« Après la crise : Réinventer le travail ? », 4 axes de réflexion:
1. Comment et par quelles mesures faciliter la mise en place du télétravail ?
2. Comment protéger les autres catégories de travailleurs autant que les salariés ?
3. Au-delà du salaire, comment valoriser « les premiers de corvée » ?
4. Comment favoriser la mobilité professionnelle et la formation des actuels et futurs chômeurs dans ce contexte de crise ?
Synthèse Atelier TRAVAIL - LAREM PARIS11 MONDE APRES
1. 1
ATELIERS LAREM PARIS 11 SUR LE MONDE D’APRES
#1 LE TRAVAIL, 18/05/2020
Deux invités :
- Olga Trostiansky – Présidente du laboratoire de l’égalité
- Cédric Bruguière – Consultant RH sur les nouvelles formes de travail
Animé par Marianna Mendza Référente LaREM Paris 11
INTRODUCTION
Une crise qui révèle de nombreuses inégalités face au travail :
- Entre femmes et hommes : Prise en charge des tâches ménagères / charge mentale (école à
la maison, repas, etc.), précarité des familles monoparentales, prédominance féminine dans
certains métiers exposés au risque de contamination et moins valorisés (infirmière, caissière,
agent d’entretien, aide-soignante, etc.)
- Entre les différents statuts : Protection sociale des indépendants, artisans, commerçants,
chefs d’entreprise
- Entre les territoires : accès au télétravail, conditions de logements
- Entre les classes sociales : Salaire peu corrélé à l’utilité sociale, accès à la formation, présence
des enfants, exposition au risque de chômage dans les mois à venir
Une crise qui annonce aussi des enjeux forts, en termes d’adaptation aux nouvelles opportunités
économiques pour endiguer la hausse du chômage (mobilité géographique, sectorielle, formation et
développement de compétences, etc.).
THEME 1 : LE TELETRAVAIL
Comment faire du télétravail un outil pérenne ? Quelles dérives ? Quelles bonnes pratiques ?
- Tendance de développement du télétravail déjà présente avant la crise, avec de nombreux
outils collaboratifs.
- La crise a accéléré l’acculturation.
- Beaucoup d’entreprises insuffisamment équipées : un long chemin reste à parcourir.
- Challenge d’évolution des cultures managériales.
- Télétravail positif pour l’environnement, car contribue à la limitation des déplacements.
Idées :
✓ Pistes de bonnes pratiques : droit à la déconnexion, base de volontariat, disponibilité à
discrétion, formation sur la gestion du temps en télétravail, 3j max en télétravail par semaine.
✓ Mettre en place d’une charte propre à chaque entreprise (ou par branche) pour encadrer les
pratiques, voire faire du télétravail un nouveau droit.
✓ Mettre en place une réduction sur l’éco taxe des entreprises pour inciter les patrons à
développer le télétravail.
✓ Développer les espaces de coworking pour permettre de télétravailler dans de bonnes
conditions près de chez soi.
✓ Faire évaluer la productivité des salariés en télétravail par une grande administration.
2. 2
THEME 2 : LES INEGALITES
Comment étendre les droits des salariés aux artisans, commerçants, indépendants, travailleurs de
plateforme ?
- La mauvaise protection sociale de ces statuts ne rend pas justice à l’engagement et aux
risques pris par les artisans, commerçants et indépendants. C’est de plus en plus ressenti
comme une injustice.
- Il est aussi question d’encourager la culture entrepreneuriale en France, ainsi que des
parcours professionnels plus riches et variés.
- Les disparités entre systèmes (vacances, maternité, protection sociale, retraites, etc.) les
rendent illisibles, injustes, complexes, coûteux, et créent la défiance entre français.
- Une méthode qui s’appuie sur l’intelligence collective et la co-construction est nécessaire.
Cela pose la question de la représentativité des syndicats pour conduire ces réflexions
(syndicats peu engagés à date auprès des indépendants, commerçants, etc. Et
majoritairement en faveur du maintien des régimes spéciaux).
Idées :
✓ Converger vers un statut unique en France avec des cotisations et des protections
équivalentes. La distinction entre salariés et indépendants, entre secteurs public et privé, et
entre branches, n’a plus de sens aujourd’hui.
✓ Renforcer la représentativité des syndicats pour permettre une co-construction
représentative. Explorer les pistes possibles comme l’obligation d’adhérer (ex : Allemagne).
✓ Coupler cette transformation des syndicats avec la création d’un revenu de base, socle.
THEME 3 : LA RECONNAISSANCE
Comment déterminer la reconnaissance financière d’après crise et la financer à court et moyen
terme ? Quelles sont les autres formes de reconnaissances à mettre en place ? Comment rendre le
prestige aux professions de première ligne qui étaient aujourd’hui socialement défavorisées ?
- 44% des français pensent que leur travail n’est pas assez reconnu et qu’ils sont
insuffisamment rémunérés.
- Le Haut Conseil à l’égalité a fait des préconisations que la refonte des grilles d’évaluation et
du système de classification des emplois.
- La définition de l’utilité sociale pose aussi beaucoup de questions, cela rejoint possiblement
les travaux sur la prise en compte de la pénibilité.
Idées :
✓ S’inspirer des Allemands et/ou Suédois, pour intégrer les salariés au conseil d’administration :
reconnaissance morale.
✓ Renforcer les dispositifs de participation et intéressement avec abondement et défiscalisation
✓ Limiter la financiarisation de l’entreprise avec le partage des bénéfices (en 3 tiers : salariés,
actionnariat, investissement, ou encore en 2 moitiés pour les salariés et pour l’entreprise/les
actionnaires).
✓ Coupler le revenu socle avec un salaire pour revaloriser la situation financière des premières
lignes.
3. 3
THEME 4 : LA MOBILITE PROFESSIONNELLE
Comment favoriser la mobilité professionnelle et la formation des chômeurs dans ce contexte de
crise ? Seriez-vous prêts vous-mêmes à changer, de déménager, de changer de secteur, de vous
recycler et à quelles conditions ?
- On est dans le processus typique de destruction créatrice, il faut encourager les innovations
pour compenser les destructions.
- Il y a un travail de sécurisation des individus à conduire pour leur permettre de prendre des
risques.
- Des études ont révélé que des SDF pris en charge coûtent in fine moins chers à la société :
sécuriser en amont ne coûte pas forcément plus cher que « réparer » en aval.
- Les couples bi-actif peuvent être un frein à la mobilité géographique.
- La concentration des entreprises dans les grandes villes a créé des problèmes tels que la
hausse du prix des logements, ou la forte circulation du COVID.
- Il ne faut pas confondre travail et emploi, on parle bien de créer des emplois.
- L’investissement bénévole est un engagement qui a une valeur sociale aussi, qui sort de la
monétisation, qui sort de l’intérêt, pour n’être que du don, c’est très fort comme concept.
Idées :
✓ Financer cette sécurisation des individus par une réforme globale de l’impôt, du prélèvement
à la répartition des richesses, sans sanctionner, mais avec intelligence.
✓ Financer ces périodes de mobilité grâce au revenu socle qui prendrait le relai ou se réduirait
automatiquement selon la situation du citoyen.
✓ Aider les entreprises qui recrutent à s’articuler, par territoire, pour faciliter la mobilité des
couples bi-actifs.
✓ Décentraliser les ministères et grandes administrations en province.
✓ Créer un passeport engagement citoyen, qui recense le temps passé à aider des associations
pour valoriser l’utilité sociale (ex : le congé cadre jeunesse qui existait par le passé) et offrir
des contreparties comme des points de retraites ou des jours de congés.
Merci à tous pour votre participation.