1. assp_____________ accompagnement, soins et services à la personne
Du stage… au reportage - 2014
Étapes de travail :
1 – Master class / Les élèves de Terminale ASSP 2 rencontrent les journalistes Marie-Pierre Subtil et Mathieu Palain
de la revue 6MOIS : Qu’est-ce qu’un reportage ? Quelles méthodes ?
2 – Le stage / Pendant un mois, les élèves apprennent leur métier, mais également, observent et écoutent, prennent
des notes, font des photos, posent des questions…
3 – Retour / Les élèves précisent le sujet de leur article. Rédigent. Mettent en forme. Certains retournent même sur le
lieu du stage refaire une photo, poser une question.
Leur travail nous conduit au plus près de leur expérience et du métier qu’ils sont en train d’apprendre et dont ils sont les
témoins les plus intimes.
2. Mme V*** a 86 ans. Pas de vie professionnelle.
Femme au foyer. Deux enfants et deux petits
enfants. Veuve. Elle s’habille toujours de la
même façon. Un pull et un pantalon à pinces
marron. Des chaussons marron, aussi. Elle
ajoute un gilet rouge assorti à son rouge à
lèvres. Le rouge est sa couleur préférée.
Aujourd’hui elle est très enthousiaste à l'idée de
commencer l'activité. Elle pose énormément des
questions et veut comprendre le jeux à tout prix
pour pouvoir gagner. Car elle n’aime pas
perdre. Elle veut toujours être la gagnante.
On commence le jeu. Ça lui plaît. Mais elle a
parfois du mal à apercevoir les couleurs des
points. Mais elle fait beaucoup d'efforts et on
s'amuse beaucoup. Elle me raconte des blagues
et des anecdotes et elle est contente car on
rigole et on passe un bon moment ensemble .
Par Nadia L.
Jeudi 28 novembre 2013. 14h10 .
Maison de retraite Renaudin- Salon perruche. Sceaux.
Salon perruche
Photo Nadia L.
3. Le drap sur la couverture
Mme P*** a 82 ans. Elle se sent seule. Elle est toujours dans sa chambre. Toute seule allongée dans
son lit près de la fenêtre en regardant la chaîne musique à la télé. Elle ne communique pas beaucoup
avec les autres patients. La chambre est toujours bien rangée.
Sa famille ne lui rend pas visite. Ils ne veulent plus s’occuper d’elle. Ils veulent se débarrasser d’elle.
Elle aime bien me parler pendant que je fais son lit. La vie de ses enfants qui travaillent à la Mairie.
Elle, était comptable dans une compagnie d’assurance.
Fixer le drap de dessous en bordant d’abord le haut du lit et faire l’angle.
Fixer le drap en bas du lit et faire l’angle. Border les côtés, remettre la
protection plastifiée, si nécessaire. Mettre une alèse propre. Fixer le tout
sous le matelas. Étendre, ensuite, le drap de dessus ainsi que la couverture.
Rabattre le drap sur la couverture et faire un double revers. Border le drap
et la couverture au fond du lit en faisant l’angle. Remettre les oreillers et
le duvet sur le lit. Remettre en place le matériel et évacuer le linge sale.
Par Tracy. M.
Hôpital Paul Brousse – Villejuif.
4. Elle parle français et le comprend. Elle a deux
enfants. Elle vie dans un pavillon, seule, mais
elle a des aides et des auxiliaires. Elle a
beaucoup voyagé. Elle a marché sur la mer de
glace.
Elle a travaillé dans la grande couture, sur les
Champs Elysées. C’est une femme très agréable
et très gentille. Elle aime donner des conseils.
Chaque midi je reste assise à son chevet et
j’écoute les histoires qu’elle me raconte pendant
que je l’aide à prendre son repas.
Elle a été victime d’un AVC et n’est plus apte à
accomplir les tâches de la vie quotidienne. Elle
avait perdu toute joie de vivre mais, peu à peu,
elle s’est confiée à moi. Elle apprécie ma
compagnie, dans sa chambre. Elle redevient
triste aussitôt que je quitte sa chambre. A 101
ans passés, elle ne cesse de nous faire rire et
aime amuser la galerie. Par Alicia R.Photo Alicia R. À l’hôpital du Kremlin Bicêtre. 12h30.
Sur la mer de glace ________________________________
5. Pourquoi dites vous ça, Mme L*** ? Qui sera là pour
chanter, rigoler, si vous nous quittez ? Vous savez, je ne
vous connais pas très bien, mais vous êtes ma patiente
préférée. Allez venez, on va s’asseoir, on va discuter.
Nous nous asseyons. Elle, sur son lit. Moi, sur la chaise,
en face d’elle. Instinctivement je lui prends la main.
Elle commence à me raconter.
Vous savez, j’ai eu une vie merveilleuse. Je passais mon
temps à aller danser, dans les bals, et cela depuis toute
petite. La danse a été toute ma vie. Le tango, le paso
doble, le slow. Oh oui ! Le slow ! Vous connaissez
non ? Et me voilà maintenant, vieille, dans cet hôpital,
avec une voisine qui ne m’aime pas alors que je ne lui
ai rien fait. Je ne peux plus tenir debout. Alors danser,
n’en parlons pas. Oh mademoiselle ! Profitez de la vie,
vraiment !
Vous savez Mme L***, ne vous inquiétez pas de ce que
vous dit votre voisine, ou de ce qu’elle fait, pour vous
énerver. Vous êtes ici chez vous. Personne ne pourra
vous empêcher de vivre. Et puis, si vous voulez danser,
le repas de Noël, c’est jeudi. Je vous promets que vous
allez danser ! Il y aura des chanteurs et leurs
musiciens. Vous verrez, ça va vous plaire ! ».
Je discute quelques minutes. Je lui accorde du temps.
Juste elle et moi. Par Anaïs B.
Hôpital Paul Brousse – Villejuif.
Je veux mourir !
Pas facile à entendre. Je ne sais trop quoi répondre
ni trop quoi faire. Ma position de stagiaire me
bloque et pourtant je suis attachée à cette femme
bien que je ne la côtoie que depuis quelques
semaines. Mais je me lance.
Photo Anaïs B.
Le slow. Oh oui ! Le slow ! —————----
6. Une matinée _____________________________________________
7h00 - Les aides-soignantes et moi-même sommes dans le petit salon, la salle à manger, là où
nous passons la plupart de notre temps. Les murs sont jaunes pâles. Des traces d’usure.
Quelques cadres où l’on voit des paysages, d’autres représentent des photos de résidents. Il y a
aussi deux commodes marron clair. On dirait du bois, mais ça n’en est pas. Il y a aussi
quelques décorations de Noël et des bouquets de fleurs.
Le sol aussi est marron clair. Avec des traces noires. Sûrement les allées et venues des
fauteuils roulants ou des traînées de chaises. Ce n’est qu’une hypothèse.
Comme vous le voyez, la salle à manger n’est pas très gaie. Les couleurs sont froides. La salle,
en elle-même, n’est pas fermée, et l’on aperçoit les chambres des résidents dans les couloirs.
7h30 – Fin du petit déjeuner. Chantal, une des aides-soignantes fait la répartition des tâches.
Elle partage différents secteurs de patients afin d’effectuer les toilettes.
Je ne dois m’occuper que d’une seule patiente. Madame B***. Une femme de 87 ans. Très
agréable, de taille moyenne, le teint blanc et les cheveux châtains foncés. Elle passe ses
journées à déambuler à l’étage. Au début, ça me surprenait de la voir marcher autant. En fait,
je m’étais imaginé qu’en gériatrie les patients ne marchaient pas.
Madame B*** est très câline. Elle vient toujours me voir pour me faire quelques bisous. Après
chaque soin elle me remercie. Ca me fait plaisir. La voir comblée me rend heureuse.
10h30 – 11h00 – Fin des toilettes.
La salle à manger se remplit. On n’en distingue plus les murs. Les patients sont tous au
rendez-vous, en fauteuils roulants, plus ou moins encombrants. J’ai même du mal à passer.
L’odeur est désagréable. Elle est différente selon la maladie. Je n’aime pas trop être là, à ce
moment. Par Khadiatou T. Hôpital Broca – Paris.
7. Je dis A, B, C…
C ! Elle répète.
Nous sommes dans la salle d’animation où règne
une ambiance chaleureuse. Cet après-midi, je dois
animer une activité.. Le jeu consiste à placer les
pions sur les lettres qui forment la réponse à une
énigme. Je remarque que madame C*** s’énerve car
elle n’arrive pas à bien comprendre les règles. Elle
est atteinte d’une maladie indéterminée. Ça me fait
de la peine. Je décide d’aller m’asseoir près d’elle et
de l’aider à placer ses pions en lui récitant les lettres
de l’alphabet. Elle m’arrête quand je dis la bonne
lettre, en répétant cette bonne lettre. Je vois ses
yeux s’épanouir. Un sentiment de satisfaction se
dégage sur son visage. Cette sensation m’enivre,
j’éprouve un réel plaisir à l’aider.
Je dis D, E… E ! Elle répète. Par Mélanie T.
Maison de retraite Jean Heude – Chevilly-Larue
Je dis A, B, C… —————————————————————————————————
Photo Mélanie T.
8. Je veux la retrouver ————————————————
L’après-midi. Après le karaoké. Je veux aller
vérifier quelque choses au 5ème et je prends
l’ascenseur. Comme chaque après-midi, j’y croise
M. C***, mais aujourd’hui il n’a pas l’air comme
d’habitude. Je lui demande ce qui se passe.
Il me répond qu’il veut retrouver sa femme. Ce
karaoké lui a rappelé l’époque où ils se sont
connus. M. C*** est un résident dont les
confidences, durant ces semaines, m’ont touchée.
Une, en particulier : qu’il n’a jamais plus voulu
retrouver l’amour après la mort de sa femme. Je
décide alors de lui sourire à mon tour. Puis il me
parle. Longtemps.
C’est ainsi que nous avons fait des allers-retours
entre chaque étage car M. C*** ne cessait
d’appuyer sur les boutons pour ne pas arriver au
rez-de-chaussée avant d’avoir fini de me raconter
comment il avait rencontré sa femme. Après avoir
longuement discuté, je le vois sourire à nouveau. Il
me dit merci pour tout mademoiselle, en sortant.
Un simple sourire qui me permet de voir que
même en étant stagiaire je ne suis pas là pour rien.
Par Salma A.
Photo Salma A.
Résidence Saint-Charles – Sceaux.
9. Un jour, la secrétaire est arrivée avec un sapin de Noël. Les personnes âgées étaient très heureuses.
Nous l’avons décoré avec de jolies guirlandes et des boules de Noël.
Puis il y a eu des chants.
Puis je me suis assise à côté de Madame M***. Nous nous parlons. Elle me raconte des souvenirs.
Elle aimait cuisiner des petits repas, entourée des personnes qu’elle aimait, ses amis, ses enfants, ses
petits-enfants. Et chanter avec eux.
Madame M*** est nostalgique, triste.
Par Sarah C.
AREPA – Le Chêne Rouge – Chevilly Larue.
Le sapin de Noël _______________________________
10. Souvent j’allais rendre visite à Mme C***.
C’était l’une des seules personnes âgées
consentantes. Elle était d’une taille très
petite, le dos courbé, et toute menue. Elle
aimait bien porter des robes de chambre
qu’elle accordait avec ses chaussons. Elle
adorait prendre soin d’elle.
Cet après-midi-là, le 20 novembre 2013, en
entrant dans sa chambre, j’ai vu qu’elle lisait
un roman. Alors, je lui ai demandé de me
raconter l’histoire. Elle m’a dit que c’était
l’histoire d’une femme que son mari avait
quittée. Il avait même fuit avec son fils.
Nous avons toutes les deux donné notre avis
sur ce livre. Nous nous sommes dit que ça
devait être une épreuve très compliquée pour
cette femme. Cette histoire était tirée de faits
réels. Nous étions très émues.
Par Aisseta C.
Photo http://www.bvoltaire.fr/josemeidinger/mourir-cela-nest-rien-vieillir,48290
Hôpital Paul Brousse – Pôle VRA unité Matisse – Villejuif.
Le livre ————————————————————————————
11. Lasciate me cantare !
À l’heure du déjeuner, je ramène toutes les personnes âgées dans la salle à manger.
Chacun a sa place respective. Chacun a ses petites habitudes. Chacun a sa boisson.
Moi, je suis toujours à la même place pour les aider à manger. Pendant le repas, une
personne se met à chanter. Lasciate me cantare ! Puis elle se met à pleurer.
C’est une dame âgée de 96 ans, petite avec des cheveux blancs. Très coquette. D’origine
italienne.
Quand elle a terminé, je lui demande pourquoi cette chanson la met dans cet état. Elle
m’explique que lorsqu’elle était plus petite, sa mère, d’origine italienne, lui chantait
souvent cette chanson et la lui apprenait.
Elle se rappelle sa jeunesse, les moments avec sa mère. Elle pleure de joie et de tristesse.
Pendant toute la durée de mon stage, quand elle me croisait dans les couloirs, elle voulait
que je m’arrête et que je chante avec elle. Même si je ne connaissais pas l’italien, c’était
bien de chanter avec elle. Elle était heureuse, souriante, joyeuse de m’apprendre les
paroles, de chanter avec moi. Par Antonia N.
OEPF (Œuvre d’Éducation Populaire Familiale) - Paris
12. Il est 15heure. C’est l’heure de
commencer l’animation. Il faut fabriquer
des décorations pour les fêtes de Noël
qui approchent. J’aide Madame D***
dans son activité. Le principe est de
planter des clous dans une boule en
polystyrène à l’aide de paillette.
Pendant l’animation madame D*** est
prise d’une hallucination. Soudain, elle
se met à croquer la boule comme s’il
s’agissait d’une véritable pomme. Je
prends alors mon courage à deux mains
et lui retire la boule cloutée de la
bouche.
L’activité se déroule ensuite dans le
calme comme s’il ne s’était rien passé.
Par Valentine R.
La pomme ————————————————————————
Photo Valentine R
Hôpital Broca - Paris.
13. Un après-midi très mouvementé. Nous
recevons une nouvelle résidente, Mme M***.
Une vielle dame accompagné de sa fille. Après
l’inscription, nous leur souhaitons la
bienvenue et nous leur proposons une visite
de la maison. Mme M*** semble inquiète.
Pendant toute la visite, nous la rassurons.
Après le tour des locaux, la fille de Mme M***
fond en larmes. Nous sommes surpris et nous
ne savons pas quoi faire. On essaie de rassurer
la mère et nous allons voir la fille. Pourquoi
cette tristesse ?
Une fois la fille de rassurée, nous
l’accompagnons auprès de sa mère. Là, les
deux femmes se mettent à pleurer. Elles
expliquent à quel point elles s’aiment. Elles ne
veulent pas se séparer.
Mais la fille dit qu’elle n’a pas le choix. Elle
doit mettre sa chère maman en maison de
retraite. La mère ajoute que la seule famille
qui lui reste est sa chère fille.
Par Robert F.
Photo Robert F.
Résidence Cousin Méricourt – Cachan.
Liens affectifs ————————————————————————————
14. Je dois réaliser un soin. Il s’agit d’une dame blonde de
forte corpulence.
TOC, TOC, TOC !
OUI !
Je rentre dans la chambre. Elle est réveillée comme
tous les matins. Je lui dis bonjour et elle me répond
avec une voix plus joyeuse que d’habitude.
Tout à coup, elle me prend la main. Et me dit vous êtes
douce.
Puis elle se confie à moi. Elle me dit qu’elle se sent
bien quand je lui donne sa douche ou lui fait sa
toilette, au lit. Mais aussi quand je prends du temps
pour parler avec elle. Elle me raconte comment elle
vivait, avec son époux. Les temps passés avec lui, lui
manquent.
Par Isemene N.
CHU Bicêtre – Le Kremlin-Bicêtre.
7h30 ————————————————————————————
Photo Isemene N.
15. 12h. L’heure du repas. Noël arrive à grands pas. Habillée de vert, de rouge et de guirlandes, la
table est enfin prête.
Je distribue les repas. Il y a des pommes sautées. Pas seulement évidemment. Je passe entre les
tables avec mon charriot.
Il y a de la musique.
Madame D*** s’improvise chef d’orchestre. Avec ses bras, elle bat l’air en mesure. Elle a l’air
tellement heureuse !
MEXICOOO ! MEXI - IIII - COOO ! Sous ton soleil qui chante IIIIII ! Le temps paraît trop
court…
Soudain, Madame M*** m’aborde. Vous avez un beau sourire ! Ça fait plaisir de voir des gens
comme vous !
Elle me dit qu’elle apprécie quand je lui fait les soins. Elle dit que je suis douce et attentionnée.
À la fin du repas, tout le monde se lève. Et se met à chanter.
DANS LE PORT D’AMSTERDAAAM…
Par Toutou S.
CHU Bicêtre – Le Kremlin-Bicêtre.
MEXICOOO ! MEXI - IIIICOOO !