SlideShare une entreprise Scribd logo
1  sur  34
Télécharger pour lire hors ligne
Année universitaire 2021-2022
Promo*: ¨ L1 (Parcours): …………………………. ¨ L2 ¨ L3 ¨ M1 ¨ M2
Semestre* : ¨ 1 ¨ 2 ¨ 3 ¨ 4 ¨ 5 ¨ 6 / Session* : ¨ 1 ¨ 2
N° Nom (par ordre alpha.) Prénom
1 BERKO Milena
2 BERTHON Lisa
3 GHERARDI Nina
4 IMBLOT Camille
TD : Psychologie sociale……………………………………………………………………………….
Enseignant, tuteur : Clovis LEVREZ…………………………………………………………………
Jour et horaire du TD : Vendredi 10h-12h…………..……………………………………………….
Titre du dossier : De l’image vue à l’image reproduite : consommation de pornographie et
pratiques sexuelles des jeunes adultes ………………………..…………………………….
Note oral / 20 Coef =
Note de l’écrit / 20 Coef =
Note finale / 20
PARTIE RESERVEE A L’ENSEIGNANT
REMARQUES / COMMENTAIRES :
……………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………
Dossier de psychologie sociale :
« De l’image vue à l’image reproduite :
consommation de pornographie et pratiques
sexuelles des jeunes adultes »
Sommaire
Introduction.............................................................................................................................................. 1
1 Partie théorique ............................................................................................................................... 2
1.1 Quelques points théoriques..................................................................................................... 2
1.2 Qu’est-ce que la pornographie ?............................................................................................. 3
1.3 Du virtuel au réel : émergence de différentes problématiques ............................................... 3
1.4 Quelques chiffres.................................................................................................................... 5
1.5 Notre problématique............................................................................................................... 6
1.6 Nos hypothèses....................................................................................................................... 7
2 Méthodologie .................................................................................................................................. 8
2.1 La population.......................................................................................................................... 8
2.2 Les résultats............................................................................................................................ 9
2.2.1 Résultats de l’hypothèse 1.................................................................................................. 9
2.2.2 Résultats de l’hypothèse 2................................................................................................ 11
2.2.3 Résultats de l’hypothèse 3................................................................................................ 12
2.2.4 Résultats de l’hypothèse 4................................................................................................ 13
3 Discussion et interprétation des hypothèses.................................................................................. 15
3.1 Hypothèse 1.......................................................................................................................... 15
3.2 Hypothèse 2.......................................................................................................................... 16
3.3 Hypothèse 3.......................................................................................................................... 17
3.4 Hypothèse 4.......................................................................................................................... 18
3.5 Hypothèse générale............................................................................................................... 19
Conclusion ............................................................................................................................................. 21
Bibliographie.......................................................................................................................................... 22
Annexes.....................................................................................................................................................I
Questionnaire...................................................................................................................................... II
Entretiens exploratoires ...................................................................................................................... V
1
Introduction
Fin décembre 2019, une maladie nommée « COVID-19 » fait son apparition. Cette
pandémie aura différents retentissements sur la vie et les habitudes de chacun. Mars 2020
marquera un tournant : la mise en place d’un confinement. Ce dernier a eu des effets divers sur
la santé mentale, les violences sexuelles et le sexisme mais aussi sur la consommation de
pornographie. Ce dernier point retiendra plus particulièrement notre attention :
« le site Pornhub fait constat d’une augmentation mondiale de l’utilisation de la
pornographie de 11,6% le 17 mars 2020 par rapport aux jours précédents. Sur une période
d’un mois, les 27 pays pour lesquels des statistiques ont été fournies ont tous signalé une
augmentation de la consommation de la pornographie, variant de 4 à 24% (…) une
augmentation à été constatée en Italie, de 38% en France et de 61% en Espagne après
l’offre de services premium (Mestre-Bach et al., 2020) » (Badon, 2021, p. 32).
Notre recherche s’inscrit dans une volonté de découvrir quels impacts la pornographie peut
avoir sur les pratiques sexuelles des jeunes adultes. Cette dernière s’est élaborée à la suite de
diverses interrogations ayant pu émerger lorsque nous avons décidé de travailler sur ce large
thème. Afin de répondre à ces dernières nous avons dans un premier temps réalisé différents
entretiens exploratoires auprès de quatre sujets hommes et femmes et nous avons mis en
place un questionnaire dans un second temps.
Au cours de ce dossier différents points seront abordés. Premièrement, nous présenterons
divers aspects de nos recherches théoriques ayant retenus notre attention que nous mettrons en
lien avec la problématique choisie ainsi que nos différentes hypothèses. Par la suite, il sera
davantage question de la méthodologie suivie qui comprendra à la fois notre population ainsi
que la présentation de nos résultats. Pour finir, nous confronterons nos résultats à la théorie à
travers une discussion pour, par la suite, envisager une ouverture.
2
1 Partie théorique
1.1 Quelques points théoriques
La pornographie est présente de façon importante dans notre société : elle obsède,
dérange, questionne, génère des débats… Différents films et séries nous ont amené à discuter
de ce sujet comme les séries « Euphoria » (2019), « Sex Education » (2019) ainsi que le film «
Men, women and children » (2014).
Éthiquement la pornographie dérange :
« hypersexualisation des jeunes filles, « pédophilisation », pornographie infantile,
multiplication et internalisation des agences de mariages et de call-girls, explosion
mondiale des industries du sexe – exploite une idée à force d’exemples extrêmement
divers : la pornographie affecte la culture en profondeur » (Poulin, 2009).
Différents entretiens exploratoires ont été réalisés et certains propos nous ont interpellé et
peuvent rejoindre les éléments venant d’être énoncés :
• « J’ai découvert la pornographie à partir de la fin du collège, mais depuis que je suis en
couple j’en regarde un peu moins. A l’époque où j’ai découvert cela, beaucoup de
garçons en parlaient. Je suis allée voir ce que c’était par simple curiosité avec une amie
et cela m’a effrayée et gênée » Sophie, 20 ans
• « Selon moi, la pornographie est trop violente et il n’y a pas assez de romance. Vouloir
imiter un acteur porno peut créer un réel déséquilibre entre les deux partenaires. La
femme n’étant pas une actrice porno, elle ne voudra pas forcément reproduire certaines
scènes » Louis, 22 ans
• « Dans la société, le porno représente un sujet tabou et il peut créer des manques
d’estime de soi car, lors des relations sexuelles entre les individus, ils peuvent se juger
en se comparant à ce qu’ils ont vu dans les vidéos. C’est, selon moi, le seul point négatif
que le porno peut engendrer » Anna, 20 ans
• « Beaucoup plus d’hommes assument regarder du porno, comparé aux femmes. Mais
beaucoup de femmes en consomment » Benoit, 23 ans
Au cours de cette recherche nous nous sommes interrogées notamment sur le
public regardant de la pornographie : Homme ou femme ? adolescents, adultes ou jeunes
adultes ? de qui parlons-nous lorsque nous réalisons cette recherche ?
3
Une enquête aux États-Unis (2014, 2016) a mis en lumière les chiffres suivants :
« 79% des hommes et 76% des femmes de 18 à 30 ans, 67% des hommes et 16% des
femmes de 31 à 49 ans, 49% des hommes et 4% des femmes de 50 à 68 ans disent regarder
de la pornographie au moins une fois par mois » (Badon, p. 12, 2021).
Il semblerait donc exister une corrélation entre le facteur sexe et la fréquence de visualisation de
pornographie, ici en faveur des hommes.
1.2 Qu’est-ce que la pornographie ?
Premièrement, il n’existe aucune réponse claire et universellement acceptée à cette
question. Étymologiquement la pornographie vient du grec pornê qui signifie « prostituée »
et graphein qui signifie « écrire ». De nos jours, le terme « pornographie » n’est plus réellement
utilisé, la partie « graphie » a été enlevée. Cette « écriture sur la prostituée » a fait de la pornê,
un pornê désignifié. La pornographie est réduite par apocope à « porno » et désigne par
conséquent la représentation, écrite, visuelle ou symbolique de l’acte sexuel.
La finalité du porno serait de générer une excitation chez le spectateur. La production va par
conséquent tenter de s’adapter aux fantasmes des consommateurs. Il existe diverses catégories
dites « standardisées », comme « hétéro » ou dites « spécifiques », de type « sadomasochisme
», « bondage », « partouze » …
1.3 Du virtuel au réel : émergence de différentes problématiques
Toutefois, ce passage du virtuel au réel peut poser problème. Monneret évoque le
voyeurisme comme dimension prégnante du porno. Le sujet va jouir passivement de la vue de
l’acte sexuel. Cela le limite par conséquent à une vision rigide et stéréotypée de l’acte sexuel et
des sexes. Cela va donc alimenter ses fantasmes mais cela va l’épargner d’une rencontre réelle
avec un partenaire sexuel. A travers l’article Pornographie et désarroi des corps et des
sentiments (2011) de Frau-Meigs, différentes problématiques sont énoncées, en lien avec la
pornographie comme la violence, l’échange sexuel, le consentement forcé ainsi que l’agression
physique. Ainsi deux émotions contradictoires y sont associées : plaisir et douleur. L’auteur va
plus loin en évoquant la dualité entre l’image de la masculinité à travers ces images et celui de
la féminité. Dans ce type de contenu, les scénarios sont standardisés et chacun a un rôle
prédéfini et bien souvent nous retrouvons la femme comme « objet passif » et l’homme comme
4
sujet dominant. L’American Psychological Association a mis en lumière le fait que la
représentation des filles ainsi que des jeunes femmes comme des objets sexuels générera des
effets néfastes à la fois sur leur psychisme et leur santé physique. Cette image de la femme
engendrerait le fait que les hommes s’habitueraient à des pratiques sexuelles dites
violentes. Richard Poulin (2009) évoque le fait suivant :
« La dynamique pornographique actuelle joue à la fois sur l’infantilisation des femmes et
la sexualisation des enfants. (…) Aujourd’hui l’industrie de la pornographie capitalise sur
le fantasme de la lolita. (…) Conséquence de cette évolution, la sexualisation induit des
fillettes qui s’identifient à leurs idoles et imitent des attitudes et des comportements de «
femmes sexy » alors qu’elles n’en ont encore aucun des attributs » (Poulin, 2009).
Différentes recherches ont, par ailleurs, mis en évidence le fait que la pornographie avait des
effets sur les croyances sexuelles, notamment sur l’attitude que les hommes vont pouvoir avoir
envers les femmes ; des effets sur les relations hommes et femmes, en particulier sur le
couple ainsi que des effets physiques et psychologiques marqués par une utilisation excessive
mais également une difficulté à passer du virtuel au réel, l’excitation générée par la
pornographie étant plus intense. Par ailleurs, il a été démontré qu’il existait une corrélation
significative entre la consommation de pornographie ainsi que le niveau d’estime de soi dans
un contexte dit « sexuel ». En effet :
« Une étude menée en 2015 sur des hommes d’environ 36 ans a montré
un dysfonctionnement érectile accompagné d’une libido anormalement basse est
désormais un phénomène courant chez les hommes qui utilisent fréquemment des
supports à contenus sexuellement explicites et la masturbation
ayant pour conséquence des perturbations au niveau de l’estime de soi (Morrisson et al.,
2006 ; Goldberg et al., 2008 ; Reisman, 2007 ; Klein et al., 2015 ; Jansen et Bancroft,
2007) » (Badon, p.16, 2021).
La question des différentes catégories existant dans l’industrie pornographique nous a amené à
interroger les liens qu’il pouvait y avoir entre la pornographie ainsi que les violences
sexuelles. Doidge (2007) et, plus tôt, Barron et Kimmel (2000) ont mis en évidence le fait que
la violence, la force, ainsi que l’humiliation sont des pratiques courantes dans ce secteur.
Différentes études ont pu mettre en évidence qu’il y avait effectivement un lien entre les
violences sexuelles et la pornographie. Par exemple, Bonino et al. en 2006 : « dans une étude
portant sur 804 adolescents italiens âgés de 14 à 19 ans, le visionnage de matériel
5
pornographique a été corrélé à la fois à la violence sexuelle active et passive et aux rapports
sexuels non désirés » (p. 26).
Une autre étude a également retenu notre attention, celle-ci réalisée en 1994 par Ohbuchi et
al. sur des hommes japonais :
« Ces hommes ont été divisés en trois groupes et chacun a été exposé à différents types
de pornographie amateur : un film de « viol positif », c’est-à-dire où la femme exprime le
plaisir, un film de « viol négatif », c’est-à-dire où la femme exprime la douleur et un film
de sexe consentant. Ceux qui ont visionné le film de « viol positif » étaient nettement plus
susceptibles d’affirmer que les femmes pouvaient prendre plaisir au viol et que certains
cas de viols sont inventés par les victimes » (Badon, p. 26, 2021).
1.4 Quelques chiffres
Il semblerait que depuis les vingt dernières années la consommation pornographique a
une évolué. Frédérique Giraud nous donne les chiffres suivants :
« l’âge moyen de la première exposition à la pornographie sur internet est 11 ans. Selon
les données de l’enquête de l’auteur, l’âge moyen de la première consommation est de 12
ans pour les garçons et 13 ans pour les filles. 57% ont vu leurs premières images
pornographiques entre 8 et 13 ans ».
Il poursuit :
« A travers les images pornographiques, les jeunes recherchent une confirmation de la
normalité de leurs comportements : 40,8% des jeunes interrogés puisent dans la
pornographie des idées, 25,8% en tirent un modèle de rapport sexuels auquel se
conformer. Les désirs et fantasmes des hommes sont chez 3 jeunes sur 4 influencés par la
pornographie. La consommation de pornographie influence également notablement les
transformations du corps des jeunes : dans l’enquête menée par Richard Poulin, il apparaît
que 97,8% des jeunes qui souhaitent modifier leur corps ont consommé de la
pornographie. Les pratiques épilatoires nouvelles, en particulier celle intégrale du pubis
chez les femmes et les hommes, semble découler « directement du porno et son influence
sur les pratiques sociales et intimes ».
6
1.5 Notre problématique
Au regard de ces différents éléments nous avons élaboré la problématique suivante
: « Quelle est l’influence de la consommation pornographique dans l’expression des pratiques
sexuelles des jeunes adultes ? ».
Il nous apparait important d’évoquer également pourquoi nous avons décidé de choisir cette
tranche d’âge et non une autre. Nous avons décidé 18 ans comme minima car il est l’âge légal
pour regarder de la pornographie et 25 ans comme limite car, après cet âge, nous rentrons dans
la tranche d’âge des adultes. Aujourd’hui, avec les réseaux sociaux et Internet, il y a un accès
plus simple, illimité et gratuit à ces contenus. C’est donc notre génération qui semble être la
plus concernée car nous avons grandi avec ces nouveaux médias. Frédérique Giraud a d’ailleurs
évoqué le fait suivant :
« Sur internet et dans les médias, le sexe est envahissant et la sollicitation sexuelle
permanente. En somme un « vacarme sexuel » assourdissant et une banalisation de la
pornographie et du sexe-marchandise. Ainsi selon les estimations de Jerry Ropelato, 12%
des sites web sont à caractère pornographique, 25% des requêtes et 35% des
téléchargements concernent la pornographie. Les données montrent que sans conteste
internet a participé à la croissance exponentielle de l’industrie pornographique. La
pornographie a envahi la sphère publique ».
De plus nous partons de l’hypothèse que, dans cette tranche d’âge, la sexualité est relativement
bien installée, dans le sens où le jeune adulte aura vécu auparavant différentes expériences
sexuelles.
Nous avons également décidé d’interroger le lien avec les pratiques sexuelles car différentes
études ont pu montrer qu’un pourcentage important de jeunes français ont admis que la
pornographie a influencé leur éducation et leurs pratiques sexuelles. Cela nous a interpellé car
nous ne pensions pas que ces derniers étaient conscients du fait que la pornographie ait impacté
leur sexualité. C’est pour cela que nous avons décidé d’approfondir ce thème précis. Par
ailleurs, lors des entretiens exploratoires, lorsque nous avons parlé de pornographie, les sujets
ont directement parlé de pratiques sexuelles : « La sexualité se fait par la découverte du porno.
Tout jeune va passer par cela et ce n’est que par la suite qu’il se rendra compte que cela ne
reflète pas la réalité. Très rapidement j’ai su faire la différence entre pornographie et relation
sexuelle ».
7
1.6 Nos hypothèses
Différentes hypothèses ont donc été élaborées. Premièrement, nous avons posé une
première hypothèse dite « générale » : la consommation de pornographie a une influence sur
les pratiques sexuelles des jeunes adultes.
Par la suite nous avons construit différentes hypothèses opérationnelles :
• Hypothèse 1 : le fait d’être un homme génère une augmentation de la visualisation de
contenu pornographique ;
• Hypothèse 2 : les hommes consomment davantage de contenus pornographiques dits «
violents » par rapport aux femmes ;
• Hypothèse 3 : une consommation élevée de pornographie augmente la violence dans les
rapports sexuels ;
• Hypothèse 4 : la visualisation de pornographie génère une baisse de l’estime de soi lors
des rapports sexuels.
8
2 Méthodologie
2.1 La population
Lorsque nous nous sommes demandé quelle tranche d'âge nous allions interroger, nous
avons décidé qu'il serait judicieux de cibler la jeune génération.
Comme nous l’avons vu précédemment, nous avons donc fixé, comme minimum, l'âge
légal pour regarder de la pornographie, c'est à dire 18 ans et comme limite supérieure 25
ans, afin de prendre en considération la tranche d’âge des jeunes adultes.
Nous avons donc récolté 94 réponses à notre questionnaire avec un âge moyen d’environ 20
ans (51,6%).
Il était important pour nous d'avoir une égalité des réponses entre les hommes et les
femmes étant donné que certaines de nos hypothèses comportaient un facteur sexe. Nous avons
donc pu obtenir une prévalence de 48 hommes pour 46 femmes.
46
49%
48
51%
Dispersion hommes-femmes
Femmes Hommes
9
Pour obtenir ces résultats, nous avons créé un questionnaire sur Google Forms que nous avons
diffusé sur nos réseaux sociaux. Nous avons fait ce choix car l’entourage avec lequel nous
interagissons sur ces réseaux se situait presque tous dans la tranche d'âge que nous voulions
cibler. C’était donc l’un des meilleurs moyens pour obtenir les réponses que nous souhaitions.
Ce questionnaire était constitué de 8 questions où tous les sujets pouvaient répondre. A la
8ème
question, nous demandions si le sujet avait déjà regardé des contenus pornographiques. Si
celui-ci répondait oui, il répondait ensuite à 10 autres questions. S'il répondait non, il n’en
répondait qu’à 5.
Nous avons donc fait en sorte de questionner les consommateurs sur leur régularité, leur type
de contenu, sur l’âge auquel ils avaient regardé leur premier porno mais également s'ils avaient
déjà eu des pratiques sexuelles. Nous avons, par la suite, posé des questions similaires aux deux
groupes, mais nous avons employé le « je » pour les consommateurs et le « on » pour les non-
consommateurs afin d’interroger les représentations que ces derniers avaient sur la
pornographie.
Une échelle de Likert, c’est-à-dire de 1 (pas du tout d’accord) à 4 ou 5 (totalement d’accord) a
été utilisée pour presque l’intégralité de nos questions1
.
Afin d’analyser et d’interpréter nos résultats, nous avons utilisé le logiciel Excel. Nous avons
d’abord repris les hypothèses puis nous y avons associé les questions. C’est ce que nous verrons
dans la partie suivante.
2.2 Les résultats
Comme nous l’avons vu précédemment, nous avons fait le choix de reprendre nos
hypothèses une par une afin de faciliter nos interprétations.
2.2.1 Résultats de l’hypothèse 1
Tout d’abord, commençons par notre première hypothèse : « Le fait d’être un homme
génère une augmentation de la visualisation de contenu pornographique ». L’hypothèse nulle
serait : il n’y a pas de différence de visualisation entre les hommes et les femmes. L’hypothèse
alternative serait : « Les hommes ont un visionnage de pornographie plus élevé que les femmes
1
Tout le questionnaire ainsi que les choix de réponses se trouvent en Annexe.
10
». Nous avons décidé d’analyser la question : « A quel rythme regardes-tu de la pornographie ?
». Il faut tout de même noter que 100% des hommes ayant répondu à notre questionnaire ont
déjà regardé un contenu pornographique. Tandis que pour les femmes, 13 sur 46 d’entre elles,
soit 28%, n’en ont jamais regardé.
Nous avons donc décider d’établir une échelle allant de 0 à 5 pour caractériser la fréquence :
0 = jamais regardé
1 = moins d’une fois par an
2 = une à plusieurs fois par an
3 = une à plusieurs fois par mois
4 = une à plusieurs fois par semaine
5 = une à plusieurs fois par jour
À la suite de cela, nous avons calculé les moyennes des fréquences de visionnage pour les
hommes puis pour les femmes. Sachant que, plus la moyenne se rapproche de 5 plus la
consommation est élevée.
A l’aide de ce graphique nous pouvons observer une importante différence entre les sexes, on
voit une moyenne de 3,66 pour les hommes et une moyenne de 1,69 pour les femmes. Les
hommes ont donc une consommation plus importante que les femmes.
Nous avons, par la suite, réalisé un test de Student qui nous a donné une p-value s’élevant
à 0,0000000000716, largement inférieure à 0,05 par conséquent. Nous observons donc une
différence significative entre les sexes, nous validons l’hypothèse alternative ainsi que notre
3,66
1,69
0,00
0,50
1,00
1,50
2,00
2,50
3,00
3,50
4,00
Hommes Femmes
Fréquence consommation pornographique
11
première hypothèse. Le fait d’être un homme génère une augmentation de la visualisation de
contenu pornographique.
2.2.2 Résultats de l’hypothèse 2
Notre seconde hypothèse était la suivante : « Les hommes consomment davantage de
contenus pornographiques dits « violents » par rapport aux femmes ». Nous posons l’hypothèse
nulle :
« Les hommes et les femmes consomment à égalité des contenus pornographiques dits «
violents » ». L’hypothèse alternative serait : « Il y a une différence de visualisation de contenus
pornographiques dits « violents » entre les sexes, avec une plus forte tendance chez les
hommes ». Pour analyser ces dernières nous avons sélectionné la question : « Parmi les mots
suivants, classe de 1 (le plus représentatif) à 4 (le moins représentatif), les termes qui, selon toi,
décrivent la pornographie » et notamment le terme « violent » que nous avions proposé. Puis,
la catégorie « BDSM » pour la question : « Parmi les choix suivants, classe de 1 (je regarde ou
j'aimerais regarder le plus) à 5 (je regarde ou j'aimerais regarder le moins) les catégories que tu
aimes/préférerais regarder ».
Nous avons fait le choix de regrouper le « 4 » et « 5 » afin de représenter le niveau le plus bas
de l’échelle. Nous avons ensuite fait une distinction entre les hommes et les femmes puis nous
avons fait la somme du niveau d’échelle qui était donné aux deux catégories. A la suite de cela,
nous avons calculé la moyenne pour chaque sexe comme nous avions fait pour l’hypothèse
précédente. Ici, plus la moyenne est supérieure à 5, moins la violence est représentative de la
pornographie et moins la catégorie BDSM est appréciée.
6,53
5,53
5,00
5,20
5,40
5,60
5,80
6,00
6,20
6,40
6,60
6,80
Hommes Femmes
Consommation de contenus dits "violents"
12
Nous obtenons une moyenne de 6,53 pour les hommes et une moyenne de 5,53 pour les
femmes. Les femmes trouvent que la violence est plus représentative de la pornographie et
apprécient davantage la catégorie BDSM par rapport aux hommes.
Pour cette analyse, nous avons également réalisé un test de Student. Le résultat de la p-value
est de 0,00063917. Celle-ci est donc inférieure à 0,05, nous pouvons accepter l’hypothèse
alternative. Seulement, les résultats de notre graphique vont à l’encontre de notre hypothèse de
départ, il existe bien une différence entre les sexes, mais celle-ci est en faveur des femmes et
non des hommes. Nous devons donc rejeter notre hypothèse départ, d’après notre graphique, ce
sont les femmes qui consomment davantage de contenus pornographiques dits « violents ».
2.2.3 Résultats de l’hypothèse 3
Nous poursuivons avec notre troisième hypothèse : « Une consommation élevée de
pornographie augmente la violence dans les rapports sexuels ». L’hypothèse nulle est : « La
fréquence de consommation n’impacte pas sur la violence dans les rapports sexuels ».
L’hypothèse alternative est donc : « Il y a plus de violence dans les rapports sexuels d’une
personne qui consomme beaucoup de pornographie par rapport à une personne qui en
consomme peu ». Ici, nous avons fait deux catégories pour analyser cette hypothèse. Nous nous
sommes servies, dans un premier temps, de la question suivante : « A quel rythme en regardes-
tu ? » en dissociant les sujets qui regardaient une à plusieurs fois par jour, par semaine ou par
mois et ceux qui en regardaient une à plusieurs fois par an et moins. Nous avons distingué les
sujets ayant une consommation « forte » et ceux qui en ont une plus « faible ». Nous avons
ensuite pris en compte leur réponse à la question : « Es-tu d'accord avec l'affirmation suivante
: « La pornographie génère de la violence dans les rapports sexuels » ? » avec une échelle de 1
(pas du tout d’accord) à 4 (totalement d’accord).
Nous avons calculé la moyenne à cette question pour chacun des deux groupes, plus la moyenne
s’approche de 4, plus les sujets pensent que la pornographie génère de la violence dans les
rapports sexuels.
13
Nous avons une moyenne de 2, 870 pour les sujets ayant une faible consommation et une
moyenne de 2,649 pour les sujets ayant une forte consommation. Les individus consommant
peu pensent davantage qu'il y a un effet de la fréquence de visionnage dans la violence des
rapports sexuels par rapport à ceux qui en consomment plus. Nous avons par la suite réalisé un
test de Student qui nous a donné une p-value de 0,352. Celle-ci étant supérieure à 0,05, il n'y a
pas de significativité, nous acceptons l’hypothèse nulle et rejetons l'hypothèse alternative. Nous
invalidons notre hypothèse de départ, la fréquence de visualisation de pornographie ne génère
pas forcément de violences dans les rapports sexuels.
2.2.4 Résultats de l’hypothèse 4
Enfin, notre dernière hypothèse est : « La visualisation de pornographie génère une
baisse de l’estime de soi lors des rapports sexuels. ». Pour celle-ci, l’hypothèse nulle serait : «
Une personne regardant de la pornographie aurait la même estime de soi qu'une personne n’en
regardant pas ». L'hypothèse alternative serait par conséquent : « L'estime de soi serait plus
faible chez une personne consommant de la pornographie par rapport à une personne n’en
consommant pas ». Nous avons distingué ici deux groupes différents ; un groupe de sujets ayant
déjà consommé de la pornographie et ayant déjà eu des relations sexuelles, et un groupe de
sujets n’ayant jamais regardé de contenus pornographiques. Nous avons ensuite pris les
réponses aux questions évoquant l’estime de soi.
Pour les consommateurs elles étaient les suivantes : « Es-tu d'accord avec l'affirmation suivante
: « Je compare souvent ma sexualité aux pratiques sexuelles que je vois dans les pornos » ? »,
« Es-tu d'accord avec l'affirmation suivante : « Depuis que je regarde du porno, je me sens
nul(le) lors de mes rapports sexuels » ? », « Es-tu d'accord avec l'affirmation suivante : « Depuis
2,649
2,870
2,500
2,550
2,600
2,650
2,700
2,750
2,800
2,850
2,900
Forte consommation Faible consommation
Violence dans les rapports sexuels par rapport à la fréquence de
consommation
14
que je regarde du porno, je souffre de ne pas ressembler aux acteurs X » ? » et « Depuis que tu
regardes du porno, penses-tu avoir modifié tes pratiques sexuelles ? ».
Pour les non-consommateurs elles étaient : « Es-tu d'accord avec l'affirmation suivante : « On
compare souvent sa propre sexualité aux pratiques sexuelles que l'on voit dans les pornos »? »,
« Es-tu d'accord avec l'affirmation suivante : « En regardant du porno, on peut se sentir nul(le)
lors des rapports sexuels » ? », « Es-tu d'accord avec l'affirmation suivante : « En regardant du
porno, on peut souffrir de ne pas ressembler aux acteurs X » ? » et « En regardent du porno,
penses-tu que les consommateurs peuvent avoir modifié leurs pratiques sexuelles ? ».
Les sujets devaient répondre à l’aide d’une échelle de valeur allant de 1 (pas du tout d’accord)
à 4 (totalement d’accord). Nous avons par la suite calculé la somme de toutes les réponses puis
nous avons effectué la moyenne pour les deux groupes. Plus la moyenne est supérieure à 4, plus
les sujets pensent que la consommation de pornographie entraine une baisse de l’estime de soi.
Nous observons une moyenne de 6,68 pour les consommateurs de pornographie et une
moyenne de 11,92 pour les non-consommateurs. Ces derniers considèrent qu'une
consommation de pornographie entraîne une baisse de l’estime de soi en comparaison aux
sujets qui en consomment. Comme toutes les précédentes analyses, nous avons réalisé en test
de Student qui a donné une p-value de 0,0000000576. Elle est inférieure à 0,05, il y a donc une
significativité. Nous devons rejeter l'hypothèse nulle et accepter l'hypothèse alternative.
Seulement, d'après le graphique, il y a bien une différence entre les groupes mais ce sont plutôt
les non-consommateurs qui pensent qu’il existe bien une baisse d'estime de soi en raison d’une
consommation de pornographie. Ici, nous questionnons donc bien plus les représentations du
sujet qu’un réel sentiment. Nous devons par conséquent invalider notre hypothèse de départ,
les consommateurs de pornographie ne ressentent pas forcément une baisse de l’estime de soi.
6,68
11,92
0,00
2,00
4,00
6,00
8,00
10,00
12,00
14,00
Consommateurs de pornographie Non-consommateurs de pornographie
Représentation du sentiment de baisse de l'estime de soi en
fonction de la consommation
15
3 Discussion et interprétation des hypothèses
Comme cela a été expliqué précédemment dans notre introduction, l’enjeu de notre
recherche s’inscrit dans une volonté de découvrir quels impacts la pornographie peut avoir sur
les pratiques sexuelles des jeunes adultes. Bien qu’à l’évocation de ce thème nous
étions, dans un premier temps, gênées. Nous avons, par la suite, dépassé cette gêne
pour se concentrer sur l’élaboration de nos interrogations et ce que nous voulions qu’il en
découle. Ceci a débouché sur plusieurs hypothèses que nous avons réussi à affiner avec le
temps grâce à nos échanges durant les travaux dirigés notamment. Nous sommes
arrivées à quatre hypothèses qui illustraient les points fondamentaux de notre recherche.
3.1 Hypothèse 1
Dans un premier temps, nous pouvons relever différents éléments intéressants qui
interrogent de la fréquence de consommation de pornographie des jeunes adultes.
En effet, dans l’article La pornographie, les jeunes, l’adocentrisme de Richard Poulin dans Les
cahiers dynamiques, nous constatons que la consommation de contenu pornographique est plus
importante qu’auparavant, notamment avec l’apparition d’internet. Selon une étude menée au
Royaume-Uni, lorsque les jeunes ont un usage régulier d’Internet, ils auraient un contact
involontaire à des contenus pornographiques (fenêtres intempestives, spams...). Cela signifie
donc que, malgré tout, tout le monde peut être involontairement exposé à du contenu
pornographique qui pourrait éventuellement déboucher sur un intérêt pour ce contenu et une
volonté d’en découvrir plus, les inciter à consommer ces contenus.
Comme le dit Miller : « l’effet addictif est souvent au rendez-vous, notamment chez les sujets
masculins – « sexe faible, quant au porno »”. Si l’on s’en tient à cette citation, les hommes
seraient plus à même de développer une forme de dépendance aux contenus pornographiques.
Lorsque nous visualisons nos résultats, nous constatons bien cela : les moyennes concernant les
hommes sont au-dessus de 3,5. Cela signifie qu’ils regardent, en moyenne, une à plusieurs fois
par semaine des contenus pornographiques. Les femmes, elles, ont une moyenne se
situant autour de 1,5 ce qui signifie qu’elles regarderaient des contenus
pornographiques environ une à plusieurs fois par an.
Cependant, dans le même article La pornographie, les jeunes, l’adocentrisme, il nous est
indiqué que la consommation pornographique chez les femmes serait en
16
augmentation considérable ces dernières années selon une étude états-unienne. L’exposition
à des contenus porno se ferait de plus en plus jeunes. Cette consommation étant de plus en plus
précoce, peut donc avoir des effets durables concernant la fréquence de visualisation de
contenus pornographiques.
3.2 Hypothèse 2
Comme nous avons pu l’évoquer précédemment, nous constatons des différences
significatives concernant notre seconde hypothèse. Seulement, à la suite de nos résultats
graphiques, ce sont les femmes qui auraient tendance à regarder des contenus plus violents que
les hommes. Notre hypothèse serait donc invalidée. Cependant, nos contenus théoriques nous
ramènent à cette hypothèse. Serait-ce une question d’honnêteté et de sincérité dans les réponses
? C'est un point que nous développerons plus tard.
La pornographie est en particulierièrement marquée par des relations de domination ou de
soumission avec un recours à la violence. Richard Poulin décrit celle-ci comme : « une
description ou une évocation verbale, écrite, dessinée ou imagée de comportements sexuels qui
considèrent l’être humain, surtout les femmes et les enfants, comme des objets à exploiter et à
manipuler sexuellement. C’est l’expression d’un rapport de force, d’un abus de pouvoir ».
Nous constatons que les hommes et les femmes ont des préférences qui diffèrent dans le choix
du contenu pornographique qu’ils vont visionner. Les hommes seraient à la recherche d’un
contenu plus explicite, qui montre concrètement l’acte à travers les images, les vidéos. Les
femmes quant à elles chercheraient plutôt un contenu érotique, romantique sans être trop
explicite. Cependant, à travers nos résultats nous faisons face à une moyenne d’environ 6,5 chez
les hommes qui correspond à une consommation de contenus violents qui est plutôt basse,
contrairement aux femmes où la moyenne se situe autour de 5,4 qui se rapproche le plus d’un
contenu dit “violent”. Ce qui parait quelque peu paradoxal.
Selon l’étude de Krauss (2013) sur l’appétit excessif pour la pornographie, il nous est précisé
que les hommes préfèreraient notamment visualiser des contenus dits explicites tels que la
pénétration vaginale ou anale, sexe oral ou sexe en groupe… De plus, le contenu visionné serait
notamment centré sur les hommes : « des acteurs de sexe masculin ayant du pouvoir sur leur
partenaire féminin soumis ».
Nous pouvons ajouter à cela ce que Poulin et Coderre évoquent pour définir la pornographie :
« n'est pas qu'une marchandisation du sexe, elle est aussi une morale, car elle véhicule des
17
valeurs. Son message de base est la domination et non la réciprocité des sexes, et la sexualité y
est définie comme une agression mâle envers un corps de femme qui représente la cible à
conquérir ». Les hommes auraient, à travers elle, un positionnement supérieur aux femmes.
Cela pourrait expliquer le fait que les femmes ne vont, par conséquent, par visualiser de
contenus explicites, dans lesquelles leur corps et leur statut seraient rabaissés. La pornographie
glorifierait les hommes, leur virilité et leur supériorité dans l’ensemble ; notamment dans ces
contenus dits “violents”, ce qui confirmerait leur choix de visualiser plutôt ce contenu qui
valoriserait leur égo et donc qui irait en faveur avec notre hypothèse de départ.
3.3 Hypothèse 3
Lors de l’analyse des résultats nous étions très étonnées de constater que, moins les
individus consommaient de la pornographie, plus ils pensaient que la fréquence de visionnage
pouvait avoir un effet sur la violence dans les rapports sexuels et que, plus les individus en
regardaient, moins ils pensaient que cet effet pouvait être présent. Cet étonnement vient sans
doute du fait que, lorsque nous avions rédigé notre troisième hypothèse, l’effet que pouvait
avoir le visionnage de pornographie sur la violence dans les rapports sexuels était tout à fait
logique pour nous.
A travers nos lectures nous avons noté l’existence d’une violence omniprésente dans le contenu
pornographique. Nous avons d’ailleurs pu lire que la présence de catégories sexuelles sur les
sites pornographiques pouvait avoir un lien avec les violences sexuelles. Aussi, le fait de
regarder des vidéos pornographiques sur le long terme peut avoir des conséquences sur les
croyances sexuelles des consommateurs et leurs attitudes envers les femmes. D’après les Drs.
Dolf Zillmann et Jennings Bryant il existe un lien entre la quantité de visualisation de
pornographie et la satisfaction sexuelle, pour démontrer cela ils ont procédé à une étude. Ils ont
remarqué par exemple que : « les pratiques moins courantes comme le sexe anal ou le
sadomasochisme deviennent des pratiques normales et courantes pour les consommateurs
de vidéos pornographiques. » ou encore que « certains seraient conditionnés par le visionnage
de matériel sexuellement explicite à banaliser le viol. » (Badon, p.14, 2021).
Ce qui nous amène donc à penser que les personnes qui regardent de la pornographie n’ont pas
forcément répondu de manière honnête ou, du moins, objective. Il serait probable, que pour la
plupart d’entre elles, le facteur de violence soit difficile à assumer, que ce soit pour les femmes
ou pour les hommes. Peut-être que certains ne se rendent pas compte que visualiser de la
18
pornographie amène à de la violence dans leurs rapports sexuels. En effet, il n’est
pas impossible que ce déplacement entre le virtuel et le réel ne se fasse pas de manière
consciente. Bien évidement cela ne reste que des hypothèses.
3.4 Hypothèse 4
Nous savons que l’industrie de la pornographie développe des
comportements problématiques, des stéréotypes et une caricature de la sexualité. Cela nous a
donc amené à élaborer notre dernière hypothèse. En effet, dans un premier temps, nous
avons pensé que certains aspects de la pornographie pouvaient être très néfastes et avoir des
conséquences importantes sur l’estime de soi durant les rapports sexuels. Ensuite, nous
avons, grâce aux entretiens exploratoires, pu appuyer notre première idée. Les personnes
interrogées nous ont expliqué que : « les filles pouvaient complexer par rapport au physique des
actrices » ou encore que « les femmes seraient souvent refaites et les hommes prendraient des
produits et s’injecteraient un produit dans leur pénis pour avoir une relation sexuelle longue ».
Ceci nous a poussé à croire que l’estime de soi pouvait être impacté par l’image que donnaient
les acteurs ou les actrices de la femme ou de l’homme ou encore de leurs performances. De
même, nous pouvons illustrer cela avec l’étude, faite en 2015, que nous
avons expliqué auparavant dans notre partie théorique sur des hommes d’environ 36
ans ayant un « dysfonctionnement érectile » accompagné d’une « libido anormalement
basse ».
Également, d’après les Drs. Dolf Zillmann et Jennings Bryant, à force de regarder de la
pornographie, les consommateurs auront davantage tendance à comparer leur conjoint(e) à des
modèles de pornographie (Badon, p.14, 2021). Il s’avère que cela n’aura pas des conséquences
positives sur la personne comparée.
Néanmoins, lorsque nous avons testé notre hypothèse nous avons constaté que les personnes
ont davantage tendance à penser que, si la pornographie engendre une baisse l’estime de soi, il
ne faut pas ou moins en regarder. En effet, sur le graphique page 14, nous voyons que les
personnes qui ont consommé de la pornographie ne sont pas réellement d’accord avec les
questions que nous avons posé dans notre questionnaire. Ainsi, ils ne sont pas d’accord avec la
baisse de l'estime de soi provoquée par la consommation de pornographie. Autrement dit, les
personnes qui consomment du contenu pornographique ne trouvent pas que cela puisse
engendrer une baisse de l’estime de soi. On peut donc se demander si les personnes
19
ont toutes répondu honnêtement à certaines questions du questionnaire ? ne sont-ils pas
aveuglés par leurs désirs de visionner du porno et la vision positive qu’ils s’en sont fait ?
Nous remarquons une différence assez significative entre la théorie et les résultats que nous
avons pu avoir lors de notre questionnaire. Il semblerait que les écrits sur la pornographie aient
une visée dénonciatrice mettant donc en avant une vision négative de la pornographie. Tandis
que les sujets en consommant auraient une volonté de transmettre une image positive de cette
dernière.
3.5 Hypothèse générale
Rappelons que notre hypothèse de départ était : « La consommation de pornographie a
une influence sur les pratiques sexuelles des jeunes adultes ». Grâce à nos hypothèses
opérationnelles, nous avons pu trouver différentes réponses à cette dernière.
D'une part, nous ne distinguons pas forcément d'influence de la pornographie sur les pratiques
sexuelles des jeunes adultes. En effet, dans les hypothèses 3 et 4, nous n’observons
pas d'influence d'une consommation élevée sur la violence dans les rapports sexuels et on ne
voit pas un sentiment de baisse d'estime de soi de la part des consommateurs de pornographie.
Nous nous sommes questionnées sur l'honnêteté des sujets ayant répondus à ce questionnaire,
s'ils étaient vraiment à l'aise avec le sujet, s'ils ne voulaient pas se sentir jugé malgré l'anonymat.
Nous avons donc analysé la question du tabou au sujet de la pornographie.
On voit que 72 de nos 94 sujets arrivent à parler assez facilement ou très facilement de la
pornographie et que seulement 22 n'en parlent pas facilement. Il y a donc près de 76% de nos
sujets qui se disent à l'aise avec le sujet de la pornographie.
22
72
0
10
20
30
40
50
60
70
80
Pas facilement Très facilement
Question du tabou dans la pornographie
20
Nous ne savons donc pas si l'honnêteté joue un rôle sur les réponses. Malgré le fait que
l'anonymat est précisé dans l'introduction du questionnaire, il y peut y avoir une peur ressentie
de la part des sujets à l’idée que les réponses soient divulguées et que l'anonymat soit
levé. Nous pensons tout de même qu'il y a une influence de l'anonymat sur la vérité des
réponses.
D’autre part, nous avons analysé la question : « Si ton partenaire te proposait de reproduire des
pratiques sexuelles observées dans des contenus pornographiques, serais-tu : ».
On voit ici qu'il y a une majorité de sujets mitigés (35). Néanmoins, il y a tout de même 32 des
71 sujets consommant de la pornographie qui se disent prêts et volontaires pour reproduire des
pratiques sexuelles vues dans des contenus pornographiques. Ici, nous voyons qu'il y aurait
justement une influence des contenus pornographiques sur les pratiques sexuelles puisqu'il y a
une reproduction, dans le réel, d'images virtuelles. Or, les différents résultats que nous avons
eu auparavant semblaient montrer le contraire, ce que nous trouvons par conséquent paradoxal.
4
35
32
0
5
10
15
20
25
30
35
40
Pas du tout d'accord Peut-être Totalement d'accord
Proposition de reproduction des pratiques
sexuelles observées dans des contenus
pornographiques
21
Conclusion
A travers cette recherche nous avons pu découvrir quel pouvait être l’impact de la
consommation de contenus pornographiques sur les pratiques sexuelles des jeunes
adultes. Nous constatons qu’il y a une grande différence entre la théorie que nous avons pu
lire, nous ayant permis d’élaborer nos hypothèses opérationnelles, et les réponses obtenues au
questionnaire. Cela nous a donc interrogé : est-ce lié à une gêne, une honte, un biais de
désirabilité sociale ?
Nous questionnons également le facteur « addiction » : est-ce que cela pourrait également venir
d’une addiction qui génèrerait un manque de recul quant à leur situation ?
A la lecture de différents éléments théoriques mais aussi au regard de questionnements ayant
pu émerger de façon groupale nous évoquons le lien qu’il pourrait y avoir entre la
consommation de pornographie, les pratiques sexuelles des jeunes adultes et la crise sanitaire
actuelle. En effet, comme nous l’avons vu lors de l’introduction, nous avons constaté que la
COVID-19 a engendré une hausse de la visualisation de pornographie du fait du
confinement. Nous nous demandons par conséquent : la crise sanitaire a-t-elle générée une
hausse des addictions à la pornographie chez les jeunes adultes ? cela a-t-il eu un retentissement
considérable sur les pratiques sexuelles de ces derniers ?
22
Bibliographie
Articles :
• Bidaud, E. (2005). L'adolescent et « la scène pornographique ». Adolescence, 231, 89-
98. https://doi.org/10.3917/ado.051.0089
• Frau-Meigs, D. (2011). Socialisation des jeunes et éducation aux médias : Du bon usage
des contenus et comportements à risque. Toulouse, France
: Érès. https://doi.org/10.3917/eres.fraum.2011.01
• Landais, E. (2014). Porn studies et études de la pornographie en sciences humaines et
sociales. Porn Studies and Studies of Pornography in Humanities and Social
Science. https://doi.org/10.4000/questionsdecommunication.9216
• Monneret, C. (2019). Pornographie et après-coup œdipien. Adolescence, 371, 59-
69. https://doi.org/10.3917/ado.103.0059
• Ponts, AJ, & Morokoff, PJ (2011). Utilisation des médias sexuels et satisfaction
relationnelle chez les couples hétérosexuels. Relations personnelles, 18 (4), 562-
585. https://doi.org/10.1111/j.1475-6811.2010.01328.x
• Poulin, R. (2011). La pornographie, les jeunes, l'adocentrisme. Les Cahiers
Dynamiques, 50, 31-39. https://doi.org/10.3917/lcd.050.0031
Sites internet :
• Cassano, O. (2016). Dis-moi quel genre de porno tu aimes, je te dirai quel est ton
fantasme. Dans Konbini. Consulté le 26/11/21
sur https://www.konbini.com/fr/pornographie/porno-fantasme-pornhub/
• Demmer, B. (2021). 41% des jeunes admettent que le porno a influencé leurs pratiques
sexuelles. Dans Doctissimo. Consulté le 26/11/21
sur https://www.doctissimo.fr/sexualite/actualites/41-des-jeunes-admettent-que-le-
porno-a-influence-leurs-pratiques-sexuelles/301cd1_ar.html
• (s.n.) (2021). Le porno, quel modèle ? Dans On sexprime. Consulté le 26/11/21
sur https://www.onsexprime.fr/Plaisir/Le-porno/Le-porno-quel-modele
23
Vidéo :
• Dufour, D-N. (2018). Impact du porno sur la sexualité adolescente. Belgique :
Yapaka.be
Mémoires :
• Badon, C. B. (2020–2021). Consommation de pornographie, violences sexuelles et
sexisme en temps de crise COVID-
19. https://matheo.uliege.be/bitstream/2268.2/13419/1/Mémoire%20final%20Matheo.
pdf
• Kraus, S. (2013). Excessive appetite for pornography : development and evaluation of
the pornography craving questionnaire (PCQ-12). https://www.researchgate.net/pub
lication/256096657_Excessive_Appetite_for_Pornography_Development_and_Evalua
tion_of_the_Pornography_Craving_Questionnaire_PCQ-12
I
Annexes
II
Questionnaire
Qui es-tu ?
- Homme
- Femme
- Autre
Quel âge as-tu ?
Selon toi, cette photo est-elle représentative de la pornographie ?
1 2 3 4 5
Pas du tout
représentative
Très représentative
Selon toi, cette photo est-elle représentative de la pornographie ?
1 2 3 4 5
Pas du tout
représentative
Très représentative
Arrives-tu à parler facilement de pornographie ?
1 2 3 4 5
Pas
facilement
Très
facilement
Parmi les mots suivants, classe de 1 (le plus représentatif) à 4 (le moins représentatif), les
termes qui, selon toi, décrivent la pornographie :
1 (le
+)
2 3 4 (le -)
Violent
III
Fantasme
Plaisir
Sensualité
Parmi les choix suivants, classe de 1 (je regarde ou j'aimerais regarder le plus) à 5 (je
regarde ou j'aimerais regarder le moins) les catégories que tu aimes/préférerais
regarder :
1 (le
+)
2 3 4 (le -)
Sexe
romantique
Plan à 3
Homosexuels
BDSM
Jeux de rôles
As-tu déjà regardé de la pornographie ?
Oui à
- A quel âge as-tu regardé ton premier porno ?
Avant 10 ans
Entre 10 et 14 ans
Entre 14 et 18 ans
Entre 18 et 22 ans
Entre 22 et 24 ans
- Sur quel support regardes-tu le plus de la pornographie ?
Internet
Audio
Je n’en regarde plus
- A quel rythme en regardes-tu ?
Une à plusieurs fois par jours
Une à plusieurs fois par semaine
Une à plusieurs fois par mois
Une à plusieurs fois par an
Moins
- As-tu déjà eu des relations sexuelles ?
Oui
Non
- Es-tu d'accord avec l'affirmation suivante : "Je compare souvent ma sexualité
aux pratiques sexuelles que je vois dans les pornos" ?
1 2 3 4
Pas du tout
d'accord
Totalement
d'accord
- Es-tu d'accord avec l'affirmation suivante : "Depuis que je regarde du porno, je
me sens nul(le) lors de mes rapports sexuels" ?
IV
1 2 3 4
Pas du tout
d'accord
Totalement
d'accord
- Es-tu d'accord avec l'affirmation suivante : "Depuis que je regarde du porno, je
souffre de ne pas ressembler aux acteurs X" ?
1 2 3 4
Pas du tout
d'accord
Totalement
d'accord
- Depuis que tu regardes du porno, penses-tu avoir modifié tes pratiques sexuelles
?
1 2 3
Non je ne pense
pas
Oui j'en suis
sûr
- Si ton partenaire te proposait de reproduire des pratiques sexuelles observées
dans des contenus pornographiques, serais-tu :
1 2 3 4
Pas du tout
d'accord
Totalement
d'accord
Non à
- Es-tu d'accord avec l'affirmation suivante : "On compare souvent sa propre
sexualité aux pratiques sexuelles que l'on voit dans les pornos" ?
1 2 3 4
Pas du tout
d'accord
Totalement
d'accord
- Es-tu d'accord avec l'affirmation suivante : "En regardant du porno, on peut se
sentir nul(le) lors des rapports sexuels" ?
1 2 3 4
Pas du tout
d'accord
Totalement
d'accord
- Es-tu d'accord avec l'affirmation suivante : "En regardant du porno, on peut
souffrir de ne pas ressembler aux acteurs X" ?
1 2 3 4
Pas du tout
d'accord
Totalement
d'accord
- En regardent du porno, penses-tu que les consommateurs peuvent avoir modifié
leurs pratiques sexuelles ?
1 2 3 4
Pas du tout
d'accord
Totalement
d'accord
V
Es-tu d'accord avec l'affirmation suivante : "La pornographie génère de la violence
dans les rapports sexuels " ?
1 2 3 4
Pas du tout
d'accord
Totalement
d'accord
Entretiens exploratoires
Sophie 20 ans : Elle a découvert la pornographie à partir de la fin du collège mais depuis
qu'elle est en couple elle en regarde un peu moins. Elle me transmet, qu’à l’époque où elle l’a
découvert, beaucoup de garçons en parlait. Elle était alors allée voir ce que c’était, par curiosité,
avec une amie et elle me dit que ça l'avait effrayée et gênée.
La pornographie n'est pas la première chose vers quoi elle s'est tournée, mais elle a commencé
à en regarder petit à petit et à découvrir ce qui lui plaisait vraiment.
Elle m'indique qu’elle voit une vraie différence de consommation entre les hommes et les
femmes. Elle pense que les filles ont un peu plus d'imagination que les garçons et que ces
derniers ont besoin d'images et de visuel. Ils vont regarder des vidéos plus « violentes », alors
que les femmes ont besoin d'une histoire, d'un fil conducteur.
Également, elle pense aussi que la pornographie est addictive. Elle m'indique que les garçons
regardent beaucoup plus régulièrement que les femmes, et qu'après avoir regardé une vidéo il
se sente mal mais, par l’effet d’addiction, il continue à regarder et les vidéos qu’ils choisissent
deviennent de plus en plus violentes.
Elle ne pense pas que c'est un sujet tabou mais cela dépend des personnes.
Aujourd'hui il y a une nouvelle polémique disant qu'il existe aussi de la pornographie pour
femmes et que ce n'est plus que pour les hommes.
Elle pense que la pornographie peut être dangereuse, étant donné le côté addictif mais aussi par
rapport à l'identification. La personne peut s'identifier à la vidéo et vouloir reproduire à
l'identique. Les garçons ont plus tendance à penser que la pornographie est réelle, ils ont donc
une représentation déconstruite ce qui peut entraîner un complexe de performance, cela a une
influence sur leurs capacités. Mais aussi, cela peut créer une frustration de ne plus pouvoir
trouver le mieux et donc créer le manque de « violence », elle me dit que c'est un cercle vicieux.
La fille, elle, peut d'ailleurs complexée par rapport au physique des actrices mais elle va être un
peu plus ancrée dans la réalité.
Elle pense aussi que c'est devenu beaucoup trop accessible même pour les plus jeunes.
Benoit 23 ans : Pour lui, la pornographie est mal vue car trop de gens l’assimilent à un acte
réel, comme dans la vraie vie alors que ce sont des acteurs, qui jouent un jeu.
Il m’a exprimé le fait que d’un côté, on assimile trop cela à l’ancienne pornographie, où les
filles étaient très mal payées voire pas, considérées comme des prostituées, ce qui ramenait une
mauvaise réputation. Dans le porno américain on ne retrouve plus trop ça, il y’a beaucoup de
moyens et ce n’est plus trop un sujet tabou, tout le monde arrive à en « rigoler » et en parler
facilement. On trouve beaucoup plus de choses aux gouts de différentes personnes.
Il affirme que néanmoins, dans la pornographie française, on continue de voir des cas comme
ça : des filles abusées, violées car ils leur font des choses pour lesquelles elles n’étaient pas
consentantes.
A l’image de la société actuelle, on se souvient seulement des choses négatives et non pas du
positif.
Beaucoup plus d’hommes, selon lui, assument regarder du porno comparé aux femmes, mais
beaucoup de femmes en consomment. Cependant, de plus en plus de femmes assument dans
VI
notre société actuelle car la diversité de la pornographie permet à n’importe quelle personne de
trouver ce qui lui plait.
Il m’a raconté qu’en effet, selon lui, l’évolution de la consommation de la pornographie a fait
évoluer les réactions qu’on pouvait avoir, on a moins honte d’en parler. Cela peut enlever ce
sentiment de gêne. Cela se démocratise, on a beaucoup plus facilement accès à la pornographie.
A l’époque, il fallait enregistrer des cassettes, des magazines, alors qu’aujourd’hui l’accès est
gratuit et illimité peu importe l’âge.
Il m’a notamment raconté un fait qu’il a entendu à propos d’un site pornographique :
« Avec le site pornhub, qui est l’un des plus connus, on a pu voir à l’époque (2014-2015) que
des youtubeurs « gaming » voyaient leurs vidéos sur des jeux vidéo repostées par
des followers sur la plateforme pornographique. La consommation a tellement évolué qu’ils
avaient plus de vues sur ce site pornographique que sur Youtube. Pour encore plus jouer avec
cela, la plateforme a sponsorisé des youtubeurs alors qu’ils n’avaient aucun lien avec la
pornographie, seulement car cela rapportait de nouveaux visiteurs sur le site. Cela a donc incité
les plus jeunes à aller sur le site pour regarder leurs vidéos. »
Dans l’entourage de celui-ci, la majorité des personnes qu’il connait en consomme ou en ont
consommé. Certaines personnes le cachent plus que d’autres. Cependant, quand on vient à poser
la question et que l’on parle du sujet, la consommation de porno est devenue tellement banale,
que la plupart assumeront.
La consommation de porno a pu altérer chez les plus jeunes leur vision, idées et leurs pratiques
sexuelles.
Louis 22 ans : Selon lui, la société voit la pornographie comme un moyen d’ouvrir et de créer
des fantasmes mais aussi de s’exciter.
Toutefois, il reconnait la pornographie comme étant surjouée et différant de ce qu’il appelle
une “vraie relation” ainsi qu’une “vraie relation sexuelle”. Les performances des acteurs ne
reflètent pas le réel. Les femmes seraient souvent refaites et les hommes prendraient des
produits et s’injecteraient un produit dans leur pénis pour avoir une
relation sexuelle longue. Les scènes seraient surjouées car il dit “si c’est monotone cela n’excite
pas”.
Selon lui, la découverte de la sexualité se fait par la découverte du porno. Il poursuit en disant
que tout jeune va passer par cela et ce n’est que par la suite qu’il se rendra compte que cela ne
reflète pas la réalité. Très rapidement, lui a su faire la différence entre pornographie et relation
sexuelle donc il n’a jamais souhaité recréer une de ces scènes.
C'est selon lui trop violent et il n’y a pas assez de romance. Il poursuit en disant que vouloir
imiter un acteur porno peut créer un réel déséquilibre entre les deux partenaires, la femme
n’étant pas une actrice porno, elle ne voudra pas forcément recréer certaines scènes. A nouveau
il évoque ce manque de romance.
Il ajoute “le porno peut renfermer une personne sur elle-même" et que cela peut créer
une addiction par son caractère gratuit et illimité.
Selon lui les femmes consommeraient également du porno mais cela serait tabou alors que cela
ne devrait pas l’être. Ce potentiel tabou il l’explique par le fait que les actrices sont
souvent maltraitées, il cite : partenaire violent, gifles, crachat, position basse de la femme.
Au contraire concernant les acteurs masculins, l’accent est mis sur le côté héroïque,
viril générant le fait que des garçons puissent s’identifier à ces derniers. Et cela serait pour cette
raison que cela peut être nocif pour les jeunes qui peuvent parfois vouloir refaire ce qu'ils ont
vu.
Selon lui le fait de parler de ses fantasmes avec sa partenaire serait un moyen de ne pas dépasser
certaines limites qui peuvent être franchies parfois à cause du porno.
VII
Il finit en évoquant la notion de normalité dans le porno qui peut peser sur la société, il donne
l’exemple du rasage, tous les acteurs porno se raseraient, par conséquent un jeune va
directement avoir envie de faire pareil.
Anna 20 ans :  D’après elle le porno ce sont des vidéos que l’on trouve en ligne, en quelques
clics ce qui pose quand même problème pour les enfants qui y ont accès trop facilement. Le
porno étant censé être interdit aux mineurs, ils peuvent être exposés aux images
pornographiques dès le plus jeune âge. De même, ce sont des vidéos qu’on regarde quand on a
envie de se faire plaisir sexuellement.
D’ailleurs, la première fois qu’elle en a vu elle avait 8/9 ans c’est sa sœur qui lui a montré la
vidéo alors qu’elle avait 12 ans. Elle a par la suite regardé de la pornographie de son plein gré
vers la période du début lycée.
Elle a spécifié que regarder du porno c’est une bonne chose quand on regarde modérément,
mais ce n’est pas forcément bon d’en abuser car cela peut créer une addiction. Le porno peut
devenir comme une drogue car le plaisir sexuel libère des endorphines. De plus certaines
personnes vont se comparer à ce qu’elles voient, ce qui peut créer des conséquences
psychologiques ou un mal être en eux.
Selon elle les hommes vont plus consommer de pornographie car ils vont avoir tendance à
se masturber plus souvent. De ce qu’elle a entendu les hommes vont se créer des fantasmes en
regardant les actrices des films X alors que les femmes moins.
Dans la société le porno représente un sujet tabou et il peut créer des manques d’estime de
soi car lors des relations sexuelles entre des individus ils peuvent se juger en se comparant à ce
qu’ils ont vu sur les vidéos, ce sont les seuls points négatifs qu’il peut engendrer d’après elle.
Autour d’elle quelques filles assument de regarder ces vidéos tandis que les garçons assument
ouvertement d’en regarder. Une copine lui a confié qu’elle trouvait ça « crade et bizarre de
regarder du porno » alors que pour le sujet, se serait plus naturel de regarder de la pornographie
et une question d’ouverture d’esprit. Étant donné qu’il s’agit d’un sujet tabou beaucoup de
personnes préfère apporter un avis négatif sur ce sujet.
Le porno permet de se découvrir au sujet des envies sexuelles ou « ce qu’on peut faire avec son
corps ». Sur les sites les catégories sont variées et cela permet de trouver ce qui nous correspond
en fonction de nos envies du moment mais certaines catégories sont peut-être trop dans
l’excès d’après elle (sado, maso…).
D’ailleurs elle pense que les hommes auront plus tendance à regarder des catégories
sexuelles violentes pour être excités plus rapidement contrairement aux femmes qui vont aimer
les films doux et romantiques.

Contenu connexe

Similaire à De l’image vue à l’image reproduite - consommation de pornographie et pratiques sexuelles des jeunes adultes

formation_ecrans_module1
formation_ecrans_module1formation_ecrans_module1
formation_ecrans_module1P_reboul
 
Rôle d'Internet dans les rencontres sexuelles chez les gays : aspects méthodo...
Rôle d'Internet dans les rencontres sexuelles chez les gays : aspects méthodo...Rôle d'Internet dans les rencontres sexuelles chez les gays : aspects méthodo...
Rôle d'Internet dans les rencontres sexuelles chez les gays : aspects méthodo...CripsIDF
 
Séminaire de la CAVAM
Séminaire de la CAVAMSéminaire de la CAVAM
Séminaire de la CAVAMAnne Clerc
 
Violences envers les femmes dans les espaces publics, au travail et dans les ...
Violences envers les femmes dans les espaces publics, au travail et dans les ...Violences envers les femmes dans les espaces publics, au travail et dans les ...
Violences envers les femmes dans les espaces publics, au travail et dans les ...Ipsos France
 
Etude sur la Pornographie et les Couples
Etude sur la Pornographie et les CouplesEtude sur la Pornographie et les Couples
Etude sur la Pornographie et les CouplesPXNetwork
 
Cadre de référence et interventions en regard de situations de violence auprè...
Cadre de référence et interventions en regard de situations de violence auprè...Cadre de référence et interventions en regard de situations de violence auprè...
Cadre de référence et interventions en regard de situations de violence auprè...bbesnard
 
Observatoire de la Fondation du Judaïsme Français : L’évolution de la relatio...
Observatoire de la Fondation du Judaïsme Français : L’évolution de la relatio...Observatoire de la Fondation du Judaïsme Français : L’évolution de la relatio...
Observatoire de la Fondation du Judaïsme Français : L’évolution de la relatio...Ipsos France
 
De quelques pratiques numériques des jeunes et de leurs enjeux slideshare
De quelques pratiques numériques des jeunes et de leurs enjeux   slideshareDe quelques pratiques numériques des jeunes et de leurs enjeux   slideshare
De quelques pratiques numériques des jeunes et de leurs enjeux slideshareMarielleStines
 
Résumé de l'évaluation / action de "Tony jeune gay"
Résumé de l'évaluation / action de "Tony jeune gay"Résumé de l'évaluation / action de "Tony jeune gay"
Résumé de l'évaluation / action de "Tony jeune gay"CripsIDF
 
Ipsos Update Avril 2022.pdf
Ipsos Update Avril 2022.pdfIpsos Update Avril 2022.pdf
Ipsos Update Avril 2022.pdfIpsos France
 
Les français et le vivre ensemble
Les français et le vivre ensembleLes français et le vivre ensemble
Les français et le vivre ensembleJean-Paul Delevoye
 
actesviolencesado-18mai2016-cha-web
actesviolencesado-18mai2016-cha-webactesviolencesado-18mai2016-cha-web
actesviolencesado-18mai2016-cha-webSarah Colomé
 
Le web est-il sexiste ?
Le web est-il sexiste ?Le web est-il sexiste ?
Le web est-il sexiste ?webschooltours
 
La Veille De Né Kid Du 10 03 10 : les étapes de vie
La Veille De Né Kid Du 10 03 10 : les étapes de vieLa Veille De Né Kid Du 10 03 10 : les étapes de vie
La Veille De Né Kid Du 10 03 10 : les étapes de vieNé Kid
 
Jeunesses et citoyenneté : réflexions, actions
Jeunesses et citoyenneté : réflexions, actionsJeunesses et citoyenneté : réflexions, actions
Jeunesses et citoyenneté : réflexions, actionsGérard Marquié
 
L’échange international « mon corps, mon éducation, mes droits » - rapport ...
L’échange international   « mon corps, mon éducation, mes droits » - rapport ...L’échange international   « mon corps, mon éducation, mes droits » - rapport ...
L’échange international « mon corps, mon éducation, mes droits » - rapport ...Joke Van Dooren
 
Les français et les représentations sur le viol et les violences sexuelles
Les français et les représentations sur le viol et les violences sexuellesLes français et les représentations sur le viol et les violences sexuelles
Les français et les représentations sur le viol et les violences sexuellesIpsos France
 
Jeunes, musique et risques auditifs 2019
Jeunes, musique et risques auditifs 2019Jeunes, musique et risques auditifs 2019
Jeunes, musique et risques auditifs 2019Claire Hannecart
 

Similaire à De l’image vue à l’image reproduite - consommation de pornographie et pratiques sexuelles des jeunes adultes (20)

formation_ecrans_module1
formation_ecrans_module1formation_ecrans_module1
formation_ecrans_module1
 
Rôle d'Internet dans les rencontres sexuelles chez les gays : aspects méthodo...
Rôle d'Internet dans les rencontres sexuelles chez les gays : aspects méthodo...Rôle d'Internet dans les rencontres sexuelles chez les gays : aspects méthodo...
Rôle d'Internet dans les rencontres sexuelles chez les gays : aspects méthodo...
 
Prévention du suicide à l’ère numérique: les jeunes peuvent-ils vraiment trou...
Prévention du suicide à l’ère numérique: les jeunes peuvent-ils vraiment trou...Prévention du suicide à l’ère numérique: les jeunes peuvent-ils vraiment trou...
Prévention du suicide à l’ère numérique: les jeunes peuvent-ils vraiment trou...
 
prière de ne pas déGENREr
prière de ne pas déGENRErprière de ne pas déGENREr
prière de ne pas déGENREr
 
Séminaire de la CAVAM
Séminaire de la CAVAMSéminaire de la CAVAM
Séminaire de la CAVAM
 
Violences envers les femmes dans les espaces publics, au travail et dans les ...
Violences envers les femmes dans les espaces publics, au travail et dans les ...Violences envers les femmes dans les espaces publics, au travail et dans les ...
Violences envers les femmes dans les espaces publics, au travail et dans les ...
 
Etude sur la Pornographie et les Couples
Etude sur la Pornographie et les CouplesEtude sur la Pornographie et les Couples
Etude sur la Pornographie et les Couples
 
Cadre de référence et interventions en regard de situations de violence auprè...
Cadre de référence et interventions en regard de situations de violence auprè...Cadre de référence et interventions en regard de situations de violence auprè...
Cadre de référence et interventions en regard de situations de violence auprè...
 
Observatoire de la Fondation du Judaïsme Français : L’évolution de la relatio...
Observatoire de la Fondation du Judaïsme Français : L’évolution de la relatio...Observatoire de la Fondation du Judaïsme Français : L’évolution de la relatio...
Observatoire de la Fondation du Judaïsme Français : L’évolution de la relatio...
 
De quelques pratiques numériques des jeunes et de leurs enjeux slideshare
De quelques pratiques numériques des jeunes et de leurs enjeux   slideshareDe quelques pratiques numériques des jeunes et de leurs enjeux   slideshare
De quelques pratiques numériques des jeunes et de leurs enjeux slideshare
 
Résumé de l'évaluation / action de "Tony jeune gay"
Résumé de l'évaluation / action de "Tony jeune gay"Résumé de l'évaluation / action de "Tony jeune gay"
Résumé de l'évaluation / action de "Tony jeune gay"
 
Ipsos Update Avril 2022.pdf
Ipsos Update Avril 2022.pdfIpsos Update Avril 2022.pdf
Ipsos Update Avril 2022.pdf
 
Les français et le vivre ensemble
Les français et le vivre ensembleLes français et le vivre ensemble
Les français et le vivre ensemble
 
actesviolencesado-18mai2016-cha-web
actesviolencesado-18mai2016-cha-webactesviolencesado-18mai2016-cha-web
actesviolencesado-18mai2016-cha-web
 
Le web est-il sexiste ?
Le web est-il sexiste ?Le web est-il sexiste ?
Le web est-il sexiste ?
 
La Veille De Né Kid Du 10 03 10 : les étapes de vie
La Veille De Né Kid Du 10 03 10 : les étapes de vieLa Veille De Né Kid Du 10 03 10 : les étapes de vie
La Veille De Né Kid Du 10 03 10 : les étapes de vie
 
Jeunesses et citoyenneté : réflexions, actions
Jeunesses et citoyenneté : réflexions, actionsJeunesses et citoyenneté : réflexions, actions
Jeunesses et citoyenneté : réflexions, actions
 
L’échange international « mon corps, mon éducation, mes droits » - rapport ...
L’échange international   « mon corps, mon éducation, mes droits » - rapport ...L’échange international   « mon corps, mon éducation, mes droits » - rapport ...
L’échange international « mon corps, mon éducation, mes droits » - rapport ...
 
Les français et les représentations sur le viol et les violences sexuelles
Les français et les représentations sur le viol et les violences sexuellesLes français et les représentations sur le viol et les violences sexuelles
Les français et les représentations sur le viol et les violences sexuelles
 
Jeunes, musique et risques auditifs 2019
Jeunes, musique et risques auditifs 2019Jeunes, musique et risques auditifs 2019
Jeunes, musique et risques auditifs 2019
 

De l’image vue à l’image reproduite - consommation de pornographie et pratiques sexuelles des jeunes adultes

  • 1. Année universitaire 2021-2022 Promo*: ¨ L1 (Parcours): …………………………. ¨ L2 ¨ L3 ¨ M1 ¨ M2 Semestre* : ¨ 1 ¨ 2 ¨ 3 ¨ 4 ¨ 5 ¨ 6 / Session* : ¨ 1 ¨ 2 N° Nom (par ordre alpha.) Prénom 1 BERKO Milena 2 BERTHON Lisa 3 GHERARDI Nina 4 IMBLOT Camille TD : Psychologie sociale………………………………………………………………………………. Enseignant, tuteur : Clovis LEVREZ………………………………………………………………… Jour et horaire du TD : Vendredi 10h-12h…………..………………………………………………. Titre du dossier : De l’image vue à l’image reproduite : consommation de pornographie et pratiques sexuelles des jeunes adultes ………………………..……………………………. Note oral / 20 Coef = Note de l’écrit / 20 Coef = Note finale / 20 PARTIE RESERVEE A L’ENSEIGNANT REMARQUES / COMMENTAIRES : …………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………
  • 2.
  • 3. Dossier de psychologie sociale : « De l’image vue à l’image reproduite : consommation de pornographie et pratiques sexuelles des jeunes adultes »
  • 4. Sommaire Introduction.............................................................................................................................................. 1 1 Partie théorique ............................................................................................................................... 2 1.1 Quelques points théoriques..................................................................................................... 2 1.2 Qu’est-ce que la pornographie ?............................................................................................. 3 1.3 Du virtuel au réel : émergence de différentes problématiques ............................................... 3 1.4 Quelques chiffres.................................................................................................................... 5 1.5 Notre problématique............................................................................................................... 6 1.6 Nos hypothèses....................................................................................................................... 7 2 Méthodologie .................................................................................................................................. 8 2.1 La population.......................................................................................................................... 8 2.2 Les résultats............................................................................................................................ 9 2.2.1 Résultats de l’hypothèse 1.................................................................................................. 9 2.2.2 Résultats de l’hypothèse 2................................................................................................ 11 2.2.3 Résultats de l’hypothèse 3................................................................................................ 12 2.2.4 Résultats de l’hypothèse 4................................................................................................ 13 3 Discussion et interprétation des hypothèses.................................................................................. 15 3.1 Hypothèse 1.......................................................................................................................... 15 3.2 Hypothèse 2.......................................................................................................................... 16 3.3 Hypothèse 3.......................................................................................................................... 17 3.4 Hypothèse 4.......................................................................................................................... 18 3.5 Hypothèse générale............................................................................................................... 19 Conclusion ............................................................................................................................................. 21 Bibliographie.......................................................................................................................................... 22 Annexes.....................................................................................................................................................I Questionnaire...................................................................................................................................... II Entretiens exploratoires ...................................................................................................................... V
  • 5. 1 Introduction Fin décembre 2019, une maladie nommée « COVID-19 » fait son apparition. Cette pandémie aura différents retentissements sur la vie et les habitudes de chacun. Mars 2020 marquera un tournant : la mise en place d’un confinement. Ce dernier a eu des effets divers sur la santé mentale, les violences sexuelles et le sexisme mais aussi sur la consommation de pornographie. Ce dernier point retiendra plus particulièrement notre attention : « le site Pornhub fait constat d’une augmentation mondiale de l’utilisation de la pornographie de 11,6% le 17 mars 2020 par rapport aux jours précédents. Sur une période d’un mois, les 27 pays pour lesquels des statistiques ont été fournies ont tous signalé une augmentation de la consommation de la pornographie, variant de 4 à 24% (…) une augmentation à été constatée en Italie, de 38% en France et de 61% en Espagne après l’offre de services premium (Mestre-Bach et al., 2020) » (Badon, 2021, p. 32). Notre recherche s’inscrit dans une volonté de découvrir quels impacts la pornographie peut avoir sur les pratiques sexuelles des jeunes adultes. Cette dernière s’est élaborée à la suite de diverses interrogations ayant pu émerger lorsque nous avons décidé de travailler sur ce large thème. Afin de répondre à ces dernières nous avons dans un premier temps réalisé différents entretiens exploratoires auprès de quatre sujets hommes et femmes et nous avons mis en place un questionnaire dans un second temps. Au cours de ce dossier différents points seront abordés. Premièrement, nous présenterons divers aspects de nos recherches théoriques ayant retenus notre attention que nous mettrons en lien avec la problématique choisie ainsi que nos différentes hypothèses. Par la suite, il sera davantage question de la méthodologie suivie qui comprendra à la fois notre population ainsi que la présentation de nos résultats. Pour finir, nous confronterons nos résultats à la théorie à travers une discussion pour, par la suite, envisager une ouverture.
  • 6. 2 1 Partie théorique 1.1 Quelques points théoriques La pornographie est présente de façon importante dans notre société : elle obsède, dérange, questionne, génère des débats… Différents films et séries nous ont amené à discuter de ce sujet comme les séries « Euphoria » (2019), « Sex Education » (2019) ainsi que le film « Men, women and children » (2014). Éthiquement la pornographie dérange : « hypersexualisation des jeunes filles, « pédophilisation », pornographie infantile, multiplication et internalisation des agences de mariages et de call-girls, explosion mondiale des industries du sexe – exploite une idée à force d’exemples extrêmement divers : la pornographie affecte la culture en profondeur » (Poulin, 2009). Différents entretiens exploratoires ont été réalisés et certains propos nous ont interpellé et peuvent rejoindre les éléments venant d’être énoncés : • « J’ai découvert la pornographie à partir de la fin du collège, mais depuis que je suis en couple j’en regarde un peu moins. A l’époque où j’ai découvert cela, beaucoup de garçons en parlaient. Je suis allée voir ce que c’était par simple curiosité avec une amie et cela m’a effrayée et gênée » Sophie, 20 ans • « Selon moi, la pornographie est trop violente et il n’y a pas assez de romance. Vouloir imiter un acteur porno peut créer un réel déséquilibre entre les deux partenaires. La femme n’étant pas une actrice porno, elle ne voudra pas forcément reproduire certaines scènes » Louis, 22 ans • « Dans la société, le porno représente un sujet tabou et il peut créer des manques d’estime de soi car, lors des relations sexuelles entre les individus, ils peuvent se juger en se comparant à ce qu’ils ont vu dans les vidéos. C’est, selon moi, le seul point négatif que le porno peut engendrer » Anna, 20 ans • « Beaucoup plus d’hommes assument regarder du porno, comparé aux femmes. Mais beaucoup de femmes en consomment » Benoit, 23 ans Au cours de cette recherche nous nous sommes interrogées notamment sur le public regardant de la pornographie : Homme ou femme ? adolescents, adultes ou jeunes adultes ? de qui parlons-nous lorsque nous réalisons cette recherche ?
  • 7. 3 Une enquête aux États-Unis (2014, 2016) a mis en lumière les chiffres suivants : « 79% des hommes et 76% des femmes de 18 à 30 ans, 67% des hommes et 16% des femmes de 31 à 49 ans, 49% des hommes et 4% des femmes de 50 à 68 ans disent regarder de la pornographie au moins une fois par mois » (Badon, p. 12, 2021). Il semblerait donc exister une corrélation entre le facteur sexe et la fréquence de visualisation de pornographie, ici en faveur des hommes. 1.2 Qu’est-ce que la pornographie ? Premièrement, il n’existe aucune réponse claire et universellement acceptée à cette question. Étymologiquement la pornographie vient du grec pornê qui signifie « prostituée » et graphein qui signifie « écrire ». De nos jours, le terme « pornographie » n’est plus réellement utilisé, la partie « graphie » a été enlevée. Cette « écriture sur la prostituée » a fait de la pornê, un pornê désignifié. La pornographie est réduite par apocope à « porno » et désigne par conséquent la représentation, écrite, visuelle ou symbolique de l’acte sexuel. La finalité du porno serait de générer une excitation chez le spectateur. La production va par conséquent tenter de s’adapter aux fantasmes des consommateurs. Il existe diverses catégories dites « standardisées », comme « hétéro » ou dites « spécifiques », de type « sadomasochisme », « bondage », « partouze » … 1.3 Du virtuel au réel : émergence de différentes problématiques Toutefois, ce passage du virtuel au réel peut poser problème. Monneret évoque le voyeurisme comme dimension prégnante du porno. Le sujet va jouir passivement de la vue de l’acte sexuel. Cela le limite par conséquent à une vision rigide et stéréotypée de l’acte sexuel et des sexes. Cela va donc alimenter ses fantasmes mais cela va l’épargner d’une rencontre réelle avec un partenaire sexuel. A travers l’article Pornographie et désarroi des corps et des sentiments (2011) de Frau-Meigs, différentes problématiques sont énoncées, en lien avec la pornographie comme la violence, l’échange sexuel, le consentement forcé ainsi que l’agression physique. Ainsi deux émotions contradictoires y sont associées : plaisir et douleur. L’auteur va plus loin en évoquant la dualité entre l’image de la masculinité à travers ces images et celui de la féminité. Dans ce type de contenu, les scénarios sont standardisés et chacun a un rôle prédéfini et bien souvent nous retrouvons la femme comme « objet passif » et l’homme comme
  • 8. 4 sujet dominant. L’American Psychological Association a mis en lumière le fait que la représentation des filles ainsi que des jeunes femmes comme des objets sexuels générera des effets néfastes à la fois sur leur psychisme et leur santé physique. Cette image de la femme engendrerait le fait que les hommes s’habitueraient à des pratiques sexuelles dites violentes. Richard Poulin (2009) évoque le fait suivant : « La dynamique pornographique actuelle joue à la fois sur l’infantilisation des femmes et la sexualisation des enfants. (…) Aujourd’hui l’industrie de la pornographie capitalise sur le fantasme de la lolita. (…) Conséquence de cette évolution, la sexualisation induit des fillettes qui s’identifient à leurs idoles et imitent des attitudes et des comportements de « femmes sexy » alors qu’elles n’en ont encore aucun des attributs » (Poulin, 2009). Différentes recherches ont, par ailleurs, mis en évidence le fait que la pornographie avait des effets sur les croyances sexuelles, notamment sur l’attitude que les hommes vont pouvoir avoir envers les femmes ; des effets sur les relations hommes et femmes, en particulier sur le couple ainsi que des effets physiques et psychologiques marqués par une utilisation excessive mais également une difficulté à passer du virtuel au réel, l’excitation générée par la pornographie étant plus intense. Par ailleurs, il a été démontré qu’il existait une corrélation significative entre la consommation de pornographie ainsi que le niveau d’estime de soi dans un contexte dit « sexuel ». En effet : « Une étude menée en 2015 sur des hommes d’environ 36 ans a montré un dysfonctionnement érectile accompagné d’une libido anormalement basse est désormais un phénomène courant chez les hommes qui utilisent fréquemment des supports à contenus sexuellement explicites et la masturbation ayant pour conséquence des perturbations au niveau de l’estime de soi (Morrisson et al., 2006 ; Goldberg et al., 2008 ; Reisman, 2007 ; Klein et al., 2015 ; Jansen et Bancroft, 2007) » (Badon, p.16, 2021). La question des différentes catégories existant dans l’industrie pornographique nous a amené à interroger les liens qu’il pouvait y avoir entre la pornographie ainsi que les violences sexuelles. Doidge (2007) et, plus tôt, Barron et Kimmel (2000) ont mis en évidence le fait que la violence, la force, ainsi que l’humiliation sont des pratiques courantes dans ce secteur. Différentes études ont pu mettre en évidence qu’il y avait effectivement un lien entre les violences sexuelles et la pornographie. Par exemple, Bonino et al. en 2006 : « dans une étude portant sur 804 adolescents italiens âgés de 14 à 19 ans, le visionnage de matériel
  • 9. 5 pornographique a été corrélé à la fois à la violence sexuelle active et passive et aux rapports sexuels non désirés » (p. 26). Une autre étude a également retenu notre attention, celle-ci réalisée en 1994 par Ohbuchi et al. sur des hommes japonais : « Ces hommes ont été divisés en trois groupes et chacun a été exposé à différents types de pornographie amateur : un film de « viol positif », c’est-à-dire où la femme exprime le plaisir, un film de « viol négatif », c’est-à-dire où la femme exprime la douleur et un film de sexe consentant. Ceux qui ont visionné le film de « viol positif » étaient nettement plus susceptibles d’affirmer que les femmes pouvaient prendre plaisir au viol et que certains cas de viols sont inventés par les victimes » (Badon, p. 26, 2021). 1.4 Quelques chiffres Il semblerait que depuis les vingt dernières années la consommation pornographique a une évolué. Frédérique Giraud nous donne les chiffres suivants : « l’âge moyen de la première exposition à la pornographie sur internet est 11 ans. Selon les données de l’enquête de l’auteur, l’âge moyen de la première consommation est de 12 ans pour les garçons et 13 ans pour les filles. 57% ont vu leurs premières images pornographiques entre 8 et 13 ans ». Il poursuit : « A travers les images pornographiques, les jeunes recherchent une confirmation de la normalité de leurs comportements : 40,8% des jeunes interrogés puisent dans la pornographie des idées, 25,8% en tirent un modèle de rapport sexuels auquel se conformer. Les désirs et fantasmes des hommes sont chez 3 jeunes sur 4 influencés par la pornographie. La consommation de pornographie influence également notablement les transformations du corps des jeunes : dans l’enquête menée par Richard Poulin, il apparaît que 97,8% des jeunes qui souhaitent modifier leur corps ont consommé de la pornographie. Les pratiques épilatoires nouvelles, en particulier celle intégrale du pubis chez les femmes et les hommes, semble découler « directement du porno et son influence sur les pratiques sociales et intimes ».
  • 10. 6 1.5 Notre problématique Au regard de ces différents éléments nous avons élaboré la problématique suivante : « Quelle est l’influence de la consommation pornographique dans l’expression des pratiques sexuelles des jeunes adultes ? ». Il nous apparait important d’évoquer également pourquoi nous avons décidé de choisir cette tranche d’âge et non une autre. Nous avons décidé 18 ans comme minima car il est l’âge légal pour regarder de la pornographie et 25 ans comme limite car, après cet âge, nous rentrons dans la tranche d’âge des adultes. Aujourd’hui, avec les réseaux sociaux et Internet, il y a un accès plus simple, illimité et gratuit à ces contenus. C’est donc notre génération qui semble être la plus concernée car nous avons grandi avec ces nouveaux médias. Frédérique Giraud a d’ailleurs évoqué le fait suivant : « Sur internet et dans les médias, le sexe est envahissant et la sollicitation sexuelle permanente. En somme un « vacarme sexuel » assourdissant et une banalisation de la pornographie et du sexe-marchandise. Ainsi selon les estimations de Jerry Ropelato, 12% des sites web sont à caractère pornographique, 25% des requêtes et 35% des téléchargements concernent la pornographie. Les données montrent que sans conteste internet a participé à la croissance exponentielle de l’industrie pornographique. La pornographie a envahi la sphère publique ». De plus nous partons de l’hypothèse que, dans cette tranche d’âge, la sexualité est relativement bien installée, dans le sens où le jeune adulte aura vécu auparavant différentes expériences sexuelles. Nous avons également décidé d’interroger le lien avec les pratiques sexuelles car différentes études ont pu montrer qu’un pourcentage important de jeunes français ont admis que la pornographie a influencé leur éducation et leurs pratiques sexuelles. Cela nous a interpellé car nous ne pensions pas que ces derniers étaient conscients du fait que la pornographie ait impacté leur sexualité. C’est pour cela que nous avons décidé d’approfondir ce thème précis. Par ailleurs, lors des entretiens exploratoires, lorsque nous avons parlé de pornographie, les sujets ont directement parlé de pratiques sexuelles : « La sexualité se fait par la découverte du porno. Tout jeune va passer par cela et ce n’est que par la suite qu’il se rendra compte que cela ne reflète pas la réalité. Très rapidement j’ai su faire la différence entre pornographie et relation sexuelle ».
  • 11. 7 1.6 Nos hypothèses Différentes hypothèses ont donc été élaborées. Premièrement, nous avons posé une première hypothèse dite « générale » : la consommation de pornographie a une influence sur les pratiques sexuelles des jeunes adultes. Par la suite nous avons construit différentes hypothèses opérationnelles : • Hypothèse 1 : le fait d’être un homme génère une augmentation de la visualisation de contenu pornographique ; • Hypothèse 2 : les hommes consomment davantage de contenus pornographiques dits « violents » par rapport aux femmes ; • Hypothèse 3 : une consommation élevée de pornographie augmente la violence dans les rapports sexuels ; • Hypothèse 4 : la visualisation de pornographie génère une baisse de l’estime de soi lors des rapports sexuels.
  • 12. 8 2 Méthodologie 2.1 La population Lorsque nous nous sommes demandé quelle tranche d'âge nous allions interroger, nous avons décidé qu'il serait judicieux de cibler la jeune génération. Comme nous l’avons vu précédemment, nous avons donc fixé, comme minimum, l'âge légal pour regarder de la pornographie, c'est à dire 18 ans et comme limite supérieure 25 ans, afin de prendre en considération la tranche d’âge des jeunes adultes. Nous avons donc récolté 94 réponses à notre questionnaire avec un âge moyen d’environ 20 ans (51,6%). Il était important pour nous d'avoir une égalité des réponses entre les hommes et les femmes étant donné que certaines de nos hypothèses comportaient un facteur sexe. Nous avons donc pu obtenir une prévalence de 48 hommes pour 46 femmes. 46 49% 48 51% Dispersion hommes-femmes Femmes Hommes
  • 13. 9 Pour obtenir ces résultats, nous avons créé un questionnaire sur Google Forms que nous avons diffusé sur nos réseaux sociaux. Nous avons fait ce choix car l’entourage avec lequel nous interagissons sur ces réseaux se situait presque tous dans la tranche d'âge que nous voulions cibler. C’était donc l’un des meilleurs moyens pour obtenir les réponses que nous souhaitions. Ce questionnaire était constitué de 8 questions où tous les sujets pouvaient répondre. A la 8ème question, nous demandions si le sujet avait déjà regardé des contenus pornographiques. Si celui-ci répondait oui, il répondait ensuite à 10 autres questions. S'il répondait non, il n’en répondait qu’à 5. Nous avons donc fait en sorte de questionner les consommateurs sur leur régularité, leur type de contenu, sur l’âge auquel ils avaient regardé leur premier porno mais également s'ils avaient déjà eu des pratiques sexuelles. Nous avons, par la suite, posé des questions similaires aux deux groupes, mais nous avons employé le « je » pour les consommateurs et le « on » pour les non- consommateurs afin d’interroger les représentations que ces derniers avaient sur la pornographie. Une échelle de Likert, c’est-à-dire de 1 (pas du tout d’accord) à 4 ou 5 (totalement d’accord) a été utilisée pour presque l’intégralité de nos questions1 . Afin d’analyser et d’interpréter nos résultats, nous avons utilisé le logiciel Excel. Nous avons d’abord repris les hypothèses puis nous y avons associé les questions. C’est ce que nous verrons dans la partie suivante. 2.2 Les résultats Comme nous l’avons vu précédemment, nous avons fait le choix de reprendre nos hypothèses une par une afin de faciliter nos interprétations. 2.2.1 Résultats de l’hypothèse 1 Tout d’abord, commençons par notre première hypothèse : « Le fait d’être un homme génère une augmentation de la visualisation de contenu pornographique ». L’hypothèse nulle serait : il n’y a pas de différence de visualisation entre les hommes et les femmes. L’hypothèse alternative serait : « Les hommes ont un visionnage de pornographie plus élevé que les femmes 1 Tout le questionnaire ainsi que les choix de réponses se trouvent en Annexe.
  • 14. 10 ». Nous avons décidé d’analyser la question : « A quel rythme regardes-tu de la pornographie ? ». Il faut tout de même noter que 100% des hommes ayant répondu à notre questionnaire ont déjà regardé un contenu pornographique. Tandis que pour les femmes, 13 sur 46 d’entre elles, soit 28%, n’en ont jamais regardé. Nous avons donc décider d’établir une échelle allant de 0 à 5 pour caractériser la fréquence : 0 = jamais regardé 1 = moins d’une fois par an 2 = une à plusieurs fois par an 3 = une à plusieurs fois par mois 4 = une à plusieurs fois par semaine 5 = une à plusieurs fois par jour À la suite de cela, nous avons calculé les moyennes des fréquences de visionnage pour les hommes puis pour les femmes. Sachant que, plus la moyenne se rapproche de 5 plus la consommation est élevée. A l’aide de ce graphique nous pouvons observer une importante différence entre les sexes, on voit une moyenne de 3,66 pour les hommes et une moyenne de 1,69 pour les femmes. Les hommes ont donc une consommation plus importante que les femmes. Nous avons, par la suite, réalisé un test de Student qui nous a donné une p-value s’élevant à 0,0000000000716, largement inférieure à 0,05 par conséquent. Nous observons donc une différence significative entre les sexes, nous validons l’hypothèse alternative ainsi que notre 3,66 1,69 0,00 0,50 1,00 1,50 2,00 2,50 3,00 3,50 4,00 Hommes Femmes Fréquence consommation pornographique
  • 15. 11 première hypothèse. Le fait d’être un homme génère une augmentation de la visualisation de contenu pornographique. 2.2.2 Résultats de l’hypothèse 2 Notre seconde hypothèse était la suivante : « Les hommes consomment davantage de contenus pornographiques dits « violents » par rapport aux femmes ». Nous posons l’hypothèse nulle : « Les hommes et les femmes consomment à égalité des contenus pornographiques dits « violents » ». L’hypothèse alternative serait : « Il y a une différence de visualisation de contenus pornographiques dits « violents » entre les sexes, avec une plus forte tendance chez les hommes ». Pour analyser ces dernières nous avons sélectionné la question : « Parmi les mots suivants, classe de 1 (le plus représentatif) à 4 (le moins représentatif), les termes qui, selon toi, décrivent la pornographie » et notamment le terme « violent » que nous avions proposé. Puis, la catégorie « BDSM » pour la question : « Parmi les choix suivants, classe de 1 (je regarde ou j'aimerais regarder le plus) à 5 (je regarde ou j'aimerais regarder le moins) les catégories que tu aimes/préférerais regarder ». Nous avons fait le choix de regrouper le « 4 » et « 5 » afin de représenter le niveau le plus bas de l’échelle. Nous avons ensuite fait une distinction entre les hommes et les femmes puis nous avons fait la somme du niveau d’échelle qui était donné aux deux catégories. A la suite de cela, nous avons calculé la moyenne pour chaque sexe comme nous avions fait pour l’hypothèse précédente. Ici, plus la moyenne est supérieure à 5, moins la violence est représentative de la pornographie et moins la catégorie BDSM est appréciée. 6,53 5,53 5,00 5,20 5,40 5,60 5,80 6,00 6,20 6,40 6,60 6,80 Hommes Femmes Consommation de contenus dits "violents"
  • 16. 12 Nous obtenons une moyenne de 6,53 pour les hommes et une moyenne de 5,53 pour les femmes. Les femmes trouvent que la violence est plus représentative de la pornographie et apprécient davantage la catégorie BDSM par rapport aux hommes. Pour cette analyse, nous avons également réalisé un test de Student. Le résultat de la p-value est de 0,00063917. Celle-ci est donc inférieure à 0,05, nous pouvons accepter l’hypothèse alternative. Seulement, les résultats de notre graphique vont à l’encontre de notre hypothèse de départ, il existe bien une différence entre les sexes, mais celle-ci est en faveur des femmes et non des hommes. Nous devons donc rejeter notre hypothèse départ, d’après notre graphique, ce sont les femmes qui consomment davantage de contenus pornographiques dits « violents ». 2.2.3 Résultats de l’hypothèse 3 Nous poursuivons avec notre troisième hypothèse : « Une consommation élevée de pornographie augmente la violence dans les rapports sexuels ». L’hypothèse nulle est : « La fréquence de consommation n’impacte pas sur la violence dans les rapports sexuels ». L’hypothèse alternative est donc : « Il y a plus de violence dans les rapports sexuels d’une personne qui consomme beaucoup de pornographie par rapport à une personne qui en consomme peu ». Ici, nous avons fait deux catégories pour analyser cette hypothèse. Nous nous sommes servies, dans un premier temps, de la question suivante : « A quel rythme en regardes- tu ? » en dissociant les sujets qui regardaient une à plusieurs fois par jour, par semaine ou par mois et ceux qui en regardaient une à plusieurs fois par an et moins. Nous avons distingué les sujets ayant une consommation « forte » et ceux qui en ont une plus « faible ». Nous avons ensuite pris en compte leur réponse à la question : « Es-tu d'accord avec l'affirmation suivante : « La pornographie génère de la violence dans les rapports sexuels » ? » avec une échelle de 1 (pas du tout d’accord) à 4 (totalement d’accord). Nous avons calculé la moyenne à cette question pour chacun des deux groupes, plus la moyenne s’approche de 4, plus les sujets pensent que la pornographie génère de la violence dans les rapports sexuels.
  • 17. 13 Nous avons une moyenne de 2, 870 pour les sujets ayant une faible consommation et une moyenne de 2,649 pour les sujets ayant une forte consommation. Les individus consommant peu pensent davantage qu'il y a un effet de la fréquence de visionnage dans la violence des rapports sexuels par rapport à ceux qui en consomment plus. Nous avons par la suite réalisé un test de Student qui nous a donné une p-value de 0,352. Celle-ci étant supérieure à 0,05, il n'y a pas de significativité, nous acceptons l’hypothèse nulle et rejetons l'hypothèse alternative. Nous invalidons notre hypothèse de départ, la fréquence de visualisation de pornographie ne génère pas forcément de violences dans les rapports sexuels. 2.2.4 Résultats de l’hypothèse 4 Enfin, notre dernière hypothèse est : « La visualisation de pornographie génère une baisse de l’estime de soi lors des rapports sexuels. ». Pour celle-ci, l’hypothèse nulle serait : « Une personne regardant de la pornographie aurait la même estime de soi qu'une personne n’en regardant pas ». L'hypothèse alternative serait par conséquent : « L'estime de soi serait plus faible chez une personne consommant de la pornographie par rapport à une personne n’en consommant pas ». Nous avons distingué ici deux groupes différents ; un groupe de sujets ayant déjà consommé de la pornographie et ayant déjà eu des relations sexuelles, et un groupe de sujets n’ayant jamais regardé de contenus pornographiques. Nous avons ensuite pris les réponses aux questions évoquant l’estime de soi. Pour les consommateurs elles étaient les suivantes : « Es-tu d'accord avec l'affirmation suivante : « Je compare souvent ma sexualité aux pratiques sexuelles que je vois dans les pornos » ? », « Es-tu d'accord avec l'affirmation suivante : « Depuis que je regarde du porno, je me sens nul(le) lors de mes rapports sexuels » ? », « Es-tu d'accord avec l'affirmation suivante : « Depuis 2,649 2,870 2,500 2,550 2,600 2,650 2,700 2,750 2,800 2,850 2,900 Forte consommation Faible consommation Violence dans les rapports sexuels par rapport à la fréquence de consommation
  • 18. 14 que je regarde du porno, je souffre de ne pas ressembler aux acteurs X » ? » et « Depuis que tu regardes du porno, penses-tu avoir modifié tes pratiques sexuelles ? ». Pour les non-consommateurs elles étaient : « Es-tu d'accord avec l'affirmation suivante : « On compare souvent sa propre sexualité aux pratiques sexuelles que l'on voit dans les pornos »? », « Es-tu d'accord avec l'affirmation suivante : « En regardant du porno, on peut se sentir nul(le) lors des rapports sexuels » ? », « Es-tu d'accord avec l'affirmation suivante : « En regardant du porno, on peut souffrir de ne pas ressembler aux acteurs X » ? » et « En regardent du porno, penses-tu que les consommateurs peuvent avoir modifié leurs pratiques sexuelles ? ». Les sujets devaient répondre à l’aide d’une échelle de valeur allant de 1 (pas du tout d’accord) à 4 (totalement d’accord). Nous avons par la suite calculé la somme de toutes les réponses puis nous avons effectué la moyenne pour les deux groupes. Plus la moyenne est supérieure à 4, plus les sujets pensent que la consommation de pornographie entraine une baisse de l’estime de soi. Nous observons une moyenne de 6,68 pour les consommateurs de pornographie et une moyenne de 11,92 pour les non-consommateurs. Ces derniers considèrent qu'une consommation de pornographie entraîne une baisse de l’estime de soi en comparaison aux sujets qui en consomment. Comme toutes les précédentes analyses, nous avons réalisé en test de Student qui a donné une p-value de 0,0000000576. Elle est inférieure à 0,05, il y a donc une significativité. Nous devons rejeter l'hypothèse nulle et accepter l'hypothèse alternative. Seulement, d'après le graphique, il y a bien une différence entre les groupes mais ce sont plutôt les non-consommateurs qui pensent qu’il existe bien une baisse d'estime de soi en raison d’une consommation de pornographie. Ici, nous questionnons donc bien plus les représentations du sujet qu’un réel sentiment. Nous devons par conséquent invalider notre hypothèse de départ, les consommateurs de pornographie ne ressentent pas forcément une baisse de l’estime de soi. 6,68 11,92 0,00 2,00 4,00 6,00 8,00 10,00 12,00 14,00 Consommateurs de pornographie Non-consommateurs de pornographie Représentation du sentiment de baisse de l'estime de soi en fonction de la consommation
  • 19. 15 3 Discussion et interprétation des hypothèses Comme cela a été expliqué précédemment dans notre introduction, l’enjeu de notre recherche s’inscrit dans une volonté de découvrir quels impacts la pornographie peut avoir sur les pratiques sexuelles des jeunes adultes. Bien qu’à l’évocation de ce thème nous étions, dans un premier temps, gênées. Nous avons, par la suite, dépassé cette gêne pour se concentrer sur l’élaboration de nos interrogations et ce que nous voulions qu’il en découle. Ceci a débouché sur plusieurs hypothèses que nous avons réussi à affiner avec le temps grâce à nos échanges durant les travaux dirigés notamment. Nous sommes arrivées à quatre hypothèses qui illustraient les points fondamentaux de notre recherche. 3.1 Hypothèse 1 Dans un premier temps, nous pouvons relever différents éléments intéressants qui interrogent de la fréquence de consommation de pornographie des jeunes adultes. En effet, dans l’article La pornographie, les jeunes, l’adocentrisme de Richard Poulin dans Les cahiers dynamiques, nous constatons que la consommation de contenu pornographique est plus importante qu’auparavant, notamment avec l’apparition d’internet. Selon une étude menée au Royaume-Uni, lorsque les jeunes ont un usage régulier d’Internet, ils auraient un contact involontaire à des contenus pornographiques (fenêtres intempestives, spams...). Cela signifie donc que, malgré tout, tout le monde peut être involontairement exposé à du contenu pornographique qui pourrait éventuellement déboucher sur un intérêt pour ce contenu et une volonté d’en découvrir plus, les inciter à consommer ces contenus. Comme le dit Miller : « l’effet addictif est souvent au rendez-vous, notamment chez les sujets masculins – « sexe faible, quant au porno »”. Si l’on s’en tient à cette citation, les hommes seraient plus à même de développer une forme de dépendance aux contenus pornographiques. Lorsque nous visualisons nos résultats, nous constatons bien cela : les moyennes concernant les hommes sont au-dessus de 3,5. Cela signifie qu’ils regardent, en moyenne, une à plusieurs fois par semaine des contenus pornographiques. Les femmes, elles, ont une moyenne se situant autour de 1,5 ce qui signifie qu’elles regarderaient des contenus pornographiques environ une à plusieurs fois par an. Cependant, dans le même article La pornographie, les jeunes, l’adocentrisme, il nous est indiqué que la consommation pornographique chez les femmes serait en
  • 20. 16 augmentation considérable ces dernières années selon une étude états-unienne. L’exposition à des contenus porno se ferait de plus en plus jeunes. Cette consommation étant de plus en plus précoce, peut donc avoir des effets durables concernant la fréquence de visualisation de contenus pornographiques. 3.2 Hypothèse 2 Comme nous avons pu l’évoquer précédemment, nous constatons des différences significatives concernant notre seconde hypothèse. Seulement, à la suite de nos résultats graphiques, ce sont les femmes qui auraient tendance à regarder des contenus plus violents que les hommes. Notre hypothèse serait donc invalidée. Cependant, nos contenus théoriques nous ramènent à cette hypothèse. Serait-ce une question d’honnêteté et de sincérité dans les réponses ? C'est un point que nous développerons plus tard. La pornographie est en particulierièrement marquée par des relations de domination ou de soumission avec un recours à la violence. Richard Poulin décrit celle-ci comme : « une description ou une évocation verbale, écrite, dessinée ou imagée de comportements sexuels qui considèrent l’être humain, surtout les femmes et les enfants, comme des objets à exploiter et à manipuler sexuellement. C’est l’expression d’un rapport de force, d’un abus de pouvoir ». Nous constatons que les hommes et les femmes ont des préférences qui diffèrent dans le choix du contenu pornographique qu’ils vont visionner. Les hommes seraient à la recherche d’un contenu plus explicite, qui montre concrètement l’acte à travers les images, les vidéos. Les femmes quant à elles chercheraient plutôt un contenu érotique, romantique sans être trop explicite. Cependant, à travers nos résultats nous faisons face à une moyenne d’environ 6,5 chez les hommes qui correspond à une consommation de contenus violents qui est plutôt basse, contrairement aux femmes où la moyenne se situe autour de 5,4 qui se rapproche le plus d’un contenu dit “violent”. Ce qui parait quelque peu paradoxal. Selon l’étude de Krauss (2013) sur l’appétit excessif pour la pornographie, il nous est précisé que les hommes préfèreraient notamment visualiser des contenus dits explicites tels que la pénétration vaginale ou anale, sexe oral ou sexe en groupe… De plus, le contenu visionné serait notamment centré sur les hommes : « des acteurs de sexe masculin ayant du pouvoir sur leur partenaire féminin soumis ». Nous pouvons ajouter à cela ce que Poulin et Coderre évoquent pour définir la pornographie : « n'est pas qu'une marchandisation du sexe, elle est aussi une morale, car elle véhicule des
  • 21. 17 valeurs. Son message de base est la domination et non la réciprocité des sexes, et la sexualité y est définie comme une agression mâle envers un corps de femme qui représente la cible à conquérir ». Les hommes auraient, à travers elle, un positionnement supérieur aux femmes. Cela pourrait expliquer le fait que les femmes ne vont, par conséquent, par visualiser de contenus explicites, dans lesquelles leur corps et leur statut seraient rabaissés. La pornographie glorifierait les hommes, leur virilité et leur supériorité dans l’ensemble ; notamment dans ces contenus dits “violents”, ce qui confirmerait leur choix de visualiser plutôt ce contenu qui valoriserait leur égo et donc qui irait en faveur avec notre hypothèse de départ. 3.3 Hypothèse 3 Lors de l’analyse des résultats nous étions très étonnées de constater que, moins les individus consommaient de la pornographie, plus ils pensaient que la fréquence de visionnage pouvait avoir un effet sur la violence dans les rapports sexuels et que, plus les individus en regardaient, moins ils pensaient que cet effet pouvait être présent. Cet étonnement vient sans doute du fait que, lorsque nous avions rédigé notre troisième hypothèse, l’effet que pouvait avoir le visionnage de pornographie sur la violence dans les rapports sexuels était tout à fait logique pour nous. A travers nos lectures nous avons noté l’existence d’une violence omniprésente dans le contenu pornographique. Nous avons d’ailleurs pu lire que la présence de catégories sexuelles sur les sites pornographiques pouvait avoir un lien avec les violences sexuelles. Aussi, le fait de regarder des vidéos pornographiques sur le long terme peut avoir des conséquences sur les croyances sexuelles des consommateurs et leurs attitudes envers les femmes. D’après les Drs. Dolf Zillmann et Jennings Bryant il existe un lien entre la quantité de visualisation de pornographie et la satisfaction sexuelle, pour démontrer cela ils ont procédé à une étude. Ils ont remarqué par exemple que : « les pratiques moins courantes comme le sexe anal ou le sadomasochisme deviennent des pratiques normales et courantes pour les consommateurs de vidéos pornographiques. » ou encore que « certains seraient conditionnés par le visionnage de matériel sexuellement explicite à banaliser le viol. » (Badon, p.14, 2021). Ce qui nous amène donc à penser que les personnes qui regardent de la pornographie n’ont pas forcément répondu de manière honnête ou, du moins, objective. Il serait probable, que pour la plupart d’entre elles, le facteur de violence soit difficile à assumer, que ce soit pour les femmes ou pour les hommes. Peut-être que certains ne se rendent pas compte que visualiser de la
  • 22. 18 pornographie amène à de la violence dans leurs rapports sexuels. En effet, il n’est pas impossible que ce déplacement entre le virtuel et le réel ne se fasse pas de manière consciente. Bien évidement cela ne reste que des hypothèses. 3.4 Hypothèse 4 Nous savons que l’industrie de la pornographie développe des comportements problématiques, des stéréotypes et une caricature de la sexualité. Cela nous a donc amené à élaborer notre dernière hypothèse. En effet, dans un premier temps, nous avons pensé que certains aspects de la pornographie pouvaient être très néfastes et avoir des conséquences importantes sur l’estime de soi durant les rapports sexuels. Ensuite, nous avons, grâce aux entretiens exploratoires, pu appuyer notre première idée. Les personnes interrogées nous ont expliqué que : « les filles pouvaient complexer par rapport au physique des actrices » ou encore que « les femmes seraient souvent refaites et les hommes prendraient des produits et s’injecteraient un produit dans leur pénis pour avoir une relation sexuelle longue ». Ceci nous a poussé à croire que l’estime de soi pouvait être impacté par l’image que donnaient les acteurs ou les actrices de la femme ou de l’homme ou encore de leurs performances. De même, nous pouvons illustrer cela avec l’étude, faite en 2015, que nous avons expliqué auparavant dans notre partie théorique sur des hommes d’environ 36 ans ayant un « dysfonctionnement érectile » accompagné d’une « libido anormalement basse ». Également, d’après les Drs. Dolf Zillmann et Jennings Bryant, à force de regarder de la pornographie, les consommateurs auront davantage tendance à comparer leur conjoint(e) à des modèles de pornographie (Badon, p.14, 2021). Il s’avère que cela n’aura pas des conséquences positives sur la personne comparée. Néanmoins, lorsque nous avons testé notre hypothèse nous avons constaté que les personnes ont davantage tendance à penser que, si la pornographie engendre une baisse l’estime de soi, il ne faut pas ou moins en regarder. En effet, sur le graphique page 14, nous voyons que les personnes qui ont consommé de la pornographie ne sont pas réellement d’accord avec les questions que nous avons posé dans notre questionnaire. Ainsi, ils ne sont pas d’accord avec la baisse de l'estime de soi provoquée par la consommation de pornographie. Autrement dit, les personnes qui consomment du contenu pornographique ne trouvent pas que cela puisse engendrer une baisse de l’estime de soi. On peut donc se demander si les personnes
  • 23. 19 ont toutes répondu honnêtement à certaines questions du questionnaire ? ne sont-ils pas aveuglés par leurs désirs de visionner du porno et la vision positive qu’ils s’en sont fait ? Nous remarquons une différence assez significative entre la théorie et les résultats que nous avons pu avoir lors de notre questionnaire. Il semblerait que les écrits sur la pornographie aient une visée dénonciatrice mettant donc en avant une vision négative de la pornographie. Tandis que les sujets en consommant auraient une volonté de transmettre une image positive de cette dernière. 3.5 Hypothèse générale Rappelons que notre hypothèse de départ était : « La consommation de pornographie a une influence sur les pratiques sexuelles des jeunes adultes ». Grâce à nos hypothèses opérationnelles, nous avons pu trouver différentes réponses à cette dernière. D'une part, nous ne distinguons pas forcément d'influence de la pornographie sur les pratiques sexuelles des jeunes adultes. En effet, dans les hypothèses 3 et 4, nous n’observons pas d'influence d'une consommation élevée sur la violence dans les rapports sexuels et on ne voit pas un sentiment de baisse d'estime de soi de la part des consommateurs de pornographie. Nous nous sommes questionnées sur l'honnêteté des sujets ayant répondus à ce questionnaire, s'ils étaient vraiment à l'aise avec le sujet, s'ils ne voulaient pas se sentir jugé malgré l'anonymat. Nous avons donc analysé la question du tabou au sujet de la pornographie. On voit que 72 de nos 94 sujets arrivent à parler assez facilement ou très facilement de la pornographie et que seulement 22 n'en parlent pas facilement. Il y a donc près de 76% de nos sujets qui se disent à l'aise avec le sujet de la pornographie. 22 72 0 10 20 30 40 50 60 70 80 Pas facilement Très facilement Question du tabou dans la pornographie
  • 24. 20 Nous ne savons donc pas si l'honnêteté joue un rôle sur les réponses. Malgré le fait que l'anonymat est précisé dans l'introduction du questionnaire, il y peut y avoir une peur ressentie de la part des sujets à l’idée que les réponses soient divulguées et que l'anonymat soit levé. Nous pensons tout de même qu'il y a une influence de l'anonymat sur la vérité des réponses. D’autre part, nous avons analysé la question : « Si ton partenaire te proposait de reproduire des pratiques sexuelles observées dans des contenus pornographiques, serais-tu : ». On voit ici qu'il y a une majorité de sujets mitigés (35). Néanmoins, il y a tout de même 32 des 71 sujets consommant de la pornographie qui se disent prêts et volontaires pour reproduire des pratiques sexuelles vues dans des contenus pornographiques. Ici, nous voyons qu'il y aurait justement une influence des contenus pornographiques sur les pratiques sexuelles puisqu'il y a une reproduction, dans le réel, d'images virtuelles. Or, les différents résultats que nous avons eu auparavant semblaient montrer le contraire, ce que nous trouvons par conséquent paradoxal. 4 35 32 0 5 10 15 20 25 30 35 40 Pas du tout d'accord Peut-être Totalement d'accord Proposition de reproduction des pratiques sexuelles observées dans des contenus pornographiques
  • 25. 21 Conclusion A travers cette recherche nous avons pu découvrir quel pouvait être l’impact de la consommation de contenus pornographiques sur les pratiques sexuelles des jeunes adultes. Nous constatons qu’il y a une grande différence entre la théorie que nous avons pu lire, nous ayant permis d’élaborer nos hypothèses opérationnelles, et les réponses obtenues au questionnaire. Cela nous a donc interrogé : est-ce lié à une gêne, une honte, un biais de désirabilité sociale ? Nous questionnons également le facteur « addiction » : est-ce que cela pourrait également venir d’une addiction qui génèrerait un manque de recul quant à leur situation ? A la lecture de différents éléments théoriques mais aussi au regard de questionnements ayant pu émerger de façon groupale nous évoquons le lien qu’il pourrait y avoir entre la consommation de pornographie, les pratiques sexuelles des jeunes adultes et la crise sanitaire actuelle. En effet, comme nous l’avons vu lors de l’introduction, nous avons constaté que la COVID-19 a engendré une hausse de la visualisation de pornographie du fait du confinement. Nous nous demandons par conséquent : la crise sanitaire a-t-elle générée une hausse des addictions à la pornographie chez les jeunes adultes ? cela a-t-il eu un retentissement considérable sur les pratiques sexuelles de ces derniers ?
  • 26. 22 Bibliographie Articles : • Bidaud, E. (2005). L'adolescent et « la scène pornographique ». Adolescence, 231, 89- 98. https://doi.org/10.3917/ado.051.0089 • Frau-Meigs, D. (2011). Socialisation des jeunes et éducation aux médias : Du bon usage des contenus et comportements à risque. Toulouse, France : Érès. https://doi.org/10.3917/eres.fraum.2011.01 • Landais, E. (2014). Porn studies et études de la pornographie en sciences humaines et sociales. Porn Studies and Studies of Pornography in Humanities and Social Science. https://doi.org/10.4000/questionsdecommunication.9216 • Monneret, C. (2019). Pornographie et après-coup œdipien. Adolescence, 371, 59- 69. https://doi.org/10.3917/ado.103.0059 • Ponts, AJ, & Morokoff, PJ (2011). Utilisation des médias sexuels et satisfaction relationnelle chez les couples hétérosexuels. Relations personnelles, 18 (4), 562- 585. https://doi.org/10.1111/j.1475-6811.2010.01328.x • Poulin, R. (2011). La pornographie, les jeunes, l'adocentrisme. Les Cahiers Dynamiques, 50, 31-39. https://doi.org/10.3917/lcd.050.0031 Sites internet : • Cassano, O. (2016). Dis-moi quel genre de porno tu aimes, je te dirai quel est ton fantasme. Dans Konbini. Consulté le 26/11/21 sur https://www.konbini.com/fr/pornographie/porno-fantasme-pornhub/ • Demmer, B. (2021). 41% des jeunes admettent que le porno a influencé leurs pratiques sexuelles. Dans Doctissimo. Consulté le 26/11/21 sur https://www.doctissimo.fr/sexualite/actualites/41-des-jeunes-admettent-que-le- porno-a-influence-leurs-pratiques-sexuelles/301cd1_ar.html • (s.n.) (2021). Le porno, quel modèle ? Dans On sexprime. Consulté le 26/11/21 sur https://www.onsexprime.fr/Plaisir/Le-porno/Le-porno-quel-modele
  • 27. 23 Vidéo : • Dufour, D-N. (2018). Impact du porno sur la sexualité adolescente. Belgique : Yapaka.be Mémoires : • Badon, C. B. (2020–2021). Consommation de pornographie, violences sexuelles et sexisme en temps de crise COVID- 19. https://matheo.uliege.be/bitstream/2268.2/13419/1/Mémoire%20final%20Matheo. pdf • Kraus, S. (2013). Excessive appetite for pornography : development and evaluation of the pornography craving questionnaire (PCQ-12). https://www.researchgate.net/pub lication/256096657_Excessive_Appetite_for_Pornography_Development_and_Evalua tion_of_the_Pornography_Craving_Questionnaire_PCQ-12
  • 29. II Questionnaire Qui es-tu ? - Homme - Femme - Autre Quel âge as-tu ? Selon toi, cette photo est-elle représentative de la pornographie ? 1 2 3 4 5 Pas du tout représentative Très représentative Selon toi, cette photo est-elle représentative de la pornographie ? 1 2 3 4 5 Pas du tout représentative Très représentative Arrives-tu à parler facilement de pornographie ? 1 2 3 4 5 Pas facilement Très facilement Parmi les mots suivants, classe de 1 (le plus représentatif) à 4 (le moins représentatif), les termes qui, selon toi, décrivent la pornographie : 1 (le +) 2 3 4 (le -) Violent
  • 30. III Fantasme Plaisir Sensualité Parmi les choix suivants, classe de 1 (je regarde ou j'aimerais regarder le plus) à 5 (je regarde ou j'aimerais regarder le moins) les catégories que tu aimes/préférerais regarder : 1 (le +) 2 3 4 (le -) Sexe romantique Plan à 3 Homosexuels BDSM Jeux de rôles As-tu déjà regardé de la pornographie ? Oui à - A quel âge as-tu regardé ton premier porno ? Avant 10 ans Entre 10 et 14 ans Entre 14 et 18 ans Entre 18 et 22 ans Entre 22 et 24 ans - Sur quel support regardes-tu le plus de la pornographie ? Internet Audio Je n’en regarde plus - A quel rythme en regardes-tu ? Une à plusieurs fois par jours Une à plusieurs fois par semaine Une à plusieurs fois par mois Une à plusieurs fois par an Moins - As-tu déjà eu des relations sexuelles ? Oui Non - Es-tu d'accord avec l'affirmation suivante : "Je compare souvent ma sexualité aux pratiques sexuelles que je vois dans les pornos" ? 1 2 3 4 Pas du tout d'accord Totalement d'accord - Es-tu d'accord avec l'affirmation suivante : "Depuis que je regarde du porno, je me sens nul(le) lors de mes rapports sexuels" ?
  • 31. IV 1 2 3 4 Pas du tout d'accord Totalement d'accord - Es-tu d'accord avec l'affirmation suivante : "Depuis que je regarde du porno, je souffre de ne pas ressembler aux acteurs X" ? 1 2 3 4 Pas du tout d'accord Totalement d'accord - Depuis que tu regardes du porno, penses-tu avoir modifié tes pratiques sexuelles ? 1 2 3 Non je ne pense pas Oui j'en suis sûr - Si ton partenaire te proposait de reproduire des pratiques sexuelles observées dans des contenus pornographiques, serais-tu : 1 2 3 4 Pas du tout d'accord Totalement d'accord Non à - Es-tu d'accord avec l'affirmation suivante : "On compare souvent sa propre sexualité aux pratiques sexuelles que l'on voit dans les pornos" ? 1 2 3 4 Pas du tout d'accord Totalement d'accord - Es-tu d'accord avec l'affirmation suivante : "En regardant du porno, on peut se sentir nul(le) lors des rapports sexuels" ? 1 2 3 4 Pas du tout d'accord Totalement d'accord - Es-tu d'accord avec l'affirmation suivante : "En regardant du porno, on peut souffrir de ne pas ressembler aux acteurs X" ? 1 2 3 4 Pas du tout d'accord Totalement d'accord - En regardent du porno, penses-tu que les consommateurs peuvent avoir modifié leurs pratiques sexuelles ? 1 2 3 4 Pas du tout d'accord Totalement d'accord
  • 32. V Es-tu d'accord avec l'affirmation suivante : "La pornographie génère de la violence dans les rapports sexuels " ? 1 2 3 4 Pas du tout d'accord Totalement d'accord Entretiens exploratoires Sophie 20 ans : Elle a découvert la pornographie à partir de la fin du collège mais depuis qu'elle est en couple elle en regarde un peu moins. Elle me transmet, qu’à l’époque où elle l’a découvert, beaucoup de garçons en parlait. Elle était alors allée voir ce que c’était, par curiosité, avec une amie et elle me dit que ça l'avait effrayée et gênée. La pornographie n'est pas la première chose vers quoi elle s'est tournée, mais elle a commencé à en regarder petit à petit et à découvrir ce qui lui plaisait vraiment. Elle m'indique qu’elle voit une vraie différence de consommation entre les hommes et les femmes. Elle pense que les filles ont un peu plus d'imagination que les garçons et que ces derniers ont besoin d'images et de visuel. Ils vont regarder des vidéos plus « violentes », alors que les femmes ont besoin d'une histoire, d'un fil conducteur. Également, elle pense aussi que la pornographie est addictive. Elle m'indique que les garçons regardent beaucoup plus régulièrement que les femmes, et qu'après avoir regardé une vidéo il se sente mal mais, par l’effet d’addiction, il continue à regarder et les vidéos qu’ils choisissent deviennent de plus en plus violentes. Elle ne pense pas que c'est un sujet tabou mais cela dépend des personnes. Aujourd'hui il y a une nouvelle polémique disant qu'il existe aussi de la pornographie pour femmes et que ce n'est plus que pour les hommes. Elle pense que la pornographie peut être dangereuse, étant donné le côté addictif mais aussi par rapport à l'identification. La personne peut s'identifier à la vidéo et vouloir reproduire à l'identique. Les garçons ont plus tendance à penser que la pornographie est réelle, ils ont donc une représentation déconstruite ce qui peut entraîner un complexe de performance, cela a une influence sur leurs capacités. Mais aussi, cela peut créer une frustration de ne plus pouvoir trouver le mieux et donc créer le manque de « violence », elle me dit que c'est un cercle vicieux. La fille, elle, peut d'ailleurs complexée par rapport au physique des actrices mais elle va être un peu plus ancrée dans la réalité. Elle pense aussi que c'est devenu beaucoup trop accessible même pour les plus jeunes. Benoit 23 ans : Pour lui, la pornographie est mal vue car trop de gens l’assimilent à un acte réel, comme dans la vraie vie alors que ce sont des acteurs, qui jouent un jeu. Il m’a exprimé le fait que d’un côté, on assimile trop cela à l’ancienne pornographie, où les filles étaient très mal payées voire pas, considérées comme des prostituées, ce qui ramenait une mauvaise réputation. Dans le porno américain on ne retrouve plus trop ça, il y’a beaucoup de moyens et ce n’est plus trop un sujet tabou, tout le monde arrive à en « rigoler » et en parler facilement. On trouve beaucoup plus de choses aux gouts de différentes personnes. Il affirme que néanmoins, dans la pornographie française, on continue de voir des cas comme ça : des filles abusées, violées car ils leur font des choses pour lesquelles elles n’étaient pas consentantes. A l’image de la société actuelle, on se souvient seulement des choses négatives et non pas du positif. Beaucoup plus d’hommes, selon lui, assument regarder du porno comparé aux femmes, mais beaucoup de femmes en consomment. Cependant, de plus en plus de femmes assument dans
  • 33. VI notre société actuelle car la diversité de la pornographie permet à n’importe quelle personne de trouver ce qui lui plait. Il m’a raconté qu’en effet, selon lui, l’évolution de la consommation de la pornographie a fait évoluer les réactions qu’on pouvait avoir, on a moins honte d’en parler. Cela peut enlever ce sentiment de gêne. Cela se démocratise, on a beaucoup plus facilement accès à la pornographie. A l’époque, il fallait enregistrer des cassettes, des magazines, alors qu’aujourd’hui l’accès est gratuit et illimité peu importe l’âge. Il m’a notamment raconté un fait qu’il a entendu à propos d’un site pornographique : « Avec le site pornhub, qui est l’un des plus connus, on a pu voir à l’époque (2014-2015) que des youtubeurs « gaming » voyaient leurs vidéos sur des jeux vidéo repostées par des followers sur la plateforme pornographique. La consommation a tellement évolué qu’ils avaient plus de vues sur ce site pornographique que sur Youtube. Pour encore plus jouer avec cela, la plateforme a sponsorisé des youtubeurs alors qu’ils n’avaient aucun lien avec la pornographie, seulement car cela rapportait de nouveaux visiteurs sur le site. Cela a donc incité les plus jeunes à aller sur le site pour regarder leurs vidéos. » Dans l’entourage de celui-ci, la majorité des personnes qu’il connait en consomme ou en ont consommé. Certaines personnes le cachent plus que d’autres. Cependant, quand on vient à poser la question et que l’on parle du sujet, la consommation de porno est devenue tellement banale, que la plupart assumeront. La consommation de porno a pu altérer chez les plus jeunes leur vision, idées et leurs pratiques sexuelles. Louis 22 ans : Selon lui, la société voit la pornographie comme un moyen d’ouvrir et de créer des fantasmes mais aussi de s’exciter. Toutefois, il reconnait la pornographie comme étant surjouée et différant de ce qu’il appelle une “vraie relation” ainsi qu’une “vraie relation sexuelle”. Les performances des acteurs ne reflètent pas le réel. Les femmes seraient souvent refaites et les hommes prendraient des produits et s’injecteraient un produit dans leur pénis pour avoir une relation sexuelle longue. Les scènes seraient surjouées car il dit “si c’est monotone cela n’excite pas”. Selon lui, la découverte de la sexualité se fait par la découverte du porno. Il poursuit en disant que tout jeune va passer par cela et ce n’est que par la suite qu’il se rendra compte que cela ne reflète pas la réalité. Très rapidement, lui a su faire la différence entre pornographie et relation sexuelle donc il n’a jamais souhaité recréer une de ces scènes. C'est selon lui trop violent et il n’y a pas assez de romance. Il poursuit en disant que vouloir imiter un acteur porno peut créer un réel déséquilibre entre les deux partenaires, la femme n’étant pas une actrice porno, elle ne voudra pas forcément recréer certaines scènes. A nouveau il évoque ce manque de romance. Il ajoute “le porno peut renfermer une personne sur elle-même" et que cela peut créer une addiction par son caractère gratuit et illimité. Selon lui les femmes consommeraient également du porno mais cela serait tabou alors que cela ne devrait pas l’être. Ce potentiel tabou il l’explique par le fait que les actrices sont souvent maltraitées, il cite : partenaire violent, gifles, crachat, position basse de la femme. Au contraire concernant les acteurs masculins, l’accent est mis sur le côté héroïque, viril générant le fait que des garçons puissent s’identifier à ces derniers. Et cela serait pour cette raison que cela peut être nocif pour les jeunes qui peuvent parfois vouloir refaire ce qu'ils ont vu. Selon lui le fait de parler de ses fantasmes avec sa partenaire serait un moyen de ne pas dépasser certaines limites qui peuvent être franchies parfois à cause du porno.
  • 34. VII Il finit en évoquant la notion de normalité dans le porno qui peut peser sur la société, il donne l’exemple du rasage, tous les acteurs porno se raseraient, par conséquent un jeune va directement avoir envie de faire pareil. Anna 20 ans :  D’après elle le porno ce sont des vidéos que l’on trouve en ligne, en quelques clics ce qui pose quand même problème pour les enfants qui y ont accès trop facilement. Le porno étant censé être interdit aux mineurs, ils peuvent être exposés aux images pornographiques dès le plus jeune âge. De même, ce sont des vidéos qu’on regarde quand on a envie de se faire plaisir sexuellement. D’ailleurs, la première fois qu’elle en a vu elle avait 8/9 ans c’est sa sœur qui lui a montré la vidéo alors qu’elle avait 12 ans. Elle a par la suite regardé de la pornographie de son plein gré vers la période du début lycée. Elle a spécifié que regarder du porno c’est une bonne chose quand on regarde modérément, mais ce n’est pas forcément bon d’en abuser car cela peut créer une addiction. Le porno peut devenir comme une drogue car le plaisir sexuel libère des endorphines. De plus certaines personnes vont se comparer à ce qu’elles voient, ce qui peut créer des conséquences psychologiques ou un mal être en eux. Selon elle les hommes vont plus consommer de pornographie car ils vont avoir tendance à se masturber plus souvent. De ce qu’elle a entendu les hommes vont se créer des fantasmes en regardant les actrices des films X alors que les femmes moins. Dans la société le porno représente un sujet tabou et il peut créer des manques d’estime de soi car lors des relations sexuelles entre des individus ils peuvent se juger en se comparant à ce qu’ils ont vu sur les vidéos, ce sont les seuls points négatifs qu’il peut engendrer d’après elle. Autour d’elle quelques filles assument de regarder ces vidéos tandis que les garçons assument ouvertement d’en regarder. Une copine lui a confié qu’elle trouvait ça « crade et bizarre de regarder du porno » alors que pour le sujet, se serait plus naturel de regarder de la pornographie et une question d’ouverture d’esprit. Étant donné qu’il s’agit d’un sujet tabou beaucoup de personnes préfère apporter un avis négatif sur ce sujet. Le porno permet de se découvrir au sujet des envies sexuelles ou « ce qu’on peut faire avec son corps ». Sur les sites les catégories sont variées et cela permet de trouver ce qui nous correspond en fonction de nos envies du moment mais certaines catégories sont peut-être trop dans l’excès d’après elle (sado, maso…). D’ailleurs elle pense que les hommes auront plus tendance à regarder des catégories sexuelles violentes pour être excités plus rapidement contrairement aux femmes qui vont aimer les films doux et romantiques.