Stéphane Depasse confirme qu’il est « Monsieur Barcelone » !

1. Stéphane Depasse confirme qu’il est
« Monsieur Barcelone » !
Barcelone 2017 restera gravé dans les mémoires. Les experts s’attendaient à voir les futurs vainqueurs voler à
une vitesse moyenne au-delà des 1100 mètres/minute. Les plus audacieux allaient même jusqu’à parler de
1200m. Pour la grande majorité des 17.094 pigeons qui ont quitté les camions dispatchés sur l’esplanade
catalane, vous pouvez diviser cette vitesse par deux !
Incroyablement difficile, l’édition 2017 a fait des dégâts. A l’International, c’est un marathonien hollandais qui
s’impose. Très largement. Le seul pigeon à afficher du 882 mètres/min appartient à un amateur hollandais
bien connu : L. Roks. Un seul autre pigeon a dépassé le cap de 800 en vitesse pour le grand bonheur de
l’Alsacien Ungerer. Enfin, c’est un crack allemand qui a pris la troisième place du podium. Le premier Belge, et
donc vainqueur national sur 7.944 pigeons se classe 6e
international. Bravo à Marc Cooman !
Chez les Francophones, qui ont souffert comme les autres, c’est Stéphane Depasse qui surclasse la
concurrence. Avec une 11e
place nationale qui équivaut à la 45e
internationale, l’amateur de Wagnelée
(Fleurus) confirme son statut de grand spécialiste de l’épreuve. Mais c’est surtout avec son bilan global qu’il
conforte son surnom de « Monsieur Barcelone ». Jugez plutôt avec ce classement national: 11e
, 33e
, 152e
, 166e
,
168e
, 173e
, 502e
, 535e
et 1029e
. Tout le monde sait lire, non ? Cela fait bien 2 top 50, 6 top 200 et 11 pigeons
classés sur les 15 enlogés. Un véritable exploit que peu de colombophiles ont réalisé lors d’une édition qui a
usé les organismes des pigeons les plus aguerris voire même dévasté certaines colonies d’amateurs célèbres
dans le grand fond.

2. « HEUREUX ET MALHEUREUX »
Dans notre précédente édition, nous avions donné la parole à trois spécialistes du grand fond. Parlant de la
préparation de leur équipe en vue de l’épreuve catalane, la classique des classiques en colombophilie.
Stéphane Depasse nous avait ainsi expliqué que toute l’année était organisée, calquée en vue de ce grand
objectif. La victoire nationale, ce n’est pas encore pour cette année mais reconnaissons que le résultat de
l’équipe de Wagnelée est brillantissime. « Globalement, c’est un résultat qui me rend heureux », confirme
l’intéressé. « Je joue toujours pour gagner mais ces résultats sont satisfaisants. Surtout si on tient compte du
contexte général d’un concours hors norme, d’un concours qui a vraiment fait mal. »
On y reviendra sur ce contexte, ces difficultés rencontrées par tout le contingent international. Avant cela,
évoquons avec Stéphane le profil de ses meilleurs protégés. « Le premier constaté, c’est… mon dernier
marqué ! Il y en a qui vont peut-être faire des remarques en lisant cela mais je n’ai aucun problème avec ça.
Vous savez, je n’enloge que des pigeons avec lesquels je pense pouvoir être dans les prix. Je ne fais pas de
remplissage dans mon équipe d’inscrits. Compléter une équipe pour le plaisir de compléter, ce n’est pas dans
mes critères. Les meilleurs partent, les autres restent ici. Ce pigeon est une femelle de trois ans qui en était
donc à son premier Barcelone. Mais pas à son premier bon résultat car elle a déjà fait top 100 et des prix par
10. C’est une fille de mon 1er
Inter de Tarbes. Le deuxième constaté est aussi une femelle. Elle, elle a quatre ans
et c’est une lutteuse, qui a déjà fait des prix par 20 à Libourne par exemple. Les deux suivants sont des mâles
de cinq ans. De vrais pointeurs qui performent encore plus forts habituellement. » Le reste de l’équipe qui
parfait le bilan est composé d’un pigeon de 6 ans, un exemple de régularité, de deux pigeons de trois ans et
enfin de deux de quatre ans.
Pour cette belle équipe, la saison est finie ! « Cela a été trop dur et c’est pour cela que je met un terme à leur
saison sur les concours. Ils voleront encore mais au-dessus de mon pigeonnier », clame Stéphane Depasse. « Je
ne suis pas un joueur de championnat. Chacun joue comme il l’entend, je respecte tous les amateurs, tous les
choix. Le mien, c’est de penser à Barcelone 2018. Et étant donné la difficulté de cette édition, j’ai décidé de
prôner la sagesse. Si je veux une équipe compétitive pour l’an prochain, je dois les préserver. Ceux-là m’ont
démontré leurs capacités, donc ils n’ont plus à me convaincre. »
Récupération naturelle donc pour la team Barcelone de Wagnelée. « Je sais qu’il est parfois tentant d’inscrire
les pigeons qui ont eu bon classement sur un dernier concours histoire de glaner un bon classement ou
carrément une victoire sur un championnat mais je ne déroge pas à ma règle. J’ai eu beaucoup d’infos et de
conversations téléphoniques avec d’autres colombophiles après ce Barcelone 2017 et certains ont perdu
énormément de pigeons. De très bons pigeons. Ils ont pris un gros coup au moral. Je les comprends. Personne
n’aime ça. Moi aussi, j’en ai perdu. Et ça me rend malheureux à un point que je peux difficilement vous
décrire. »
C’est donc une palette de sentiments aussi variés qu’opposés qui a habité « Monsieur Barcelone » dès le
lendemain du concours. « C’est vraiment cela. Satisfait du résultat et anéanti par la perte de certains éléments.
Tout me passe par la tête quand je pense à ceux qui ne sont pas encore revenus. Je colle ma tête à la fenêtre en
fixant le spoutnick du regard. J’espère en voir un ou deux revenir mais je me fais peu d’illusions. Je suis un
fataliste de nature. Et imaginer que certains de mes pigeons sont en train de crever au bord d’une route ou
ailleurs, rien que cette image me rend malade. D’ailleurs, le dimanche du concours, je suis allé me promener,
prendre l’air. Pendant trois heures ! Il fallait que je me change les idées. »
Stéphane Depasse est un homme à la sensibilité à fleur de peau, on l’aura compris. Malgré son immense
expérience dans les épreuves marathons, jamais il n’a imaginé que ce Barcelone 2017 serait de cet acabit : «
Personne n’avait prévu ça. Personne ! Personnellement, à l’annonce du lâcher, je me suis même dit que c’était
parfait pour un concours équitable. Ciel dégagé, pas de conditions catastrophiques ou merdiques annoncées
sur la ligne, gros contingent, tout semblait OK. Et puis, les heures passant le samedi, j’ai vite compris que les
pigeons étaient dans le dur. La chaleur étouffante après le contour des Pyrénées, la même chaleur après le

3. détour du massif central, cela n’explique pas tout. On a déjà connu des Barcelone avec des températures très
élevées. Non, il y a plusieurs facteurs qui entrent en compte pour avoir une explication rationnelle. Déjà, il a dû
se passer quelque chose rapidement après le départ. Et puis, d’autres problèmes sont venus s’ajouter. On peut
voir, avec les résultats, qu’il y a eu un large détour au-dessus de l’Alsace. Il n’y a que des bons pigeons au
départ, donc, cela a dû être terrible. J’ai appris que certains amateurs avaient revu deux pigeons sur 15 ou trois
sur quarante ! Quelle tristesse ! Quelle cata ! Je leur transmets tout mon soutien car cela doit être terrible à
vivre. On aime gagner mais on aime surtout voir nos pigeons revenir. En revoir trois quarante, c’est une
colonie entière décimée. Dur, très très dur. »
Si une bonne partie des champions de Wagnelée restera désormais au repos, une équipe de cinq pigeons, qui
ont volé Pau, sera alignée sur le concours de Marseille. Et puis, ce sera déjà la préparation pour le Barcelone
2018 pour le brillant tandem Depasse-Lardenoye !
HUPEZ