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C’
estcequ’affirmeGuyBrits,direc-
teur général du producteur de
génériques Apotex pour la Bel-
gique. Il analyse la politique de
notre pays en matière de géné-
riques et s’arrête sur la manière dont son
entreprise prend la balle au bond.
Médicaments remboursés
Guy Brits évoque d’entrée de jeu une étude
de la coupole des producteurs de médica-
mentsgénériquesetbiosimilairesFebelgen,
quirévèlequeletauxdepénétrationdesgéné-
riques reste négligeable pour les produits
entièrement pris en charge par l’assurance
alors qu’il atteint 60 à 70 % dans le seg-
ment des médicaments non remboursés et
30 à 40 % lorsque le patient doit payer une
quote-part(copaiement).«Ilexisteclairement
un lien entre copaiement et pénétration des
génériques»,souligne-t-il.«Lorsqu’untrai-
tement est complètement remboursé, le
recours aux génériques est perçu comme
étant sans intérêt pour le patient. Lorsque
l’Inami n’intervient pas du tout et que le
bénéficiaire doit tout payer de sa poche, ces
produits deviennent par contre beaucoup
plus pertinents. Cette situation crée un
énorme problème, puisqu’elle plombe les
économies sur les médicaments coûteux –
destraitementsqui,soitditenpassant,sont
souvent initiés à l’hôpital.»
D’aprèslui,c’estégalementlesegmentdes
médicaments(onéreux)complètementrem-
boursés qui explique pourquoi le taux de
pénétrationdesgénériquesrestesifaibledans
notre pays et pourquoi les biosimilaires ont
tant de peine à décoller.
Confusion
Ilestévidentque,pourlesmédecinsetphar-
maciens,lesarbresenarriventaujourd’hui
à cacher la forêt. Il règne en effet une
confusionconsidérable–àcause,enpar-
tie,deladéfinitionplusieursfoismodifiée
du médicament «bon marché» et «le
moins cher». «En cas de prescription en
DCI, le pharmacien peut en outre choisir
entre au moins trois produits», poursuit
GuyBrits.«Ildélivredonccequ’ilaenstock,
sans garantie aucune que cette marque
soit réellement la moins chère.» Ce prix
amène parfois aussi le pharmacien à
modifier la médication, soit de sa propre
initiativesoitparcequ’ilyestobligé,cequi
nefavoriseévidemmentpaslacompliance.
«Ceci peut déboucher sur des erreurs
voiresurdesdramesqu’ilfautabsolument
éviter,enparticulierdanslesmaladieschro-
niques», souligne Guy Brits.
Il constate que les médecins ont trop peu
consciencedecetétatdefait.Lacomplexité
du système a amené nombre d’entre eux à
déposer les armes. «Ils voudraient bien
garder l’église au milieu du village mais s’y
perdentdansladéferlantedeproduits«bon
marché»et«lesmoinschers»–etlaconfu-
sion sémantique y est pour beaucoup. Il
existe souvent chez les généralistes un
manque de compréhension, mais aussi un
manque de temps.» Les pharmaciens aussi
sont confrontés à une pression importante
et ont bien du mal à gérer la complexité du
système. Ils sont donc enclins à chercher la
solution la plus simple, qui n’est malheu-
reusementpastoujourslamoinschère...de
telle sorte que nous passons parfois à côté
d’énormes économies.
«Lesystèmelaissetroppeudeplaceàune
saine compétition et n’offre pas suffisam-
ment de garanties que le patient reçoit vrai-
ment le produit le moins cher», observe
Guy Brits. «Les médecins doivent prendre
conscience de l’importance de leurs pres-
criptions : comparer activement les prix
peut faire toute la différence. Chez Apotex,
les généralistes attentifs aux prix et qui ont
bien compris le système ont l’avantage.
Avec notre politique de «prix bleus», nous
sommesd’ailleursaussilesmoinschersen
termes absolus dans le segment des médi-
caments non remboursés.»
Un ticket modérateur élevé
Les patients belges paient un cinquième
deleursfraisdesantédeleurpoche,contre
à peine 5,7 % aux Pays-Bas et 13,1 % en
Allemagne, comme évoqué récemment au
cours d’un symposium organisé par BACHI.
«Bien des études révèlent une corrélation
claire entre la contribution personnelle du
patient et sa compliance thérapeutique :
plus il paie de sa poche, moins il est fidèle
à son traitement, même lorsqu’il ne s’agit
que de faibles différences de prix», sou-
ligneGuyBrits.«Apotexrépondàceconstat
parsapolitiquedeprixbleusetsesmédi-
caments les moins chers, qui sont aussi
unemanièred’améliorerlacompliance.»
Guy Brits souligne encore que les
médicaments génériques rencontrent
sur le marché belge une situation assez
unique à l’échelon international. «Le fai-
ble nombre d’acteurs actifs dans notre
pays est déjà en soi un problème (de
plusenplus)important,quicompliquele
fonctionnementsaindumarché.S’ajoute
à cela que les prix ont souvent été abais-
sés–commeencorerécemmentdansle
cadredupactedestabilité–sansquececi
ne s’accompagne à ce jour d’une aug-
mentationdevolumepourlesgénériques
des molécules concernées.» Ce n’est
toutefois pas le seul handicap de la Bel-
gique. «Le volume est trop faible et le mul-
tilinguisme a pour conséquence que les
noticesdoiventêtrerédigéesentroislangues,
ce qui se solde par des coûts de production
accrus.»
INFORMATION SERVICES
17Le Journal du Médecin | 13 mai 2016 | N° 2450
Apotex en quelques mots
Basée à Toronto, au Canada, Apotex figure actuelle-
ment en 7e place du classement mondial des produc-
teurs de génériques avec quelque 24 milliards de doses
et un chiffre d’affaires annuel de deux milliards de dol-
lars. La firme exporte 300 médicaments différents vers
115 pays en quelque 4.000 dosages et conditionne-
ments et emploie plus de 10.000 personnes. Son plan
stratégique à l’horizon 2020 (qui met e.a. l’accent sur
la fiabilité de l’offre et la compétitivité) vise à parvenir
à un chiffre d’affaires annuel de quatre milliards de
dollars au travers de sa seule croissance organique.
Aucune acquisition n’est actuellement prévue. Ces dix
prochaines années, la firme va investir plus de deux mil-
liards de dollars dans la recherche et le développement
(R&D). «Apotex a aujourd’hui 500 produits en dévelop-
pement», souligne Guy Brits, directeur général de la
filiale belge. «L’idée que les producteurs de génériques
ne font pas de R&D est un malentendu qui a la vie
dure... et pourtant, Apotex réinvestit au moins 10 % de
son chiffre d’affaires dans ce poste à l’échelon mondial.
Au Canada, nous sommes même le numéro 1 en termes
d’investissements en R&D ! Il s’agit principalement de
travaux portant sur d’autres formes galéniques ou sur
des biosimilaires.»
En Belgique, où elle possède un site à Jette, Apotex pra-
tique une politique des «prix bleus» en matière de médi-
camentsgénériques.Dansletop25desdépensesenmédi-
caments de l’Inami pour 2014, la firme est par exemple
lamoinschèreentermesabsolusavecpasmoinsdecinq
produits. Dans notre pays aussi, elle veut réaliser une
forte croissance dans les années à venir, pour atteindre
une part de marché de 5 % d’ici à 2018.
jdM Informations Services est une division de Roularta HealthCare. Avec jdM Information Services, les organisations peuvent partager leurs points de vue, stratégies et solutions avec la communauté
des lecteurs du jdM. La rédaction décline toute responsabilité quant au contenu de cette rubrique. Rédaction : Roularta HealthCare. Photo : Jerry De Brie.
0%
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Af A Bf B C Non Remb
Volume
Valeur
Lesmédecinsdoiventêtreconscientsdel’importance
deleurprescription
«Grâce à son concept de «prix bleus», Apotex est le moins cher
en termes absolus pour les médicaments remboursés et non rem-
boursés, pour les patients chroniques et pour les Bf. Il est toute-
fois capital que les médecins aient conscience de l’importance de
leur prescription, qui peut faire la différence pour les finances du
patient et pour celles du gouvernement. Ils devraient vraiment com-
parer les prix de façon plus active.»
Parts de marché (volume et valeur) des médicaments génériques,
par catégorie de remboursement (médicaments sur prescription
délivrés en pharmacie – IMS MAT 05/2013)
Source: Febelgen, Belgian association for generic and biosimilar medicines
JDM2450-017 11/05/16 09:44 Pagina 17

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  • 1. C’ estcequ’affirmeGuyBrits,direc- teur général du producteur de génériques Apotex pour la Bel- gique. Il analyse la politique de notre pays en matière de géné- riques et s’arrête sur la manière dont son entreprise prend la balle au bond. Médicaments remboursés Guy Brits évoque d’entrée de jeu une étude de la coupole des producteurs de médica- mentsgénériquesetbiosimilairesFebelgen, quirévèlequeletauxdepénétrationdesgéné- riques reste négligeable pour les produits entièrement pris en charge par l’assurance alors qu’il atteint 60 à 70 % dans le seg- ment des médicaments non remboursés et 30 à 40 % lorsque le patient doit payer une quote-part(copaiement).«Ilexisteclairement un lien entre copaiement et pénétration des génériques»,souligne-t-il.«Lorsqu’untrai- tement est complètement remboursé, le recours aux génériques est perçu comme étant sans intérêt pour le patient. Lorsque l’Inami n’intervient pas du tout et que le bénéficiaire doit tout payer de sa poche, ces produits deviennent par contre beaucoup plus pertinents. Cette situation crée un énorme problème, puisqu’elle plombe les économies sur les médicaments coûteux – destraitementsqui,soitditenpassant,sont souvent initiés à l’hôpital.» D’aprèslui,c’estégalementlesegmentdes médicaments(onéreux)complètementrem- boursés qui explique pourquoi le taux de pénétrationdesgénériquesrestesifaibledans notre pays et pourquoi les biosimilaires ont tant de peine à décoller. Confusion Ilestévidentque,pourlesmédecinsetphar- maciens,lesarbresenarriventaujourd’hui à cacher la forêt. Il règne en effet une confusionconsidérable–àcause,enpar- tie,deladéfinitionplusieursfoismodifiée du médicament «bon marché» et «le moins cher». «En cas de prescription en DCI, le pharmacien peut en outre choisir entre au moins trois produits», poursuit GuyBrits.«Ildélivredonccequ’ilaenstock, sans garantie aucune que cette marque soit réellement la moins chère.» Ce prix amène parfois aussi le pharmacien à modifier la médication, soit de sa propre initiativesoitparcequ’ilyestobligé,cequi nefavoriseévidemmentpaslacompliance. «Ceci peut déboucher sur des erreurs voiresurdesdramesqu’ilfautabsolument éviter,enparticulierdanslesmaladieschro- niques», souligne Guy Brits. Il constate que les médecins ont trop peu consciencedecetétatdefait.Lacomplexité du système a amené nombre d’entre eux à déposer les armes. «Ils voudraient bien garder l’église au milieu du village mais s’y perdentdansladéferlantedeproduits«bon marché»et«lesmoinschers»–etlaconfu- sion sémantique y est pour beaucoup. Il existe souvent chez les généralistes un manque de compréhension, mais aussi un manque de temps.» Les pharmaciens aussi sont confrontés à une pression importante et ont bien du mal à gérer la complexité du système. Ils sont donc enclins à chercher la solution la plus simple, qui n’est malheu- reusementpastoujourslamoinschère...de telle sorte que nous passons parfois à côté d’énormes économies. «Lesystèmelaissetroppeudeplaceàune saine compétition et n’offre pas suffisam- ment de garanties que le patient reçoit vrai- ment le produit le moins cher», observe Guy Brits. «Les médecins doivent prendre conscience de l’importance de leurs pres- criptions : comparer activement les prix peut faire toute la différence. Chez Apotex, les généralistes attentifs aux prix et qui ont bien compris le système ont l’avantage. Avec notre politique de «prix bleus», nous sommesd’ailleursaussilesmoinschersen termes absolus dans le segment des médi- caments non remboursés.» Un ticket modérateur élevé Les patients belges paient un cinquième deleursfraisdesantédeleurpoche,contre à peine 5,7 % aux Pays-Bas et 13,1 % en Allemagne, comme évoqué récemment au cours d’un symposium organisé par BACHI. «Bien des études révèlent une corrélation claire entre la contribution personnelle du patient et sa compliance thérapeutique : plus il paie de sa poche, moins il est fidèle à son traitement, même lorsqu’il ne s’agit que de faibles différences de prix», sou- ligneGuyBrits.«Apotexrépondàceconstat parsapolitiquedeprixbleusetsesmédi- caments les moins chers, qui sont aussi unemanièred’améliorerlacompliance.» Guy Brits souligne encore que les médicaments génériques rencontrent sur le marché belge une situation assez unique à l’échelon international. «Le fai- ble nombre d’acteurs actifs dans notre pays est déjà en soi un problème (de plusenplus)important,quicompliquele fonctionnementsaindumarché.S’ajoute à cela que les prix ont souvent été abais- sés–commeencorerécemmentdansle cadredupactedestabilité–sansquececi ne s’accompagne à ce jour d’une aug- mentationdevolumepourlesgénériques des molécules concernées.» Ce n’est toutefois pas le seul handicap de la Bel- gique. «Le volume est trop faible et le mul- tilinguisme a pour conséquence que les noticesdoiventêtrerédigéesentroislangues, ce qui se solde par des coûts de production accrus.» INFORMATION SERVICES 17Le Journal du Médecin | 13 mai 2016 | N° 2450 Apotex en quelques mots Basée à Toronto, au Canada, Apotex figure actuelle- ment en 7e place du classement mondial des produc- teurs de génériques avec quelque 24 milliards de doses et un chiffre d’affaires annuel de deux milliards de dol- lars. La firme exporte 300 médicaments différents vers 115 pays en quelque 4.000 dosages et conditionne- ments et emploie plus de 10.000 personnes. Son plan stratégique à l’horizon 2020 (qui met e.a. l’accent sur la fiabilité de l’offre et la compétitivité) vise à parvenir à un chiffre d’affaires annuel de quatre milliards de dollars au travers de sa seule croissance organique. Aucune acquisition n’est actuellement prévue. Ces dix prochaines années, la firme va investir plus de deux mil- liards de dollars dans la recherche et le développement (R&D). «Apotex a aujourd’hui 500 produits en dévelop- pement», souligne Guy Brits, directeur général de la filiale belge. «L’idée que les producteurs de génériques ne font pas de R&D est un malentendu qui a la vie dure... et pourtant, Apotex réinvestit au moins 10 % de son chiffre d’affaires dans ce poste à l’échelon mondial. Au Canada, nous sommes même le numéro 1 en termes d’investissements en R&D ! Il s’agit principalement de travaux portant sur d’autres formes galéniques ou sur des biosimilaires.» En Belgique, où elle possède un site à Jette, Apotex pra- tique une politique des «prix bleus» en matière de médi- camentsgénériques.Dansletop25desdépensesenmédi- caments de l’Inami pour 2014, la firme est par exemple lamoinschèreentermesabsolusavecpasmoinsdecinq produits. Dans notre pays aussi, elle veut réaliser une forte croissance dans les années à venir, pour atteindre une part de marché de 5 % d’ici à 2018. jdM Informations Services est une division de Roularta HealthCare. Avec jdM Information Services, les organisations peuvent partager leurs points de vue, stratégies et solutions avec la communauté des lecteurs du jdM. La rédaction décline toute responsabilité quant au contenu de cette rubrique. Rédaction : Roularta HealthCare. Photo : Jerry De Brie. 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% Af A Bf B C Non Remb Volume Valeur Lesmédecinsdoiventêtreconscientsdel’importance deleurprescription «Grâce à son concept de «prix bleus», Apotex est le moins cher en termes absolus pour les médicaments remboursés et non rem- boursés, pour les patients chroniques et pour les Bf. Il est toute- fois capital que les médecins aient conscience de l’importance de leur prescription, qui peut faire la différence pour les finances du patient et pour celles du gouvernement. Ils devraient vraiment com- parer les prix de façon plus active.» Parts de marché (volume et valeur) des médicaments génériques, par catégorie de remboursement (médicaments sur prescription délivrés en pharmacie – IMS MAT 05/2013) Source: Febelgen, Belgian association for generic and biosimilar medicines JDM2450-017 11/05/16 09:44 Pagina 17