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n°43 |12 septembre 2013
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El Juli, à l’abri au milieu du cercle rouge puisque c’est là l’avantage, le
truc de cette tauromachie de rond point et le sens de son giratoire.
Velero prend tout, accepte tout. El Juli fait mine de vouloir l’estoquer et
le public, une majeure partie, qui commence à dire non, non et non et
trois fois non. Donc, gracié. Sous la protestation de quelques uns.
Comme, après ce numéro redondant, Juan Bautista ne veut pas se faire
bouffer tout cru par l’ogre, et qu’il est plein de confiance en lui il
attaque Madrileño bille en tête par des veronicas à genoux. Madrileño
qui s’est endormi sous la pique jette d’abord des attaques un peu
décomposées mais c’est un attentif avec de la constance. Juan Bautista
le fourre bien sa muleta avec un toreo efficace et d’une modernité pro-
filée. Il parvient par séquences à bien se relâcher et à s’accorder à l’ada-
gio du deuxième mouvement du Concerto d’Aranjuez – tiens encore
Aranjuez –, que la musique de Chicuelo II lui joue et que la chorale
d’Arles lui chante avec les paroles de Guy Bontempelli. «On croirait voir
des taches de sang/ce ne sont que des roses.» Putain, c’est raccord ! Il
envoie au final quelques fleurs de rhétorique taurine en forme de cita-
tions : une poncina sous le regard copyright de son créateur, Ponce, une
luquesina. Estocade entière et foudroyante : 2 oreilles. Ensuite, la vora-
cité d’El Juli fait oublier que Verones est fadasse, sans goût et docile et
l’insatiable El Juju le fait tourner en bourrique. Des estocades ratées lui
barrent la route des oreilles sinon ça aurait vachement bouchonné dans
le compte rendu. Des oreilles symboliques, des littérales… Ingles,
sixième Domingo Hernandez, a du tranco, de belles foulées, et il a, tête
un peu haute, poussé avec plus de violence que de bravoure pure sous
deux vraies piques bien données par le picador deValencia Chano. Dans
la muleta, Ingles confirme : il veut bien attaquer mais qu’on ne lui
demande pas de baisser trop longtemps la cabeza. Juan Bautista,
d’abord le soumet puis sort le plan B. Des machins en rond, des moli-
netes, des trincheras. Estocade péremptoire. Deux oreilles. Et Ponce ?
Pour lui, les épines. Un premier toro toréé plutôt de la droite, mal tué,
faiblard et mou et, sur une passe, montrant qu’il pouvait la jouer sour-
noise. Un second qui cisaille et que ce coup des pétales de roses semble
exaspérer au plus haut point. Il s’appelle Œillet. Ponce, dépité. Mais
dans un costume «typicous» Goya : bleu marine, en soie et coton, et
avec des ornements dorés aux bras et aux jambes, œuvre du fameux
couturier madrilène Lorenzo Caprile. Sortie en triomphe pour El Juli et
Juan Bautista, salut du mayoral. Une euphorie rouge.
rles, samedi, riz rouge. Le I rouge
de Rimbaud, les I dans son nom,
Rudy Ricciotti, l’architecte chargé
d’orner les arènes pour la corrida
goyesque. Deux cent mille pétales de roses
rouges sur le cœur de la piste ; des tentures
pourpres autour ; le corazon rouge de Velero,
toro de Domingo Hernandez, gracié par El Juli.
Corrida goyesque et tauromachie contempo-
raine : beaucoup de cites profilés, beaucoup de
tauromachie parallèle au fil de la corne, beau-
coup de toreo por afuera et circulaire, beaucoup d’enchaînements avec
l’enchaînement comme seul argument de beaucoup de muletazos, beau-
coup d’oreilles, beaucoup d’ovations, plus d’ovations que de olés sortis
du fond du fond, cependant pas d’ennui, beaucoup de spectacle et
Velero. Un toro moderne : noble, ardent, fait pour cavaler tête basse et
longtemps dans la muleta. À la pique ? Il prend en poussant et en
rechargeant la première pique mais le test de la première pique, on le
sait, n’est qu’un critère relatif. La seconde pique ? Celle où on l’attend ?
À peine donnée. Test non avenu. L’énergie écarlate d’El Juli. Il a vu la
fougue de Velero, sa fijeza, sa concentration, il a, plus tôt que le public,
sans doute aperçu qu’il pouvait faire un gros coup avec, le faire gracier
why not. Il le fait rougeoyer en le citant de loin, muleta en avant, espa-
tarrado, jambes écartées.Velero n’est pas un type à se faire prier. Il n’est
pas anorexique. Il engouffre la muleta par grosses cuillerées. La faena
éclate dans un bouquet de cinq, six, sept derechazos en continu. Puis le
ruissellement caractéristique d’El Juli. Son art sans art, endiablé, opu-
lent et cadencé. Plus sa vista. Entre les séries Il laisse récupérer Velero,
genre trou normand, puis remet en scène cette bravoure qui cascade. Il
le torée torrentiellement avec du temple : par le bas, par le haut, de la
gauche, de la droite, en rond bien sûr. Avec, en particulier, une double
ou triple passe circulaire, avec au moins 5 toques dans la passe et lui,
A
Bautista © André Hampartzoumian
Arles,
le riz rouge
Le cri du Juli © Meyer
editions.atelierbaie.fr Bruno Doan
n°43 |12 septembre 2013
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exorbitant. Au programme : à cheval, Cañero, et, pedibus, Chicuelo,
Cagancho, Lalanda, Armilita chico. Toros de Santa Coloma. À l’arrivée,
un pétard retentissant. Les toros sont nuls et, excepté deux, d’une pré-
sentation «scandaleuse». Les toreros n’en foutent pas une et toréent
sous la bronca. Conclusion d’un chroniqueur : « avec une autre corrida
comme celle d’hier, Pages peut ouvrir une épicerie. Parce que pour ce qui
est des toros, ni hablar.» Si, justement, à Murcie. Pages y dirige aussi les
arènes. Il met sur pied une autre goyesque pour la feria de septembre
1929. Gros tralala. Le journal Levante Agricola a organisé pour l’occasion
un concours de beauté pour les jeunes filles célibataires de Murcie et de
la huerta. Les reines de beautés choisies défileront aux cotés de celles de
Madrid et Valencia dans le grand défilé goyesque précédant la course. Il
doit réunir 300 participants : escadrons de dragons, jeunes gens et
jeunes filles déguisés en «chisperos, chulos, majos y majas», en habi-
tants de Madrid de l’époque de Goya. On n’a oublié ni les meutes de
chiens qui assaillaient les toros à l’époque ni les demi-lunes pour leur
couper les jarrets. Les costumes ont été fabriqués dans des ateliers
madrilènes ; la piste a été recouverte d’un tapis «le plus grand du
monde», de 20 mètres de long pour 25 de large et assuré pour 25.000
pesetas. On annonce que la mairie de Madrid a envoyé des calèches et
que des carrosses ont été demandés aux «grands d’Espagne». Un collec-
tif d’artistes locaux et madrilènes ont veillé aux préparatifs de la parade
et à la décoration des arènes où pendent des copies de tapis de Goya.
Deux d’entre eux, un à la présidence l’autre à l’autre bout de la piste,
représentent le peintre. De quoi rendre jalouse la patronne de la ville la
Virgen de la Fuensanta dont le magasin «la Alegria de la huerta» expose
le manteau brodé en soie de Murcie avec des motifs brodés représentant
la culture locale du ver à soie. Le cartel de la corrida : 4 toreros comme à
San Sébastian ; Niño de la Palma, Lalanda, Félix Rodriguez, Villalta. Les
toros : Lamamié de Clairac. La plaza : à ras bord. 20.000 personnes pour
voir la chose. Le prix des places : comme a San Sébastian, bonbon. Le
défilé ? «Une mascarade ridicule» avec des habits «grotesques».
Commentaire cruel dans Abc : «la procession saugrenue si elle n’a pas
réussi à donner la moindre idée de l’époque qu’elle était représentée a
servi à amuser les gens de la huerta. » À sauver «du comique» : «deux
jeunes filles magnifiques qui représentèrent très dignement la splendide
beauté des femmes de Murcie. Pour le goyesque, ce fut tout.» Et la
corrida du señor Pages alors ? Sous la pluie et comme à San Sébastian.
Une merde dans un bas de soie comme disait Napoléon de Talleyrand.
Les toros ? «Mauvais, grossiers, très mansos, laids de tête ; le second, un
veau.» Les toreros ? Lalanda fatigué, s’en tape. Pas une mariposa.
Villalta ? Avec les toros les plus petits. Malgré un quite serré il torée sous
une bronca carabinée. Niño de la Palma ? Il arrache les seuls applaudis-
sements pour des veronicas. Félix Rodriguez ? Il torée l’infâme premier
en prenant beaucoup de précautions et son deuxième, un fuyard avec
du nerf, il n’arrive pas à le dominer. Conclusion de l’Abc : «le truc
goyesque a été une bonne affaire pour l’organisateur. Mais le public,
patient, de Murcie, qu’on ne lui parle pas de sitôt de Goya.»
Le truc goyesque
Titre du compte-rendu de l’Abc du 17 septembre 1929 : «El truco
goyesco». Dessous, la démolition en règle de la corrida donnée le 15 à
Murcie. Une des toutes premières corridas goyesque. En 29, elles sont à
la mode. Il y en a eu à Gijón, à Astorga, à Pontevedra et sans doute
ailleurs. San Sébastian et Saragosse avaient ouvert le feu en 1928.
Prétexte : le centenaire de la mort à Bordeaux de Goya. Alors, reconsti-
tution d’époque. Ce qui se glisse derrière le fantôme de Goya ? L’ode au
patriotisme, à l’espagnolisme, encouragée par le gouvernement du dic-
tateur Primo de Rivera au pouvoir depuis 6 ans et pour qui le respect de
la tradition fonde l’être espagnol ; qui n’est pas peu. Primo de Rivera :
«nous sommes espagnols ce qui constitue une des rares choses sérieuses
qui existe dans le monde». Faites passer. À travers la corrida goyesque
sont, alors, en jeu, les valeurs de l’Espagne «authentique» illustrées par
ceux, le peuple de Madrid en particulier, qui, au début du XIXe
siècle, se
sont dressés contre Napoléon et contre les modes de vie non autoch-
tones et «afrancesadas», «francisées». On remarque que cette vogue
des corridas goyesques intervient dans ce que les historiens appellent la
«dénationalisation» des «masses urbaines espagnoles» acquises, autour
justement des années 1925, à des engouements nouveaux : le cinéma
hollywoodien, le jazz, le tango, le foxtrot, le charleston, le boom du foot-
ball d’origine anglaise. Ce cosmopolitisme menace le «casticisme», le
purement espagnol, que la corrida porte à son plus haut point. La patrie
est en danger moral, on sort la corrida des origines : Pedro Romero, Pepe
Hillo, Francisco de Goya «el de los toros». On notera par paradoxe que
Primo de Rivera rompt à cette époque avec la tradition taurine en impo-
sant,en 1928, le peto, la protection des chevaux des picadors. Par amour
des animaux ? Pas du tout. Au début de 1928, au premier rang, en
compagnie d’une jolie dame étrangère «proche d’un ministre français»
dit la chronique il assiste à une corrida à Aranjuez. Ville symbolique où,
en mars 1808, un soulèvement populaire a chassé du pouvoir le premier
ministre afrancesado Godoy. Par parenthèse, une corrida goyesque célé-
brant l’émeute est régulièrement organisée en septembre à Aranjuez
depuis 1989 sauf cette année. Pour cause de crise économique elle a été
remplacée par une novillada. Quant à la fameuse corrida goyesque de
Ronda, elle a été créée en 1954 par Pepe Belmonte puis consolidée par
Antonio Ordoñez. Donc en 1928, Primo de Rivera, en bonne compagnie,
regarde une corrida du premier rang des barrières d’Aranjuez. Lors d’une
pique, un toro éventre un cheval et d’un coup de tête envoie ses tripes
sur le premier rang des barreras en aspergeant la jolie dame. Ça la fout
mal. Primo de Rivera donnera ordre à son ministre, le général Martínez
Anido, de prendre des mesures pour en finir avec ce spectacle répu-
gnant. À partir du 8 avril, le peto, dans les tuyaux depuis deux ans, sera
obligatoire. En 1928 donc, corrida goyesque à San Sébastian. Les arènes
ont été décorées sous la direction du peintre Zuloaga. Un concours
d’habits goyesques pour les enfants a été organisé, Primo de Rivera est
venu à la course montée par l’homme d’affaires taurins catalan Eduardo
Pages. Gros succès. Les arènes sont pleines malgré un prix de billets
Escribano.Samedi à Sotillo de la Adrada, dans
la Vallée de la Terreur, Manuel Escribano se fait
«écrabouiller» dixit son père, par un toro contre la
barrière au cours d’un quiebro. On croit d’abord à
une simple commotion cérébrale. Son père pense que
c’est plus grave. Quelqu’un crie qu’il faut l’amener à
Mostoles où il y a un hôpital tout neuf. Les médecins
y diagnostiqueront une rupture de veine iliaque et
une grosse hémorragie interne. Plus de 3 litres de
sang dans son ventre. La cardiologue : «il a été sauvé
par miracle». Des examens vont préciser si sa rate,
son foi, ses reins n’ont pas été lésés par l’hémorragie.
À Arles dimanche il a été remplacé par Luis Bolivar.
Son deuxième toro, le meilleur de la course, s’appe-
lait Escribano. Pur hasard.
Blessures. VENDREDI, à Cartoxo (Portugal)
lésion du foie pour la rejoneadora Ana Rita renversée
et piétinée par un toro. SAMEDI. Pozuelo de Alarcon,
3 côtes cassées et pneumothorax pour le picador
Hector Vicente. Utiel : coups de corne dans la jambe
droite pour les novilleros Jésus Duque (le plus grave)
et Roman. DIMANCHE. Zacatecas (Mexique) coup de
corne de 15,10 et 5 cm dans le fessier pour Sergio
Flores. LUNDI. Albacete : coup de corne de 25 cm en
haut de la cuisse gauche pour le novillero Filiberto. Le
novillo était de Pedres.
Télévision.Dimanche 10h45, Signes du toro.
Programme : Blancanieves et Morante à Istres (itv et
images).
Programme. Féria de Nîmes. JEUDI corrida. Toros : FuenteYmbro.
Toreros : Finito, David Mora, Luque. VENDREDI corrida. Toros, 6 élevages
différents.Toreros : El Juli, Manzanares, Perera,Talavante, Jiménez Fortes,
Juan Leal. SAMEDI matin corrida à cheval, alternative Léa Vicens. Toros :
Bohorquez. Rejoneadores : Ojeda,Ventura, LéaVicens. Après midi corrida.
Toros : Garcigrande. Toreros : El Juli, Manzanares. DIMANCHE matin
corrida. Toros : Zalduendo. Toreros : Ponce, Castella, Perera. Après midi
corrida. Toros : Miura. Toreros : Castaño et X.
Succès. JEUDI. Valladolid. Padilla 2 oreilles, El Cid, 2, El Fandi 4.
SAMEDI. Arles. Espada 2 oreilles. Grand jeu des novillos de Patrick
Laugier. Deux vueltas posthumes. Dax. Fandiño, 1 et 1 oreille. Ronda.
Morante 1 et 2 oreilles. DIMANCHE. Arles. El Cid, 1 et 1 oreille. Luis
Bolivar et Silveti en dessous du bon jeu des toros de la Quinta. Dax.
Castella, 1 et 1.

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EXTRAIT du roman « HAIG - Le Secret des Monts Rouges » de Thierry Poncet
 

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  • 1. editions.atelierbaie.fr n°43 |12 septembre 2013 |page 1/2 |sur abonnement |Éditions El Juli, à l’abri au milieu du cercle rouge puisque c’est là l’avantage, le truc de cette tauromachie de rond point et le sens de son giratoire. Velero prend tout, accepte tout. El Juli fait mine de vouloir l’estoquer et le public, une majeure partie, qui commence à dire non, non et non et trois fois non. Donc, gracié. Sous la protestation de quelques uns. Comme, après ce numéro redondant, Juan Bautista ne veut pas se faire bouffer tout cru par l’ogre, et qu’il est plein de confiance en lui il attaque Madrileño bille en tête par des veronicas à genoux. Madrileño qui s’est endormi sous la pique jette d’abord des attaques un peu décomposées mais c’est un attentif avec de la constance. Juan Bautista le fourre bien sa muleta avec un toreo efficace et d’une modernité pro- filée. Il parvient par séquences à bien se relâcher et à s’accorder à l’ada- gio du deuxième mouvement du Concerto d’Aranjuez – tiens encore Aranjuez –, que la musique de Chicuelo II lui joue et que la chorale d’Arles lui chante avec les paroles de Guy Bontempelli. «On croirait voir des taches de sang/ce ne sont que des roses.» Putain, c’est raccord ! Il envoie au final quelques fleurs de rhétorique taurine en forme de cita- tions : une poncina sous le regard copyright de son créateur, Ponce, une luquesina. Estocade entière et foudroyante : 2 oreilles. Ensuite, la vora- cité d’El Juli fait oublier que Verones est fadasse, sans goût et docile et l’insatiable El Juju le fait tourner en bourrique. Des estocades ratées lui barrent la route des oreilles sinon ça aurait vachement bouchonné dans le compte rendu. Des oreilles symboliques, des littérales… Ingles, sixième Domingo Hernandez, a du tranco, de belles foulées, et il a, tête un peu haute, poussé avec plus de violence que de bravoure pure sous deux vraies piques bien données par le picador deValencia Chano. Dans la muleta, Ingles confirme : il veut bien attaquer mais qu’on ne lui demande pas de baisser trop longtemps la cabeza. Juan Bautista, d’abord le soumet puis sort le plan B. Des machins en rond, des moli- netes, des trincheras. Estocade péremptoire. Deux oreilles. Et Ponce ? Pour lui, les épines. Un premier toro toréé plutôt de la droite, mal tué, faiblard et mou et, sur une passe, montrant qu’il pouvait la jouer sour- noise. Un second qui cisaille et que ce coup des pétales de roses semble exaspérer au plus haut point. Il s’appelle Œillet. Ponce, dépité. Mais dans un costume «typicous» Goya : bleu marine, en soie et coton, et avec des ornements dorés aux bras et aux jambes, œuvre du fameux couturier madrilène Lorenzo Caprile. Sortie en triomphe pour El Juli et Juan Bautista, salut du mayoral. Une euphorie rouge. rles, samedi, riz rouge. Le I rouge de Rimbaud, les I dans son nom, Rudy Ricciotti, l’architecte chargé d’orner les arènes pour la corrida goyesque. Deux cent mille pétales de roses rouges sur le cœur de la piste ; des tentures pourpres autour ; le corazon rouge de Velero, toro de Domingo Hernandez, gracié par El Juli. Corrida goyesque et tauromachie contempo- raine : beaucoup de cites profilés, beaucoup de tauromachie parallèle au fil de la corne, beau- coup de toreo por afuera et circulaire, beaucoup d’enchaînements avec l’enchaînement comme seul argument de beaucoup de muletazos, beau- coup d’oreilles, beaucoup d’ovations, plus d’ovations que de olés sortis du fond du fond, cependant pas d’ennui, beaucoup de spectacle et Velero. Un toro moderne : noble, ardent, fait pour cavaler tête basse et longtemps dans la muleta. À la pique ? Il prend en poussant et en rechargeant la première pique mais le test de la première pique, on le sait, n’est qu’un critère relatif. La seconde pique ? Celle où on l’attend ? À peine donnée. Test non avenu. L’énergie écarlate d’El Juli. Il a vu la fougue de Velero, sa fijeza, sa concentration, il a, plus tôt que le public, sans doute aperçu qu’il pouvait faire un gros coup avec, le faire gracier why not. Il le fait rougeoyer en le citant de loin, muleta en avant, espa- tarrado, jambes écartées.Velero n’est pas un type à se faire prier. Il n’est pas anorexique. Il engouffre la muleta par grosses cuillerées. La faena éclate dans un bouquet de cinq, six, sept derechazos en continu. Puis le ruissellement caractéristique d’El Juli. Son art sans art, endiablé, opu- lent et cadencé. Plus sa vista. Entre les séries Il laisse récupérer Velero, genre trou normand, puis remet en scène cette bravoure qui cascade. Il le torée torrentiellement avec du temple : par le bas, par le haut, de la gauche, de la droite, en rond bien sûr. Avec, en particulier, une double ou triple passe circulaire, avec au moins 5 toques dans la passe et lui, A Bautista © André Hampartzoumian Arles, le riz rouge Le cri du Juli © Meyer
  • 2. editions.atelierbaie.fr Bruno Doan n°43 |12 septembre 2013 |page 2/2 |sur abonnement |Éditions exorbitant. Au programme : à cheval, Cañero, et, pedibus, Chicuelo, Cagancho, Lalanda, Armilita chico. Toros de Santa Coloma. À l’arrivée, un pétard retentissant. Les toros sont nuls et, excepté deux, d’une pré- sentation «scandaleuse». Les toreros n’en foutent pas une et toréent sous la bronca. Conclusion d’un chroniqueur : « avec une autre corrida comme celle d’hier, Pages peut ouvrir une épicerie. Parce que pour ce qui est des toros, ni hablar.» Si, justement, à Murcie. Pages y dirige aussi les arènes. Il met sur pied une autre goyesque pour la feria de septembre 1929. Gros tralala. Le journal Levante Agricola a organisé pour l’occasion un concours de beauté pour les jeunes filles célibataires de Murcie et de la huerta. Les reines de beautés choisies défileront aux cotés de celles de Madrid et Valencia dans le grand défilé goyesque précédant la course. Il doit réunir 300 participants : escadrons de dragons, jeunes gens et jeunes filles déguisés en «chisperos, chulos, majos y majas», en habi- tants de Madrid de l’époque de Goya. On n’a oublié ni les meutes de chiens qui assaillaient les toros à l’époque ni les demi-lunes pour leur couper les jarrets. Les costumes ont été fabriqués dans des ateliers madrilènes ; la piste a été recouverte d’un tapis «le plus grand du monde», de 20 mètres de long pour 25 de large et assuré pour 25.000 pesetas. On annonce que la mairie de Madrid a envoyé des calèches et que des carrosses ont été demandés aux «grands d’Espagne». Un collec- tif d’artistes locaux et madrilènes ont veillé aux préparatifs de la parade et à la décoration des arènes où pendent des copies de tapis de Goya. Deux d’entre eux, un à la présidence l’autre à l’autre bout de la piste, représentent le peintre. De quoi rendre jalouse la patronne de la ville la Virgen de la Fuensanta dont le magasin «la Alegria de la huerta» expose le manteau brodé en soie de Murcie avec des motifs brodés représentant la culture locale du ver à soie. Le cartel de la corrida : 4 toreros comme à San Sébastian ; Niño de la Palma, Lalanda, Félix Rodriguez, Villalta. Les toros : Lamamié de Clairac. La plaza : à ras bord. 20.000 personnes pour voir la chose. Le prix des places : comme a San Sébastian, bonbon. Le défilé ? «Une mascarade ridicule» avec des habits «grotesques». Commentaire cruel dans Abc : «la procession saugrenue si elle n’a pas réussi à donner la moindre idée de l’époque qu’elle était représentée a servi à amuser les gens de la huerta. » À sauver «du comique» : «deux jeunes filles magnifiques qui représentèrent très dignement la splendide beauté des femmes de Murcie. Pour le goyesque, ce fut tout.» Et la corrida du señor Pages alors ? Sous la pluie et comme à San Sébastian. Une merde dans un bas de soie comme disait Napoléon de Talleyrand. Les toros ? «Mauvais, grossiers, très mansos, laids de tête ; le second, un veau.» Les toreros ? Lalanda fatigué, s’en tape. Pas une mariposa. Villalta ? Avec les toros les plus petits. Malgré un quite serré il torée sous une bronca carabinée. Niño de la Palma ? Il arrache les seuls applaudis- sements pour des veronicas. Félix Rodriguez ? Il torée l’infâme premier en prenant beaucoup de précautions et son deuxième, un fuyard avec du nerf, il n’arrive pas à le dominer. Conclusion de l’Abc : «le truc goyesque a été une bonne affaire pour l’organisateur. Mais le public, patient, de Murcie, qu’on ne lui parle pas de sitôt de Goya.» Le truc goyesque Titre du compte-rendu de l’Abc du 17 septembre 1929 : «El truco goyesco». Dessous, la démolition en règle de la corrida donnée le 15 à Murcie. Une des toutes premières corridas goyesque. En 29, elles sont à la mode. Il y en a eu à Gijón, à Astorga, à Pontevedra et sans doute ailleurs. San Sébastian et Saragosse avaient ouvert le feu en 1928. Prétexte : le centenaire de la mort à Bordeaux de Goya. Alors, reconsti- tution d’époque. Ce qui se glisse derrière le fantôme de Goya ? L’ode au patriotisme, à l’espagnolisme, encouragée par le gouvernement du dic- tateur Primo de Rivera au pouvoir depuis 6 ans et pour qui le respect de la tradition fonde l’être espagnol ; qui n’est pas peu. Primo de Rivera : «nous sommes espagnols ce qui constitue une des rares choses sérieuses qui existe dans le monde». Faites passer. À travers la corrida goyesque sont, alors, en jeu, les valeurs de l’Espagne «authentique» illustrées par ceux, le peuple de Madrid en particulier, qui, au début du XIXe siècle, se sont dressés contre Napoléon et contre les modes de vie non autoch- tones et «afrancesadas», «francisées». On remarque que cette vogue des corridas goyesques intervient dans ce que les historiens appellent la «dénationalisation» des «masses urbaines espagnoles» acquises, autour justement des années 1925, à des engouements nouveaux : le cinéma hollywoodien, le jazz, le tango, le foxtrot, le charleston, le boom du foot- ball d’origine anglaise. Ce cosmopolitisme menace le «casticisme», le purement espagnol, que la corrida porte à son plus haut point. La patrie est en danger moral, on sort la corrida des origines : Pedro Romero, Pepe Hillo, Francisco de Goya «el de los toros». On notera par paradoxe que Primo de Rivera rompt à cette époque avec la tradition taurine en impo- sant,en 1928, le peto, la protection des chevaux des picadors. Par amour des animaux ? Pas du tout. Au début de 1928, au premier rang, en compagnie d’une jolie dame étrangère «proche d’un ministre français» dit la chronique il assiste à une corrida à Aranjuez. Ville symbolique où, en mars 1808, un soulèvement populaire a chassé du pouvoir le premier ministre afrancesado Godoy. Par parenthèse, une corrida goyesque célé- brant l’émeute est régulièrement organisée en septembre à Aranjuez depuis 1989 sauf cette année. Pour cause de crise économique elle a été remplacée par une novillada. Quant à la fameuse corrida goyesque de Ronda, elle a été créée en 1954 par Pepe Belmonte puis consolidée par Antonio Ordoñez. Donc en 1928, Primo de Rivera, en bonne compagnie, regarde une corrida du premier rang des barrières d’Aranjuez. Lors d’une pique, un toro éventre un cheval et d’un coup de tête envoie ses tripes sur le premier rang des barreras en aspergeant la jolie dame. Ça la fout mal. Primo de Rivera donnera ordre à son ministre, le général Martínez Anido, de prendre des mesures pour en finir avec ce spectacle répu- gnant. À partir du 8 avril, le peto, dans les tuyaux depuis deux ans, sera obligatoire. En 1928 donc, corrida goyesque à San Sébastian. Les arènes ont été décorées sous la direction du peintre Zuloaga. Un concours d’habits goyesques pour les enfants a été organisé, Primo de Rivera est venu à la course montée par l’homme d’affaires taurins catalan Eduardo Pages. Gros succès. Les arènes sont pleines malgré un prix de billets Escribano.Samedi à Sotillo de la Adrada, dans la Vallée de la Terreur, Manuel Escribano se fait «écrabouiller» dixit son père, par un toro contre la barrière au cours d’un quiebro. On croit d’abord à une simple commotion cérébrale. Son père pense que c’est plus grave. Quelqu’un crie qu’il faut l’amener à Mostoles où il y a un hôpital tout neuf. Les médecins y diagnostiqueront une rupture de veine iliaque et une grosse hémorragie interne. Plus de 3 litres de sang dans son ventre. La cardiologue : «il a été sauvé par miracle». Des examens vont préciser si sa rate, son foi, ses reins n’ont pas été lésés par l’hémorragie. À Arles dimanche il a été remplacé par Luis Bolivar. Son deuxième toro, le meilleur de la course, s’appe- lait Escribano. Pur hasard. Blessures. VENDREDI, à Cartoxo (Portugal) lésion du foie pour la rejoneadora Ana Rita renversée et piétinée par un toro. SAMEDI. Pozuelo de Alarcon, 3 côtes cassées et pneumothorax pour le picador Hector Vicente. Utiel : coups de corne dans la jambe droite pour les novilleros Jésus Duque (le plus grave) et Roman. DIMANCHE. Zacatecas (Mexique) coup de corne de 15,10 et 5 cm dans le fessier pour Sergio Flores. LUNDI. Albacete : coup de corne de 25 cm en haut de la cuisse gauche pour le novillero Filiberto. Le novillo était de Pedres. Télévision.Dimanche 10h45, Signes du toro. Programme : Blancanieves et Morante à Istres (itv et images). Programme. Féria de Nîmes. JEUDI corrida. Toros : FuenteYmbro. Toreros : Finito, David Mora, Luque. VENDREDI corrida. Toros, 6 élevages différents.Toreros : El Juli, Manzanares, Perera,Talavante, Jiménez Fortes, Juan Leal. SAMEDI matin corrida à cheval, alternative Léa Vicens. Toros : Bohorquez. Rejoneadores : Ojeda,Ventura, LéaVicens. Après midi corrida. Toros : Garcigrande. Toreros : El Juli, Manzanares. DIMANCHE matin corrida. Toros : Zalduendo. Toreros : Ponce, Castella, Perera. Après midi corrida. Toros : Miura. Toreros : Castaño et X. Succès. JEUDI. Valladolid. Padilla 2 oreilles, El Cid, 2, El Fandi 4. SAMEDI. Arles. Espada 2 oreilles. Grand jeu des novillos de Patrick Laugier. Deux vueltas posthumes. Dax. Fandiño, 1 et 1 oreille. Ronda. Morante 1 et 2 oreilles. DIMANCHE. Arles. El Cid, 1 et 1 oreille. Luis Bolivar et Silveti en dessous du bon jeu des toros de la Quinta. Dax. Castella, 1 et 1.