2. Introduction:
Au cours du XVIIIème siècle, la France et l’Europe sont dominées par
des monarchies. En France, c’est la monarchie absolue qui s’installe avec
Louis XIV (1643-1715). L’Eglise domine le savoir et les hommes. Un
courant naît dans ce contexte : Les Lumières. En Angleterre, deux
révolutions ont déjà mis à mal les pouvoirs du roi. Outre Atlantique, les
colonies anglaises souhaitent gagner leur indépendance.
Pourquoi peut-on parler d’un climat révolutionnaire à la veille de 1789 ?
3. I. Les influences anglo-saxonnes sur la France:
Les Anglais sont les premiers à se révolter contre leur roi
et la monarchie. La première révolution éclate en 1641
et se termine en 1661. A partir de la fin du XVIIème siècle,
l’Angleterre devient une monarchie parlementaire. En
1649, Charles Ier est condamné à mort et décapité
accusé d’avoir été un tyran.
Après la réussite de la « Glorieuse Révolution » ou
« Seconde Révolution anglaise » se déroulant en 1688 et
1689, Jacques II, roi d’Angleterre est contraint d’abdiquer.
Le Bill of Rights en 1689 pose les bases de la monarchie
parlementaire.
Le Bill of Rights limite le pouvoir royal, libère le droit
d’expression et octroie au Parlement anglais (Chambres
des Lords et des communes) le droit de se réunir
régulièrement et de voter l’impôt.
De l’autre côté de l’Atlantique, les treize colonies
anglaises d’Amérique du Nord se révoltent contre
l’Occupant entre 1775 et 1783 avec l’aide de la France,
notamment Lafayette. Elles déclarent leur indépendance
le 4 juillet 1776.
La Révolution américaine entre 1776 et 1787 instaure
des principes politiques basés sur les droits et les devoirs
des individus et le respect des libertés fondamentales
comme la liberté religieuse. Une Constitution est écrite
et acceptée dès 1787 et appliquée depuis 1789.
Elle garantit la souveraineté de la nation, elle établit la
première république de l’histoire politique moderne.
Toutes ces révolutions traduisent une remise en cause de
l’absolutisme et sont appelées « révolution atlantique ».
4. II. Les aspirations libérales du XVIIIème siècle:
Les Lumières sont un mouvement de pensée européen
porté par des philosophes. Ils dénoncent notamment
l’obscurantisme des Etats dominés par la monarchie en
Europe. Ils appuient leurs idées sur les « lumières » de la
raison. Ils ont aussi parfois un rôle politique à l’image de
Montesquieu qui est président du Parlement de
Bordeaux ou Voltaire qui est durant trois ans à la cour du
roi de Prusse Frédéric II.
Les Lumières ne nient pas l’existence de Dieu. Ils dénoncent la rigidité et
l’intolérance de l’Eglise catholique. Sur le plan politique, ils défendent le
principe de droits naturels qui fonde l’égalité juridique : le sujet, dépendant
totalement du pouvoir royal, devient un individu qui dispose de libertés
fondamentales (expression, religion). Ils ne remettent pas en cause la
monarchie mais ils critiquent l’absolutisme et la non séparation des
pouvoirs et le droit divin au nom de la souveraineté de la nation.
Jean-Jacques Rousseau est contre la monarchie et prône
une république qui se base sur la démocratie.
Les idées des Lumières gagnent une grande partie de l’Europe
après les années 1750 avec de grandes figures comme
Emmanuel Kant en Prusse, Adam Smith en Ecosse, John Locke
en Angleterre ou encore Cesare Beccaria dans le nord de l’Italie.
Le livre, malgré la censure, reste le moyen le plus facile pour diffuser les idées.
Il peut se lire dans les académies, dans les salons, dans la rue et ainsi permettre
la propagation de ces idées nouvelles.
L’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers
est publiée entre 1751 et 1772 grâce, notamment, à Diderot et D’Alembert. Il
contient plus de 71 000 articles dans divers domaines comme les sciences et
les techniques. Il aborde aussi les institutions politiques, religieuses,
économiques et sociales.
Les cours royales ne restent pas hermétiques face à ces idées. Certains princes
européens y adhèrent et ne les condamnent pas comme l’impératrice de
Russie, Catherine II, qui correspond avec de nombreux philosophes ou savants
comme Diderot ou Voltaire. Portées par les patriotes, elles influencent les élites
éclairées.
5. III. Les blocages de la France du XVIIIème Siècle:
Les membres du Tiers Etat remettent en cause la société d’ordres
(Noblesse, Clergé, Tiers-Etat). Les pouvoirs sont concentrés entre les
mains d’un petit nombre. La noblesse et le clergé ne payent pas
d’impôts qui ne sont assumés que par le clergé. La bourgeoisie, faisant
partie du Tiers Etat et faite d’avocats, de journalistes par exemple,
aspire à une égalité politique et juridique.
Dans les années 1770, les conditions et l’accès à la noblesse sont de
plus en plus difficiles. La noblesse ne veut pas partager ses privilèges.
Les populations paysannes, quant à elles, espère la fin des corvées et
des obligations seigneuriales.
Répartition de la population
française en 1788
TIERS ETAT CLERGE NOBLESSE
0,5% 1,5% 98%
Haut-clergé : cardinaux,
évêques, abbés
Bas-clergé : curés,
moines
Haute noblesse :
princes, grands,
noblesses de cour
Moyenne et petite
noblesse : d’épée, de
robes (officiers du roi)
Bourgeois de robe, de
marchandise
Paysans riches
(laboureurs)
Artisans, boutiquiers
Paysans moyens
(tenanciers)
Ouvriers agricoles
(journaliers)
Domestiques
Errants (mendiants,
vagabonds)
6. 176 165
107 114 91 76
231
183
228
600
331
246 258
227 216 200
316 332
412
350
307
513
670 679
619
869
1660 1665 1670 1675 1680 1685 1690 1695 1700 1705 1710 1715 1720 1725 1730 1735 1740 1745 1750 1755 1760 1765 1770 1775 1780 1789
Révoltes en France
En France, les rébellions entre 1660 et 1789 tendent à augmenter dans les villes comme dans les campagnes.
Celles-ci sont très souvent réprimées dans le sang et l’ordre établi au niveau local et la monarchie absolue au
niveau national se maintiennent malgré tout.
A partir de 1784, la France rentre dans une
période difficile; les productions agricoles
sont insuffisantes. Les prix de pain
augmentent et les révoltes se multiplient.
En avril 1789, Jean-Baptiste Réveillon, qui
emploie plus de 300 ouvriers, émet l’idée
de baisser le prix du pain afin de baisser
les salaires. Le 26 avril, des émeutes ont
lieu et le 28, la révolte atteint son
paroxysme dans le quartier Saint-Antoine.
Cette révolte est réprimée dans le sang;
plus de 200 révoltés sont tués.
Louis XVI : « M. Necker, ils n’y sont plus »
Necker : « J’en ai cependant laissés »
Un membre de la noblesse : « je les tiens »
Un membre du clergé : « j’ai le reste »
Entre 1774 et 1789, l’état des finances de la France sont au plus mal. La France se ruine avec les avantages
accordés au clergé et à la noblesse et avec l’aide fournie aux révoltés des colonies anglaises en Amérique.
Devant la difficulté de réformer le royaume, les ministres des finances se succèdent rapidement. Turgot,
influencé par les idées des Lumières, veut mener des réformes libérales (suppression de la corvée royale) et
fiscales (meilleure répartition de l’impôt) mais le clergé et la noblesse refusent catégoriquement de renoncer à
leur privilège et les finances du royaume sont dans une impasse. Entre 1769 et le 13 juillet 1789, 13 ministres se
succèdent (Turgot, Necker, Calonne, Brienne…). Entre le 13 juillet 1789 et le 10 août 1792, 11 ministres sont
nommés mais ne restent pour la plupart que quelques jours ou semaines. Face à ces difficultés de réforme,
Louis XVI est contraint de convoquer les Etats généraux dès 1788.
7. CONCLUSION
En France, la Révolution française nait dans un contexte de
difficultés économiques des finances du royaume et de crise agricole.
Les idées des Lumières remettent aussi en cause la monarchie
absolue. Les révolutions anglaises ont permis d’établir une monarchie
parlementaire. Les libertés triomphent de l’autre côté de l’Atlantique
grâce à l’aide de la France. Tous ces évènements forment le terreau de
la Révolution française.