Le modèle initial du web, gratuité contre publicité, va-t-il tomber ?
Face à la croissance exponentielle des adblockers (bloqueurs de publicité), les médias, les annonceurs, les régies et les agences doivent réagir.
Pourquoi les internautes installent-ils ces logiciels ? Quelles sont les réponses possibles ?
3. - Les adblockers sont des logiciels installés par les internautes pour cacher automatiquement toutes les
publicités lors de leur navigation web, sans distinction de format. Le logiciel Adblock Plus de la société Eyeo
est le plus répandu.
-200 millions de personnes les utilisent dans le monde et plus d’un internaute sur quatre en France, selon
Comscore. Aux USA, on estime le manque à gagner à 21,8 milliards de dollars par an.
-Les internautes qui ont recours à l'ad-blocking invoquent la dégradation des conditions de lecture, même si
certains utilisateurs sont des militants anti-publicité. Dans le détail, les internautes dénoncent le ralentissement du
chargement des pages, les formats de publicité intrusifs ou ennuyeux, l’impossibilité de passer une publicité,
l’exploitation des données personnelles…
-Les médias sont contraints de réagir car le développement de l’ad-blocking remet leur modèle économique
en cause. Faut-il combattre les ad-blockers frontalement, les contourner ou travailler avec eux ? Certains ont
choisi de pactiser avec le diable en demandant, moyennant finances, à figurer sur la white list d’Eyeo. Ce
programme est dénoncé par nombre d’éditeurs qui l’assimilent a du racket.
Pourquoi les internautes utilisent un ad-blocker et quelles
sont les conséquences ?
4. -La manière forte. Les actions en justices contre les bloqueurs n’ont jusqu’à maintenant pas porté leurs fruits.
Les médias bloquent le contenu ou propose un abonnement sans publicité lorsqu’ils détectent un ad-blocker :
«Pour accéder à cette vidéo, merci de désactiver votre bloqueur de publicité » ; « payez 2,99 euros par mois
pour avoir accès à un site presque sans publicité ».
-
-La manière douce. « Les éditeurs doivent s’engager sur le confort de lecture et recréer de la confiance avec les
lecteurs». Suivant ce principe, plusieurs initiatives d’auto-régulation ont émergé :
-Syndicat des régies internet (SRI) prépare une charte des bonnes pratiques pour regagner la confiance des
internautes.
-Teads, spécialisée dans la publicité vidéo a lancé son «manifeste pour une publicité durable».
-Eyeo a proposé la création d’un comité indépendant d’experts, chargé de déterminer ce qui définit une
publicité acceptable.
-En synthèse, ces initiatives proposent de développer des formats plus « user friendly », notamment en
s’adaptant au device, bannir les formats interruptifs, mieux utiliser la data pour offrir des messages pertinents,
limiter le nombre d’espaces sur la même page et la fréquence d’affichage, permettre à l’internaute de passer la
publicité si il le souhaite, le récompenser si il regarde.
Quelles sont les réponses apportées par les éditeurs ?
Plus précisément, les parties prenantes proposent :
- l’interdiction des interstitiels et des pop-up ou la possibilité pour l’utilisateur de mieux contrôler le son des vidéos publicitaires, la bonne visibilité de la croix pour fermer ;
- le développement du native advertising, dont les contenus, entre éditorial et publicité, sont moins simples à détecter pour l’ad-blocker. Ce point nécessite de veiller à ce que les principes déontologiques fondamentaux d’identification de la publicité et de l’annonceur soient respectés ;
- Le recours à des newsletters, à condition qu’un adserver ne soit pas utilisé ;
- L’achat de liens sponsorisés qui sont white listés ;
- La conception de publicité au format mobile ou dans les apps et sites web mobiles même si l’ad-blocking sur mobile s’est formtement développé ces derniers mois.
- Le ciblage direct des amateurs d’adblockers, avec des créations dédiées dès que la présence d’un ad-blocker est détectée.