2. avoir un caractère particulier, car je me
sentais capable de les amener à un niveau
renommé. A partir de là, Sílvia et moi, et avec
l’accord de nos parents, notre aventure a pu
commencer. »
SílviaVilà et Jaume Serra, un seul but :
devenir ensemble vignerons !
Jaume, né en 1972, petit-fils d’un négociant-
producteur et fils d’œnologue-producteur,
était depuis sa tendre enfance baigné dans
cet environnement consacré au vin et à
l’œnologie. Sílvia, amie d’enfance, toujours
inséparable de Jaume depuis leur enfance,
avait poursuivi des études de « Gestion et
Direction Technique d’entreprises Agricoles-
Viticoles », elle était vraiment parfaite pour le
seconder dans la mise en route de leur propre
cave et, d’en assumer une gestion administra-
tive et financière. Tous deux ont su former
une équipe très soudée pour réaliser leur
rêve : devenir ensemble vignerons !
Aussi bien l’un que l’autre savaient décrire
leurs investissements dans un projet devenu
réalité et auquel ils donnaient toute leur
énergie.
Lorsqu’on innove il y a des impératifs finan-
ciers et matériels. Le domaine devait s’agran-
dir. Planter quelques hectares supplémen-
taires devenait une nécessité. Du petit
vignoble planté de Grenache en 1961, par le
grand-père, puis celles de Simó Serra en
1990, ont suivies les plantations effectuées
par Sílvia et Jaume en l’an 2000. D’autres
variétés françaises, comme le Cabernet Sau-
vignon, le Marselan et le Merlot, font partie
aujourd’hui des 12 hectares que constituent
l’ensemble du domaine.
Qui dit plus de récolte doit prévoir son stoc-
kage impérativement, avec des moyens mo-
dernes, efficaces et performants. D’où la
construction de la nouvelle cave, fonction-
nelle et tout à fait étonnante, face au stand de
réception.
gauche l’entrée de la propriété familiale est
devant vous. Sur le pilier de droite est indi-
qué pour le moment Can Serra en fer forgé,
qui va se transformer sous peu en
Masia Serra.
A l’intérieur on remarque l’ancienne bâtisse
devenu en 1996, cave provisoire pour élever
les premiers vins du domaine. Peut-être que
dans un futur proche, cette construction
pourrait abriter un hôtel rural ? La cave ac-
tuelle est située 30 mètres plus loin. Le bâti-
ment est composé de deux structures sépa-
rées d’une dizaine de mètres, l’une réservée
à la réception, l’autre est aménagée pour la
vinification.
C’est, Sílvia Vilà et Jaume Serra qui m’ont
reçu à l’intérieur de la salle d’accueil, devant
un décor de bouteilles. Ce lieu paisible nous
a permis d’entamer la conversation autour
d’un verre de vin doux ! Tout en écoutant nos
deux vignerons, je parcourais des yeux les
casiers d’exposition garnis de cartons impri-
més volontairement en « Noir et Blanc », des
bouteilles étiquetées de la même couleur que
les cartons et, surprise, quelques bouteilles
de vins vides et diverses, dont une, mondia-
lement connue « Château Pétrus ». Ma réac-
tion a été : pourquoi et que vient faire ici
cette célèbre bouteille bordelaise ?
De Château Pétrus à Masia Serra.
Tout de suite, Jaume en souriant, va répondre
à ma question et surtout satisfaire ma curio-
sité ! « J’ai suivi la filière viticole, suivie
d’abord par mon grand-père puis par mon
père Simó Serra. Inscrit à l’Université Rovira i
Virgili de Tarragona, j’ai obtenu mon diplôme
d’œnologie et pour parfaire ma formation il
fallait trouver un domaine viticole qui serait
susceptible de me donner une excellente
formation les - mains dans le moût - si l’on
peut dire ainsi.
Mon père, lui-même œnologue, depuis long-
temps réputé dans notre région, a toujours
travaillé au cellier du « Castell Perelada », qui
est la plus importante cave de l’Empordà. Il
avait suivi ses cours professionnels dans une
Université bordelaise et avait comme copain
de promotion, Jean-Claude Berrouet devenu
plus tard le célèbre œnologue de Château
Petrus (Pomerol-Cru hors classe) à qui, son
fils Olivier a succédé aujourd’hui. Grâce à
cette relation amicale de mon père, j’ai
pu faire mon apprentissage dans ce lieu
mythique des vins mondiaux. J’y suis resté un
an, de 1995 à 1996 ».
« Par la suite j’ai eu envie de monter ma
propre cave et élever des vins qui pourraient
A N N A L E S - A N N A L S N ° 4 5 - P A G E 1 1A N N A L E S - A N N A L S N ° 4 5 - P A G E 1 0
L’ancienne cave. Le grand-père (l’avi) Jaume, son fils Simó et son petit-fils,
Jaume, actuel propriétaire de la Masia Serra avec son
épouse Sílvia.
La cave au milieu d’un site calme et reposant.
Les vignes bien
abritées sous
l’Albera.
3. nom d’étiquetage. Jugez vous-même : Gneis,
Io, Aroa, Ctònia, et Ino. Il est vrai qu’à la vue
des noms inscrits sur les étiquettes, le dégus-
tateur s’interroge sur leurs origines. Sílvia
nous a révélé le choix de ces noms, sauf le
premier, tirés de la mythologie grecque.
Le Gneis - Gneiss : est un sol granitique dé-
composé, mélangé au mica, au quartz et au
feldspath, il donne du caractère et des arômes
puissants aux vins de garde. Ce terroir nourrit
nos vignes, et donne à ce vin son caractère
très minéral.
Io : Io, était le cri de joie qu’utilisaient les
bacchantes, prêtresses du culte de Bacchus
(connu aussi sous le nom de Dionysos). Cette
exclamation était aussi utilisée par tous pour
célébrer de grandes fêtes et divers triomphes.
Aroa : Aroa est une femme qui sort de l’ordi-
naire, son itinéraire sera susceptible de la
conduire vers de hauts sommets. Ce sera
donc un vin profond inspiré de la personna-
lité et du caractère de notre fille Aroa.
Ctònia : Nom épithète de Déméter, déesse de
la fertilité, qui préconise de vénérer un vignoble
dont les racines sont incorporées profondé-
ment dans le sol. C’est le cas de notre grenache
planté en 1961, qui caractérise ce vin.
Ino : Déesse marine, Ino servit de mère au
Dieu du vin Dionysos. Ce vin, incorpore dans
chaque millésime 5% de notre fameuse
« barrique mère ».
Tous ses vins ont l’appellation d’origine
contrôlée : Empordà.
Après cette description, Jaume rappela que la
typographie et l’impression en « Noir et Blanc »
avait été choisie pour rappeler les origines de
l’imprimerie faite il y a quelques siècles avec
des presses en bois, à une époque où
l’impression en couleur n’existait pas.
L’histoire de l’Antiquité les passionne ; aucun
doute : notre couple nous transmettra à la
fois : la mémoire du legs des Grecs qui, il y a
2000 ans nous ont inculqué l’art de la vigne,
le savoir-faire de l’homme, ses connaissances
du terroir environnemental et une joie de
vivre dans la liberté.
De l’aviJaume, d’enSimó,
fins… al netJaume !
(Depuis le grand-père Jaume… jusqu’au petit-fils Jaume)
« Il faut que je vous dise en premier lieu que
mon avi (grand-père), s’appelait Jaume
comme moi, il est à l’origine de mon investis-
sement dans le métier de vigneron. » Voilà
pourquoi aujourd’hui c’est son petit-fils
Jaume qui me fit découvrir les différentes par-
celles et cépages, qu’il avait plantés juste à
côté de cellier. Cette première vigne plantée
par l’avi, avait la forme d’un L. «Mon père
Simó prit la suite et agrandit le domaine en
superficie, et d’une seule pièce. C’est nous
qui avons dernièrement amélioré et augmen-
té le vignoble. Il y a plusieurs types d’aména-
gement. La taille en bol, le palissage d’autres
variétés et enfin, un arrosage goutte à goutte
suivant les températures estivales. Nous prati-
quons une viticulture raisonnée. » Argumente
Jaume pour parfaire ces explications.
Au moment de notre passage fin janvier, la
taille de la vigne battait son plein, deux
hommes s’affairaient autour des ceps. Il faut
du temps pour tailler 12 hectares. L’implanta-
tion des vignes de la Masia Serra, forme un
quadrilatère d’un seul tenant, qui se trouve
aux abords immédiats des bâtiments viti-
coles. Elles sont exclusivement situées aux
limites du village de Cantallops. Ce tour du
propriétaire s’est déroulé en compagnie de
« Most » (moût), jeune et docile chien labra-
dor de la famille Serra, qui suit constamment
ses maîtres.
Jaume précisa : « Maintenant, nous avons
réussi un parcours satisfaisant, aussi, si à nos
débuts Sílvia comme moi, arpentions le terri-
toire pour conseiller et surveiller les produc-
tions de nos confrères vignerons, aujourd’hui,
nous nous limitons dans ces entreprises pour
enfin profiter de nos deux enfants, car notre
fils Adrià né en 2002 a 11 ans et notre fille
Aroa née en 2006 vient de faire 7 ans. Le
temps passe très vite, maintenant nous
désirons consacrer plus de notre dynamisme
à l’Œnotourisme que nous envisageons de
développer sur notre Masia ».
Œnotourisme ou Eco-tourisme
à Cantallops où s’apprécie la
« Poésie du silence ».
Voilà déjà peu d’années que l’Eco-tourisme est
une pratique que l’on retrouve dans beaucoup
de sites agricoles ou viticoles. Sílvia et Jaume
Le cellier de vinification
et la « Bóta mare ».
La situation même du lieu de construction a
facilité la forme à donner au bâtiment. Ados-
sé à la pente d’un terrain, il se trouve tout
d’abord de plain-pied au niveau le plus élevé
où la mise en bouteilles de la récolte s’effec-
tue. En effet, grâce à un camion spécialement
aménagé, qui vient chez eux, les vignerons
peuvent ainsi, sans trop d’efforts, boucher
des milliers de cols en quelques heures. C’est
ainsi que se voit sur les étiquettes du celler
l’inscription «Elaborat i embotellat per Masia
Serra (Elevé et mis en bouteilles à la Masia
Serra) ». Le remplissage terminé, les cartons
des divers crus sont stockés sur place dans ce
magasin climatisé.
Au deuxième niveau, la cave de vinification
est appuyée contre la roche granitique qui lui
donne déjà une fraîcheur incontestable. Elle
est constituée de plusieurs cuves en inox,
avec des fermetures supérieures permettant
de surveiller la pression de fermentation des
moûts, et, que l’on peut surveiller de l’étage
au-dessus, grâce à une fenêtre coulissante,
seule à donner de la lumière au lieu.
Au troisième niveau, pratiquement souter-
rain, les vins évoluent doucement dans une
ambiance constante d’humidité et de tempé-
rature. Plusieurs centaines de barriques en
chêne français (Allier) sont superposées et
contiennent les vins de cépages variés avant
leurs mises en bouteille.
Dans ce sous-sol, se trouve la fameuse
« Bóta mare » (barrique mère) de 1860, qui,
par incorporation en solera(1)
dans les autres
barriques de vin doux, d’environ 5% de celui
qu’il contient, améliore considérablement les
arômes des autres.
Là aussi se décide le coupage à faire, quel sera
l’assemblage précis et idéal pour obtenir à
coup sûr, la continuité du caractère du vin éle-
vé, afin que les personnes habituées à ses
arômes, retrouvent constamment les repères de
leur mémoire gustative appréciés auparavant.
Mythologie Grecque dans le nom
des vins élevés à la Masia Serra.
« Nous élevons des Rouge, des Blanc et le Vi
Dolç (vin doux) qui seul est mis plus tard en
demi-bouteilles. Peut-être est-ce anecdo-
tique, mais nous produisons également de
l’huile d’olive de la variété typiquement cata-
lane : l’argudell ».
L’originalité des vins a un rapport avec leur
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L’accueil du cellier.
Les différents niveaux de la cave.
Les vins Masia Serra : Rouge – Gneis, Aroa, Io.
Blanc : Ctònia. Vin Doux : Ino.
La “Bóta mare”.
4. veulent transmettre à ceux qui les visitent leur
amour du métier, leur passion, et faire partager
à tous, le calme et la sérénité de l’environne-
ment immédiat du village de Cantallops.
Au cours de la promenade enrichissante dans
les cépages du domaine, Jaume me fit visiter
une petite construction, qui était aménagée
auparavant pour recevoir environ une quin-
zaine de personnes. Là, après la visite du vi-
gnoble et des installations, les gens parta-
geaient autour de la table un repas fait de
grillades, ou bien un petit Pica-pica de char-
cuterie catalane, favorisant ainsi la décou-
verte des divers vins élevés au mas.
Enfin, quoi de plus agréable d’effectuer une
petite promenade au milieu d’oliviers plu-
sieurs fois centenaires formant part, eux aus-
si, du paysage de la Masia Serra. Là, une pis-
cine creusée dans le sol en pente offre un
moyen de se rafraîchir pendant les fortes cha-
leurs estivales. Le sol en pente, les bords rele-
vés qui le suivent, donnent à ce bassin un
effet d’optique amusant : l’eau semble couler
vers la partie la plus haute !
Il est bien entendu que ces découvertes vigne-
ronnes permettent de goûter et d’apprécier les
vins, surtout lorsqu’ils sont commentés par
ceux qui les produisent. Plusieurs possibilités
sont donc proposées aux visiteurs : La dégus-
tation, « tast » en catalan est suivie par un
nombre plus ou moins significatif de bou-
teilles vendues. C’est le but recherché !
Maintenant ces tasts, se font dans l’accueil
de la salle de dégustation « El Recès ». « Nous
avons créé ce nouvel espace pour faire parta-
ger la magie du vin à nos visiteurs, dans ce
cadre fait pour se déconnecter des turbu-
lences de la vie moderne ». Il est agrémenté
en façade du côté droit de la porte par deux
sculptures réalistes de geckos(2)
.
Cette salle peut re-
cevoir jusqu’à 36
personnes dans un
espace clair, où nos
vignerons vous dé-
voilerons tout ce
qui les réunit. On y
découvre une
sculpture de deux
mains jointes symbolisant Jaume et Sílvia. Ils
unissent leurs mains dans un geste d’amour
et d’effort, afin d’atteindre aujourd’hui ce
rêve dédié à la vigne et le partager avec leurs
enfants : Adrià et Aroa. Tradition et moder-
nité émergent en symbiose.
Masia Serra sera, n’en doutons pas, un endroit
parfait pour passer une journée en famille,
pour y faire des ateliers gastronomiques, des
cours de dégustation, petits déjeuners, repas,
ou encore des réunions d’affaires, conven-
tions, etc. Peut-être verrez-vous la fameuse
bouteille Château Petrus ?
Un « Monde des vins » très prenant,
où il faut apprendre à bouger pour montrer
son savoir-faire !
Il est important pour un producteur de parti-
ciper à des événements gastronomiques pour
présenter et faire déguster les vins qu’ils élè-
vent. Que cela soit chez eux ou bien dans
diverses manifestations :
« Nous laissons à la portée des visiteurs l’inté-
ressant monde du vin comme l’un des
cadeaux de la nature, me dit Sílvia en Français »
« Ces diverses interventions auprès d’une large
palette de « dégustateurs » font connaitre
grâce au bouche à oreille, l’ensemble de
notre production qui se négocie pratique-
ment sur place », me précisèrent
Sílvia et Jaume, « mais nous sommes aussi
représentés dans trois continents : Europe –
Danemark, Allemagne, Suisse, Belgique,
Andorra et Russie. Amérique : Etats-Unis –
Chine : Hong-Kong ! »
« Le 27 mars à Barcelona, dans le cadre du
Salon de l’Alimentation (Alimentària), nous
avons présenté nos vins à Terra de Garna-
txes, groupés avec d’autres caves ».
« On est à l’initiative de « Ruta de Tapes » qui
s’est déroulé de fin décembre 2013 jusqu’à
fin mars 2014, dans six restaurants de
Figueres. Cette action gastronomique avait
pour but de faire connaître et déguster les
diverses et excellentes « Tapes » servies sur
les tables notre région, arrosées par nos vins.
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Ma visite était sur le point de s’achever,
quand est arrivé leur ami Nisu Castelló qui
venait chercher quelques bouteilles pour son
établissement « Can Pau » de Cantallops. (Ce
restaurant, est très apprécié et connu, par
beaucoup de roussillonnais et de languedo-
ciens). Il me dit « Chez nous, nous exposons
et vendons les vins des producteurs de notre
village que ce soit Masia Serra ou le Celler
Vinyes dels Aspres ».
(1)- Solera : Procédé de mélange et de vieillissement des
vins. Les millésimes sont logés dans une succession de
fûts par rangées superposées, dont les contenus sont
transvasés et mélangés du plus jeune au plus ancien, au
fur et à mesure des prélèvements pour la mise en bou-
teilles.
(2)- Petit reptile saurien, vivant dans nos régions, à la tête
massive et aux doigts garnis de lamelles adhésives. Sur
nos façades il guette sa nourriture principale que sont les
petits insectes.
devant l’ancienne
réception de
l’Œnotourisme,
Jaume et son
chien most.
Sculptures des geckos.
Un lieu agréable pour les
dégustations.
La passion est là pour Sílvia et Jaume, ils sauront vous la faire partager.
VINS MASIA SERRA DE L’EMPORDA
Dans cette rubrique de présentation des vins, nous conseillons dans notre
« Bon cop de porró » les vins que nous avons plus particulièrement appréciés.
En aucune manière, il ne s’agit de notes
Aroa 2008 :
Appellation Empordà D.O. Cépage : Grenache noir
80% et Marselan 20%. Vendanges manuelles et sé-
lection des grappes avant le pressurage. L’élevage se
fait pendant 12 mois en barriques de chêne français
Vins « Negre ».Vins « Rouge »
lGneis 2003 : Appellation Empordà D.O. Cépages :
Merlot 43%, Grenache Noir 26%, Cabernet Sauvi-
gnon 31%. Caractère original et très méditerra-
néenne. Elégant, sa structure est fortement solide,
grâce à un vieillissement de 16 mois en fûts de chêne
et de plusieurs années en bouteille. Robe d’un rouge
soutenu, que les ans n’ont pas dénaturé. En bouche,
il est ample et velouté, Ses tanins fondus et ses
arômes puissant favorisent une longueur en bouche
persistant.
6218 bouteilles de 75 cl et 315 magnums de 150 cl
pour ce Gneis de 2003.
Un mariage de charcuterie catalane, viande grillée
au feu de bois, civet de gros gibier tel sanglier ou
chevreuil, fromages de chèvre secs, roquefort, for-
meront une union parfaite à la dégustation de ce vin
racé. 14,5% vol. Servir de 16 à 18°.
Ce blanc
Mosst 2013,
possède
6 étiquettes
différentes à
collectionner !
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5. VINS MASIA SERRA DE L’EMPORDA
Au Restaurant Can Pau : Huile et vins de Cantallops
Mosst 2013 : Appellation Empordà D.O. Cépages :
grenache blanc 80%, grenache noir 10% et muscat
10%. Mosst est un vin de caractère délicat, tout juste
mis en bouteille en avril 2014, pour se déguster dès
à présent et profiter des moments de détente estival.
Suave au palais et au nez, des arômes persistants de
fleurs printanières. Mosst donne une image de fraî-
cheur, jeune et amusante, autour de la figure de leur
jeune et turbulent chien labrador, appelé Most.
Vi Dolç.Vin Doux
Ino :
Appellation Empordà D.O.Vin doux à la robe « Am-
bré ». Ce vin de dessert est vieilli en solera. Il est
élevé avec 5% du « baril mère » de 1860. Ce qui lui
donne des arômes de miel ou de confiture de fruits
de nos régions comme la pêche, l’abricot ou prune
blanche. Peut vieillir en cave. Température de
service 10/12°. Un vin qui ne se boit pas mais se
déguste à petites gorgées.
Crèmes catalanes, tartes aux fruits de saison trouve-
ront grâce à lui des saveurs en bouche tout à fait
extraordinaires. Ce nectar est proposé uniquement
en demi-bouteille. 1280 bouteilles de 50cl.
N’oubliez surtout pas que le vin contient de
l’alcool, son abus est préjudiciable à la santé !
Allier. Robe d’un rouge noir soutenu avec des reflets
violacés. Au nez, féminité et douceur de fruits
rouges murs. En bouche les notes balsamiques se
ressentent et nous offrent une explosion de saveurs
granitiques du sol, accompagnées d’arômes de
mures. 14,5% vol. Vin de garde.
Production du vignoble : 27,50 hl/ha. Production en
bouteilles : Production limité à 4.022 bouteilles de
75 cl, et 250 magnums de 150 cl.
Une curiosité : Jaume a reproduit sur l’étiquette le
tatouage stylisé du prénom de sa fille Aroa !
Tout comme le Gneis il satisfera vos papilles sur vos
plats de charcuterie ou de plus élaborés en sauces.
Io 2011 : Appellation Empordà D.O. Cépages : Mer-
lot 70%, Grenache Noir 15%, Cabernet Franc 10%,
Cabernet Sauvignon 5%. Robe : Cerise aux reflets
violacés. Nez: Intense où émanent des arômes de
fruits rouges de fruits des bois et des notes grillées et
minérales. Bouche : Puissant, savoureux, charnu,
bonne concentration avec une acidité équilibrée et
des tanins fondus bien intégrés.Très persistant dès sa
mise en bouche. Ce vin de caractère s’adapte à de
très nombreux plats typiquement catalans. Mise en
bouteille : 13460 bouteilles de 75 cl, et 350 mag-
nums de 150 cl, suivant la production. 14,5% vol.
Servir de 16 à 18°.
Vi Blanc.Vin Blanc
Ctònia 2012 :
Appellation Empordà D.O. Planté en 1961, cette
vigne produit 23 hl/ha, et 6222 bouteilles. Robe de
couleur jaune légèrement teintée de vert. Un niveau
élevé de complexité et de saveur très intenses. Il
combine des arômes de fruits blancs, de chloro-
phylle et de chêne neuf grillé. La bouche a une
entrée volumineuse en raison d’un vieillissement de
3 mois en fûts de chêne. Persistance remarquable,
apportée par sa pointe d’acidité. Un vin a de la
personnalité et est bien structuré. 13% vol.
Les poissons grillés sur la braise ou au four, les fruits
de mer, trouveront avec ce blanc un accompagne-
ment de choix. Servir à 9/10°.
Les vins de la Masia Serra ont l’appellation
d’Origine : Empordà D.O.
Pour visiter ou prendre rendez-vous :
Carrer dels Solés 20 – 17708 Cantallops.
Les coordonnées GPS : 42º 25’ 26.70»
N - 2º 55’ 45.74» E.
Tel : 0034 689 703 687 - 0034 689 604 905.
Web : www.masiaserra.com
e-mail : masiaserra@masiaserra.com
Les vins de la Masia Serra, sont en vente au
Restaurant « Can Pau » de Cantallops.
Mail : info@restaurantcanpau.com.
Web : http://www.restaurantcanpau.com
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El Passallis de la Roureda,
bref historique d’une passerelle
chère aux Sorédiens Christian Baillet
Longtemps nous l’avons souhaitée, puis attendue, pour qu’enfin
elle nous soit rendue, fière de son histoire antérieure comme du
réaménagement de ses espaces. La nouvelle passerelle de la
Roureda a un an, déjà. Plusieurs fois détruite, puis reconstruite
dans le passé, son maintien fit l’objet aussi de controverses et de
malentendus entre riverains et municipalité. Récemment, cette
question est réapparue sur le devant de la scène avant de prendre
la décision de la remplacer.
Explorant le lit de la rivière et réunissant les deux principaux
quartiers du village en une seule unité, la voilà solidement ancrée
et rassurée d’avoir retrouvé sa fréquentation !… Un siècle d’usage
confirme l’intérêt que ce passage suscite encore de nos jours.
Revenons sur quelques-uns des temps forts d’une année riche en
événements mais aussi sur son histoire tumultueuse.
Franchissement du Tassio,
d’un siècle à l’autre
Cet article aurait pu aussi s’intituler « les mésaventures du fran-
chissement du Tassio, d’un siècle à l’autre », tant l’usage de cette
passerelle est lié depuis fort longtemps à la vie quotidienne de ses
riverains.
Interrogeons-nous tout d’abord sur la terminologie employée
pour la dénommer. Doit-on l’appeler « la passerelle de la Font
Sabather » comme cela est consigné dans un registre datant
de 1900, en référence à une source naturelle aujourd’hui disparue ?
Faut-il dire « la passerelle reliant le Baynat(1)
au village », rappe-
lant le quartier du Veïnat qu’elle sortait de son éloignement et de
son isolement en 1933 ? Ou bien doit-on la désigner suivant le
vocable d’aujourd’hui : « la passerelle de la Roureda », dont
l’étymologie en Catalan fait allusion à la rouvraie ? Une appella-
tion attestée par quelques spécimens de chênes rouvres encore
présents de nos jours.
Question difficile, dont la réponse ne modifiera certainement pas
le cours de son histoire mais qui, à défaut de nous éclairer sur sa
dénomination, nous renseigne sur l’environnement dans lequel
elle est implantée.
En l’absence d’appellation officielle contentons-nous donc de la
baptiser « la passerelle » sans autres précisions, à la mode des
Sorédiens qui ont pour coutume de la nommer familièrement
ainsi.
Cette première question évacuée, penchons-nous sur les moyens
rudimentaires dont disposaient nos aïeux autrefois pour traverser
la rivière. Afin de franchir, ce qui serait plus judicieux d’appeler :
le torrent, et en l’absence de technologie suffisante, nos anciens
utilisaient des passallis, des ponts molls et des guals (passages à
gué ou des ponts en bois). Souvent pour faciliter le passage, ils
déposaient dans le fond de la rivière des matériaux de fortune,
tels que des galets, ou des branches d’arbres. De simples
planches de bois pouvaient également suffire pour constituer une
ébauche de passage mais celle-ci était souvent fragile, et elle ne
résistait pas aux brusques montées des eaux. Il fallait régulière-
ment la reconstruire et requérir à de la main d’œuvre locale, faute
de moyens et de ressources suffisants. Durant l’hiver, ou à la suite
de violents orages, le passage à gué devenait inutilisable, obli-
geant les riverains désireux de rejoindre le village à effectuer un
grand détour par le pont. Un inconvénient majeur rencontré à
d’autres endroits et dans d’autres cours d’eau, que souligne cette
demande formulée en 1902 par des habitants de Lavall. Elle est
adressée au Maire en ces termes : «… au moment des crues
nous ne pouvons pas rejoindre le bord opposé de la
Massana pour accéder au seul puits d’eau potable du
hameau… ».
1900 :
la belle époque des équipements collectifs ….
Afin de remédier à ces difficultés, la décision de construire une
passerelle, tout au moins celle d’un ouvrage digne de ce nom, est
donc prise le 10 juillet 1900. L’initiative en revient à son nouveau
Maire MR A. Vassal, qui dans une délibération du conseil munici-
pal nous fait part : « que le conseil municipal s’est réuni en
session extraordinaire sous la présidence de A. Vassal maire
et des conseillers municipaux présents... Vu le projet dressé
par M. le Maire à l’effet de construire une passerelle sur la
rivière de Sorède en continuité du chemin vicinal ordinaire
n°6(2)
… afin de permettre aux habitants des deux rives de
communiquer entre eux, considérant que l’exécution de ce
projet réclamé depuis longtemps par toute la population
est de toute utilité… »
Cette édification est d’autant plus justifiée qu’elle correspond à
une période d’extension urbaine sur la rive droite du Tassio. En
effet en quatre ans, la population s’est accrue de plus d’une cen-
taine d’individus(3)
, et ce passage est de plus en plus fréquenté.
Un document sur le démembrement, effectué en 1901, comptabi-
lise 109 maisons pour 110 ménages et 443 individus, ceux-ci pour
les seuls quartiers du Campet et du Veïnat concernés par cette
édification. Mais ce qui frappe le plus à la lecture des comptes
rendus de conseils municipaux de cette époque, c’est la multitude
de projets en cours. On y trouve pêle-mêle des chantiers, comme
la réfection du sol de la place publique, la construction de nou-
veaux puits, ou l’installation de réverbères(4)
et de pompes à eau,
etc...
L’élection récente du nouveau conseil municipal a semble-t-il
donné un coup d’élan à la rénovation du village et se manifeste à
travers plusieurs arrêtés faits à la population : « Interdiction est
faite d’aller laisser s’abreuver les bestiaux à la pompe de la
place publique. Les habitants sont tenus d’arroser tous les
matins leur devant de maison avant 9h, de ne pas jeter
d’immondices dans les rues, et de ne pas faire d’attelages
stationnant sur la place publique…. Interdiction de tout
déversement des eaux d’évier….obligation de réaliser des
puits secs en pierre… »
Mais revenons à notre passerelle. Le choix s’est porté sur un
Histoire-Viequotidienne