhâlequiestluiamarréàlapantoire:cela va ainsi en ordre croissant. La pantoire est ensuite connectée sur une bitte du navire et de l’autre côté, au câble de re- morque de l’Abeille. 5. Fouet ou garcette :fin cordage (5 à 6 mm de diamètre) servant à hisser la vérine (lire ci-dessous la note 6) qui elle- même sert à hisser le hâle,puis la pantoire (lire ci-dessous) à bord du navire assisté. 6.Lavérine:cordagede12ou24mmdediamètreservantàhisserlehâleàborddunavireassisté.Lavérineestconnec- tée à la garcette (ou fouet) d’un coté et au hâle de l’autre. 7.Lehâleestuncordagede40à60mmdediamètregénéralementenpolypropylène,servantàhisserlapantoireàbord du navire assisté. 8. Le chaumard est une ouverture pratiquée dans le pavois – bord du navire –,pour y passer les amarres.Chaque na- vireenpossèdeplusieursàl’avantetàl’arrière.Safonctionestdeguideruneamarreàsonentréesurlebateau.Lapièce en métal peut être munie ou non de rouleaux simples ou multiples. 9.Pourcetteopération,l’AbeilleLibertéaétabliunva-et-vient:deuxhâlesontétéhissésàbord,l’unpassantparlechau- mard central et l’autre par un des chaumards latéraux,puis connectés ensemble.C’est la technique habituelle lorsque le navire assisté n’a pas d’énergie :le hâle principal hisse la pantoire à bord lorsque l’on tire sur le hâle retour au moyen d’un des cabestans arrière de l’Abeille. 10.La pantoire :câble de 38 mm à 72 mm de diamètre qui sert de fusible.La pantoire est capelée sur une bitte du na- vire, et connectée de l’autre côté au câble de remorque principal de l’Abeille au moyen d’une grosse manille. >> «La montée à bord du Koningsborg a été loin d’être aisée avec cinq mètres de creux sous le vent du navire dont la pontée – la cargaison –, a entièrement ripé.»
  • 4. ■ Que représente aujourd’hui la so- ciété Les Abeilles ? LesAbeilles est une société d’as- sistance et de sauvetage apparte- nant au groupe Bourbon Offshore. S’appuyant sur le savoir-faire de plus de cent trente collaborateurs, Les Abeilles assurent depuis près de quarante ans la protection du lit- toral français.Nous armons en per- manence quatre remorqueurs d’as- sistance et un BSAD, navire poly- valent associé à la protection du littoral et plus particulièrement adapté à la lutte anti-pollution. Cet hiver, nous sommes intervenus sur dix remorquages- assistances et autant d’escortes, parfois musclées, sur des na- vires en difficulté. Depuis 1978, nous pouvons estimer que plus de quinze catastrophes de l’ampleur de celle de l’Amoco Cadiz ont été évitées. ■ Quels types de prestations proposez-vous ? Les Abeilles interviennent sur des opérations de remor- quage en haute-mer, de lutte contre la pollution par hydro- carbures, de renflouement et de déséchouement.L’assistance et le sauvetage adaptés à la protection du littoral français né- cessitent une organisation basée sur la rapidité d’intervention afin de limiter au maximum tout risque de pollution. Cette polyvalence d’activité assurée par les cinq navires de notre flotte nous permet d’avoir des équipages hautement qualifiés et entraînés. ■ Comment fonctionnez-vous avec la Marine nationale ? La Marine nationale est notre client historique. Sous l’au- torité permanente du préfet maritime,les remorqueurs d’as- sistance des Abeilles sont en mesure d’intervenir 24 h/24 en maintenant, en permanence, un délai maximal de quarante minutes pour appareiller et ce, dans les pires conditions mé- téorologiques. D’autre part,l’organisation de notre compagnie permet jour et nuit de mobiliser en quelques heures ses équipes opérationnelles et le matériel de sau- vetage adapté à l’intervention en cours. Nous recherchons sans cesse à améliorer notre prestation afin de répondre au plus près aux attentes de notre client,la Marine nationale. Ce véritable partenariat nous per- met d’être très réactifs.Subsidiaire- ment, nous pouvons traiter, après accord du préfet maritime, des na- vires en avarie qui en expriment la demande,sans qu’ils constituent un danger grave et éminent pour les côtes françaises. ■ Le contrat pour la fourniture d’un service de remorquage de haute-mer destiné à la protection du littoral français doit être renouvelé prochainement. Quel en est l’agenda ? Il m’est très difficile de répondre avec précision à cette ques- tion car ce planning ne nous incombe pas et nous nous plie- rons à celui proposé.Mais les échéances sont très courtes et le travail entre chaque étape considérable.Le grand public voit toujours notre prestation de remorquage suite aux nombreuses images de nos navires dans le mauvais temps. Ce cliché nous a poursuivi depuis l’ouvrage et le film Remorque avec Jean Gabin.La réalité dépasse largement cette prestation.En effet, le souci permanent d’offrir aux régions la meilleure protec- tion du littoral nous a amenés depuis plus de vingt ans à créer une structure d’intervention capable d’intervenir dans un dé- lai extrêmement court. Celle-ci comprend des salvages masters, des salvages offi- cers et du personnel parfaitement rompu aux techniques d’as- sistance ayant de longues années d’expériences en sauvetage et une parfaite maîtrise de la lutte antipollution.Nos services, technique et commercial, peuvent mobiliser rapidement des architectes navals, des plongeurs, des spécialistes de produits polluants,des chimistes ainsi que tous types de matériels adap- tés aux opérations en cours :barges,bigues,barrages,pompes, compresseurs, pétroliers-allégeurs, matériels de travaux pu- blics pour les navires échoués… Devant la complexité de toutes 47 MARINE&OCÉANS N° 251 - AVRIL-MAI-JUIN 2016 Début mars 2016 Exercice de re- morquage du porte-conteneurs Emma Maersk,organisé et piloté par la préfec- ture maritime de l’Atlantique avec la co- opération de l’armement Danois AP Moller-Maersk. La législation internationale n’impo- sant qu’aux navires citernes d’être équi- pés de dispositifs de remorquage d’ur- gence, la problématique est, ce jour-là, de valider le remorquage d’un navire de ce type disposant uniquement d’un bol- lard principal1 supportant 80 tonnes de charge. Le passage de remorque est ef- fectué à 12 h 50. Deux Salvage Officers desAbeilles se trouvent à bord du mas- todonte de 396 mètres pour assurer la manœuvre sur la plage avant. Par 30 nœuds de vent d’ouest et une mer agi- tée, l’AbeilleBourbon remorquelenavire – figurant parmi les plus grands porte- conteneurs du monde – à 5,5 nœuds avec 800 mètres de remorque filée et 80 tonnes de tension appliquées. ■ REMORQUAGE ET SAUVETAGE RÉCITS 46 MARINE&OCÉANS N° 251 - AVRIL-MAI-JUIN 2016 «Bourbon Offshore est prêt à investir dans de nouveaux remorqueurs d’intervention, d’assistance et de sauvetage» Entretien avec PASCAL POTREL Directeur général de la société de remorquage Les Abeilles L’un des plus gros porte-conteneurs du monde… La dernière intervention de l’hiver 2016 est la récupération de la vedette Jean- Cam de la station SNSM de Molène qui casse son mouillage durant la nuit du 8 au 9 mars. À la dérive, et apparemment en bon état,elle est repérée dans le nord de l’île de Sein, à 10 h 45, par un hélico- ptère NH 90 de la base aéronavale de Lanvéoc envoyé en reconnaissance.Mais les très mauvaises conditions météoro- logiques et les forts coefficients de marée ne permettent pas à la vedette SNSM de Ouessant,ni à celle du Conquet d’appa- reiller pour aller la récupérer.Le Centre opérationnel de la Marine (COM) dé- cide donc d’envoyer l’Abeille Bourbon, alors à la cape en standby météo dans le Fromveur1 . Arrivée sur zone à 11 h 50, par un vent de 50 nœuds largement éta- bli avec une mer grosse de 8 mètres,deux Salvage Officers sont transférés par MOB-Boat à bord du canot pour vérifier son état et son intégrité.Deux membres de la station SNSM de Molène ont été hélitreuillés par le NH90 à bord de l’Abeille Bourbon.Ils sont ensuite trans- férés par MOB-Boat sur la vedette,puis feront finalement route sans problèmes vers Brest pour une petite inspection de coque… ■ Récupérer le Jean Cam 1. Bitte d’amarrage. « Deux membres de la station SNSM de Molène préalablement hélitreuillés par le NH90 de la Marine nationale à bord de l’Abeille Bourbon, sont ensuite transférés par MOB-Boat (photo) sur la vedette de la SNSM retrouvée.» 1. Passage situé entre l’archipel de Molène et l’île d’Ouessant, au nord de la mer d’Iroise, dans le Finistère. PHOTOS:ABEILLEBOURBON PHOTO:ABEILLEBOURBON PHOTO:DR « Deux Salvage Officers des Abeilles se trouvent à bord du mastodonte de 396 mètres pour assurer la manœuvre sur la plage avant.» >>
  • 5. ces opérations,la Marine nationale à mis en œuvre un certain nombre de mesures permettant d’offrir aux régions du litto- ral français une meilleure protection. ■ De quelle manière ? En mettant à la disposition des préfets maritimes des contrats de prestation de service à la place des contrats d’affrètement élémentaires, initialement mis en œuvre après la catastrophe de l’Amoco Cadiz en 1978. Ce type de prestation a, depuis 2002, prouvé son efficacité dans de nombreux sauvetages : Rokia Delmas,Msc Napoli,TK Bremen,Artémis,Uranus pour ne citer que les plus médiatiques d’entre eux.Ce nouveau type d’appel d’offres à services en assistance et sauvetage dans le cadre de la protection du littoral comprend,entre autres,quatre grandes prestations : l’affrètement de remorqueurs spéciali- sés conçus pour intervenir sur les navires de nouvelles géné- rations (porte-conteneurs et paquebots) et capables de réali- ser les opérations dans les pires conditions météorologiques ; un service de conseil téléphonique 24 h/24 ;la mise à disposi- tion de salvages masters et de salvages teams ;la mise à dispo- sition d’un conseiller auprès du préfet maritime et de sa cel- lule de crise. ■ Comment vous positionnez-vous sur ces prochains appels d’offres et ceux-ci conditionnent-ils l’avenir des Abeilles ? Les prochains appels d’offres sont vitaux pour LesAbeilles. Mais nos atouts sont nombreux.Tous nos collaborateurs sont compétents, passionnés et motivés par leur métier très spéci- fique et souvent dangereux.Nous avons la chance d’être épau- lés par un groupe comme Bourbon Offshore pour continuer à être en permanence à la pointe dans cette activité si parti- culière. Bourbon Offshore est par ailleurs prêt à investir dans denouveauxremorqueursd’intervention,d’assistanceetdesau- vetage (RIAS) afin d’offrir à la Marine et à l’État français la meilleure qualité de service pour faire face aux nouvelles pro- blématiques des navires géants de dernières générations. ■ 48 MARINE&OCÉANS N° 251 - AVRIL-MAI-JUIN 2016 REMORQUAGE ET SAUVETAGE ENTRETIEN « Depuis 1978,plus de quinze catastrophes de l’ampleur de celle de l’Amoco Cadiz ont été évitées. » L’Abeille Bourbon au large de l’île d’Ouessant. PHOTO:PHILIPPLISSON >>