Le Musée éphémère est composé d’objets et de décors qui représentent l’enfer vécu par des survivantes de violences sexuelles commises par leur propriétaire, concierge, voisin ou co-chambreur. Une réalisation du Comité Femmes et logement. Plus d'infos sur https://www.ceaf-montreal.qc.ca/public/femmes-et-logement.html
2. LE CÉAF
22
Présentation du projet
Merci d’avoir répondu à notre invitation et de partager
avec nous cet espace de prise de parole et de conscien-
tisation. Depuis trois ans, nous avons rencontré plus d’une
centaine de survivantes de harcèlement et d’agressions
sexuelles commises par leur propriétaire, concierge ou
co-chambreur. Ces rencontres ont enraciné notre lutte. Les
visages et les voix des survivantes nous accompagnent
jour après jour. Nous leur avons fait la promesse de por-
ter leurs voix et leurs histoires sur la place publique.
Notre musée est composé d’objets et de décors qui re-
présentent l’enfer vécu par les survivantes. Au centre de
notre action, il y a la parole des femmes que nous avons
rencontrées. C’est à partir de leurs témoignages que nous
avons construit ces œuvres collectives. La plupart des
femmes que nous avons rencontrées n’avaient jamais par-
lé du harcèlement et des violences qu’elles ont vécus.
Durant des années, elles ont gardé le silence par honte,
par peur de ne pas être crues ou encore de voir leur
situation s’aggraver. Ce terrible silence, qui contribue à
isoler, emprisonner et enchaîner les femmes à l’enfer des
agressions, laisse leur agresseur dans l’impunité la plus
totale. Aidez-nous à briser ce silence.
Une douzaine de militantes du Comité femmes et loge-
ment du Centre d’éducation et d’action des femmes (CÉAF)
ont travaillé avec cœur et passion à créer l’exposition à
laquelle vous êtes invitéEs aujourd’hui. Nous utilisons l’art
comme mode d’expression pour libérer la parole des sur-
vivantes.
L’espace que nous partageons avec vous aujourd’hui est
une zone exempte de violence.
Le CÉAF est un organisme à but non lucratif fondé en
1972. Issu d’une initiative locale, notre centre est implanté
depuis ses débuts au cœur du quartier Sainte-Marie si-
tué dans le Centre-Sud de Montréal. Notre approche est
clairement féministe; nous reconnaissons que les femmes
subissent des discriminations et nous militons pour la dé-
fense de nos droits.
Le CÉAF a pour mission de briser l’isolement des femmes
et de leur permettre d’entreprendre avec d’autres femmes
un processus visant l’autonomie et la prise en charge tant
sociale, économique qu’affective et de susciter l’implica-
tion dans le milieu.
Site web : www.ceaf-montreal.qc.ca
Le Comité « Femmes et logement »
(Une partie du groupe...)
4. 20
20
Table des matières Le journal intime
Nous vous invitons à lire le court récit de Karine. Vous
remarquerez l’escalade des agressions : regards insis-
tants, harcèlement, entrées par infraction, voyeurisme… Le
comité logement du quartier où demeurait Karine a fait
parvenir une lettre enregistrée sommant le propriétaire de
respecter ses droits (articles # 1902 et 1931 du Code
civil du Québec. Si vous voulez en savoir plus sur ces
articles de loi, nous vous invitons à venir en discuter avec
nous). Après quelques mois, ne se sentant plus en sécurité
chez elle, Karine a décidé de sous-louer son appartement.
La porte............................................................................................4
Les tiroirs.........................................................................................5
L’escabeau.......................................................................................6
La cagoule......................................................................................7
La couverture................................................................................8
La toile d’araignée.....................................................................9
La robe de chambre..............................................................10
Le comité en action.......................................................11-12
Le paravent..................................................................................13
Le panier de lavage...............................................................14
Le téléphone...............................................................................15
La chaise berçante.................................................................16
La vaisselle...................................................................................17
La douche.....................................................................................18
La fenêtre......................................................................................19
Le journal intime.......................................................................20
L’atelier macarons et le photomaton.........................21
Informations sur le CÉAF....................................................22
5. 419
Ouvrez la porte
et découvrez
l’univers des sur-
vivantes d’agres-
sions sexuelles.
Écoutez, lisez,
laissez-vous im-
prégner par l’am-
biance. Au pre-
mier plan, une
porte. Celle qui
devrait nous pro-
téger. Mais qu’ar-
rive-t-il quand le
harceleur, l’agres-
seur ou le vio-
leur a les clés de
notre domicile?
Anxiété, insomnie,
angoisse…
La porte
La fenêtre
Simone menait, depuis plus de 20 ans, une vie tran-
quille dans une banlieue de Montréal. Un jour, son
conjoint l’a quittée et sa vie a basculé. Le temps
d’une période de transition, elle s’est retrouvée dans
une maison de chambres, où elle a connu plusieurs
épisodes de harcèlement et de voyeurisme. Grâce au
soutien d’une intervenante, elle est allée vivre dans
une maison d’hébergement pour femmes en difficulté.
Aujourd’hui, elle loge dans une coopérative
d’habitation.
6. Les tiroirs
185
Plusieurs des survivantes que
nous avons rencontrées ont té-
moigné du sentiment de peur
qu’elles ressentent face à leur
propriétaire ou concierge. Cette
peur les paralyse, fréquemment
provoquée par des regards in-
sistants, des commentaires dé-
placés... Il est souvent difficile
pour les survivantes de mettre
des mots sur ce qu’elles vivent.
La douche
Elles ont été une dizaine à témoigner que les
premiers gestes de voyeurisme et d’agression
ont commencé au moment où elles étaient
sous la douche. Quand on leur posait la ques-
tion : « où vivait votre agresseur? », la réponse
était toujours la même : « c’était mon voisin
immédiat ».
7. L’escabeau
617
Nous vous invitons à prendre le
ruban à mesurer et à lire le mes-
sage qui s’y trouve. Anne-Marie,
comme plusieurs autres survi-
vantes que nous avons rencon-
trées, garde enfouies en elle les
violences vécues dans son loge-
ment. Aujourd’hui, Anne-Marie
brise le silence…
La vaisselle
Nous faisons le souhait de partager,
autour de cette table, un moment
de solidarité avec chaque survivante
d’agression sexuelle. Parce qu’en-
semble nous sommes fortes, parce
que nous croyons votre parole. Parce
qu’en brisant le silence et en unissant
nos voix, nous finirons par vivre dans
un monde libéré de toute forme de
violence.
8. 167
La vie d’Amélia a bousculé un soir de
printemps, lorsqu’elle a été violée par
son concierge. Même si, quelques se-
maines plus tard, elle a quitté son lo-
gement, elle témoigne de sa peur de
se retrouver seule, de marcher dans les
rues le soir, de cette peur du noir qui la
paralyse… Amélia participe à un groupe
de soutien pour les victimes de viol. Elle
dit reprendre doucement le contrôle sur
sa vie. Si vous, ou quelqu’une que vous
connaissez, avez vécu une agression
sexuelle ou un viol, nous vous invitons
à contacter la Ligne-ressource 24h/7:
514-933-9007 ou 1-888-933-9007.
La cagoule
Les émotions vécues par
les survivantes laissent
des traces profondes et
indélébiles, tout comme
les mots gravés sur cette
chaise. Place aux senti-
ments et aux visages des
femmes.
La chaise berçante
9. 815
La couverture
Cette couverture est une création collec-
tive sur laquelle les militantes du Comité
ont rédigé des messages d’espoir. Par notre
mobilisation, nous voulons créer un monde
où toutes les femmes pourront être en sé-
curité, partout, tout le temps. Nous revendi-
quons que chaque femme d’ici et d’ailleurs
puisse avoir une sexualité libre, consentante
et épanouie.
Le téléphone
Marie-Claude, comme plusieurs femmes
que nous avons rencontrées, s’est fait
proposer d’annuler sa dette de loyer en
échange de « services sexuels » rendus
à son propriétaire.
*&?#!!!##**
10. 149
La toile d’araignée La panier de lavage
Lorsque Anne nous parlait de son co-chambreur qui la har-
celait, elle utilisait la métaphore de la toile d’araignée : elle
se sentait comme une toute petite proie affaiblie et coincée
dans la toile que son agresseur avait tissée autour d’elle.
Par exemple, il utilisait des informations sur son statut d’im-
migration précaire pour la contraindre, la dénigrer, l’humilier,
la manipuler, la menacer, mais aussi l’agresser. Anne est
l’une des deux survivantes que nous avons rencontrées et
qui a porté la plainte à la police. Sa plainte n’a pas été
retenue, faute de preuve et de témoin. Anne, sache que
nous, ON TE CROIT !
Selon les témoignages que
nous avons reçus, les espaces
communs (salle communau-
taire, buanderie, cuisine et cor-
ridor) sont souvent des lieux
de harcèlement et d’agressions
pour les femmes vivant en mai-
son de chambres, en résidence
et en logement social.
11. 1013
Le paravent La robe de chambre
Nous vous invitons à enfiler la robe de chambre.
Regardez-vous dans le miroir. Une femme sur
trois sera victime d’une agression sexuelle au
cours de sa vie (Benoit, Cecilia et al. La violence
à caractère sexuel faite aux femmes au Canada.
Forum fédéral-provincial-territorial des ministres
responsables de la condition féminine, 2014.).
Quelques semaines
après l’agression vio-
lente commise par son
concierge, Anna-Louisa
a été accueillie dans
une maison d’héberge-
ment pour femmes en
difficulté. Durant son
séjour là-bas, elle a
trouvé un nouveau lo-
gement et vit présen-
tement dans un orga-
nisme sans but lucratif
(OSBL) d’habitation.