1. Le Bourges AWC pour Didier Lumay !
« Ah ! Pour un article ? Très bien ! Je pourrai le montrer à mes collègues. Ils ne sont pas colombophiles et ils ne
me croient pas que j’ai gagné ce concours de Bourges. » Messieurs les collègues de Didier Lumay, à la centrale
nucléaire de Tihange, bien le bonjour chez vous ! Oui, votre copain Didier a gagné ce concours AWC de
Bourges ! Et de belle manière !
Lorsque ce pigeon de deux ans a pointé son bec dans son pigeonnier, à Courcelles, il venait de parcourir 400
bornes à une vitesse moyenne de 1389,36 m/min. Ce qui en faisait le pigeon le plus rapide sur ce Bourges
organisé par l’Association Wallonne de Colombophilie. Le vieux le plus rapide sur les 4.286 pigeons engagés,
excusez du peu. Mais qui est-il ce pigeon ? « C’est une femelle de deux ans. Pas de lignée particulière en ce qui
la concerne. C’est une très bonne femelle car c’est sa 4e
sortie cette saison et elle s’est classée à chaque fois.
C’est un super pigeon. Déjà l’an dernier, elle avait fait du 100% » se réjouit Didier Lumay.
Cet amateur de Courcelles, ancien président de feue la société de Gosselies, avait déjà signé de jolies
performances lors de concours inter-provinciaux mais jamais un tel succès ! Une première qui nous permet de
le placer sous les projecteurs.
Commençons par le commencement. Didier Lumay a débuté en 1997. J’ai eu mes premiers pigeons en guise de
cadeaux. Ils m’avaient été offerts par Jean Thurec, de Châtelineau, et par le regretté Jean-Marie Prévot, de Gilly
et où j’ai résidé également. J’ai commencé comme cela. »
2. Une passion qui n’a jamais cessé de grandir mais à laquelle Didier Lumay doit mettre des limites : « On veut
toujours plus et toujours progresser mais cela demande de l’investissement et surtout beaucoup de temps.
Avec mon boulot à la centrale, j’organise le reste du temps en fonction de mes pigeons. Je rentre, je fais d’abord
voler les mâles. Puis, les femelles et enfin les jeunes. Le timing est serré. La colonie compte une vingtaine de
vieux, une quarantaine de jeunes d’un an et 24 pigeonneaux. Du coté des reproducteurs, il y a 16 couples. C’est
déjà pas mal comme ça. Plus, c’est impossible. »
« UNE SUPER FEMELLE »
Ses débuts sur les concours de vitesse et de petit demi-fond, Didier Lumay s’en souvient. Quand je me suis
présenté pour la première fois au local du club de Pont-à-Celles, je me suis senti tout petit. Il y avait à cette
époque-là une kyrielle de grands champions, des colombophiles qui trustaient les premiers prix nationaux. Il y
en a encore aujourd’hui mais en 97, c’était encore plus impressionnant. Je commençais à peine et ça se voyait.
Alors, je suis allé enloger au local de Marbaix où régnait alors une ambiance plus familiale que maintenant.
Mais bon, les choses ont évolué. On est vraiment bien à Pont-à-Celles. Le local de Luttre est très bien et
l’ambiance entre colombophiles est bonne. Car je joue aux pigeons pour le plaisir que mes oiseaux me
procurent mais aussi pour rencontrer les copains au local, boire un verre avec eux. Si, en plus, il faut se
prendre la tête ou se disputer, ce serait sans moi. »
Pendant quelques années, Didier a lui-même présidé un club. Celui de Gosselies. « Oui, mais la situation en
colombophilie est devenue telle que beaucoup de sociétés ont disparu. Dans la région de Charleroi, il reste très
peu de colombophiles par rapport à ce qu’on a connu. Terrible la chute ! C’est vraiment impressionnant. C’est
pour cela que je tiens vraiment à tirer mon chapeau à ceux qui gèrent le club de Pont-à-Celles, les dirigeants,
tous les bénévoles. Il faut bien que les amateurs se disent que sans ces personnes, il nous serait impossible de
vivre notre passion. »
En vingt ans, Didier Lumay a lui aussi suivi l’évolution de son sport. « On commence tous par les concours de
vitesse. J’en fais d’ailleurs encore beaucoup. Mais on a tous tendance à allonger les distances avec le temps.
Personnellement, je n’en suis pas encore à avoir uniquement une colonie pour le fond. J’ai bien fait l’acquisition
récemment de pigeons issus d’une vraie lignée de fonciers mais ce sera pour les prochaines saisons. Les miens,
ils vont jusqu’à 500 ou 600 kilomètres au maximum. Et encore, pas tous et pas tout le temps. Cela ne sert à rien
de trop allonger. C’est le meilleur moyen d’en perdre. Or, je croise les doigts, j’ai peu de pertes cette saison.
Deux au total. Une bonne femelle qui n’est pas rentrée d’un concours et un pigeonneau attaqué par un
épervier. Lui, je le vois souvent rôder près de chez moi. »
Les pigeons de Didier Lumay sont occupés toute la saison, principalement sur la ligne de l’est, parfois celle du
Centre. « Pour les meilleurs, en terme de distance, ça ira jusqu’à Tulles. Au-delà, ça devient vraiment trop long
pour eux. Mais Tulles sera possible pour les meilleurs vieux, dont certains viennent aussi en forme plus tard
dans la saison. Et pour ce qui est des lignes de vol, j’ai déjà essayé quelques pigeons par le passé sur la ligne du
Rhône. Mais ce ne fut pas réjouissant. Il faut vraiment des pigeons spécialistes de cette ligne pour y faire un
résultat. Pour les autres, c’est déjà bien quand ils reviennent. Or, le but du jeu, c’est de voir revenir ses
pigeons. Ensuite, si tu fais des prix c’est bien mais le plaisir d’abord en ce qui me concerne. »
La ligne de route de cet amateur courcellois est simple : « Des concours inter-provinciaux, AWC, quelques
nationaux et c’est très bien comme ça. Et si les conditions ne sont pas bonnes, je ne les enloge pas. Je reconnais
que je suis parfois trop prudent. Mais c’est comme ça. J’aime mes pigeons et je ne leur fais pas courir de risques
insensés. On dira ce que l’on voudra sur la sélection naturelle et le reste mais je continuerai à les ménager.
Dans le colombier des pépères, il y a encore un pigeon de 2003. C’est pas beau, ça ? »
3. « MON EQUIPE D’ABRUTIS… »
Il est comme ça, Didier Lumay ! L’amour de ces protégés et le plaisir avant la course aux titres. Ce qui ne l’a pas
empêché de signer un succès retentissant sur ce Bourges AWC du 1er
juin. Il nous raconte dans le détail : « Je
l’ai vue ma femelle quand elle est revenue ! Elle était encore bien fringante. Quand j’ai téléphoné à Cécile au
local pour l’annoncer, elle m’a dit directement dit que j’étais le premier à annoncer. J’étais étonné mais je sais
aussi que ça ne veut rien dire. D’autres pigeons peuvent être annoncés dans les dix minutes qui suivent et tu
dégringoles. Mais le temps passaient et aucune autre annonce au local. Là, je me suis mis à téléphoner à
d’autres. A recevoir aussi des coups de fil. Rien, chez personne. Il a fallu 17 minutes pour en avoir un autre
annoncé, je me disais que ça allait être plutôt bon. » Il est modeste, Didier Lumay. Car ce « plutôt bon » est
devenu « excellent ». Même les pigeons « de derrière » en ont été pour leur frais. Aucun n’a pu afficher une
meilleure vitesse que cette belle femelle. Ce qui vaut à l’intéressé cette remarque non sans humour : « Cela me
fait plaisir. On a fait un sacré résultat avec mon équipe d’abrutis de la cabane au fond du jardin ! »
Le second degré, ça fait du bien dans un milieu qui a une forte tendance à s’aseptiser. « Vous parlez de ces
immenses colonies ? Il y a désormais des lofts incroyables. Mais c’est plus de la colombophilie business, ça. Je
suis loin de ça, en effet ! Je pense qu’avec la diminution du nombre de colombophiles, certaines choses sont
inévitables. Les mandataires, on les rencontre uniquement l’hiver, lors des remises de prix ou des banquets. On
leur donne tous notre avis. Après, ils en font ce qu’ils veulent. Tout n’est pas parfait mais tout n’est pas négatif
non plus. Je pense que c’est en vitesse qu’il y a le plus de choses à changer. Revoir des rayons de jeu qui ne sont
plus adaptés à la situation actuelle de la colombophilie belge et obliger tout le monde à jouer le même jour. On
aurait des concours de vitesse plus relevés, plus intéressants, avec des contingents plus grands. »
Quant à la régionalisation de son sport, avec la création d’une aile francophone, Didier Lumay se montre égal à
lui-même : « Cela peut être une chose très positive à la condition que cela reste bien organisé et pensé comme
un plus pour les sociétés et les amateurs. »
Au moment de conclure l’interview, les pigeonneaux finissaient leur sortie journalière. La colonie soignée et
choyée avec une méthode simplissime et naturelle nous réserve sans doute d’autres belles surprises. Un succès
de cette ampleur n’est jamais le fruit du hasard !
HUPEZ