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16
Appli>santé
3 ans après
Docteurs ès numérique
passerelles
Inria-PME
Partenariats gagnants
TIMELINE
se RENCONTREr
Chercher et innover
un an de recherche au centre inria Bordeaux _ sud-ouest
plug’inmagazine
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magazine
hyperlien
L’Aquitaine vit
une révolution numérique :
Quels moyens pour maximiser l’impact de
la recherche numérique ?
E
n matière de recherche en numérique, Bordeaux et l’Aquitaine
ont des atouts ! L’université de bordeaux compte parmi les trois
universités françaises faisant la course en tête dans le classe-
ment de Shanghai sur ce domaine, y côtoyant Mc Gill University, ou la
Suédoise Chalmers. L’IdEx a investi près de 4 M€ sur 4 ans pour renforcer
ce pôle d’excellence autour du thème « certification et sécurisation
des systèmes» porté par le cluster CPU. Au bilan : la spécialisation de
Bordeaux en Europe a fortement progressé depuis 2010, dépassant
celle de la France.
La recherche en numérique est essentielle pour la recherche en général,
surtout lorsqu’il s’agit d’avancer dans la compréhension des grands
systèmes complexes parmi lesquels je place le vivant et l’environnement.
L’IdEx se pose alors en catalyseur et finance des ingénieurs qui per-
mettent le transfert des résultats de la recherche en numérique : simula-
tion des vagues extrêmes, imagerie cérébrale de cohortes, imagerie 3D
multi-échelle des matériaux, etc.
Parlant de révolution, je n’oublie pas celle de l’université elle-même,
pour laquelle le levier numérique est fondamental ; que ce soit dans
ce qu’il apporte à son organisation interne, à ses dynamiques d’innova-
tion - notamment sur le plan de la pédagogie, ou encore à son ouverture
partenariale, territoriale, internationale. L’IdEx investit 5% de son budget
annuel sur ce levier, et soutient des projets très ambitieux dans des
domaines variés, comme en matière de science citoyenne.
Hélène Jacquet
Directrice générale des services adjointe
Université de Bordeaux
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P
our atteindre un sommet il y a rarement une seule voie, il en va
de même en matière de développement du numérique, facteur de
progrès social et économique. Le sud de l’aquitaine bénéficie d’un
écosystème riche et diversifié avec la présence de groupes industriels
qui sont des leaders mondiaux dans le secteur de l’énergie (Total) ou
de l’aéronautique (Safran) et dont le développement s’appuie en partie
sur l’innovation en matière de calcul scientifique. Ces grands groupes
entretiennent un partenariat dynamique avec les établissements d’en-
seignement supérieur et de recherche. à travers leurs équipes-projets
communes (Magique3D et Cagire), l’Université de Pau et des Pays de
l’Adour et Inria offrent aux industriels des modèles d’innovation et de
transfert de technologie particulièrement féconds dans le domaine du
calcul haute performance.
Les enjeux numériques pour le territoire sont nombreux : former les
techniciens et ingénieurs de demain, produire des connaissances au
meilleur niveau international, offrir l’accession à la simulation à des PME
ou faire monter en compétence des entreprises déjà expertes, accueil-
lir les projets de créations d’entreprises,… En Aquitaine, l’engagement
des collectivités territoriales, des établissements académiques et orga-
nismes nationaux de recherche, des technopôles, de la SATT Aquitaine
Science Transfert, de l’Incubateur Régional d’Aquitaine, du pôle Digital
Aquitaine, du Centre Aquitain des Technologies de l’Information et Elec-
troniques et de la toute récente plateforme MOSART-PME dont l’objectif
est de permettre aux PME d’accéder aux compétences de la simulation
numérique, sont autant de voies permettant au territoire de progres-
ser scientifiquement et économiquement pour atteindre les meilleurs
standards internationaux.
Laurent Bordes
Vice-Président Recherche
Université de Pau et des Pays de l’Adour
Quelles actions pour favoriser le développement et la
croissance des territoires scientifiques et économiques
(Grands groupes et PME) en matière de numérique ?
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6. 6
magazine
appli > SANTÉ
Docteurs
ès numérique
Le premier numéro de Plug’In consacrait les espoirs salutaires nés de l’in silico. Trois
ans plus tard, où en sont Carmen, Monc, Sistm et Mnemosyne, 4 des 5 équipes-projets
d’Inria Bordeaux _ Sud-Ouest, investies sur le thème de la santé et de la biologie ?
Consacrent-elles la donnée, nouvel eden thérapeutique ? Et le patient, grand
vainqueur d’une médecine individualisée, plus humanisée ?
« Un succès ». Le mot est lâché et
c’est Frédéric Alexandre, chef de
l’équipe Mnemosyne et délégué
scientifique adjoint au Comité
des projets Inria qui le dit. L’ef-
fervescence constatée lors des
Rencontres Inria-Industrie sur le
thème de la santé, mi-octobre
dernier, témoigne de l’intérêt
suscité par l’offre de recherche et
de transfert de l’Institut auprès des
entreprises. « Elle atteste
aussi d’une maturité de réalisa-
tion certaine dans les équipes
bordelaises et reflète l’ambition du
Centre de ne pas se cantonner à des
publications abstraites » insiste-
t-il. Parfaite illustration de cette
volonté, la première plateforme d’e-
formation en simulation numérique
en santé (MedicActiV), lancée cette
fin d’année par Interaction Health-
care, est née au sein de Carmen
(modélisation et calculs pour l’élec-
trophysiologie cardiaque), en parte-
nariat avec le CHU de Bordeaux.
à demeure -ou presque- depuis l’été,
à l’IHU-Liryc*
dirigé par le Pr
Michel
Haïssaguerre, l’équipe-projet d’Yves
Coudière loue la proximité nouvelle
qu’autorise cette co-localisation
entre médecins et chercheurs,
fertile en projets. L’un d’eux, baptisé
ECGI (pour électrocardiogramme
inverse), initié récemment, devrait
permettre, grâce à un dispositif ex-
périmental unique en Europe, de vi-
sualiser de manière synchronisée le
fonctionnement électrique du cœur
tout en mesurant une batterie de
paramètres sur le thorax. « L’enjeu
est énorme, souligne Yves Coudière.
Il est de construire une image plus
précise des signaux électriques
cardiaques qu’on ne peut le faire
actuellement, toujours de manière
non invasive. Et ce, pour améliorer le
diagnostic et le soin des
patients. »
Du côté de l’équipe
Monc (modélisation
numérique pour l’oncolo-
gie / issue de MC2), l’heure
est aussi -et déjà- au
transfert vers la clinique.
Si l’objectif, il y a 3 ans, était de
comprendre quels étaient les
besoins des équipes médicales, il
est désormais de déployer ces outils
numériques d’aide à la décision en
oncologie. Décider quand débuter
le traitement, à quelle fréquence
effectuer le suivi du patient…
« à ces questions-là, affirme Thierry
Colin, responsable de Monc, onco-
logues et radiologues pourront
bientôt répondre. Grâce à des
données cliniques et d’imagerie (de
type IRM, scanners) et du logiciel
de prédiction, ils pourront évaluer
la croissance de métastases, de
cancers et de tumeurs ou bien la
réponse aux traitements. »
L’une des grandes avancées du
modèle mathématique déterministe
de Monc réside dans le travail
de paramétrisation. Faire varier
la valeur de paramètres liés aux
données spécifiques d’un patient
–clé de cette médecine personnali-
sée–demeuraitàunniveauartisanal,
encore récemment. Dans les mois
qui viennent, c’est un
prototype du logiciel
qui sera expérimenté
au Centre régional de
lutte contre le cancer
de Bordeaux et du
Sud-Ouest (Institut
Bergonié). Aujourd’hui,
Inria Bordeaux - Sud-Ouest et la
SATT Aquitaine Sciences Transfert**
sont engagés dans une stratégie
de valorisation afin de porter le
logiciel à un niveau de développe-
ment industriel, c’est-à-dire utili-
sable par les médecins. Une start-up
pourrait voir le jour d’ici à 2017,
dévolue à sa diffusion.
Ces modèles numériques mixant
des paramètres variables d’un
patient à un autre sont aussi ceux
qu’utilise Sistm, emmenée par
le Pr
Rodolphe Thiébaut, pour
ses travaux en immunologie et
Améliorer
le diagnostic
des patients
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7. 7
appli > SANTÉ
maladies infectieuses. La jeune
équipe-projet (l’une des rares à se
prévaloir du double label Inserm-
Inria, au sein de l’Institut) planche
actuellement sur le développement
de deux vaccins, contre le VIH et
Ebola. Elle intervient sur les essais
de phase précoce pour évaluer
la réponse du système immuni-
taire à l’injection. « Il y a 20 ans,
commente Rodolphe Thiébaut, on
observait un marqueur : les anti-
corps. Aujourd’hui, on regarde des
centaines de populations cellu-
laires, l’expression des gênes et
si les cellules secrètent des anti-
corps, certes, mais aussi des cysto-
cytes… Tout cela génère des tas de
données, une forme de big data qui
pose des problèmes de complexité
et d’analyses ». C’est là qu’inter-
vient Sistm, en proposant des
méthodes statistiques d’analyse,
en aval. Et en amont, pour définir
quel schéma d’études et d’évalua-
tion de ces vaccins, quel type de
données recueillir et à quel moment
du protocole de vaccination. Coor-
donnateur pour l’Inserm des essais
d’EboVac2 (pour Ebola vaccination
phase 2), en Afrique et en Europe,
le « boss » de Sistm a publié par
ailleurs les résultats de travaux
menés sur une immunothérapie
pour les patients infectés par le
VIH. Grâce aux modèles numériques
bordelais, l’interleukine 7, le nouvel
espoir des personnes atteintes
du sida et répondant mal aux trai-
tements antirétroviraux se laisse
apprivoiser.
Et le cerveau dans tout cela ? Si sa
cartographie a permis de révéler
l’association de fonctions précises
(parole, audition…) à des zones loca-
lisées, certaines facultés (mémoire,
conscience…) semblent être bien
plus réparties. C’est cette piste
de l’approche systémique tournée
vers la modélisation de l’interac-
tion de nos structures cérébrales,
que poursuit Frédéric Alexandre
(Mnemosyne). Avec son équipe-
projet, il vient de produire une
première gamme de modèles qui
rendent compte de processus
cérébraux complexes, mis à mal
dans le cas d’Alzheimer ou de
Parkinson. Leurs résultats bous-
culent la communauté scientifique,
sceptique au-delà de la structure
cérébrale unique (cortex, cervelet,
thalamus…). « Pourtant, ça vaut le
coup puisque l’approche hyperspé-
cialisée ne fonctionne pas pour une
compréhension globale ! défend le
chercheur. L’autre intérêt de recourir
à ces modèles, c’est cette possibi-
lité d’imprimer des lésions, de les
modifier et d’observer les consé-
quences, sans avoir à le faire avec
le vivant, l’homme ou l’animal. »
En 3 ans, la jeune Mnemosyne
est passée de la lettre d’intention
aux premières publications scien-
tifiques, certaines adressées aux
domaines des neurosciences et
de la médecine. Cet intérêt porté à
leur sujet, habituellement réservé
aux spécialistes du traitement
de données informatiques, leur a
ouvert des portes, vers de nouvelles
collaborations en Inde et aux Etats-
Unis. à l’été prochain, elle emména-
gera au Neurocampus de Bordeaux,
ce centre de recherche dédié au
système nerveux et aux maladies
associées, qui réunira 450 des 650
chercheurs aquitains en neuros-
ciences. Preuve que la greffe a bien
pris aussi au niveau régional.
*L’Institut de rythmologie et modélisation cardiaque
**Société d’accélération du transfert de technologies
Recherches menées au sein
de l’équipe SISTM en statistiques
appliquées à la santé.
www.inria.fr/Bordeaux
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LOGICIEL LIBRE
Inria accueille l’EuroMPI
Cocorico ! Du 21 au 23 septembre dernier, la com-
munauté internationale du logiciel MPI* avait les
yeux rivés sur le centre Inria Bordeaux _ Sud-Ouest.
L’équipe-projet Tadaam, très active dans les déve-
loppements autour de MPI (participant au consor-
tium OpenMPI), y organisait la 22e
édition d’EuroMPI,
le principal événement de la communauté.
Une petite centaine de personnes assistait à la
conférence, suivie d’un forum centré sur l’avance-
ment des travaux sur le standard et la proposition
de nouvelles fonctionnalités pour le faire évoluer.
Parmi les plus utilisés dans le domaine du calcul
scientifique parallèle, le logiciel MPI s’adresse aussi
bien aux développeurs souhaitant écrire une appli-
cation directement en parallèle qu’à ceux désirant
paralléliser une application séquentielle existante.
* The Message Passing Interface
https://eurompi2015.bordeaux.inria.fr
ENVIRONNEMENT
Modéliser l’impact des tsunamis
L’après Fukushima, en 2011, a fait naître en France
et dans le monde, une conscience plus forte des
risques nucléaires sur les côtes maritimes. Le
programme pluridisciplinaire TANDEM* (Tsunami
en Atlantique et Manche – Définition des effets
par modélisation) en est une preuve. Associant dix
partenaires dont Inria, EDF, le CEA… et le Meteoro-
logical Research Institute de Tsukuba, au Japon, il
vise, en 4 ans (2013-2017) à étendre nos connais-
sances scientifiques afin d’anticiper les impacts d’un
tsunami sur notre littoral. à cheval entre l’analyse
asymptotique (comment prendre en compte les
effets dominants dans un problème ?), l’analyse
numérique (une fois l’équation mathématique écrite,
comment la traiter numériquement en adaptant
dynamiquement nombre et positionnement des
inconnues ?) et les applications (comment intégrer
des effets complexes et prendre en compte les
incertitudes sur les conditions physiques réelles ?),
l’équipe-projet talençaise Cardamom constitue
le partenaire scientifique indispensable de cette
aventure.
* Tsunamis in the Atlantic and the English ChaNnel Definition of the
Effects through numerical Modeling
https://team.inria.fr/cardamom/fr/
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https://team.inria.fr/sistm/fr/
http://www.inria.fr/equipes/cqfd
Immunologie
La juste dose au juste-à-temps
À partir de quand vacciner un patient ? Et avec quelle
quantité de vaccin ? À quelle date programmer le
rappel ? Ni trop tôt, au risque de faire doublon inuti-
lement. Ni trop tard, au risque d’hypothéquer son effi-
cacité. Oui mais quand précisément ? Et à nouveau,
quelle quantité lui injecter ?
Ces questions de nature immunologique cachent
aussi, pour les plus initiés d’entre nous, une problé-
matique d’optimisation. Pour y répondre, les respon-
sables de SISTM et CQFD, deux équipes-projets Inria
ont fait cause commune. Ensemble, ils encadrent une
thésarde chargée d’associer à un modèle paramé-
trique d’évolution d’un virus (type Ebola ou VIH) le kit
nécessaire pour faire de la prédiction et du contrôle
optimal.
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magazine
INTéGRALE
Pivot ou charnière,
la vie «multi-fonctions»
d’assistant d’équipe de recherche
Les assistant(e)s d’équipes de recherche sont, avec les
ingénieurs du service Expérimentation et Développement
(Plug’In#1), une deuxième exception culturelle Inria, dans le
monde de la recherche publique française.
Focus sur un métier multi-facettes qui rend la vie quotidienne
des chercheurs plus douce.
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INTéGRALE
S
alle d’expérimentation, pre-
mier étage du bâtiment Inria
Bordeaux _ Sud-Ouest. à tra-
vers la cloison vitrée, ce jour-là, on
pouvait observer Camille ajuster
le casque à électrodes pour élec-
troencéphalographie (EEG), sur la
tête d’une autre femme assise.
Catherine Mégrat, assistante
d’équipes de recherche (AER), y
jouait les cobayes pour les besoins
de la jeune doctorante de l’équipe
Potioc. Catherine est l’une des
7 assistant(e)s (6 femmes et 1
homme) des 21 équipes-projets
que compte le centre bordelais,
chacun(e) étant attaché(e) à 3 ou
4 équipes, au minimum. Quand elle
ne se prête pas, de très bon gré, aux
essais des chercheurs, le cœur de
son métier est de les accompagner
« au quotidien, en les soulageant
d’une bonne partie des tâches ad-
ministratives ».
Structuré en service par le centre
Inria de Sophia Antipolis en 2002,
ce rôle d’assistant, plus proche du
couteau multifonctions que de
secrétaire, vise prioritairement à
délester les scientifiques du « suivi
de la vie des contrats de recherche
sur le versant budgétaire ». De-
mandes d’achats, frais de mis-
sion, éligibilité et imputation des
dépenses selon leur nature, dates
limites d’engagement, vérification
des crédits… incombent directe-
ment à l’AER. Pour cela, il coopère
avec les chargés de contrats de
recherche du centre qui ont pris
soin, en amont, de lui établir une
feuille de route détaillant les prin-
cipes et obligations contractuels.
Il est aussi en lien, pour chaque
dépense engagée, avec le Service
administratif et financier (SAF)
qui la valide. Achat de licences,
ordinateurs et souris, mobilier,
matériel robotique… le spectre des
besoins au sein des équipes est
large, parfois même « exotique ».
« Je me souviens avoir passé
commande de casques EEG
(encore Potioc), indique avec
humour Catherine Mégrat,
d’une boule de billard, et même
de LEGO® ! ».
Les AER sont aussi le point
d’entrée naturel de tout nouveau
collaborateur dans les équipes.
Stagiaires, doctorants, post-docs,
chercheurs invités ont tous ou
presque été accueillis par l’un d’eux,
à leur arrivée dans le centre, puis
sine die informés sur le fonction-
nement du bâtiment, des badges,
les horaires de la cafétéria… en
bref, de la vie du centre. Les assis-
tants auront généralement même
instruit le dossier de recrutement
des non-permanents, en amont
de leur venue. « Nous effectuons
les démarches administratives
lorsqu’il s’agit d’étrangers, précise
Sabine Delarboulas-Cusin, respon-
sable du service des assistants
et en charge des équipes Realopt
et Poset : demander un visa,
trouver un hébergement, ouvrir
un compte bancaire pour quelques
mois seulement parfois, organiser
la visite médicale... » Les bonnes
adresses, les bons conseils pour
s’intégrer le plus aisément possible,
les AER ont tout sous la main. Dans
le cas contraire, il convient d’activer
les réseaux : services dédiés de
l’université de Bordeaux, Bureau
d’accueil des chercheurs étrangers
par exemple.
Tour à tour pivot ou charnière,
selon la demande, cordon ombilical
aussi, entre le centre et les équipes
implantées hors-les-murs, leur rôle
est central. « En particulier à la
rentrée de septembre où la plupart
des recrutements ont lieu, indique
Sabine Delarboulas-Cusin, et en
février et mars pour l’accueil des
stagiaires ». Le reste de l’année,
on ne s’assoupit pas pour autant
Sabine Delarboulas-Cusin,
responsable du service des
assistantes d’équipes de
recherche (SAER) du centre
Inria Bordeaux _ Sud-Ouest.
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magazine
INTéGRALE
dans le service. Ce serait omettre
l’organisation des séminaires,
workshops, colloques et autres
événements scientifiques en col-
laboration avec le Service commu-
nication et médiation. Et ce serait
aussi passer sous silence, à l’été,
la saison des conférences. Billets,
hôtels, passeports et réservations,
certains chercheurs choisissent de
gérer seuls leurs déplacements en
France et dans le monde. D’autres,
non. Dans ce contexte internatio-
nal là encore, si les AER n’ont qu’à
de rares exceptions près un profil
scientifique, les formations en
langues étrangères sont incontour-
nables, en particulier en anglais, of
course ! La débrouillardise aussi car
il faut parfois « faire rentrer des
ronds dans des carrés, et inverse-
ment ». « Etre polyvalent, avoir le
sens du contact » comptent pour
beaucoup. Le réseau interne des
AER apporte un plus dans ces
cas-là. « Il existe une solide entraide
entre nous », « un vrai esprit de
service ». « Si un AER éprouve une
quelconque difficulté à répondre à
une problématique posée, explique
Olivier Beaumont, délégué scienti-
fique du centre, il peut s’appuyer
sur les autres ». En interne, chacun
est le référent d’une thématique
en plus du socle de compétences
communes. Il assiste aux réunions
des groupes de travail qui y ont
trait, entretient des liens privilé-
giés avec les services extérieurs
associés : accueil des étrangers,
maîtrise de l’outil de gestion bud-
gétaire ou d’un site Internet.
Tout sauf routinier, le métier d’AER
constitue pour le seul homme du
service, « un entre-deux », entre
chercheurs et administratifs qui
lui va bien. Sa botte favorite pour
concilier les demandes et impéra-
tifs respectifs ? « Mettre de l’huile
dans les rouages ». « J’y vois un
côté médiation qui passe essentiel-
lement par les relations humaines.
Plutôt que d’envoyer un e-mail, il est
plus utile de se lever de sa chaise
pour aller rencontrer les interlocu-
teurs concernés et dialoguer. Les
choses s’arrangent alors ». Cet
entre-deux, Sabine Delarboulas-
Cusin le cite également, à la croisée
« des contraintes réglementaires
véhiculées par les services support
et l’adaptabilité nécessaire à l’acti-
vité de recherche ». Sa recette-mai-
son ? « Savoir prendre du recul ».
Sans se prendre la tête, juste un
casque EEG.
Pour en savoir plus :
Contactez le Service
des Assistants d’équipes
de recherche
saer-bordeaux@inria.fr
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INTéGRALE
Avez-vous toujours eu un(e) AER à vos côtés ?
Olivier Beaumont : Oui, puisque j’ai toujours travail-
lé au sein d’équipes Inria et qu’à mon arrivée, il y avait
déjà des AER. Mais dans la plupart des laboratoires
universitaires, il n’y a pas un interlocuteur unique
comme l’AER mais plusieurs auxquels s’adresser
pour le quotidien (dont la gestion du contrat). Sans
transversalité, c’est toujours une source de com-
plexité.
Chaque année, le centre assiste à des fusions,
scissions ou créations d’équipes-projets. On
évalue à une ou deux, celles qui se créent et
qui disparaissent. Que deviennent alors les
AER qui les accompagnaient ?
O.B. : On touche ici à un point compliqué, celui de
l’attachement entre les équipes et leur assistant.
La collaboration dure parfois depuis des années. Et
passée la phase de tâtonnement du début, pour que
chacun comprenne les attentes de l’autre, un lien
réciproque et fort se tisse. Quand il faut recommen-
cer, c’est compliqué. Alors, évidemment, même s’il
est nécessaire parfois de faire un peu d’équilibrage
de charge et de redistribuer les équipes pour que le
nombre de permanents gérés par les AER soit un peu
lissé, personne n’apprécie ces mouvements. Je ne me
souviens pas non plus avoir connu, au sein du centre,
de « divorce volontaire » entre un AER et son équipe.
2questions à...
Olivier Beaumont,
membre de l’équipe-projet Realopt et
délégué scientifique du centre Inria
Bordeaux _ Sud-Ouest
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INTéGRALE
Elle est un authentique produit de l’entre-
prise.Riched’unepetitevingtained’années
passées au sein de plusieurs directions d’un
grand groupe national de vente à distance,
Nathalie Robin, aujourd’hui assistante
partenariat et projet innovation chez
Inria, n’a « rien d’une fonctionnaire pure
et dure ». Le monde de la recherche, elle
le découvre grâce à un CDD à l’université
de Bordeaux, au sein du laboratoire EPOc.
Une révélation. « Je me suis passionnée
pour ces gens-là. Pour ces chercheurs qui
ont un idéal de vie : améliorer celle de nos
concitoyens, au quotidien. » à la faveur
d’un concours Inria en 2011, elle devient
assistante d’équipe de recherche des
projets manao, Potioc et Flowers.
« Une année fantastique, sur le plan
humain ». Puis second concours en 2012
pour évoluer et intégrer son poste actuel.
Là, elle s’y sent « à sa place », incarne « le
lien idéal entre partenaires industriels ou
académiques et les équipes en interne »
dans le but de formaliser le contrat de
recherche. Son bagage professionnel, sa
parfaite connaissance de l’entreprise, de
ses objectifs et de ses besoins font mouche,
évidemment. Cette plus-value apportée au
monde de la recherche –AER compris- est
pour elle, sa « manière d’œuvrer pour le
bien collectif »…
Nathalie Robin
Assistante Partenariats et
Projets Innovation.
Une vie après l’assistance d’équipe de recherche
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figures libres
Les innovations numériques dans
le secteur médical sont de plus
en plus nombreuses et de plus
en plus présentes.
Que pensez-vous de ce passage
progressif à la e-santé ?
Pour moi c’est très vague, mais s’il s’agit d’envisager
qu’un jour on pourrait avoir une consultation à dis-
tance alors je pense que c’est un plus.
Nous allons vers un progrès du secteur médical et
j’espère qu’il y aura un impact dans les pays faisant
face à des difficultés médicales (épidémies, vaccina-
tions, etc).
Concernant les dérives possibles, j’essaie de res-
ter positive. Un dossier médical, au même titre que
nos données bancaires pourrait être piraté mais
je me dis que la e-santé reste un plus. Notamment
en ce qui concerne l’acte chirurgical assisté par des
outils numériques. L’opération fait peur, qu’elle soit
faite par un homme ou par un robot. Un des avan-
tages apporté par le robot est de permettre un acte
plus précis. On pourrait également envisager une
connexion avec un expert à distance et bénéficier
d’une opération d’un spécialiste qu’on ne trouverait
pas forcément en zone rurale.
Enfin, n’oublions pas que le partage des données
peut être un plus pour mettre en place un parcours
médical adapté à la personne. Il ne faut cependant
pas que la technologie se substitue entièrement
à l’humain : certaines choses ne peuvent pas être
dites par un robot, il faut un être doté d’émotions
pour accompagner les patients et leurs familles.
Isabelle
Bizot
Assistante de Prévention et Assistante
des services Ressources Humaines (SRH)
et Transfert, Innovation et Partenariats (STIP)
chez Inria depuis 2011
Certaines choses ne peuvent pas
être dites par un robot, il faut un
être doté d’émotions pour accompa-
gner les patients et leurs familles
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figures libres
Perrine
Berment
Doctorante dans l’équipe MONC
chez Inria depuis 2013
Je pense que ce passage est
indispensable. Mais je sais que
certaines personnes sont plus ou
moins réfractaires parce qu’elles
ne connaissent pas vraiment le
monde du numérique. Ces mêmes
personnes n’ont pas conscience
qu’en réalité elles utilisent déjà
des objets connectés. Prenons
l’exemple des instruments d’ima-
gerie médicale : ils sont présents
dans le monde médical depuis suf-
fisamment longtemps pour ne plus
être effrayant, d’autant plus qu’il
y a toujours un médecin associé à
cet examen, pourtant ces techno-
logies sont liées à la e-santé.
Un mathématicien peut aussi
travailler sur le cancer mais c’est
moins connu ou moins compris.
Pourtant, toutes les sciences sont
liées les unes aux autres et pour
comprendre ce qu’il se passe dans
l’une, on a besoin des autres. Il faut
réussir à faire passer le message,
c’est indispensable pour faire des
progrès tant en biologie qu’en mé-
decine. Cela va prendre du temps
mais on peut faciliter les choses,
notamment en s’impliquant dans
des actions de vulgarisation scien-
tifique. Ainsi, nous pourrons expli-
quer le monde du numérique et,
dans ce cas particulier, la e-santé,
qui effraie avant tout parce qu’elle
n’est pas comprise.
Julia
Chatain
Doctorante dans l’équipe POTIOC
chez Inria depuis 2015
La technologie peut être un fort
atout dans ce domaine car il y a
beaucoup de choses qu’un humain
seul ne peut pas résoudre. Un
chirurgien peut, par exemple,
manquer de précision et l’interven-
tion d’objets connectés devient
alors un réel avantage.
La question autour de la e-santé
est aussi très sensible car si la
technologie ne fonctionne pas, ou
mal, la vie des patients peut être
en danger. Je pense que c’est un
réel défi de trouver le juste milieu
entre l’intervention de l’homme
et celle de la machine afin d’être
certain que si l’un ne peut pas
assurer, l’autre peut prendre le relai.
Par ailleurs, certaines
personnes sont assez
technophobes et
risquent d’être très
inquiètes si la tech-
nologie intervient
fortement dans leur
traitement. Ce qui est
important pour apaiser
les craintes des patients,
c’est l’approche adoptée
par le secteur médical. Il
faut savoir être médiateur
et savoir bien expliquer les
choses afin d’être sûr que le
patient garde confiance dans
le service médical.
Cela va prendre du
temps mais on peut
faciliter les choses,
notamment en
s’impliquant dans des
actions de
vulgarisation
scientifique.
Il faut
savoir être
médiateur
et savoir bien
expliquer
les choses afin
d’être sûr que
le patient garde
confiance dans le
service médical.
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figures libres
Lisl
Weynans
Maître de conférence à l’université
de Bordeaux depuis 2008
Membre de l’équipe MEMPHIS
En tant que citoyenne lambda, les
domainesquejeneconnaispastrès
bien comme l’interaction homme-
machine, les petits robots qui vont
dans ton corps ou qui t’enlèvent un
rein, pour moi c’est de la science
fiction. Si, quand j’étais petite on
m’avait dit qu’un jour on pourrait
faire remonter un petit robot dans
mes vaisseaux pour me guérir d’un
anévrisme, je n’aurais pas pu le
croire. Ça m’amuse de penser à ce
que l’on qualifiait d’incroyable il y
a 30 ans ! Mon travail porte plutôt
sur la mécanique des fluides, qui
est un vieux domaine de recherche
en maths appliqués, et je trouve ça
intéressant de voir qu’on peut se
renouveler et contribuer à d’autres
disciplines. Au début, il y avait un
besoin pour modéliser des phé-
nomènes physiques. Aujourd’hui,
même si tout n’est pas fait, les
défis scientifiques changent et
les chercheurs se tournent vers la
médecine et la biologie.
Concernant les questions d’éthique
en e-santé, tout du moins autour
des données numériques, c’est
une question très globale, une
réflexion très large à avoir. De nos
jours on ne se pose pas autant de
questions quand on poste quelque
chose sur Facebook !
Aude
Lannes
Assistante des services
communication et médiation (SCM)
et expérimentation et développement
(SED) chez Inria depuis 2008
Les objets connectés, cela devien-
dra inévitable, notamment pour
transmettre les données médicales
et les dossiers de chaque patient.
On peut alors savoir ce que le pa-
tient a déjà subit et éventuellement
les médicaments qui lui ont été
prescrits.
Aujourd’hui, grâce aux technologies
de la e-santé, on peut envisager
des opérations réalisées par un
robot, lui-même commandé par un
médecin spécialiste. En plus de lais-
ser peu de cicatrices, le résultat est
d’une précision assez épatante.
Au quotidien, les carnets et les
stylos ont été remplacés par des
tablettes numériques. Bien que cela
soit pratique, j’ai une crainte concer-
nant la possibilité de piratage. Si
tout est informatisé, alors tout peut
être piraté ou bien perdu en cas de
bug de la machine.
Je reste positive par rapport à cette
transition à la e-santé, mais de là à
me laisser opérer entièrement par
un robot sans que personne ne le pi-
lote je crois que je ne suis pas prête !
Il faut quand même de vrais êtres
humains pour surveiller, piloter. Un
robot n’a pas d’intuition, il exécute
un programme sans aller au delà. Le
chirurgien à un temps de réaction
d’analyse et en cas de problème il
peut adapter sa réponse au besoin.
Je reste positive
par rapport à cette
transition à la e-santé,
mais de là à me laisser
opérer entièrement
par un robot sans que
personne ne le pilote
je crois que je ne suis
pas prête !
Ça m’amuse de penser
à ce que l’on qualifiait
d’incroyable il y a
30 ans !
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magazine
figures libres
Le passage progressif à la e-santé est tout à fait na-
turel du fait même de l’évolution des performances
des machines. Ceci, combiné à l’optimisation des
méthodes numériques a permis au secteur médical
d’adopter le numérique comme outil de diagnostic et
d’aide à la décision.
Ce passage s’est bien sûr fait pour le bien-être du pa-
tient et l’amélioration de son environnement. Cette
évolution je la vis au quotidien puisque mon travail
au sein de l’équipe CARMEN, en lien avec l’IHU LIRYC,
consiste à introduire la modélisation numérique dans
des problématiques précises de la e-santé. Les mé-
decins, bien qu’ils aient beaucoup de connaissances,
rencontrent des difficultés pour établir un diagnostic
précis avec des outils « standards ». Nous les aidons
en reformulant leur questionnement clinique en un
problème mathématique qui peut être traité par la
simulation numérique. Leurs hypothèses peuvent
ainsi être testées in silico. Les résultats de ces tests
permettent aux professionnels du secteur médical
d’affiner leur connaissance sur la pathologie et ainsi
poser un diagnostic précis qui permettra une prise en
charge efficace.
Nejib
Zemzemi
Chargé de recherche
dans l’équipe CARMEN
chez Inria depuis 2008
Le numérique comme
outil de diagnostic et
d’aide à la décision.
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CARDIOLOGIE
Le cœur à super résolution
Yi Xin est le nom chinois que s’est choisi l’équipe-
projet Geostat pour son algorithme dévolu à la
cardiologie. Il signifie « au cœur de la médecine »
et colle à l’ambition du projet : le cœur à super réso-
lution. Experts de méthodes issues de la physique
pour l’analyse de signaux complexes (images, tem-
pératures, potentiel électrique du cœur …), les cher-
cheurs de Geostat œuvrent à les caractériser quand
les méthodes traditionnelles échouent à le faire.
Le premier jalon de Yi Xin est la détermination de
temps d’activation (autrement dit, des moments-
clés) dans les signaux numériques acquis par explo-
ration des tissus du myocarde (dans les cas de fibril-
lation cardiaque). Lesquels, une fois décryptés et
interprétés via un logiciel spécifique, pourront être
interprétés dans le but de corroborer un diagnostic
clinique. Cette approche s’inscrit dans la tendance
de la médecine moderne qui table sur l’introduc-
tion d’une interface logicielle intelligente au service
d’une nouvelle pratique médicale.
http://geostat.bordeaux.inria.fr
.ZIP
CRYPTOGRAPHIE
L’Afrique aussi !
Le thème de la cryptographie, très dynamique en
France, est celui de l’équipe-projet Lfant. Au cœur
de la sécurité et de l’authenticité des communica-
tions électroniques, cette discipline présente un
défi majeur pour les pays en voie de développement,
dans le déploiement de réseaux wifi et bornes 3G.
C’est la raison pour laquelle Lfant collabore depuis
2013 avec des chercheurs et des maîtres de confé-
rence africains qui, ensemble, ont créé une équipe
commune, via le LIRIMA, le Laboratoire international
de recherche en informatique et mathématiques
appliquées, sous convention Inria depuis 2009.
Cette collaboration vise, entre autres, à mettre en
place des filières d’enseignement au Cameroun, au
Gabon et au Sénégal, jusqu’au niveau master. Ensei-
gnement de qualité grâce aux recherches communes
menées au sein du LIRIMA. Un bel exemple de
partenariat nord-sud.
http://lfant.math.u-bordeaux1.fr
Modélisation de la
complexité
électrophysiologique
cardiaque
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magazine
stratégies
ENGAGEMENT
Donner le goût des sciences
du numérique
Le numérique façonne
aujourd’hui le monde dans
lequel nous évoluons.
Des activités professionnelles,
aux activités ludiques, domes-
tiques et sociales, toutes font
appel - au moins en partie - aux
technologies issues de l’Infor-
matique et des Sciences du
Numérique. Pour les citoyens
s’imposent deux nécessités :
maîtriser ces technologies dans
leurs usages, mais aussi acquérir
la culture scientifique suffisante
pour en comprendre les fonde-
ments et pouvoir ainsi contri-
buer à la mutation de la société
engendrée par leur diffusion rapide dans le tissu social.
Pour Inria, la médiation scientifique doit favoriser l’ap-
propriation de cette nouvelle dimension de l’existence,
nourrir la curiosité vis-à-vis des applications innovantes
et d’intérêt commun de ces technologies, encourager
la participation ou l’implication dans la création de ces
applications, former des citoyens éclairés et contribuer
à lutter contre la fracture numérique.
Une mission de
service public
Un objectif essentiel est de
faire connaître aux jeunes les
secteurs de l’économie associés
à ces sciences et d’augmen-
ter ainsi leurs chances de
trouver ou de créer un emploi.
C’est aussi une manière de
montrer l’importance et l’utilité
de l’investissement public en
matière de recherche. Faire de
la médiation scientifique entre
ainsi pleinement dans le champ
de la mission de service public
d’Inria. C’est un devoir mais aussi
un plaisir, celui « d’allumer l’étin-
celle dans les yeux des enfants », se plaisait à rappeler
Gilles Kahn, ancien Président-directeur général d’Inria
et premier informaticien à être entré à l’Académie des
sciences. Au sein de son centre aquitain et aux côtés
des acteurs de l’éducation et de la médiation, Inria
consacre une part croissante de ses ressources à la
médiation avec la volonté de professionnaliser et d’am-
plifier cette activité, en accord avec les préconisations
européennes et ministérielles.
Dans une société devenue numérique, partager une culture scientifique
en sciences du numérique est un enjeu majeur : Inria contribue à aider
toutes les générations à découvrir les sciences informatiques, et les
sensibilise aux métiers scientifiques dans le numérique.
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stratégies
Accélérer le développement des
sciences du numérique dans
l’académie
Ainsi, pour concrétiser le développement des sciences
du numérique dans l’académie, le Centre de Recherche
Inria Bordeaux − Sud-Ouest et le rectorat de l’académie
de Bordeaux ont signé en 2015, une convention de
partenariat visant à favoriser leurs synergies autour de
projets éducatifs liés au numérique.
Les deux partenaires ont établi une politique volonta-
riste portant sur deux types d’approches. D’une part,
le développement des sciences du numérique dans les
établissements scolaires de l’académie de Bordeaux
(médiation scientifique) et d’autre part, l’aide à la mise
en place de projets de recherche (expérimentation) et
la communication de leurs résultats dans les structures
pédagogiques.
Les objectifs sont clairs, développer les sciences du
numérique, en particulier de l’informatique et de la
robotique, lutter contre le décrochage scolaire et œuvrer
pour l’égalité des chances.
Inria, à travers ses équipes de recherche, s’engage donc à
mettre à disposition de l’académie de Bordeaux ses res-
sources pédagogiques pour les sciences du numérique ;
proposer des conférences ou des animations au sein
des écoles primaires, collèges et lycées de l’académie ;
assurer les premières formations aux ressources et kits
pédagogiques pour les têtes du réseau de formateurs
mis en place par le rectorat ; et enfin soumettre préa-
lablement tout projet d’expérimentation d’une de ses
équipes de recherche dans des classes au comité opé-
rationnel d’évaluation des risques légaux et éthiques
(COERLE) d’Inria.
Former et s’auto-former
« Nous travaillons aux côtés des chercheurs pour
concevoir des activités (conférences, ateliers, démons-
trations) qui permettent d’initier le plus grand nombre
aux sciences du numérique et proposer une autre façon
d’enseigner, plus coopérative, pariant davantage sur
les capacités des enfants en les mettant dans la peau
de jeunes chercheurs utilisant des méthodes d’inves-
tigation scientifique. C’est
aussi une autre approche de
l’école et des apprentissages
qui se révèle particulièrement
efficace notamment pour des
enfants en difficulté », explique
Séverine Valerius, Responsable
du Service Communication et Médiation du Centre
Bordeaux – Sud-Ouest. « Les actions de diffusion de
l’information scientifique sont explicitement prises en
compte dans l’évaluation des chercheurs, il est donc
nécessaire de proposer un parcours de formation pour
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22. 22
magazine
stratégies
TEMPS FORT
R2T2 :
Une expérience mondiale
et inédite en faveur de
la diffusion des sciences
du numérique auprès des
jeunes
Le 4 novembre 2015, des enfants d’Ayguemorte-les-
Graves, de Bordeaux, de Floirac, de Gradignan et de
Talence ont participé - avec le soutien du centre de
recherche Inria - à la mission internationale R2T2, initiée
par le Professeur Francesco Mondada de l’Ecole Poly-
technique Fédérale de Lausanne (EPFL).
Leur objectif : utiliser leurs compétences informatiques
pour programmer, depuis la Terre, des robots chargés de
réparer le générateur de la base martienne R45 qui vient
d’être endommagé par une météorite.
Cette mission collaborative internationale a impliqué
16 équipes en Afrique du Sud, en Russie, en Autriche, en
Suisse, en Italie et en France. Chaque équipe, composée
de 5 à 6 jeunes de 8 à 14 ans a manœuvré à distance un
robot dans une station spatiale sur la planète Mars pour
en réparer le générateur.
Pour les équipes girondines, composées d’enfants ayant
pratiqué durant l’année, en classe ou dans le temps
d’accueil périscolaire, les activités robotiques IniRobot,
conçues par l’équipe Flowers du Centre Inria Bordeaux
_ Sud-Ouest, cette mission internationale a été le point
d’orgue de leur parcours robotique, et leur aventure a été
suivie en direct par leurs camarades roboticiens.
les former à ce volet de leur activité » précise Brice
Goglin, chercheur du centre référent sur la question de
la médiation scientifique. « Au sein du centre, j’anime
tout un réseau de correspondants afin de concevoir des
modules, partager les bonnes pratiques et les retours
d’expérience. Il existe maintenant tout un référentiel de
savoirs et de savoir-faire co-construits avec nos parte-
naires et des spécialistes en ingénierie pédagogique qui
nous permettent de démultiplier nos actions ».
Pour en savoir plus :
Rendez-vous sur
https://pixees.fr,
https://interstices.info
et https://dm1r.inria.fr
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Coup de projecteur
sur les personnalités qui créent
le monde numérique de demain...
valeurs discrètes
Héloïse Beaugendre
L’as de glace
Le plus clair de son temps, Héloïse Beaugendre le passe
actuellement sur STORM, un projet de recherche colla-
borative européen qui traite du givrage/dégivrage des
avions. Impératif écologique, matériaux composites,
nouveaux designs, l’aéronautique fait sa « révolution
copernicienne ». Cette maître de conférences, partagée
entre l’équipe-projet Cardamom à Inria et l’Enseirb-
Matmeca où elle enseigne les maths appliquées, y prend
part avec l’aide d’un thésard. Sa tâche consiste à simu-
ler numériquement la trajectoire des morceaux de glace
qui, en se détachant, pourraient impacter le fuselage ou
se faire aspirer par les nacelles de moteur. Un scenario
catastrophe pour toute compagnie aérienne. Un enjeu
de sécurité de premier ordre pour tous les passagers.
La perspective d’applications sociétales, le fort contenu
technique et la recherche d’équations nouvelles pour
modéliser un phénomène multi-physique plutôt corsé
comme celui de la glace, voilà bien le style de combinai-
sons qui lui plaît. Et pour lequel la globe-trotteuse-pilote
de planeur nourrit un vif intérêt depuis des années déjà
puisque sa thèse, réalisée au Canada, portait aussi sur ce
thème. « Je ne pourrais pas travailler sur des équations si
j’ignorais à quoi elles servent », assure-t-elle. Pour cela,
Héloïse Beaugendre n’hésite pas à croiser les approches.
Aux schémas numériques sur maillage dits « non struc-
turés », elle a eu l’idée d’introduire dans ses équations la
technique de pénalisation. Et n’y voit pas de « blocage
immédiat ». Tant mieux, cette « enseignant-chercheur »
qui a hésité après le bac entre maths et philo goûte
peu l’idée d’être « enfermée dans un domaine précis ».
L’agilité faite femme.
Vincent Perrier
Moteur de recherche
à 9 ou 10 ans, son grand-père lui apprend à extraire des
racines carrées à la main. Vincent Perrier est fasciné
par l’automatisation, les règles à suivre. « Une logique
qui contenait en germe l’informatique. » Il s’essaye à la
démarche cartésienne aussi ; décomposer un problème
compliqué en une série de problèmes simples pour
aboutir à une solution ; en fait son fil rouge. Du coup,
les études s’imposent : les mathématiques, forcément.
Un DEA, l’agrégation, puis une thèse en mathéma-
tiques appliquées obtenue à Bordeaux, en 2007. c’est
une année plus tard qu’il intègre Inria. Il collabore deux
ans avec l’équipe-projet Concha, puis fonde Cagire,
avec Pascal Bruel. Son rôle ? « Réfléchir à de nouvelles
méthodes numériques, les implémenter et les tester sur
les écoulements aéronautiques ». Deux projets l’animent
en ce moment. Le premier, européen (Impact-AE), réu-
nit la fine fleur européenne des fabricants de turbines
aéronautiques (Rolls Royce UK et Deutschland, Snecma,
Turbomeca…), lesquels cherchent à améliorer le refroidis-
sement des parois des chambres de combustion. L’objet
visé est un calcul d’écoulement qui sera rendu public, en
accès libre donc, à l’issue du programme en mai 2016.
Le second est une action incitative de développement
technologique Inria, financée à 100% par l’Institut. Elle
a pour but de développer des méthodes multi-grilles au
sein de la bibliothèque informatique Aerosol, déployée
en partenariat avec l’équipe Cardamom.
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magazine
valeurs discrètes
François Dufour
Optimal control
François Dufour est de ces enseignants-chercheurs
qui ont besoin de garder le contact avec le monde du
réel, l’industrie, l’hôpital… le terrain. Très tôt, les maths
se sont imposées. La physique aussi. élève de l’ENS
Cachan, doctorant à Paris XI, il débute en 1994 comme
chargé de recherche au CNRS. Il aime modéliser avec des
outils d’apparence abstraite, mathématiser les choses
qui nous entourent. Il garde aussi une conscience cri-
tique du résultat qui n’est qu’une approximation de la
réalité, rien d’autre. Mais une approximation qui permet
de comprendre, prévoir, contrôler. Spécialiste de l’optimi-
sation stochastique, cet enseignant en mathématiques
appliquées à l’Enseirb-Matmeca a fait du contrôle opti-
mal des processus soumis à l’incertain, le cœur de ses
recherches. Estimer les paramètres, prédire le comporte-
ment d’un système, l’optimiser et de facto le contrôler
sont aujourd’hui plus que jamais prisés des industries
des systèmes complexes. CQFD, l’équipe-projet qu’il
pilote, collabore avec DCNS pour l’optimisation de tra-
jectoires de sous-marins et avec Thalès Optronique pour
l’optimisation de maintenance sur ses appareils. Cette
thématique du contrôle suppose d’envisager l’approche
de manière globale. C’est ce que propose CQFD qui
compte des spécialistes de disciplines variées, habitués
à interagir ensemble. Et animés tout comme François
Dufour par le mélange des genres et le souci d’équilibre
entre théorie, applications et solutions numériques.
Camille Jeunet
BCI sans sushi
« La période critique a commencé ». Pour Camille Jeu-
net, à l’orée de sa troisième année de thèse en sciences
cognitives dans l’équipe-projet Potioc, « tout se bous-
cule ». « Projets, médiation, enseignement, idées… Il faut
faire des choix, finir ce qu’on a entamé et sélectionner ce
qu’on va mettre dans le manuscrit ». A Hong Kong la se-
maine passée. En Suède et en Allemagne un peu avant,
la jeune landaise s’apprête à partir pour 3 mois dans un
laboratoire universitaire du Sussex, en Angleterre. Puis
le Québec et l’Autriche au retour. Elle se dit chanceuse.
On la sent douée. D’autres aussi ; le sujet de sa thèse a
été « repéré » par l’université de Bordeaux qui lui octroie
un financement au titre de l’IdEx*, rendant possible l’in-
ternationalisation de ses recherches. Le jury et le public
des demi-finales régionales du concours « Ma thèse en
180 secondes » ne s’y sont pas trompés non plus. Pour
expliquer son thème de prédilection, l’amélioration des
protocoles d’entraînement afin d’augmenter les perfor-
mances à l’utilisation des Interfaces Cerveaux-Ordina-
teurs (BCI en anglais pour Brain Computer Interface),
Camille n’a pas eu peur des analogies. « Ce qui bloque
aujourd’hui, c’est la perte de la capacité à délivrer des
messages (mouvements, déplacement, paroles, etc) par
les canaux habituels que sont les nerfs et les muscles.
Alors il faut trouver un moyen alternatif de les récupérer.
Un peu comme lorsque vous avez une envie subite de
manger des sushis et que le livreur vous annonce qu’il
est en panne. Deux solutions s’offrent à vous : renoncer
aux sushis ou aller les chercher vous-même. Pour les BCI,
c’estpareil. Ellespermettentd’allerchercherl’information
directement à sa source, c’est-à-dire dans le cerveau ».
* Initiative d’excellence
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valeurs discrètes
« Pour nous, la clé
c’est la prévention »
A quelques jours du lancement de l’expérimentation
Dom’Assist 500, Benjamin Bertran, ingénieur transfert
et innovation, est dans les starting-blocks. Son équipe-
projet Phoenix s’apprête à l’étude de l’impact d’outils
numériques dans la préservation de l’autonomie, à
domicile, de 500 personnes âgées résidant toutes en
Aquitaine. La techno est un moyen. Sa fin est d’identi-
fier les leviers à l’œuvre chez chacun pour garder l’envie
de faire les choses, à un âge certain ou lorsqu’on est
atteint d’une maladie cognitive. Peu documentée en
France, cette approche tranche avec l’idée largement
répandue que la perte d’autonomie est fatale, seule la
compensation peut y remédier. « Pour nous, la clé c’est
la prévention », oppose Benjamin Bertran. Un pas de
côté qui requiert l’expertise d’une équipe pluridiscipli-
naire, mixant des psychologues spécialistes du vieillis-
sement, des sciences cognitives et des informaticiens,
autour d’Hélène Sauzéon, enseignant-chercheur en
psychologie, et Charles Consel, responsable de l’équipe-
projet. Tous trois voient grand. « Aucune raison de ne se
cantonner qu’à la France ! » Evidemment. Tout ce qui a
été conçu depuis près de 10 ans pour Dom’Assist sera
transféré d’ici peu. Benjamin aussi. Il intégrera bientôt
la start-up montée ensemble, qui restera en lien étroit
avec Phoenix.
Benjamin Bertran
Ingénieur transfert et innovation
Au confort d’une carrière au long
cours, il choisit l’adrénaline de
l’inconnu.
Si ce n’est une vocation, Benjamin Bertran montrait à
l’adolescence, un intérêt certain pour les objets connec-
tés et la domotique. Intérêt qui l’a mené, une fois diplô-
mé de l’Institut d’ingénierie informatique de Limoges
(3IL), vers Digital Home Concept, une start-up borde-
laise du secteur. Son rachat par un grand groupe, un an
et demi plus tard, le fait fuir. Au confort d’une carrière
au long cours, il choisit l’adrénaline de l’inconnu. La ren-
contre avec Inria et l’équipe-projet Phoenix se fait en
2007. « La techno qui tourne derrière DomAssist, c’est
un peu moi ». Fin 2011, il retourne à Limoges. Explore et
intègre les mécanismes de l’innovation auprès du pôle
de compétitivité des Hautes-Technologies* Elopsys,
dont il prendra la direction. Des projets collaboratifs
aux transferts, en passant par les levées de fonds, il
acquiert toutes les ficelles du montage de la start-up
qu’il est revenu créer avec Charles Consel et Hélène
Sauzeon (équipe-projet Phoenix).
*photonique, réseaux sécurisés, images et interfaces numériques…
Face
profil
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magazine
Inria-PME :
des partenariats
gagnants !
échanger et collaborer avec le monde
industriel est inscrit dans l’ADN de l’institut.
Dans le cadre de sa démarche de transfert
de technologie et de compétences, les PME
innovantes apparaissent comme des
interlocuteurs essentiels.
passerelles
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passerelles
Le numérique se diffuse
aujourd’hui dans tous les
secteurs économiques :
la santé, les loisirs,
l’énergie, la défense, la
santé, etc.
L
es domaines d’applications sont
infinis pour les chercheurs Inria.
Encore faut-il que les échanges
aient lieu entre les équipes de
recherche et le monde économique.
C’est la raison pour laquelle Inria a
mis en place un réseau de profes-
sionnels dédiés au transfert. Ils sont
une cinquantaine, répartis entre les
8 centres Inria. Ils doivent pour cela
repérer le potentiel que représentent
les travaux des différentes équipes
afin de les guider au mieux. « Mon
rôle ici consiste avant tout à orches-
trer au mieux tous les éléments, qu’il
s’agisse de partenariats bilatéraux,
collaboratifs ou européens, de pro-
tection de propriété intellectuelle,
de logiciels de recherche…, per-
mettant une réalisation adaptable
et fluide de projets de transfert,
toujours à l’initiative des chercheurs.
Dans cette optique, mon background
mêlant industrie et recherche
publique me permet pré-
cisément de mieux com-
prendre les intérêts des
deux parties et me posi-
tionne idéalement pour
les faire converger via un
dialogue permanent.»,
explique Pascal Moussier, chargé des
partenariats et des projets d’innova-
tion à Bordeaux.
Les PME, au cœur de la
stratégie de transfert d’Inria
« Dans les régions, nous concen-
trons nos efforts sur les défis
industriels et sociétaux contem-
porains au sein des écosystèmes
d’innovation » explique Eric Horlait,
directeur général délégué au
transfert et aux partenariats
industriels. Inria a
conscience que les PME
font partie des acteurs
incontournables de
l’innovation : d’après
BPIFrance, elles ont
été à l’origine d’un tiers
des dépenses de R&D en 2014.
7000 sociétés, parmi les plus inno-
vantes sont par ailleurs intégrées
dans les 71 pôles de compétiti-
vité. Autant d’interlocuteurs privi-
légiés pour les équipes-projet Inria
qui souhaitent se confronter à la
réalité du marché. Ces collabora-
tions peuvent donner lieu à des
laboratoires de recherche communs :
les « Inria innovation labs ».
des domaines
d’applications
infinis
13/10/2015, le Service Transfert Innovation et Partenariats en
RDV Networking lors de la Rencontre Inria-Industrie sur la santé.
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28. 28
magazine
passerelles
à Bordeaux, une collaboration
de longue date autour de la 3D
La société Immersion, une PME
fondée en 1994 et qui emploie
42 collaborateurs, a su nouer des
liens très étroits avec les cher-
cheurs Inria du centre aquitain.
« Les échanges ont commencé
de manière informelle »
explique Julien Castet, chargé
de recherche chez Immersion. Cette
entreprise travaille sur des outils
de visualisation d’interaction et de
collaboration avec le modèle 3D.
« à l’origine, nous fournissions du
matériel au centre de recherche :
casques de réalité virtuelle, gants de
données, puis ils nous ont sollicité
pour leur fournir des solutions
personnalisées. C’est ainsi que
nous avons été amenés à réaliser
des salles de réalité virtuelle »,
explique-t-il. Cette relation client-
fournisseur s’est élargie en 2009,
quand Immersion s’est lancée dans
« Instinct ». Ce projet de recherche
a reçu le soutien financier de
l’Agence Nationale de la Recherche.
Les chercheurs d’Immersion ont
alors fait appel à l’équipe-projet
IPARLA d’abord, puis à celle de
Martin Hachet, baptisée POTIOC.
La première concrétisation de
cette coopération s’est cristallisée
autour de Touchéo : un prototype
qui permet la manipulation d’objets
en 3D. Grâce à un écran tactile et à
des gestes simples, l’utilisateur peut
déplacer des objets et interagir avec
eux, de façon intuitive.
Des projets pour améliorer les
relations homme-machine
« Aujourd’hui, nos recherches
communes portent sur l’utilisation
des signaux physiques humains afin
d’améliorer les relations homme-
machine, » explique Julien Castet.
Immersion travaille notamment sur
des outils pour la gestion de crises
comme les catastrophes naturelles
par exemple. Ce type d’événement
Touchéo, système interactif combinant l’interaction multitouch
directe à la visualisation 3D stéréoscopique.
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nécessite de rassembler les repré-
sentants de plusieurs services
qui doivent prendre des décisions
lourdes de conséquences et coor-
donner les équipes sur le terrain.
« Nous cherchons à faire en sorte
que notre outil repère les signaux
émis par le cerveau afin de capter
l’état de fatigue et d’attention d’un
preneur de décision. S’il est trop
fatigué ou s’il est submergé par les
informations, notre outil pourrait
faire en sorte d’alerter la personne
sur son état et même de faire
évoluer l’interface pour l’adapter à
son état. » Inria et Immersion ont
d’ailleurs recruté deux stagiaires
communs, pour contribuer à leurs
travaux. Ce partenariat a donné
naissance à un groupe de travail
commun baptisé INTERCO3D,
destiné à faire émerger une com-
munauté pluridisciplinaire pour tra-
vailler sur les interactions homme-
machine.
Des partenariats gagnants-
gagnants donc et c’est bien là la
vision de Pascal Moussier qui précise
« Le transfert pour l’innovation ce
n’est pas simplement la vente ou
la mise à disposition d’une techno-
logie issue d’un centre de recherche
pour un industriel. Pour utiliser une
métaphore informatique, je dirais
que le service Transfert Innovation
et Partenariats fait de « l’orchestra-
tion de services ». Il coordonne les
collaborations des équipes avec les
industriels, gère les interfaces, afin
de maximiser l’impact des résultats
de nos chercheurs sur la société
et l’économie tout en suivant la
partition stratégique nationale chez
Inria ».
Julien Castet, PhD,
Chargé de Recherche,
Immersion.
Pour en savoir plus :
Contactez le Service Transfert,
Innovation et Partenariats
sti-bordeaux@inria.fr
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Exapta, c’est le nom du projet commun mené par la société Ertus Consulting (groupe Ertus Ma-
nagement) et l’équipe-projet commune RealOpt (Inria, université de Bordeaux, Bordeaux INP,
CNRS). Il a pour ambition de simplifier la gestion des opérations dans le domaine viticole.
Le but est de développer un outil d’aide à la décision permettant de faciliter la planification des
travaux de la vigne et de calibrer les équipements et les stratégies telles celles des traitements
phytosanitaires ou d’entretien des sols.
Premier Inria Innovation Lab
pour le Centre aquitain
Un exemple de partenariat « PME »
ERTUS Consulting est un cabinet de consultants
experts de la filière viti-vinicole qui accompagne
les entreprises du secteur dans l’optimisation de
tous leurs métiers, notamment la gestion de pro-
duction au vignoble et dans les chais.
L’équipe RealOpt travaille, via différentes
méthodes d’optimisation combinatoire, sur des
applications complexes en logistique (problèmes
de tournées), en planification de la production et
ordonnancement des tâches, conception et gestion
des réseaux et des horaires, et sur des problèmes
de découpe et de placement.
L’outil d’aide à la décision sera développé dans le
cadre de l’Inria Innovation Lab à partir du logiciel
BaPCod de RealOpt. Il sera directement implémen-
té dans le logiciel innovant de gestion de domaines
viticoles Process2Wine, édité par la société D2E
(groupe Ertus Management). Le viticulteur se verra
ainsi accompagné dans son suivi des normes et
déchargé d’une partie du travail de planification
et d’ordonnancement des travaux du vignoble qui
l’accaparent. Il pourra consacrer plus de temps à
des activités à plus forte valeur ajoutée comme
la gestion fine des coûts de production, l’obser-
vation du vignoble, la gestion commerciale, la
relation client…
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hervé dufau,Responsable de l’équipe « Santé du futur,
Silver économie » à l’agence Aquitaine Développement Innovation
« Les chercheurs trouvent des débouchés stimulants pour leurs travaux »
Comment favorisez-vous le rapprochement
entre les PME de votre région et la recherche ?
Nous organisons régulièrement des événements
qui permettent à ces deux mondes de se rencontrer
et de mieux se connaître. En octobre dernier, nous
avons ainsi co-organiser avec le Centre Inria Bordeaux
_ Sud-Ouest une « Rencontre Inria-Industrie » : 19
équipes de recherche ont proposé des démonstrations
et 16 PME ont présenté leurs activités en numérique
et santé. Nous avons aussi l’opportunité, en réponse à
des besoins technologiques pointus exprimés par des
entreprises, de susciter des rapprochements avec des
chercheurs.
Y a-t-il déjà eu des collaborations fructueuses
entre des équipes-projet Inria et des entre-
prises locales ?
Il y en eu plusieurs, citons-en un abouti. Aérodrones,
une entreprise de Bidart (Pyrénées-Atlantiques)
a sollicité les chercheurs de l’équipe POTIOC pour
réaliser une reconstruction d’environnement urbain à
partir de données collectées par des drones.
Le secteur de la santé est très dynamique en
Aquitaine. Des PME locales ont-elles déjà
pu bénéficier des recherches d’Inria dans ce
domaine ?
Oui, c’est le cas d’Itwell, une société spécialisée dans
la réalisation des tests de lisibilité des notices de
médicaments, qui collabore avec l’équipe FLOWERS
d’Inria, Le projet permettra aux pharmaciens de
mieux accompagner les patients atteints de maladie
chronique dans l’adhésion à leurs traitements. Par
ailleurs, deux équipes de recherche mixtes associant
des chercheurs d’Inria et des représentants du monde
médical (PHOENIX et MONC) sont en train de donner
naissance à des start-ups très prometteuses dans
les domaines du maintien à domicile des personnes
âgées et de la médecine prédictive.
L’entretien
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ASTROPHYSIQUE
Soleil intus et in cute
A l’occasion d’une conférence sur les ondes,
Juliette Chabassier (Magique 3D) note l’appel à
compétences lancé par un chercheur en héliosis-
mologie* du Max Planck Institute de Göttingen,
en Allemagne. « Il recherchait des mathématiciens
pour résoudre des problèmes difficiles », se sou-
vient-elle. Parce qu’il est impossible d’aller faire des
mesures sur le Soleil (c’est loin, il y fait trop chaud
…), les héliosismologues recourent à la propagation
des ondes acoustiques pour comprendre de quoi il
est constitué. La modélisation des ondes, c’est le
thème privilégié de Magique 3D qui collabore avec
l’équivalent allemand du CNRS depuis deux ans ou
presque aujourd’hui. L’équipe leur a déjà fourni un
logiciel de traitement des problématiques de pro-
pagation d’ondes, et a développé spécifiquement
pour son partenaire d’outre-Rhin, une nouvelle
fonctionnalité adaptée à la présence d’« une sorte
d’atmosphère », en bordure de l’astre. à suivre…
* étude des tremblements du Soleil
https://team.inria.fr/magique3d/fr/
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TIMELINE
JANVIER
Concertation nationale
Le 19, Monique Thonnat a participé
au lancement de la Concertation
Nationale sur le Numérique.
Salon Aquitec
Les 29, 30 et 31, Inria a participé,
aux côtés de l’INSERM, du CNRS
et de l’INRA, au salon Aquitec, 1er
salon régional de l’orientation, des
métiers de l’emploi et de la forma-
tion.
Février
Journée numérique au
Sénat
Le Sénat en partenariat avec Inria
a organisé le 11 une journée de
rencontres avec une vingtaine
d’équipes de recherche de l’Institut
au Palais du Luxembourg.
AVRIL
Ma thèse en 180 secondes
La finale de l’université de Bordeaux
s’est déroulée jeudi 16. L’objectif
de ce concours est de vulgariser ses
travaux et faire partager sa passion
pour la recherche. Bravo à Perrine
Berment et Camille Jeunet d’Inria
pour leur joli parcours !
MAI
30 ans de création
d’entreprises
Le 27, Inria célèbre 30 ans de
belles aventures entrepreneuriales
à Bercy, avec l’exposition photos
«Graines d’entrepreneurs».
L’occasion de rappeler que, dans sa
recherche d’impact économique et
sociétal, la création d’entreprises
est une des voies qu’Inria a décidé
de privilégier.
JUIN
Rendez-vous médiation
L’événement international Science
& You a eu lieu du 1er au 6 à Nancy.
Inria s’est associé à l’INS2I et la SIF
pour organiser la session Sciences
du numérique.
JUILLET
Colloque « Interfaces »
Simon Thorpe, Directeur du Centre
de Recherche Cerveau & Cognition,
fut le premier à nous présenter ses
travaux sur le cerveau lors de ce
colloque scientifique aquitain des
sciences numériques.
SEPTEMBRE
Conférence
Du 21 au 25, Inria a accueilli la
conférence EuroMPI, nouveaux
développements et applications de
transmission de messages informa-
tiques parallèles liés à la Message
Passing Interface (MPI).
Workshop
Le 19ème
workshop sur la crypto-
graphie de courbes elliptiques (ECC)
s’est déroulé du 23 au 30.
OCTOBRE
Inauguration
« MedicActiV »
Interaction Healthcare a dévoilé le
12 sa nouvelle plateforme en ligne
de simulation numérique médicale.
Rencontre Inria Industrie
Le 13, une Rencontre Inria Indus-
trie (RII) sur le thème « Dispositif
médical, objets connectés, sys-
tèmes d’information : quelle gestion
de la convergence numérique ? ».
Cet évènement, notamment
soutenu par ADI, Digital Aquitaine,
le Cluster TIC Santé et la Région
Aquitaine, a rassemblé plus de
300 participants au Palais de la
Bourse.
DÉCEMBRE
Colloque « Interfaces »
Le 10, « Interfaces » a accueilli
Sriram Subramanian pour un exposé
sur « Interaction Homme-Machine :
Voir sans écran et sentir sans
contact, est-ce possible ? »
2015
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TIMELINE
2016
Les manifestations
scientifiques
MARS
Colloque MPS
En l’honneur de Marcel-Paul Schüt-
zenberger, du 21 au 25 à l’Agora de
l’université de Bordeaux (Talence)
http://mps2016.labri.fr/
Salon Educatec - Educatice
Le salon professionnel de l’Éduca-
tion, réunit les acteurs du numérique
et de la pédagogie autour de l’usage
des technologies de l’information et
de la communication dans l’ensei-
gnement.
Du 9 au 11 à Paris Porte de Versailles.
www.educatec-educatice.com
AVRIL
Défis Tandem
Du 25 au 29, les étudiants de master
2, les doctorants et les jeunes cher-
cheurs pourront participer à l’école
« Défis Tandem » à Inria Bordeaux
– Sud-Ouest pour apprendre les
enjeux fondamentaux pour modéli-
ser et étudier les tsunamis.
JUILLET
PMAA 2016
Le 9ème
« International Workshop on
Parallel Matrix Algorithms and Appli-
cations » (PMAA) aura lieu du 6 au 8
à Bordeaux.
https://pmaa16.inria.fr/
SEPTEMBRE
JEV 2016
Les Journées d’étude du vieillisse-
ment, où seront mises à l’honneur
la gérontechnologie, seront organi-
sées en partenariat avec l’ISPED et
l’université de Bordeaux.
Rencontres Inria Industrie
Depuis une vingtaine d’années Inria
organise des Rencontres Inria Indus-
trie pendant lesquelles l’institut
présente son offre de recherche et
de transfert à destination des entre-
prises d’un secteur donné.
L’objectif de ces journées est de
faire connaître les travaux d’Inria et
de mieux comprendre les besoins
des industriels pour établir des liens
entre les deux communautés qui
pourront déboucher sur des projets
de collaboration et de transfert de
technologies.
En 2016, Inria a choisi la thématique
du Calcul Haute Performance (HPC).
Colloque « Interfaces »
Ce cycle de conférences accueille
plusieurs fois dans l’année des scien-
tifiques du monde entier reconnus
pour la qualité de leurs travaux et
des résultats qu’ils produisent. Les
sujets traités ont bien sûr un impact
dans les domaines informatiques
et mathématiques appliquées mais
sont aussi caractérisés par leur croi-
sement avec d’autres sciences et
d’autres domaines. La médecine, les
Sciences Humaines et Sociales, l’art
sont par exemple des thématiques
abordées. En 2016, cinq éditions
sont prévues.
Retrouvez l’intégralité de
l’agenda du Centre sur
inria.fr/bordeaux
Réponse marque-page
Champ instantané de vitesse
lors d’un déplacement de fluide.
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