[VELO EVASION] Clichés inédits où le seul son qui raisonne est celui des roues des #cyclistes baroudeurs, en quête d'#émotions, sur les voies bitumées de l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle.
Le buzz est parti d'un post de photos du cycliste zéro Romain Bauvillard sur les réseaux.
Roissy devient une #destination dépaysante pour des cyclo rider dont le privilège est également l'instantané photo devant le mythique Concorde Air France.
https://lnkd.in/diBKuZe
Preuve est que le #sportsanté est une nécessité en mode libre ou organisé, un besoin d'assouvir des passions.
Cyclistes en piste dans l'Aeroport Roissy Charles de Gaulle
1. Sortiesdepistes
Conséquenceduquasi-arrêtdutraficaérien,descyclistestémérairesinvestissent
lesroutesde l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaullepourdesbaladesinédites.
TEXTE : BENOÎTFURIC
PHOTOS : STÉPHANE MANTEY
Roissy-Charles-de-Gaulleestas-
soupi.Quelquesvolsparjouretle
fretaérienanimentencoreunpeu
cequiestnormalementledixieme
aéroport mondial. Mais en ces
tempsdepandémieetdedéconfi-
nement, les lapins de garenne
gambadentàfoisonentrelespis-
tes,lesrapacesretrouventdel’es-
paceetdecurieuxcyclistesappa-
raissent. La nature reprend ses
droits,lelycraaussi.
Quasimentchaquesoir,cesont
desgroupesdecinq,dixvoireplus
d’unevingtainedecyclistesenpe-
lotonquidéboulentsurleslarges
axes,oùçarouled’ordinaireplus
souventàquatreroues.Depuisle
déconfinement,le11mai,lescy-
clistesfrancilienssontdeplusen
plus nombreux à s’aventurer à
Charles-de-Gaulle, papillons de
nuit aimantés par une lumière
nouvelle,rareetpérissable.
Àunetrentainedekilomètresau
nord-estdeParis,l’aéroportétend
ses longues lignes droites. Dans
l’enchevêtrementdesesvoiesrou-
tières, héritées du l’âge d’or du
tout-voiture – l’aéroport a ouvert
en1974–,lesexplorateurssefau-
filentparmilesentrepôtsdecargo
pourarriverauxterminauxvoya-
geurs.Aupluscourtdepuislacapi-
tale,ilsarriventdepuisVillepinte,
parlesud-ouest,oucontournent
parlescheminschampêtrespour
s’offrirunearrivéeparlaSeine-et-
Marne.L’accèsn’estpasdesplus
aisésmaisunefoisdedans,letour
demanègepeutcommencer.
Lecyclistezérodecetteaffaire
estunParisientéméraire,Romain
Bauvillard qui, dès le 13 mai, s’y
étaitaventuréavecuncomparse:
«Enfait,j’yétaisdéjàalléàvélomais,
à l’époque, on s’était paumés dans
Roissy,limiteenpaniqueàunmo-
mentensedisantqu’onn’arriverait
jamaisàsortir.Maisj’avaisgardéce
truc-là en tête. J’y suis repassé en
mars,c’étaitpasséinaperçu,ilyavait
pourtantlesmêmesphotosduCon-
cordemaisçan’apasdutouteule
même impact. Au déconfinement,
c’est là où on s’est dit que c’était
complètementfou.Toutétaitfermé
etonapufaireletourduTerminal1.
Onapostédesphotosetc’estdelà
quelebuzzestparti.»Lacartese
refilealorsentrepetitsgroupesin-
formelsderiders,sautedecomp-
tesStravaenstoriesInstagram.Et
Roissydevientunedestinationdé-
paysantepourdéconfinésavertis.
“On a l’aéroport
pour nous et ça redevient
un bel endroit ,,STÉPHANIE, UNE CYCLISTE
Dimanche soir, extérieur jour.
PierreMalherbetsebaladeentre
deuxterminaux,ilyestquasiment
comme chez lui. Le cycliste de
36ansenestàsonsixièmepas-
sageenmoinsdetroissemaines
etaccompagnecesoir-làtroisno-
vices, pas encore baptisés au
«CDGTour».
Lachasseauxrecordsattendra,
les cyclistes embarquent surtout
dessouvenirs.DevantleConcorde,
l’arrêt est quasiment obligatoire.
«Le Concorde, c’est le truc le plus
marrantparcequec’estleplusfacile
d’accès, indique Romain Bau-
villard.Sefaireprendreenphotoà
côté,çamontrequetuyesallé.Ce
n’estpastellementleConcordeen
soi, c’est le symbole d’être dans
Roissy,unepreuvevisuelle.»
«Génial»,«incroyable»...Simonet
Paul,quidécouvrentleslieux,font
danslesuperlatifefficacepourdé-
crire leur dimanche soir, yeux
écarquillés, caisses enregistreu-
ses de moments uniques. Paul :
« Je n’avais jamais imaginé qu’on
puisseyveniràvélo.»PuisSimon:
«C’est vraiment une occasion uni-
que.Plutôtqued’allerroulerunau-
tretracé,làc’esthistorique.»Laro-
tondeduTerminal1,spectaculaire
vaisseauarchitecturaldebétonaf-
fleurantau-dessusdespistes,en
estl’attractionmajeure.Larampe
d’accès qui s’élève est le rendez-
vousdescontemplatifsetunter-
rain de jeu exceptionnel pour les
sportifschasseursdechronos,fa-
çon vélodrome d’extérieur. Une
noriadetaxis,desvoyageurspres-
sés et des familles aux bagages
surchargésenconstituaientaupa-
ravant le quotidien. Aujourd’hui,
toutestvide.«Onal'aéroportpour
nousetçaredevientunbelendroit»,
glisseStéphanie,quicomplètele
quatuor,enembrassantduregard
la coursive routière et les avions
endormis tête-bêche auprès des
petitssatellites.Cesoir-là,lesvisi-
teurs sont étonnamment seuls :
quelquesjoursauparavant,c’était
une quarantaine de rouleurs qui
s’étaientsuccédéenquelquesmi-
nutesauT1.
Roissy fascine pendant ce
tempssuspendu.«Pourmoi,de
toutcequ’onpeutyvoir,leT1estle
plus symbolique. Mais aller au T2
[cettelongueenfiladedebullesqui
ondule au-dessus des tarmacs]
estplusfort.Lapremièrefois,lanuit
étaittombée,toutétaitallumémaisil
nes’ypassaitrien,seremémorele
guidedujour.Celadonneuneam-
biancedefindumonde,quidevient
finalementpesantequandiln’yaab-
solumentpluspersonne.»
Une atmosphère éphémère à
laquelle tout le monde ne goûte
pas:rouleràRoissydemeureexi-
geant.«Jen’avaispasenviedevenir
seule, confie Stéphanie, pourtant
cyclisteexpérimentée.J’auraistrop
peur de prendre le mauvais em-
branchement. » En écho, Romain
Bauvillard confirme qu’ici, il faut
«fairesupergaffeànepassetrom-
perdebretelles,ilyenaunpeupar-
tout. Il faut avoir en quelque sorte
l’expérience de rouler en ville. En
tempsnormal,parexemple,leT2,je
n’oseraispaslefaire,çadébouleà
blindeensortied’autoroute…Yaccé-
der,c’étaitinfaisable.»
Pour le moment, et quelques
jours encore, le calme règne au-
tourdespistes.Lesoleilsecouche
ànouveausurRoissy,leséclaira-
ges des cyclistes s’évanouissent
danslazonecargo,laissantdéfini-
tivement l’aéroport aux lapins de
garenne. É
cyclisme
Au soleil couchant, des cyclistes (ici Pierre Malherbet au premier plan) arpentent le T1 de l’aéroport de Roissy déserté par les voyageurs. Non loin de l’incontournable Concorde (en bas).
Mardi 2 juin 2020 | L’ÉQUIPE