1. Le mot "patrimoine" est issu du vocabulaire juridique.
Domaine juridique/ Héritage de biens :
Patrimonium = héritage que l'on tient de son père et
que l'on transmet à ses enfants.
Il a ensuite désigné des productions humaines à caractère artistique,
héritage du passé à dimension collective (national, puis mondial).
Perspective des sciences humaines/ Héritage artistique :
Monuments, objets, biens Héritage englobant plus largement
toutes les productions humaines et pas seulement les chefs d'oeuvres de l'art.
2. Le concept s'est développé, partant du domaine matériel et
artistique, pour recouvrir l'ensemble des champs dont il était
originellement exclu.
Perspective des sciences de la terre et de la vie/ Héritage d'un
environnement :
Physique, géographique et vivant (flore, faune) ; ce patrimoine est
modifié par les activités humaines (il peut être détruit). Il influe en
retour sur les structures des sociétés, les cultures et les
comportements collectifs.
Le concept a progressivement pris une signification ethnologique
et sociologique, incluant les modes de vie, les productions et les
valeurs transmises par la tradition orale.
3. On peut distinguer trois grands types de patrimoine :
-Le patrimoine naturel qui s'intéresse à l'environnement au sens large du terme.
Il recouvre les règnes minéral, végétal et animal.
-Le patrimoine physique : Bâti (monuments, ensembles architecturaux),
objets et oeuvres d'arts, archives.
-Le patrimoine immatériel : Langues, modes de vie, valeurs, mythes, rites,
croyances, savoirs, savoir faire.
4. Allégorie d’une notion :
La notion de patrimoine a beaucoup évolué.
Elle a ainsi connu des expansions diverses :
•Typologique, où le patrimoine passe du monument
historique « objet », au patrimoine « ensemble historique »,
•Géographique, où le patrimoine passe du national
au mondial, universel,
•Environnementale, en passant au patrimoine naturel,
•Chronologique, en passant du patrimoine archéologique
au patrimoine contemporain
5. Les auteurs s’accordent pour voir dans la révolution
française de 1789, le point de départ du concept de
patrimoine comme bien collectif commun,
requérant de ce fait d’être protégé par la puissance
publique.
La volonté politique s’est traduite clairement à la fin
du XIX et surtout au début du XX siècle par
l’adoption dans la plupart des pays d’une législation
qui a elle même évolué.
7. Phase 4 : 1980/90
[Dimension économique, classement et reconnaissance]
Patrimoine = Monuments, , Sites, Oeuvres d’Art,
Objets archéologiques, et arrondissements historiques et naturels
Phase 5 : Actuellement
[Dimension environnementale]
Patrimoine = Monuments, , Sites, Oeuvres d’Art,
Objets archéologiques, et arrondissements historiques et naturels,
patrimoine immatériel, paysages.
8. Patrimoine et paysages: un nouveau regard
À partir des années 1970, l’émergence du discours écologiste ainsi
que l’introduction du concept de développement durable, ont
accentué l’intérêt collectif pour la protection et la conservation du
patrimoine naturel.
Dès le moment où l’environnement s’est trouvé menacé par la
pollution, l’étalement urbain et le développement économique, les
citoyens ont pris conscience de la valeur et de la fragilité des
forêts, des lacs, des rivières et des sites naturels, mais aussi de
l’ensemble des composantes du tissu urbain ou rural.
L’idée que le patrimoine culturel et le patrimoine naturel soient
intimement liés a rapidement fait son chemin.
9. La nature se transforme au fur et à mesure qu’y interviennent des êtres humains;
c’est ce qu’on nomme les paysages humanisés, ruraux ou urbains.
Le paysage désigne ainsi le résultat des interactions entre les populations,
leurs activités (la culture) et les lieux qui les accueillent.
Avec les progrès de l’écologie et de la géographie historique,
le mot a évolué vers la notion riche et englobante de système,
c’est-à-dire d’ensemble dynamique de relations entre les êtres vivants
occupant un espace donné.
Le paysage humanisé est aussi porteur de différentes couches de sens:
historique, ethnologique, sociologique, géographique, écologique,
archéologique, architectural, etc.
On peut donc «lire» toute une culture et son évolution, dans un paysage.
10. Ces considérations sur la culture, le sens, l’appartenance et l’appropriation
illustrent combien le paysage émerge maintenant, non pas comme un nouvel
objet patrimonial, mais comme une nouvelle approche, pluridisciplinaire,
de protection et de mise en valeur du patrimoine culturel.
L’idée fondamentale prend en considération les éléments du patrimoine
dans leur environnement immédiat: le patrimoine ne peut se limiter aux
simples objets; au contraire, on doit considérer le milieu où se trouve
un édifice patrimonial et développer, de ce fait, une approche interdisciplinaire
dans le traitement de l’aménagement.
La définition du patrimoine culturel énoncée par l’UNESCO
adopte d’ailleurs cette perspective globalisante.
11. Du patrimoine matériel au patrimoine immatériel
Le patrimoine comporte à la fois des éléments matériels et des éléments
immatériels.
On retrouve, dans le champ du patrimoine matériel, le patrimoine immobilier,
mobilier, archéologique, archivistique et documentaire. Il s’agit donc d’édifices,
de monuments, de sites, d’œuvres d’art, d’objets ethnographiques, d’artefacts,
d’archives, de livres, brochures, journaux et autres documents imprimés.
En somme, le patrimoine matériel rassemble les objets tangibles qui peuvent
être conservés, restaurés et montrés.
Ce très vaste champ correspond en grande partie à ce que les musées et les
sociétés d’État acquièrent, conservent, protègent et diffusent.
12. Le patrimoine immatériel, pour sa part, regroupe les savoirs et les savoir-faire
qui caractérisent une collectivité.
C’est dans cette catégorie que se situent le patrimoine linguistique,
la toponymie, le patrimoine scientifique, le patrimoine audiovisuel,
la partie du patrimoine artistique qui s’apparente aux savoirs et
aux savoir-faire, ainsi que les nombreux éléments du patrimoine vivant.
Ces «objets» immatériels, sont partie intégrante du patrimoine,
c’est-à-dire de l’héritage culturel d’une société.
13. Patrimoine et niveaux de reconnaissance:
Comme la reconnaissance constitue l’un des critères essentiels
dans la définition d’un objet patrimonial, les différents niveaux
interviennent aussi dans le processus de prise de décision.
L’UNESCO et les pays participants reconnaissent qu’il existe des sites
et des monuments qui méritent de s’inscrire dans le registre
du patrimoine mondial.
Par ailleurs, chaque pays peut classer et protéger des biens jugés
d’intérêt national.
Il convient de préciser ici que ce type de découpage ne tient pas
essentiellement à un découpage géographique.
Un bien patrimonial dont la reconnaissance est nationale pourra
éventuellement être reconnu comme bien patrimonial mondial.
De même, les distinctions entre patrimoine local ou régional et national
peuvent varier, au fil du temps.
14. Le patrimoine mondial
En vertu de la Convention du patrimoine mondial, adoptée en 1972
par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture
(UNESCO), certains biens et sites culturels et naturels de valeur universelle
sont reconnus et protégés.
Ces biens figurent sur la liste du patrimoine mondial.