A entrevista faz parte da seção RETOUR D'EXPÉRIENCE em que profissionais da informação de vários países falam da sua atividade.

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RETOUR D’EXPERIENCE
Entretien croisé entreVera
LúciaVieira, professionnelle de
l’information indépendante au
Brésil et CaroleTisserand-Barthole,
rédactrice en chef de BASES et
NETSOURCES
Pour commencer, pourriez-vous nous
décrire votre parcours universitaire ?
Comment en êtes-vous venue à
vous orienter vers les métiers de
l’information?
J’ai une formation en Lettres Français-
Portugais avec une spécialisation en
Marketing et je suis diplômée en Français
des Affaires par la Chambre de Commerce
et d’Industrie de Paris.
Pendant dix ans, j’ai été pro­fesseur de
françaisetdeportugaisdansl’enseignement
secondaire et supérieur. C’est durant cette
période que j’ai découvert avec intérêt la
recherche d’information, pour suivre les
nouvelles méthodes d’enseignement bien
sûr, mais aussi pour m’informer sur les
questions de marché impactant le métier.
J’ai très vite senti la néce­ssité d’aller
au-delà de l’enseigne­ment du français.
Et c’est pour cette raison que j’ai
décidé de m’adresser à la Chambre de
Commerce France-Brésil où j’ai trouvé
(et accepté) une offre d’emploi chez
Rhodia Brasil (Rhône-Poulenc) au début
des années 80. L’entreprise recherchait
alors un professionnel pour participer à
l’implantation de l’accès aux bases de
données internationales.
Dès lors, je n’ai plus quitté le monde de
l’information.
Pourriez-vous revenir également sur
vos expériences professionnelles et
plus particulièrement sur votre poste
actuel ?
Mon parcours professionnel allie
la documentation, le mar­ke­ting, le
journalisme et la communication :
■■ Cinq ans dans un centre de
documentation – formation à l’usage
des bases de données, recherches pour
des ingénieurs Brevet et Recherche et
Développement (Rhodia)
■■ Dix ans dans le Marketing (Cia. Suzano
de Papel e Celulose) – Gestion d’un
système d’Information Marketing ;
■■ Dix ans dans un hebdomadaire online
(Jornaldodia) – rédactrice en chef de
la rubrique « Marketing » ;
■■ Sept ans dans un centre de
documentation (Lens & Minarelli) –
recherche d’information stratégique
pour des cadres en outplacement.
■■ Et depuis 10 ans, j’ai ma propre
entreprise (V2 Consultoria
Empresarial) qui offre des services
de recherche d’information et de
communication corporate.
Pour l’aspect « recherche de l’information,
veille et analyse », je travaille sur des
projets d’intelligence concurrentielle
et stratégique souvent apportés par
des collègues membres de l’association
SCIP (Strategic and Competitive
Intelligence Professionals). Du point
de vue « Communication », je travaille
essentiellement sur la production et la
curation de contenus.
Avez-vous le sentiment que votre
métier a radicalement changé
depuis vos débuts ?Quelles sont les
principales évolutions que vous avez
ressenties ?
Larévolutionnumériqueain­déniablement
changé les choses : avant, il fallait être
un professionnel de l’infor­ma­­tion pour
bien accéder aux bases de données
tra­di­tionnelles. Désormais grâce à la
démocratisation de l’accès au Web et les
efforts d’édu­ca­tion aux médias et à l’in­­for­
mation, cette fonction a pu être exercée
par d’autres types de professionnels
dans les organisations, surtout dans le
domaine de l’information tech­nique et
scientifique. Les limites qui marquaient
le champ de travail des docu­men­talistes
ont été élargies et des professionnels
issus d’autres spécialités avec de bonnes
connaissances techni­ques et des outils y
ont trouvé leur place.
Quelle est la situation des
professionnels de l’information au
Brésil ?
D’après ce que je vois, c’est surtout dans
la fonction pu­bli­que qu’on trouve les dits
« professionnels de l’in­for­ma­tion » au
Brésil ; la ma­jorité des offres d’emploi pro­
viennent de ce secteur.
Par contre, on voit émerger une
nouvelle génération de pro­fessionnels

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de l’information inté­ressée par l’entre­
prenariat et la fonction information dans
les entreprises.
Dans ce dernier cas, il faut souvent suivre
une formation complémentaire sur
des su­jets connexes pour accéder à des
postes liés à la business intelligence (BI),
au marketing numérique, à la compe­
titive intelligence etc. et pouvoir tra­vailler
comme analyste de l’in­for­mation (ou de
données).
Je n’ai pas le sentiment que le métier soit
en voie de dispa­rition mais il y a né­cessi­té
de se renouveler en permanence.
Vousêtesunehabituéedesoutilsde
rechercheprofessionnelscommeles
basesdedonnées(presse,businessou
scientifique).Quellessontcellesqui
remportentvotrepréférenceetpour
quellesraisons ?
Je compte sur les principaux jour­naux
brésiliens pour iden­tifier l’information, des
sour­ces d’information et des experts dans
les domaines que je surveille.
Pour les analyses sectorielles, j’ai souvent
recours à Euro­monitor Institutional
Investor Group (EMIS) qui cible les
marchés émergents. Et chez Alacra je
peux avoir une bonne vision de l’infor­
mation nécessaire grâce aux études de
marché et profils d’entreprises. Dans les
deux cas, on a la possibilité d’acheter des
rapports spécifiques sans la nécessité de
s’y abonner, ce qui est un point positif
indéniable.
Pour effectuer des recherches
d’informations, avez-vous
uniquement recours aux bases de
données payantes ou bien intégrez-
vous aussi de plus en plus les médias
sociaux (Twitter, LinkedIn, les
réseaux sociaux thématiques, etc.) ?
Oui, je vais désormais au-delà des bases
de données. J’ai par exemple recours à
LinkedIn où je suis les mouvements les
plus récents de l’entreprise à laquelle
je m’intéresse à travers les embauches
(types de postes et niveau de séniorité
recherché) ainsi que les dis­cussions dans
les autres entre­pri­ses du secteur ciblé.
Sur Facebook, je surveille les commen­
taires d’employés, les réponses à des
questions posées, etc.
Je vois, cependant, de plus en plus la
nécessité de compter sur les services
d’agences ou outils spécialisés pour
faire face aux enjeux d’une recherche
plus avancée sur l’ensemble des médias
sociaux, allant au-delà des outils gratuits
comme Social Mention et Klout.
Ces démarches sur les médias sociaux
pourront compléter ce qu’on aura trouvé
ailleurs et permettent d’identifier des
informations un peu plus « fraîches » sur
ce qui se passe.
Pourriez-vous nous en dire un peu
plus sur votre processus de veille ?
Quels sont les outils que vous utilisez
(plateforme de veille, lecteur de flux,
alertes dans les bases de données,
etc). Pourquoi et comment les avez-
vous choisis ?
Mon processus de veille commence par
l’identification des besoins en matière
d’in­for­mation notamment en par­tant des
key intelligence ques­tions (KIQs) et key
intelligence topics (KITs). J’accor­de une
grande impor­tance au dialo­gue avec les
clients.
Avant de débuter la collecte d’infor­
mations, je cherche toujours à vérifier
chez le client s’il n’a pas déjà des accès et
abonnements aux sources d’infor­­mations
spécialisées (revues, associations,
etc.). Il n’est pas rare de dénicher des
informations importantes ca­chées dans
des tiroirs qui peuvent aider à réduire le
budget et à gagner du temps.
Au fur et à mesure de la collecte et du
regroupement des données, l’analyste
et moi-même évaluons d’autres dé­
marches possibles pour répondre au
mieux aux pro­blématiques du projet en
ayant recours notamment aux diverses
techniques d’analyse.
Suite aux conclusions et aux re­comman­
dations,jepasseensuiteàlacaté­gorisation
des infor­mations, ce qui servira en­suite
à explorer des points spé­cifiques dans le
livrable final.
En terme d’outil, j’apprécie le lecteur
de flux RSS Feedly avec son inter­face
ergonomique et ses diverses fonctionna­
lités telles que keyword alerts, mute filter
et read later. Je tire aussi parti des alertes
Google.
Avez-vous découvert récemment de
nouvelles bases de données ou outils
de veille particulièrement intéressants
ou innovants qui pourraient
également intéresser nos lecteurs ?
Oui, j’ai découvert récemment les outils
Stalkscan pour la recherche sur Facebook
ainsi qu’Import.io qui permet d’extraire
du contenu ou des données d’un site
Web et de le transformer en données
structurées.
Quelles sont vos méthodes pour rester
à jour sur tout ce qui concerne la veille
et la recherche d’information : lecture
de blogs, revues spécialisées, comptes
Twitter, formations, associations,
etc. ?
J’ai des listes surTwitter qui me permettent
de suivre l’infor­mation concernant la veille
et la recherche d’infor­mation d’une part et

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l’aspect communication d’autre part. Sur
LinkedIn, j’ai aussi des connexions choisies
liéesàmesintérêtspro­fessionnels etjesuis
leurs pu­bli­cations, livres blancs, blogs etc.
Je compte, en plus, sur les échanges avec
les pro­fessionnels des asso­ciations pro­
fe­ssionnelles Strategic and Competitive
Intelligence Pro­fessionals (SCIP) et
l’Association of Independent Information
Professionals (AIIP).
Quelles sont selon vous les
principales qualités indispensables
pour un professionnel de la recherche
et de la veille ?
Selon moi, le professionnel de l’informa­
tion doit être doté d’une bonne capacité
à lire et écouter d’une façon critique – en
sachant extraire d’un texte ou d’une
conversation ce qui est essentiel pour
répondreaux questions posées. Il doit éga­
lement faire preuve de per­sévérance pour
aller plus loin dans ses objectifs et accéder
aux meilleures sour­ces d’information.
Il doit en­suite développer un sens de
l’écoute envers ses clients, pour pouvoir
faire face à leurs vé­ritables besoins.
Enfin, il est indispensable de disposer
de compétences rédactionnelles et de
capacités d’organisation afin de rendre
claires les con­clusions de la veille.
Comment imaginez-vous l’avenir de
notre profession et votre propre avenir
professionnel ?
Je pense que l’avenir de la profession
va être de plus en plus lié aux médias ­­­­­
sociaux et à la science des données pour
faire face aux big data ; récemment par
exemple, j’ai vu une offre d’emploi pour
un profil ayant une formation biblio-
théconomique/Lettres dans une agence
dédiée à l’enseignement de techniques
d’analyse de données.
De mon côté, je souhaite continuer à
développer mes services auprès des
entreprises mais également auprès des
personnes désirant établir une stratégie
médias sociaux éfficace et améliorer leur
compétence en matière de recherche sur
le Web. J’aimerais aussi m’impliquer dans
des projets liés à l’éducation aux médias
et à l’information.
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