1. Marc Divers (Courcelles)
razzia sur Marseille !
Etape particulière du calendrier, majeure pour les spécialistes du grand fond et de la ligne du Rhône, Marseille
reste une référence absolue où ne brillent que des spécialistes. Cette édition 2017 avait en plus la particularité
de suivre dans le calendrier un Barcelone ravageur. Nombre d’écuries étaient tellement entamées que de
nombreux amateurs ont fait l’impasse. Les absents ont toujours tort. Mais en colombophilie, la règle d’or veut
que les meilleurs finissent toujours par pointer tôt, très tôt. Et s’il ne fut pas le plus rapide de tout le contingent
(c’est Etienne Charlier, de Petigny), le Courcellois Marc Divers a fait une razzia historique sur ce concours.
Avec un prix de 3e
National, c’est déjà fabuleux mais regardez l’ensemble :
- 3e
International (3e Nat.)
- 5e
International (4e
Nat.)
- 40e
International (24e
Nat.)
- 88e
National
- 640e
National
2. Avec un panier de six pigeons à l’enlogement, chapeau à Marc Divers ! Il avait déjà posé quelques orteils
dans la cour des grands mais là il y bondit des deux pieds. Sur un concours international de grand fond
dans lequel les Belges ont enfin damé le pion aux Hollandais, nul doute que ce tir groupé dans les hautes
lignes du classement international va susciter admiration et curiosité chez certains Bataves…
« Ouais, celui-là, c’est un de ceux qu’on ne peut faire qu’une fois par an », dit l’intéressé en rigolant
joyeusement. Il poursuit « J’avais bien vu que certains étaient en forme mais les quatre premiers sont
revenus comme des missiles. Et frais avec ça ! Je suppose que les deux premiers ont longtemps fait
l’escapade ensemble mais qu’il y en a un qui a lâché un tout petit peu dans la dernière côte. Mais tous les
deux sont rentrés comme des torpilles. » Il ne manque pas d’humour, Marc Divers.
Il raconte la préparation du concours : « Au départ, j’avais constitué une équipe de 12 pigeons. Finalement,
j’en ai inscrit la moitié. Les six meilleurs et c’est tout. Les autres n’avaient plus leur place pour un concours
pareil. » Un tri hyper sélectif basé sur du concret : « Oui car basé sur les résultats précédents. Il n’y a que
cela de fiable. Si tes pigeons ne volent pas bien, ne montent pas en puissance sur les étapes préparatoires,
ça ne sert à rien de s’acharner. Si on prend en compte les pertes de pigeons et le prix des inscriptions, vaut
mieux s’en tenir à une sélection drastique. »
Châlon, Limoges, Valence, Savigneux, les étapes préparatoires avaient été moyennes ou bonnes. Marseille
fut splendide, une apothéose ! Mais poursuivons avec les commentaires de Marc Divers sur ses protégés.
« Celui qui arrive le premier (3e International !) c’est le ‘218’. Il avait déjà bien fait à Valence. C’était déjà un
signe. Et la semaine qui précédait l’enlogement de Marseille, il l’a passée dans le spoutnik. Il montait la
garde et empêchait les autres d’y aller. J’ai pris ça pour un très bon signe, on apprend à connaître ses
pigeons, leur comportement, les changements d’attitude. Et chez lui, c’est un signe qui ne trompe pas.
J’avais d’ailleurs décidé d’en faire mon deuxième marqué sur les six. C’est le fils d’un croisement entre un
mâle issu de Dieter Ballmann et d’une femelle venue de chez Jean Delstanche. Deux grands spécialistes de
cette ligne de jeu et de marathoniens.»
3. Avec le « 218 », cinq autres as de deux ans présentés au local. Pour deux places dans le top 5 International,
trois dans le top 50 International et quatre dans le top 150 ! « Ils ont tous deux ans. Après leur année de
pigeonneau pendant laquelle il s’agit surtout de les dégrossir, c’est l’année charnière. Je fais le tri après
celle-là. Je ne garde que ceux qui ont réalisé plusieurs fois les prix par 10. C’est le critère. Les concours de la
ligne du Rhône sont difficiles et si vous ne faites pas le tri vous-même, ces concours le feront pour vous. On
y perd parfois de bons pigeons, alors pour les pigeons moyens, je ne raconte même pas… Mais c’est une
belle ligne de vol pour ceux situés comme moi, à Courcelles. Et si le contingent n’est pas celui des 20,000 de
Barcelone, ce n’est pas grave. Nos pigeons sont habitués à voler dans une masse nettement moins
volumineuse. Ils aprennent à s’adapter aux conditions sur la ligne, à choisir la leur et pas à suivre un
peloton massif de tête. Et enfin, j’aime les concours organisés sur cette ligne par les Français car ils sont
nettement mieux soignés que par les organisateurs belges. Quand ils sont lâchés, croyez-moi qu’ils n’ont
pas soif ou faim… La première chose qu’on charge dans les camions c’est des sacs de maïs. Et on ne regarde
pas à la quantité des sacs. Je me demande parfois s’il y en a assez dans les camions belges… »
Marc Divers est en effet un adepte des concours français. Ses paniers d’enlogement traversent la frontière,
tout proche, plusieurs fois par saison en direction d’un local situé près de Maubeuge. « Je joue soit au local
de Pont-à-Celles, soit à Maubeuge. Le calendrier belge a changé. On avait Limoge puis Cahors mais ils ont
changé cela. Du coup, je trouvais que le calendrier français convenait mieux. En plus d’un bon calendrier, de
bonnes conditions de transport pour les pigeons, il y a une bonne ambiance. »
ON M’A VENDU DES SABOTS
Comme on l’a vu, le pigeon qui a raflé le 3e
prix International sur ce Marseille 2017 est issu d’un croisement
Ballmann-Delstanche. Des origines qu’on retrouve dans quasiment toute la colonie, surtout pour les
Ballmann.
Marc Divers explique ses choix : « Pour faire gros, je dirais que la colonie, c’est 50% de Dieter Ballmann,
40% de Yvon Deneufbourg et dans les 10% restants il y a des Jean Delstanche, des Stéphane Depasse. » On
le voit : que du lourd dans les origines et références ! Marc Divers poursuit : « En plus d’être de très grands
champions, ce sont des gens honnêtes et sérieux. Ils sont droits, francs et fiables. Je le dis car c’est
important à mes yeux. La colombophilie, c’est un milieu d’égoïstes. Chacun pour sa pomme, c’est la devise
4. de nombreux colombophiles qui disent ce qu’ils veulent bien dire. Et quand ils vendent, c’est pareil. Ils
vendent ce qu’ils veulent bien vendre. Ils annoncent qu’ils vont vendre des pigeons, des jeunes ou des œufs
mais au bout du compte, tu n’as pas vraiment le choix. Ton choix est limité parce soi disant tel pigeon est
réservé à l’élevage ou un autre motif. Je l’ai vécu et entendu souvent cet argument. Et puis, l’année d’après,
tu vois le pigeon dans les résultats. J’en ai vu dans ce milieu ! Ceux qui mettent des petits clips de couleurs
différentes. Les verts, tu peux acheter, les rouges tu ne peux pas. Ben, quand c’est comme ça, ma visite
s’arrête là. Je m’en vais. Ou ceux qui te la jouent ‘Vas-y, prends dans tes mains et choisis ce que tu veux’
mais assez vite ça devient « non, pas celui-là, il n’est pas à vendre. Et quand t’as un sabot dans ta main, le
gars te dit que ‘lui, il est à vendre’. J’en ai connu un comme ça aussi. Je vais taire son nom. Et je vais vous
dire : j’ai acheté le sabot et je l’ai tué dès que je suis rentré. Alors, après en avoir vu de toutes les couleurs,
je pense qu’il est bien de dire que les Dieter Ballmann, Yvon Deneufbourg, Stéphane Depasse ou Jean
Delstanche, ce sont des champions et aussi des hommes de parole. »
EN ATTENDANT BARCELONE
Cette colonie dont on vient de lire les origines est composée comme suit : 38 couples de reproducteurs, 130
jeunes (sur les 180 de départ), 18 voeufs (6 toujours en lice) et 10 yearlings (sur 28 au départ).
Commentaire de Marc Divers, toujours pragmatique : « La sélection est dure. Il s’agit de voler sur des
concours difficiles, pas de survoler une autoroute flamande. Il y a donc des pertes en plus de mon tri.
Toutes les pertes ne sont pas dues aux rapaces mais il y en a de plus en plus, il faut l’admettre. J’en avais
perdu un sur le concours de Valence. On m’a téléphoné quelques jours après. C’était un gars qui faisait du
parapente sur les hauteurs de Dijon. Il a vu un rapace foncer sur un oiseau. Quand il est allé se promener
près du lieu où il avait vu le faucon se poser avec sa proie, il a vu que c’était un pigeon bagué. C’était le
mien. Et c’est ainsi qu’il a pu me contacter et m’expliquer. Un valeureux mort au combat. »
Pendant la saison, l’alimentation de la colonie varie entre le « mélange mue » et le « mélange sport ».
Hormis pour les vaccins habituels, quasiment aucune visite chez l’homme de science. « Les pigeons gavés
de vaccins et traitements en tout genre ne développent pas de défenses naturelles. Le risque de contracter
une maladie, c’est surtout au panier qu’il est présent. Et pas sur les concours de grand fond car on y
retrouve des pigeons bien soignés mais plutôt en début de saison, quand on les met pour un entraînement
sur un concours de vitesse. Là, parfois, il y a n’importe quoi dans le camion. »
Depuis sa première licence en 1978, Marc Divers a déjà inscrit de belles lignes dans son palmarès : « Des
top 30 nationaux à Montélimar, à Barcelone et St-Vincent. Mais je ne tiens pas le palmarès à jour et je cite
ceux-là de mémoire. Par contre, les résultats de ce Marseille 2017, ils vont resté gravés dans mon disque
dur interne. » C’est aussi dans cette année de débutant, il y a 39 ans, qu’on trouve sans doute l’explication
du réalisme, du pragmatisme de Marc Divers. En effet, il a connu la colombophilie grâce à ses oncles. Mais…
5. « A part la passion, ils ne m’ont rien transmis d’autres. On a commencé seul, tu feras pareil. C’était leur
message. Ils n’ont pas voulu m’aider mais je les ai tous fait arrêter l’un après l’autre. Il n’y a plus que moi
qui joue dans la famille.
La saison des voiliers de Marc Divers s’arrêtent avec ce Marseille étincelant. « Fini pour eux cette année. Il
faut aussi préserver ses champions. » On les reverra l’an prochain au-dessus du Rhône. Et de Barcelone ?
« Cela fait plusieurs années que je fais l’impasse sur Barcelone. Je ne joue que des pigeons que j’estime
capable de faire des prix sur des concours pareils. Et cela fait plusieurs années que je ne trouve pas de quoi
composer une équipe dans ma colonie pour Barcelone. On a vu ce que ça a donné cette année pour certains
amateurs. »
HUPEZ