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Vers	un	atlas	de	l’art	dans	l’espace	
public	:	la	modélisa5on	d’un	musée	
ré5culaire	
Virginie	Pringuet	
	
Atlasmuseum.net	
Udpn.fr	
Octobre	2017
Contexte	
Tournant	spa5al	de	l’art	(Soja,	1989),	tournant	spa5al	des	sciences	humaines	
et	 sociales	 (Westphal,	 2007),	 tournant	 cartographique	 des	 sciences	
historiques	 (Le	 Deuff,	 2014),	 tournant	 numérique	 de	 l’esthé5que	 (Thély,	
2012),	tournant	machinique	de	la	sensibilité	(Monnin,	2013),	tournant	design	
des	humanités	numériques	(Vial,	2016),	au	moment	où	les	théories	cri5ques	
contemporaines	 mutent	 et	 se	 redéploient,	 en	 accordant	 une	 importance	
cruciale	aux	perspec5ves	spa5ales,	l’usage	des	concepts	géographiques,	tels	
que	 la	 carte,	 l’échelle,	 l’atlas,	 la	 distance,	 la	 fron5ère	 ou	 le	 territoire	
prolifèrent	dans	le	champ	de	l’art.		
	
Situer	la	possibilité	d’un	musée	numérique	au	croisement	d’expérimenta5ons	
in	 vivo	 et	 des	 nombreux	 tournants	 pra5ques	 et	 théoriques	 rencontrés	 en	
chemin,	tel	est	l’enjeu	du	projet	Atlasmuseum.
«	biennalisa5on	»	de	l’expérience	
esthé5que	contemporaine	
Pourtant,	la	ques5on	de	l’art	public	semble	concerner	en	défini5ve	tout	un	
chacun,	tant	elle	cons5tue	la	forme	d’art	a	priori	la	plus	directement	
accessible	(physiquement,	du	moins).		
	
En	effet,	qui	n’a	pas	en	mémoire	une	œuvre	rencontrée	au	détour	d’une	rue,	
d’une	place,	d’un	rond-point,	croisée	dans	une	gare,	une	université,	au	fil	l	
d’une	ligne	de	tramway	ou	encore	en	pleine	nature	?	Et	ce,	qu’il	s’agisse	
d’une	œuvre	rénovée,	en	cours	de	patrimonialisa5on	(comme	Les	deux	
plateaux,	place	du	Palais	Royal	à	Paris),	taguée,	en	déshérence	ou	détournée	
(Monument	à	la	République	à	Paris	ou	encore	Free	Ride	de	Tony	Smith	par	
Raphael	Zarka)	?
Art	public	
En	dehors	du	jugement	de	valeur	qui	se	formule	souvent	
rapidement	 et	 spontanément	 ces	 œuvres	 provoquent	
parfois	 une	 sensa5on	 d’appari5on,	 un	 moment	 d’arrêt	
dans	 la	 percep5on,	 une	 interroga5on,	 un	 temps	
d’observa5on	dans	le	meilleur	des	cas	et	pour	ne	pas	dire	
souvent,	un	sen5ment	de	perplexité	voire	de	rejet.		
	
Ce	 rejet	 peut	 s’avérer	 irréversible	 ou	 persister	 de	
nombreuses	 années,	 mais	 il	 semble	 aussi	 pouvoir	 se	
transformer	 lentement,	 au	 fil	 du	 temps	 en	 une	 forme	
d’adhésion,	 plus	 ou	 moins	 tacite,	 la	 polémique	 étant	 in	
fine	incorporée	dans	l’histoire	du	site	et	de	l’œuvre,	liant	
ces	dernières	dans	une	nouvelle	modalité	de	coexistence	
apaisée.
Œuvres	sans	musée	
•  Ce	manque	de	connaissance	et	de	reconnaissance	des	œuvres	d’art	dans	
l’espace	public	est	lié,	c’est	l’une	de	nos	hypothèses,	au	fait	qu’elles	sont	
par	nature	et	par	défini5on	des	œuvres	sans	musée.	Indépendamment	de	
l’époque	qui	les	a	vues	naître,	de	leur	nature	pérenne	ou	éphémère,	des	
procédures	ar5s5ques	et	administra5ves	(la	commande	publique,	le	1	%	
ar5s5que	ou	les	«	nouveaux	commanditaires	»,	par	exemple,	pour	ce	qui	
concerne	la	France)	qui	les	ont	ini5ées,	ces	œuvres	ont	pour	écosystème	
l’espace	public,	qu’il	s’agisse	d’espaces	extérieurs	ou	intérieurs	en	accès	
libre.	
•  	Bref,	une	mul5plicité	d’espaces	comme	autant	d’occurrences	ou	de	
ramifica5ons	de	l’espace	public	dans	son	accep5on	la	plus	large	mais	aussi	
la	plus	floue.
Espace	public	/	espaces	publics		
•  «	L’espace	public	est	un	singulier	dont	le	pluriel	-	les	espaces	publics	-	ne	
lui	correspond	pas	»,	écrit	Thierry	Paquot	(2015,	p.	3).	L’espace	public	(ou	
sphère	publique)	n’est	pas	géographique,	il	désigne	le	lieu	des	opinions	
privées	exprimées	en	public,	du	débat	poli5que,	de	la	pra5que	de	la	
démocra5e	à	travers	les	mul5ples	formes	et	ou5ls	de	la	communica5on.	
Les	espaces	publics,	quant	à	eux,	évoquent	des	espaces	physiques	(privés	
ou	publics)	d’accès	public	dans	lesquels	circulent,	se	croisent,	se	
rencontrent	les	personnes	(habitants,	passants,	touristes,	etc.).		
•  Ce	sont	des	rues,	des	places,	des	sen5ers,	des	parcs,	des	routes,	des	
universités,	des	hôpitaux	et	bien	d’autres	encore,	du	moment	qu’ils	
permeoent	le	libre	mouvement	de	chacun,	dans	le	respect	de	
l’accessibilité	et	de	la	gratuité.
Espace	public	/	espaces	publics		
•  Ceoe	expression	est	d’abord	apparue	au	cours	des	années	1960,	à	la	suite	
des	travaux	de	Jürgen	Habermas	(Habermas,	1978)	sur	la	cons5tu5on	
progressive,	au	cours	du	XVIIIe	siècle,	d’une	sphère	de	la	publicité	
(Öffentlichkeit)	fondée	sur	l’usage	libre	et	public	de	la	raison	et	
s’autonomisant	par	rapport	à	la	sphère	du	pouvoir.		
•  Si	les	lieux	(cafés,	théâtres,	etc.)	ont	leur	importance	dans	ce	processus,	la	
no5on	d’espace	public	désigne	alors	davantage	un	espace	abstrait	et	
changeant,	prenant	la	forme	du	rassemblement	qui	le	fait	naître.
Espace	public	/	espaces	publics		
•  L’emploi	de	l’expression	«	espace	public	»	demeurant	controversé,	
d’autres	formules	ont	été	proposées.	Ainsi	«	espace	commun	»,	défini	
comme	«	un	agencement	qui	permet	la	coprésence	des	acteurs	sociaux,	
sor5s	de	leur	cadre	domes5que	»	et	englobé	par	l’espace	public	considéré	
comme	«	l’une	des	modalités	d’organisa5on	possibles	de	l’interac5on	
sociale	»	(Lussault,	2001).		
•  Des	classifica5ons	plus	poussées	permeoant	quant	à	elles	de	caractériser	
les	«	espaces	créés	de	toutes	pièces	dont	le	caractère	privé	est	présent	
dès	le	départ	»	:	«	espaces	privés	accessibles	au	public	»	et	«	espaces	
privés	(communautaires)	d’allure	publique	»	(Dessouroux,	2003).
Un	préalable,	la	ques3on	du	
vocabulaire	et	du	langage		
•  Pointons	aussi	une	constante	difficulté	de	dénomina5on	:	art	dans	
l’espace	public,	art	public,	art	urbain,	art	environnemental,	art	à	ciel	
ouvert,	art	dans	la	ville,	art	in	situ,	land	art	ou	encore	musée	sans	murs.	
Difficulté	que	rencontrent	également	les	anglophones	avec	les	
earthworks,	land	art,	public	art,	problème	de	cadrage	du	«	champ	élargi	
de	la	sculpture	»	tel	que	l’a	formulé	Rosalind	Krauss	dans	son	célèbre	essai	
de	1993	(Krauss,	1993).		
•  Souffrant	d’une	ambiguïté	fondamentale,	l’appella5on	«	art	public	»	est	
ainsi	généralement	connotée	néga5vement,	plus	par5culièrement	dans	
notre	pays.	Daniel	Buren,	en	évoquant	«	une	fille	publique	»	fait	état	de	
ceoe	confusion	de	la	façon	suivante	:
Un	préalable,	la	ques3on	du	
vocabulaire	et	du	langage		
Pourquoi,	lorsqu’il	s’agit	d’œuvre	à	l’air	libre	ou	plus	exactement	la	rue,	dans	l’espace	urbain,	le	mot	«	art	»	
s’accompagne-t-il	de	l’adjec5f	«	public	»	?	Que	sous-entend	donc	ceoe	associa5on	?	Par	exemple,	voudrait-elle	induire	
a	contrario	que	l’art	exposé	dans	les	musées	n’est	pas	public,	n’a	pas	besoin	du	regard	de	ce	dernier	ou	alors	qu’il	s’en	
moque	?	[...]	Ou	bien	encore,	l’art	dans	le	musée	serait-il	si	peu	public	qu’il	y	aurait	quelque	incongruité	à	u5liser	ce	
mot	?		
	
Et	pourtant,	à	par5r	du	moment	où	–	en	tout	cas	pour	la	bonne	majorité	de	musées	européens	–	les	ins5tu5ons	
muséales	sont	non	seulement	ouvertes	à	tous	les	publics	mais	de	surcroît	sont	nancées	par	les	deniers	publics,	l’art	
dans	les	musées	est	bien	public	ou,	à	tout	le	moins,	le	devient	dès	qu’il	y	entre,	s’y	expose.	[...]		
	
Si	une	ques5on	se	pose	entre	l’art	sans	adjec5f	(l’art	dans	le	musée)	et	l’art	public	(l’art	dans	la	rue),	en	dehors	de	se	
demander	pourquoi	l’associa5on	«	art	»	et	«	public	»	n’est	u5lisée	qu’en	ce	qui	concerne	l’art	dans	l’espace	urbain	ce	
qui	semble	ne	rien	dé	nir	de	plus	que	d’af	rmer	qu’un	cercle	est	bien	rond,	c’est	de	savoir	si,	dans	la	rue,	on	parle	bien	
toujours	d’art	et	si	oui,	s’il	s’agit	bien	toujours	du	même	art	que	celui	qui	se	trouve	dans	les	musées	?	
	
	(Buren,	2004,	p.	14)
«	A	force	de	descendre	dans	la	rue,		
l’art	peut-il	en	n	y	monter	?	»,	(Buren,	2004)		
Pourquoi,	lorsqu’il	s’agit	d’œuvre	à	l’air	libre	ou	plus	exactement	la	rue,	dans	l’espace	urbain,	le	mot	«	art	»	
s’accompagne-t-il	de	l’adjec5f	«	public	»	?	Que	sous-entend	donc	ceoe	associa5on	?	Par	exemple,	voudrait-
elle	induire	a	contrario	que	l’art	exposé	dans	les	musées	n’est	pas	public,	n’a	pas	besoin	du	regard	de	ce	
dernier	ou	alors	qu’il	s’en	moque	?	[...]	Ou	bien	encore,	l’art	dans	le	musée	serait-il	si	peu	public	qu’il	y	
aurait	quelque	incongruité	à	u5liser	ce	mot	?		
	
Et	pourtant,	à	par5r	du	moment	où	–	en	tout	cas	pour	la	bonne	majorité	de	musées	européens	–	les	
ins5tu5ons	muséales	sont	non	seulement	ouvertes	à	tous	les	publics	mais	de	surcroît	sont	nancées	par	les	
deniers	publics,	l’art	dans	les	musées	est	bien	public	ou,	à	tout	le	moins,	le	devient	dès	qu’il	y	entre,	s’y	
expose.	[...]		
	
Si	une	ques5on	se	pose	entre	l’art	sans	adjec5f	(l’art	dans	le	musée)	et	l’art	public	(l’art	dans	la	rue),	en	
dehors	de	se	demander	pourquoi	l’associa5on	«	art	»	et	«	public	»	n’est	u5lisée	qu’en	ce	qui	concerne	l’art	
dans	l’espace	urbain	ce	qui	semble	ne	rien	dé	nir	de	plus	que	d’af	rmer	qu’un	cercle	est	bien	rond,	c’est	de	
savoir	si,	dans	la	rue,	on	parle	bien	toujours	d’art	et	si	oui,	s’il	s’agit	bien	toujours	du	même	art	que	celui	qui	
se	trouve	dans	les	musées	?	
	
	(Buren,	2004,	p.	14)
Land	art,	in	situ,	outdoors…	
Ces	deux	termes	con5ennent,	en	effet,	les	éléments	de	la	
radicalité	de	ceoe	pra5que	ar5s5que	qui,	à	côté	et	dans	le	
prolongement	d’autres	proposi5ons	mais	à	sa	manière,	a	mis	en	
cause	d’une	part	le	rapport	de	représenta5on	entre	l’objet	d’art	
et	la	réalité	et,	d’autre	part,	le	rapport	conven5onnel,	
dissymétrique	et	mercan5le	entre	les	acteurs	du	«	monde	de	
l’art	»	ins5tué	(Becker,	1988).		
	
Le	Land	Art	s’est	ainsi	employé	à	disqualifier	la	dimension	
représenta5onnelle	des	objets	d’art	en	même	temps	que	la	
préten5on	des	ins5tu5ons	muséales	à	être	les	lieux	centraux	de	
l’art	(Penders,	1999,	2000).
Land	art,	in	situ,	outdoors…	
L’objet	était	vraiment	la	cible.	L’objet	d’art	était	ce	à	quoi	l’on	
tentait	de	trouver	une	alterna5ve	»	et,	ce	faisant,	«	le	lieu	prit	en	
quelque	sorte	la	place	de	l’objet.	[...]	La	nécessité	de	reproduire,	
de	copier,	ou	de	manipuler	la	forme	n’était	plus	une	n	en	soi.	(in	
Tiberghien,	1995,	p.	98)
Land	art,	in	situ,	outdoors…	
L’objet	était	vraiment	la	cible.	L’objet	d’art	était	ce	à	quoi	l’on	
tentait	de	trouver	une	alterna5ve	»	et,	ce	faisant,	«	le	lieu	prit	en	
quelque	sorte	la	place	de	l’objet.	[...]	La	nécessité	de	reproduire,	
de	copier,	ou	de	manipuler	la	forme	n’était	plus	une	n	en	soi.	(in	
Tiberghien,	1995,	p.	98)
Une	ques5on	ini5ale	
Comment	inventorier,	documenter	et	
contextualiser	les	œuvres	d’art	dans	l’espace	
public	dans	toute	leur	hétérogénéité	?
Concep5on	d’une	instance	muséale	pour	les	œuvres	
d’art	dans	l’espace	public		
	
	
Comment	penser	et	concevoir	une	instance	muséale	pour	
les	œuvres	d’art	créées	et	exposées	précisément	hors	les	
murs	du	musée	?	
		
L’introduc5on	de	la	no5on	de	musée	au	cœur	de	la	
ques5on	de	recherche	nécessite	de	faire	le	point	sur	le	
contexte	mouvementé	des	musées	(européens	et	français	
en	par5culier)	depuis	les	années	2000.
Musées	en	crise		
	
	
«	Les	musées	sont	en	crise.	»	Tel	est	l’implacable	constat	
que	dresse	Laurent	Gervereau,	président	du	Réseau	des	
musées	de	l’Europe	en	2013	(Gervereau,	2013).		
	
Bref,	après	le	«	boom	»	des	musées	durant	la	période	
1970-1990,	les	musées,	récents	et	anciens,	ont	été	mis	en	
crise	par	les	nécessités	croissantes	des	loisirs	de	masse	
d’une	part	et	les	nouveaux	modèles	de	rela5ons	entre	
musées	et	visiteurs,	émergeant	notamment	à	travers	
l’expansion	rapide	des	réseaux	sociaux	tels	que	Facebook	
(2004)	et	Twioer	(2006).
Musées	en	crise		
	
La	crise	a	aussi	des	causes	internes,	comme	la	muta5on	
de	la	no5on	de	collec5on,	no5on	clé	au	cœur	de	l’histoire	
des	musées.	
	
Au	XXe	siècle,	s’est	imposé	un	nouveau	format	:	
l’exposi5on	temporaire,	qui	fait	entrer	le	musée	dans	
l’offre	culturelle	actualisée	et	mondialisée.	Ceoe	dernière	
étant	devenue	indispensable	pour	faire	«	événement	»,	
plus	aucun	musée	aujourd’hui	n’envisage	de	parcours	
uniquement	permanent.
Musées	en	crise		
	
Les	 grands	 contre	 les	 pe5ts	 ?	 L’événement	 contre	 les	
ins5tu5ons	 ?	 Telle	 est	 la	 situa5on	 paradoxale	 et	
inconfortable	 dans	 laquelle	 ceoe	 muta5on	 rapide	 a	
engagé,	en	France,	le	monde	«	élargi	»	du	musée.		
	
En	bref,	la	crise	actuelle	du	musée	trouve	ses	racines	dans	
la	migra5on	du	modèle	du	musée-conservatoire	vers	celui	
de	l’ins5tu5on	culturelle	mul5média,	accompagnée	d’une	
injonc5on	à	s’adapter	à	des	publics	aux	aoentes	nouvelles	
in	situ	et	en	ligne,	avant,	pendant	et	après	la	visite,	dans	
l’enceinte	mais	aussi	hors	du	musée.
Musées	en	crise		
	
C’est	dans	ce	contexte	de	muta5on	du	musée	qu’ont	émergé	
des	projets	muséologiques	et	muséographiques	à	
l’intersec5on	de	trois	mouvements	ayant	connu	une	
amplifica5on	majeure	au	cours	des	années	2000	:		
	
+	la	numérisa5on	massive	des	œuvres	
+	l’ac5visme	pour	le	libre	accès	aux	biens	ar5s5ques	et	
culturels	
+	les	nouveaux	types	de	rela5ons	entre	publics,	œuvres	et	
musées	(mashups,	indexa5on	contribu5ve,	u5lisa5on	des	
réseaux	sociaux).		
	
Certains	relèvent	de	la	sphère	associa5ve,	comme	
Muséomix,	des	réseaux	en	ligne,	comme	le	projet	GLAM	
Wiki,	ou	encore	-	de	façon	peut-être	plus	éphémère	et	
informelle	-	du	monde	militant,	comme	Musées	Debout.
Musées	en	crise		
	
C’est	dans	ce	contexte	de	muta5on	du	musée	qu’ont	émergé	
des	projets	muséologiques	et	muséographiques	à	
l’intersec5on	de	trois	mouvements	ayant	connu	une	
amplifica5on	majeure	au	cours	des	années	2000	:		
	
+	la	numérisa5on	massive	des	œuvres	
+	l’ac5visme	pour	le	libre	accès	aux	biens	ar5s5ques	et	
culturels	
+	les	nouveaux	types	de	rela5ons	entre	publics,	œuvres	et	
musées	(mashups,	indexa5on	contribu5ve,	u5lisa5on	des	
réseaux	sociaux).		
	
Certains	relèvent	de	la	sphère	associa5ve,	comme	
Muséomix,	des	réseaux	en	ligne,	comme	le	projet	GLAM	
Wiki,	ou	encore	-	de	façon	peut-être	plus	éphémère	et	
informelle	-	du	monde	militant,	comme	Musées	Debout.
Les	musées	européens	à	l’épreuve		
du	Google	Art	Project		
	
Comme	 le	 pense	 Morwena	 Joly-Parvex,	 Chef	 du	
département	 de	 la	 conserva5on	 des	 collec5ons	 chez	
Centre	 des	 monuments	 na5onaux,	 les	 ins5tu5ons	
patrimoniales	 françaises	 n’ont	 pas	 encore	 pris	 toute	 la	
mesure	 de	 l’importance	 des	 aoentes	 des	 visiteurs-
internautes	 concernant	 l’accessibilité	 sur	 le	 Web	 des	
collec5ons	(numérisa5ons	en	haute	résolu5on,	accès	aux	
données	 et	 aux	 métadonnées	 par	 exemple)	 notamment	
en	termes	de	rayonnement	des	établissements	à	l’échelle	
na5onale	et	interna5onale.
Les	musées	européens	à	l’épreuve		
du	Google	Art	Project		
Pourtant,	la	France	a	ini5é	la	base	Joconde,	qui	recense	
les	 informa5ons	 rela5ves	 à	 toutes	 les	 collec5ons	
françaises	relevant	de	l’appella5on	«	Musées	de	France	»	
dans	 les	 années	 1970	 qui	 a	 été	 accessible	 via	 le	 Minitel	
dès	 1992.	 Les	 bases	 Palissy,	 Mérimée	 et	 Mémoire	 ont	
ensuite	 très	 vite	 pris	 le	 relais	 pour	 ce	 qui	 concerne	 les	
objets	 mobiliers,	 les	 monuments	 classés	 et	 les	 images	
fixes.	Mais	force	est	de	constater	que	depuis	les	années	
2000,	 elles	 n’ont	 pas	 connu	 de	 réactualisa5on	 majeure	
même	 s’il	 convient	 de	 men5onner	 l’expérimenta5on	
JocondeLab,	partenariat	entre	le	ministère	de	la	Culture	et	
de	la	Communica5on	(MCC),	Wikimédia	France	et	l’IRI	du	
Centre	Pompidou.
Les	musées	européens	à	l’épreuve		
du	Google	Art	Project		
Pourtant,	la	France	a	ini5é	la	base	Joconde,	qui	recense	
les	 informa5ons	 rela5ves	 à	 toutes	 les	 collec5ons	
françaises	relevant	de	l’appella5on	«	Musées	de	France	»	
dans	 les	 années	 1970	 qui	 a	 été	 accessible	 via	 le	 Minitel	
dès	 1992.	 Les	 bases	 Palissy,	 Mérimée	 et	 Mémoire	 ont	
ensuite	 très	 vite	 pris	 le	 relais	 pour	 ce	 qui	 concerne	 les	
objets	 mobiliers,	 les	 monuments	 classés	 et	 les	 images	
fixes.	Mais	force	est	de	constater	que	depuis	les	années	
2000,	 elles	 n’ont	 pas	 connu	 de	 réactualisa5on	 majeure	
même	 s’il	 convient	 de	 men5onner	 l’expérimenta5on	
JocondeLab,	partenariat	entre	le	ministère	de	la	Culture	et	
de	la	Communica5on	(MCC),	Wikimédia	France	et	l’IRI	du	
Centre	Pompidou.
Les	musées	européens	à	l’épreuve		
du	Google	Art	Project		
Il	convient	de	dis5nguer	la	visite	média5sée	via	ordinateur	
de	la	visite	2.0.	Ainsi,	le	Web	2.0	propose	non	seulement	
des	 fonc5onnalités	 et	 des	 services	 nouveaux,	 mais	 plus	
largement	 une	 philosophie	 différente	 née	 de	 leur	
interac5on.	 Il	 s’inscrit	 dans	 une	 logique	 coopéra5ve	 et	
collabora5ve,	 centrée	 sur	 les	 services	 rendus	 aux	
u5lisateurs	 et	 dans	 laquelle	 l’usager	 devient	 un	
contributeur.	
Le	 Google	 Art	 Project	 présente,	 à	 cet	 égard,	 plusieurs	
innova5ons,	comme	l’associa5on	de	plusieurs	musées	ou	
l’usage	d’un	ensemble	de	technologies	Google	(de	Street	
View	 à	 l’u5lisa5on	 des	 ressources	 phénoménales	 de	
Google,	Google	Scholars,	etc.).	Mais	la	véritable	spécificité	
du	2.0,	réside	dans	la	possibilité	pour	l’u5lisateur	de	créer	
et	de	partager	sa	propre	collec5on	en	ligne.
Europeana	versus	Google	Art	Project		
Comment	 et	 pourquoi	 le	 Google	 Art	 Project	 a-t-il	 réussi	 si	
rapidement	ce	qu’Europeana	a	mis	tant	de	temps	à	réaliser,	
malgré	 des	 inves5ssements	 très	 imporants	 ?	 Certes	 les	
projets	 divergent	 fondamentalement	 dans	 leurs	 objec5fs,	
Europeana	 ayant	 été	 conçue	 comme	 une	 médiathèque	
virtuelle	alors	que	le	modèle	de	Google	semble	être	celui	du	
Musée	virtuel	dans	une	version	haute	défini5on	et	sociale.		
	
«	 On	 peut	 invoquer	 la	 média5sa5on	 du	 projet,	 la	 force	
d’impact	sur	le	web	du	puissant	moteur	de	recherche...,	mais	
peut-être	 faut-il	 également	 prendre	 en	 compte	 la	 manière	
dont	 Google	 a	 offert	 ces	 données	 sur	 le	 Web,	 c’est-à-dire	
comment	 Google	 les	 a	 déployées	 et	 affichées	 sur	 le	 Web.	
»	(Joly-Parvex	in	:	Merleau-Ponty,	C.,	2014,	p.	158)
Vers	un	nouveau	modèle	de	musée	numérique	
Mais	 en	 quoi	 le	 Google	 Art	 Project	 renouvelle-t-il	 le	
modèle	persistant,	bien	que	limité,	du	musée	virtuel	des	
années	 1980	 et	 de	 ses	 avatars	 des	 années	 1990	 ?	 Une	
réminiscence	du	musée	imaginaire	?	Ne	produit-il	pas	un	
musée	 uniquement	 communica5onnel	 et	 algorithmique,	
privilégiant	 des	 parcours	 bien	 balisés	 par	 les	 œuvres	 les	
plus	 «	 célèbres	 »	 à	 l’inverse	 d’un	 parcours	 heuris5que	
laissant	la	place	à	la	sérendipité,	un	musée	ré5nien	plutôt	
qu’un	musée	ré5culaire	?
Atlasmuseum	
Les	principaux	enjeux	du	projet	Atlasmuseum	résident	
dans	:	
	
-	la	contribu5on	à	la	connaissance,	à	la	documenta5on	
cri5que	et	à	l’historicisa5on	de	l’art	dans	l’espace	public	;	
	
-	la	contribu5on	aux	débats	actuels	sur	l’ouverture	des	
données	liées	et	des	données	ar5s5ques	et	culturelles	
dans	l’environnement	du	Web	séman5que,	dans	le	
contexte	de	la	numérisa5on	des	musées	;	
	
-	la	conduite	d’une	recherche	en	esthé5que	et	en	
humanités	numériques	à	travers	la	concep5on,	le	
développement	et	l’expérimenta5on	d’ou5ls	numériques	
à	la	fois	spécifiques	et	génériques.
Atlasmuseum	
1-	Inventorier	les	œuvres	d’art	dans	l’espace	public		
	
La	cartographie	contribu5ve	comme	ou5l	d’inventaire	con5nu	pour	
les	œuvres	et	leurs	sites	:	quelle	méthodologie	?	Comment	définir,	
délimiter,	 aborder	 un	 objet	 d’étude	 transverse	 à	 différentes	
disciplines	telles	que	l’art	et	la	cartographie	?	Quels	ou5ls,	quelles	
méthodologies,	 quels	 paradigmes	 sont	 les	 plus	 per5nents	 dans	 la	
perspec5ve	d’un	inventaire	de	l’art	public	?
Atlasmuseum	
2-	 Développer	 des	 ou9ls	 contribu9fs	 et	 séman9ques	 afin	 de	
capter,	valoriser	et	diffuser	des	données	ar9s9ques	et	culturelles	
sur	les	œuvres	et	leurs	sites		
	
Comment	favoriser	des	flux	de	données	«	ouvertes	»,	structurées	
et	interopérables	permeJant	la	percep3on	et	la	valorisa3on	des	
œuvres	et	des	sites	en	tant	que	«	communs	»	?
Atlasmuseum	
3-	Développer	des	expérimenta9ons	de	visualisa9on	en	histoire	de	
l’art	(public)		
	
	
La	 visualisa3on	 de	 données	 séman3ques	 au	 service	 de	 l’analyse	
de	réseau	en	art	:	dans	quelle	mesure	la	visualisa3on	ontologique	
d’un	corpus	d’œuvres	peut-elle	par3ciper	à	une	mise	en	récit,	à	
une	nouvelle	forme	de	fréquenta3on	de	l’art	public	?
Atlasmuseum	
4-	 Modéliser	 un	 musée	 ré9culaire	 pour	 l’art	 public	
contemporain		
	
L’atlas	 numérique	 comme	 instance	 muséale	 :	 de	 la	
séman5que	 de	 l’inventaire	 au	 musée	 ré5culaire,	 quelle	
modélisa5on	 ?	 Comment	 repenser	 et	 remodeler	
l’expérience	d’enquêter,	de	documenter,	de	fréquenter,	de	
partager	 une	 œuvre	 d’art	 hors	 les	 murs	 du	 musée	 ?	
Comment	 penser	 puis	 designer	 ces	 ou5ls	 et	 ces	
expériences	?
Atlasmuseum	
Le	corpus	d’œuvres	et	de	sites		
	
Le	 projet	 Atlasmuseum	 a	 débuté	 en	 2011	 autour	 d’un	
corpus	 d’œuvres	 dans	 l’espace	 public	 créées	 en	 France	
entre	1951	à	2016.	Ce	choix,	ou	plus	exactement	ce	non-
choix,	 découle	 des	 sources	 primaires	 et	 secondaires	
iden5fiables	 et	 accessibles	 en	 2011	 au	 seuil	 de	 ma	
recherche.	Dans	un	premier	temps,	dans	l’idée	de	récolter	
des	informa5ons	sur	les	œuvres	d’art	dans	l’espace	public	à	
l’échelle	na5onale,	je	me	suis	tournée	vers	les	organes	du	
ministère	de	la	Culture	et	de	la	Communica5on	en	charge	
de	 deux	 programmes	 de	 commandes	 d’œuvres	 dans	
l’espace	 public	 :	 la	 Direc5on	 générale	 de	 la	 créa5on	
ar5s5que	(DGCA)	et	le	Centre	na5onal	des	arts	plas5ques	
(Cnap).
Atlasmuseum	
Le	corpus	d’œuvres	et	de	sites		
	
En	ce	qui	concerne	les	œuvres	et	pra5ques	ar5s5ques	dites	
«	indépendantes	»	ou	«	alterna5ves	»,	c’est-à-dire	hors	du	
giron	des	ins5tu5ons,	les	plus	visibles	et	média5ques	
d’entre	elles	-	comme	le	street	art	ou	l’art	urbain	-	font	
depuis	quelques	années	l’objet	d’une	aoen5on	nouvelle	de	
la	part	du	monde	of	ciel	de	l’art	et	du	numérique,	tandis	
que	les	formes	performa5ves	les	plus	conceptuelles,	les	
moins	visibles	ou	les	plus	éphémères	demeurent	peu	
financées,	peu	documentées	et	encore	moins	inventoriées.		
	
C’est	précisément	à	cet	endroit	que	se	posi5onne	ma	
recherche,	à	travers	la	cons5tu5on,	à	par5r	de	sources	
diverses,	d’un	corpus	réunissant	des	œuvres	hétérogènes,	
de	différentes	provenances,	procédures	et	origines.
www.atlasmuseum.net	
Dédiée	 à	 l’inventaire	 et	 à	 la	 documenta5on	 des	 œuvres	 d’art	 dans	
l’espace	 public	 en	 France,	 l’objec5f	 de	 ceoe	 plateforme	 consiste	 à	
regrouper	 selon	 un	 mode	 contribu5f	 commissaires,	 conservateurs,	
amateurs	 d’art,	 ar5stes,	 informa5ciens,	 historiens	 de	 l’art,	
documentalistes,	enseignants	et	étudiants.	Atlasmuseum	est	donc	un	
projet	à	la	fois	curatorial,	documentaire	et	pédagogique	s’adressant	à	
la	fois	au	grand	public	et	aux	professionnels	de	monde	de	l’art	et	de	
l’éduca5on,	ques5onnant	les	enjeux	d’inventaire,	de	numérisa5on	et	
de	documenta5on	des	œuvres	d’art	dans	l’espace	public.		
	
U5lisant	 la	 même	 structure	 logicielle	 que	 l’encyclopédie	 Wikipédia	
enrichie	de	l’extension	Seman5cMediawiki,	Atlasmuseum	est	un	site	
séman5que	 permeoant	 la	 créa5on	 d’atlas	 et	 de	 no5ces	 d’œuvres	
dont	 les	 données	 et	 métadonnées	 sont	 structurées	 pour	 le	 Web	
séman5que	 (Web	 3.0	 19).	 En	 bref,	 Atlasmuseum	 est	 un	 disposi5f	
numérique	évolu5f	adossé	à	ce	projet	de	thèse	qui	s’ar5cule	autour	
d’un	site	Wiki	et	d’une	applica5on	mobile20.
Humanités	numériques	
Ce	 sont	 donc	 autant	 les	 appareils	 que	 les	 expériences	 qui	
cons5tuent	l’objet	de	ceoe	recherche	en	esthé5que,	inscrite	dans	
le	mouvement	des	humanités	numériques.		
	
En	 effet,	 ma	 démarche	 rejoint	 la	 préoccupa5on	 de	 ceoe	
transdiscipline	 en	 ne	 réduisant	 pas	 les	 sciences	 humaines	 et	
sociales,	 les	 arts	 et	 les	 leores	 à	 un	 processus	 strictement	
intellectuel.	Il	s’agit	de	considérer	que	ces	disciplines	ainsi	que	les	
pra5ques	 de	 recherche	 sont	 appareillées	 et	 se	 caractérisent	 par	
une	technicité	intrinsèque.	Elles	se	fondent	sur	des	appareils	avec	
lesquels	elles	peuvent	parfois	se	confondre	(Vial,	2016).
La	carte	comme	média5on		
La	carte	étant	définie	«	moins	par	ses	traits	formels	que	par	les	
condi5ons	par5culières	de	sa	produc5on	et	de	sa	récep5on,	par	
son	 statut	 d’artefact	 et	 de	 média5on	 dans	 un	 processus	 de	
communica5on	sociale	»	(Jacob,	1992,	p.	41).		
	
La	 carte	 comme	 média5on	 entre	 les	 œuvres	 et	 les	 lieux	 est	
examinée	selon	différents	points	de	vue	(histoire	de	l’art	et	de	la	
cartographie,	 sciences	 de	 l’informa5on,	 géographie)	 afin	
d’esquisser	 les	 grandes	 lignes	 d’un	 poten5el	 ou5l	 d’inventaire	
pour	les	œuvres	d’art	public.		
	
L’acte	 de	 cartographier	 permet-il	 de	 res5tuer	 un	 objet	 d’étude	
éclaté,	dispersé	et	disparate	?
La	carte	comme	média5on		
Un	 survol	 transversal	 des	 rela5ons	 entre	 carte	 géographique	 et	
créa5on	 ar5s5que	 permet	 de	 relever	 les	 principales	
caractéris5ques	de	la	carte	en	tant	qu’«	instrument	de	mesure	de	
l’œuvre	»	(Brayer	et	Buslot,	1995).	
	
Puis,	 la	 prise	 en	 compte	 de	 ces	 caractéris5ques	 amène	 dans	 un	
second	temps	à	meore	en	perspec5ve	la	méthodologie	mise	en	
œuvre	dans	la	concep5on	d’un	ou5l	d’inventaire	des	œuvres	dans	
l’espace	 public	 (première	 fonc5onnalité	 de	 la	 plateforme	
Atlasmuseum).
De	la	carte	à	l’atlas		
De	l’inventaire	au	musée		
Opérer	 un	 double	 changement	 d’échelle,	 de	 la	 carte	 à	 l’atlas	 et	
symétriquement	de	l’inventaire	au	musée.		
	
«	 L’atlas	 est	 un	 disposi5f	 qui	 permet	 de	 concilier	 le	 tout	 et	 le	
détail.	 Il	 est	 régi	 par	 une	 logique	 cumula5ve	 et	 analy5que,	 qui	
conduit	de	la	vision	globale	aux	images	par5elles.	L’atlas	est	une	
suite	ordonnée	de	cartes,	et	en	passant	du	singulier	au	pluriel,	la	
carte	prend	un	sens	nouveau,	devient	un	objet	différent	»	(Jacob,	
1992,	p.	97).		
	
L’hypothèse	 principale	 développée	 dans	 ceoe	 par5e	 est	 celle	
d’une	polarité	dynamique	formée	entre	l’atlas	et	le	musée	menant	
à	l’hypothèse	d’un	atlas	numérique	comme	instance	muséale	pour	
les	œuvres	d’art	public.
De	la	carte	à	l’atlas		
De	l’inventaire	au	musée		
Atlasmuseum	 vise	 à	 s5muler	 une	 réflexion	 cri5que	 sur	 ce	 que	
pourrait	 être	 un	 musée	 numérique	 pour	 les	 œuvres	 d’art	 dans	
l’espace	 public,	 dans	 sa	 philosophie,	 son	 architecture	 et	 ses	
composantes	 principales	 :	 un	 musée	 à	 croissance	 illimitée,	 lieu	
d’un	inventaire	con5nu	par	le	biais	du	crowdsourcing21,	un	atlas	
en	ligne	visant	«	une	forme	visuelle	de	savoir,	une	forme	savante	
du	voir	»	(Didi-Huberman,	2011,	p.	12).
Distant	reading	/	close	reading	
Visualisa5on	de	données	
A	travers	Atlasmuseum,	il	m’a	semblé	possible	de	proposer	une	«	
lecture	 distanciée	 »	 des	 données	 récoltées	 et	 des	 hypothèses	
explorées	 dans	 les	 par5es	 précédentes,	 en	 m’appuyant	
notamment	 sur	 les	 travaux	 et	 réflexions	 menés	 par	 Franco	
More„,	professeur	d’histoire	de	la	lioérature.	Dans	son	ouvrage	
Graphs,	 Maps	 and	 Trees,	 Franco	 More„	 (More„	 et	 Jeanpierre,	
2008)	 s’interroge	 sur	 la	 manière	 dont	 l’histoire	 de	 la	 lioérature	
pourrait	 devenir	 moins	 restric5ve	 en	 cessant	 de	 ne	 s’aoacher	
qu’aux	grands	ouvrages	et	aux	grands	auteurs,	pour	envisager	une	
histoire	plus	globale	de	la	lioérature
Distant	reading	/	close	reading	
Visualisa5on	de	données	
Aujourd’hui,	 à	 l’instar	 de	 Frédéric	 Clavert,	 il	 semble	 que	 nous	
pouvons	 compter	 sur	 deux	 échelles	 de	 lecture	 des	 sources	
(historiennes)	 :	 d’une	 part	 une	 échelle	 close	 reading/	 distant	
reading	 et	 d’autre	 part	 une	 échelle	 lecture	 humaine/lecture	
computa5onnelle.	Frédéric	Clavert	situe	«	la	clé	de	la	lecture	et	de	
l’interpréta5on	 des	 sources	 de	 l’histoire	 à	 l’ère	 numérique	 est	
dans	 les	 allers-retours	 constants	 entre	 close	 reading	 et	 distant	
reading	 et	 entre	 appréhension	 humaine	 et	 appréhension	
computa5onnelle	de	nos	sources	primaires	»	(Clavert	in	Le	Deuff,	
2014).
Distant	reading	/	close	reading	
Visualisa5on	de	données	
L’une	 des	 ques5ons	 principales	 soulevées	 par	 ma	 recherche	 concerne	 la	
dimension	 «	 ré5culaire	 »	 de	 la	 plateforme	 Atlasmuseum	 en	 tant	 que	 musée	
numérique.	
	
L’architecture	de	l’informa5on	en	différents	«	plateaux	»	(cartes,	atlas,	no5ces,	
graphes,	 visualisa5ons)	 privilégiée	 dans	 ceoe	 plateforme	 cons5tue-t-elle	 les	
bases	d’un	modèle	muséal	ré5culaire	?		
	
Comment	 la	 séman5que	 de	 l’inventaire	 permet-elle	 une	 mise	 en	 réseau	 du	
musée,	c’est-à-dire	un	musée	en	dialogue	avec	l’extérieur	(avec	les	visiteurs/
u5lisateurs,	les	autres	musées,	les	autres	sites	et	autres	bases	de	données)	?	
Quel	rôle	joue	la	contribu5on	au	sein	de	ce	modèle	muséal	et	peut-on	y	déceler	
une	nouvelle	modalité	d’expérience	esthé5que	?
Atlas	Mnemosyne	(1924-1929)	
Aby	Warburg	
L’idée	 ini5ale	 d’une	 cartographie	 des	 œuvres	 d’art	 dans	 l’espace	 public	 a	 été	
alimentée	en	2011	par	ma	par5cipa5on	au	séminaire	à	l’Ecole	des	Hautes	Etudes	en	
Sciences	 Sociales26	 que	 Georges	 Didi-Huberman	 a	 consacré	 au	 Bilderatlas	
Mnemosyne	 (1924-1929)	 de	 l’historien	 de	 l’art	 Aby	 Warburg.	 La	 pensée	 de	
Warburg,	 aussi	 dense	 qu’énigma5que	 et	 des	 théoriciens	 qui	 l’ont	 éclairée	 et	
réactualisée	 depuis	 les	 années	 1990,	 notamment	 Philippe	 Alain	 Michaud	 (1998),	
Georges	Didi-Huberman	(2011),	Karl	Sierek	(2009)	ainsi	que	la	publica5on	de	l’Atlas	
Mnemosyne	 en	 français	 en	 2012	 (Warburg	 et	 Recht,	 2012)	 notamment	 a	 ainsi	
accompagnée	ceoe	recherche	depuis	ses	débuts.	
	
Je	 mobilise	 d’ailleurs,	 tout	 au	 long	 de	 mon	 argumenta5on,	 plusieurs	 no5ons	
warburgiennes	telles	que	la	polarisa5on,	le	mo5f,	la	connaissance	par	le	montage.		
	
Par	 exemple	 pour	 de	 définir	 le	 plus	 étroitement	 possible	 un	 objet	 d’étude	 à	
géométrie	variable,	l’art	dans	l’espace	public,	c’est	avec	la	no5on	de		
«	polarité	»	que	je	tente	de	confronter	les	principaux	concepts	servant	de	pivots	à	la	
réflexion	:	œuvre	et	site,	art	et	carte	puis	dans	un	second	mouvemement,	musée	et	
atlas.
Atlas	Mnemosyne	
Souvent	il	me	vient	à	l’esprit	que,	en	tant	que	psycho-historien,	je	cherche	à	
établir	la	schizophrénie	de	la	civilisa5on	occidentale,	à	par5r	de	ses	images	par	
un	réflexe	autobiographique	:	la	nymphe	exta5que	(maniaque)	d’un	côté,	et	le	
dieu	uvial	mélancolique	(dépressif)	de	l’autre.	(Gombrich	et	Saxl,	1970,	p.	303)
Atlasmuseum	:	plateforme	numérique	
Découvrir	la	plateforme	Atlasmuseum,	à	travers	ses	deux	formats	
(Web	 et	 mobile)	 et	 ses	 quatre	 dimensions	 (explora5on,	
contribu5on,	recherche	et	séman5sa5on)	au	moyen	d’un	parcours	
en	8	étapes,	une	expérience	d’éditorialisa5on	des	données	ini5ée	
au	printemps	dernier	à	la	Gaîté	Lyrique	à	Paris	en	lien	avec	des	
étudiants	 en	 design	 de	 Boulogne	 (DSAA-Design	 et	 concep5on	
mul5média).
Atlasmuseum	:	étude	de	polarités	dynamiques	
•  Œuvres/Lieux	:	espace	de	l’art	et	lieu	de	l’œuvre		
•  Données	et	métadonnées,	document	numérique		(35)	
•  Données	/	capta	/	obtenues		
•  Carte,	image,	mot
De	la	carte	comme	œuvre	à	la	carte	comme	
inventaire	:	hypothèses	méthodologiques		
Apporter	un	éclairage	transversal,	par	le	biais	de	l’art	contemporain,	
en	puisant	dans	les	processus	de	créa5on	et	de	produc5on	de	cartes	
par	les	ar5stes	des	XXe	et	XXIe	siècles	(notamment	les	ar5stes	du	Land	
Art,	de	l’art	conceptuel,	de	l’art	in	situ	et	du	Net	Art),	tout	en	prenant	
en	compte	la	posi5on	assignée	ou	prise	par	le	regardeur	vis-à-vis	de	
ces	objets	et	processus	ar5s5ques.		
	
L’œuvre	comme	carte	ou	la	carte	comme	œuvre	:	il	s’agit	d’étudier	les	
dimensions	et	les	procédures	cartographiques	agissant	au	sein	de	ces	
œuvres.	 L’idée	 étant	 de	 re5rer	 à	 par5r	 des	 expérimenta5ons	
cartographiques	 des	 ar5stes,	 des	 enseignements,	 des	 idées,	 des	
concepts	en	termes	de	protocoles,	d’approche	cri5que,	esthé5que	et	
pra5que	de	la	carte,	qui	pourront	être	transposées	à	l’inventaire.
Oeuvres-cartes	d’A.Boe„		
Apporter	un	éclairage	transversal,	par	le	biais	de	l’art	contemporain,	
en	puisant	dans	les	processus	de	créa5on	et	de	produc5on	de	cartes	
par	les	ar5stes	des	XXe	et	XXIe	siècles	(notamment	les	ar5stes	du	Land	
Art,	de	l’art	conceptuel,	de	l’art	in	situ	et	du	Net	Art),	tout	en	prenant	
en	compte	la	posi5on	assignée	ou	prise	par	le	regardeur	vis-à-vis	de	
ces	objets	et	processus	ar5s5ques.		
	
L’œuvre	comme	carte	ou	la	carte	comme	œuvre	:	il	s’agit	d’étudier	les	
dimensions	et	les	procédures	cartographiques	agissant	au	sein	de	ces	
œuvres.	 L’idée	 étant	 de	 re5rer	 à	 par5r	 des	 expérimenta5ons	
cartographiques	 des	 ar5stes,	 des	 enseignements,	 des	 idées,	 des	
concepts	en	termes	de	protocoles,	d’approche	cri5que,	esthé5que	et	
pra5que	de	la	carte,	qui	pourront	être	transposées	à	l’inventaire.
Atlasmuseum	:	plateforme	numérique	
Découvrir	la	plateforme	Atlasmuseum,	à	travers	ses	deux	formats	
(Web	 et	 mobile)	 et	 ses	 quatre	 dimensions	 (explora5on,	
contribu5on,	recherche	et	séman5sa5on)	au	moyen	d’un	parcours	
en	8	étapes,	une	expérience	d’éditorialisa5on	des	données	ini5ée	
au	printemps	dernier	à	la	Gaîté	Lyrique	à	Paris	en	lien	avec	des	
étudiants	 en	 design	 de	 Boulogne	 (DSAA-Design	 et	 concep5on	
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Atlasmuseum / Rennes 2/ Master Magemi