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« Depuis bien longtemps, il a été donné de consulter que la diversité des formes d’habitat
correspondait à de diverses cultures, groupes sociaux, sociétés ou civilisations, et donc il
existait un rapport entre ces deux dimensions (habitat et société, certains ont été jusqu’à dire
que l’habitat est la projection de la société dans l’espace » (Alkama.DJ, 1995).
Les sociologues voient que l’habitat n’est qu’une projection de la société dans l’espace, et que
la diversité de l’habitat correspond aux diverses cultures, groupes sociaux et sociétés ou
civilisations. Donc l’existence de rapport entre deux dimensions : l’habitat et la société.
Pour appréhender cette notion, il faut partir de l’individu avec sa propre complexité et son
propre espace vital, pour aboutir au groupe social avec la multiplicité de ses fonctions, de ses
réactions et la diversité des espaces qui les abritent. Ceci dit qu’en interprétant et analysant
ce qu’a produit un groupe social, on pourra étudier l’habitat. Étudier l’habitat : c’est analyser
les rapports dans la vie de la famille, pour produire un habitat approprié en accord avec la
famille et son cadre de vie, et ce que la société lui impose. C’est dans ce contexte que le
concept d’habitat approprié se trouve adopté par l’approche des existentialistes
qu’Heddeguer prône et par la suite Norbert Schultz y adhère. (Alkama.DJ, 1995).
I.2. L’approche existentialiste :
 I.2. L’approche existentialiste :
 Nous retenons la définition de Norbert Schulz 1985 inspirée des
théories d’Heiddeguer, dans son livre « habiter » vers une
architecture figurative, « habiter quelque parts implique qu’un
rapport s’établit entre humain et milieu donné ». Où il met
l’accent sur l’existence et l’acte d’habiter ; habiter c’est donc
nouer des liens d’appartenance et de familiarisation avec le lieu.
Schulz donne ici une signification de l’habitat au delà du cadre
construit. Un acte d’identification, un langage de code, de signes
et de symboles qui s’établissent pour la reconnaissance du lieu
d’appartenance. Ceci dit, que l’habitat acquiert une dimension
au- delà de celle physique et matérielle, pour atteindre une
dimension sentimentale .Ceci dit, rencontrer d’autres êtres
humains et échanger des idées et des sentiments, se mettre
d’accord avec eux donc accepter certaines valeurs.
I.3. L’approche anthropologiste :
 Cette approche est soutenue par Amos Rappoport 1978 dans son livre
« pour une anthropologiede la maison », « la forme de l’habitation
est régie par plusieurs conditions de l’environnement, citons entre
autres celles climatiques, cependant les conditions culturelles et
religieuses sont plus déterminantes .donc, c’est l’environnement qui
conditionne les formes. » (Rappoport.A, 1978). En mettanten évidence
l’environnementde l’homme principalement l’environnement bâti,
toute analyse de l’habitat ramène vers une étude des rapports entre
espace et société. Ainsi, P.Bauduel définit l’habitat à partir de sa
production « produire un habitat c’est donc d’abord aménager les
relations sociétales, organiser les proximités et les distances, tracer les
limites entre un dedans et un dehors » (Rappoport.A, 1978). C’est à
partir de cette définition que les anthropologues considèrentque
l’espace habité est régi par les références du groupe, de ce fait « l’espace
habité est donc un espace orienté et tendancieux spécifiquement selon
la culture de référence » (Rappoport.A, 1978).
I.4. L’approche des géographes :
 L’habitat est défini comme une présence localisée géométriquementet
arithmétiquementde l’espace. Donc « l’habitat est la forme de
groupement des individus défini par rapport au cadre naturel et
fonctionnel qui supporte et environne ce groupement, il se définit à la
fois par un chiffre, donc par rapport au nombre, et par un lieu ou une
forme de lieu, donc par rapport à l’espace et à un espace qualifié »
(Zucchelli.A, 1984).
 Pour J Ion « contient en lui-même toute articulation entre le domaine
construit et l’espace environnant proche ou lointain, géographique ou
social » (Benmatti N.A, 1982). Cette approche aide à faire une
classificationde l’habitat suivant la nature des occupationsdes
individus, dans la mesure où l’activitéet la nature du travail exercent
une influence directe sur les formes et les dimensionsde l’habitat
humain. Par conséquent nous distinguonsdeux types : l’habitat rural et
l’habitat urbain, où l’agriculturesupporte le premier type et l’activité
économique le second. (Alkama.DJ.1995).
I.5. L’approche morpho
descriptive :
 Dans ses définitionscette approche se base sur la description des
éléments morphologiques et fonctionnelsde l’habitat. Selon Claire et
Michel Duplay : « l’objet de l’architecture est de concevoir le cadre de
vie quotidienne, c’est-à-dire l’habitat. D’un point de vue fonctionnel,
l’habitat est l’ensemble formé par le logement, ses prolongements
extérieurs, les équipements et leur prolongement extérieurs, les lieux de
travail secondaires ou tertiaires. D’un point de vue morphologique,
l’habitat est l’ensemble des systèmes en évolution qui créent le lieu de
ces différentes activités » » (Duplay. M et C, 1982).
 D’autre part Pour N.A.Benmatti : « l’habitat comprend d’abord le
logement quel que soit sa nature, appartement ou villa, sa surface ou
son confort, il comprend ainsi l’ensemble des équipements socio
économiques et des infrastructures de viabilisation ». (Benmatti N.A,
1982).
 En conclusion, cette approche en se basant sur l’aspect morphologique
de l’habitat néglige l’influencedu site naturel et l’activitécomme le
soulignent les géographes.
I.6. L’approche internationaliste :
 Le concept d’habitat se trouve défini par le mouvement
moderne comme produit de l’industrialisation, servant
d’abri démuni de toute connotation sociale ou
contextuelle .Le Corbusier le qualifie d’une machine à
habiter. Les architectes du mouvement moderne ont
opté pour la standardisation de l’habitat en le rendant
un simple produit de l’industrialisation pour répondre
au grand nombre. Cette approche quantitative n’a fait
qu’appauvrir l’habitat et le démunir de tous ses
symboles d’identité et d’appartenance à un lieu.
I.7. L’approche politico
économique :
 Ce concept se trouve défini par les instancesde l’ONU lors de la
conférencede Vancouver. « La conception des établissements
humains doit chercher à créer un cadre de vie ou l’identité des individus,
des familles et des sociétés soit préservée et ou soient ménagés les
moyens d’assurer la jouissance de la vie privée, les contacts personnels
et la participation de la population à la prise de décision ». (Benmatti
N.A, 1982). Cependant les politiciensvoient l’habitat en tant qu’outil de
développement local et totalitaire. A partir de ces essais de définitions,
il reste encore nécessaired’éluciderquelques notions liées à l’habitat
afin de le mieux cerner, les termes : logement, habitation, domicile,
maison, demeure, logis, l’habiter …etc. sont souvent utiliséscomme des
synonymes mais pour dépasser les significationssuperficielles, il
faudrait faire précision.
 ONU : Organisation des Nations Unies
 Ville canadienne, siège de la conférence internationale sur l’habitaten
1976.
III. Les diverses typologies
d’habitat
 Après avoir cerné en profondeur le concept d’habitat
sous différents angles, ce dernier apparaît comme un
indicateur des aspirations de la société et de ses
mutations, car l’habitat est une projection sur l’espace
des manifestations de la communauté et des
conjonctures politico économiques. Ainsi, à travers les
formes et les mutations de l’habitat, il est possible de
décrypter les tendances profondes, les aspirations, et
les besoins de la société en matière d’habitat. Aussi, il
est impératif dans cette partie, de traiter les différentes
typologies de l’habitat existantes en Algérie :
III.1.L’habitat traditionnel :
 Il s’agit de « constructions produites par un groupe culturel pour lui-même,
elles servent de cadre à sa vie quotidienne, s’y inscrivent les besoins et les
désirs du groupe, et la mesure ou ils s’en distinguent, ceux de l’individu.
Qualifiée parfois de populaire, ou de spontanée, la construction est
rarement l’œuvre d’un spécialiste. Elle s’oppose aux monuments, aux
bâtiments de style qui représentent la culture d’une élite .Elle est réalisée
par les utilisateurs eux-mêmes, conformément à leurs désirs ainsi qu’aux
valeurs culturelles du groupe : elle émane à la fois de la communauté et de
l’individu ». (LIoyd Wright. F, 1978). Cet habitat, étant produit du génie
populaire, était une symbiose d’éléments structurants de la vie de ses
auteurs. Il est produit par eux-mêmes, pour eux-mêmes, nul n’est laissé au
hasard mais répondait parfaitement à leurs exigences dans le temps et
dans le lieu.
 Selon N.A.Benmatti, ce type d’habitat est déterminé par un mode
d’utilisation, par une architecture et par un procédé de réalisation. Le
mode d’utilisation est fonction des relations sociales au sein de la famille
et au sein de la communauté. L’architecture dépend des phénomènes
complexes, parmi lesquelles des spécificités climatiques et d’esthétiques
ne sont pas absentes. Le procédé de réalisation est fonction de
l’architecture mais aussi des matériaux disponibles, essentiellement des
matériaux locaux. (Benmatti N.A, 1982).
 L’habitat traditionnel n’est pas seulement une architecture mais beaucoup de valeurs sociales en
sortaient telles que l’entraide et la solidarité. En outre, ce type d’habitat notamment celui dans les
milieux ruraux, constituait une véritable entreprise économique et sociale. L’habitation disposantde
fonctions attenantes tel que l’agriculture, des espaces pour le four à céramiques, les métiers à tisser,
les pressoirs à olives….etc.) Joue un rôle du producteur. « La maison joue ainsi une fonction de
production artisanale, unité d’habitation, unité économique, la maison traditionnelle est aussi une
unité de consommation collective…l’habitation traditionnelle constituait une entité économique et
sociale relativement autonome et sa structure reposait sur la reproduction de la famille élargie »
(Boubekeur.S, 1986).
 Tous les éléments architecturaux de ce type d’habitat (entrée en chicane, ouvertures, cour ou
patio,…) expriment tous des valeurs culturelles telles que la préservation de l’intimité familiale. Le
processus de productionde ce dernier est particulier, étant donné qu’il est régi par des valeurs de la
tradition, la construction devient ainsi un rituel. « La construction possède des aspects rituels et
religieux importants ; l’acte de technique est assimilé à un acte mystique. Les travaux de la
construction et les obligations rituelles sont riches et complexes, on ne peut pas supposer que la
technique précède le rituel ». (Rappoport.A, 1972).
 La pratique de « la Touisa » qui constitue en l’association de tous, pour la réalisation de l’habitation
et d’autres ouvrages pour le bénéfice des membres de la communauté.
 « Dans le processus de production l’aide n’est pas uniquement d’ordre technique, elle est aussi
rituelle » (Boubekeur.S, 1986).
 En guise de conclusion, l’habitat traditionnel n’est pas seulement un abri mais une structure
économique, lieu de préservation des valeurs culturelleset sociales et un équilibre au sein de la
société. Tout ceci nous permet de comprendre et justifier la variété de ce type dans un pays comme
l’Algérie ayant une vaste superficie ; nous distinguons trois catégories : (Boubekeur.S, 1986).
 l’habitat traditionnel du nord (les médinas)
 l’habitat traditionnel des zones rurales éparses et les hauts plateaux (Chaoui, kabyle,…)
 l’habitat traditionnel des zones arides et semi arides (soufi, mozabite).
III.1.1.l’habitat traditionnel du
nord (les médinas) :
 Le tissu se déploie sans places mais des rues sinueuses.
Les maisons sont organisées sur l’intimité et la
sécurité. Elles sont conçues de sorte qu’elles
permettent la cohabitation de plusieurs ménages
(famille élargie) autour d’un patio commun (Fig. I.2.).
La maison a une seule porte d’entrée, qui donne sur la
rue ou une impasse, les chambres disposent
généralement d ‘ouverture vers l’intérieur rarement
vers l’extérieur
III.1.2. l’habitat traditionnel des
zones rurales éparses et les hauts
plateaux :
 Son aspect de regroupement en hameaux, d’une forme qui tend
vers le rural.
 Des maisonnettes communicantes forment la grande maison ; au
fur et à mesure de l’élargissement de la famille, les maisons sont
construites, soit en pierre ou en pisé, les fenêtres donnent sur la
cour (Voir fig.I.1). En Kabylie tous les mâles, mariés ou non,
issues d’un même aïeul, résident des maisons contiguës ; d’où
vient que toutes les maisons sont groupées autour d’une cour, et
forment une enceinte, où l’on accède par un porche unique.
 « Les Kabyles habitent des maisons de pierre aux toits de tuiles
dont la construction est une tache complexe. Bien qu’on fasse
appel à des artisans, c’est la famille et la communauté qui sont les
premiers responsables, et famille, voisins et amis, tous coopèrent,
donnant un exemple de construction vraiment collective. »
(Rappoport.A, 1972).
III.1.3. l’habitat traditionnel des
zones arides et semi arides :
 Se caractérise par une grande variété, et sa richesse en
éléments architecturaux bioclimatiques face au climat
rude saharien (Voir Fig.I.1). « Les maisons sont
conçues pour permettre l’isolement impératif des
hommes et des femmes et la protection contre la
chaleur » (Benmatti .N.A, 1982). L’inexistence
d’ouvertures vers l’extérieur est associée à l’utilisation
des matériaux tel que : la pierre et le Toub. Nous
citons quelques exemples :
 Toub : brique de terre.
 L’habitat soufi : les villages Soufis se caractérisent par
l’uniformitédes styles (coupoles, voûtes). (Voir Fig.I.1) Les
habitations disposent de courettes couvertes de palme,
d’une cave pour la sieste en été et d’une terrasse pour
dormir la nuit. Le niveau du plancher est généralement
plus bas que celui de l’extérieur ; les matériaux utilisés sont
essentiellement la rose de sable, la pierre, le plâtre.
 L’habitat du Mz’ab : La ville est construite autour d’une
mosquée fortifiée, qui assure la protection aussi bien
morale que physique. L’isolement entre les femmes et les
hommes et la préservation de l’intimité ainsi que la
protection contre l’aridité du climat, priment dans cette
architecture. La maison s’articule autour d’un Wast Eddar
(voir Photo I.1), (voir Fig.I.3).
Ainsi que l’inexistence d’ouvertures vers l’extérieur sauf la porte
d’entrée .La maison dispose d’une terrasse complètement isolée
du vis-à-vis pour permettre aux femmes de sortir à l’air libre, (voir
photo.I.2), ainsi qu’un espace pour le séchage des dattes appelé
«l’ ikomar ». (Ravéreau A, 1981).
 Les matériaux utilisés sont les pierres, le Toub (brique de
terre séchée), le « Timchent » (calcaire mélangé de gypse),
le gypse, le « Djir » (chaux) et le bois, palmier. Les
planchers sont faits à base de poutres de palmes recouverts
d’argile. Ce type d’habitat n’a subi que peu de changement
et cela est dû essentiellement à l’attachement légendaire de
la communauté Mozabite à ses traditions.
 Généralement, l’habitat traditionnel en Algérie ne se trouve
pas dans son état initial mais il a subi des transformations
souvent radicales ; vu les mutations qu’a connues l’Algérie
et une colonisation qui a duré plus d’un siècle, cette
dernière a introduit un autre type d’habitat plus commode
et fonctionnel, dirigé à une catégorie précise de la société.
Ceci a entraîné des changements dans la perception
idéologique des besoins. Un nouveau type d’habitat
apparaît : c’est l’habitat collectif.
III.2. L’habitat collectif :
 III.2. 1. « Normaliser, standardiser et livrer » : ceci a été
impératif pour résoudre le problème de la crise du logement, et
la volonté des pouvoirs de construire vite et en grand nombre.
Hérité de la politique des HLM en France des années cinquante.
Ce type d’habitat s’est avéré assez mal adapté au mode de vie
algérien, notamment du point de vue de son exiguïté : surface
habitable qui se situe en deçà du minimum requis pour les
besoins d’une famille algérienne moyenne. (Alkama.DJ. 1995).
(Voir Photo. I.3). Ceci est déclaré dans le contenu de la charte
nationale qui fixe les objectifs généraux et les orientations de la
politique de l’habitat, dont l’essentiel peut être énoncé : « loger
dans les conditions décentes et selon les normes minimales du
confort moderne est un élément fondamental de l’amélioration du
niveau de vie des masses » (Benmatti.N.A, 1982).
 HLM : Habitation à Loyer Modéré.
 « Or ce que l’on constate à travers ce qui a été construit durant cette dernière
décennie, est basé sur des programmes de typification, dont l’aspect
morphologique et dimensionnel des unités d’habitations sont repris
systématiquement de ce qui a été produit en Europe aux années cinquante. A cet
égard, le modèle et les gabarits des constructions varient par moments, mais
pas selon les données du contexte ou la catégorie socioprofessionnelle mais
selon la convention et les techniques de construction des entreprises ou les
bureaux d’étude étrangers qui bénéficient du marché de réalisation, or que le
secteur privé avait connu une autre situation » (Hammidou.R, 1989).
 L’espace dans ce type d’habitat est normalisé par les spécialistes étant
architectes et urbanistes. Au niveau de la conception, on passe d’un type
d’habitation introverti à patio à un type d’habitation extraverti à couloir
distributeur ; de la polyvalence des espaces à la spécialisation des pièces
(cuisine, séjour, chambres,…). Cette organisation est inadaptée aux besoins des
utilisateurs. L’agencement des pièces, la spécialisation, l’exiguïté des pièces et le
mobilier favorisent l’individualisme empêchant toute communication. Réduite
à une marchandise, l’habitation en acquérant la valeur d’usage en tant que
produit, perd ainsi sa valeur d’usage culturelle. (Boubekeur.S, 1986), (Voir
photo.I.4).
 III.2. 2. « L’inadéquation du type collectif au mode de vie algérien :
 Selon N.A. Benmatti :"Si la population rejette l'habitat collectif c'est parce qu'il n'existe
aucun repère d'appartenance, aucun sentiment d'implication, aucune possibilité de
marquer individuellement son espace intérieur, ce modèle n'était pas satisfaisant, les
populations se sont mises à édifier un habitat qui correspond à leurs aspirations. Les
populations pauvres produiront un habitat à bas prix édifié dans certains cas avec des
matériaux de fortune. Les populations les plus riches produiront un habitat par contre
plus personnalisé de type pavillonnaire, au prix de revient très élevé" (Benmatti.N.A, 1982).
 L’habitat collectif comme solution à la crise d'habitat en Algérie avait un effet néfaste sur
la vie sociale de la population algérienne. Ce type d'habitat réfléchi d'un seul point de vue
de rationalisation des espaces (économie), et réduction du temps (reloger le maximum de
la population dans de courts délais), a induit à une conception de logement déterministe.
 A chaque espace, on détermine sa fonction et son utilisation et comment ils doivent être
appropriés. La maison se constitue d’espaces monofonctionnels ; ceci a provoqué une
inadéquation sur le plan spatial et par conséquent sur le plan social (modification des
rapports sociaux et ceux de voisinage ; destruction du mode de production de
l’agriculture vers l’industrie).
 Or, la maison traditionnelle à travers son organisation, son utilisation des matériaux
locaux est la projection d'un mode de vie et d’une certaine culture. C'est tout un
processus socio –historico –économique. Constituée de pièces entourant un espace
central ouvert, l’habitation traditionnelle favorise le rassemblement, et la polyvalence des
pièces (célébration des fêtes, mariages, circoncision,….) renforce les liens sociaux. faste
sur la vie sociale de la populationAinsi, on assiste à la destruction des fondations du
mode d’habitation qui caractérise la conception traditionnelle de la famille élargie où le
maintien de cette dernière n’est plus possible avec ce nouveau mode d’habitation.
III.3. L’habitat individuel :
 III.3. 1.L’habitat urbain planifié :
 L’origine de ce type remonte à l’ère de la colonisation. L’administration
française avait lancé les premières opérations de l’habitat individuel urbain
planifié sous forme de lotissements ou de logements promotionnels financés
par l’état pour les colons européens, d’une typologie d’habitation européenne,
qui se trouvait par la suite occupée par des familles algériennes d’origines
rurales. Ces dernières trouvaient une grande difficulté pour s’y adapter.
 « Or l’habitat en appartement est en Algérie pour la population nationale un
aboutissement ou une conséquence d’une évolution historique (fin de la
colonisation) et non d’une évolution sociale fondée sur un processus
d’adaptation de l’habitat algérien à la famille actuellement, on se trouve à un
pôle opposé de mutation sociale on assiste à l’adaptation de la famille au type
d’habitat en appartement » (Sayed.A, 1980).
 L’absence de la réglementation pendant la période de lapost-indépendance n’a
fait qu’aggraver la situation par les transactions foncières non déclarées, et les
occupations des terrains communaux et domaniaux d’une manière illicite.
III.3. 2.L’habitat auto construit
planifié :
 Les années soixante dix ont connu l’apparition de textes juridico -techniques afin de
mettre fin à ces transactions et ces occupations illicites. Parmi lesquelles ; les lois des
réserves foncières et le permis de construire dans le but de réglementer l’aménagement et
la construction dans les zones urbaines intégrées dans le périmètre dit à urbaniser et
l’apparition des ZHUN. Celles-ci définies par le PUD, jugé non fiable, fut remplacé par de
nouveaux outils d’aménagement PDAU et POS .Ces derniers définissent la typologie de
l’habitat dans le cadre des opérations du logement social ou de la promotion, suivant la
nature du financement. Dans le cadre des lotissements et des coopératives, une nouvelle
typologie apparaît : « l’habitat individuel planifié auto construit », « auto promu ».
Mais malheureusement ces lotissements ne furent qu’un travail de morcellement, sans
prendre en considération la nature du site, ni les aspirations des promoteurs. Dans
l’absence de la gestion et du contrôle urbain, ces lotissements apparaissent sous un aspect
anarchique. Des habitations urbaines munies de balcons, mal alignées, loin de refléter un
habitat règlementaire.
 ZHUN : Zone d’Habitat Urbaine Nouvelle.
 PUD : Plan d’Urbanisme Directeur.
 PDAU : Plan directeur d’Aménagement Urbain.
 POS : Plan d’Occupation des Sols.

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  • 1. « Depuis bien longtemps, il a été donné de consulter que la diversité des formes d’habitat correspondait à de diverses cultures, groupes sociaux, sociétés ou civilisations, et donc il existait un rapport entre ces deux dimensions (habitat et société, certains ont été jusqu’à dire que l’habitat est la projection de la société dans l’espace » (Alkama.DJ, 1995). Les sociologues voient que l’habitat n’est qu’une projection de la société dans l’espace, et que la diversité de l’habitat correspond aux diverses cultures, groupes sociaux et sociétés ou civilisations. Donc l’existence de rapport entre deux dimensions : l’habitat et la société. Pour appréhender cette notion, il faut partir de l’individu avec sa propre complexité et son propre espace vital, pour aboutir au groupe social avec la multiplicité de ses fonctions, de ses réactions et la diversité des espaces qui les abritent. Ceci dit qu’en interprétant et analysant ce qu’a produit un groupe social, on pourra étudier l’habitat. Étudier l’habitat : c’est analyser les rapports dans la vie de la famille, pour produire un habitat approprié en accord avec la famille et son cadre de vie, et ce que la société lui impose. C’est dans ce contexte que le concept d’habitat approprié se trouve adopté par l’approche des existentialistes qu’Heddeguer prône et par la suite Norbert Schultz y adhère. (Alkama.DJ, 1995).
  • 2. I.2. L’approche existentialiste :  I.2. L’approche existentialiste :  Nous retenons la définition de Norbert Schulz 1985 inspirée des théories d’Heiddeguer, dans son livre « habiter » vers une architecture figurative, « habiter quelque parts implique qu’un rapport s’établit entre humain et milieu donné ». Où il met l’accent sur l’existence et l’acte d’habiter ; habiter c’est donc nouer des liens d’appartenance et de familiarisation avec le lieu. Schulz donne ici une signification de l’habitat au delà du cadre construit. Un acte d’identification, un langage de code, de signes et de symboles qui s’établissent pour la reconnaissance du lieu d’appartenance. Ceci dit, que l’habitat acquiert une dimension au- delà de celle physique et matérielle, pour atteindre une dimension sentimentale .Ceci dit, rencontrer d’autres êtres humains et échanger des idées et des sentiments, se mettre d’accord avec eux donc accepter certaines valeurs.
  • 3. I.3. L’approche anthropologiste :  Cette approche est soutenue par Amos Rappoport 1978 dans son livre « pour une anthropologiede la maison », « la forme de l’habitation est régie par plusieurs conditions de l’environnement, citons entre autres celles climatiques, cependant les conditions culturelles et religieuses sont plus déterminantes .donc, c’est l’environnement qui conditionne les formes. » (Rappoport.A, 1978). En mettanten évidence l’environnementde l’homme principalement l’environnement bâti, toute analyse de l’habitat ramène vers une étude des rapports entre espace et société. Ainsi, P.Bauduel définit l’habitat à partir de sa production « produire un habitat c’est donc d’abord aménager les relations sociétales, organiser les proximités et les distances, tracer les limites entre un dedans et un dehors » (Rappoport.A, 1978). C’est à partir de cette définition que les anthropologues considèrentque l’espace habité est régi par les références du groupe, de ce fait « l’espace habité est donc un espace orienté et tendancieux spécifiquement selon la culture de référence » (Rappoport.A, 1978).
  • 4. I.4. L’approche des géographes :  L’habitat est défini comme une présence localisée géométriquementet arithmétiquementde l’espace. Donc « l’habitat est la forme de groupement des individus défini par rapport au cadre naturel et fonctionnel qui supporte et environne ce groupement, il se définit à la fois par un chiffre, donc par rapport au nombre, et par un lieu ou une forme de lieu, donc par rapport à l’espace et à un espace qualifié » (Zucchelli.A, 1984).  Pour J Ion « contient en lui-même toute articulation entre le domaine construit et l’espace environnant proche ou lointain, géographique ou social » (Benmatti N.A, 1982). Cette approche aide à faire une classificationde l’habitat suivant la nature des occupationsdes individus, dans la mesure où l’activitéet la nature du travail exercent une influence directe sur les formes et les dimensionsde l’habitat humain. Par conséquent nous distinguonsdeux types : l’habitat rural et l’habitat urbain, où l’agriculturesupporte le premier type et l’activité économique le second. (Alkama.DJ.1995).
  • 5. I.5. L’approche morpho descriptive :  Dans ses définitionscette approche se base sur la description des éléments morphologiques et fonctionnelsde l’habitat. Selon Claire et Michel Duplay : « l’objet de l’architecture est de concevoir le cadre de vie quotidienne, c’est-à-dire l’habitat. D’un point de vue fonctionnel, l’habitat est l’ensemble formé par le logement, ses prolongements extérieurs, les équipements et leur prolongement extérieurs, les lieux de travail secondaires ou tertiaires. D’un point de vue morphologique, l’habitat est l’ensemble des systèmes en évolution qui créent le lieu de ces différentes activités » » (Duplay. M et C, 1982).  D’autre part Pour N.A.Benmatti : « l’habitat comprend d’abord le logement quel que soit sa nature, appartement ou villa, sa surface ou son confort, il comprend ainsi l’ensemble des équipements socio économiques et des infrastructures de viabilisation ». (Benmatti N.A, 1982).  En conclusion, cette approche en se basant sur l’aspect morphologique de l’habitat néglige l’influencedu site naturel et l’activitécomme le soulignent les géographes.
  • 6. I.6. L’approche internationaliste :  Le concept d’habitat se trouve défini par le mouvement moderne comme produit de l’industrialisation, servant d’abri démuni de toute connotation sociale ou contextuelle .Le Corbusier le qualifie d’une machine à habiter. Les architectes du mouvement moderne ont opté pour la standardisation de l’habitat en le rendant un simple produit de l’industrialisation pour répondre au grand nombre. Cette approche quantitative n’a fait qu’appauvrir l’habitat et le démunir de tous ses symboles d’identité et d’appartenance à un lieu.
  • 7. I.7. L’approche politico économique :  Ce concept se trouve défini par les instancesde l’ONU lors de la conférencede Vancouver. « La conception des établissements humains doit chercher à créer un cadre de vie ou l’identité des individus, des familles et des sociétés soit préservée et ou soient ménagés les moyens d’assurer la jouissance de la vie privée, les contacts personnels et la participation de la population à la prise de décision ». (Benmatti N.A, 1982). Cependant les politiciensvoient l’habitat en tant qu’outil de développement local et totalitaire. A partir de ces essais de définitions, il reste encore nécessaired’éluciderquelques notions liées à l’habitat afin de le mieux cerner, les termes : logement, habitation, domicile, maison, demeure, logis, l’habiter …etc. sont souvent utiliséscomme des synonymes mais pour dépasser les significationssuperficielles, il faudrait faire précision.  ONU : Organisation des Nations Unies  Ville canadienne, siège de la conférence internationale sur l’habitaten 1976.
  • 8. III. Les diverses typologies d’habitat  Après avoir cerné en profondeur le concept d’habitat sous différents angles, ce dernier apparaît comme un indicateur des aspirations de la société et de ses mutations, car l’habitat est une projection sur l’espace des manifestations de la communauté et des conjonctures politico économiques. Ainsi, à travers les formes et les mutations de l’habitat, il est possible de décrypter les tendances profondes, les aspirations, et les besoins de la société en matière d’habitat. Aussi, il est impératif dans cette partie, de traiter les différentes typologies de l’habitat existantes en Algérie :
  • 9. III.1.L’habitat traditionnel :  Il s’agit de « constructions produites par un groupe culturel pour lui-même, elles servent de cadre à sa vie quotidienne, s’y inscrivent les besoins et les désirs du groupe, et la mesure ou ils s’en distinguent, ceux de l’individu. Qualifiée parfois de populaire, ou de spontanée, la construction est rarement l’œuvre d’un spécialiste. Elle s’oppose aux monuments, aux bâtiments de style qui représentent la culture d’une élite .Elle est réalisée par les utilisateurs eux-mêmes, conformément à leurs désirs ainsi qu’aux valeurs culturelles du groupe : elle émane à la fois de la communauté et de l’individu ». (LIoyd Wright. F, 1978). Cet habitat, étant produit du génie populaire, était une symbiose d’éléments structurants de la vie de ses auteurs. Il est produit par eux-mêmes, pour eux-mêmes, nul n’est laissé au hasard mais répondait parfaitement à leurs exigences dans le temps et dans le lieu.  Selon N.A.Benmatti, ce type d’habitat est déterminé par un mode d’utilisation, par une architecture et par un procédé de réalisation. Le mode d’utilisation est fonction des relations sociales au sein de la famille et au sein de la communauté. L’architecture dépend des phénomènes complexes, parmi lesquelles des spécificités climatiques et d’esthétiques ne sont pas absentes. Le procédé de réalisation est fonction de l’architecture mais aussi des matériaux disponibles, essentiellement des matériaux locaux. (Benmatti N.A, 1982).
  • 10.  L’habitat traditionnel n’est pas seulement une architecture mais beaucoup de valeurs sociales en sortaient telles que l’entraide et la solidarité. En outre, ce type d’habitat notamment celui dans les milieux ruraux, constituait une véritable entreprise économique et sociale. L’habitation disposantde fonctions attenantes tel que l’agriculture, des espaces pour le four à céramiques, les métiers à tisser, les pressoirs à olives….etc.) Joue un rôle du producteur. « La maison joue ainsi une fonction de production artisanale, unité d’habitation, unité économique, la maison traditionnelle est aussi une unité de consommation collective…l’habitation traditionnelle constituait une entité économique et sociale relativement autonome et sa structure reposait sur la reproduction de la famille élargie » (Boubekeur.S, 1986).  Tous les éléments architecturaux de ce type d’habitat (entrée en chicane, ouvertures, cour ou patio,…) expriment tous des valeurs culturelles telles que la préservation de l’intimité familiale. Le processus de productionde ce dernier est particulier, étant donné qu’il est régi par des valeurs de la tradition, la construction devient ainsi un rituel. « La construction possède des aspects rituels et religieux importants ; l’acte de technique est assimilé à un acte mystique. Les travaux de la construction et les obligations rituelles sont riches et complexes, on ne peut pas supposer que la technique précède le rituel ». (Rappoport.A, 1972).  La pratique de « la Touisa » qui constitue en l’association de tous, pour la réalisation de l’habitation et d’autres ouvrages pour le bénéfice des membres de la communauté.  « Dans le processus de production l’aide n’est pas uniquement d’ordre technique, elle est aussi rituelle » (Boubekeur.S, 1986).  En guise de conclusion, l’habitat traditionnel n’est pas seulement un abri mais une structure économique, lieu de préservation des valeurs culturelleset sociales et un équilibre au sein de la société. Tout ceci nous permet de comprendre et justifier la variété de ce type dans un pays comme l’Algérie ayant une vaste superficie ; nous distinguons trois catégories : (Boubekeur.S, 1986).  l’habitat traditionnel du nord (les médinas)  l’habitat traditionnel des zones rurales éparses et les hauts plateaux (Chaoui, kabyle,…)  l’habitat traditionnel des zones arides et semi arides (soufi, mozabite).
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  • 12. III.1.1.l’habitat traditionnel du nord (les médinas) :  Le tissu se déploie sans places mais des rues sinueuses. Les maisons sont organisées sur l’intimité et la sécurité. Elles sont conçues de sorte qu’elles permettent la cohabitation de plusieurs ménages (famille élargie) autour d’un patio commun (Fig. I.2.). La maison a une seule porte d’entrée, qui donne sur la rue ou une impasse, les chambres disposent généralement d ‘ouverture vers l’intérieur rarement vers l’extérieur
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  • 14. III.1.2. l’habitat traditionnel des zones rurales éparses et les hauts plateaux :  Son aspect de regroupement en hameaux, d’une forme qui tend vers le rural.  Des maisonnettes communicantes forment la grande maison ; au fur et à mesure de l’élargissement de la famille, les maisons sont construites, soit en pierre ou en pisé, les fenêtres donnent sur la cour (Voir fig.I.1). En Kabylie tous les mâles, mariés ou non, issues d’un même aïeul, résident des maisons contiguës ; d’où vient que toutes les maisons sont groupées autour d’une cour, et forment une enceinte, où l’on accède par un porche unique.  « Les Kabyles habitent des maisons de pierre aux toits de tuiles dont la construction est une tache complexe. Bien qu’on fasse appel à des artisans, c’est la famille et la communauté qui sont les premiers responsables, et famille, voisins et amis, tous coopèrent, donnant un exemple de construction vraiment collective. » (Rappoport.A, 1972).
  • 15. III.1.3. l’habitat traditionnel des zones arides et semi arides :  Se caractérise par une grande variété, et sa richesse en éléments architecturaux bioclimatiques face au climat rude saharien (Voir Fig.I.1). « Les maisons sont conçues pour permettre l’isolement impératif des hommes et des femmes et la protection contre la chaleur » (Benmatti .N.A, 1982). L’inexistence d’ouvertures vers l’extérieur est associée à l’utilisation des matériaux tel que : la pierre et le Toub. Nous citons quelques exemples :  Toub : brique de terre.
  • 16.  L’habitat soufi : les villages Soufis se caractérisent par l’uniformitédes styles (coupoles, voûtes). (Voir Fig.I.1) Les habitations disposent de courettes couvertes de palme, d’une cave pour la sieste en été et d’une terrasse pour dormir la nuit. Le niveau du plancher est généralement plus bas que celui de l’extérieur ; les matériaux utilisés sont essentiellement la rose de sable, la pierre, le plâtre.  L’habitat du Mz’ab : La ville est construite autour d’une mosquée fortifiée, qui assure la protection aussi bien morale que physique. L’isolement entre les femmes et les hommes et la préservation de l’intimité ainsi que la protection contre l’aridité du climat, priment dans cette architecture. La maison s’articule autour d’un Wast Eddar (voir Photo I.1), (voir Fig.I.3).
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  • 18. Ainsi que l’inexistence d’ouvertures vers l’extérieur sauf la porte d’entrée .La maison dispose d’une terrasse complètement isolée du vis-à-vis pour permettre aux femmes de sortir à l’air libre, (voir photo.I.2), ainsi qu’un espace pour le séchage des dattes appelé «l’ ikomar ». (Ravéreau A, 1981).
  • 19.  Les matériaux utilisés sont les pierres, le Toub (brique de terre séchée), le « Timchent » (calcaire mélangé de gypse), le gypse, le « Djir » (chaux) et le bois, palmier. Les planchers sont faits à base de poutres de palmes recouverts d’argile. Ce type d’habitat n’a subi que peu de changement et cela est dû essentiellement à l’attachement légendaire de la communauté Mozabite à ses traditions.  Généralement, l’habitat traditionnel en Algérie ne se trouve pas dans son état initial mais il a subi des transformations souvent radicales ; vu les mutations qu’a connues l’Algérie et une colonisation qui a duré plus d’un siècle, cette dernière a introduit un autre type d’habitat plus commode et fonctionnel, dirigé à une catégorie précise de la société. Ceci a entraîné des changements dans la perception idéologique des besoins. Un nouveau type d’habitat apparaît : c’est l’habitat collectif.
  • 20. III.2. L’habitat collectif :  III.2. 1. « Normaliser, standardiser et livrer » : ceci a été impératif pour résoudre le problème de la crise du logement, et la volonté des pouvoirs de construire vite et en grand nombre. Hérité de la politique des HLM en France des années cinquante. Ce type d’habitat s’est avéré assez mal adapté au mode de vie algérien, notamment du point de vue de son exiguïté : surface habitable qui se situe en deçà du minimum requis pour les besoins d’une famille algérienne moyenne. (Alkama.DJ. 1995). (Voir Photo. I.3). Ceci est déclaré dans le contenu de la charte nationale qui fixe les objectifs généraux et les orientations de la politique de l’habitat, dont l’essentiel peut être énoncé : « loger dans les conditions décentes et selon les normes minimales du confort moderne est un élément fondamental de l’amélioration du niveau de vie des masses » (Benmatti.N.A, 1982).  HLM : Habitation à Loyer Modéré.
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  • 22.  « Or ce que l’on constate à travers ce qui a été construit durant cette dernière décennie, est basé sur des programmes de typification, dont l’aspect morphologique et dimensionnel des unités d’habitations sont repris systématiquement de ce qui a été produit en Europe aux années cinquante. A cet égard, le modèle et les gabarits des constructions varient par moments, mais pas selon les données du contexte ou la catégorie socioprofessionnelle mais selon la convention et les techniques de construction des entreprises ou les bureaux d’étude étrangers qui bénéficient du marché de réalisation, or que le secteur privé avait connu une autre situation » (Hammidou.R, 1989).  L’espace dans ce type d’habitat est normalisé par les spécialistes étant architectes et urbanistes. Au niveau de la conception, on passe d’un type d’habitation introverti à patio à un type d’habitation extraverti à couloir distributeur ; de la polyvalence des espaces à la spécialisation des pièces (cuisine, séjour, chambres,…). Cette organisation est inadaptée aux besoins des utilisateurs. L’agencement des pièces, la spécialisation, l’exiguïté des pièces et le mobilier favorisent l’individualisme empêchant toute communication. Réduite à une marchandise, l’habitation en acquérant la valeur d’usage en tant que produit, perd ainsi sa valeur d’usage culturelle. (Boubekeur.S, 1986), (Voir photo.I.4).
  • 23.  III.2. 2. « L’inadéquation du type collectif au mode de vie algérien :  Selon N.A. Benmatti :"Si la population rejette l'habitat collectif c'est parce qu'il n'existe aucun repère d'appartenance, aucun sentiment d'implication, aucune possibilité de marquer individuellement son espace intérieur, ce modèle n'était pas satisfaisant, les populations se sont mises à édifier un habitat qui correspond à leurs aspirations. Les populations pauvres produiront un habitat à bas prix édifié dans certains cas avec des matériaux de fortune. Les populations les plus riches produiront un habitat par contre plus personnalisé de type pavillonnaire, au prix de revient très élevé" (Benmatti.N.A, 1982).  L’habitat collectif comme solution à la crise d'habitat en Algérie avait un effet néfaste sur la vie sociale de la population algérienne. Ce type d'habitat réfléchi d'un seul point de vue de rationalisation des espaces (économie), et réduction du temps (reloger le maximum de la population dans de courts délais), a induit à une conception de logement déterministe.  A chaque espace, on détermine sa fonction et son utilisation et comment ils doivent être appropriés. La maison se constitue d’espaces monofonctionnels ; ceci a provoqué une inadéquation sur le plan spatial et par conséquent sur le plan social (modification des rapports sociaux et ceux de voisinage ; destruction du mode de production de l’agriculture vers l’industrie).  Or, la maison traditionnelle à travers son organisation, son utilisation des matériaux locaux est la projection d'un mode de vie et d’une certaine culture. C'est tout un processus socio –historico –économique. Constituée de pièces entourant un espace central ouvert, l’habitation traditionnelle favorise le rassemblement, et la polyvalence des pièces (célébration des fêtes, mariages, circoncision,….) renforce les liens sociaux. faste sur la vie sociale de la populationAinsi, on assiste à la destruction des fondations du mode d’habitation qui caractérise la conception traditionnelle de la famille élargie où le maintien de cette dernière n’est plus possible avec ce nouveau mode d’habitation.
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  • 25. III.3. L’habitat individuel :  III.3. 1.L’habitat urbain planifié :  L’origine de ce type remonte à l’ère de la colonisation. L’administration française avait lancé les premières opérations de l’habitat individuel urbain planifié sous forme de lotissements ou de logements promotionnels financés par l’état pour les colons européens, d’une typologie d’habitation européenne, qui se trouvait par la suite occupée par des familles algériennes d’origines rurales. Ces dernières trouvaient une grande difficulté pour s’y adapter.  « Or l’habitat en appartement est en Algérie pour la population nationale un aboutissement ou une conséquence d’une évolution historique (fin de la colonisation) et non d’une évolution sociale fondée sur un processus d’adaptation de l’habitat algérien à la famille actuellement, on se trouve à un pôle opposé de mutation sociale on assiste à l’adaptation de la famille au type d’habitat en appartement » (Sayed.A, 1980).  L’absence de la réglementation pendant la période de lapost-indépendance n’a fait qu’aggraver la situation par les transactions foncières non déclarées, et les occupations des terrains communaux et domaniaux d’une manière illicite.
  • 26. III.3. 2.L’habitat auto construit planifié :  Les années soixante dix ont connu l’apparition de textes juridico -techniques afin de mettre fin à ces transactions et ces occupations illicites. Parmi lesquelles ; les lois des réserves foncières et le permis de construire dans le but de réglementer l’aménagement et la construction dans les zones urbaines intégrées dans le périmètre dit à urbaniser et l’apparition des ZHUN. Celles-ci définies par le PUD, jugé non fiable, fut remplacé par de nouveaux outils d’aménagement PDAU et POS .Ces derniers définissent la typologie de l’habitat dans le cadre des opérations du logement social ou de la promotion, suivant la nature du financement. Dans le cadre des lotissements et des coopératives, une nouvelle typologie apparaît : « l’habitat individuel planifié auto construit », « auto promu ». Mais malheureusement ces lotissements ne furent qu’un travail de morcellement, sans prendre en considération la nature du site, ni les aspirations des promoteurs. Dans l’absence de la gestion et du contrôle urbain, ces lotissements apparaissent sous un aspect anarchique. Des habitations urbaines munies de balcons, mal alignées, loin de refléter un habitat règlementaire.  ZHUN : Zone d’Habitat Urbaine Nouvelle.  PUD : Plan d’Urbanisme Directeur.  PDAU : Plan directeur d’Aménagement Urbain.  POS : Plan d’Occupation des Sols.